La couleur des sentiments

Chapitre 4 : Une liberté bien méritée

9741 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a plus d’un an

Chapitre 3 : Une liberté bien méritée


POV de Drago

 

Je viens d’arriver avec Hermione dans mes bras. Comme je l’avais prédit, Harry a très bien ressentit la magie de sa meilleure amie et Ginny aussi d’ailleurs. Ils ont bien ouvert des yeux ronds devant le spectacle de leur cuisine légèrement dévastée, mais ils n’ont rien dit. Après un bon quart d’heure, elle a fini par se calmer alors je lui ai proposé de partir. Ginny lui a donné quelques affaires qu’elle a miniaturisé dans ma poche et je me suis dirigé vers la cheminée. Je sais que je suis venu en voiture jusqu’à chez eux, mais je viendrais la chercher plus tard pour la ramener à mon autre domicile. Nous sommes maintenant dans mon appartement de Naples et je me dirige sans plus attendre vers ma chambre. Je pousse la porte avec mon pied et je m’avance, déposant Hermione sur mon lit, elle a fini par s’endormir avant notre départ. Je lui enlève doucement ces baskets et je vais tirer les rideaux de la fenêtre, afin d’atténuer un peu la lumière du soleil avant de retourner dans le salon, sans oublier de fermer la porte derrière moi. Je me laisse tomber dans mon canapé et je soupir, avant de fermer les yeux un moment.

 

Après la fin de la guerre, je me suis dit que partir serait le meilleur des remèdes pour moi et je n’ai pas eu tort je crois. Le Terrier nous a tous accueillit et de ma vie, je ne m’étais jamais sentit aussi bien entouré. Grandir comme l’héritier d’une famille de sang pur comme les Malefoy vous prive de toutes les petites attentions qu’un enfant est censé recevoir. J’ai attendu le mariage de Ginny et Harry et je me suis décidé à partir. C’est vrai que je ne savais pas trop ce que j’allais faire de ma vie, et malgré le dédommagement financier du Ministère de la Magie pour la saisie de mes biens et le fait de m’avoir arrêté pour être mangemort, je ne voulais pas rester en Angleterre. Finalement, ce pays n’était qu’un mauvais souvenir dans son intégralité. Le fait d’avoir refusé de vouloir servir le Lord voulait tout dire et pour tout le monde, je reniais mon éducation, faisait honte à mes parents ainsi qu’à la totalité de la famille Malefoy. Les gens qui étaient mes amis à l’école ne l’étaient plus et il ne me restait rien. Quant à la guerre à proprement dit, elle m’a pris le peu qu’il me restait encore. Dans le fond, je savais que j’avais fait le bon choix, mais il est dur à 17 ans, de devoir tourner le dos à tout ce que l’on a toujours connu. Heureusement que Blaise et Pansy étaient là, sinon je crois que j’étais bon pour devenir fou, et plus d’une fois.

 

Le lendemain de la cérémonie de mariage, je me suis réveillé avant tout le monde, j’ai pris mes affaires et sans attendre, j’ai discrètement quitté la maison et j’ai transplané un peu plus loin. Ma première idée a été d’aller à Pré au Lard ou sur le Chemin de Travers, mais je sais que mes amis m’auraient retrouvé bien trop vite et c’est exactement ce que je voulais éviter. Personne n’était au courant de mon départ et personne ne devait savoir, tout ce que je voulais s’était disparaitre. Je suis passé du côté moldu et j’ai cherché ce qui serait le mieux. Je n’y connaissais rien aux avions, alors j’ai pris un premier train, puis un second, puis un bus et je me suis retrouvé sur la côte. Un Ferri partait pour la France alors je n’ai pas hésité. Et de fil en aiguilles, et après plusieurs jours de voyage, je suis arrivé en Italie. Je ne sais même pas pourquoi j’ai choisi ce pays en particulier et puis je me suis dit pourquoi pas, le soleil ne pourrait pas me faire de mal. Je n’ai donné de nouvelles à personne, j’ai agi comme un égoïste. Pendant un an, j’ai parcouru le pays, j’ai observé et j’ai surtout appris à voir le monde moldu d’un nouvel œil. J’ai découvert que beaucoup de sorciers, surtout venant de famille de moldus, intégrait leur technologie à la nôtre et vivant de leur côté, j’ai dû m’y faire rapidement. J’étais un étranger, un inconnu mais avec un peu de temps et de patience, j’ai trouvé mes marques. Un an plus tard, il était temps que je réapparaisse en Angleterre et c’est ce que j’ai fait, en débarquant sans prévenir devant chez Ginny et Harry.

 

Je soupire. Je ne regrette pas d’avoir gardé un appartement à Naples. C’est sûr que comparé à ce que j’avais au Manoir Malefoy, c’est bien plus petit, mais au moins, je suis chez moi. Je suis au 3ème étage d’une petite résidence situé en hauteur, surplombant la mer. C’est la vue que j’ai depuis ma chambre et la terrasse de mon salon. Une grande salle de bain, un grand séjour avec cuisine ouvert, un balcon qui donne sur le large et un bureau avec une bibliothèque qui me satisfait amplement. Je me contente de simple, mais je suis extrêmement bien ici. Quand je suis rentré, personne ne savait où j’avais disparu mais j’ai fini par leur expliquer brièvement. Au fil du temps, ils sont tous devenus une vraie famille pour moi, même étant plus jeune, c’était tout simplement inenvisageable. Cinq années se sont écoulées depuis la guerre et pourtant, certaines choses n’ont pas changé. Être reconnu pour son travail ou pour son nom c’est une chose, voir sa vie étalée dans la presse en est une autre et bien que l’on m’attribut un nombre incalculable de conquêtes, je sais que jamais, je ne pourrais donner mon cœur à l’une de ces femmes…

 

Je sais que je suis ridicule, voir même affligeant et pourtant, j’ai choisi de vivre avec ce secret depuis plus de cinq longues années. Oui, moi, Drago Lucius Malefoy, je suis amoureux depuis six ans d’une femme qui ne l’a jamais remarqué, de laquelle je me suis éloigné, que j’ai voulu oublier dans les bras d’autres femmes, en vain. J’aime une femme que je considérais comme trop bien pour moi, une femme ambitieuse et forte, courageuse, intelligente et d’une beauté renversante à mes yeux. J’aime une femme qui ne sait rien de mes sentiments, qui ne sait rien des efforts surhumains que j’ai fait pour cacher cet amour et surtout de ceux que j’ai dû faire pour accepter qu’elle fasse sa vie avec un autre, sous mes yeux. J’ai fait en sorte de rester assez loin pour l’observer et m’inquiéter de son bonheur, mais assez proche pour garder mon statut d’ami. Je soupir de rage. J’aime une femme , cellequi dort actuellement dans mon lit, j’aime Hermione Granger et voir son état aujourd’hui me met hors de moi.

 

Je sais que Ginny et Harry savent que je m’occuperais d’elle du mieux que je le peux, surtout qu’ils connaissent très bien mes sentiments vis-à-vis de leur meilleure amie, mais je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus quoi penser et j’ai peur d’être trop brutal face à elle concernant ce que je pense de Dereck Owen. Quand j’y pense, je me dis que je n’étais pas si excessif que ça quand je disais que je ne le sentais pas ce type ! J’avais un mauvais pressentiment mais personne ne m’a écouté et voilà le résultat. Grrr !!!! Ça m’énerve !!!! Je finis par me lever et me diriger vers le bar situé dans un coin du salon. Je me verse un grand verre de Whisky Pur Feu et je me dirige vers le balcon. Il faut que je me calme et que j’attende son réveil, je dois savoir ce qui s’est passé.

 

POV d’Hermione

 

J’ouvre un peu les yeux, regarde le plafond pendant quelques minutes avant tourner le regard vers la source de lumière. Je fronce les sourcils. C’est curieux, je ne reconnais pas l’endroit où je suis. Je porte toujours mes vêtements, signe que personne ne m’a touché, sauf mes baskets. Je me lève et observe autour de moi. Je suis dans une chambre plutôt spacieuse au ton vert assez pale. Il y a une grande armoire d’un côté et une commode de l’autre, près de la porte de la pièce et enfin, près de la fenêtre, il y a une autre porte entre-ouverte qui se trouve être une très jolie salle de bain en carrelage blanc et gris. Je me suis dirigée vers le grand miroir qui s’y trouve et c’est sans grande surprise que je vois que mon reflet n’a absolument pas changer. Je soupir et quitte la pièce pour retourner dans la chambre. Soudain je me souviens, je me trouve chez Drago et je soupire une nouvelle fois. Je finis par sortir de la chambre et je regarde rapidement autour de moi, sans le voir. Il a un très bel appartement, c’est certain. Je m’avance encore un peu dans le salon et je m’avance vers un petit meuble où sont posés un tas de photos encadrées. Je me poste devant et les regarde, surprise.

 

Il y a la photo de Ginny et Harry à leur mariage, souriant et faisant de grands signes au photographe, une photo de Sirius bébé et une autre où il est un peu plus grand, assis entre Drago et moi. Je continue et je découvre ce qui est une photo volée, Pansy qui semble être fâchée et Blaise qui semble s’excuser. Je souris. Un autre cadre représente tout notre petit groupe au Terrier et enfin la dernière, je la prends dans mes mains et l’approche. C’est moi. C’est le jour de mon mariage. Je me souviens de ce moment. Nous étions tous dehors, Ginny, Harry, Pansy, Blaise, Drago, Ron, Mary et moi. On voulait un peu de calme et Sirius dormait, bien calé dans les bras de son père. J’étais tellement heureuse, eux autour de moi. J’étais un peu plus loin, je leur tournais légèrement le dos à tous, puis nous avons entendu Molly nous appeler alors nous avons tourné le regard vers elle. Je n’ai pas vu que j’étais prise en photo et pourtant je savais que Drago avait son appareil. C’est devenu une tradition depuis le mariage de Ginny et Harry. Nous avons acheté cet appareil, pour nous souvenirs de tous les moments passés ensembles. Je passe ma main sur la photo, triste. Ce moment me semble si loin à présent…

 

« - Tu as bien dormi ? »

 

Je sursaute je me retourne. Drago se tient un peu plus loin, un grand verre à la main, ces lunettes de soleil sur la tête.

 

« - Tu m’as fait peur.

- Désolé. »

 

Je lui fais un faible sourire avant de me tourner pour déposer la photo à sa place. Je me tourne à nouveau et le vois dans la cuisine. Je m’y rends et m’assoie sur une chaise, près de son bar, qui ressemble plus à un passe plats selon moi.

 

« - Alors ? Tu as bien dormi ? »

 

C’est à ce moment-là, que je remarque l’horloge accrochée au mur. Elle indique 16h.

 

« - J’ai dormi si longtemps ? Par Merlin…

- Tu devais vraiment être épuisée. Tu n’as même pas réagi quand je suis passé dans la chambre. »

 

Je souris et le je vois déposé un grand verre devant moi.

 

« - C’est du thé glacé. Je ne te ferais boire que ça, rassure-toi.

- Drago…

- Hum ? Tu n’aimes pas cela peut-être ? J’ai autre chose, si tu veux.

- Non. Je voulais juste te remercier. Sincèrement, je veux dire.

- Oh… Tu ne me dois rien, Hermione. Et contrairement à ce que tu disais ce matin, tu ne me dérange pas.

- C’est tes conquêtes qui ne vont pas être contente. »

 

Je parle doucement mais j’ai comme l’impression qu’il m’a entendue. Je rougis de gêne. La vie de Drago n’est inconnue de personne, il n’y a pas une seule semaine ou la presse ne lui attribut pas une nouvelle conquête, moldue ou sorcière. Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Je lève les yeux vers lui et il soupire. Serait-ce de la lassitude ?

 

« - Je ne pensais pas que tu t’intéressais à ce que raconte ces magazines pour sorcière ou moldue en manque de sensations fortes.

- Désolée… Mais ta vie s’étale dans les journaux chaque semaine. Cela étant, je ne te juge pas, je ne veux pas que tu te sentes obligé ou dérangé.

- Je ne suis ni dérangé, ni obligé. Je t’accueille chez moi parce que tu en as besoin et parce que j’en ai envie, c’est tout.

- Je te remercie. Je sais bien que tu n’es pas aussi proche de moi que tu peux l’être avec les autres… »

 

Je le vois ouvrir la bouche pour répliquer mais je continue sur ma lancée.

 

« - Non, c’est vrai, tu es toujours un peu distant. Et je ne t’en veux pas. Alors… merci. »

 

Il me sourit et prend la direction du balcon. Je le suis. Je reste bouche bée devant la beauté de ce qui s’offre à moi. La mer s’étant à l’horizon, le soleil brille et la chaleur n’en ai que plus agréable aux vues de la petite brise que je sens. Par Merlin que cela fait du bien. Cela faisait tellement longtemps que je rêvais de voir la mer, respirer de l’air frais et voir autre chose que les murs de ma prison. Je ferme les yeux et souris. Au bout de longues minutes, j’ouvre les yeux et me tourne vers Drago. Il est là, debout près de moi, à me fixer avec un sourire en coin.

 

« - Bah quoi ?

- Rien… On dirait une petite fille qui n’a jamais vu la mer, tu as les yeux qui brillent. »

 

Je ne sais pas pourquoi, mais cette remarque me touche et je baisse les yeux. Sans un mot, je retourne à l’intérieur du salon et me dirige droit dans la cuisine. Je pose mon verre sur le plan de travail et appuie mes mains sur ce dernier, la tête basse. Je sais que ces propos n’avaient rien de méchant ou déplacé, mais je me sens touchée et je sens les larmes me monter aux yeux. Je le sens arriver près de moi mais je ne bouge pas d’un pouce.

 

« - Je suis désolé, je ne pensais pas te blesser. »

 

Je secoue la tête, comme pour lui dire que ce n’est pas le cas, je n’ose pas ouvrir la bouche. Je le sens posé une main sur mon épaule et dans un élan de défense que je ne contrôle pas, je sursaute et m’éloigne de lui. Je sens son regard sur moi, mais je suis incapable de réagir. Il s’approche lentement de moi et s’arrête à quelques centimètres de moi. Je sens les larmes qui coulent et un flash me vient. Je me revois dans la cuisine de cette maison que je partage avec Dereck. Combien de fois m’a-t-il surpris dans la cuisine, arrivant sans faire de bruit derrière et m’emprisonnant dans ces bras… Ces souvenirs me brisent le cœur et je pleure. Encore…

 

« - Hermione… »

 

Je sens que je ne tiens plus sur mes jambes. Ma vue est brouillée par mes larmes et je n’arrive plus à m’arrêter. Dans un dernier pas, il me prend doucement dans ces bras, caressant mes cheveux et je me laisse aller à pleurer…

 

POV de Drago

 

Par Merlin, je ne pensais pas que de simples mots auraient ce genre d’effet sur elle. Je tente de la calmer du mieux que je peux, mais je sens qu’elle tremble. Elle tient mon t-shirt avec force et malgré moi, je souris en pensant que je me suis transformé en mouchoir géant. Par Merlin, comment gérer une telle crise, une telle situation. Je la berce encore un petit moment et quand je tente de m’écarter un peu d’elle, elle me tient plus fort. Je ne bouge plus et me contente de lui caresser les cheveux. Faire souffrir une femme de cette façon devrait être interdit.

 

« - Hermione…

- …

- Tu ne veux pas qu’on aille s’installer dans le canapé, tu seras plus à l’aise. »

 

Je lui parle doucement et elle semble légèrement se détendre. Pour qu’elle en vienne à avoir une telle peur qu’on la touche brusquement ou de façons inattendues, c’est qu’elle doit en avoir vu de toutes les couleurs. J’essaie de faire un geste pour la conduire vers le canapé, mais elle ne bouge pas.

 

« - Je vais te porter d’accord ? Je t’emmène jusque là-bas, ok ? »

 

Elle ne bouge pas alors lentement je me détache d’elle et passe l’un de mes bras sous ces jambes, tandis que le second se place dans son dos. Dès qu’elle m’a vu bouger, elle a passé ces bras autour de moi et a enfouit son visage dans mon cou. Je me dirige vers le salon et je ne sais pas pourquoi, je reste debout pendant un instant. Finalement, en étant le moins brusque possible, je m’assoie sur le canapé, sans la lâcher. Nous restons comme cela pendant plusieurs minutes et je sens quelque chose couler dans mon cou. Elle pleure.

 

« - Hermione… je veux t’aider… »

 

Elle reste toujours sans rien dire. J’aimerais pouvoir connaitre cette vérité qui la fait tant souffrir.

 

« - Il faut que tu parles, que tu te libères de tout ça, tu te sentiras mieux. Tu es épuisée et ta magie l’est tout autant, alors tu vas te reposer ok ?

- Oui… »

 

Sa voix est faible mais au moins, je sais qu’elle est encore avec moi et qu’elle ne s’est pas endormie une fois de plus. Je crois qu’il est inutile d’insister pour aujourd’hui, alors je pense que cela ne sert à rien que je commence à lui poser des questions, je n’obtiendrais aucune réponse. Je soupire. Depuis ce matin, je n’arrête pas et cela devient lassant. Sans vraiment m’en apercevoir je continue de bercer Hermione et je sens que son souffle se fait régulier au fil des minutes qui passent…

 

***

**

*

 

Je soupire et tente de me relever quand je sens un poids sur moi. Je baille et baisse légèrement la tête. Hermione est toujours assoupie. Elle est maintenant assise sur le canapé, ces jambes sur les miennes et la tête posée sur mon torse, mes bras autour d’elle. Je laisse ma tête retomber sur le rebord de mon canapé et un autre bâillement me prends. Je tourne les yeux et regarde rapidement autour de moi. L’heure doit être bien avancée car la lumière du jour est beaucoup plus faible que ce matin. Je reste sans bouger pendant un moment et tente de mettre de l’ordre dans mes idées. La présence d’Hermione chez moi n’est pas une chose gênante en soit, mon souci aujourd’hui, c’est que je me retrouve à veiller sur une femme brisée, qui a peur et qui souffre depuis trop longtemps. Le pire dans cette histoire, c’est que je me rends compte que mes sentiments pour elle n’ont absolument pas changé, malgré les années, aucune différence et je ne peux pas ressentir ce léger sentiment de soulagement en la sachant avec moi et chez moi. Cela pourrait paraitre tellement ridicule, mais je ferais en sorte qu’elle aille bien et qu’elle quitte cet imbécile.

 

Doucement, je me décale et installe Hermione sur le canapé dans le but de me lever. J’observe le petit réveil près de la télévision : 18h16. Nouveau soupir de ma part. Une fois libre de mes mouvements, je me lève et me dirige vers la cuisine. J’ouvre les placards et le réfrigérateur en cherchant une idée pour le diner de ce soir. Je crois que je vais faire simple, comme à mon habitude. J’avoue que je suis un peu perdu, je ne sais pas trop quoi faire, c’est tellement étrange d’être chez soi avec quelqu’un… Enfin, c’est étrange de me retrouver dans cet appartement avec Hermione et de savoir qu’elle se trouve dans une situation plus que délicate. Je retourne dans le salon et je vois qu’elle est en train de se réveiller.

 

« - J’ai encore passé mon temps à dormir ? »

 

Elle est assise sur le canapé et elle me fixe un moment.

 

« - La dernière fois où tu as réellement dormi remonte à quand ? »

 

Elle me lance un petit regard noir avant de détourner les yeux. Je ne dis rien et file dans la salle de bain, j’en ai assez de voir cette fichue plaie sur son front et les hématomes sur sa joue et ces poignets. J’ouvre mon placard et chercher rapidement les potions et médicaments moldus qui pourraient m’être utiles. Une fois chose faite, je retourne près d’elle et m’assoie sans douceur à ces côtés. Je la regarde un moment avant de soupirer et tendre une main vers elle.

 

« - J’en ai assez de voir tes bleus, je vais te soigner ça.

- Tu n’es pas obligé.

- ça suffit, Hermione. Je te l’ai déjà dit ce matin, tu ne me dérange pas du tout alors arrête. Maintenant tourne toi un peu vers moi s’il te plait, que je te soigne. »

 

Elle hésite un instant avant de se tourner. Elle baisse les yeux. Je ne veux pas la mettre mal à l’aise et en même temps, je me dis qu’il lui faudra sûrement un peu de temps pour s’habituer à ma présence. Je commence par désinfecter sa plaie sur le front et elle grimace. Je souris.

 

« - Désolé, mais il faut que je nettoie ça. Je ferais doucement.

- Je sais bien, crétin, mais ça pique ton truc !

- Ne fais pas l’enfant, Hermione. »

 

Elle me fixe, le regard sombre et me tire la langue. Voilà qui est une réaction des plus matures. Je me contente de lever les yeux au ciel, sans un mot. Je finis ce que je fais, lui met un peu de crème cicatrisante moldue, car je n’ai que cela sous la main et lui pose un pansement. Doucement, je passe ma main sur l’hématome de sa joue, il a changé de couleur depuis ce matin et est devenu presque noir. Je la vois grimacer un peu mais elle ne dit rien. Je prends ces mains dans les miennes et observe ces poignets, dans le même état. Je sens une rave sans nom monter en moi et je prie Merlin pour que mon chemin ne rencontre jamais celui de Dereck Owen, car je serais capable de le tuer de mes propres mains… Je prends le tube de pommade en essayant de me calmer. Je commence par sa joue avant de m’attaquer à ces poignets.

 

« - Comment a-t-il put faire ça ? Pourquoi n’avoir rien dit avant aujourd’hui ? »

 

Elle soupire et baisse les yeux.

 

« - C’est compliqué, tu ne comprendrais pas.

- Foutaise ! Si tu m’explique, je pourrais comprendre. Un homme n’a aucun droit de lever la main sur une femme.

- En quoi ça te regarde ? Je ne t’ai RIEN demandé ! »

 

Je la regarde, surpris. Elle a levé les yeux sur moi et me regarde, en colère.

 

« - Et alors quoi ? Tu croyais que rester chez Harry et Ginny serait la meilleure idée ? As-tu seulement réfléchi à cela ?

- Tu n’es qu’un idiot, Malefoy. Continue de me détester, c’est très bien. »

 

Je sursaute presque de surprise. Moi ? La détester ? Je ne peux m’empêcher de rire.

 

« - Montre-moi tes autres bleus au lieu de dire des bêtises aussi grosses que celle-là !

- Laisse, je vais me débrouiller. »

 

Je la vois bouger pour se lever, mais je lui tiens toujours le poignet. Elle arrête sa progression et me fixe d’un regard noir. Ma parole, je me crois revenir des années en arrière, quelques mois avant la guerre. Elle ne me faisait pas confiance et elle était tout le temps sur la défensive avec moi. Aujourd’hui, la scène se répète. Je soupire.

 

« - Ecoute, je suis loin de te détester, d’accord, ce que je veux, c’est t’aider.

- …

- Hermione, s’il te plait. Je ne suis pas là pour te juger.

- C’est ce que tu fais pourtant.

- Non, je m’inquiète et cela au même titre que Ginny ou Harry. Tu crois quoi ? »

 

Elle baisse une nouvelle fois la tête et quelques secondes après, je vois une larme glisser et tomber au sol. Ces mains tremblent légèrement.

 

« - Je crois que tu me juges ! Tu penses quoi ? Que c’est ce que je voulais ? Tu voulais que j’aille où ? HEIN ? Tu crois que c’est la vie que j’ai voulu ? REPOND !

- C’était ton choix non ? Tu as réfléchi avant ? Tu pensais à quoi ? Qu’en rentrant chez vous, Owen va se contenter d’attendre que tu apparaisses comme une fleur ? Je te pensais plus intelligente, mince !

- Je n’avais pas les idées claires !

- Les as-tu déjà eues ? Non mais franchement !

- JE TE DETESTE MALEFOY ! Ramène-moi chez Harry et Ginny.

- Bah voyons ! Réfléchis bon sang, Hermione ! Vu les marques que tu as, quelle réaction va-t-il avoir quand il ne te verra pas à la maison comme la gentille petite femme qu’il a voulu faire de toi ? Il n’est pas bête, il va commencer par lancer un sort pour voir ta destination…

- J’AI FAIS UN DETOUR !

- ET APRES ? Il va être fou de rage et où crois-tu qu’il va aller en premier ? Chez eux ! Harry a beau être Auror mais un sort peu très bien révéler une présence, même caché. Après il téléphonera chez Weasley et sa sœur, il n’ira pas sur place parce que ça serait révélé ce qui s’est passé. Il fera de même pour Blaise et Pansy quoi qu’il soit capable d’aller chez eux. Et ensuite ? Hein, ensuite, Hermione ? REPOND MOI ! OU IRA-T-IL ? »

 

Ces yeux sont rouges d’avoir trop pleuré et elle tremble de rage mais bizarrement, je ne m’arrête pas pour autant. Je me lève et lui fais face.

 

« - Il a fait en sorte de te couper du monde, pour que tu n’aies nulle part où aller. Il sait que tu n’irais pas au Terrier. Il pensera bien à venir me trouver, mais il ne sait pas où j’habite, en tout cas en dehors de Londres, et je doute que les autres le lui dise, presque personne ne connait ici. Pourquoi crois-tu que je voulais que tu sois là ? Tu n’es qu’une idiote si tu crois que je te déteste.

- MOI, JE TE DETESTE !

- Alors déteste-moi, haïs moi autant que tu le veux, mais cela ne m’empêchera pas de m’occuper de toi, c’est clair ? Alors maintenant, montre-moi tes autres blessures !

- Ne me donne pas d’ordre Malefoy ! Tu ne vaux pas mieux que lui ! »

 

J’ouvre les yeux de stupeur et je la vois plaquer ces mains sur sa bouche. Par Merlin, je ne pensais pas entendre cela de sa bouche. Après le mal qu’il lui a fait, elle me compare à cette espèce de… Je ne le lui montrerais pas, mais elle m’a touché, réellement, blesser. Elle me regarde, presque effrayer, mais je me contente de me taire. Je baisse les yeux et je me tais. Si j’avais su que cette journée se passerait de la sorte, je ne me serais pas levé ce matin, je serais resté chez moi et jamais, je ne me sentirais mal comme maintenant. La seule femme que je n’ai jamais aimé de toute ma vie me déteste et me compare au pire des salauds. Je m’éloigne d’elle, toujours sans lui jeter un regard et je la laisse là, me dirigeant vers le balcon.

 

En passant devant le petit buffet, je m’arrête, ouvre le premier tiroir et en sort un petit paquet avant de sortir. La brise extérieure me fait du bien et j’en profite pour soupirer bruyamment. J’ouvre mon paquet et en sort une cigarette ainsi qu’un briquet. C’est en vivant chez les moldus que j’ai découvert la cigarette et depuis, c’est devenu une nécessité pour moi, surtout lorsque je suis énervé. Ce n’est que psychologique dit-on, mais cela me calme. La première bouffée de cigarette me calme et je m’appuie sur la rambarde du balcon, les yeux dans le vide.

 

Je ne me rends même pas compte que se sont pas moins de trois cigarettes que je viens de fumer. Je n’ai pas envie de retourner dans le salon, pas envie de voir son regard en colère, pas envie de ressentir cette haine qu’elle dit me porter. Je ne pensais pas que mes relations avec Hermione puissent se détériorées de la sorte. Je pensais qu’en étant un ami, quelque peu à distance, cela me permettrait de la voir et prendre de ces nouvelles sans rien lui montrer de mes sentiments, mais au lieu de cela, je me rends compte qu’elle a interprété mon comportement de façon négative.

 

Je me sens tout d’un coup fatigué, comme vidé. Je ne sais pas si c’est de la déception que je ressens ou juste une très mauvaise opinion de moi, mais je me sens mal et légèrement perdu… Je reste là encore un moment avant de décider de retourner à l’intérieur, vide. Je ne la vois pas. Jetant un rapide coup d’œil à la pièce, je remarque que la porte de la chambre est fermée, signe qu’elle doit sûrement y être alors je soupire. Il est 20h passé et je n’ai plus faim. Je me dirige vers le canapé et m’y laisse tomber. Je balance mes chaussures à travers la pièce et m’allonge sans attendre avant d’attraper la télécommander et allumer la télévision. Je n’ai que cela pour faire passer le temps…

 

***

**

*

 

J’ouvre un œil, puis un second. La lumière est forte et il me faut quelques instants pour m’y faire. Je grimace et commence à me lever doucement. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas dormi sur le canapé. Bien qu’il soit confortable, mon lit l’est beaucoup plus. En pensant à mon lit, je ne peux empêcher un soupire de traverser mes lèvres. Je pense à Hermione. Nous ne nous sommes pas adresser un mot hier soir et elle est restée enfermé dans ma chambre. Le proverbe dit que la nuit porte conseil, pour ma part, elle m’a calmé, maintenant reste à savoir s’il en sera de même pour elle. Je jette un œil sur le réveil au loin : 7h08. Normalement, à cette heure-là, je serais en train de me préparer pour aller au bureau, mais je ne sais même pas si je serais en mesure de faire quoi que ce soit de correct aujourd’hui. Je me lève lentement et me dirige vers la cuisine. Je rêve d’un bon café. J’arrive pour prendre une tasse quand elle me glisse des mains et tombe.

 

« - Et merde… »

 

Soupire. Je sens que cette journée va être longue. J’ai mal dormi et à peine levé je fais déjà n’importe quoi. Je me baisse pour ramasser les dégâts. Je viens de casser l’une de mes tasses préférées, c’est la poisse qui me guette. Je ramasse les plus gros morceaux et je me relève. Elle est là. Je manque de faire tomber une seconde fois les restes de ma tasse. Hermione vient de sortir de la chambre et elle porte… Ah bah oui, c’est l’un de mes t-shirts et je remarque qu’elle m’a aussi emprunté un bas, celui que j’adore, forcément. C’est un bas de jogging très large et super confortable que j’aime beaucoup mettre pour rester tranquille à la maison, pour ne rien faire. Bref, je suis un idiot, j’ai oublié de lui donner les affaires que Ginny m’avait prêtée pour elle. Je ferme les yeux une seconde, afin de reprendre contenance et elle s’avance vers moi. Elle s’arrête à l’entrée de la cuisine et attends, les yeux fixant le sol.

 

« - Salut.

- Euh… oui. Bonjour… »

 

De quoi ai-je l’air ? Incapable d’aligner deux mots. C’est à ce moment-là que je me rends compte que j’ai encore ma tasse brisée dans les mains et comme un idiot, j’ai oublié que j’étais sorcier, ce qui est très utile dans ce genre de situation. Je pose tout sur le plan de travail et je tente de me remettre les idées en place. Ce n’est pas que je n’ai pas envie de lui parler, mais il me faut un café d’urgence. Je fouille dans mes placards et sort tout ce dont j’ai besoin.

 

« - Café ? Ou bien autre chose ?

- Du café, ça ira très bien, merci. »

 

Ni plus, ni moins, je prends en main la mise en préparation du café. Elle est toujours là, debout à l’entrée de la cuisine et je ne sais pas ce qu’elle attend, il faut bien que le café coule maintenant. Je soupire discrètement et je m’assoie carrément sur le plan de travail à l’opposé d’elle. Après quelques minutes qui me paraissent être des heures, elle lève enfin les yeux vers moi.

 

« - Je suis désolée pour hier, Drago… Je ne pensais pas ce que j’ai dit, je m’en veux, tu sais. Je te demande pardon. »

 

Bip… bip… bip… Je la regarde et c’est tout. Bon ok, j’ai été blessé dans mon égo, j’y ai pensé pendant des heures, mais je ne le lui dirais pas et je ne lui dirais pas non plus le reste. Je me contente de la regarder et je lui fais signe de venir s’assoir à côté de moi. Je la vois me faire un petit sourire et elle s’approche, lentement. En la voyant comme ça, j’ai l’impression d’avoir une enfant face à moi. Elle me regarde encore une fois arrivée près de moi, puis elle s’assoit sur le plan de travail près de moi. Je tourne les yeux vers elle alors qu’elle me sourit.

 

« - Pardon, Drago. »

 

Soupire.

 

« - Ca va, oublions ça.

- Non, sérieusement, je ne te déteste pas et tu n’es pas comme lui. »

 

Eh bien me voilà rassurer, elle s’est aussi calmée pendant la nuit.

 

« - Et je te remercie de m’accueillir chez toi. »

 

Elle me fait un sourire timide et si je ne me retenais pas, je l’embrasserais sur le champ pour lui montrer à quel point j’accepte ces excuses. Je deviens ridicule, c’est indéniable, mais je n’y peux malheureusement rien !

 

« - Tu as mis de la pommade pour tes bleus ? »

 

Elle me regarde avant de me faire signe que non.

 

« - Je n’ai pas les bras assez long… »

 

Je ne comprends pas tout de suite le sens de sa phrase, mais elle a déjà détourné le regard. Je soupire quand je pense savoir.

 

« - Va la chercher, je vais m’en charger et puis le café aura le temps de finir de couler, on prendra le petit déjeuner ensemble.

- Tu ne me feras pas la morale ? »

 

Je rigole franchement. Dans d’autres circonstances, j’aurais mal pris cette phrase, mais je pense que cela ne sert à rien alors je vais me contenter d’être un ami présent et serviable. A quoi cela m’avancerait-il si je recommençais à m’emporter comme hier soir ?

 

« - Non, promis. »

 

Elle me sourit et par rapidement vers la chambre pendant que je l’observe. Par Merlin, même habillée aussi simplement, je la trouve juste sexy, à mes yeux, un rien, lui va. Cinq années se sont peut-être écoulées, mais les sentiments que j’avais pour elle à l’époque, sont toujours là et ils n’ont pas changé, c’est certain. Je surveille sans vraiment le voir, le café qui continue de couler et je pense qu’il est bientôt terminé. Je vais pour quitter mon perchoir quand je la vois revenir avec le tube de crème en main, qu’elle me tend une fois à ma hauteur. Je le prends.

 

« - J’irais te chercher des crèmes sorcières un peu plus tard, tu n’auras plus de traces.

- Je ne pensais pas que tu vivais si bien avec les produits moldus.

- Je pense que tu serais surprise de beaucoup de choses venant de moi. J’ai beaucoup changé depuis six ans.

- Je sais. »

 

Elle se met dos à moi et doucement, elle remonte le t-shirt et je manque de hurler face à ce que je vois. Plusieurs hématomes sont bien visibles sur son dos et je reste saisit pendant quelques secondes, je ne pensais pas que cela serait si grave. Elle tourne un regard vers moi, avant de baisser les yeux.

 

« - Drago…

- Hum ? Excuse-moi… Je ne pensais pas que… Enfin bref, je vais essayer de faire ça le plus doucement possible. »

 

Chose dite, chose faite. Avec toute la douceur dont je peux faire preuve devant un tel spectacle, je lui passe la crème sur tout le dos ou presque. Maintenant, je comprends quand elle disait qu’elle n’avait pas les bras assez long. Une fois ma besogne terminée, elle me reprend le tube des mains et repars aussi sec pendant que je commence à sortir de quoi lui préparer un petit déjeuner convenable. En général, je me contente de mon café, mais bon, je pense que je vais faire un petit effort pour aujourd’hui.

 

***

**

*

 

Chez Harry et Ginny

 

17h00. La journée fût longue pour Ginny. Depuis la veille et le départ de sa meilleure amie chez le blond, elle était inquiète. Jamais elle n’aurait cru que son amie depuis tant d’années puisse débarquer chez elle dans un état comme celui-ci. Après qu’ils soient partis, elle était restée dans la cuisine de longues minutes, pestant contre son manque d’observation. Harry avait bien tenté de la rassurer, mais rien n’y fit, elle était restée silencieuse et même son fils s’était montré plus que discret et silencieux, ce qui n’était pas son fort en temps normal. Sa journée de travail avait été un réel gâchis, pas concentrée pour deux sous, elle avait eu du mal à boucler son article et c’est encore plus déprimé que jamais, qu’elle rentra chez elle.

 

Des échos de voix se firent entendre dans le salon et elle s’y rendit sans plus attendre. Ron, Mary, Blaise et Pansy étaient là. Les deux femmes discutaient entre elles pendant que les hommes étaient dans leur coin. La jeune femme s’avança et salua tout le monde.

 

« - Bonsoir tout le monde !

- Hey, chérie, te voilà. »

 

Son mari se leva et vint l’embrasser rapidement, s’en suivit son frère qui la prit dans ces bras et elle fit la bise aux trois derniers. Elle posa ces affaires dans un coin et se laisse tomber dans un canapé encore libre.

 

« - Je ne savais pas que vous deviez passer, je serais rentrée plus tôt. »

 

Pansy, qui était près d’elle, lui sourit.

 

« - Ah oui ? Et comment aurais-tu fait ? J’ai vu Elisabeth entrée dans ton bureau avant de partir.

- Oui, Ginny soupira. C’est vrai que cette femme est une vraie pipelette. Je me demande comment font les personnes de son service. »

 

A ces mots, les deux jeunes femmes se sourirent d’un air entendu. Harry et Ron, qui s’étaient absentés, revinrent les bras chargés de Bieurraubeure qu’ils distribuèrent rapidement. Tout le monde était installé et Ginny prit la parole :

 

« - Alors, qu’est-ce qui se passe pour que vous soyez tous ici ?

- C’est moi qui les ai appelés, dit Harry. Désolé, je me suis décidé à la dernière minute. »

 

Harry Potter dans toute sa splendeur. La rousse lui sourit, signe qu’elle ne lui en voulait pas et la conversation poursuivit.

 

« - En réalité, je pensais qu’il valait mieux qu’on discute tous ensemble, au moins, tout le monde a les mêmes informations.

- De quelles informations tu parles, Harry ? demanda Blaise. J’avoue que j’ai été surpris de ton message, surtout que j’ai eu un appel assez étonnant hier soir.

- Quoi donc ?

- Dereck m’a appelé, chose qu’il ne fait jamais. »

 

Harry et Ginny échangèrent des regards entendus.

 

« - Pourquoi mon frère t’a téléphoné ? Qu’est-ce qu’il t’a demandé ? »

 

Le métis tourna le regard vers elle et sembla hésiter un instant avant de répondre.

 

« - Il voulait savoir si Hermione était chez nous.

- Il nous a posé la même question quand il est passé, intervint Ron.

- QUOI ? Il s’est déplacé chez vous ?

- Bah oui, Ginny, c’est mon frère tout de même. »

 

Le silence se fait pendant un instant. Tous se posaient des questions à présent et Harry prit la parole.

 

« - Nous avons un énorme souci. Avant toute chose, Mary sache que tout ce que je m’apprête à dire n’est en aucun cas pour l’incriminer. »

 

La jeune femme le regarda sans comprendre.

 

« - Hermione a débarqué chez nous aux aurores hier. Nous ne savons pas trop ce qui s’est passé, mais elle est arrivée par Cheminette sur les coups de 8h, c’est Ginny qui l’a vu en première. Elle avait une plaie sur le front ainsi que des bleus au poignet et un sur le visage. »

 

Mary ouvrit des yeux ronds.

 

« - Tu n’es pas en train d’insinuer que mon frère serait capable de frapper Hermione, tout de même ?

- Je n’insinue rien, je ne fais que vous retransmettre les faits.

- C’est pas possible… Dereck n’est pas un homme violent.

- Nous ne le connaissons pas mieux que toi, alors tu es sans doute la mieux placée pour parler de lui, mais quoi qu’il en soit, c’est dans un sal état qu’Hermione est venue se réfugiée chez nous. Elle était épuisée et il lui a fallu plusieurs minutes avant d’ouvrir les yeux.

- Qu’est-ce qu’elle vous a dit au juste ?

- Pas grand-chose. Drago est arrivé un peu après et nous étions tous les trois dans la cuisine quand elle s’est réveillée. Ginny a émis l’idée de téléphoner à Dereck et c’est là qu’elle a répliqué fermement qu’elle ne voulait pas.

- C’est pas vrai… Je ne veux pas croire ça. Mon frère n’a jamais été un homme violent, il est calme et respectueux. Ce que vous avancez est insensé. »

 

Ron se rapprocha d’elle et passa un bras autour de ces épaules pour la réconforter.

 

« - Elle semblait terrorisée et on ne savait pas vraiment quoi faire, elle n’a pas voulu parler, mais elle n’a pas nié quand Drago lui a demandé si Dereck était responsable de ces marques.

- Il n’a jamais été violent, Harry, c’est n’importe quoi.

- Je veux bien te croire, Mary, mais c’est la vérité, je n’invente rien. Elle tremblait et n’a pas arrêter de pleurer.

- Où est-elle, demanda Blaise qui n’avait pas dit un mot.

- Drago l’a ramené chez lui. Sachant qu’elle ne voulait pas que Dereck la trouve, on s’est dit qu’il n’irait pas la chercher chez lui.

- Vous vous entendez ?! C’EST FAUX ! Tout ceci n’est que mensonge ! VOUS MENTEZ TOUS ! »

 

Sans un mot de plus, Mary se leva et quitta le salon, puis la maison. Ron soupira bruyamment avant de se lever à son tour et faire face au reste du groupe.

 

« - Ecoutez, on connait assez Hermione pour savoir qu’elle n’aurait pas agi juste pour le plaisir, ok ? Alors si toute cette histoire est vraie, Dereck, trouvera très vite l’adresse de Drago.

- Il n’est pas à Londres, dit Ginny.

- Oh. Bon… Drago est le mieux placé pour gérer Hermione, alors pour le coup, je vous laisse faire. Pour infos, quand il est venu j’étais assez surpris, ça fait un bail qu’il n’était pas venu voir sa sœur. Ils ont discuté un petit moment puis il a dit qu’il allait rentrer, qu’il allait attendre Mione, qui était sortie. Bon, je vais m’occuper de Mary, mais tenez moi informé ok ? 

- Oui, Ron, pas de soucis, appelle-moi un peu plus tard, ou demain. 

- Ca marche mon pote. Désolé tout le monde. A plus tard. »

 

Ron salua rapidement le petit groupe et quitta la maison à son tour. Resté silencieux dans le salon pendant quelques instants, Blaise finit par reprendre la parole.

 

« - Si vraiment Hermione a subi des violences conjugales de la part d’Owen pourquoi n’avoir rien dit ?

- Bonne question, Ginny et moi n’avons pas réussi à la faire parler et nous n’avons pas voulu insister non plus, vu son état de fatigue.

- Je ne pensais que cela serait possible. C’est vrai, après tout ce que nous avons traversé il y a plus de cinq ans, je pensais qu’il ne nous restait plus que les bonnes choses. »

 

Un soupir général se fit entendre dans le salon et sans prévenir, la cheminée émit un petit bruit avant qu’une silhouette fasse irruption.

 

« - Dray ?! »

 

Le blond sortit de la cheminée et regarda son meilleur ami avec surprise.

 

« - Tiens, qu’est-ce que tu fais ici ?

- C’est moi, qui leur ai demandé de venir. »

 

Le blond regarda le brun un instant avant de regarder les autres personnes présentes dans la pièce, tout en passant une main sur son visage, fatigué.

 

« - Tu les a mis au courant ?

- Il le fallait, il a été faire un tour chez Mary et Ron, sans oublier de téléphoner à Blaise et Pansy. Tu penses bien qu’il fallait qu’ils soient tous mis au courant dans tous les cas. »

 

Après une petite grimace, Drago fit un sourire à ces meilleurs amis, avant de s’installer près d’eux.

 

« - Je suis juste venu vous donner des nouvelles, je ne resterais pas longtemps.

- Comment va-t-elle depuis hier ? »

 

Drago prit un instant avant de répondre et sans attendre, il raconta à tous ce qui s’était passé chez lui depuis qu’il avait ramené Hermione la veille. Il leur expliqua ces différentes réactions, sa grande fatigue, ces sautes d’humeur et surtout, il ne manqua pas de leur exprimé toute son angoisse au vu de tous les bleus qu’il avait vu sur son dos le matin-même. Ginny en pleurait presque, mais elle se retint malgré tout.

 

« - Ecoutez, on ne peut rien faire si elle ne le veut pas.

- Harry, elle refusera de parler. J’ai tenté hier soir et on a fini par se disputer.

- Dray, commença Pansy, nous sommes tous au courant de tes sentiments pour elle, alors je crois que tu seras le mieux placé pour t’occuper d’elle. Et, crois-moi, si elle se sent en sécurité avec toi, elle parlera toute seule.

- Je ne la forcerais pas et je ne me jouerais pas d’elle non plus.

- Ce que je veux dire, crétin, c’est que le fait d’avoir des sentiments pour elle fait que tu auras un comportement différent, tu n’aurais pas proposé de l’hébergé chez toi si tu n’étais pas inquiet et si tu ne voulais pas la protéger. C’est cela qu’elle verra en étant près de toi et c’est cela qui fera qu’elle te parlera.

- Je pense que Pansy à raison, elle se sentira en sécurité chez toi. Hier, elle a subi un gros choc, notre cuisine s’en souvient encore et Harry et moi également.

- Et Mary ? Vous lui avez parlé ?

- Elle était ici avec Ron quelques minutes avant ton arrivée, mais les révélations que nous avons faites lui ont fait un choc, elle n’a pas voulu croire Harry et elle est partie en claquant la porte. Mon frère s’occupe d’elle. Il lui faudra du temps pour admettre que Dereck puisse être un homme différent de celui qu’elle connait.

- Bon, je vais rentrer, Hermione dormait quand je suis parti et on ne sait jamais. Je vous appelle demain dans la journée.

- Prends soin d’elle surtout, Drago.

- Oui, ne vous en faites pas, je m’en occupe. Embrasse Sirius pour moi. »

 

Après avoir dit au revoir à tous ces amis, le blond prit de la poudre de Cheminette pour rejoindre son appartement dans lequel il avait laissé Hermione. Lors de son départ, la jeune femme dormait dans la chambre, il s’était alors dit que c’était le moment où jamais. Quand il sortit de la cheminée et prit le chemin du salon, il resta saisi devant la scène qui s’offrait à lui…

 

POV de Drago

 

Saisit. Tel est le terme qui est le plus adapté à ce que je vois. J’ai pourtant fait vite en allant chez les Potter pour donner des nouvelles d’Hermione et quand je rentre, je la vois, recroquevillée dans le canapé, se balançant d’avant en arrière, en larmes. Je veux bien prendre soin d’elle, mais j’avoue que je suis un peu perdu malgré tout. Je n’ai jamais vraiment consolé une femme, moi ! Même avec Pansy j’étais déjà super maladroit alors là ! Je me rapproche d’elle et je me rends compte qu’elle ne fait pas attention à moi, comme si elle ne s’était pas rendu compte de ma présence. Je m’assoie lentement à côté d’elle et doucement, je pose une main sur ces bras.

 

« - Hermione ? Tu m’entends ? »

 

Pas de réponse de sa part, elle n’a même pas tourné les yeux vers elle, continuant de pleurer.

 

« - Hermione, je suis là… calme toi. Hermione. »

 

Je me suis rapproché encore un peu plus et passer mon bras autour de ces épaules, tout doucement. Je la sens se tendre à mon contact et finalement elle me regarde enfin.

 

« - Hermione, tout va bien aller, je vais rester près de toi.

- Il… Il va venir… S’il te plait… Je… Drago… Il va être…

- Chut… Viens-là, calme-toi. »

 

Elle se réfugie dans mes bras et je sens qu’elle tente de se calmer, mais elle est terrorisée. Je lui passe une main dans le dos pour l’apaiser pendant quelques instants.

 

« - Personne ne va venir te chercher, personne ne te fera de mal, Hermione. Personne.

- Drago… »

 

Je me détache légèrement d’elle et de mes deux mains, je lui encadre le visage pour qu’elle me regarde.

 

« - Personne ne te fera de mal avec moi, Hermione. Owen ne viendra pas te chercher ici, et je te promets de prendre soin de toi. Tu n’as absolument rien à craindre tant que je serais près de toi, d’accord ? »

 

Elle me fixe un moment avant d’hocher la tête de façon positive. Je laisse encore quelques minutes passées et voyant qu’elle s’est calmée, je me lève et faisant en sorte qu’elle me suive. Elle ne dit rien et se laisse faire. Sans hésiter, je la prends dans mes bras et me dirige vers la chambre. Je pense que dormir est la seule chose à faire pour le moment. Elle a peur de tout et n’importe quoi et je suis persuadée que cela fait des jours et des jours qu’elle n’a pas dormi correctement. Une fois déposée sur le lit, je vais pour me relever quand elle continue de tenir fermement mon pull.

 

« - Me laisse pas toute seule… s’il te plait… »

 

Ni une, ni deux, je me détache d’elle, fais le tour du lit et m’installe près d’elle. Sans attendre, elle se retourne pour me faire face alors que je lui ouvre mes bras. Posant sa tête sur mon torse, je l’entoure et tente de rester calme. Cette situation devient de plus en plus incontrôlable mais pour son bien, je ferais ce qu’il faut, même rester là des heures si cela permet qu’elle se sente mieux…

 


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