Pensées volées

Chapitre 5 : Sang-de-bourbe

1048 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/02/2024 11:13

Severus,

Nous revenons de notre dernier combat et je m’évertue à soigner mes amis, mes camarades et tous ceux qui résistent au Seigneur des Ténèbres avec moi. James est blessé aussi, mais je suppose que cela te ferait plaisir si tu le savais.

 

Oh, Severus, comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi tant de haine et de colère ? Quand est-ce que ces combats absurdes prendront fin ?

 

Tant de morts, de familles brisées, de tous les côtés. Moldus, sang-mêlés ou sang-purs, Dieu ne fait pas de distinction à la fin, nous sommes tous des humains. Pourquoi nous entretuer ? Je ne comprends pas, je ne comprendrais sans doute jamais. Et ça me déchire le cœur de savoir que toi, tu as fait ce choix. Le choix de croire que des gens sont inférieurs à d’autres. Le choix de croire que ma vie à moi vaut moins que la tienne, sous prétexte que je ne suis pas née dans la bonne famille…

 

Tu étais mon meilleur ami pendant bien des années. Tu étais celui qui m’a fait comprendre qui j’étais quand personne autour de moi ne pouvais répondre à mes questions. Tu étais celui qui me faisait rire. Celui avec qui les cours devenaient une compétition amusante. Tu faisais partie de moi. Pendant toute notre enfance, ces idées nauséabondes, que tu sembles si fier de suivre maintenant, ne te préoccupaient pas tant. Tu n'en avais que faire de savoir que j’étais née moldue. Du moins, c’est ce que je pensais alors.

 

Puis ce jour atroce est arrivé. Je t’entends encore prononcer ce mot horrible.

 

Sang-de-bourbe.

 

Jamais je n’aurais imaginé entendre cette insulte, à mon encontre, dans ta bouche. Ça m’a fait tellement mal, si tu savais. Quelque chose s’est brisé ce jour-là et peu importent les excuses que tu pouvais me faire, je n’arrivais plus à te voir comme avant. Peu importe si James et Sirius étaient allés trop loin ce jour-là, j’ai su, par la haine dans ton regard et la façon dont tu as craché ce mot, que tu le pensais, sincèrement.

 

C’était un point de non-retour et à partir de ce moment-là, j’ai vu tous ces petits rien que mon amitié pour toi avait occulté jusque-là. Ton accointance pour la magie noire, tes fréquentations, plus que douteuses, et tes moqueries, que tu disais bon enfant, envers les gens comme moi, mes parents ou ma sœur.

 

Ça ne justifie en rien l’attitude de James et Sirius et crois-moi, je ne leur pardonne pas leur comportement envers toi, je ne leur cherche pas d’excuses, il n’y en a pas pour ce qu’ils ont fait. Mais ce jour-là. Ce fameux jour où ils sont allés trop loin, ils en ont pris conscience également et ils ont changé eux aussi. Peut-être parce que Sirius a fui sa monstrueuse famille l’été qui a suivi et qu’il était plus apaisé, que James n’avait donc plus à lui changer les idées, ou autre chose encore. Je ne sais pas, mais ils ont mûri cet été-là. Leurs combats se sont structurés, ils se sont disciplinés. Ils ont arrêté de semer le chaos petit à petit, et ils ne s’en sont plus pris à toi, plus gratuitement en tout cas. Ils avaient la même vision des choses que moi, cette même vision qui m’avait séparée de toi.

 

Oh, Severus, plus j’y pense, plus je me dis que le monde ne sera plus jamais le même après cette guerre. Plus le temps avance, plus les combats s’intensifient, plus je me demande quelles seront les conséquences de tout ça, pour chacun de nous. Arriverons-nous à nous en sortir indemne ? Arriverons-nous à ramener la paix pour élever nos enfants dans un monde meilleur ?

 

James me trouve trop idéaliste. Il a peut-être raison. Même s’il l’est lui aussi, d’une certaine façon. Je crois qu’il faut l’être pour se lancer comme il le fait dans une guerre comme celle-là. Il est par contre bien plus mesuré que moi. Il ne sait que trop bien, à cause de ce que Sirius a vécu ou de ce que d’autres familles de sang-purs qu’il a pu côtoyer pensaient, que les Hommes ne peuvent pas s’empêcher de haïr la différence. Alors que personnellement je trouve que ça fait toute la beauté du monde dans lequel nous vivons.

 

J’aurais aimé que tu aies la même vision que moi, que tu te battes à mes côtés, pour ne pas avoir à me battre contre toi. Les choses auraient-elles été différentes pour nous deux alors ? Serait-on restés amis ? J’aime à le penser. Peut-être même te serais-tu bien entendu avec James, peut-être même que tu aurais pu prendre une place dans son groupe.

 

Cette pensée me fait sourire, il est difficile de vous imaginer amis. Tant de choses, irréversibles, se sont passées depuis bien trop longtemps.

 

Mais pourrons-nous tout de même nous revoir, après tout ça ? Quand cette guerre sera terminée, pourrons-nous nous retrouver si aucun de nous ne meurt avant la fin ? Je n’ai pas la réponse. J’ai beau y réfléchir, je ne sais pas. Une partie de moi aimerait te pardonner. Une autre est encore trop en colère, déçue. C’est elle qui l’emporte pour le moment, mais j’espère, un jour peut-être, renouer avec mon ami d’enfance. J’espère que tu retrouveras la raison et que tu te rendras compte que tu te bats du mauvais côté. J’espère avoir laissé cette trace en toi et que tu ne la rejetteras pas, même si cela vient d’une sang-de-bourbe. J’espère avoir eu un peu plus de valeur que de la boue à tes yeux…

 

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