Dollhouse
Chapitre 65 : Comme des diamants dans le ciel - 2
20504 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 13/04/2025 12:21
Il y avait tellement de choses qui tournaient constamment dans l’esprit de Pansy Parkinson qu’elle ne comprenait tout simplement pas. Pour commencer, elle ne comprenait absolument pas ce que Drago trouvait à Granger, et encore moins ce que ce con de fantôme semblait lui trouver aussi. Pourtant, lorsqu’elle cherchait les raisons qui faisaient qu’elle la détestait autant, elle rencontrait un mur. C’était viscéral, cette haine qu’elle avait contre cette fille. Bien sûr, il y avait le fait qu’elle était morte parce qu’elle n’avait pas su supporter que Drago fasse ce qu’il avait à faire, alors qu’il l’avait prévenue longtemps auparavant qu’il aurait à le faire. Elle ne supportait pas ces filles qui passaient leur temps à dire qu’elles pouvaient gérer, et qui faisaient les putains de demoiselles en détresse lorsque l’heure fatidique arrivait. Dans ce cas-là, autant fermer sa gueule. Elle les avait mis en danger comme si leurs vies étaient insignifiantes en se pointant dans la Tour d’Astronomie égoïstement, et encore une fois lorsqu’elle s’était pointée au manoir sans prévenir. Parfois, quand elle avait du mal à trouver le sommeil, Pansy repensait aux coups de poings qu’elle lui avait mis ce soir-là. Cela lui arrachait toujours un sourire satisfait.
Bien entendu, pour ne pas arranger son cas, il y avait aussi le fait qu’elle était une Sang de Bourbe de la maison Gryffondor. Quand bien même elle reconnaissait malgré tout la pertinence de son esprit, Pansy Parkinson avait été profondément éduquée dans la haine des sorciers nés de parents moldus. Ce n’était pas quelque chose qu’elle avait choisi, c’était comme cela, c’était tout. Elle avait grandi en entendant en boucle à quel point ses semblables et elle étaient supérieurs aux autres et en toute honnêteté, selon certaines sources plutôt fiables, c’était effectivement le cas. Question de génétique, c’était tout, mais les gens détestaient entendre la vérité. Bref, elle savait aussi que l’attitude trop amicale que le fantôme avait avec cette fille l’énervait au plus haut point, même si elle ne se questionnait jamais vraiment trop sur ce point. Pansy Parkinson n’aimait pas beaucoup perdre de temps à se questionner à vrai dire.
Mais il y avait autre chose. Autre chose qu’elle ne parvenait pas à saisir. Comme s’il manquait une pièce du puzzle à son esprit, quelque chose qui faisait qu’elle la détestait depuis plus longtemps que ces événements-là - ceux de sa mort - et qui justifiaient sa haine viscérale envers cette fille-là, mais elle n’y avait pas accès. En tout cas, c’était physique, elle ne parvenait pas à passer au-dessus. Pansy se savait être particulièrement rancunière, et elle se demandait s’il n’y avait pas quelque part un souvenir auquel elle n’avait plus accès qui expliquerait, en partie au moins, cette haine qu’elle n’arrivait pas à dépasser aujourd’hui encore.
Alors lorsqu’elle avait entendu les murs trembler la nuit précédente avant que ce brouhaha indécent ne cesse, Pansy s’était sentie profondément dégoûtée. Cela recommençait. Outre le fait qu’il s’agissait de putain de Granger, cela avait rappelé à Pansy des souvenirs qu’elle donnerait tout pour oublier. Merde, n’avait-elle pourtant pas dit à ce con de Drago d’isoler sa chambre s’il comptait se la farcir ? Elle était restée dans son lit, elle avait regardé la somptueuse forêt enchantée peinte sur tout son mur, et elle avait écouté Atlas, le chat de Blaise qui la préférait largement, ronronner doucement. Elle avait pris profonde inspiration sur profonde inspiration pour calmer la peur irrationnelle qui résonnait dans son corps. Elle s’était demandé quand elle avait parlé de la forêt à Blaise et Drago, comme ils le lui avaient dit qu’elle l’avait fait, parce que cela non plus, elle n’en avait pas le moindre souvenir. Elle continuait aussi de se demander pourquoi elle était logée dans la chambre de Theodore Nott, et pourquoi Drago lui avait menti à ce sujet lorsqu’elle avait posé la question. Et elle continuait de se demander pourquoi le fait de savoir cela apaisait son corps lorsque les pensées anxieuses de son passé prenaient trop de place, comme en cet instant-là, alors qu’elle parvenait à s’endormir paisiblement en se sentant parfaitement en sécurité dans cette chambre-ci. Au fond, elle n’était pas certaine de vraiment vouloir les réponses à toutes ces questions.
Le lendemain matin, quand Drago était descendu pour le petit-déjeuner seul, les deux autres garçons posèrent sur lui des regards brillants emplis de malice. Elle aurait voulu pouvoir lui adresser un regard noir, mais au fond elle était quelque part heureuse pour lui. Elle en avait assez vu de lui récemment pour savoir qu’il n’allait pas bien du tout, alors il lui semblait que s’il parvenait à ressentir un peu de positif dans tout ce bordel, ce n’était peut-être pas si mal après tout. Alors à son tour, son regard sur Drago se fit plus taquin.
Devant les regards de ses trois amis déjà attablés, Drago s’arrêta au milieu de la pièce, semblant réaliser finalement qu’ils savaient tous. Il ferma les yeux un instant tandis qu’il comprenait.
- Merde, pesta-t-il doucement.
Bien-sûr, ce fut Blaise qui lança les hostilités, un large sourire sur son visage :
- Bah alors champion, le taquina-t-il, on a la gueule dans l’cul c’matin ?
Drago soupira, puis reprit sa marche vers sa place à table. Il portait un peignoir vert, ne s’étant pas encore douché ni habillé, ce qui était inhabituel. Pansy se demanda si ce n’était pas profondément dégoûtant, de ne pas se doucher après un coït. Elle se demanda aussi si cela pouvait être agréable plutôt que complètement nauséeux, que de garder l’odeur de l’autre sur soi. Elle tourna un regard absent vers le fantôme, lui trop occupé à sonder Drago avec des yeux pétillants. Elle se demanda ce que cela lui ferait, d’avoir son odeur sur elle. Elle songea que cela ne la ferait peut-être pas vomir, comme cela avait été le cas lorsque son oncle s’était servi d’elle. Elle songea que lorsque c’était consentant – non pas qu’elle voulait le fantôme, mais à titre d’exemple bien entendu - alors peut-être que l’on souhaitait garder un peu de son odeur avec soi.
- Aller, c’est parti, accusa Drago avec un petit sourire en coin qu’il ne pouvait pas cacher. Avant que vous commenciez, ajouta-t-il néanmoins plus sérieusement, désolé pour ça, c’était pas prévu.
Il avait tourné les yeux vers Pansy en prononçant ces mots qui semblaient sincères. Il avait même l’air un peu gêné, à dire vrai. Pansy apprécia cela.
- Monsieur le sauveur Nott a fini par nous délivrer des tambourinements frénétiques du jeune étalon fougueux que t’es beau gosse, leur apprit Blaise sans perdre son large sourire joueur.
Pansy constata que Drago tourna le regard vers Theo, ce dernier tout sourire également. Elle ne savait pas non plus que c’était lui qui avait mis un terme à cela pour eux. Elle n’avouerait jamais à quel point elle en était reconnaissante.
- J’ai insonorisé pour vous quand…, tu sais…, taquina-t-il avec un sourire en coin, ça a commencé à faire beaucoup de bruit, finit-il avec un amusement qu’il ne cachait pas.
Pansy dû cligner des yeux pour cesser d’observer ce sourire sur le visage encore marqué d’un imposant bleu sur le nez du fantôme, qui ne faisait que lui donner un air plus guerrier que son aura elle-même le faisait déjà. Elle vit que Drago se mit à rougir, ce qui la fit rire.
- Elle est pas là ce matin, la belle au bois dormant ? lança-t-elle finalement à son tour.
Gardant son regard bas vers son assiette encore vide, Drago fit non de la tête. Il était mignon, ne put-elle s’empêcher de songer. Il avait l’air tout gêné, et en même temps tout content. Étant donné ce qu’elle avait vu de lui dernièrement, Pansy préférait largement cela. Si elle était honnête, à ce stade Pansy était persuadée que Drago perdait doucement la tête, et elle avait bien comprit que l’intégralité de sa santé mentale dépendait de Theodore Nott. Il lui semblait que la présence de Granger dans sa vie, peu importait à quel point elle la débectait, pourrait peut-être permettre de rendre Drago un poil moins dépendant du garçon le plus dangereux et le plus téméraire de la table. Juste un poil.
- Elle est repartie vers 5heures avant que Poudlard ne se réveille, leur apprit-il alors.
- Ah ! s’exclama Blaise à sa gauche en levant les bras au ciel, on peut se lâcher alors !
Drago passa une main fatiguée sur son visage en soupirant. Contrairement à d’ordinaire, il était tout décoiffé.
- Pitié non…, tenta-t-il vainement d’empêcher l’inévitable.
- Frérot t’as cherché là quand-même, ponctua alors Pansy avec un sourire.
- Il avait pas dit que c’était que pour le taffe ? continua Blaise en tournant un visage inlassablement excité vers sa meilleure amie.
Sa petite peste préférée. Pansy haussa les épaules avec un air faussement hésitant.
- Bah de ce que j’ai entendu il lui a fait un sacré boulot, renchérit-elle alors que son ami riait à gorge déployée.
- ‘Naaaan je vais ne vais pas coucher avec elle, c’est fini çaaaaa’, imita excessivement Blaise alors que Pansy ne pouvait se retenir de rire.
Il se saisit ensuite de la table de ses deux mains et la fit trembler en hurlant :
- BOOM, BOOM, BOOM, BOOM !
Ils se mirent tous à rire tandis que la table et tous les plats posés dessus tremblaient, Theo et Drago se joignant à eux dans une ambiance matinale qui avait manquée à Pansy.
- Aaaaah ! s’exclama Blaise devant le sourire sur les lèvres de Drago en le pointant du doigt. Voilààààà il est détendu notre étalon ! Allez vas-y, raconte les retrouvailles, ça devait être bestial ! encouragea-t-il vers lui, avide de détails dont Pansy se passerait bien volontiers alors qu’elle tentait de prendre un semblant de petit-déjeuner.
Le sourire s’évanouit des lèvres de Drago alors qu’il levait vers Blaise un sourcil circonspect.
- Tu crois vraiment que j’vais te raconter quoi que ce soit, commère que t’es ?
Pansy se sentie soulagée, mais elle n’en dit pas mot.
- Roh aller, insista son idiot d’ami, t’es le seul qui baise parmi nous, partage un peu de ton bonheur pour le plus grand bien là !
Pansy ne put retenir en elle la moue de profond dégoût qui s’ancra sur son visage. Chouette, maintenant elle avait la nausée.
- Moi j’en ai assez entendu comme ça, pesta-t-elle en lâchant sa fourchette.
Le regard que Drago posa sur elle était à nouveau sérieux, et sincèrement désolé. Il s’excusa à nouveau, et elle n’eut pas le temps de lui répondre que son surexcité de meilleur ami enchaîna sans relâche :
- Dit au moins les positions, clairement y a eu contre le mur, et ensuite ?
Les yeux que Drago posèrent sur leur ami était désormais plus froids quand il l’arrêta :
- Mêle-toi de ton propre cul, pervers.
Blaise tourna encore son regard amusé vers Pansy quand il lui constata :
- Il fait encore plus le coq maintenant qu’il a retrouvé sa poulette, non ?
Comme à son habitude lorsque c’était Blaise, Pansy ne put se retenir de rire de bon cœur. En fait, ils se mirent tous à rire. C’était son super pouvoir à lui. Pansy nota que le fantôme pouvait désormais rire sans se mettre à tousser. Elle nota aussi les tonalités douces que le son de son rire avait. Il lui semblait plus agréable à entendre que ceux des deux autres. Son regard bleu baissé sur son assiette, il porta ensuite sa fourchette piquée d’un bout de son œuf au plat à ses lèvres. Elles s’entre-ouvrirent, ces lèvres pulpeuses et parfaitement tracées, pour laisser passer le blanc d’œuf à l’intérieur, le caressant en ce faisant, avant de se refermer complètement sur lui. La pulpe de ses lèvres suça la fourchette au passage avant de la retirer de sa bouche. Pansy baissa soudainement les yeux quand il les leva vers elle, une étrange vague de chaleur prenant possession d’elle désagréablement.
Arrivés plus tôt qu’elle et Drago pour prendre leur petit-déjeuner, Theodore et Blaise quittèrent la table avant qu’ils n’aient tous deux terminé. En fait, Pansy avait fini de manger depuis longtemps, mais elle avait deux mots à adresser à son ami. Alors qu’elle se tenait en bout de table et Drago à sa droite, son nez toujours dans son assiette, Pansy ne passa pas par quatre chemins pour lui livrer ce qu’elle avait à lui dire. Elle ne faisait pas vraiment dans les préliminaires, de manière générale.
- Bon, qu’on soit bien clair j’peux pas m’la sentir, commença-t-elle alors plus sèchement qu’elle ne l’avait prévu.
Drago leva vers elle un regard surprit. Ses yeux si étrangement gris avaient l’incompréhension écrite explicitement en eux.
- Mais par contre mon reuf comment tu la traites, c’est pas possible, déclara-t-elle froidement. Est-ce que tu te rends compte que t’as une meuf avec un cerveau fonctionnel – même si certaines de ses actions me poussent à en douter, mais soit – et qui n’est pas là-dedans qui, peu importe comment tu la traites comme une merde, peu importe les atrocités que tu commets, continue de t’aimer ?
Drago la regardait avec un air ahurit qui lui donnait l’air proprement idiot. Pansy soupira avant d’expliciter pour les yeux vides qui étaient levés vers elle :
- Elle n’est même pas là-dedans, répéta Pansy avec un sérieux froid. La vie qu’on a Drago c’est pas le genre de chose que les personnes qui y sont extérieures peuvent comprendre. Est-ce que tu te rends compte que tu as une meuf normale et relativement saine qui t’attends de l’autre côté ? Qui sera là pour t’aider quand tu tomberas trop ? appuya-t-elle, mortellement sérieuse. Est-ce que tu te rends bien compte que peu importe ce que tu traverses, elle reste là ? Je sais pas si tu réalises, souffla-t-elle, j’pense qu’on t’a trop habitué à ce que t’ai des gens qui restent avec toi à travers toutes les épreuves de la vie. Elle est extérieure à tout ça, et elle choisit d’elle-même de traverser toute cette merde absolue parce qu’elle t’aime. Que ce soit sain ou pas, ça c’est autre chose et non seulement ça vous regarde mais surtout j’en ai rien à foutre, c’est pas mon problème, nuança-t-elle néanmoins tandis que ses mains accompagnaient ses mots. Mais bordel, à un moment donné portes tes couilles, livra-t-elle le point principal de son message avec une impatience grandissante. Soit tu coupes tout, soit tu la laisses entrer en arrêtant de lui faire du chaud froid comme tu le fais, parce qu’une meuf comme elle t’en trouveras pas deux, et une meuf qui traversera tout ça pour toi non plus, lui accorda-t-elle ce qui lui revenait de droit. Je vais pas nier que la guerre et le côté duquel on est rend les choses compliquées, et qu’on a le pétage de plomb facile, et pour le coup ça me semble plutôt cohérent. Mais n’utilises pas la guerre pour te permettre de jouer au con et lui faire du mal plus que la situation ne le fait déjà. T’es déjà devenu un monstre, c’est un fait, et t’es probablement en train de devenir complètement taré en prime, nomma-t-elle froidement. Ne deviens pas en plus un lâche, l’acheva-t-elle plus bas avant de se lever de sa chaise.
Drago la regardait toujours avec ce même air idiot, accusant silencieusement ces mots qu’il n’avait pas vus venir tandis qu’elle s’en allait finalement, son message livré. Elle n’avait que faire des excuses bien articulées et toutes trouvées que Drago aurait à lui sortir pour se défendre, cela ne l’intéressait pas. Elle n’était ni sa thérapeute, ni sa mère. Elle n’allait pas passer dix ans à l’écouter se justifier de conneries pour essayer de lui faire entendre raison, ni faire attention à ce que ses mots ne le bousculent pas trop en enrobant son message d’une bonne dose de sucre. Merde, c’était un grand garçon maintenant, même si parfois ses actions poussaient à en douter. Elle considérait qu’en tant qu’amie, elle avait fait sa part du contrat implicite qui les liait en lui disant lorsqu’elle constatait qu’il faisait de la merde, alors elle s’en alla sans plus de cérémonie.
Pansy passa devant la chambre du fantôme en rejoignant la sienne. Elle ne put s’empêcher de remarquer que sa porte était entre-ouverte. Dans l’encadrement, et non pas parce qu’elle regardait particulièrement, elle vu que ce dernier était assis sur son lit, en caleçon, revêtant difficilement un pantalon d’entraînement noir. Ses sourcils froncés, Pansy entra dans la chambre en poussant la porte de sa main.
- T’as besoin d’aide ? proposa-t-elle aussi platement que possible.
Elle tentait d’ignorer le corps dessiné qui se tenait pratiquement nu devant elle. Elle l’avait déjà vu torse nu, après tout, mais cela ne rendait pas les choses plus simples pour autant. C’était toujours la même chose : une chaleur désagréable, et un profond dégoût d’elle-même ensuite.
Il leva ses yeux d’un bleu surnaturel vers elle, ces yeux qu’il lui cachait autrefois sans qu’elle n’ait jamais vraiment comprit pourquoi. Il lui sourit. Le bleu quasiment noir sur son nez qui s’étalait un peu sur ses joues ne faisait que faire ressortir ses yeux plus encore. Elle avala distinctement sa salive, sa mâchoire désormais tendue. Il lui semblait que cela ne devrait pas être permit, d’être aussi beau que ça.
- Ça va, merci, refusa-t-il poliment.
Il se leva du lit pour enfiler le pantalon et Pansy tourna le visage sur le côté, plus pour elle que pour lui. Elle n’avait aucune envie de voir le tissu du pantalon tracer la bosse qui se trouverait indéniablement dans son caleçon en l’enfilant. Elle détestait la façon dont son torse, large et puissant, s’élargissait devant elle maintenant qu’il s’était levé. Elle détestait aussi à quel point il la dépassait au moins largement d’une bonne tête, et Pansy n’était pourtant pas petite. Elle détestait également la facilité indécente avec laquelle son odeur musquée s’échappait de son corps pour s’engouffrer dans ses narines. Oui, elle détestait à quel point elle se sentait faible et fragile à côté de cet homme-là.
- Tu vas quelque part ? questionna-t-elle alors en lui tournant le dos, feignant d’inspecter sa chambre.
Celle-ci n’aurait pas pu être plus impersonnelle que cela. Il n’y avait rien. Pas de livres, pas de bibelots, rien. Que des vêtements dans l’armoire, et un verre d’eau sur la table de chevet. Ce n’était pas très étonnant puisque le (très) peu qu’il possédait se trouvait dans sa chambre à elle.
- Juste dans le jardin, répondit-il de cette voix profonde et rauque qui l’énervait tant. On va essayer de voir ce qu’on est capable ou pas de faire avec Drago.
Elle se retourna face à lui, ses sourcils froncés. Son sang ne fit qu’un tour. Est-ce qu’il était débile ou quoi ? Il avait boutonné son pantalon, se tenant droit devant elle, son torse toujours trop putain de nu. C’était si compliqué que ça de mettre un tee-shirt ? se demanda-t-elle avec un énervement grandissant.
- En combat ? lui fit-elle alors expliciter en se forçant à ne pas quitter ses yeux.
- Oui, confirma-t-il calmement.
Elle leva vers lui un sourcil plus que circonspect.
- Tu viens de rentrer, rappela-t-elle froidement.
L’enfoiré lui sourit encore, un de ces larges sourires qui étalaient ses lèvres pulpeuses sur ses joues, les creusant au passage, ses fossettes se dévoilant sous ce geste et ses yeux s’illuminant plus encore qu’ils ne le faisaient déjà naturellement. C’était quoi, son putain de problème à celui-là ? ne pouvait-elle s’empêcher de se demander.
- Ça fait déjà quelques jours, nuança-t-il avec un amusement dans la voix qui énervait profondément Pansy.
- Et t’es si pressé que ça de te retrouver à nouveau alité ? lui cracha-t-elle froidement, ne se laissant pas le moins du monde réchauffer par la chaleur de son sourire.
Ce putain de sourire s’élargit encore.
- On va y aller doucement, dit-il tout bas, rendant sa voix quelque part plus rauque qu’elle ne l’était déjà.
Merde, qu’est-ce que ce type l’énervait.
- C’est juste pour voir où en est notre récupération, ajouta-t-il en saisissant enfin le haut à manches longues noir d’entraînement qui était posé sur son lit.
Pansy soupira, excédée, mais se retint d’en dire plus. Elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle s’inquiétait pour lui. Enfin, elle ne voulait pas qu’il le sache.
- On pourrait croire que tu t’inquiètes, murmura-t-il presque, un sourire en coin à se damner sur ses lèvres.
Pansy vrilla, ses tempes pulsant violemment dans son crâne.
- Ouais, et on pourrait croire que t’es pas totalement con, mais visiblement c’est pas l’cas non plus, cracha-t-elle avant de tourner les talons et de s’en aller, la rage au ventre.
Il y avait beaucoup de choses en réalité qui énervaient Pansy en relation avec Theodore Nott, et qu’elle ne comprenait pas non plus. Dès lors que Pansy était revenue à la vie grâce au sacrifice de Drago, elle avait été profondément mal à l’aise chaque fois qu’elle s’était retrouvée en la présence de cet homme. Il y avait plusieurs choses : bien sûr, le fait qu’elle ne se souvienne pas de lui alors qu’il vivait avec eux, et qu’elle avait apparemment grandi avec lui aussi. C’était là quelque chose de particulier, que de vivre avec quelqu’un que l’on ne connaissait pas. Mais surtout, son corps à elle face à lui.
Elle ne l’avait jamais compris, moins encore au tout début de sa résurrection. Elle ne savait rien de lui, rien du tout, et Pansy Parkinson ne faisait pas confiance aux étrangers. Et voilà qu’elle s’était retrouvée face à ce parfait inconnu qu’elle connaissait apparemment dans une autre vie, l’intégralité de son corps s’emballant violemment lorsqu’elle était proche de lui. Elle se rappelait la première fois qu’il s’était positionné par rapport à elle, la première fois d’une longue liste qui ne cessait de l’intriguer. Lorsqu’elle venait de se réveiller et que Voldemort les avait appelés, et que Theodore lui avait bloqué le passage d’un bras musclé, son visage sur le côté quand il avait déclaré « elle ne vient pas ». Putain, qu’est-ce qu’il l’avait énervée. Mais ce qui l’avait plus énervée encore, c’était la trahison de son corps à elle. Lorsque cet inconnu s’était retourné face à elle ensuite, qu’il s’était tenu juste-là devant elle, sa voix et son ton autoritaire alors qu’il ne rencontrait même pas ses yeux, et qu’il avait eu le culot, et plus encore le succès de lui faire fermer sa gueule comme très peu de personnes pouvaient s’en vanter. Et elle était restée là, plantée comme une conne pendant qu’ils étaient partis, son cœur battant la chamade dans sa poitrine et une chaleur affreusement désagréable se répandant tout en elle.
Outre le fait qu’elle ne se souvenait pas de lui et qu’il était hors de question pour elle de soudain faire ami-ami avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, il y avait également le fait que cet enfoiré de fantôme n'avait pas arrêté de se positionner comme si elle était une petite chose fragile. C’était dans la façon dont il la regardait constamment sans jamais rencontrer ses yeux, à l’époque. C’était dans la façon dont il tournait toujours l’oreille vers elle. C’était dans l’indécence avec laquelle il inspirait quand elle passait près de lui. C’était dans la fermeté dont il faisait preuve lorsqu’il lui interdisait quelque chose. C’était dans son attitude paternelle quand il la forçait à manger. C’était dans la façon dont il ne la lâchait jamais d’une putain de semelle lorsqu’ils étaient sur un champ de bataille. C’était dans la façon dont il lui interdisait de rejoindre une mission à laquelle il ne participait pas. C’était dans la façon dont il la défendait toujours de tout le monde, sans qu’elle ne demande quoi que ce soit. C’était dans la façon dont il savait gérer sa colère, et même ses angoisses, là-encore sans qu’elle ne demande quoi que ce soit. Oui, tout cela la rendait complètement folle de rage, parce qu’il ne faisait que lui renvoyer à quel point elle était fragile, et elle savait qu’elle ne l’était pas, fragile. Cet homme dont elle ne savait plus rien ne faisait que lui rappeler à quel point elle était une victime qui n’avait pas su se défendre, alors qu’elle récoltait la protection non sollicitée d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Et puis, depuis qu’elle était revenue à la vie, Pansy se sentait tellement plus faible que ce qu’elle ne l’était avant. Alors bien sûr, elle était tout le temps en colère contre lui. Combien de fois lui avait-elle demandé de la laisser tranquille, depuis le temps ? Et l’enfoiré ne la lâchait pas.
Bien sûr il y avait tout cela, mais il y avait plus encore, et cela elle ne l’avait jamais avoué à personne, pas même à Blaise, et presque pas à elle-même. Son corps. Dès le but, alors qu’elle ne savait absolument rien du tout de lui. Dès le tout début. Et Pansy ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas comment son corps qui avait été abusé pouvait la trahir comme cela. Lui faire éprouver des sensations de la sorte alors qu’elle ne connaissait pas cet homme. De toute sa vie, Pansy ne se rappelait pas avoir jamais éprouvé du désir physique pour un quelconque homme. C’était quelque chose que son oncle avait anéanti pour elle. Elle rejetait tout ce qui avait attrait à son corps, alors comment celui-ci pouvait-il la trahir de la sorte face à ce putain d’arrogant et insupportable étranger ? Comment se faisait-il qu’en posant simplement les yeux sur lui elle perdait tout sens commun ? Comment se faisait-il qu’un simple contact de sa part lui faisait tourner la tête ? Comment se faisait-il que son corps s’apaisait malgré elle dès qu’il se tenait contre elle, alors qu’elle ne lui faisait pas confiance ? Elle n’avait jamais rien voulu des contacts physiques qu’ils avaient eu, ce n’était pas elle, c’était son corps. Son esprit ne comprenait pas, mais pour une raison qu’elle ignorait, son corps semblait chercher le contact et la proximité avec cet homme, et elle détestait cela.
Bien sûr, Pansy n’était pas aveugle. Il fallait être dans une sacrée dose de déni pour ne pas voir que l’enfoiré était carrément sublime, mais cela n’avait jamais été une raison pour Pansy. Personne ne lui avait jamais fait d’effet, et la terre n’était pas seulement peuplée d’hommes hideux. Personne, de toute sa vie, et encore moins quelqu’un en qui elle n’aurait pas pleine et absolue confiance. Avec ce qu’elle avait vécu, il était exclu de s’approcher de quelqu’un, pire encore d’un homme, avec qui elle ne se savait pas en absolue sécurité.
Elle avait rejeté son corps plus encore que d’ordinaire à cause de cela. Elle se dégoûtait. Elle ne comprenait pas comment son corps, après ce qu’il avait vécu, pouvait réagir comme cela à ce malade mental d’étranger qui tuait tout le monde autour de lui. Elle ne supportait pas que son corps lui fasse sentir ces sensations dans son entre-jambe qui lui rappelaient les pires souvenirs de toute sa vie. Elle pensait que quelque chose clochait chez elle, qu’il devait y avoir quelque chose qui n’allait pas chez elle, parce que comment pouvait-elle s’expliquer cela ? Qu’y avait-il d’autre qui pouvait expliquer que son corps réagisse autant cet étranger ? Elle le détestait pour cela, lui, et elle se détestait elle à cause de cela. Alors elle se mettait en colère contre le fantôme, et elle punissait son corps en ne mangeant pas.
Elle se trouvait dégoûtante, elle et son corps. Elle émettait l’hypothèse que si elle arrêtait de manger, peut-être que son corps n’aurait plus ce genre de pulsions qu’elle ne comprenait pas. Peut-être que si elle parvenait à se dégoûter tellement, elle n’aurait plus envie qu’il la touche. Mais peu importait à quel point elle s’affamait, peu importait à quel point elle essayait de se détacher de ce corps qui la trahissait, il était là, et chaque fois qu’elle le regardait son corps se mettait à brûler alors que tout ce qu’elle avait envie de faire, elle, c’était le frapper de toutes ses forces. Et elle se détestait encore plus.
Bien entendu, tout cela ne s’était pas arrangé quand elle avait commencé à lui faire progressivement confiance, bien au contraire. Il l’avait d’abord réellement intriguée quand elle avait assisté à la scène suite à la visite de cette connasse de Granger lorsque Drago était rentré en pleurant de leur rixe suivante. Lorsqu’il s’était écroulé sur le sol en sanglotant, et que le fantôme avait été là pour le récupérer. Il avait eu l’air de savoir parfaitement quoi faire. Il avait eu l’air de parfaitement bien gérer la situation. Il avait eu l’air d’être capable de tout supporter. Et la façon dont Drago se reposait sur lui avait été… touchante. Et puis bien sûr, il y avait eu toutes ces fois avec elle. Il y avait eu la Maison de Joie, alors qu’elle ne l’avait pas même senti venir elle-même. Il y avait eu cette main sur sa cuisse, qui avait apaisée l’angoisse et les mauvaises sensations dans son corps sans qu’elle ne comprenne comment cela était possible alors qu’elle le détestait. Il y avait eu les étoiles ensuite, et la paix sereine qu’elle avait ressentie. Il y avait eu ce champ de bataille, et la façon dont elle avait fini par s’apaiser de le savoir là, avec elle, encore une fois alors qu’elle ne faisait pas confiance à cet enfoiré. Il y avait eu la façon dont il avait fait fermer sa gueule à Maxwell comme s’il ne pouvait pas supporter que l’on dise du mal d’elle, ou que l’on la provoque. Il y avait eu la façon dont il avait pris soin d’elle lorsqu’elle avait été blessée. Et bien trop d’autres choses pour qu’elle les nomme. En tout cas, les réactions de son corps étaient devenues de pire en pire à mesure qu’elle avait commencé à lui faire confiance, et pire encore, à commencer à l’apprécier.
Il fallait l’avouer, c’était un garçon intéressant. Il était toujours capable de tout, toujours calme, toujours serein. Toujours fort. Toujours putain de fort. Il était capable d’une quantité de magie, surtout de magie noire, qu’elle n’était pas même sûre que Voldemort lui-même pouvait égaler. De toutes les personnes qu’elle avait vues combattre jusqu’alors, il lui semblait qu’il n’y avait pas le moindre doute sur le fait que ce fantôme était le plus fort d’entre eux. Cela avait son certain charme, elle pouvait se l’avouer désormais. Et puis, lorsqu’il parlait, il était écouté. Il y avait quelque chose à propos de cet homme, quelque chose dans son aura qui faisait que lorsqu’il ouvrait la bouche, l’on se taisait. Pansy aimait cela. Et puis, bien sûr, il y avait la façon dont il la regardait désormais. Les sourires qu’il lui adressait. Le tranchant qu’il pouvait avoir quand il savait qu’elle le testait. Pansy Parkinson n’avait jamais rencontré un homme avec de plus grosses couilles qu’elle de toute sa vie. C’était la première fois, et encore une fois, désormais elle pouvait se l’avouer, c’était putain de séduisant.
Elle venait à peine de commencer à l’accepter quand ce con s’était fait enfermer pour l’avoir défendue, elle, encore. Enfin, lui et Blaise. Mais il fallait le dire, celui qui avait sévi, c’était le fantôme. Pansy avait dû s’inquiéter de bien plus qu’elle pendant ces derniers jours, Drago avait complètement perdu l’esprit, ce n’était rien de le dire. Et puis, elle ne se sentait pas légitime. Quelque part, elle savait que si Theodore avait fait cela, c’était parce qu’il considérait qu’elle ne pouvait pas se défendre toute seule. Ce qu’elle détestait le plus, c’était qu’en cet instant-là, c’était vrai. Elle avait simplement été choquée, renvoyée à un passé qu’elle voulait effacer mais dont elle ne parvenait pas à se détacher. Et puis elle l’avait tellement malmené depuis qu’elle était revenue à la vie. Non, elle ne s’était pas sentie légitime de s’épancher sur l’inquiétude qu’elle ressentait pour lui. Drago avait eu besoin que quelqu’un garde la tête sur les épaules, alors elle l’avait fait comme elle avait pu. Elle n’avait pas arrêté de penser à lui cependant, au fantôme. Elle n’avait pas réussi à manger de tout le temps qu’il était parti. Et elle avait pu recommencer à se nourrir lorsqu’il était rentré.
Contrairement à Drago, Pansy ne passait pas dix ans dans son esprit à se poser milles et unes questions, à se demander ce que signifiait la moindre petite chose, ou encore à analyser le moindre de ses sentiments dont elle se détachait bien souvent. Aussi, elle ne s’était rendue compte de la colère qu’elle ressentait envers lui que lorsqu’il s’était trouvé face à elle à nouveau. Elle savait qu’elle n’avait plus besoin de tenir pour Drago, elle n’avait plus besoin de se concentrer sur lui puisque Theodore était rentré. Et elle l’avait vu. Il était là. Il avait du sang sur le visage et il avait l’air tout bonnement… épuisé ne suffisait même pas. Elle ne l’avait jamais vu dans un état pareil. L’enfoiré ne tenait même plus debout. Il avait l’air si, si faible. C’était insupportable. Absolument insupportable de le voir dans un tel état de faiblesse, lui qui était toujours fort et solide. Tout cela parce qu’il n’avait pas supporté qu’elle soit tripotée. Ce genre de choses pouvait arriver, ce n’était pas dramatique. Cela ne valait en tout cas absolument pas ça. Il aurait pu se faire tuer, juste pour ça. Oui, il était complètement con, et complètement inconscient. Pour cela, Pansy l’avait détesté. Et puis, elle avait peur de ce qu’elle commençait à ressentir. Elle n’aimait pas beaucoup l’idée qu’un pauvre mec qu’elle venait de rencontrer avait la capacité d’affecter son humeur de la sorte, moins encore dans le contexte actuel. Non, elle n’aimait pas beaucoup cela. Surtout pas un mec qui se mettait en danger comme s’il avait autant de vies qu’un putain de chat.
Bon, à ce stade cependant, Pansy avait accepté qu’elle le désirait, ce fantôme de merde. Malgré elle bien sûr, ce n’était pas un choix conscient de sa part, ce n’était que son corps, mais elle avait cessé de lutter contre celui-ci. Après tout, avec ce que ses yeux pouvaient voir, elle pouvait comprendre. Pansy marchait dans le manoir alors qu’un ancien souvenir revenait à elle.
Elle se rappelait la façon dont le fantôme était invincible sur le champ de bataille. Elle se rappelait la façon dont ses yeux bleus brillaient dans la nuit à travers son Masque, et comment ils contrastaient avec la noirceur de la nuit. La façon dont ses cheveux noirs tâchés de sang volaient derrière lui ou retombaient sur le haut de son Masque pendant qu’il éliminait leurs ennemis. Elle se rappelait comment elle pouvait voir son triceps se contracter à travers ses vêtements quand il tendait le bras pour lancer un nouvel Avada. Il pouvait lancer tellement d’Avada. Elle se rappelait la longueur de ce bras tendu, la bosse intimidante de son biceps, celle de son avant-bras, les veines tracées qui s’étiraient sur sa main, la finesse de son poignet, ses doigts fermement resserrés sur sa baguette. La concentration sans pareille dans ses yeux qui analysaient tout, ses oreilles qui entendaient tout. La façon dont ses yeux se tournaient toutes les demies secondes vers elle pour contrôler comment elle s’en sortait. La façon dont sa cuisse épaisse se contractait lorsqu’il prenait appui. La façon dont son dos s’élargissait derrière lui quand il lançait de nouvelles attaques, ses muscles se déployant derrière lui comme des ailes magnifiques. La rapidité de ses mouvements, absolument surhumaine et d’une agilité létale. La réserve illimitée de magie en lui. La précision de ses sorts. À quel point il était putain d’intouchable. Sauf quand elle l’avait appelé par son nom.
Oui, elle se rappelait aussi cette fois où il lui avait offert l’accès à ses yeux pour la première fois. Sur le putain de champ de bataille, l’enfoiré n’aurait pas pu trouver mieux. Elle se rappelait à quel point elle avait été bouleversée. A quel point elle s’était sentie vulnérable sous le regard qu’il avait posé sur elle. À quel point ces yeux-là lui avaient semblé aussi dangereux qu’ils étaient absolument somptueux. Elle savait que si elle ne l’avait pas vu se faire frapper d’un sort juste après cela, elle se serait laissée subjuguer, elle aussi. Un regard ne lui avait jamais fait de telles choses de toute sa vie. Elle se rappelait la colère qu’elle avait ressenti lorsqu’il avait été touché. Elle se rappelait la rage meurtrière qui avait pris le contrôle d’elle, et qui l’avait conduite à anéantir tous ceux qui avaient osé l’approcher alors qu’il était à terre. Et elle se rappelait la colère contre lui, de s’être mit dans une position où il pouvait être touché. Le fantôme n’était pas censé pouvoir être touché.
Peu avant les dernières événements, Pansy se rappelait également une scène qui l’avait chamboulée. Il lui semblait que de façon générale, le fantôme faisait tout pour rester à distance d’elle, lui aussi, tout en étant toujours près d’elle, ce qui était très étrange et pour le moins contradictoire. Ces derniers temps cependant il s’était montré moins froid, lui aussi. Moins distant, et bien moins contrôlé. Peu de temps auparavant, suite à une rixe particulièrement sanglante et alors qu’ils étaient rentrés au manoir exténués, il s’était tenu juste-là devant elle lorsque Pansy avait finalement retiré son Masque. Elle avait deviné qu’elle avait du sang sur la lèvre quand, avec des yeux absents, le fantôme avait approché son pouce de sa lèvre. Pansy l’avait regardé lui, subjuguée. Il avait eu l’air si absent, son geste si naturel. Il avait caressé sa lèvre inférieure de son pouce sans la quitter des yeux, puis il l’avait porté à sa propre bouche, et en avait sucé le sang tandis que la respiration de Pansy s’était coupée. Il y avait encore eu cette chaleur désagréable qui s’était emparée d’elle. L’était-ce vraiment, désagréable ? Et ses yeux bleus… ses putains de yeux bleus… Il avait cligné des yeux, comme revenant à lui et à son contrôle habituel, avait tourné les talons, et il était parti. Pansy avait eu la sensation étrange qu’il s’agissait là d’un moment volé. De quelque chose qui n’aurait pas dû se passer, et qui ne se serait pas passé si le cerveau du fantôme n’avait pas été inondé de l’adrénaline qui le fatiguait, le désinhibant de ce masque qu’il s’imposait de porter face à elle, mais cela s’était passé. Et le corps de Pansy se souvenait parfaitement de la sensation de son pouce sur sa lèvre. Lorsqu’elle y repensait, aujourd’hui encore, sa lèvre lui picotait, comme un relent nostalgique de ce contact qui l’avait prise au dépourvu.
Pansy continua sa marche vers le bureau de Drago qu’elle saurait vide en passant un doigt sur sa lèvre. Elle avait des doutes depuis quelques temps, et il y avait des choses qu’elle devait vérifier. Quelque chose ne collait pas. Lors de ses (très) nombreux entraînements avec Blaise, Pansy avait commencé à se sentir attirée par ce dernier. Ce n’était rien de physique, c’était dans son autorité, son énergie, son aura, la façon dont il lui parlait, la tournure de ses phrases. Ce n’était pas normal et elle le savait, et cela était exclusivement réservé au terrain d’entraînement. Le reste du temps, il n’y avait rien. Pansy se demandait si elle était en train de devenir une traînée. Blaise aussi, il la regardait bizarrement lorsqu’ils s’entraînaient. Pas comme il le faisait le reste du temps. Il y avait quelque chose d’électrique qui se passait lorsqu’ils combattaient l’un contre l’autre, et Pansy avait besoin d’en avoir le cœur net.
Elle ouvrit la porte du bureau de Drago et s’y enferma. Elle marcha jusqu’aux vitraux et se posta-là, les bras croisés sur sa poitrine, et elle attendit, déterminée à trouver les réponses à certaines de ses questions. Drago et Theo ne tardèrent pas à entrer dans son champ de vision, prêts à s’entraîner dans le jardin. Malgré cette fin de mois de février encore froide, le soleil brillait chaleureusement dans le ciel dégagé. Elle ne pouvait pas entendre ce qu’ils se disaient, mais elle n’était pas là pour cela. Le fantôme était dos à elle tandis qu’elle pouvait voir le visage de Drago et ses lèvres qui s’ouvraient pour parler, et le sourire inlassable qui ne quittait plus ses lèvres depuis qu’il avait retrouvé le fantôme. De leurs tenues noires identiques et moulantes, pratiques pour le combat, Pansy pouvait voir clairement à quel point Theodore était plus large que leur ami. C’était une différence légère à vrai dire, mais une différence qui ne passait pas inaperçue à l’œil profondément attentif de la Serpentard. Elle prit une profonde inspiration pour apaiser la chaleur qui montait en elle à ce constat qu’elle ne parvenait pas à ignorer. Elle ne pouvait pas passer à côté du fait qu’aucun homme ne lui avait jamais fait un tel effet, et ce malgré qu’elle ait grandit aux côtés de Blaise et Drago, dont elle avait vu les corps évoluer au cours des années. Blaise était sans nul doute le plus large d’entre eux. Non, jusqu’à très récemment, aucun homme ne lui avait fait un tel effet simplement par la vue de son corps. C’était tout bonnement ridicule, pensa-t-elle alors en pestant contre elle-même.
Sous son regard attentif, le fantôme et Drago s’échauffèrent doucement, éveillant leurs corps qu’elle jugeait encore beaucoup trop faibles pour se livrer à des combats, même amicaux. L’idiot allait encore se blesser, borné et téméraire qu’il était. Elle s’entendit soupirer à cette pensée. Elle songea néanmoins que c’était séduisait, cela aussi. Elle n’avait jamais rencontré un homme qui correspondait plus à la description d’un guerrier que lui. Pansy trouvait, et ce depuis qu’elle était enfant, que les hommes d’aujourd’hui correspondaient largement mieux à la description de princesses. Elle trouvait leurs egos trop fragiles, et leurs décisions trop contrôlées par les asticots défaillants qu’ils avaient dans le pantalon. Il lui semblait qu’ils manquaient de force, autant physique que psychique, mais plus particulièrement psychique. Le fantôme n’était pas comme cela. Il ne tremblait jamais, ne perdait jamais le contrôle de lui-même dans des tempêtes émotionnelles qui le dépassait, gérait tout ce qu’il avait à gérer, lui et les gens qui lui étaient proches, et n’hésitait pas, même lorsque cela ne lui était pas demandé, à protéger les siens de ce qu’il considérait être des attaques, aussi minimes soient-elles. Un guerrier, ferme et solide. Une personne sur laquelle elle constatait que tout le monde s’appuyait lorsque les choses devenaient trop compliquées. Elle se demandait s’il y avait quoi que ce soit qui était trop compliqué à gérer pour lui, parce que malgré tout ce qu’ils traversaient il lui semblait qu’elle n’en avait eu aucun exemple. L’enfoiré défiait Voldemort lui-même après des jours de torture constante. Qu’est-ce qui pouvait bien briser un homme pareil ? Oui, autant qu’elle le détestait, cela le rendait encore plus séduisant.
En-dessous d’elle, les deux amis sortirent finalement leurs baguettes pour commencer leur test. Elle se déconnecta de ses pensées désagréables pour se concentrer sur le spectacle sous ses yeux. Pansy ne parvint pas à ignorer la façon dont les muscles du bras de Theodore se contractaient lorsqu’il l’étendait pour prodiguer sa magie. Elle ne parvint pas non plus à ignorer comment il se déplaçait dangereusement rapidement pour un homme qui se remettait à peine de jours de torture. Là-encore, elle ne parvint pas à ignorer la façon dont son propre corps réagissait lorsqu’il se retournait et que les traits de son visage joueur et souriant lui étaient exposés. Et plus que tout, elle ne parvint pas à ignorer la façon dont elle reconnut l’enchaînement de sortilèges qu’il assena à Drago. D’abord, un impedimenta pour ralentir son adversaire. Ensuite, un stupefix pour l’immobiliser. Enfin, quand bien même il ne l’exécuta pas, un avada pour l’achever. Le cœur de Pansy battait la chamade dans sa poitrine. C’était l’enchaînement exact de sortilèges que Blaise avait essayé de lui apprendre lors de leurs entraînements. Elle prit une profonde inspiration alors qu’elle trouvait le début de réponse qu’elle attendait.
Déterminée à confirmer ses soupçons, Pansy se retira du bureau, les laissant-là à combattre dans le jardin pour se rendre dans la chambre de Blaise. Elle entra dans sa chambre sans toquer, le trouvant habillé sur son lit, un livre à la main. Il ne fut pas surpris de la voir entrer de la sorte et ne s’en plaignit pas, il en avait l’habitude, et avait renoncé depuis longtemps à lui apprendre les bonnes manières. Il leva les yeux de sa page dès qu’elle entra.
- Je me disais qu’on pourrait profiter de ce moment pour reprendre l’entraînement, nous aussi, ne traîna-t-elle pas à lui lancer.
La bouche de Blaise s’entre-ouvrit pour parler, mais aucun son n’en sortit alors qu’il semblait réfléchir à toute vitesse.
- Euh…, commença-t-il avec un air profondément idiot.
Décidément pas attirée du tout, constata Pansy devant son meilleur ami.
- C’est-à-dire que j’suis pas certain d’être encore en état, acheva-t-il alors, hésitant.
- L’fantôme et Drago sont en train de se battre dans le jardin, mais toi t’es pas encore en état ? appuya-t-elle encore en levant un sourcil vers lui.
Il tenta de la séduire avec son typique large sourire charmeur.
- Il faut que ce corps se repose correctement pour être capable de ses prouesses habituelles ma grande, prétexta-t-il encore.
Pansy sonda son ami en silence. Il ne lui restait que très peu de doutes désormais. Ce dernier était incontestablement mal à l’aise, quand bien même il tentait de maintenir son air joueur. Elle le connaissait comme si elle l’avait fait.
- Tapette, lui lança-t-elle alors pour effacer ses traces et ne laisser derrière elle aucun soupçon.
Elle feignit de s’en aller avant de se retourner vers lui, déterminée à être certaine.
- Ah, tu te rappelles à notre dernier entraînement, quand je t’ai dit que je supportais plus Drago en ce moment ?
Elle vit qu’il hésita, mais il essaya de se montrer aussi nonchalant qu’à son habitude quand il confirma finalement son hypothèse :
- Ouais, et ?
Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Pansy. Elle ne lui avait jamais dit cela.
- Rien, ça va mieux maintenant, conclut-elle en haussant les épaules avant de s’en aller.
Pansy soupira en se rendant dans sa propre chambre. Enfin, dans celle du fantôme. Elle ne s’était jamais entraînée avec Blaise, et elle n’avait jamais été attirée par Blaise. Elle se demandait pour quelle raison ces idiots de première le lui avait dissimulé, et pourquoi ils étaient allés aussi loin pour lui faire croire que c’était Blaise qui l’entraînait. Elle pesta en se laissant tomber sur son lit, ses yeux rivés sur la forêt enchantée peinte sur son mur. Elle n’était même pas en colère contre eux, elle était exaspérée. Il lui semblait que c’était là des comportements bien typiques des hommes, à se croire malins et discrets tandis qu’ils étaient aussi subtils qu’un putain d’éléphant dans la pièce. Ils étaient ridicules. Elle ne parvenait cependant pas à leur en vouloir, du moins pas pour l’instant, parce qu’elle connaissait ces garçons, hormis le fantôme, comme si elle était leur mère. Elle savait que quoi qu’il se tramait vraiment, rien de ce qu’ils pouvaient faire n’était pour lui faire du mal ou même dans une volonté de la prendre pour une conne. Elle n’était même pas offensée qu’ils aient réellement pensé qu’elle ne découvrirait pas leur magouille, parce qu’elle savait que cela démontrait leur débilité à eux largement plus que la sienne. Ces garçons étaient profondément bons, ils étaient juste complètement cons. Des hommes, en somme.
Son irruption dans la chambre de Blaise n’avait cependant pas tardé à faire son effet. Si elle avait appris en conclusion que Theodore et Drago se remettaient, mais qu’ils n’étaient pas encore en pleine capacité, en fin d’après-midi « Blaise » avait toqué à sa chambre, comme Blaise ne le faisait jamais non plus, en tenue de combat, un sourire aux lèvres.
- Je te propose pas du combat aujourd’hui, mais si tu veux on peut tester ton nouveau jouet, lui offrit-il alors.
Qu’est-ce qu’ils étaient cons, pensa-t-elle alors qu’elle lui affichait un sourire malicieux. C’était-là son occasion rêvée, cette mascarade avait assez duré.
Pansy s’était donc saisie de l’arme que Granger lui avait cédée, l’avait chargée, et s’était rendue dans le jardin toujours ensoleillé avec « Blaise ». Ce dernier s’était positionné face à elle, à une dizaine de mètres tout au plus. Armé de rien d’autre que sa baguette, Pansy analysa comment ses yeux marrons brillaient sur elle. Elle sentit la chaleur monter en elle, mais surtout l’excitation du jeu qu’elle avait en tête. Il ancra ses pieds dans le sol et ne leva pas même sa baguette devant lui quand il lui ordonna avec une autorité qui n’appartenait pas à son ami :
- Tire.
Pansy leva ses sourcils vers lui. Elle se demandait s’il savait déjà qu’elle était au courant. Elle connaissait ses facultés particulières, le surdéveloppement de ses sens, et puis elle voyait très clairement qu’il la connaissait particulièrement bien. Ou alors il était encore plus stupide qu’elle ne l’avait songé, parce que se faire passer pour Blaise en lui demandant de lui tirer dessus en s’espérant crédible vu la réaction que ce dernier avait eue tandis qu’elle ne le visait même pas l’autre soir était tout bonnement ridicule.
- Non, refusa-t-elle alors, l’excitation montant en elle.
Un sourire qui se voulait rassurant se dessina sur les lèvres de « Blaise ».
- T’inquiète, je gère, assura-t-il d’une aura qui ne laissait que peu de place au doute. Tire, la pressa-t-il encore.
Pansy fit non de la tête. Elle contempla son arme dans sa main droite un instant, la faisant pivoter de gauche à droite entre ses doigts fins.
- J’tirerai jamais sur Blaise, confessa-t-elle alors doucement.
Elle releva son regard excité le long du corps dérobé de son ami avec une lenteur lascive qui n’échappa pas à l’œil de faucon de son partenaire. Elle voulait le forcer à s’exposer à elle. Elle voulait lui montrer qu’elle savait, et qu’il n’était pas aussi mystérieux qu’il y paraissait. Elle voulait qu’il se montre tel qu’il était devant elle. Elle voulait qu’il s’expose à elle dans tout ce qu’il était, y compris l’homme étrange qui se faisait passer pour un autre en s’occupant d’elle.
- Sur le fantôme par contre…, se languit-elle d’une voix qui roucoulait ostensiblement, un sourire en coin chargé de défi s’étalant sur ses lèvres rosées.
La tension qu’il y avait dans le regard qu’elle échangeait avec l’âme de Theodore ne faisait écho à aucune autre qu’elle aurait pu partager avec les yeux de son ami. Les yeux marrons étaient enfoncés dans les siens, l’un à une dizaine de mètres de l’autre, l’air ambiant flottant entre leurs corps devenu électrique sous les mots qu’elle n’était pas trop timide de prononcer. Elle l’avait démasqué, et il le savait désormais. Cette fois-ci, c’était elle qui se jouait de lui. C’était elle qui avait le dessus sur cet homme si puissant, et elle adorait cela. Plus les secondes durant lesquelles le fantôme demeurait immobile passaient, les yeux de Blaise enfoncés dans les siens en réalisant qu’elle savait, plus elle se délectait de ce pouvoir. Elle ne le laissait pas se défiler, son regard d’émeraude magnétique rivé sur lui sans lui offrir une seule seconde de répit.
D’une lenteur démesurée, le fantôme rangea la baguette qui ne lui appartenait pas dans sa poche avant d’en sortir la sienne propre à la place. Pansy ne le lâchait pas du regard, et il ne retrouva rien de la timidité avec laquelle il avait évité ses yeux pendant tant de temps. Il leva sa baguette vers lui et prononça ce qu’elle attendait de lui :
- Finite incatatem.
Son regard avide demeurait sur lui alors que les traits de son ami étaient doucement remplacés par ceux qui prodiguaient une chaleur dans l’intégralité de son corps qu’elle ne comprenait pas. Lorsqu’il fut intégralement matérialisé devant elle tel qu’il était vraiment, la voix basse et cent fois plus sulfureuse de Theodore lui ordonna à nouveau :
- Tire.
Les yeux que Pansy posait sur lui étaient désormais proprement fiévreux, et il le lui rendait au centuple. Tandis que l’intégralité de son corps lui hurlait sa faim pour cet homme qui se tenait devant elle, Pansy leva l’arme vers lui. Son cœur battait violemment dans sa poitrine, et elle détestait le fait qu’il pouvait entendre l’effet qu’il avait sur elle. Le fait qu’il savait exactement à quel point elle était troublée par lui. Mais elle n’était pas décidée à lui rendre le pouvoir qu’elle avait pris sur lui en le forçant à se dévoiler à elle, aussi elle s’appliqua à viser. Elle plissa son œil gauche alors qu’elle étendait l’arme devant elle, tout droit sur lui. Du bout de son index, elle enleva la sécurité. À l’autre bout de son arme, Theodore lui rendait l’ardeur de son regard. Pansy pressa la détente, le recul de l’arme dans ses mains faisant écho au bruit d’explosion qui suivit sa balle tirée. Le fantôme se protégea de la balle qui arrivait à lui d’un mouvement silencieux de sa baguette qui semblait avoir été effectué sans le moindre effort, et sans la moindre peur de sa part.
Pansy sentit son entre-jambe se contracter, la vague de chaleur se propageant indécemment en elle. Son souffle se fit plus court, et elle savait que cela n’échappa pas non plus au fantôme. Leurs regards enflammés ne parvinrent pas à se quitter tandis qu’il fit un pas troublant vers elle.
- Tire, ordonna-t-il encore de sa voix qui faisait vibrer jusqu’au creux du ventre de Pansy.
Pansy savait que plus il avançait vers elle, plus son temps de réaction était réduit pour se protéger de ses attaques. Il n’y avait pas l’ombre d’un doute ou d’une appréhension en lui. Il n’y avait rien qu’une excitation létale que lui non plus ne pouvait lui dissimuler. Pansy avala difficilement sa salive, des frissons parcourant son dos tandis qu’elle raffermissait sa prise sur son revolver. Elle le visa avec une précision chirurgicale, son arme rivée sur le torse musclé dont elle rêvait la nuit, et elle tira une nouvelle fois. Une respiration saccadée s’échappa silencieusement de ses lèvres alors qu’il réduisait encore à néant ses chances de l’atteindre d’un mouvement délicat de son poignet, et elle savait qu’il pouvait l’entendre. Le regard lourd de désir qu’il posait sur elle ne la quitta pas une seule seconde alors qu’il fit un nouveau pas dangereux vers elle, réduisant encore l’écart entre eux.
- Tire, répéta-t-il de cette voix veloutée qui rendait Pansy faible.
Un malade. Cet homme était un malade, purement et simplement. Et cela la rendait absolument fiévreuse. Elle pouvait entendre sa propre respiration se faire plus lourde, plus saccadée et dix fois plus profonde tandis qu’elle tentait de contrôler la façon dont sa tête commençait à lui tourner délicieusement. Elle détestait autant qu’elle adorait à quel point son corps lui devenait faible, hurlant son désir d’être géré par l’homme envoûtant qui avançait vers elle. Pansy tira une nouvelle balle, et il la fit disparaître d’un mouvement de son poignet. Elle se surprit à se demander ce que ce poignet pouvait faire d’autre, avec sa rapidité et son agilité déconcertante.
Pansy pouvait lire le désir ardent dans les yeux irréellement bleus qui étaient rivés sur elle, la dévorant ostensiblement du regard comme si elle était le mets le plus divinement appétissant qui puisse être. Obsédé. Il avait l’air tout bonnement obsédé par elle, et Pansy savait qu’elle lui rendait la bestialité indécente de son propre regard sur lui tandis qu’il fit un nouveau pas vers elle. Elle n’attendit pas l’ordre de sa part, Pansy tira une nouvelle balle. Il la repoussa d’un mouvement de poignet. Il réduisit dangereusement l’espace entre eux une nouvelle fois, son regard affamé livrant à quel point il désirait plus rivé sur elle. Pansy tira encore. Elle s’entendit gémir alors qu’il contrait son attaque, encore une fois sans démontrer le moindre effort. Elle aurait tout aussi bien pu le tuer de cette balle. Il n’en avait pas peur une seule seconde. L’air électrique entre eux devint lourd tandis qu’il fit un nouveau pas vers elle. Bientôt, son arme rencontrerait son torse. Pansy hésita, son corps désormais trop près à son goût pour être certaine qu’il pourrait se protéger de la rapidité de son coup.
- Tire, ordonna-t-il en un murmure sulfureux qu’il ne contrôlait plus non plus.
Le ton de sa voix, sa bassesse et le regard brûlant qui la faisait fondre sur place le trahissait, lui aussi. Pansy n’avait pas le moindre doute sur le fait que cet homme-là était aussi excité qu’elle du jeu létal auquel ils se livraient ensemble. Il y avait bien d’autres choses dangereuses que Pansy avait envie de faire avec lui en cet instant. Elle humidifia le bout de ses lèvres de sa langue qui appelait la sienne, s’accrochant fermement à son arme comme au peu de raison qu’il lui restait. Par tous les Dieux, qu’est-ce qu’elle rêvait de voir cet homme perdre le contrôle de lui-même.
Emportée par la force d’autorité de l’homme qui se tenait bravement devant elle, bien qu’avec des bras désormais tremblants, Pansy tira. Son souffle se coupa lorsqu’il se protégea de son attaque en faisant un nouveau pas vers elle, collant son poitrail au bout de l’arme, la seule distance des bras tendus de Pansy les séparant à présent. Elle pouvait lire clairement dans le regard affamé du fantôme son désir démesuré pour elle. Ses propres lèvres étaient entre-ouvertes tandis qu’elle peinait à respirer convenablement, ses yeux subjugués par l’excitation qui transpirait de l’homme qui se tenait désormais très près d’elle. Elle pouvait sentir ses muscles durs contre son arme qu’il enfonçait entre ses pectoraux. L’un face à l’autre, tels qu’ils étaient, enfin. Tout artifice superficiel masquant leurs réelles identités ou leur désir mutuel parti en fumée au rythme des balles qu’elle avait tirées.
Theodore demeura contre l’arme à laquelle Pansy continuait de se tenir, espérant que ses jambes ne lui céderaient pas, leurs regards enivrés ne parvenant pas à se quitter l’un l’autre. Il lui sembla que les yeux bleus du fantôme étincelaient comme des diamants dans le ciel.
- Ça ne sert à rien d’avoir une cible dans ton viseur si tu n’es pas assez téméraire pour l’atteindre, la fit-il frissonner de sa voix râpeuse à souhait.
Pansy ne chercha pas à retenir le large sourire provocateur qui s’étala sur ses lèvres brûlantes. Elle ne s’autorisa pas à baisser les yeux ni devant sa dominance, ni devant sa proximité dangereuse, ni devant son désir évident.
- Je suis à l’image du commandement, mon capitaine, lui renvoya-t-elle d’une voix qu’elle ne se connaissait que lorsqu’elle s’adressait à lui.
Elle laissa l’arme retomber avec son bras le long de son propre corps, espérant secrètement qu’il allait réduire l’écart qui demeurait entre eux. Pendant de trop longues secondes de torture, il la regarda simplement, redevenu aussi silencieux et mystérieux qu’il l’était toujours. Pansy détestait à quel point elle voulait qu’il s’empare d’elle. Elle détestait à quel point elle mourrait d’envie de savoir ce que cela faisait, que d’être entre les mains d’un tel homme. Finalement, un sourire en coin discret se dessina sur les lèvres de Theodore qui appelaient les siennes inlassablement. Puis il fit un pas sur le côté, s’en allant là-dessus. Pansy s’entendit relâcher le souffle qu’elle avait retenu tout ce temps, attendant désespérément qu’il l’embrasse. Il ne le ferait pas.
- Tu vas pas me demander depuis quand je le sais ? lança-t-elle plus haut, comme dans une tentative désespérée de rattraper son intérêt pour elle, et de le faire revenir.
Il ne fit que tourner son visage sur sa gauche, lui offrant une vue diaboliquement sublime de son profil alors qu’il répliqua simplement :
- Non.
Puis il disparût à nouveau, la laissant là, pantelante. Elle détesta soudainement le fait qu’elle l’avait laissé voir à quel point elle était sauvagement incontrôlable face à lui. Mais par-dessus tout, elle détesta à quel point il continuait de garder un contrôle à toute épreuve face à elle.
Ce soir-là, Pansy ne porta pas de soutien-gorge lors du dîner. Lorsqu’elle les rejoignit à table, un haut vert bouteille moulant embrassant ses formes, elle se délecta de voir le regard azuré de sa proie dériver de ses yeux à sa poitrine. Cela ne dura que quelques secondes avant qu’il ne détourne les yeux d’elle, les plongeant dans son assiette encore vide. Pansy se laissa bercer par le divin sentiment de pouvoir qu’elle ressentait de voir les joues du fantôme brûler d’une teinte de rouge qu’elle n’avait jamais vue sur lui. De tout le repas, Theodore ne releva pas les yeux vers elle. Et ce soir-là encore, Pansy ne récolta pas les fruits de sa semence.
Le soir suivant, alors que Cyprus Maxwell était venu au manoir rendre un rapport sur les activités des différentes troupes à Drago dans son bureau, Pansy saisit l’occasion qu’elle attendait en s’y rendant à son tour. Elle constata, ravie, que le fantôme était également dans la pièce. Drago siégeait dans sa chaise derrière le bureau, Maxwell assit sur une chaise en face, et Theodore affalé dans le fauteuil dans le coin droit de la pièce, ses bras étalés sur le dossier du canapé. Les trois regards s’étaient tournés vers elle lorsqu’elle avait fait son entrée.
- Ça faisait longtemps Maxwell, le salua-t-elle avec un entrain feint.
Elle nota l’envie nauséeuse dans le regard qu’il posa sur elle sous ces mots.
- Parkinson, lui rendit-il d’une voix qui roucoulait ignoblement.
- Tu devrais rester boire un verre avec nous quand vous aurez fini, l’invita-t-elle en ignorant les regards noirs qu’elle savait que Drago et le fantôme lui lançait.
- Maxwell a beaucoup à f…, tenta Drago avant que Cyprus ne le coupe.
- … Avec grand plaisir, se languit-il, son regard prédateur ne quittant pas Pansy tandis qu’elle s’en allait satisfaite sans un regard en arrière.
Pansy ne fit aucun effort vestimentaire particulier pour l’occasion, elle savait qu’elle n’en avait pas besoin, et elle ne tenait pas à ce que le porc puisse en voir trop. Blaise, Drago, le fantôme et Maxwell ne tardèrent pas à la rejoindre dans le salon, où elle était déjà assise par terre devant la table basse, un verre à moitié vide dans la main. Elle ne put faire autrement que noter le regard appuyé que lui lança le fantôme. C’était le genre de regard qui semblait dire « je sais ce que tu fais, fais bien attention ». Elle pouvait d’ailleurs clairement sentir que tout le monde était particulièrement tendu, excepté Maxwell. Chacun de ses garçons se demandait ce qu’elle avait derrière la tête. Cela lui plaisait.
Pansy enchaîna les verres plus que de raison pendant que Blaise et Drago noyaient Maxwell de conversations à propos du travail, mettant dans bâtons dans les roues de Pansy. Le regard de Theodore, lui, ne quittait pas la belle depuis son fauteuil habituel. Lasse et profondément déterminée, une Pansy déjà éméchée – et il lui fallait bien ça – se tourna vers Cyprus quand elle lui demanda d’une voix qu’elle forçait à être sensuelle :
- Alors Maxwell, comment tu fais pour te détendre après les rixes toi ?
Un très large sourire creusant des fossettes se dessina sur les lèvres de celui à qui elle s’était adressée à contre-cœur. Elle pouvait sentir le regard du fantôme brûler dans son dos, mais il ne dit rien.
- Ça t’intéresse ? lui renvoya un Cyprus visiblement agréablement surpris.
Pansy dû cacher qu’elle était déjà ennuyée par lui. Le con ne l’aidait même pas dans cette mascarade, et il allait falloir qu’elle soit une sacrée actrice pour que cela fonctionne, songea-t-elle alors. Elle leva un sourcil vers lui.
- Tu vas vraiment me faire répéter ma question ? roucoula-t-elle ostensiblement.
Maxwell ne la quittait pas non plus de ses yeux prédateurs, mais il n’eut pas le temps de rentrer dans son jeu ni de se prendre dans la toile d’araignée qu’elle tissait pour lui quand Blaise renchérit à voix haute, son ton profondément moqueur :
- Il se paye des putes.
Pansy tourna un regard noir vers son ami tandis qu’elle nota la façon dont le fantôme porta son verre à ses lèvres en souriant, satisfait. La colère monta en elle.
- Messieurs, pas tant de grossièreté en présence d’une dame, tenta de rattraper Cyprus avec un sourire qui se voulait charmeur sans parvenir à l’être.
- La dame en question a probablement de plus grosses couilles que toi, ajouta alors Drago depuis le canapé où il siégeait à côté de Maxwell.
Visiblement, ils savaient tous que c’était là un terrain très dangereux sur lequel Pansy s’engageait, et ils ne lui faciliteraient pas la tâche. Pansy prit une généreuse gorgée de son verre, frustrée. Cyprus, de son côté, ne se laissa pas démonter alors que son sourire demeurait ancré sur son visage d’emmerdeur de première.
- Je demande à voir par moi-même, lança-t-il vers la princesse des trois gardiens présents.
- J’te savais pas de ce bord-là Maxwell, appuya encore un Blaise moqueur en dérobant à Pansy l’occasion de rétorquer.
Elle s’entendit grogner de frustration, la colère montant en elle tandis qu’elle ne parvenait pas à ses fins. Elle prit une nouvelle gorgée de son verre tandis que le petit sourire satisfait du fantôme qui ne s’était même pas fatigué à dire un traître mot demeurait sur son visage parfait. Ce n’était pas du jeu, c’était de la triche.
- T’es pas mon genre Zabini, lui renvoya Maxwell.
- Un peu trop chocolaté à ton goût ? taquina encore Blaise.
- Je les préfère aussi pales que les cadavres que je ramasse tous les jours, répliqua Cyprus avec un sourire en la direction de Pansy.
Dégueulasse, songea-t-elle en essayant tant bien que mal d’empêcher son visage de traduire son profond dégoût. Elle se sentit obligée de boire une nouvelle fois pour faire passer sa nausée montante à ses mots.
- Pour en revenir à toi ma belle…, tenta Maxwell.
- … Ah tu fais fausse route, le coupa Drago, celle-ci aboie bien trop fort pour un cadavre.
- J’aime quand elles…, essaya encore le con.
- … Et faut voir sa gueule le matin, le coupa cette fois Blaise en riant de façon peu naturelle.
- Fermez vos vieilles gueules, enfoirés, pesta une Pansy frustrée.
Elle but à nouveau tandis que Theodore demeurait paisiblement dans son fauteuil, lui profondément satisfait et l’affichant sans le moindre remord.
Les garçons mobilisèrent la conversation pendant de longues minutes durant lesquelles Pansy enchaînait les verres. A ce stade, elle était maintenant clairement ivre, et plus déterminée que jamais. Elle ne les laisserait pas saboter son coup une fois de plus. Elle voulait rendre Theodore jaloux, si jaloux qu’il n’aurait pas d’autre choix que de se révéler en s’interposant pour enfin lui donner ce qu’elle attendait de lui. Elle rampa alors sur le sol vers le canapé et tendit sa main vers Cyprus qui la surplombait.
- Putain Maxwell t’es chargé, complimenta-t-elle en tâtant les muscles de son bras gauche, j’avais jamais remarqué.
Le sourire prédateur qui se dessina sur les lèvres de son invité glaça son sang, mais elle ne recula pas pour autant. Il fallait qu’elle pousse le fantôme à bout.
- Y a pas que là que j’suis chargé ma belle, lui lança-t-il d’une voix qu’il voulait basse.
- Personne ici n’a envie d’entendre parler de ta bite Maxwell, retentit la voix sèche de Theodore derrière elle.
Elle tourna le visage vers lui, un large sourire sur ses lèvres alors qu’elle sentait l’excitation monter en elle. Bingo.
- Et si moi j’en avais envie ? poussa-t-elle encore sans quitter le regard azuré froid qu’il posait sur elle.
Theodore la sonda un instant, et elle le laissa faire. Si dans son regard à elle brillait de milles feu le jeu, il n’y avait rien d’amusé dans les yeux qu’il posait sur elle en cet instant. Elle entendit Cyprus parler à côté d’elle, mais elle n’écouta rien de ce qu’il disait. Elle était trop plongée dans les yeux qui l’analysaient en cet instant. Il semblait pondérer si elle avait atteint ses limites, et la froideur qu’elle lisait en lui la poussait à supposer que c’était bien le cas. Soudain, Theodore porta son verre à ses lèvres. Il le vida d’une traite avant de le poser sur la table basse avec plus de force qu’il n’en était nécessaire. Il se leva de son fauteuil, son corps s’étalant devant elle. Elle mordit sa lèvre inférieure d’anticipation, beaucoup trop excitée de la réprimande qui arrivait sur elle et qu’elle avait tant attendue. Le fantôme fit un pas vers elle tandis qu’elle ne pouvait rien faire d’autre que demeurer là, sur le sol, subjuguée par son regard plein de colère rivé sur elle. Il attrapa le bras qu’elle avait toujours sur Maxwell et le tira vers lui. D’une seule main ferme autour de son bras frêle, il souleva le corps de Pansy qu’il réceptionna contre lui en passant son deuxième bras sous ses jambes, la portant contre lui comme si elle était une princesse précieuse. L’odeur musquée de Theodore se répandit dans ses narines. Pansy ne put se retenir d’afficher un sourire en coin, mais ce n'était pas grave, le fantôme ne la regardait plus. Il quitta la pièce avec elle sans un regard en arrière, et ils ignorèrent tous deux les protestations actives de celui qu’elle avait allumé pour récoler exactement cela. Elle entendit Blaise se lever pour empêcher Maxwell de suivre, et ce fut tout ce qu’elle capta du reste de la situation qui n’était en rien son problème.
Pansy était tout bonnement subjuguée par le regard ferme et concentré que Theodore portait devant lui, sa mâchoire tracée se contractant de temps à autre. Il aurait pu la reposer sur le sol avant de monter les escaliers, mais il ne le fit pas. Elle pouvait sentir les muscles de son torse contre elle, ainsi que les battements frénétiques de son cœur. Oh, elle l’avait énervé. Une nouvelle fois, elle mordit sa lèvre inférieure, aux anges.
- Où est-ce que tu m’emmènes ? le questionna-t-elle alors d’une voix mielleuse qu’elle n’eut pas besoin de forcer cette fois.
- Dans ta chambre, lui répondit-il froidement.
Les cuisses de Pansy se contractèrent tandis qu’elle sentait une violente vague de chaleur se répandre dans l’intégralité de son corps. Il n’était pas content du tout. Pansy adorait ça.
- Est-ce que tu vas rester ? chuchota-t-elle avec une envie transparente dans la façon dont les mots avaient roulé sur sa langue.
Il lui accorda enfin un regard. Il était plus doux, cette fois. Pansy se sentit fondre sous ses yeux. Elle se demandait s’il pouvait sentir à quel point son corps brûlait pour lui. Elle se demandait s’il pouvait sentir à quel point elle devenait fiévreuse quand il posait la main sur elle. Elle se demandait aussi à quel point sa peau lui brûlerait, s’il posait vraiment la main sur elle.
- Non, trancha-t-il finalement.
Il pénétra dans sa chambre et la lança sur son lit, les relents de sa colère languissant dans son geste, la chaleur de son corps contre elle s’échappant beaucoup trop rapidement à son goût, tout comme son odeur.
- J’ai pas besoin de toi pour me protéger, j’suis une grande fille, tenta encore Pansy avec l’espoir infime de parvenir à le faire rester un peu plus longtemps.
Ou beaucoup. Il était déjà prêt à s’en aller. Il se tenait debout devant son lit tandis qu’elle demeurait là, ses coudes enfoncés dans son matelas pour se surélever un peu.
- C’est pas toi que j’ai protégé en t’arrêtant, c’est Maxwell, la corrigea-t-il de sa voix affreusement troublante, et terriblement envoûtante.
Si basse, et pourtant si puissante. Pansy savait que ce n’était pas l’alcool qui lui faisait tourner la tête en cet instant. Elle trouva le courage de lui afficher un large sourire alors qu’elle lui renvoyait sur le même ton lourd de désir :
- Je l’aurai pas mangé.
Il lui rendit son sourire, le sien prédateur. Pansy se sentit toute petite. Elle voulait se sentir encore plus petite contre lui. Sous lui.
- Moi, si, la fit-il frissonner avec cet aveu dangereusement délicieux.
Pansy vu flou un instant, et une nouvelle fois, elle savait qu’elle ne pouvait pas attribuer cela à l’alcool qu’elle avait consommé. Bien décidée à le pousser à bout, elle avala difficilement sa salive pour parvenir à continuer :
- J’ai pas le droit de baiser avec qui j’veux ?
Elle n’anticipa pas la façon dont il approcha d’elle, et elle anticipa encore moins la façon dont il se baissa vers elle, la forçant à laisser son visage reposer sur le matelas à son tour. Tout ce temps, les yeux brûlants du fantôme étaient rivés dans les siens. Il posa une main sur son oreiller, juste à côté du visage de Pansy. A quelques millimètres seulement de ses lèvres, il chuchota de sa voix rauque pour laquelle Pansy était prête à se damner :
- Tu veux baiser avec lui, Pansy ?
Sans qu’elle ne le contrôle vraiment, elle se rendit compte qu’elle avait cessé de respirer. Si elle avait expiré, son souffle aurait directement rejoint la bouche de Theodore. Il était juste là, juste là au-dessus d’elle. Elle se perdait dans ses yeux, dans le bleu incroyable qui y brillait malgré la nuit ambiante, et dans la façon dont il la dévorait du regard.
- Est-ce que tu veux sentir ses mains sur ton corps ? continua-t-il en laissant son regard sonder l’œil droit puis l’œil gauche de Pansy tandis qu’elle fondait dans son matelas. Est-ce que tu veux ses lèvres contre les tiennes ?
La respiration chaude du fantôme s’écrasait contre son visage alors que son corps, si proche du sien, la protégeait contre quoi que ce soit qui ne pouvait désormais plus l’atteindre.
- Est-ce que tu veux sentir le poids de son corps s’écraser sur le tien ?
Pansy se détesta de baisser les yeux en cet instant, son contact visuel devenu tout bonnement insoutenable.
- Regarde-moi, ordonna-t-il avec une autorité hypnotisante.
Pansy obéit. Elle mordit sa lèvre inférieure malgré elle.
- Tu veux baiser avec lui Pansy ? réitéra-t-il sa question en faisant vibrer son entre-jambe.
Il fallut qu’elle rassemble tout ce qu’il lui restait de force en elle pour répliquer d’une voix aussi sûre que possible, son souffle devenu bien trop court :
- Et si je disais oui ?
Il ne lui laissa pas le temps de respirer, ses prochains mots s’écrasant contre elle à la vitesse de la lumière :
- Si tu disais oui j’irais le chercher pour toi, maintenant tout de suite. Alors réponds à ma question, ordonna-t-il plus pressement, est-ce que tu veux baiser avec lui ?
Le cœur de Pansy était affolé dans sa poitrine. Il ne la quittait pas des yeux, il ne lui offrait pas la moindre minuscule petite seconde de répit, ni le moindre espace pour reprendre ses esprits. Oh, elle récoltait ce qu’elle avait semé.
- Tu le ferais pas, le défia-t-elle presque involontairement.
Theodore réduisit encore l’infime espace entre leurs lèvres tandis qu’il chuchota dangereusement plus bas encore :
- Tu veux continuer de me tester ? Teste-moi, et découvre par toi-même, lui offrit-il alors qu’elle combattait son désir de porter ses lèvres aux siennes.
- Tu le tuerais, murmura-t-elle à la place.
- Je suis prêt à le découvrir, chuchota-t-il d’une voix râpeuse à souhait. On peut aller aussi loin que tu le veux dans ta connerie, alors réponds à ma putain de question Parkinson, ordonna-t-il avec une autorité plus sèche, et dix fois plus excitante.
Pansy était trempée, il n’y avait pas d’autre mot pour le décrire. Elle fondait pour lui par tous ses pores. Elle se noyait dans ses yeux, complètement subjuguée. Quelque contrôle qu’elle avait pensé avoir eu sur lui, elle apprenait bien chaleureusement que c’était lui qui gérait. Ses yeux la défiaient, ils la défiaient de répondre oui, et elle savait parfaitement bien que si elle le lui disait, il irait jusqu’au bout, et il y aurait encore un mort. Quelque chose de malsain en elle avait envie d’aller aussi loin, de le voir encore tuer un homme pour elle, mais ce ne fut qu’un murmure à peine audible qui quitta ses lèvres pour s’écraser contre le visage de Theodore quand elle répliqua :
- Non.
- Non quoi ? gronda-t-il tandis que Pansy était sur le point d’exploser sous lui.
Elle n’était pas certaine d’avoir encore accès à la raison. Elle était encore moins certaine d’avoir envie d’avoir accès à ladite raison. Aucun homme ne lui avait jamais fait un tel effet, non c’était certain. Elle ne s’était jamais sentie aussi petite avec aucun autre homme de toute sa vie. Et elle ne se serait soumise à aucun autre homme au monde.
- Je veux pas baiser avec lui, murmura-t-elle alors à sa bouche.
Les lèvres de Theodore s’étirèrent en un somptueux sourire. Il passa sa langue sur ses lèvres, forçant Pansy à baisser les yeux sous ce geste. Elle demeurait là, sous lui, pantelante et attendant qu’il laisse cette langue prendre possession d’elle.
- Tu vois que tu peux être une gentille fille quand tu veux, ronronna-t-il tel le prédateur qu’il était.
Oh, elle ne pouvait pas le laisser gagner comme cela. Elle ignora à quel point ces mots avaient de l’effet sur elle pour se saisir de toute l’insolence dont elle disposait pour lui lancer :
- Et si je voulais coucher avec quelqu’un d’autre ?
Theodore ne perdit rien de son sourire, et le souffle de Pansy se fit plus court encore lorsqu’il pencha son visage sur le côté, ses lèvres effleurant sa joue au passage. Elle ne pouvait plus voir son visage juste devant elle, et elle s’autorisa à expirer tout l’air de ses poumons. Le torse de Theodore était juste là, juste au-dessus de sa poitrine tandis que sa main n’avait pas quitter son matelas, juste à côté de son visage. Elle sentit son souffle chaud contre son oreille avant d’entendre les tonalités aussi envoûtantes que sulfureuses de sa voix lorsqu’il chuchota là :
- Alors tu sais à qui penser pendant que tu te toucheras dès que je serai parti.
Pansy ferma les yeux et se cambra contre le torse de Theodore à l’instant où il déposa un chaste baiser dans le creux de sa nuque. Elle s’entendit faiblement gémir d’un gémissement plaintif qui réclamait tellement, tellement plus, sa peau lui brûlant affreusement. Mais il se releva et la chaleur de son torse lui devint inaccessible, et il la laissa encore là, pantelante, s’autorisant un dernier regard sur elle avant de disparaître comme il avait dit qu’il le ferait.
Dès qu’il fut sorti de sa chambre, Pansy se retourna face contre son matelas. Elle enfonça son visage profondément dans l’oreiller qui avait accueilli la main du fantôme, et y hurla sa frustration tandis qu’elle tapait de ses deux poings fermement clos sur le matelas. Cette nuit-là, Pansy ne parvint à trouver le sommeil qu’une fois qu’elle eut apaisé son corps en pensant à ce fantôme qui la hantait tant dans des positions fort peu catholiques.
Le lendemain matin, après un petit déjeuner entier à regarder les lèvres du fantôme se renfermer sur sa fourchette, ressentant des picotements dans son bas-ventre devant ce spectacle, Pansy avait déboulé dans la chambre de Blaise et s’était laissée tombée sur son lit avec un profond soupir traduisant son état d’esprit.
- Je veux le baiser, avoua-t-elle alors, son regard fixé sur le plafond.
Blaise toussa comme s’il était en train de s’étouffer. Elle tourna un visage las vers lui. Il affichait de gros yeux ronds sur elle, interdit. Elle n’était pas tant surprise, elle avait refusé de parler de cul avec lui à maintes reprises, sans même parler du fantôme. Il ne demanda pas de qui elle parlait.
- Si on est en guerre et que j’risque ma vie tous les jours, autant me faire proprement baiser et savoir c’que ça fait, non ? continua-t-elle tandis que son meilleur ami demeurait choqué.
Il finit par acquiescer doucement, ses yeux grands ouverts alors qu’il mordait sa lèvre inférieure. Il ne lui demanda toujours pas de qui elle parlait.
- Mmh mmh, marmonna-t-il alors, bien sûr, lui accorda-t-il finalement en marchant sur des œufs.
Pansy redressa son visage et continua de fixer le plafond au-dessus d’elle.
- Tu penses qu’il me prendra ? demanda-t-elle absentement à son ami, son esprit vaguant déjà bien plus loin que l’instant présent.
Le temps de réponse qu’il fallût à Blaise lui apprit qu’il hésitait encore à la façon de lui répondre, mais elle n’y prêtait que peu attention.
- Si c’est pas l’cas tu pourras toujours venir voir papa, je m’occuperai bien de toi, la taquina-t-il chaleureusement.
Pansy tourna un visage souriant vers lui.
- T’as pas c’qu’il faut pour me gérer et tu l’sais ma belle, lui adressa-t-elle en se relevant d’un coup.
Pansy était on ne pouvait plus déterminée, elle avait assez attendu.
- Je vais le baiser, déclara-t-elle alors à voix haute comme pour rendre ce vœu réalité.
Elle avait quitté la chambre de Blaise en trombe, ses jambes avançant au même rythme que son cerveau. Elle y avait assez réfléchi. Il lui paraissait comme évident qu’elle faisait elle aussi de l’effet au fantôme, il n’y avait donc qu’une très faible probabilité qu’il blesse son ego en refusant sa proposition. Elle risquait tous les jours de mourir, il lui semblait donc que la balance risques/bénéfices était largement assez équilibrée pour se permettre un peu de bon temps, quand bien même cela était nouveau et quelque part effrayant pour elle. Sans qu’elle ne sache très bien pourquoi, elle se sentait en sécurité avec cet homme qu’elle connaissait pourtant depuis peu de temps, du moins de ce qu’elle se souvenait. Et Pansy Parkinson n’était pas du genre à attendre gentiment pour ce qu’elle voulait. Non, Pansy Parkinson était du genre à prendre ce qu’elle désirait lorsqu’elle en avait envie.
Elle croisa Theodore dans le couloir qui menait à la chambre de ce dernier. Elle ne s’offrit pas le luxe de pondérer sa façon d’agir, ni de se poser trente-six questions, Pansy n’était pas non plus de ce genre-là. Lorsqu’il la vit, elle et son air profondément déterminé alors qu’elle fonçait sur lui, il s’arrêta dans sa marche, ses yeux rivés sur elle en l’attente qu’elle exprime ce qu’elle était venue chercher. Elle s’avança jusqu’à lui si près qu’il était presque collé contre le mur du couloir, un regard confus azuré enfoncé dans ses yeux verts.
- Il paraît que les yeux ne mentent pas, commença-t-elle sans préliminaires. Est-ce que c’est pour ça que tu as du mal à me regarder, tu as peur de ce qu’ils me diraient ?
Un sourcil circonspect et terriblement séduisant se leva sur le front du fantôme alors qu’il recevait ses mots, la surprise ayant rapidement quitté ses yeux enivrants.
- J’ai l’air d’avoir du mal à te regarder ? lui renvoya-t-il d’une voix plus basse que la sienne, la séduction latente réveillant les sensations désagréables dans le corps de Pansy.
Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de la Serpentard.
- On sait tous les deux que ça n’a pas toujours été le cas, lui fit-elle alors remarquer.
Il sonda ses yeux un instant, laissant un silence lourd d’interprétation peser entre le faible espace qu’elle laissait encore les séparer. Tant de questions demeuraient encore sans réponses, mais la seule qu’elle cherchait en cet instant était la délivrance de toutes les sensations qu’il éveillait en elle.
- Alors dis-moi, reprit-il d’une voix veloutée, qu’est-ce qu’ils te disent mes yeux, quand ils te regardent ?
Pansy se permit de prendre le temps d’analyser le regard qu’il portait sur elle, le sourire s’effaçant doucement sur ses lèvres en ce faisant. Il y avait quelque chose d’intense, quelque chose de profondément intense dans les yeux qu’il posait sur elle qu’elle avait du mal à supporter en cet instant. Trop intense. Il lui semblait qu’elle perdait doucement la confiance avec laquelle elle l’avait abordé à l’instant, parce qu’il la regardait comme si elle était la chose la plus précieuse au monde, et elle ne le comprenait pas. Au fond, elle n’était pas certaine de vouloir comprendre d’ailleurs. C’était un regard effrayant pour elle. Elle n’était pas là pour des sentiments. Elle était là pour son corps, c’était tout.
Elle se détesta de baisser les yeux face à son intensité, son courage diminuant devant le regard du fantôme. Elle humidifia le bout de ses lèvres de sa langue tandis que Theodore fit un pas vers elle, se décollant du mur du couloir.
- Qui c’est qui baisse les yeux maintenant ? chuchota-t-il avec une satisfaction dans la voix qui ne lui échappa pas.
Pansy détesta le contrôle qu’il reprenait non seulement sur la situation, mais surtout sur elle. Oui, Pansy détesta profondément cela. Le sang se mit à bouillonner dans ses veines, et de la colère impatiente se refléta dans ses yeux lorsqu’elle les releva vers lui. Elle fit un pas vif en sa direction, et le fantôme recula, son dos rencontrant le mur pour maintenir de l’espace entre eux. Elle réduisit cet espace en plaquant une de ses mains contre le mur, à côté de l’épaule du fantôme. C’était elle qui était aux commandes à présent. Elle aimait beaucoup mieux cela. Une nouvelle fois, la surprise décontenancée du fantôme était translucide dans le regard qu’il échangeait avec elle. Elle s’en délecta silencieusement.
- Pourquoi c’est toi qui m’entraîne, et pourquoi sous la forme de Blaise ? le confronta-t-elle d’une voix si basse qu’elle en était prédatrice, son souffle rencontrant directement le visage du fantôme qui ne pouvait plus lui échapper.
Elle ne manqua pas de noter la difficulté avec laquelle il avala sa salive avant de lui répondre avec une hésitation qu’elle ne manqua pas non plus :
- Parce que je suis meilleur et parce que tu n’aurais pas accepté que ce soit moi il y a des mois de ça.
- Mh, ronronna-t-elle tout bas.
Elle pencha le visage sur le côté, analysant ostensiblement son visage qui ne se tenait qu’à quelques centimètres du sien, le fantôme clairement mal à l’aise dans cette position où elle avait un dessus indéniable sur lui. Merde, elle adorait cela, que cet homme si fort et si puissant soit si mal à l’aise alors qu’elle avait le dessus sur lui.
- Tu sais, reprit-elle dans un murmure troublant, y a un truc assez curieux qui m’échappe. Pour les raisons que tu connais, je supporte pas les contacts physiques avec des hommes, à moins que je me sente en profonde sécurité, ce qui n’arrive vraiment pas souvent du tout. Depuis des mois, continua-t-elle sans le laisser respirer une seule seconde, je ne comprends pas ce qui ne va pas chez moi. Depuis des mois je sens qu’il y a quelque chose de pas normal, depuis des mois je ne comprends pas ce qui m’arrive quand tu es là, toi le seul dont je ne me souviens curieusement pas. Je ne comprends pas pourquoi je pense à toi tout le temps, avoua-t-elle alors que le fantôme se décomposait devant elle, je ne comprends pas pourquoi mon corps réagit aussi fortement quand tu es près de moi, je ne comprends pas pourquoi ton contact qui devrait me révulser m’apaise. Je ne comprends pas pourquoi j’ai tout le temps envie que tu me touches, je ne comprends pas pourquoi j’ai chaud quand tu me parles, je ne comprends pas pourquoi j’ai froid quand tu t’éloignes. Bien sûr, t’es un joli garçon, lui accorda-t-elle avec un sourire en coin prédateur, mais j’en ai vu beaucoup dans ma vie des jolis garçons, et j’en n’ai jamais rencontré un qui arrivait à faire trembler ces jambes que je garde toujours fermées d’un simple putain de regard. Encore maintenant, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive avec toi, et très franchement j’en ai rien à foutre. On est en guerre et tout ce qui m’intéresse c’est de m’en sortir vivante, alors tous tes secrets que tu crois me cacher, tu peux te les garder, chuchota-t-elle à ses lèvres alors qu’elle sentait l’excitation la gagner du contrôle qu’elle avait sur le fantôme interdit devant elle.
Ce n’était pas le genre d’homme à rester interdit. Ce n’était pas le genre d’homme à être plaqué contre le mur non plus d’ailleurs. Cela ne faisait que rendre ce moment plus délicieux encore pour Pansy.
- Mais la seule chose que j’ai compris, c’est que ce qui ne va pas chez moi, c’est toi. Pour une raison qui m’échappe, mon corps te veut l’fantôme, et je crois qu’il est temps que tu t’en occupes, ordonna-t-elle avec une confiance débordante.
Le fantôme se noyait dans ses yeux tandis qu’elle n’attendait qu’une seule chose : qu’il la retourne contre le mur et qu’il la prenne là, tout de suite. Elle brûlait d’un feu indécent qu’il était tenu d’éteindre pour elle. Tout cela était sa faute à lui après tout, il le lui devait bien.
Pansy n’augmenta pas l’espace entre leurs corps vibrants et elle n’enleva pas non plus sa main du mur lorsqu’il répliqua sur un ton dénué de sous-entendus sexuels, visiblement décontenancé :
- Autant que ta proposition me flatte, je me sens obligé de te rappeler qu’on est dans un contexte de guerre qui rend les émotions sens dessus-dessous, et que je suis le seul dans cette maison avec qui tu ne te rappelles pas avoir une relation platonique.
- J’en ai rien à foutre, coupa aussitôt une Pansy chez qui le désir était transparent dans sa voix.
Il ne lui restait plus rien de patience. Elle ne voulait pas comprendre, elle n’en avait que faire. Elle voulait qu’il la prenne, c’était tout. Toute l’intellectualisation, toute la compréhension, tout cela, elle le laissait aux autres. Elle ne voulait pas comprendre, elle voulait qu’il la prenne.
- Et puis tu es une femme, continua l’enfoiré factuellement, avec un cycle hormonal qui doit surement faire des siennes à certaines périodes.
- Il n’y a pas un jour du mois où je ne te veux pas, explicita-t-elle encore courageusement pour lui.
Cette phrase sembla atteindre le fantôme en plein cœur qui eut besoin d’un moment avant de pouvoir lui répondre. Qu’avait-il besoin d’entendre, exactement ? Est-ce que Pansy était censée le rassurer pour qu’il accepte de la toucher ? Il ne lui avait pas semblé qu’il était de ces hommes insécures qu’elle méprisait tant.
- Je pense que le danger…
- … Arrête de penser, le coupa-t-elle fermement. Je veux juste que tu me baises, on n’a pas besoin de rendre ça personnel.
Peut-être que le rassurer en ce sens qu’elle n’attendait rien d’autre émotionnellement parlant de lui ferait l’affaire. Peut-être faisait-il parti de ces personnes qui ne pouvaient pas supporter l’engagement envers quelqu’un d’autre. Mais un sourire en coin taquin se dessina sur les lèvres du fantôme qu’elle rêvait d’embrasser.
- Il n’y aurait rien de plus personnel que de coucher avec moi, lui assena-t-il d’une voix soudainement diaboliquement sulfureuse.
Les lèvres de Pansy s’entre-ouvrirent et sa main glissa du mur pour venir retrouver sa place contre sa cuisse. Elle ne savait pas ce qu’il voulait dire par-là, et elle s’en fichait. Tout ce qu’elle savait, c’était que sa voix, son odeur, ses yeux, son corps, ses mots, son aura, tout chez lui appelait son nom à elle et elle n’en pouvait plus d’attendre qu’il prenne ce qui semblait lui revenir de droit.
Le sourire s’effaça des lèvres du fantôme quand il baissa les yeux un instant avant de les relever vers elle, son sérieux distant ayant repris sa place à la fois dans ses traits au même titre que dans sa voix :
- Je te remercie de ta proposition, mais je suis désolé, je ne fais pas ce genre de choses sans sentiments.
Il frôla son épaule en passant devant elle, s’apprêtant à la laisser-là, encore une fois. Le cœur de Pansy se mit à battre violemment dans sa poitrine.
- Et si je te disais que je t’apprécie, est-ce que ça changerait quelque chose ? se dévoila-t-elle plus encore, la confiance s’échappant doucement d’elle.
Le fantôme se retourna vers elle avec un sourire attendrit. Cela ne lui disait rien de bon. Elle ne le voulait pas attendrit, cela était effrayant. Elle le voulait sauvage.
- Il y a quelques personnes que j’apprécie, lui renvoya-t-il doucement, et aucunes d’entre elles avec qui j’ai envie de coucher.
- Je vois, constata Pansy, il faut que je fasse le chien et que je te mente sur mes sentiments pour t’attirer dans mon lit ?
Le sourire du fantôme lui sembla devenir triste. Ses lèvres étaient étirées, mais ses yeux d’habitudes si expressifs lui semblaient morts, traînant derrière eux les fantômes d’un passé lointain.
- On sait tous les deux que tu ne sais pas faire ça, déclara-t-il tout bas, alors épargnes-nous l’embarras à tous les deux de mentir en me disant que tu m’aimes alors que ce n’est pas le cas.
Et il eut le culot de s’en aller en la laissant-là, refusant la proposition on ne pouvait plus alléchante que Pansy lui avait faite. Merde, elle s’était offerte à lui sur un putain de plateau d’argent en se déshabillant intégralement de tout ce qu’elle avait d’ego, et les dieux savaient qu’elle en avait, et il la rejetait. Pansy voyait rouge, le sang bouillonnant dans ses veines et son cœur battant violemment dans sa poitrine. Il ne restait rien d’excitation sexuelle en elle, rien que de la rage. Elle s’était déshabillée devant lui, et il l'avait rejetée. Jamais, de toute sa vie, Pansy n’avait autant été blessée dans son ego. S’était-elle complètement trompée, tout ce temps ? Était-il simplement un homme diablement séduisant, mais qui ne la désirait finalement pas le moins du monde ? Qu’est-ce qui, chez elle, n’était pas suffisant pour lui ? N’était-elle pas assez belle, n’avait-elle pas assez de formes, ou bien n’était-elle pas assez maigre à son goût ? La nausée monta en Pansy. Elle se détestait à son tour, elle et ce corps qui l’avait encore trahie. Elle se sentait tellement, tellement conne et ridicule. Et par-dessus tout, elle le détestait lui, lui et la façon avec laquelle il lui semblait qu’il avait joué avec elle, tout cela pour la laisser ainsi. Il la protégeait, il la soignait, il la dorlotait, il l’entraînait, il la surveillait constamment, il rougissait devant elle et il évitait son regard comme s’il ne pouvait se permettre de se perdre dans ses yeux, mais il ne pouvait pas coucher avec elle ? Pansy se rappela soudain qu’il n’avait couché qu’avec une seule femme. Elle se rappela qu’il avait dit être du genre obsessionnel. Pansy se surprit à détester cette chanceuse qu’elle ne connaissait pas de toute son âme. Pansy se demanda qui était cette pétasse qui lui volait son salut.
En rejoignant sa chambre en trombe, Pansy avait croisé Blaise dans le couloir. Il avait levé vers elle un visage excité, sa bouche grande ouverte et ses sourcils surélevés en l’attente de ce qu’il s’était passé. Elle passa devant lui sans un regard en arrière, la rage évidente dans ses traits. Blaise ferma la bouche, et il ne lui en reparla jamais.
Les sentiments. Il semblait à Pansy qu’il fallait être une sacrée mauviette pour refuser de coucher avec elle parce qu’il n’y avait pas de sentiments entre eux. Et c’était le cas, il n’y en avait pas. Non, Pansy n’était pas amoureuse de lui. Elle n’était pas jalouse de toutes les femmes qui posaient les yeux sur lui, ni de celles qui osaient lui parler, et encore moins de celles qui avaient l’indécence de le toucher. Non, elle n’était pas apaisée dès qu’il était à ses côtés, et elle ne trouvait pas une paix qu’elle n'avait jamais connue dès qu’elle le sentait tout près. Non, elle n’espérait pas qu’il la trouvait belle ou intéressante, elle ne passait pas tout son temps à se répéter en boucle les interactions qu’ils avaient eues, et elle ne s’endormait pas en fantasmant d’un avenir où il perdrait le contrôle pour elle, et pour elle uniquement. Non, Pansy n’était pas amoureuse de lui. Son ego était simplement profondément blessé d’avoir été rejetée par un homme et d’avoir été ridiculisée de la sorte. Elle ne savait même pas que cela existait, des hommes qui refusaient de coucher alors qu’on leur offrait leur chance sur un plateau. Oui, c’était tout. Pansy était simplement profondément blessée dans son ego.
Alors bien sûr, cela n’avait rien à voir avec de potentiels sentiments lorsque Granger était venue au manoir suite à la décision de Drago qu’elle puisse s’entraîner avec eux de temps en temps et qu’elle s’était retrouvée avec l’enfoiré de fantôme et elle. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec de potentiels sentiments lorsque son sang avait bouillonné dans ses veines lorsque Theodore avait posé ses doigts autour du poignet de Granger pour la conseiller sur la façon de tirer dans sa magie. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec de potentiels sentiments lorsque sa respiration s’était faite plus lourde lorsqu’elle l’avait vu sourire à cette putain de pimbêche qui ne pouvait pas se satisfaire de l’un d’entre eux. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec de potentiels sentiments lorsque sa mâchoire s’était violemment contractée lorsqu’elle avait constaté de la douceur que le fantôme avait dans les yeux quand il regardait la connasse pour laquelle elle était morte. Et bien sûr, cela n’avait rien à voir avec de potentiels sentiments et encore moins avec de la jalousie lorsqu’elle avait lancé un expelliarmus violent dans le dos de la Gryffondor lorsque cette dernière avait un peu trop rit aux mots du fantôme à son goût. Granger avait été propulsée sur le sol lorsque Theodore s’était retourné vers Pansy, ses lèvres pincées et son regard aux allures amusées, bien que choquées.
- Quoi ? provoqua Pansy en levant les sourcils vers lui. Moi aussi j’veux jouer, haussa-t-elle insolemment les épaules.
Pansy n’avouerait jamais qu’elle avait adoré la façon dont il avait royalement ignoré la Gryffondor toujours sur le sol, sonnée, lorsqu’il avait constaté qu’elle n’appréciait pas d’être laissée de côté à son profit. Elle n’avouerait jamais non plus qu’elle avait adoré comment un sourire en coin avait étiré ses lèvres, ni comment elle avait aimé la lueur qui avait brillé dans les yeux du fantôme comme s’il aimait cela. Elle n’avouerait jamais tout cela parce que désormais, elle le détestait purement et simplement. Elle s’était mise à nue devant lui, et il l’avait ridiculisée.
Le fantôme s’approcha d’elle, visiblement sur le point de lui dire quelque chose, certainement de la réprimander pensait-elle, mais elle ne lui en laissa pas l’occasion. La colère continuait d’activer son corps quand elle pesta, l’air mauvais :
- C’est un peu minable de vouloir se taper la meuf de son meilleur pote, tu trouves pas ?
Elle lui cracha ces mots au visage assez bas pour que la Gryffondor ne puisse pas les entendre. Un large et plein sourire se dessina sur le visage illuminé de Theodore, ses dents parfaitement blanches et alignées se dévoilant à elle. Pansy n’avouerait jamais non plus l’effet que cela lui faisait, lorsqu’il souriait pleinement, que ses yeux se plissaient, et que ses fossettes se creusaient. Il pencha le haut de son corps vers elle pour chuchoter à son oreille :
- Ça te va bien de me regarder comme ça, Parkinson.
- Comme quoi ? défia une Pansy à la moue pincée, ses bras désormais clos sur sa poitrine.
Le fantôme se recula pour pouvoir la regarder, son énorme sourire ne parvenant pas à s’effacer de son visage. Il sembla prendre le temps de déguster la vision qu’elle lui offrait, son énervement évident sur son visage ainsi que dans la position de son corps. Il avait l’air d’adorer cela, et elle, elle détestait ce constat, parce que malgré tout, il ne la voulait pas.
- Comme si tu pensais vraiment que t’avais des raisons d’être jalouse, ronronna-t-il tout bas de sa voix suave qui laissait Pansy pantelante.
Elle n’eut pas le temps de défendre le peu d’honneur qu’il lui restait en l’insultant qu’il s’en alla. Et Pansy ne vit pas qu’alors que Theodore s’éloignait d’elle et de Granger, il avait sur le visage le plus beau et grand sourire qu’il n’avait eu depuis des mois. Et elle ne sut pas non plus qu’alors qu’il la laissait plantée là, le sang bouillonnant dans ses veines de rage, le cœur de Theodore battait insolemment la chamade dans son poitrail, parce que la chose qu’il désirait plus que tout au monde, c’était elle. Ce soir-là, Theodore s’endormit le sourire aux lèvres.
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Bisous baveux que Pansy et Theo n'ont pas échangé,
Liv