La couleur des sentiments
Chapitre 6 : Le passé n'est jamais très loin
7028 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a plus d’un an
Chapitre 5 : Le passé n’est jamais très loin.
POV de Drago
Cela fait de longues minutes que j’essaie de convaincre Hermione de sortir avec moi mais rien n’y fait. J’ai beau lui expliquer qu’ici, personne ne la reconnaitra, qu’on ira se balader dans des endroits calmes et presque désert, mais non, elle refuse. Après tout, les weekends sont faits pour cela non ? Sortir ! Surtout que nous sommes en Italie, il fait beau, le soleil brille, le ciel est bleu mais non, elle veut rester à la maison.
D’une certaine manière, je peux la comprendre. Après tout ce qu’elle a vécue, elle doit rêver de calme, de tranquillité et j’en passe, mais prendre l’air lui ferait le plus grand bien selon moi. Nous sommes assis l’un en face de l’autre à la table de la salle à manger et aucun de nous ne veut céder. Je le savais qu’elle était têtue, mais elle ne peut pas l’être plus que moi, si ?
« - Hermione, s’il te plait, ça te ferait du bien.
- Va prendre l’air si tu veux, mais je ne bougerais pas d’ici. »
Je soupire et lève les yeux au ciel. Elle ne cèdera pas et je n’ai pas envie de me disputer avec elle. Je lève les mains en signe de capitulation et je la vois me faire un sourire en coin. Elle est fière d’elle, je rêve ! Je quitte la table et me dirige vers le canapé. Le samedi est fait pour se reposer, mais si nous ne sortons pas, il n’y a pas de mal à ce que je continue de travailler un peu sur mes dossiers.
Je soupire une nouvelle fois et me laisse tomber. Il ne se passe pas longtemps avant qu’elle ne vienne me rejoindre sur le canapé. Toutefois, elle ne s’assoit pas à l’autre bout comme d’habitude, non, elle vient près de moi et je la vois observer mes documents.
« - Qu’est-ce que tu fais exactement ? De l’investissement c’est vague… »
Elle fait une moue bizarre et me fixe, attendant ma réponse.
« - Eh bien… Certains moldues connaissant le monde sorcier veulent investir ou implanter leurs produits chez nous et inversement. Mon boulot est de préparer tout ça, prévoir quand, comment et où. Etudes de marché, bilans prévisionnels, promotions, ce genre de choses.
- Je vois… Mais… Tes clients qui te sollicitent, ils ont déjà un pied de l’autre côté ?
- Un pied de l’autre côté ? Non, c’est nous qui leur cherchons le bon endroit et le bon moment.
- Hum… »
Encore cette moue bizarre. Elle me prend les dossiers des mains et parcours toutes les pages, parfois en hochant la tête, parfois en fronçant les sourcils. Je ne sais pas vraiment quelle réaction avoir… Cette femme est une énigme ! Par Merlin, appelons un chat, un chat. Elle pose un dossier ouvert sur mes genoux, un autre sur les siens, elle en repose un sur la table et elle continue de fouiller dans mes papiers, les mélangeant par-dessus le marché.
« - On peut savoir ce que tu trafiques ?
- J’essaie de comprendre ta logique de fonctionnement et j’avoue qu’il y a une chose qui me gêne. »
J’ouvre de grands yeux, c’est une blague. Depuis 3 ans que j’ai monté ma société, personne ne m’a jamais fait de remarques ou laisser penser qu’une chose n’allait pas dans mon travail. Voilà qu’elle attrape deux ou trois dossiers et qu’elle veut remettre mon job en question.
« - Au lieu de t’embêter avec toutes ces recherches, qui doivent coûter du temps et de l’argent, pourquoi tu ne proposes pas des partenariats sur une période donnée et n’investirait pas toi-même ? »
Elle doit voir mon air perplexe car je la vois sourire et se tourner vers moi pour se retrouver en tailleur sur le canapé.
« - Là, tu as un dossier d’un pâtissier moldue qui veut ouvrir un second établissement côté sorcier. Il connait notre monde mais n’est pas sorcier lui-même. Dans ce genre de cas, les gens en connaissent le minimum sur nos habitudes, nos coutumes et tout le reste, tu es d’accord ?
- Oui, d’où l’étude de marché.
- Pour un client comme lui, pourquoi tu ne fais une sélection de… je ne sais pas, disons cinq établissements, restaurants, bars, auberges, peu importe, mais sorciers. Tu leur propose sur… disons 6 ou 8 semaines de rajouter à leur carte une sélection d’une dizaine ou une vingtaine de produits de ton client. Tu testerais en direct auprès de la clientèle la marchandise de ton client et tu verrais si ça prend.
- Jusqu’à présent, toutes les personnes avec qui nous avons travailler on de bons retours, sans avoir à passer par se procéder.
- D’accord, mais dans 5 ans ? Votre problème c’est que vous voyez par le profit, le chiffre, mais vous oubliez qu’il faut également un côté social à vos dossiers. Vous réfléchissez à l’instant T. Si tu laisses un moldu seul entouré de sorciers, il aura plus de mal à trouver sa place et se créer une vie sociale. Ça fonctionnera, au départ, puis il se sentira dans un monde qui n’est pas le sien, à l’écart et finira par arrêter. »
Je suis légèrement soufflé par son analyse, qui est loin d’être bête. Il est vrai que je ne suis pas là pour jouer les nounous avec mes clients, le but étant qu’il ouvre leur affaire et c’est tout. Nous proposons bien d’autres services, du consulting, de l’aide, mais une vie sociale, non… Dans une situation différente et quelques années en arrières, j’aurais pu mal prendre les remarques d’Hermione, me braquer et passer à autre chose, mais, je sais qu’elle est intelligente et elle a vécue chez les moldues jusqu’à son entrée à Poudlard alors pourquoi pas écouter jusqu’au bout…
« - C’est quoi ta solution alors ?
- Si j’étais toi, je ferais autrement. Comme je le disais je ferais du partenariat. Quand tu es à ton bureau, où allez-vous déjeuner avec ton vice-président ?
- Il y a un petit restaurant dans lequel nous avons pris nos habitudes, pour nous, les réunions ou les déjeuners d’affaires.
- Ok. De manière général, tu finis ton repas avec un dessert ou juste un café ? »
J’avoue ne pas comprendre le but de sa question. Nous ne parlons pas de moi et mes habitudes mais de mes clients et leur projet, ce sont deux choses complètements différentes, non ?
« - Réponds !
- Un simple café, je ne suis pas trop fan de leur desserts, simple et toujours les mêmes.
- C’est là où je veux en venir. Demain, ton restau te propose une carte des desserts exclusives, faits maison, originaux et renouvelés régulièrement. La carte est composée de 20 desserts, mais seul 5 ou 6 sont proposés par semaine, mais vous ne savez pas lesquels à l’avance. Et, il y a des nouveautés et des desserts supplémentaires pour les fêtes particulières. Tu as envie de gouter ?
- Oui peut-être si je ne les connais pas.
- Voilà ! Admettons que tu les adores, le lendemain, tu voudras surement en essayer un autre ? Et le jour suivant également, tu voudras que tes clients aussi les goutent, du coup, ton déjeuner se terminera toujours avec ton café mais aussi un dessert. Ton restaurateur voit son chiffre augmenter car il se fera une marge sur le dessert vendu et ces clients deviendront tous des habitués, ton client se fait une réputation et cela amènera surement à des commandes régulières donc, il vendra plus aussi, il aura des relations avec ton restaurateur donc se sentira intégrer.
- Oui mais tu parlais au départ d’un délais ?
- Tu essaies sur 6 ou 8 semaines. Vous faites un bilan avant la fin de la période pour voir ce qui se vend le plus ou le moins, si le partenaire est satisfait et souhaite faire quelque chose de durable, s’il y a eu des retours positifs de la clientèle… A ce moment là, ton pâtissier ouvre sa boutique et le tour est joué, tout le monde est gagnant. Quant à vous, eh bien vous êtes payer pour le programme non ? Eh bien rien n’empêche que vous proposiez une aide financière au projet les plus prometteurs ou ceux les plus ambitieux en participant au capital d’ouverture, par exemple. Au moins, comme ça, eh bien lors des bilans de vos clients, vous toucherez aussi votre part, une source de revenues régulières et supplémentaires. »
Je prends le temps d’analyser les paroles d’Hermione et j’admets ne pas avoir construit ma société avec cette vision-là. Le but de tout patron est de faire du profit, on ne va pas se mentir, et le côté social, très peu pour moi. Je ne pense pas être de base, une personne très sociable et à mon avis, ce n’était pas important. Mais, maintenant qu’elle en parle et la façon dont elle amène le sujet, je dois bien dire qu’elle n’a pas tort, cela rajouterait à notre crédibilité et une certaine dose d’assurance pour les clients. Tout recommencer dans une ville ou un pays que l’on ne connait pas, ce n’est pas simple et j’en sais quelque chose. Hermione a raison, elle a raison sur toute la ligne.
Par Merlin, lorsqu’elle sera libre de son mari, il faudra que je pense à essayer de l’embaucher ! Elle pourrait beaucoup nous apporter, à tous les niveaux et égoïstement, j’adorerais l’avoir près de moi tous les jours. Je souris et l’écoute continuer ces explications. Pour la première fois depuis son arrivée ici, je la vois investit, ouverte et productive. A ce moment précis, j’ai l’impression de revoir la jeune femme de Poudlard, pleine d’énergie, d’idées, de conseils en tout genre et d’ambitions. Je ne dis rien pour ne pas la brusquer mais ce comportement me fait plaisir et me rassure également.
La journée avance doucement et mes dossiers aussi. Avoir le point de vue de Hermione a modifié ma façon d’aborder mes documents. Je prends quelques notes, me promettant d’en discuter avec Marc, je suis certain qu’il sera surpris mais très vite convaincue du bien fondé et de nouvelle interprétation des éléments pour faire avancer les dossiers de nos clients. Dans le même temps, il serait bon de faire un point avec ceux avec qui nous avons travailler depuis l’ouverture de la société.
Je m’étire longuement et observe ma nouvelle locataire. Elle est toujours plongée dans la lecture de mes dossiers et elle ne remarque pas tout de suite que je la regarde. Une fois chose faite, elle me fixe, levant un sourcil. Elle ne tarde pas à ouvrir la bouche.
« - Qu’est-ce qui ne va pas ? Tes dossiers m’intéressent beaucoup.
- J’avais remarqué. Tu es devenue bien silencieuse et concentrée alors je me suis posé pas mal de questions. »
Je la sens se tendre légèrement avec une petite grimace. Je ne voudrais pas la mettre mal à l’aise, mais j’ai bien du mal à contenir mes interrogations, mes pensées, mes doutes. Je sais bien que j’ai promis d’être toujours là pour la protéger mais je me retrouve dans une situation où mes sentiments pour elle veulent prendre le dessus alors que je sais que ce serait la pire des choses.
Je suis tiraillé entre l’envie de lui poser des questions, de comprendre ce qui s’est passé avec son mari, l’envie d’aller lui mettre mon poing dans la figure et l’envie de lui dire toute la vérité concernant l’amour que je lui porte, lui expliquer les vrais motifs de mon éloignement et le fait qu’elle ait pensé que je puisse la détester. Cela ne fait que quelques jours qu’elle vit chez moi, je pense qu’il est encore un peu tôt pour lui dire toutes mes pensées mais je ne suis pas forcément la personne la plus censée du monde en ce moment. A l’instant où je souhaite prendre mon courage à deux mains pour parler, j’entends une sonnerie bien particulière retentit. Hermione me fixe avec un air interrogateur, je sais déjà que mon visage a dû se fermer.
« - Drago ?
- Je reviens, cette sonnerie est celle de mon appartement de Londres. Ne bouge pas, j’arrive. »
Son air est grave et je ressens son anxiété. Je me lève rapidement et prend la direction de ma porte d’entrée, ouvrant celle du placard. J’y attrape une petite clé accrochée sur le mur et avant d’avoir eu le temps de réagir, je disparais avant même d’avoir put adresser un regard rassurant à Hermione. Je trouve étrange que ma porte sonne. Tout le monde sait que je ne dors pas à Londres en ce moment alors un millier de questions se bousculent dans ma tête et je tente de rester le plus impassible possible, souhaitant faire vite pour retourner rassurée la femme que j’aime.
Je jette un œil autour de moi et malgré tout, je me satisfais de voir que cette garçonnière ne parait pas trop rangée et sans vie. Je m’applique à passer rapidement de temps en temps, mais il est vrai que depuis mardi, je n’ai pas mis un seul pied ici. Je suis devant la porte d’entrée, je soupire un bon coup et ouvre la porte. Je reste saisit un instant devant la personne debout devant moi. La colère monte en moi à une vitesse que je ne pensais pas possible.
« - Bonjour Drago.
- Dereck ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »
Il me fait un sourire narquois et l’envie de lui mettre mon poing au visage me démange. Je n’ai jamais pu l’encadrer et c’est encore pire ces derniers jours mais je prends sur moi. Je vois sons visage changer du tout au tout et j’ai simplement le sentiment qu’il me prend pour un idiot. Je pense qu’il ne sait pas qui je suis réellement, jouer les victimes, passer pour un faible, faire semblant, prêcher le faux pour savoir le vrai, je sais faire ça mieux que lui, à une époque c’était ma seconde nature.
« - Je pense que tu dois être au courant.
- De quoi tu parles ? Au courant de quoi ?
- Hermione s’est absentée depuis quelques jours, elle avait besoin de vacances visiblement. Mais tu sais, je suis un mari un peu anxieux et je n’ai pas eu de vos nouvelles alors je fais le tour de nos amis pour m’assurer que tout le monde va bien. »
Je ne peux pas me retenir de rire. Ce mec à un culot hors du commun, je n’en reviens pas. Me balancer dans une même phrase que sa femme est partie « quelques jours » et qu’il s’inquiète pour nous tous me laisse sans voix. Je vois ces yeux se durcir et je comprends vite qu’il n’apprécie pas ma réaction.
« - Je ne te savais pas si sensible. »
Son regard est noir et je ne sais pas pourquoi, mais il ne me rassure pas du tout, surtout lorsque je pense à tout ce que Hermione a dû subir à cause de lui.
« - Si j’étais toi, je ferais très attention Malefoy. Peu importe où tu la cache, je finirais par la ramener. »
Cet homme est un manipulateur sans limite et j’entrevois son mauvais fond, celui que je craignais et il est encore pire que ce à quoi je pouvais bien m’imaginer. S’il pense m’intimider alors il se trompe.
« - Je ne vois pas de quoi tu parles Owen et si j’étais toi, crois-moi que je ne jouerais pas à ce petit jeu que tu essaie de jouer avec moi. Rentre chez toi. »
Il me lance un regard dédaigneux et je le vois lancer un œil rapide par-dessus mon épaule, pensant peut-être apercevoir quelque chose qui l’intéresserait mais je ne bouge pas. Il finit par tourner les talons et je m’empresse de fermer la porte de mon appartement. Je respire un bon coup mais je ne suis pas rassuré pour autant, cette visite signifie qu’il doit se douter que c’est moi qui cache sa femme, mais il ne sait pas où, c’est ma seule consolation pour l’instant.
Nouveau soupir de ma part. Je tourne les talons et fait quelques pas dans mon salon, tentant tant bien que mal de me calmer. Il doit avoir un don pour énerver les gens en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Je tente de faire taire les battements de mon cœur mais en vain. Je ne peux pas laisser Hermione trop longtemps alors je reprends ma clé qui me ramène dans mon autre appartement. Elle est là, à faire les cent pas dans la pièce, se rongeant les ongles. Dès qu’elle m’aperçoit, elle s’arrête net et me fixe, l’air angoissé.
Je ne sais pas trop quoi faire et bien que je fasse tous les efforts du monde pour maintenir mon masque d’impassibilité, je me doute que je ne dois pas être le plus crédible qui puisse exister. Je m’avance lentement vers elle et dans un dernier élan, et alors que je commence à voir ces yeux briller, elle se jette dans mes bras. Son corps commence à trembler et aussitôt, je sens la colère monter. Je déteste cette situation, j’enrage de ne pouvoir faire plus pour elle. Nous restons un court instant comme cela avant que je ne l’invite à s’installer dans le canapé.
Le silence dure et n’y tenant plus, je me lève et me dirige vers la cuisine. Elle a le visage baissé et ne bouge plus. Je prépare rapidement du thé, ce sera plus rapide que le café. Je reviens vers le salon et lui tends une tasse qu’elle prend entre sans main sans broncher. Je ne vois pas son visage, mais je me doute qu’elle doit se sentir mal, tout comme moi.
« - Hermione… »
Elle me regarde, les yeux brillants, les joues baignées de larmes et je ne peux m’empêcher de me mordre les lèvres, le cœur brisé de la voir si fragile.
« - Je suis tellement désolée Drago. C’était lui n’est-ce pas… »
Je soupire. Il est inutile de lui mentir, autant être franc et lui dire la vérité tout de suite, retardé ce moment ne servirait à rien. Je pense qu’il est temps pour nous deux d’avoir une réelle discussion.
« - Oui. »
A ce simple mot, les larmes redoublent.
« - Il ne viendra pas te chercher ici, je te l’ai dit. Il ne te fera aucun mal, je resterais près de toi.
- Il ne laissera pas tomber, je devrais peut-être rentrer et tenter d’arranger ce qui peut encore l’être. Je refuse qu’il s’en prenne à vous à cause de moi, je ne le supporterais pas, il est dangereux… »
Je ne sais pas trop comment m’y prendre mais je dois être direct, je verrais bien sa réaction.
« - Mione… Qu’est-ce qui s’est passé ? Depuis quand ça dure ? »
Elle ne dit rien mais je la vois se recroquevillée sur elle-même, tenant fermement son thé. Elle soupire, se cale dans le fond du canapé mais ne lève toujours pas les yeux vers moi.
POV Hermione
Je savais bien que cette discussion arriverait tôt ou tard, je voulais m’y préparer mais à quoi bon. Si on m’avait dit quelques années en arrière que c’est à lui que je me confierais je ne l’aurais pas cru, c’est évident, mais je dois bien admettre que ces derniers jours ici m’ont fait un bien fou. Pour venir trouver Drago, c’est que Dereck doit bien se douter que c’est lui qui me cache, il n’aurait pas osé dans d’autre circonstance. Je vais devoir parler, je vais devoir expliquer ma descente aux enfers, je vais devoir revivre tous ces moments encore une fois mais je n’ai pas envie de me répéter non plus. Ils ont le droit de savoir, ils ont tous le droit de savoir et de comprendre.
Je lève enfin le regard et tourne les yeux vers Drago. Je tente un sourire mais je me doute que cela doit plus ressembler à une grimace. Je soupire une nouvelle dois et je me lance.
« - Je pense que tu as raison, il va falloir que je m’explique mais je n’ai pas envie de me répéter.
- Ecoute… »
Il se rapproche légèrement de moi et me sourit. Je pense qu’il a comprit où je voulais en venir.
« - Je vais réunir tout le monde et les faire venir ici, ce sera plus prudent. Je suis désolée de t’imposer cette situation, je ne veux pas que tu penses que…
- Non. J’ai débarqué sans explications chez Ginny et Harry, tu m’héberges chez toi, Ron et Mary doivent être inquiets aussi. Il faudra bien que je vous parle un jour ou l’autre, alors autant se débarrasser de ça maintenant. »
Après tout, plus vite j’aurais expliqué à tous ce qu’il en est, mieux je me sentirais. D’une certaine manière, je crois que cet appartement à un effet apaisant sur moi. Cela peut paraitre fou et je trouve cela assez surprenant de me dire que j’ai réussit à me calmer un peu psychologiquement. Drago n’a pas vraiment posé de questions depuis mon arrivée, il ne me regarde pas comme si j’allais me briser à tout instant à me demander si je vais bien, il me parle comme d’habitude, me parle de tout, de rien et j’apprécie, bien que je ne comprenne toujours pas pourquoi il fait tout ça pour moi.
Alors que je suis perdue dans mes pensées, il s’occupe de tout organiser pour ce soir. Tout va se faire au dernier moment et j’espère que cette petite réunion improvisée n’apportera de problèmes à personne. Je ne sais pas vraiment comment il compte s’y prendre mais je fais confiance à Drago pour gérer. Je suis tellement dans ma bulle que je ne le vois plus et ne l’entends plus autour de moi, j’essaie de mettre de l’ordre dans mes idées, de réfléchir à la manière d’exprimer les choses.
Je soupire en pensant à Mary… Je l’adore et je m’en veux qu’elle puisse entendre mes mots. Après tout, il s’agit de son frère alors comment va-t-elle réagir ? Je crains tellement qu’elle m’en veuille, qu’elle pense que je mens ou pire, qu’elle puisse lui dire que je suis bel et bien hébergée par Drago depuis ma fuite de notre domicile. Je sens les larmes me monter aux yeux mais je prends sur moi pour le retenir quand je sens une main se poser sur mon épaule, me faisant sursauter.
« - Ils ne vont pas tarder à arriver à Londres, ensuite je les ferais venir ici. »
Je l’observe rapidement et je rends compte qu’il s’est changé. Je me lève et me dirige vers sa chambre en lui adressant un léger sourire. Je suppose que mon apparence doit laisser à désirer mais sur le coup, je m’en moque royalement. Il est clair qu’une bonne douche me fera le plus grand bien et m’aidera à me détendre avant de voir tous nos amis.
Une fois encore, je laisse mes pensées m’envahir tandis que je sens l’eau chaude me faire du bien. Ce soir, il va falloir être forte, j’ai bien survécu à une guerre par Merlin, je peux bien survivre à une soirée et un interrogatoire par mes amis non ?
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis sous l’eau mais je finie par éteindre le robinet. Une fois sèche, je prends une minute pour me regarder dans le miroir. Je fais vraiment peine à voir, mes yeux semblent presque vides, mes cheveux ne ressemblent plus à rien mise à part une touffe, une crinière et le reste de mon corps… Certains bleus sont encore bien visibles bien que la douleur se soit endormie. Ces marques disparaitront, je le sais, mais je n’oublierais pas pour autant.
Sortant dans la chambre, je me rends compte que j’entends des voix dans le salon. Je soupire. J’ai du prendre plus de temps que prévu, ils sont déjà là. Je n’ai pas envie de jouer et étant donné que je me sens à l’aise dans les vêtements de Drago, j’enfile son jogging trop grand, un pull, j’attache rapidement mes cheveux et inspirant un grand coup, je me dirige vers le salon.
Au moment où j’ouvre la porte, le silence se fait et tout le monde me fixe. Ils sont tous présent, Mary également. Je tente un faible sourire et avant même de pouvoir réagir, je sens deux bras m’entourer. Ginny.
« - Bonjour ma belle, je suis bien contente de te voir. »
Sa voix est douce et je sens tout l’effort qu’elle doit faire pour ne pas pleurer dans mes bras.
« - C’est fou cette tendance que tu as à vouloir constamment étouffer les gens, Gin’… »
A ces mots, je la sens me lâcher et je la vois lancer un regard noir à son mari alors que les autres tentent de rire le plus discrètement possible. Je vois mon meilleur ami lever les mains en signe d’excuse mais trop tard, elle s’approche de lui menaçante. Je me détends légèrement. Mon regard tombe dans celui de Mary et je me crispe. Elle me sourit et cela me donne envie de pleurer. Son sourire est toujours bienveillant, je ne sens pas de haine, de ressentiment ou bien de mauvaises choses dans ces yeux et je me sens mieux. Toutes les places sont prises, Drago est dans l’un des fauteuils et avant qu’il ne puisse régir, je me dirige vers lui et m’assoie sur son accoudoir. Il lève son regard vers moi et je comprends qu’il souhaite me laisser sa place, mais je refuse, je suis bien là où je suis…
POV de Drago
Je ne sais pas trop quel comportement adopter. Je sais que je ne serais pas impartial et neutre, mais quand je dis que tout lui va, je ne me trompe pas. Hermione ne lâche plus mes affaires, preuve qu’elle se sent à l’aise dedans et cela me touche. Je la trouve magnifique malgré la situation et les épreuves qu’elle traverse et mon cœur manque de rater un battement lorsqu’elle s’assoit près de moi. Elle me fait comprendre qu’elle ne veut pas de la place que je souhaitais lui laisser et je ne bouge plus, nos bras se touchant, je me reconcentre sur le reste du groupe. Ginny finit par se calmer et j’avoue que je me sens tout de suite tendue. Je redoute le moment des révélations.
Hermione doit avoir les mêmes penser que moi car en lui jetant un rapide coup d’œil, je la vois jouer avec les manches des ces mains. Elle a senti mon regard et me fixe un court instant avant de soupirer pendant que le calme semble revenu dans la pièce.
« - Je vous remercie à tous d’être venus ce soir… »
Elle a désormais toute notre attention et je me sens aussi stressé qu’elle.
« - Je me devais de vous expliquer certaines choses et… Sachez que je n’avais pas prévu toute cette histoire et je ne souhaite pas que les choses dégénèrent. »
A ces mots, je la vois échanger un regard avec Mary qui lui sourit faiblement alors que Ron attrape la main de sa petite amie.
« - Vous savez tous que je suis ici depuis quelques jours et que, soyons claire, je me cache de Dereck. C’est beaucoup plus dur à dire que je l’aurais imaginé…
- Hermione, si tu n’es pas prête…
- Non, Harry, je vous dois à tous la vérité, bien qu’elle soit dure à dire et dure à entendre. »
Un nouveau silence se fait, personne n’ose bouger de peur de briser quelque chose puis Hermione reprend.
« - Cette semaine… ce n’était pas la première fois. »
Je vois Mary avoir un hoquet, le choc de cette vérité lui fait ouvrir de grands yeux et presque instantanément, les larmes coulent sur ces joues. Ginny pleure silencieusement alors que Pansy ne bouge pas, tous comme les garçons.
« - Tout a commencé il y a environ un an. Après le mariage, j’ai aidé Dereck pour sa société, tant financièrement qu’avec quelques détails administratifs. Ce soir-là… j’ai voulu parler de notre avenir. Voir Sirius me rendait heureuse et j’ai sentie que j’avais des envies de maternité… Cela a été ma plus grosse erreur. »
Je sens une colère froide monter en moi mais je me contiens.
« - Il s’est énervé, il a dit qu’il ne voulait pas avoir d’enfants… ni avec moi… ni avec personne. Il a hurlé et ce soir-là, pour la première fois, il m’a giflé… »
Ces derniers mots sonnent comme un coup de poing pour moi. J’ai vite compris qu’il n’en était pas à son coup d’essaie mais comprendre que cela fait un an que cela dur me peine. Je vois bien que les autres ont l’air aussi choqué et en colère que moi et pourtant aucun de nous ne réagit. Je me doute que cela doit être compliqué pour Hermione de revivre tout ça pour nous expliquer alors il ne faut pas que je réagisse comme je l’ai fait en début de semaine.
Elle continue de torturer ces mains à travers les manches de mon pull, elle est angoissée ou stressée, je ne sais pas et j’hésite à faire un geste vers elle. Elle a le regard dans le vague, elle ne fixe personne et après un court instant, elle continue de parler.
« - Il m’a également forcé à… à avoir des relations intimes avec lui. J’étais pétrifiée de peur… Il m’a obligé, je n’ai pas eu le courage de dire non. »
Je ne pensais pas pouvoir entendre pire et pourtant… Ginny a les yeux horrifiés, les mains sur la bouche, Mary à fermer les yeux et baisser la tête, Harry et Ron semblent à deux doigts d’exploser, Pansy s’est mise, elle aussi à pleurer alors que Blaise, les yeux baissés lui passe un bras dans le dos.
Cela fait beaucoup et n’y tenant plus et parce que je la sens fébrile, je passe mon bras autour d’elle. Elle sursaute et elle tourne le regard vers moi, les yeux rouges, les joues humides. Elle détourne le regard et elle se laisse faire. De mon autre main, j’attrape la sienne et je le sens la serrer alors que je sens ces larmes tomber sur ma peau.
« - C’était la première fois… Il s’est contenté de sourire et après ce jour, il a continué… Il est devenu froid, cynique… Quand il était contrarié… quand il était énervé… quand une réunion ne se passait pas bien… Au départ c’était ça puis il a encore changé.
- Mione… »
Elle n’entend même pas la voix de Ron qui semble prêt à craquer. Ce surnom sonne comme un supplice, une demande d’arrêter ce récit.
« - Même lorsque ces journées se passaient bien, il trouvait parfois des motifs de me hurler dessus. Il a jugé qu’il gagnait assez bien sa vie pour que je laisse tomber mes études et quand j’ai protesté… Il a toujours su faire en sorte que cela ne se voit pas. Je n’ai pas trouvé la force de tenter les protestations alors j’ai abandonné les cours… Et le reste, les sorties, les balades… les amis que je me suis faite à l’Hospital, tout est devenu interdit.
- Mione… nos weekend… les vacances en Grèce… tu… »
Elle lève les yeux vers Ron et sourit faiblement.
« - Je ne me suis pas baignée car j’avais encore des bleus, je ne voulais pas que vous puissiez risquer de les voir… Il m’a retiré les potions magiques alors… imagine la catastrophe… »
Le rouquin se passe une main sur le visage. Aux vues de sa réaction, je le soupçonne d’en avoir parlé avec Mary assez longuement. Je n’avais même pas pensé à ce genre de détails…
« - Il m’a pris ma baguette, mon portable… il m’a tout pris et surtout il a mis des sorts sur la maison pour que je ne puisse pas sortir. Une prisonnière, ni plus ni moins. Il y a quelques temps, j’ai enfin vue où il cachait ma baguette et la clé pour y avoir accès. Il fallait attendre le bon moment, je crois…
- Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu puisses t’enfuir cette semaine. »
Blaise semble tout aussi touché que les autres et c’est bien que je le voie aussi sérieux et concentré.
« - Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mardi mais il est rentré à la maison d’une humeur massacrante. Dès qu’il a passé la porte j’ai compris mais je n’ai pas eu le temps de me réfugier où que ce soit… Son regard ne me laissait que peu d’espoir quant au degré de sa violence… »
Je ferme les yeux à cet instant. J’arrive à m’imaginer la scène qui a dû se passer chez eux en pensant aux hématomes que j’ai vue sur tout son corps. Elle continue.
« - Sa colère avait dépassé tout ce que j’avais déjà connu, il m’a… il m’a frappé si fort, je me suis cogné la tête en tombant… Il… Il m’a… encore… une nouvelle fois… J’ai cru mourir, j’ai souhaité mourir… Je me suis dit que si je ne partais pas, il me prendrait aussi ma vie… Le lendemain matin, je ne sais par quel miracle, j’ai pris la fuite et vous connaissez la suite… »
Je le sens trembler et je resserre doucement mon emprise sur elle. Je trouve rassurant qu’elle m’ait laissé la toucher aussi rapidement bien que par moment elle sursaute à mon contact. A ce moment-là, je comprends mieux les mots de mes amis quand ils m’ont dit que je serais le mieux placé pour la faire se sentir plus à l’aise au regard de mes sentiments pour elle.
A cet instant, je pense qu’un petit remontant nous ferais à tous le plus grand bien. J’étais tellement stressé tout à l’heure que je n’ai rien préparé, je soupire de lassitude. Je vais pour amorcer un mouvement mais Hermione à dû suivre mes pensées car elle se défait lentement de moi. En me levant, je passe une main dans son dos et passant près d’elle, je dépose sans réfléchir un baiser dans ces cheveux.
Je vous l’avais bien dit, depuis que j’ai pris conscience de mes sentiments pour elle, je suis devenue pathétique de mièvrerie. A l’instant même, je ne me soucis même pas de savoir si l’un d’entre eux m’a vue faire, ce qu’il pense, tout cela m’importe peu, le plus important pour moi, c’est elle. Je me rends rapidement dans la cuisine et malgré l’air un peu lourd, j’entends certains se moucher, renifler et soupirer. Je pense qu’aucun de nous n’était réellement prêts à entendre ces révélations, maintenant que c’est chose faite, il faut trouver un moyen de lui venir en aide et vite.
Alors que je suis en train de m’afférer, je n’ai pas entendu Ron arriver près de moi. Il pose une main sur mon épaule et je sursaute, me tournant vers lui. Il me sourit et je le vois regarder autour de lui pour me donner un coup de main. Il ouvre les placards et en sort des verres pendant que je chauffe de l’eau rapidement. Un thé fera certainement du bien à ces dames.
« - Je te remercie de ce que tu fais pour elle. Je sais que ce n’est pas une chose facile, surtout vue la situation et je t’admire pour la façon dont tu semble gérer tout ça et la façon dont tu la gère, elle… »
Je m’attendais à tout sauf à ce type de discours venant de Ron. C’est lui qui a été le plus dur avec moi quand nous nous sommes ralliés à eux et pourtant.
« - Je suis simplement autant aussi inquiet que vous tous.
- Je sais. Mais je pense qu’un jour tu devrais lui dire la vérité, elle en aura besoin. »
Je fronce les sourcils sans réellement comprendre le sens de ces mots.
« - Je ne te suis pas. Que veux-tu que je lui dise ? Mes sentiments sont loin d’être une priorité ici, elle n’a pas besoin de ça et quand tout sera finit, elle n’aura plus autant besoin de moi, elle s’en sortira, elle est forte.
- Hum… Oui, Mione est une femme forte, mais crois moi, pour le moment elle semble apaiser ici, mais un jour viendra ou ces mauvaises pensées prendront le dessus et elle aura besoin que tu lui dises ce que tu ressens pour elle pour éviter de sombrer. »
Je le fixe. Ces mots me glacent, ils me transpercent et je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’il dit juste. En voyant son regard, j’ai la sensation qu’il a vécu une situation similaire, qu’il sait exactement comment les choses vont se passer. Il me sourit et repars en direction du salon, les mains pleines. Je prends le reste et je le suis.
Hermione s’est recroquevillée dans le fauteuil, à ma place alors je prends la sienne près d’elle. Tout le monde se sert et je sens que les bières et le whisky pur feu font du bien à tous. Je me tourne vers Hermione et elle attrape avec un sourire la tasse que je lui tends. Elle la prend entre ces mains avant de remonter ces jambes contre elle et poser sa tête contre moi. Les mots de Ron tournent dans ma tête et à cet instant, je me fais la promesse silencieuse de prendre soin d’elle, je ne la fuirais plus… Aujourd’hui plus que jamais, je sais que je ferais tout pour elle, je me battrais autant qu’il le faut.