Pensées volées

Nymphadora,

Ma Nymphe adorée,

Je sais que tu détestes ton prénom mais il te va pourtant tellement bien, beauté espiègle et déchaînée que tu es.

Tu as transformé mon monde. Une véritable tornade qui m’a fait espérer, au moins pour un temps, que moi aussi je pouvais vivre une vie normale, à tes côtés.

Depuis toujours, je m’interdisais d’aimer. Je m’étais persuadé que ma nature me privait de ce droit. Puis je t’aie vue, auror débutante aux cheveux rose vif, dans l’Ordre du Phénix. Motivée, déterminée, courageuse. J’ai d’abord pensé que tu ne réalisais pas le danger, j’en ai été amusé, puis j’ai compris qui tu étais et tu m’as impressionné et enfin j’ai été, irrémédiablement, séduit par toi. Alors crois-moi, j’ai lutté et je t’ai fui sans cesse, par peur de voir du dégout dans tes yeux lorsque tu comprendrais mon secret. Je ne l’aurais pas supporté.

Pendant longtemps j’ai oscillé entre espoir et désillusion, envie d’y croire et mes vieux démons. Plus le temps passait à tes côtés, plus mes sentiments grandissaient. J’étais partagé entre la joie de passer des missions de surveillance à tes côtés et la crainte que tu puisses ne pas ressentir ce que moi, je ressentais pour toi. Pendant un temps j’ai même cru que tu nourrissais de l’affection pour ton cousin, que tu trouvais bien beau malgré son enfermement à Azkaban. Tu avais raison bien sûr, Sirius a toujours été plus séduisant que moi. Plus ouvert, plus extraverti, plus … tout. Alors que moi je m’évertuais sans cesse à disparaître pour ne pas attirer l’attention. Pour que personne, jamais, ne découvre mon terrible fardeau.

Puis tu m’as avoué que c’était pour moi que tu avais succombé. J’en aurais bondi de joie. Mais l’euphorie n’a pas duré. Elle ne dure jamais et, à nouveau, je me suis interdit de penser au bonheur que ce serait de pouvoir te serrer dans mes bras, t’embrasser, t’aimer autant que je le souhaitais, de tout mon être.

Depuis le jour où Fenrir Greyback m’a maudit, ma vie est vouée aux ténèbres et je n’ai pas le droit de t’imposer une vie de nomade, comme mes parents à l’époque, chaque fois que quelqu’un devinera qui je suis. Tu mérites mieux, ta vie est au grand jour, à faire profiter les autres de ton énergie si solaire. Alors j’ai cherché toutes sortes d’excuses, plus fumeuses les unes que les autres, je dois bien l’avouer. Je me suis engagé dans des missions de plus en plus difficiles et dangereuses pour t’éviter le plus possible. J’avais juste oublié à quel point tu peux être têtue et déterminée.

Je te disais alors que j’étais trop vieux pour toi, tu rétorquais que ta jeunesse suffisait pour nous deux.

Je te disais que j’étais trop dangereux, tu répondais, avec ce sourire espiègle qui te caractérise tant, que la vie ne valait pas la peine d’être vécue si elle ne comportait pas une petite dose de danger.

Je te disais que j’étais trop pauvre et tu répondais que tu n’avais pas besoin d’argent pour être heureuse.

Tu me disais sans cesse qu’il fallait que j’apprenne à moins réfléchir, à profiter de la vie. Alors j’ai cédé. J’ai cédé à ce besoin impérieux de te savoir près de moi. A cette envie de plus en plus incontrôlable de te sentir contre moi. Tu as fait sauter toutes ces barrières et je t’ai aimée, comme jamais je ne m’en serais cru capable, et ces quelques mois en ta compagnie ont été plus rafraîchissants que toutes les années qui viennent de s’écouler.

Mais maintenant la peur reprend le dessus, plus forte qu’elle ne l’a jamais été. J’oscille constamment entre la joie d’être ton époux et la terreur de te transmettre ma malédiction. A toi, et maintenant à notre enfant à naître.

Je ne peux plus vivre comme ça, sous la menace constante de ce que je pourrais vous faire. Je n’ai rien à t’offrir alors que pour toi, je veux tout.

Alors je pars, ma chère Nymphadora.

Je rejoins Harry pour l’aider dans sa quête.

Je continuerai à murmurer ton prénom dans mes songes et je te promets que je continuerai à t’imaginer me regarder sévèrement, alors que tu protestes en me disant de t’appeler Tonks.

J’emporte avec moi un coin d’éternité, celui du sourire qui éclaire ton visage dans ton sommeil.