La couleur des sentiments
Chapitre 3 : Comme une prisonnière en fuite
8319 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a plus d’un an
Chapitre 2 : Comme une prisonnière en fuite
POV Hermione
6h15, le réveille de Dereck sonne. C’est en grimaçant que je fais de mon mieux pour me lever rapidement. La soirée d’hier a vraiment été insupportable et Dereck ne s’est pas calmer après s’être enfermé plusieurs minutes sous la douche. J’ai bien cru que mes dernières forces allaient m’abandonner mais j’ai tenu bon. Après m’être mise debout, j’ai fini de m’habiller entièrement avant de me rendre à la cuisine. J’ai eu beaucoup de mal à arrêter mes pleurs avant de l’entendre descendre les escaliers. Je n’ai même pas osé tourner les yeux vers lui, puis il s’est installé au salon et a allumé la télévision, sans un mot. J’ai fait comme d’habitude, j’ai préparé le diner et après avoir mangé, face à lui, sans lever les yeux, je suis montée me coucher. Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit et j’ai réfléchit, très longuement et il faut que je trouve un moyen. Non, mieux, il faut que je parte. Aujourd’hui.
Je descends lentement les escaliers, souffrant d’horribles courbatures et je soupire en arrivant à la dernière marche. Je jette un œil vers le salon, au cas où, mais évidemment, Dereck a pensé à tout. Après m’avoir pris mon téléphone, il a pris ma baguette mais ce qu’il ignore, c’est que je sais où elle se trouve, où il la cache. Cela fait des semaines que je l’observe et par miracle, je l’ai enfin trouvé il y a 2 jours. Si je n’ai pas mon portable, cela importe peu, mais il me fallait ma baguette, mon mari n’est certainement pas stupide et tous les jours, il lance un sort sur la maison afin que je ne puisse pas la quitter et il en est de même pour la cheminée. Avec ma baguette, j’ai une chance d’y arriver, il me faudra juste trouver le contre sort rapidement.
Nouveau soupir de ma part. Je prépare le café et je reste debout contre le plan de travail de la cuisine, en attendant qu’il finisse de couler. Que Merlin et tous les autres grands sorciers me viennent en aide car je sens que je ne tiendrais plus très longtemps… De longues minutes s’écoulent pendant lesquelles j’entends l’eau de la douche couler, un silence, puis j’entends la porte de la chambre claquer. Il descend. Je reprends contenance et m’empare de la cafetière pour verser le café dans les tasses. Il entre dans la cuisine et me fixe un instant, avant de s’asseoir près du bar. Je lui apporte sa tasse et la dépose devant lui, sans lever les yeux. Je l’entends légèrement rire pendant que je me tourne pour lui donner dos.
« - Viens m’embrasser chérie, tu as quitté le lit si vite ce matin. »
Je m’arrête net, le cœur qui s’emballe. Je ferme les yeux et tente de me reprendre mais je sais très bien qu’il le fait exprès. J’attrape ma propre tasse et je me dirige vers lui, non sans avoir envie de lui lancer le liquide brulant au visage, mais cela ne serait pas une bonne idée. Une fois près de lui, il passe un bras autour de ma taille et m’embrasse sur la joue, précisément celle qu’il a frappé hier. Je grimace légèrement sous la douleur que je ressens encore. Je ne lui dis rien et garde ma tasse en main. Les minutes me semblent être des heures et j’avale mon café, doucement. Enfin, il se détache de moi et il se dirige vers le salon où il attrape sa veste et sa mallette avant de revenir vers moi. Il m’embrasse rapidement avant de quitter la maison. Je m’avance légèrement de la fenêtre de la cuisine, et je l’observe monter dans sa voiture, démarrer et doucement, quitter l’allée du garage et s’engager dans la rue, quelque peu déserte à cette heure matinale.
Il est à présent 7h00 et je me mets en tête que c’est le moment ou jamais et je n’ai pas le droit à l’erreur, surtout pas. Je pose avec fracas ma tasse dans l’évier et je fais appel à mes dernières forces aux vues de ma fatigue et mes douleurs et je cours dans l’escalier. Je grimpe quatre à quatre les marches et entre dans la chambre, oubliant mes courbatures, ma peine et mes angoisses. Je ne veux plus réfléchir à rien alors je vais dans la salle de bain, non sans regarder rapidement mon reflet dans le miroir. Ma pauvre Hermione, tu fais peine à voir. J’ai maigri, j’ai la peau beaucoup trop pâle, des yeux cernés et à y regarder de plus près c’est à ce moment-là que je me rends compte du bleu que j’ai sous l’œil droit ainsi que la plaie au-dessus de mon sourcil, celle que je me suis faite en me cognant à la table basse du salon. Je sens les larmes me monter aux yeux et je n’arrive pas à les retenir. J’observe mes bras et je remarque les quelques bleus au niveau du poignet, me tournant, je vois un bel hématome qui vire au violet sur ma hanche côté droit, un autre un peu plus haut et un troisième du côté gauche. Je soupire. Je baisse mon regarde vers mes jambes et soulève ma nuisette et je pousse un cri d’horreur. Je suis couverte de bleus et de griffures sur mes cuisses. Je me sens encore plus mal et je me laisse tomber au sol, en larmes. Quelques minutes finissent par passer avant que je ne me lève.
« - Allez ma vieille ! Tu dois le faire… »
Je jette un dernier regard à mon reflet dans le miroir et soupire, déterminée. Je me brosse les dents, m’attache rapidement les cheveux et court dans ma chambre. J’ouvre un placard à la volée et j’attrape un jean et un débardeur. J’enfile rapidement des chaussettes et un gilet quand j’entends un bruit dehors. Affolée, je cours à la fenêtre. Non, ce n’est pas lui mais je sens l’adrénaline qui me gagne, il faut que je fasse vite, on ne sait jamais. J’attrape une vieille paire de baskets que j’enfile avec empressement avant de dévaler les escaliers en courant en direction du bureau de Dereck qui se trouve vers le salon. J’ouvre la porte avec fracas, il ne la ferme jamais, et je commence à fouiller un peu partout, en prenant garde à ne pas déplacer ces objets et ces papiers. J’ouvre un tiroir, puis deux, un troisième et je trouve une petite boite. Bingo ! je l’ouvre sans attendre et attrape une petite clé pas plus grande que mon pouce. Je prends le temps de remettre la boite à sa place, je sors du bureau, ferme la porte et court, mais cette fois en direction du garage. Je passe par la porte de la cuisine, je ne veux pas qu’un voisin me voit. Une fois dedans, je fouille sur toutes les étagères faisant tomber un outil qui manque d’arriver sur mon pied de justesse. Soudain, je m’arrête ! Je souris malgré moi. Dereck n’aurait pas été aussi fou pour laisser la cachette de ma baguette à porter de main. Je cours chercher une chaise dans la cuisine et la ramène rapidement devant les étagères avant de monter dessus. Je reste encore un petit moment à fouiller avant de la trouver, enfin ! Une longue boite de ce qui semble être des chevilles d’une perceuse, mais je sais bien qu’il ne s’en sert jamais. Je l’ouvre et je souris d’avoir enfin récupéré mon bien.
Avant de faire quoi que ce soit, je m’assure d’avoir rangé tout ce que j’ai touché, à savoir le bureau, la chaise de la cuisine et le garage. A première vue, rien d’anormal et je n’ai pas fait preuve de magie, c’est ce qu’il me faut, en tout cas pour le moment. Je respire un grand coup et je me dirige vers la cheminée. Je sais qu’elle est protégée, c’est pourquoi je tente pendant plus d’une dizaine de minutes de lever le sort qui pourrait la bloquer. Je n’ai presque plus d’idée quand enfin, le bruit significatif de la levée du sort se fait entendre. Je respire un bon coup, attrape mon sac à main, que je finis par reposer, et prend une paire de lunette de soleil que je glisse sur mon nez, la mini boite de poudre de cheminette posée sur le rebord de la cheminée et je m’y engage. Après 5 secondes de réflexion, je jette la poudre et énonce distinctement « gare de King Cross, département sorciers ».
Quelques instants plus tard, je me retrouve au centre d’arrivée par Cheminette de la gare de King Cross. Il faut que je reste calme. Je regarde autour de moi et je tente de réfléchir rapidement. Même s’il arrive à savoir que je suis venue ici, il ne saura pas qu’elle est ma destination finale. Je m’avance rapidement vers l’accueil et une jeune femme me regarde un peu étrangement.
« - Je peux vous aider ?
- Oui. J’aurais besoin d’une cheminée. »
Elle me regarde perplexe mais elle poursuit alors que je jette des regards dans tous les sens, par peur de croiser quelqu’un qui pourrait connaitre Dereck.
« - Destination ?
- Euh… Il me faut une cheminée privée, je ne peux pas vous donnez l’adresse. »
Nouveau regard perplexe de sa part et soudain je croise un regard connu. La jeune femme me regarde et s’approche rapidement.
« - Je m’occupe d’elle Maggy, prends mon poste s’il te plait. »
La jeune femme, je la reconnais facilement. Elle travaillait pour Dereck il y a quelques temps, mais elle a fini par partir. Lui ne m’a rien dit, mise à part qu’il fallait la licencier pour faute grave. En la regardant de plus près, je me dis que cela doit être pour d’autres raisons. Oui, depuis plusieurs mois, je soupçonne Dereck de me tromper et s’il est aussi violent avec moi que dans ces propos au travail, je peux m’imaginer pleins de raisons du renvoie de cette jeune femme, car elle est vraiment très jolie.
« - Madame Owen, je peux vous aider ?
- Bonjour, oui. J’ai besoin d’une cheminée privée avec suppression d’itinéraire immédiat. Je dois rapidement quitter cette gare.
- Est-ce que vous êtes sûre que tout va bien ? Vous avez l’air… »
Je me mords les lèvres, sans lui répondre. Elle fronce les sourcils et sans respecter les procédures habituelles qui consistent à noter le passage de chez sorciers aux comptoirs, je la vois supprimer mon nom du registre.
« - Suivez-moi.
- Merci. Merci infiniment. »
Sans me demander plus d’explications, elle m’emmène dans une petite salle où elle me fait entrer. Une fois chose faite, je la vois partir et refermer la porte derrière elle. Je remercie silencieusement Merlin qu’elle n’ait pas posé plus de question, mais vu les regards qu’elle m’a lancés et l’image que je dois renvoyer, elle a surement dû comprendre, elle connait Dereck. Je sors ma baguette et lance un rapide sort de protection autour de moi et sur la cheminée. On ne sait jamais et je sais que ce sort est un bon moyen de cacher mon passage ici. J’attrape la poudre posée sur une petite table, m’engouffre dans l’antre de la poudre et la jette en donnant mon adresse « Manoir Potter ».
Je disparais dans un second tourbillon de flamme et après quelques instants, je me retrouve dans le salon de Ginny et Harry. Je regarde rapidement autour de moi et je n’entends pas un bruit. D’un coup, j’entends la voix de ma meilleure, elle descend les marches de l’escalier. Mon cœur bat toujours la chamade, je ne m’en étais même pas rendu compte. Je tente de me calmer mais rien n’y fait. Soudain, en passant devant le salon, elle tourne la tête et la retourne avant d’ouvrir de grands yeux. Ça y est, je suis sauvée. Je lui souris et soudain, c’est le trou noir…
POV Ginny.
J’aime les vacances scolaires ! Pourquoi ? Eh bien parce que je sais que mon fils passe le plus de temps possible avec son parrain et que pendant ces moments-là, je profite un maximum de mon mari. J’en profite également pour travailler à la maison, cela me parait plus profitable. Avec son travail d’Auror et de professeur à Poudlard, Harry ne rentre pas tous les soirs à la maison, alors les vacances sont les jours que je préfère surtout lorsque notre fils est absent. Par Merlin, si Drago savait cela, je crois qu’il nous traiterait d’ignobles parents. Je souris malgré moi mais il est vrai que chaque instant de tranquillité, nous en profitons Harry et moi pour nous retrouver.
7h53. Mon époux s’étire lentement dans notre lit, mais je sais qu’il ne se lèvera pas tout de suite, comme d’habitude. Je l’embrasse et prends la direction de l’escalier pour aller préparer le petit déjeuner. Je sais que Sirius se lèvera de lui-même dans quelques minutes, alors je ne m’en fais pas trop. En passant devant l’entrée du salon, j’ai comme l’impression de voir une silhouette mais je ne tourne pas le regard. Oh ! Une minute ! Je tourne la tête et je vois ma meilleure amie, debout devant la cheminée.
« - Hermione ? »
Je la vois me faire un faible sourire et avant qu’elle n’ait le temps de me répondre, je la vois s’effondrer sur le sol.
« - HARRY ! HARRY VITE !!!! »
Je l’entends sur le plancher de l’étage pendant que j’accours vers elle. Par Merlin, ce que je vois me laisse sans voix. Ma meilleure amie a l’air complètement à bout de force et le bleu que je vois sur son visage me fait monter les larmes aux yeux. Par tous les Saints, qui donc l’a mise dans un tel état… Je suis assise près d’elle et je tente de l’appeler pour la réveiller mais elle n’a aucune réaction.
« - HARRY !
- Oui, oui chérie, j’arrive ! »
Je le sens enfin près de moi.
« - Par Merlin, qu’est-ce qui s’est passé… »
Je le regarde les yeux pleins de larmes. Il me pousse légèrement prends Hermione dans ces bras et la dépose sur l’un des fauteuils de notre salon. Je m’approche de lui et pose une main sur son bras. Il tourne le regard vers moi avant de soupirer.
« - Harry…
- Je sais chérie.
- Pourquoi elle est dans un tel état ? QUI LUI A FAIT CA ? »
Je ne comprends pas, je n’arrive pas à réfléchir correctement, je me sens submergée par une vague de colère et d’angoisse. Hermione ne dit rien, ne parle de rien, ne se plaint de rien non plus. Depuis de long mois, je me pose des questions, elle est différente et personne n’a compris les raisons qui l’ont poussé à quitter son travail et sa formation de Médicomage il y a plusieurs mois. Nous nous sommes tous interrogés, mais après tout, il s’agissait de sa vie privée, nous ne pouvions pas la forcer à nous dire quoi que ce soit. J’ai bien tenté de lui parler un soir, alors qu’ils étaient tous à la maison. Elle a hésité, longuement. J’ai senti qu’elle voulait me dire quelque chose, elle n’était pas bien, mais nous n’avons pas pu aller plus loin, car les hommes sont arrivés dans la cuisine où nous étions et son mari l’a accaparé tout le reste de la soirée. Par Merlin, je ne sais pas quoi faire.
« - Ginny, calme-toi, ce n’est pas le moment de perdre notre sang froid. Je ne comprends pas plus que toi mais…
- Mais enfin tu as vu son état ? Elle ne serait pas venue chez nous si ce n’était pas si grave.
- Je sais mais…
- Appel quelqu’un, il faut faire venir un médicomage ou quelqu’un !
- Non. »
Son ton est ferme et sans appel. J’ouvre des yeux ronds et observe mon mari sans comprendre pendant un instant.
« - Non, nous n’appelons personne. Je sais que tu es inquiète et moi aussi, mais nous ne ferons rien avant de savoir.
- Quoi ? Tu veux savoir quoi ? Ces bleus ne te suffisent pas ? Appel Dereck tout de suite !
- Non.
- Mais enfin… »
Je le vois se mettre debout et me faire face. Harry prend un air beaucoup trop fermé et sérieux et je n’aime pas ce que je vois, je n’aime pas ça du tout. Il se dirige vers l’entrée du salon et ferme la porte rapidement avant de revenir vers moi, toujours avec cet air fermé. Il se passe une main dans ces cheveux toujours si désordonnés, marche quelques instants dans le salon avant de revenir vers moi et me regarder droit dans les yeux, sans ciller.
« - Ecoute, nous n’allons appeler personne, ok ? Si Hermione est venu chez nous dans cet état et à une heure pareille c’est qu’elle ne voulait surement pas qu’on appelle Dereck.
- Mais…
- Non chérie, c’est non. Sirius va descendre dans un moment, alors nous allons faire comme d’habitude. Tu vas aller lui préparer son petit déjeuner pendant que je vais veiller sur Mione. On va la laisser se reposer un moment car vu les cernes, je suppose qu’elle n’a pas dut beaucoup dormir ces derniers jours.
- Harry, je…
- Gin’, écoute-moi, s’il te plait. Il faut s’occuper de Sirius. Drago va venir le chercher tout à l’heure alors après son déjeuner, je l’emmènerais à l’étage pour le préparer et le laisserais dans sa chambre. Tu resteras ici et une fois que j’aurais fini avec notre fils, je vous rejoins. »
Je soupire, vaincue. Après tout, Harry doit surement avoir raison, si Hermione est venue nous trouver si tôt, c’est qu’elle ne voulait pas que l’on prévienne qui que ce soit. Je tente de respirer un bon coup pour reprendre mes esprits.
« - Harry, c’est l’Auror ou le mari qui me parle ? »
Je le vois me faire un faible sourire avant de m’ouvrir ces bras. Je n’hésite pas un instant avant de me diriger vers lui. Il me serre contre lui et dépose un baisé dans mes cheveux. Je souris.
« - C’est le mari et le meilleur ami d’Hermione qui parle. Je suis aussi inquiet que toi et l’Auror en moi me dit que nous devons gérer ça sans en avertir qui que ce soit. L’emmener à Saint Mangouste serait une mauvaise idée, ça fera le tour de la presse et si elle est chez nous, à cette heure, c’est que son mari ne doit pas savoir non plus. »
Je soupire et hoche la tête pour lui dire que j’ai compris. Je sens bien qu’il a raison, mais je ne peux pas m’empêcher de me faire du souci. Si un jour, on m’avait dit que je devrais gérer ce type de problème… Survivre à une guerre ou mettre un enfant au monde me semble soudain beaucoup plus facile. Je me détache de mon mari et lui souris avant de l’embrasser rapidement. Au même moment, j’entends du bruit à l’étage et instinctivement, nous levons les yeux au plafond. Je souris en pensant à mon petit garçon.
« - Le petit monstre est réveillé.
- Harry, mon fils n’est pas un monstre, il aime jouer et partir à l’aventure, comme son père. »
Il me fait cette grimace qui me fait rire et je l’embrasse avant de me détacher complètement de lui. Je jette un œil à ma meilleure amie puis je me dirige vers la sortie, je dois m’occuper de Sirius. Je referme la porte derrière moi au moment où je vois mon petit bout descendre une à une les marches avec beaucoup de précaution. Il tient son doudou, un petit serpent que Drago lui a offert à sa naissance et qu’il ne quitte jamais. En le regardant bien, je vois qu’il est encore un peu dans les vapes alors je monte les dernières marches et le prends dans mes bras. Il met tout de suite son nez dans mon cou.
« - Maman…
- Oui, chéri ? On va aller te préparer ton petit déjeuner.
- Vi. Parrain vient me chercher après ? »
Je me dirige vers la cuisine pendant que nous parlons et je le mets assis sur le plan de travail près de moi. En général je n’aime pas trop faire ça, je crains toujours qu’il ne touche à tout ou qu’il tombe, mais ce matin, je suis perturbée alors ce n’est pas grave.
« - Oui, mais il n’a pas dit à quelle heure. Le connaissant, il ne devrait pas tarder. »
J’ouvre un placard, puis un autre et j’en sors un petit bol et les céréales qu’il adore. Je pose le tout sur la table avant de sortir du jus de citrouille du réfrigérateur. Je préparer le café également car je sens que nous allons en avoir bien besoin et sans réfléchir, j’en prépare plus que d’habitude. Une fois chose faite, j’attrape mon fils, l’installe sur sa chaise et lui déplace son bol devant lui. Il dépose son nounours près de lui sur la table, attrape sa cuillère et commence à manger.
« - Maman ?
- Oui, trésor ?
- A’bus veut des cé’rales aussi. »
Je le regarde pendant un instant avant de sourire.
« - Je croyais que ton serpent s’appelait Serpent ? Et il mange des céréales aussi ? »
Il me regarde et hausse les épaules.
« - Bah oui. Mais il aime pas le café, c’est pas bon. »
Je rigole doucement en observant mon fils. Depuis qu’il a compris que son 2ème prénom était Albus, il veut que tout le monde se prénomme ainsi. Je le laisse manger en silence en attendant que le café finisse de couler. Mon regard se tourne vers le salon. Harry est là, mais je reste soucieuse. Qu’allons-nous faire ?
POV d’Harry
Je soupire une nouvelle fois et je continue de faire les cent pas dans mon salon. Je ne peux pas m’empêcher de jeter des coups d’œil sur ma meilleure amie toutes les 2 minutes alors que dans le fond, je sais que je l’entendrais bien quand elle se réveillera. Ça me serre le cœur de la voir dans cet état-là. Avec mon travail, je vois beaucoup de gens se faire agresser et parfois finir dans des états pas possibles, mais là, il s’agit d’une personne de ma famille, ma meilleure amie, celle que je considère comme ma sœur. Je sens une colère sans nom monter en moi, mais je fais en sorte de la calmer, il faut que je me contrôle. Après encore quelques pas, je finis par me laisser tomber dans le canapé qui se trouve face à Hermione et j’observe le peu que je peux voir. La plaie sur son front et le bleu sur sa joue me font mal et je n’ose même pas imaginer l’état du reste de son corps. Je m’approche d’elle et lui enlève ces lunettes de soleil et déplore son énorme œil au beurre noir.
J’entends du bruit dans la cuisine puis dans l’entrée de la maison et enfin dans les marches. Finalement, Ginny est montée avec Sirius. Nouveau soupir de ma part. Je me lève pour me diriger vers la porte du salon quand j’entends Hermione gémir et bouger un peu. Je m’approche d’elle et je la vois faire une grimace, mais elle ne se réveille pas. Je soupire encore et je finis par quitter le salon pour me rendre dans la cuisine. Je vois le café qui s’éteint au même moment et je m’en sers une tasse avant de me laisser tomber sur une chaise dans un nouveau soupir. Je ne sais pas combien de temps je reste là, les yeux dans le vague avant que Ginny ne revienne, se serve à son tour et s’installe en face de moi sans un mot.
C’est étrange, mais depuis la fin de la guerre, malgré le fait que je sois Auror et professeur de défense, je ne m’étais jamais sentit si impuissant de toute ma vie. Battre le plus grand mage noir de tous les temps c’est une chose, mais maintenant qu’il s’agit de ma meilleure amie et le fait de me dire que je n’ai rien vu venir avant et que nous n’avons rien fait pour elle me fait encore plus mal. Et dire que Ginny avait tenté de m’en parler et que je lui ai alors répondu que si Hermione voulait nous parler elle le ferait, je regrette mes paroles pour le coup. De longues minutes s’écoulent encore et nous n’avons pas bougé. Je n’ai même pas bu une seule goutte de café et je crois qu’il en est de même pour ma femme. Nous sursautons soudain au son de la porte d’entrée. Nous échangeons un regard et je me lève pour aller ouvrir non sans jeter un coup d’œil à l’horloge, 8h57. Ah… J’ouvre la porte et fait face à Drago. Ce mec est toujours pile à l’heure, c’est déroutant, jamais une seule minute de retard mais toujours quelques une en avance. Il me fait un sourire étrange et je m’écarte pour le laisser entrer. Je ferme la porte derrière lui et prend sans attendre la direction de la cuisine.
« - Bonjour quand même Potter. Je ne te savais pas si impoli.
- Hein ? »
Je m’arrête une seconde et tourne les yeux vers lui. Il me regarde encore avec cet air étrange puis je hausse les épaules avant de reprendre mon chemin.
« - Désolé, bonjour. »
Je reprends la place que j’occupais avant son arrivée et soupir une nouvelle fois.
« - Qu’est-ce que vous avez ce matin ? On dirait que vous avez vu un revenant tous les deux. Je vous ai connu beaucoup plus accueillant avec moi, surtout pendant les vacances scolaires. »
Je sais très bien ce que sous-entend cette petite remarque, dans d’autres circonstances j’aurais souris, mais là je ne réagis même pas. Ginny me lance un regard puis fronce les sourcils. Un bruit nous parvient du salon et dans un bel ensemble nous nous levons, suivi de près par un Drago qui ne comprend rien. Nous ouvrons doucement la porte mais rien, Hermione est toujours allongée, endormie, elle a juste légèrement bougé. Je sens le blond passer à côté de moi et avant d’avoir eu le temps de faire le moindre geste pour l’arrêter, il s’avance vers elle et s’arrête net pendant un instant avant de se baisser vers elle et lui passer une main douce dans les cheveux. Je lance un petit regard vers ma femme qui me fait un sourire triste.
Depuis que Drago est revenu et après cette soirée si particulière où il nous a fait part de certains de ces sentiments, je le vois d’un œil encore différent et j’ai parfois beaucoup de peine pour lui, mais bien sûr, on ne dit surtout pas à un Malefoy qu’on a de la peine pour lui de peur d’en subir ces foudres. Il revient finalement vers nous et retourne dans la cuisine ou je le vois se servir une tasse de café. Nous le suivons en prenant soin de refermer la porte. Une fois de nouveau installé, il prend la parole.
« - Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Nous ne savons pas du tout, elle a débarqué dans cet état ce matin au moment où je descendais, elle n’a pas eu le temps de me parler.
- Elle a l’air à bout de force… »
Un léger silence se fait pendant lequel j’imagine toutes les choses qui lui traverse l’esprit.
« - Vous avez prévenu quelqu’un ?
- Je ne pense pas que nous devrions le faire tant qu’elle dort, on ne sait rien.
- Tu as peut-être raison, Harry, mais tu as vu ces marques sur son visage ? Qui nous dit qu’elle n’en porte pas d’autres ?
- Je suis d’accord avec toi, Dray, mais elle ne serait pas venue, ce matin et si tôt si elle voulait qu’on appelle qui que ce soit.
- Et alors quoi ? Pourquoi ne pas faire venir quelqu’un au moins pour s’assurer de sa santé ?
- Non.
- Harry !
- Non et n’insistez pas tous les deux. Ce n’est pas une bonne idée, attendons qu’elle se réveille. »
Je crois que Drago n’est pas d’accord avec moi, je sens bien qu’il est en colère et ces traits montrent clairement qu’il est tendu mais je préfère rester sur mes positions.
« - Potter, tu devrais au moins faire ça.
- Je t’en prie Malefoy, ne prends pas ces airs avec moi. Personne ne sera prévenu tant qu’elle dormira et qu’elle ne nous aura rien dit.
- C’est n’importe quoi. Il faut qu’elle voie un médicomage. Fait venir une personne de confiance.
- C’est non. Elle l’aurait fait d’elle-même si c’est ce qu’elle voulait.
- Par Merlin, tu délires ?
- Ecoutez les garçons, peut-être que nous devrions prévenir Dereck ? C’est son mari après tout et peut-être que…
- NON ! »
Je sursaute et je vois que je ne suis pas le seul. Aucun de nous trois n’a entendu Hermione se lever et nous rejoindre dans la cuisine. Elle nous regarde sans un mot de plus avant de s’assoir au bout de la table, lentement. Je vois bien qu’elle grimace, surement sous la douleur, mais je me retiens de tous commentaires et les autres en font de même.
« - Aucun de vous ne préviendra Dereck, surtout pas. »
Je vois Ginny lui prendre la main et la serrer dans la sienne. Je la connais par cœur et elle est à deux doigts de finir en larmes. Drago serre les poings avant de passer une main sur son visage en signe de lassitude, peut-être.
« - Qu’est-ce qui s’est passé Mione, raconte-nous… Pourquoi tu ne veux pas le…
- Non… Il ne doit pas savoir que je suis ici. »
Des larmes silencieuses commencent à couler sur son visage et elle baisse la tête, tremblante. J’ai l’impression de rêver, que cette discussion n’est pas réelle. Les non-dits de cette conversation ne peuvent pas être si dramatiques, non ? D’un coup, Drago se lève faisant tomber sa chaise sur le sol. Je crois qu’il va…
« - C’EST LUI ? Par Merlin c’est pas vrai… C’est cet imbécile qui t’a fait ça ? »
Hurler… Je crois que le cheminement de ces quelques mots ont fait un chemin pus rapide dans le cerveau du blond que dans le mien. Enfin, je ne voulais surtout pas penser à cette éventualité mais à la vue de la réaction de ma meilleure amie, j’en conclus que Drago a vu juste. Je soupire, terriblement mal à l’aise. Si Dereck Owen est vraiment responsable des marques que je vois sur la peau d’Hermione, alors je ne donne pas cher de sa peau si par malheur Drago le croisait. Je tourne le regard vers elle.
« - Hermione, il faut que tu nous dises ce qui se passe. Ecoute, là ce n’est l’Auror qui te parle, mais ton ami.
- Je t’en supplie… il ne doit pas savoir…
- C’est lui qui t’a fait ça ? Les marques sur ton visage… »
Elle ne lève toujours pas les yeux vers moi, mais elle hoche la tête pour me confirmer les dires de Drago. Doucement elle se dégage de la main de Ginny et remonte légèrement son gilet et laisse apparaitre ces poignets. J’ouvre des yeux ronds et je vois que Gin’ en fait de même.
« - NON MAIS C’EST PAS VRAI !
- Drago, calme-toi.
- QUE JE ME CALME ? »
Sans un seul mot et avant que je n’aie eu le temps de lui répondre, Drago sort de la cuisine et quelques instants après, j’entends la porte d’entrée claquée, signe qu’il est partit. Seuls les pleurs de Mione se font entendre et quelques secondes après, c’est une autre voix qui se fait entendre, dans le couloir.
« - Maman ? »
Sirius. Je me lève, à la hâte et me dirige vers le couloir. Il est en haut des escaliers avec son serpent et me regarde. Je lui souris et monte les marches pour le rejoindre et me mettre à sa hauteur.
« - C’est qui qu’a fait du bruit ?
- T’en fait pas bonhomme, c’est ton parrain.
- Il m’a oublié ?
- Oh non, du tout. Il a oublié quelque chose chez lui pour moi, alors il est parti le chercher et il va revenir tout à l’heure. En attendant, retourne jouer dans ta chambre, je viendrais te chercher à son retour. Ok ?
- D’accord papa. »
Avant de me laisser redescendre, il passe ces bras autour de mon cou et me fait un câlin, puis il repart aussi vite qu’il est arrivé. Dire qu’il y a plus de 5 ans, je pensais mourir sur un champ de bataille et ne jamais connaitre les joies d’être un mari et un père. C’est fou ce que je peux être fier de mon fils. Je ne suis peut-être pas doué pour lui donner une vraie base d’éducation, Ginny le fait beaucoup mieux que moi, mais je suis ravi de voir qu’il grandit bien, qu’il obéit, plus ou moins sans rechigner et qu’il soit si intelligent. Je retourne dans la cuisine et je vois que les filles n’ont pas trop bouger. Ginny a repris la main d’Hermione dans la sienne et elles sont silencieuse autant l’une que l’autre. Quand elles m’entendent, Ginny lève les yeux vers moi.
« - Bon… Je ne sais pas quoi faire…
- Harry…
- Ecoute Ginny, je ne pense pas que ce soit la meilleure solution. »
Elles me regardent toutes les deux sans comprendre.
« - Mione, si tu restes chez nous, c’est comme si tu te livrais toute seule. Dereck viendra te chercher chez nous en premier quand il verra que tu n’es plus dans votre maison.
- Harry, on ne va pas la renvoyer chez elle, tout de même ?
- Bien sûr que non, Gin’, mais ici n’est pas la bonne cachette.
- Et alors ? Où ? »
C’est le moment que choisit Drago pour faire son entrée dans la cuisine. Je ne l’ai même pas entendu ouvrir la porte de l’entrée. Il soupire, ramasse la chaise qu’il a fait tomber quelques minutes avant et s’assoit, non sans fixer Hermione, qui ne lève pas les yeux vers lui.
« - Elle ne peut pas rester ici. »
Malgré moi, je souris et il lève un sourcil interrogateur vers moi.
« - C’est ce dont nous étions en train de parler avec les filles.
- Hermione ? »
Un ange passe. Après une hésitation, elle lève les yeux vers lui. Elle ne pleure plus mais ils sont rouges.
« - C’est ici qu’il viendra en premier, ensuite il fera le tour de toutes nos connaissances alors… Je crois… Je pense que tu devrais venir habiter chez moi.
- Quoi ? Non, je ne voudrais pas…
- Ecoute, je ne le porte pas dans mon cœur et je ne l’ai jamais porté d’ailleurs, mais c’est trop t’exposer que de rester ici. Il est encore tôt, mais une fois qu’il rentrera et qu’il constatera ton absence, il viendra ici, surtout que tu as pris de la poudre de cheminette, il aura…
- Non. J’ai fait un détour… »
Elle ne parle pas fort, mais nous avons tous bien entendu. Je souris faiblement et lui demande :
« - Tu as pensé à faire un détour. Tu as pu trouver une cheminée sécurisée ?
- J’ai été à King Cross, je sais qu’ils ont un réseau de cheminée privée mais j’ai croisée une ancienne employée de Dereck… Non, je sais qu’elle ne dira rien.
- Pourquoi ?
- Elle travaillait pour lui et je le soupçonne de l’avoir renvoyé parce qu’elle n’a peut-être pas voulu se laisser faire. Elle n’a pas posé de question, n’a pas inscrit mon nom sur le registre et j’ai demandé une cheminée privée mais j’ai lancé un autre sort, par sécurité avant de venir.
- D’accord, très bien. Je crois que Drago a raison, tu devrais partir avec lui. »
Elle soupire et lève les yeux vers lui.
« - Je ne voudrais pas te déranger.
- N’importe quoi. Je serais content de te savoir chez moi et au moins nous serons tous rassurés. »
Elle lui adresse un faible sourire avant de poursuivre.
« - Aurais-tu pitié de la pauvre femme que je suis devenue Malefoy ? »
Ah, si elle fait de l’humour, c’est qu’elle est d’accord avec cette proposition. Il rigole faiblement.
« - Non, mais tu sauras sans doute mieux faire la cuisine que moi ! Tu ne me dérangeras pas, ne t’en fais pas pour ça. »
Ginny me regarde rassurée. Au moins, nous avons trouvé une solution pour le moment et c’est déjà ça. Je la vois se lever.
« - Je vais aller te chercher quelques affaires Mione et Drago, je te rappel qu’il y a un jeune homme à l’étage qui n’attends que toi. »
POV d’Hermione
Je me sens tellement mal. Je ne suis absolument pas en mesure de raconter quoi que ce soit à mes amis, mais dans le fond, je les remercie de m’aider. C’est vrai que dans la minute, ma priorité était d’arriver entière chez Ginny et Harry, je n’ai même pas pensé au fait que Dereck pourrait venir m’y chercher. Drago a raison, je ne peux pas rester ici, même si Harry interdit l’entrée à Dereck, un simple sort de révélation lui prouvera ma présence et je refuse qu’il court le moindre risque à cause de moi. Il est vrai que le fait d’être hébergée par Drago me laisse une sensation étrange, mais c’est vrai qu’ils ne se sont jamais vraiment entendus tous les deux et puis, je lui fais confiance.
Ma meilleure amie vient de quitter la pièce et quelques instants après, Drago fait de même. Je pose mes bras sur la table et y pose ma tête quand je sens une main sur mon dos. Je sursaute. Harry.
« - Ne t’inquiète pas, Mione, je sais que Drago prendra bien soin de toi et te protègera en cas de besoin. »
Je soupire avant de lever les yeux vers lui. Je me sens toujours aussi fatiguée mais en même temps, je suis soulagée.
« - Je ne veux pas vous attirer de soucis à toi et Ginny. J’ai pensé à vous en premier, je suis désolée.
- Non, il n’y a pas de quoi s’excuser. Tu sais que nous serons toujours là pour toi, au même titre que les autres et notre porte te sera toujours ouverte.
- Merci, Harry. »
Le silence se fait mais vue le regard qu’il me lance, je sens bien qu’Harry a d’autres questions.
« - Pourquoi tu n’as rien dit avant ? »
Soupire.
« - J’aurais voulu… C’était trop compliqué.
- Comment ça ? Tu sais bien que nous aurions tous fait quelque chose, moi le premier. Mione, tu es dans un état qui laisse très peu d’imagination quant à la force dont il a fait preuve vis-à-vis de toi.
- Crois-moi, Harry, j’ai essayé… et j’en ai souffert… terriblement… »
Il ouvre de grands yeux avant de les fermer un moment. Je pense qu’il n’a pas besoin que j’en dise plus pour comprendre. Je n’ai pas envie de voir ses yeux ni son visage lorsqu’il saura tout, car je sais qu’il le prendra mal. Merlin seul sait que j’aurais voulu partir et m’enfuir plutôt, mais je n’ai pas eu l’occasion pour le faire. Heureusement, j’entends du bruit dans l’escalier et le couloir.
« - Ma’aine !!! Veux un bisou, moi ! »
Je souris et me retourne pour faire face à Sirius. Malgré son jeune âge, ce petit est plein d’énergie et d’intelligence. Il se jette dans mes jambes non sans me faire grimacer de douleur, mais je me reprends bien vite. Il me regarde un peu bizarrement avant de me faire une petite moue boudeuse.
« - Tu es triste ? »
Aie. Drago est debout à la porte de la cuisine et je tourne le regard vers Harry qui ne semble pas quoi dire non plus.
« - Ca va aller, mon chéri, je vais bien, je suis juste très, très fatiguée. »
Je le prends quand même sous les bras et l’installe sur moi. Je le sens se tortiller un peu et passer ces bras autour de mon cou pour me faire un câlin.
« - Quand suis triste, papa et maman me font un gros câlin et ça va mieux.
- Aller viens, bonhomme, on va voir ce que fais ta maman. »
Avant d’avoir le temps de réagir, Harry prend son fils dans ces bras et s’éloigne dans direction de l’étage. Drago s’avance et tire la chaise que mon meilleur ami occupait et la rapproche de moi.
« - Tu n’es pas obligée de faire la forte alors que nous savons tous que tu dois souffrir et ton masque que tu tentes tant de garder avec moi, ne fonctionne pas. Ce n’est pas parce que je me suis tenu à l’écart de toi et ton mari que ce qui peut bien t’arriver me laisse indifférent, sache-le.
- …
- Sirius a compris quand je lui ai expliqué que je ne pourrais pas m’occuper de lui aujourd’hui, c’est de toi que je vais m’occuper, alors va s’y… »
Je me sens mal tout à coup, je sais que je suis à deux doigts de craquer et je continue de fixer Drago. Il n’a peut-être pas été Mangemort ni espion, mais il est très observateur. Je ne comprends pas ce qu’il attend de moi et pourtant, ces paroles me ramènent à une triste réalité, cette réalité qui est la mienne. Mon corps me fait atrocement souffrir, ma tête également et tout ce que je voudrais, c’est ne plus avoir mal, ne plus ressentir cette douleur et cette colère. Car la vérité, c’est que je m’en veux, je m’en veux d’avoir attendu si longtemps, d’avoir commis cette erreur de jugement sur cet homme, je m’en veux d’être devenue cette femme que je ne connais pas, d’avoir abandonné mes rêves, d’avoir laissé tomber mes envies pour une personne qui n’en valait pas la peine. Je voudrais pouvoir fermer les yeux et les ouvrir en pensant que tout n’était qu’un mauvais rêve, que rien n’est arrivé, mais c’est impossible, je ne suis plus rien… Hermione Granger, héroïne de guerre, lauréate de sa promotion à Poudlard, Miss-je-sais-tout, meilleure amie du Survivant… Toutes ces choses qui faisaient ma personnalité ont disparu.
POV de Drago
Je l’observe et ne la quitte pas des yeux. J’attends. Elle ne dit pas un mot, mais dans ces yeux, je vois bien que des choses s’agitent en elle. Je ne bougerais pas tant qu’elle ne réagira pas et je sens que ça ne devrait plus trop tarder. Je pose ma main sur la sienne, elle ne bouge pas.
« - Lâche-toi… »
Je lui chuchote ces mots et lentement, je sens sa magie qui ressort, elle a dû la retenir depuis des semaines voire même des mois pour que je la ressente ainsi. Je ne sais même pas si elle se rend compte qu’elle pleure en silence. Ces larmes sont de plus en plus présentes et sa magie de plus en plus instable. J’ai presque peur de la ressentir. Elle ferme les yeux. Je sors ma baguette de ma poche et sans attendre, je lance un sortillège pour fermer la porte et lance un sort d’insonorisation. J’ai l’impression de revenir des années en arrière, quand j’ai quitté l’Angleterre. Moi aussi j’ai dû évacuer tout le mal qui me rongeait et quoi de mieux que de laisser toute la magie qui est concentrée et hurler un bon coup. Ca y est, je l’entends enfin, ces pleurs ne sont pas silencieux, elle va craquer et soudain…
« - AAAAAAHHHHHH ! »
Dans ce cri, c’est toute sa peine refoulée, sa douleur et sa magie trop concentrée qui ressortent. Un léger souffle parcourt la pièce et Hermione, emportant avec lui le reste du petit déjeuner qui se trouvait sur la table. Je doute qu’Harry n’est pas ressenti cette magie et je ne suis pas sûre que Ginny apprécie la casse dans sa cuisine. Je soupire et m’approche doucement d’Hermione pour la prendre dans mes bras. Je la sens se tendre un instant, avant de se laisser aller dans mes bras. Maintenant qu’elle a extériorisé, elle ira mieux… J’espère…