Dollhouse
J’avais puisé en Ragnar la force qu’il me fallait pour que nous nous rendions au Quartier Général alors que le jour se levait lentement. Trop faible pour le faire moi-même, j’avais encore puisé en son énergie lorsque j’avais appuyé sur ma Marque pour appeler le Seigneur à moi une fois devant la cage de Theodore dans laquelle il était toujours tordu de douleur. Je ne le regardais pas, je devais être aussi stoïque que possible pour pouvoir le ramener à la maison. C’était mon objectif, et je ne me laisserai pas en être détourné par mes propres sentiments. Il était fort pour moi, et c’était à mon tour d’être fort pour lui. Il n’y avait pas d’autre option. J’allais le ramener à la maison.
Le Seigneur des Ténèbres ne me fit pas attendre. Dans l’ombre sombre du cachot dans lequel Theodore était retenu prisonnier, un bruit d’apparition retentit, et avec lui un nuage de fumée noire se répandit avant que Voldemort ne se matérialise devant moi. Je n’étais pas même effrayé, pas en ce qui me concernait moi tout du moins. J’étais venu seul, mais je savais qu’il pourrait y avoir des conséquences sur Theodore si je me montrais insolent, ou encore trop suppliant. Voldemort n’aimait pas les démonstrations ostensibles de faiblesse, et je m’y étais déjà trop adonné la dernière fois que je m’étais trouvé face à lui. Lorsqu’il se trouva matériellement devant moi, le Seigneur des Ténèbres leva haut son menton pointu et sembla me humer des fentes qui représentaient ses narines. Ses deux yeux rouges menaçants brillaient surnaturellement dans le noir profond du cachot. Je me tenais droit devant lui, soutenant son regard avec le plus d’impassibilité possible. Il allait me rendre mon frère aujourd’hui. Je ne repartirai pas sans lui.
- Drago, que me vaut cette sommation matinale ? m’adressa-t-il de sa voix stridente qui n’était rien d’autre qu’un murmure effrayant digne d’un serpent.
- J’ai une requête à vous formuler, Maître, déclarai-je formellement, mes mains nouées dans mon dos tel le soldat que j’étais.
- Mh, accusa-t-il simplement.
Il me sonda de ses pupilles rouges un instant. Je ne bronchai pas, et je ne me montrais pas non plus intimidé. Je ne l’étais pas. Il allait me rendre mon frère.
- Tu as mauvaise mine, observa-t-il avec une satisfaction qu’il ne cachait pas.
Je baissai le visage vers lui un instant.
- J’en suis désolé, mon Seigneur.
Il m’inspecta encore en silence, l’ambiance glaciale et électrique entre nous. Le silence qui s’abattait sur nous n’était entre-coupé que des faibles gémissements plaintifs de Theodore à côté de nous. Finalement, il le rompit à nouveau :
- J’ai entendu parler du désastre que tu as causé sur ces villages moldus l’autre nuit. A vrai dire, le monde entier en a entendu parler, nuança-t-il doucement.
Je demeurai droit devant lui, le visage à nouveau relevé à son encontre, silencieux tandis que j’attendais la suite.
- J’ai apprécié de constater que tu étais encore capable de faire une démonstration de force digne de mon nom, seul, m’accorda-t-il ensuite. Je t’écoute, m’offrit-il alors après un court silence.
Je ne me laissai pas impressionner, et saisissait là mon opportunité pour exposer le plan que je venais de concocter pour avoir un prétexte afin de récupérer Theo :
- Je projette de me rendre à Poudlard dans les plus brefs délais pour y assiéger mon autorité en tant qu’aspirant Grand Intendant, déclarai-je formellement. Je souhaite qu’il soit aussi clair pour l’Angleterre que pour les autres pays que vous détenez la supériorité sur eux, et en ce sens je veux recruter des soldats au sein de l’école de magie. Il me semble que ses étudiants y ont été en sécurité assez longtemps, quand bien même c’est Severus Rogue qui en a les rênes désormais, amenai-je plus explicitement. Je suis certain qu’il y a en son sein des étudiants capables de magie qui seraient ravis de pouvoir combattre pour vous, et je compte aller les y chercher en y appuyant votre dominance.
Une sorte de sourire élargit la fente de ses lèvres alors qu’il ne me lâchait pas des yeux tandis que j’enchaînais sans tarder :
- Pour cela, j’aurai besoin de Theodore Nott, déclarai-je sans flancher. Il est aujourd’hui sans conteste l’un de vos plus coriaces soldats, et je ne sous-estime pas les sorciers et sorcières, notamment parmi les professeurs, qui pourraient se soulever devant ma prise d’étudiants au sein de leur ancienne école qu’ils pourraient être tentés de protéger. Alors, afin de pouvoir mener à bien cette nouvelle mission si vous m’y autorisez, je souhaiterais pouvoir récupérer Theodore Nott, qui aura sans aucun doute besoin de se reposer un temps avant de pouvoir reprendre du service, et ainsi pouvoir mener cette mission dans les plus brefs délais pour le plus grand bien de votre armée, argumentai-je aussi froidement que possible.
Un lourd silence s’abattu après mes derniers mots, et il m’analysa encore. A son image, je ne prononçais plus le moindre mot non plus. Je savais qu’il ne supportait pas les personnes qui se confondaient en explication. J’avais dit ce que j’avais à dire sans avoir besoin d’insister sur les points essentiels en le prenant pour un débile, à savoir que plus il tarderait à me le rendre, plus la mission serait remise à plus tard, ce qui ne lui serait pas profitable à lui. Pour gagner cette guerre il fallait pouvoir la mener, et il le savait très bien. Alors je ne me défilais pas à son regard, et je ne laissais pas la peur m’envahir. Il allait me le rendre.
- Tu as du cran Drago, je ne peux pas te l’enlever, déclara-t-il enfin, quelque chose brillant au fond de ses yeux qui me sondaient. Ton père en manquait. Très bien, acquiesça-t-il finalement tandis que je retenais mon souffle de retomber, je consens à cette nouvelle mission, et pour ce faire j’accepte de te rendre Theodore. Je ne suis pas certain qu’il aurait supporter de rester dans la cage bien plus longtemps de toute façon, sourit-il en tournant les yeux vers mon frère un instant. Tu ferais cependant bien de le tenir en laisse, je ne laisserai plus de tels affronts impunis, ni de sa part, ni de la tienne, menaça-t-il ensuite vers moi.
Je m’inclinai devant lui, retenant les battements frénétiques de mon cœur. J’allais le récupérer, c’était désormais certain.
- Merci, mon Seigneur, pour votre générosité.
- Si tu vas à Poudlard et que tu m’en ramènes des soldats, je te ferai officiellement Grand Intendant, déclara-t-il alors ensuite. Tu m’as démontré la pertinence de tes stratégies à plusieurs reprises ces derniers mois au travers de tes initiatives, et la force de ta cruauté ainsi que celle de tes ambitions ne passent pas inaperçues Drago, me complimenta-t-il soudain. Ne me déçois plus. Tu sais ce qu’il se passera si cela venait à être le cas, trancha-t-il tout de même.
Je m’inclinai à nouveau devant lui.
- Je ne vous décevrais pas, Maître, promettais-je, baissé devant lui.
- Mh, accusa-t-il simplement.
D’un simple mouvement de sa main, la cage se suréleva dans les airs avant de disparaître du cachot. Je retenais mon soupir de soulagement ainsi que les larmes qui montaient en moi. C’était finit. C’était terminé. Ce cauchemar était terminé. Il allait rentrer à la maison, auprès de moi.
Lentement, le Seigneur des Ténèbres s’avança vers Theodore qui demeurait en position fœtale sur le sol. Il respirait difficilement, et ses yeux étaient toujours fermés, mais je pouvais sentir sa conscience. Du bout de son pied nu, Voldemort bouscula le visage de Theodore vers lui. Avec une lenteur incroyable, les yeux de mon frère s’ouvrirent à nouveau. Je me retenais de tomber à genoux sur le sol de toutes les forces qu’il me restait. Il était là. C’était fini.
- Ça y est, tu as compris maintenant ? lui adressa Voldemort avec un sourire sadique, le surplombant de toute sa hauteur.
Theodore toussa difficilement, un filet de sang s’étalant sur ses lèvres avant de tomber sur le sol du cachot sur lequel il était toujours. Tout doucement, il leva les yeux vers Voldemort. Ses lèvres tâchées de sang étaient entre-ouvertes alors qu’un souffle saccadé en sortait encore difficilement. Il rencontra ses yeux, et soudain, un large sourire s’étala sur son visage épuisé. Ses dents, elles aussi tâchées de sang, se dévoilèrent à Voldemort.
- Vous vouliez un monstre, chuchota-t-il d’une voix aussi basse que rauque.
Son sourire ensanglanté s’élargit vers son bourreau.
- Vous vous en êtes trouvé un, déclara-t-il avec tout ce qu’il restait de force en lui.
Voldemort le regarda avec une moue de dégoût ancrée sur le visage, et doucement, il chuchota vers lui à son tour, quelque chose de languissant au fond de sa voix :
- Ne me force pas à te tuer Theodore. Ce serait bien trop dommage de gâcher autant de talent à cause de ton insolence.
Theodore cracha à nouveau du sang, ses yeux se fermant sous la toux qui lui infligeait sans nul doute de nouvelles douleurs. Le Seigneur des Ténèbres se retourna vers moi, ses yeux désormais froidement menaçants rivés sur moi tandis que je redressai mon dos devant lui.
- Ne tarde pas à remplir ta nouvelle mission, m’ordonna-t-il avant de disparaître.
Je m’écroulais devant Theodore, mes mains touchant frénétiquement son corps comme si elles ne pouvaient pas croire qu’il était à nouveau à leur portée. Les larmes coulèrent sur mes joues sans que je ne les contrôle alors que je retrouvais son contact et la chaleur de son corps encore tremblant. Le mien aussi, tremblait encore. Il gardait ses yeux fermés, mais il souriait tendrement.
- C’est fini, chuchotai-je alors à travers mes larmes. C’est fini j’te ramène à la maison, sanglotai-je de l’intense soulagement qui s’abattait violemment sur moi.
Mon corps était encore en état de détresse, et le sien aussi, mais l’état d’alerte qui poussait son corps à m’appeler était levé. L’activation accrue redescendait. Je pouvais respirer profondément. Je pouvais respirer… Et je pouvais le toucher. Je prenais ses mains des miennes, tremblantes.
- Je suis là, murmurai-je sans pouvoir cesser de pleurer.
- Je sais, chuchota-t-il alors en retour, ses yeux s’ouvrant difficilement vers moi.
Avec tout ce qu’il lui restait de force, je le savais, il serra ma main en une légère pression. Ses yeux incroyablement bleus plus cernés que je ne les avais jamais vus s’enfoncèrent dans les miens. Il me souriait tendrement.
- Je sais, répéta-t-il tout doucement.
J’acquiesçai alors que mon visage se contractait d’une nouvelle vague de sanglots qui menaçait de s’abattre sur moi. Je devais le ramener à la maison, je ne pouvais pas m’épancher ici. Il fallait que j’utilise le peu de forces qu’il me restait pour le sortir de là, parce que l’activation de mon corps allait bientôt retomber et lorsque ce serait le cas je savais que je serais sonné pour un certain moment. Alors j’acquiesçai frénétiquement, et je ne me laissai pas me reposer avant de l’avoir ramené à la maison. Je passai délicatement son bras droit autour de mes épaules, et alors qu’il grognait de douleur, je le soulevais du sol pour le porter contre moi jusqu’à atteindre la sortie de la grotte en ignorant les douleurs de mon propre corps.
Lors du vol de Ragnar pour rentrer au manoir, je tenais Theodore contre moi comme si ma vie en dépendait, parce que c’était le cas. Je le serrai contre moi de toutes mes forces, m’assurant qu’il restait là, bien contre moi. Il me semblait que le sentir juste là, juste contre mon corps apaisait doucement mes douleurs les plus vives. C’était terminé. C’était bel et bien terminé. Une nouvelle larme perla sur ma joue face à ce constat et au contact incessant de son corps contre le mien. C’était fini. Il rentrait à la maison, je le ramenai. J’avais réussi à le faire libérer. Tout irait bien désormais. Et Voldemort paierait son erreur en perdant cette Guerre, cela m’apparaissait désormais comme certain. Je ne pouvais plus lui laisser autant de pouvoir sur sa vie, peu importait les risques à prendre tant que Theo irait bien. Si j’avais précédemment accepté l’alliance avec Granger pour mes amis et seulement pour eux, ma motivation était désormais bien plus intrinsèque vis-à-vis de cette alliance. Il s’en était pris à la mauvaise personne, et il m’avait rappelé en ce faisant que s’il l’emportait, il pourrait à tout moment décider de me prendre mon frère sans le moindre avertissement. C’était absolument hors de question. J’allais nous délivrer, nous ne lui resterions pas prisonniers.
Theodore avait alterné entre la conscience et l’inconscience lors du vol de mon dragon, et il avait à nouveau ouvert les yeux lorsque Ragnar s’était posé aussi près que possible de la porte d’entrée du manoir. Passant encore son bras gauche autour de mes épaules et mes mains fermement ancrées sur ses hanches, je le soutenais alors qu’il claudiquait difficilement jusqu’à l’entrée. Dès que j’ouvrais la porte à la volée d’un coup de coude sans m’autoriser à réduire ma prise sur Theo, Blaise et Pansy arrivèrent dans l’entrée. Nous pénétrions ensemble, claudiquant faiblement, et je nous arrêtais là un instant alors que nos deux amis se tenaient devant nous.
Je savais qu’il fallut à Theodore toute la force qu’il lui restait pour relever le visage et le porter face à eux. Les yeux de Blaise étaient plus brillants que d’ordinaire lorsqu’il le regarda avant de lui sourire :
- Putain, même là t’es pas moche mon salaud, l’accueilli-t-il alors qu’un sourire illuminait le visage en piteux état de mon frère.
Du sang séché logeait sous son nez, et un filet de sang frais tombait de ses lèvres sur son menton. Theodore pouffa de rire, mais cela se transforma rapidement en une toux.
- Bienvenu chez toi chef, chuchota ensuite Blaise avec plus de tendresse.
Les yeux de Theo se reportèrent sur Pansy, qui se tenait face à lui. Ses bras frêles étaient fermement croisés sur sa poitrine, ses sourcils froncés en une moue colérique. C’étaient les larmes naissantes dans ses yeux verts rivés tout droit sur lui qui trahissaient ce qu’elle ressentait vraiment cependant. En silence, Theodore la laissa le regarder, et il fit de même tandis que je le supportais de tout son poids contre moi. Je savais qu’il constatait de son poids, des battements de son cœur et des cernes proéminentes sous ses yeux. Soudain, les bras de Pansy se décroisèrent et elle envoya, bien que de façon très contrôlée et aussi douce que possible, sa main dans le visage de Theodore en une baffe pour le réprimander. Sa baffe n’était pas assez forte pour que mon frère tourne son visage de l’autre côté, mais il tangua un peu néanmoins, ce fait attestant d’à quel point il n’avait plus la moindre force. Il lui sourit sans la quitter des yeux, elle et les larmes qui naissaient dans son propre regard. Elle croisa à nouveau ses bras sur sa poitrine.
- T’étais inquiète ? perça alors la voix basse et faible de Theo, son sourire ne quittant plus son visage amoché.
- Non, mentit-elle sèchement, ses sourcils toujours aussi froncés sur son front.
Le sourire sur les lèvres pleines de Theodore s’agrandit encore, dévoilant ses dents tâchées de son sang. Il fit un pas tremblant vers elle, et je l’accompagnais. Il avança son visage à côté de celui de Pansy qui ne broncha pas, et il chuchota doucement à son oreille :
- Ça te va bien, de lever des yeux pleins de larmes vers moi.
Je savais qu’il essayait de dédramatiser la situation, et de montrer par-là à Pansy qu’il allait bien, si l’on pouvait réellement dire cela. Parce que ce que je savais pour sûr, c’était qu’il détestait plus que tout au monde voir des larmes dans les yeux de sa bien-aimée.
D’une seule main sur son torse, Pansy le poussa à reculer, ses yeux pleins de larmes toujours levés haut vers lui. Theodore fit un pas en arrière, mais il envoya son bras droit devant lui avec tout ce qu’il lui restait, et attrapa l’arrière du crâne de Pansy. Plus aucun sourire joueur ni taquin n’adornait son visage quand il l’attira contre lui tandis qu’elle demeurait immobile. Il prit une profonde inspiration, ses yeux fermés alors qu’il s’autorisait à remplir ses narines de son odeur. Il embrassa ensuite le front de Pansy, qui elle aussi avait fermé ses yeux, puis il chuchota tout contre ses cheveux :
- Je vais bien.
Quand il la lâcha ensuite, Pansy ne recula pas pour se décoller de lui. Elle leva simplement ses yeux rouges plus haut vers lui et ordonna aussi froidement qu’elle le pu :
- Va te reposer.
Une nouvelle fois, il lui sourit tendrement.
- Oui madame, chuchota-t-il de sa voix au timbre enroué.
J’avais accompagné Theodore jusqu’à sa chambre, et alors qu’il s’était allongé dans son lit j’avais sommé Mint de lui prodiguer les premiers soins. Blaise et Pansy étaient restés dans l’encadrement de sa porte un moment pendant que je me tenais debout à côté de son lit, analysant les gestes et la magie de Mint pour m’assurer que l’état de mon frère ne s’aggravait pas. Il n’avait pas de plaies particulières sur le corps, les dommages étaient à l’intérieur. J’avais demandé à nos amis de sortir quand je l’avais délicatement déshabillé pour passer un gant de toilette sur son corps afin de le nettoyer avant qu’il ne comate pendant de probables très longues heures, et moi de même. Je voulais m’assurer qu’il serait en aussi bon état que possible. J’avais donc passé un gant de toilette humide et chaud sur lui, nettoyé le sang sur son visage pendant qu’il avait déjà fermé les yeux et sombré dans un profond sommeil pour la première fois depuis trop longtemps, délivré des douleurs insupportables. Son visage avait l’air plus paisible. Je gardais moi-même difficilement les yeux ouverts en ce faisant, son calme et la profondeur de sa respiration m’apaisant à mon tour. Il était rentré, c’était terminé. Lorsque Mint eut terminé les soins et que j’eus moi-même fini de nettoyer son corps, je recouvrais son corps de sa couverture, et m’autorisai à m’agenouiller à côté de son lit.
Je laissai mon visage reposer sur son lit, tourné vers lui. Je le regardai un instant tandis que mes yeux me piquaient. Il était là, et il était en vie. Ma main droite tenait sa main gauche en une prise rassurante pour moi bien plus que pour lui, déjà emporté dans des songes que j’espérai plus tranquilles désormais. Une larme de soulagement perla sur ma tempe, ses respirations profondes me berçant à mon tour. Il était rentré. La chaleur de sa main dans la mienne, j’embrassai en un baiser le dos de sa main qui reposait dans la mienne. Oui, il m’était revenu. Je me promettais que c’était la dernière fois. La dernière fois qu’il me serait pris. La dernière fois qu’autant de mal lui serait fait. La noirceur en moi ne le permettrait pas une nouvelle fois. Un avenir différent s’offrirait à nous, cela je m’y engageais. Je lui offrirais une vie qui méritait d’être vécue, à lui et à tous ceux que j’aimais. J’étais en position de le faire, et je le ferai. Il ne me quitterait pas. Peu importait ce qu’il se passerait, je n’autoriserai rien ni personne à me le prendre. Peu importait ce que j’aurais à faire pour m’en assurer. Mon corps se réchauffa enfin, la chaleur de sa main vibrant dans la mienne. Son corps ne m’appelait plus. J’étais délivré de ma nausée, de mon hyperventilation et des battements frénétiques de mon cœur. Mes yeux se fermèrent lentement à leur tour, mon corps trouvant finalement un apaisement serein.
J’ouvrais difficilement les yeux de probablement longues heures plus tard. Ils me brûlaient toujours. Une lumière orangée piquait mes rétines. Vu l’éclairage, je supposai que la nuit allait bientôt tomber à nouveau. Je sentis alors la raideur de ma nuque tandis que mon visage reposait toujours sur le matelas de Theodore face à lui. Je clignais des yeux pour ajuster ma vision. Son propre visage était tourné vers moi, sur le sol de sa chambre toujours agenouillé pour rester près de lui. Ses somptueux yeux bleus étaient ouverts, il me regardait déjà, une tendresse sans pareille brillant dans ses yeux toujours fatigués. Il avait désormais au niveau de son nez qui avait saigné un imposant bleu presque noir qui le recouvrait. Il me sourit d’un de ces sourires incroyablement fatigués, mais d’une sincérité sans pareille. Mon cœur se réchauffa encore un peu. Oui, il était bien là. Tout allait bien. Je relevai doucement le visage et faisait craquer ma nuque douloureuse de la position inconfortable dans laquelle j’avais dormi. Je constatais que nos mains étaient toujours liées.
- Comment tu te sens ? lui demandai-je doucement d’une voix encore endormie.
Il ne perdit ni son sourire, ni la tendresse dans ses yeux. Ses paupières clignaient encore trop lentement pour avoir assez dormi, lui aussi.
- Ça va, me répondit-il de la même voix enrouée. Et toi ?
- Ça va, chuchotai-je en retour.
Oui, ça allait. Il était revenu. Il était là.
- Et mentalement ? me demanda-t-il avec une inquiétude dans sa question qu’il ne pouvait pas me dissimuler.
Je lui souriais en retour. Il savait parfaitement bien ce que son absence m’avait fait, je n’avais pas besoin de l’élaborer auprès de lui. Il me connaissait assez, moi et toutes les parties les plus sombres de moi, pour déjà savoir.
- Ça va mieux, lui accordai-je sincèrement.
Il n’explora pas plus loin que cela. Je passai ma main libre dans ma nuque en la massant doucement sans m’autoriser à lâcher la sienne. Je le regardai, lui et la façon dont il me regardait en retour, ce frère que j’avais été terrorisé de perdre. Je me rappelai ce que j’avais trouvé en lui. Un sourire joueur aux lèvres, je lui lançai :
- Alors comme ça tu dormais contre moi quand personne ne regardait ?
Doucement, il pouffa, son torse nu sursautant en ce faisant.
- Qu’est-ce que tu veux, tu me faisais déjà beaucoup d’effet, me sourit-il de sa voix matinale.
Je lui rendais la tendresse sans pareille de son sourire. Il m’était difficile de mettre en mots ce que ce constat me faisait, au plus profond de moi. Je me demandais si je me rendais réellement compte de l’importance que j’avais eue pour lui, dès le début de notre relation. Son sourire devint plus sérieux quand il explicita doucement :
- Tu étais chaleureux. Je ne savais pas ce que c’était, la chaleur de quelqu’un en qui on a confiance contre soi.
Le regard que je posai sur lui était à la fois emplit de tristesse et d’amour. Après toutes ces années, je ne parvenais toujours pas à concevoir comment il était possible de faire du mal à l’enfant qu’il avait été. Je ne l’avais jamais compris, et je savais que je ne le comprendrais jamais. Il n’avait rien mérité de toute cela. Je lui souriais avec une tendresse démesurée.
- Fais-moi une place, murmurai-je chaleureusement.
Nos mains se séparèrent finalement alors qu’il se décalait dans son lit aussi difficilement que je relevais mon corps endoloris. J’ouvrais sa couette, et me faufilait à ses côtés. Je me laissai reposer confortablement dans la chaleur de ses draps et me tournait vers lui, passant un bras autour de lui alors que j’inspirai son odeur, et laissai mes yeux se fermer une nouvelle fois.
- Je suis désolé, chuchota-t-il alors.
- Chut, murmurai-je sans ouvrir mes yeux. Si tu pouvais juste essayer d’arrêter de tuer la moindre personne qui cherche la merde avec Pansy, souris-je alors, ça m’arrangerait.
Je pouvais déceler le sourire dans sa voix quand il me répondit doucement :
- Je vais essayer.
Et quelques minutes plus tard, nous retrouvions un sommeil apaisé l’un contre l’autre.
Un nouveau jour était largement entamé lorsque j’ouvris les yeux, me sentant cette fois déjà bien plus reposé. C’étaient les grondements de mon ventre affamé qui m’avaient réveillé. Je ne savais pas quand était la dernière fois que j’avais mangé. Faisant écho au mien, le ventre de Theodore que je tenais toujours contre moi grondait également. Lorsque je me détachais de lui pour me lever, il se réveilla à son tour.
Quand bien même il était également bien plus reposé, je l’aidais à se lever, son corps encore trop endolori pour fonctionner de façon complètement autonome. Je l’habillais d’un peignoir avant de l’aider à descendre dans la salle à manger. Il était apparemment l’heure du dîner, la table à manger était pleine et Blaise et Pansy y siégeaient déjà. J’asseyais Theo en bout de table avant de prendre ma propre place.
- Belle gueule champion, sourit Blaise vers Theo, la lueur joueuse dans ses yeux brillant chaleureusement.
L’imposant bleu qui s’étalait sur le nez de mon frère attestait de ce qu’il avait traversé sans laisser d’équivoque.
- Il est toujours plus beau que toi, rétorquai-je vers lui avec le même sourire, désormais de bien meilleure humeur que ces derniers jours.
- Eh, le mec qui le prend en cuillère on se passera de ton avis sur la question, me lança-t-il en levant un doigt accusateur vers moi.
Mon sourire s’élargit vers lui alors que je servais de l’eau dans le verre de Theodore avant de remplir le mien :
- Jaloux, Zabini ?
- T’imagines même pas à quel point enfoiré, me renvoya-t-il avec un faux regard noir.
Je pouffais avant de servir l’assiette de Theodore de deux tranches de rôti de bœuf.
- C’est bon les fragiles là ? coupa alors Pansy en soupirant.
Blaise se leva en faisant grincer sa chaise et me somma de l’imiter d’un geste de sa main :
- Attends vas-y viens-là, m’ordonna-t-il alors qu’il se positionnait à côté de Theodore en bout de table.
Je me levai difficilement, et lorsque j’arrivai à côté de Theo il me força à me baisser à son niveau d’une main appuyée sur mon épaule.
- C’est qui l’plus beau ? demanda-t-il alors en regardant Pansy.
Elle leva un sourcil circonspect vers lui.
- T’es pas sérieux là ? se moqua-t-elle avec le dédain qui lui était caractéristique.
- Un peu qu’j’suis sérieux ! s’exclama-t-il en me maintenant baissé à côté d’un Theodore qui riait doucement.
Une moue de dégoût décora le visage de Pansy alors qu’elle regardait son meilleur ami.
- Mais t’es quel genre de pétasse insécure Zabini ? pesta-t-elle alors.
- Vas-y réponds là ! força-t-il encore.
Pansy baissa finalement les yeux sur son assiette alors qu’elle marmonna :
- Vous êtes tous laids avec vos vieilles gueules cernées.
- Menteuse, pouffa Blaise.
Blaise et moi nous relevions quand je vis les yeux de Pansy se lever discrètement de son assiette pour lancer un regard en coin furtif vers Theodore, regard qu’elle baissa à nouveau dès qu’elle vit qu’elle avait été prise sur le fait. Ce dernier sourit légèrement devant ce geste, conscient de ce que cela signifiait.
Alors que je rejoignais ma place, Blaise tira la chaise de Theodore et s’assit sur les genoux de ce dernier tandis que Theo grognait faiblement de l’inconfort de ce geste. Notre ami prit la fourchette de Theo, et piqua un bout de rôti qu’il amena jusqu’à sa bouche qui demeurait fermement close. Theodore le regardait avec un air blasé qui était proprement hilarant. Blaise força le bout de viande contre les lèvres de Theo qui ne s’ouvrirent toujours pas.
- Fait aaaaahhhhhh, l’encouragea alors Blaise en ouvrant grand la bouche.
Résigné, Theodore finit par entre-ouvrir les lèvres, trop faible pour le repousser de lui en cet instant, et Blaise fit glisser le morceau de viande dans sa bouche. Theodore le mâcha sans grand entrain tandis que Pansy et moi nous moquions joyeusement d’eux.
- Voiiiilà, se satisfit Blaise, une cuillère pour papa !
Il piqua une pomme de terre ronde dans l’assiette de Theodore et l’amena encore à sa bouche.
- Une cuillère pour maman, continua Blaise tandis que Theodore prenait cette pomme de terre.
Le regard noir que mon frère posait sur lui était tout simplement à mourir de rire. Il mâcha la pomme de terre un moment avant d’entre-ouvrir ses lèvres et de cracher sa pomme de terre prémâchée au visage de Blaise. Avec un mouvement de recul et une moue proprement choquée, Blaise s’indigna tandis que Theo souriait fièrement :
- Bah voilà c’qu’on récolte quand on s’occupe de son bébé !
Il se releva des genoux de Theodore et reprit sa place en essuyant son visage de sa serviette de table.
- Sale gosse ingrat, pesta-t-il tandis que nous rions tous.
J’avais attendu la fin du repas, nous autorisant à profiter de la présence paisible des uns et des autres avant de poser la question qui trottait dans mon esprit depuis que j’avais récupéré Theodore :
- Est-ce que vous êtes toujours ok pour faire alliance avec Granger ?
Je ne savais pas quel effet la capture de Theodore avait eue sur eux, et si cela avait pu affecter de quelque manière que ce soit leur décision à ce sujet. Autant que je le sache, cela aurait pu tout aussi bien les terroriser, et les faire changer d’avis. Pour ma part, j’étais à nouveau en état de travailler, tout du moins administrativement parlant, et je n’avais toujours pas annoncé officiellement la nouvelle à la principale intéressée. Pansy pouffa en relevant les yeux vers moi :
- Plus encore qu’hier.
- Pareil, renchérit un Blaise soudainement plus sérieux.
Je tournais les yeux vers Theodore pour lui retourner la même question. Il ne me répondit pas en mots, levant simplement ses sourcils vers moi pour me démontrer à quel point le fait de lui poser cette question était con. Je lui souriais et acquiesçai en réponse.
- Je vais essayer de la faire venir ce soir pour lui en faire part, leur annonçai-je alors.
Les regards joueurs et inquisiteurs des trois protagonistes qui se levèrent vers moi me força à lever les mains vers eux pour les arrêter dans leur élan :
- Je vous arrête tout de suite, je parle de taffe, appuyai-je fermement.
Blaise pouffa, mais il m’épargna cette fois-ci, probablement parce que la dernière scène dont lui et Pansy avaient été témoins avec elle ne laissait pas de place à la plaisanterie.
Je leur apprenais ensuite que la prochaine mission pressante qui nous incomberait dès que nous serions tous en état serait celle de se rendre à Poudlard pour recruter, et que suite à cela Voldemort me ferait officiellement Grand Intendant. Cette nouvelle changea drastiquement l’ambiance dans la salle à manger, tous devenus soudainement tendus, mais après tout ce n’était plus qu’une question de temps avant que cela n’arrive, et ils en étaient tous aussi conscients que moi. Alors ils avaient tous fini par acquiescer et accepter cette nouvelle réalité qui ne pourrait, à terme, que nous rapprocher de la liberté.
J’avais donc contacté Granger après notre repas au travers de notre carnet, et lui avait demandé si elle pouvait venir au manoir ce soir-là. Comme je m’y attendais, elle m’assura sa venue, simplement pas l’heure de celle-ci. Je savais qu’elle ne pouvait venir que lorsque toutes les personnes autour d’elles auraient trouvé le sommeil pour ne pas être soupçonnée, ou questionnée à ce sujet. J’avais remonté Theo pour qu’il se couche à nouveau en l’attendant, profitant de tout le repos qu’il pouvait s’offrir pendant que je jouais aux cartes dans le salon avec Blaise et Pansy pendant plusieurs heures.
- Comment il va ? me demanda alors Pansy sans lever les yeux de ses cartes entre ses longs doigts fins.
Je souriais au fait qu’elle me demandait cela à moi, et non pas à lui. Je souriais également au fait qu’elle n’avait pas le courage de rencontrer mes yeux en me dévoilant son inquiétude. Blaise, lui, me regardait avec un sourire ravi sur ses lèvres, mais il ne s’autorisa pas un traître mot.
- Il a encore besoin de repos, mais il va bien, lui accordai-je alors avec tendresse.
Pansy ne leva toujours pas les yeux vers moi, elle acquiesça simplement en silence. Sur un ton plus léger, Blaise ajouta à l’intention de sa meilleure amie visiblement concernée par l’état de notre ami :
- C’est un monstre ce type, il en faut plus que ça pour le briser.
Je souriais à la véracité satisfaisante qui transpirait dans ces mots, et décidait de la rassurer encore en ajoutant avec une fierté que je ne pouvais ni nier, ni cacher :
- Ouais, c’est ce qu’il a dit à Voldemort quand il l’a libéré.
Blaise ouvrit des yeux ronds vers moi tandis que j’acquiesçai vers lui pour confirmer ce que je disais-là.
- J’te jure, appuyai-je alors, il venait de lui enlever la cage et Theo a tourné le visage vers lui quand il lui a demandé s’il avait enfin compris, et cet enfoiré il lui a carrément sourit et il lui a sorti « vous vouliez un monstre », exagérai-je une voix grave qui tentait pauvrement d’imiter celle de mon frère, « vous vous en êtes trouvé un ».
- Mais ferme ta gueule ! s’extasia Blaise avec un immense sourire en frappant sa cuisse d’incrédulité.
- J’te jure ! acquiesçai-je encore frénétiquement.
Un sourire en coin profondément satisfait qu’elle ne pouvait cacher adornait le visage soulagé de Pansy qui ne rencontrait toujours pas mes yeux tandis que Blaise hurlait à cette confession.
Nous étions encore en train de jouer aux cartes lorsque nous entendirent la porte d’entrée s’ouvrir. Pansy souffla de soulagement alors que notre invitée ne nous était toujours pas visible :
- Putain, j’ai cru que ça allait encore durer des heures la connerie, soupira-t-elle avant de se laisser s’enfoncer dans le canapé.
- T’en avais marre de perdre ? rétorqua Blaise en lançant les cartes qu’il tenait dans sa main sur la table basse.
Elle pénétra dans le salon à cet instant, connaissant désormais le chemin, et pouvant entrer et sortir du manoir à sa bonne volonté comme si elle faisait partie des lieux, comme nous en somme. Ses yeux analysèrent le salon et chaque personne qui s’y tenait avec une rapidité surprenante. Je m’attardais un instant sur la vision qu’elle m’offrait. Elle portait le même bonnet rouge que la dernière fois que je l’avais vue, ses cheveux de feu coincés sous celui-ci mais continuant leur chemin bien en-dessous encore. Elle portait un long manteau marron et ses joues ainsi que le bout de son nez étaient rosies par la fraîcheur extérieure. Ses lèvres étaient entre-ouvertes alors qu’elle reprenait doucement son souffle.
- Il n’est pas rentré ? s’inquiéta-t-elle alors directement en cherchant Theodore du regard, et sans prendre la peine de saluer le moindre d’entre-nous.
Je ne pus retenir la douceur de mon sourire face à son inquiétude pour mon frère.
- Bien l’bonsoir à toi aussi la lionne, lui renvoya Blaise avec un sourcil relevé sur son visage.
Elle ne réagit pas à ses mots et laissa ses yeux inquisiteurs enfoncés dans les miens, attendant une réponse à sa question. Cela m’attendrissait. Elle s’inquiétait vraiment pour lui.
- Si, apaisai-je vers elle avec tendresse. Il dort en haut.
Un profond soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres et elle déboutonna doucement son manteau alors qu’elle tournait à nouveau les yeux vers Blaise et Pansy. Je notais avec trop de tendresse le soulagement qu’elle avait éprouvé à ma réponse. Elle acquiesça donc vers eux :
- Bonsoir, leur adressa-t-elle.
- Ouais d’accord, comme avec toi putain, on passe toujours après Theo ici, pesta faussement Blaise vers moi.
- Comment il va ? me demanda-t-elle encore, donnant raison à Blaise en l’ignorant encore.
Extirpant son épaule une à une, elle retira son long et épais manteau marron. Elle portait un jeans bleu qui moulait un peu trop ses jambes à mon goût ainsi qu’une chemise de la même couleur qui était rentrée à l’intérieur du pantalon. Elle laissa son manteau reposer sur l’appui-tête du fauteuil à côté de celui de Blaise, où elle se tenait, avant de retirer son bonnet de ses cheveux, secouant son visage de gauche à droite et passant une main dans ses cheveux pour leur rendre le volume qu’il leur manquait. L’odeur de son shampooing aux amandes m’agressa les narines et j’inspirai profondément malgré moi depuis mon assise sur le canapé face à elle, Pansy à mes côtés. J’humidifiais le bout de mes lèvres et me rappelai qu’elle m’avait posé une question quand elle se permit de s’asseoir sur le fauteuil libre et qu’elle enfonça à nouveau ses yeux noisette au fond des miens en l’attente d’une réponse :
- Il est encore faible et il est très fatigué mais il va bien, toutes les blessures internes ont été soignées par Mint, notre elfe de maison, précisai-je sans parvenir à me rappeler si elle savait quel était le prénom de l’elfe.
- Faible ? répéta avec un ton de défi la voix taquine de Theodore depuis le couloir.
Il remplit l’encadrement de la porte contre lequel il s’appuyait pour soutenir son corps encore endoloris tandis que tous les regards se tournaient vers lui. Il portait à nouveau son peignoir, le bleu presque noir au niveau de son nez marquant toujours son visage durement. La pagaille dans ses cheveux attestait au même titre que ses yeux pas complètement ouverts qu’il venait de se réveiller après avoir entendu Granger arriver. Elle se leva furtivement du fauteuil lorsqu’elle l’aperçu, se décalant à côté et le montrant de ses bras tendus :
- Tiens, assieds-toi, lui offrit-elle alors sa place.
Il lui adressa un sourire en coin attendri.
- Je vais bien le crac, tu peux rester assise, la rassura-t-il doucement.
- Je ne m’assiérai pas tant que tu ne te seras pas assis non plus, argumenta Granger avec le pincement de ses lèvres et le menton relevé qui lui étaient caractéristiques.
Pansy pesta, Theodore pouffa, mais il lui céda. Claudiquant alors qu’il entrait enfin dans le salon, Granger s’approcha pour lui prendre le bras pour l’aider à marcher jusqu’au fauteuil.
- Ça va il est pas infirme non plus, il est bien descendu jusqu’ici, grogna Pansy devant ce spectacle inédit tandis que je ne pouvais retenir un sourire attendri.
Granger accompagna Theodore à se laisser tomber dans le large fauteuil en soutenant son bras, puis elle récupéra à la hâte son manteau ainsi que son bonnet qu’elle avait laissé là.
- Merci, lui sourit doucement Theo.
Elle lui rendit son sourire et hésita lorsqu’elle se retourna pour constater que la seule place restante était sur le canapé, entre Pansy et moi.
- Le deal c’était que tu t’assieds aussi, ronronna alors un Theodore bien trop fier de sa bêtise.
La lueur qui brillait dans ses yeux me poussait à émettre l’hypothèse qu’il avait fait exprès de se laisser offrir cette place-là. Figée dans l’incertitude, Granger tourna les yeux vers Pansy et moi. Les yeux de Pansy étaient tout droit rivés sur elle, et lorsque leurs regards se rencontrèrent elle lui adressa un large sourire qui était intégralement dénué de la moindre douceur, sincérité, ou tendresse.
- Je mords pas Granger, roucoula-t-elle alors d’une voix qu’elle voulait dangereusement basse.
Baissant les yeux sur le sol un instant alors que la tension dans l’air était électrique, elle fit un pas vers nous quand Pansy ajouta sur le même ton :
- Enfin sauf quand on me provoque.
La Gryffondor était trop fière pour s’arrêter dans sa progression maintenant qu’elle avait avancé vers nous, et pour lui épargner d’être mal à l’aise durant cette conversation tandis qu’elle était épiée de tous, je me décalais à côté de Pansy pour ne laisser qu’une place à côté de moi. Pansy pouffa de ce geste de ma part tandis que Granger prenait place en reposant son manteau ainsi que son bonnet sur le bord du divan.
- J’te sers quelqu’chose à boire ? proposa alors Blaise vers notre invitée dans une tentative de détendre l’ambiance soudain plus lourde.
Elle lui adressa un sourire pincé en refusant poliment son offre.
Je pris donc le soin de lui annoncer que nous acceptions l’alliance avec elle aux conditions que nous avions fixées précédemment : que personne ne sache que nous étions ses sources et qu’elle nous en parle avant de faire quoi que ce soit si l’Ordre venait à lui mettre la pression pour savoir quoi que ce soit. Pansy insista encore une fois sur la position plus que délicate dans laquelle cela nous mettait et la confiance aveugle que nous placions tous en elle en ce faisant. De son côté elle nous annonça avoir effectué le sortilège d’amnésie à Weasley, qui ne semblait en avoir parlé à personne jusque-là, puis elle plongea son bras dans le tout petit sac orange qu’elle avait emporté avec elle comme s’il était extensible devant nos quatre paires d’yeux inquisitrices.
- Je vous ai amené quelque chose, déclara-t-elle en fouillant dans ce tout petit sac extensible.
Des bruits de livres renversés retentirent avant qu’elle ne sorte finalement son bras du sac. Un objet métallique dont j’avais déjà été témoin en sortit, et elle le posa sur la table basse devant nous avant de continuer à chercher dans son sac quelque chose d’autre. Elle posa ensuite sur la table une sorte de bloc noir que je ne reconnaissais pas.
- C’est quoi ces trucs ? fut la première à demander Pansy.
- Il s’agit d’un revolver, déclara alors Granger tandis que nous regardions tous les objets sur la table, et de sa recharge. C’est l’arme préférentielle des moldus contre laquelle vous devez vous préparer, j’ai pensé que vous en présenter un pourrait vous être utile.
- Et ça fait quoi ce machin ? demanda Blaise en s’approchant au bord de son fauteuil pour regarder l’arme de plus près sans oser la toucher.
- Ils tirent des balles qui, lorsqu’elles nous atteignent, peuvent nous blesser gravement en faisant un trou dans notre corps, et en fonction de l’endroit où la balle atterrit, nous tuer. Une balle qui toucherait un organe vital, le cerveau ou le cœur serait mortelle à n’importe qui, y compris les sorciers, nous apprit-elle alors.
- Comment tu as eu ça ? la questionnai-je, mes sourcils froncés devant l’arme que j’avais déjà affrontée.
Je ne l’avais pas sue si léthale, sur le coup.
- Mon cousin, qui est un soldat moldu dans leur armée, me l’a faite envoyée pour que je l’étudie et puisse me défendre au besoin. J’en ai profité pour l’étudier pour vous partager mes découvertes, continua-t-elle en revêtant son visage concentré de miss-je-sais-tout. Ces armes à feu sont composées d’acier, si l’on vous frappait au crâne avec vous pourriez tomber inconscients, et les cartouches que vous voyez-là, dit-elle en attrapant le petit bloc noir, contiennent les balles qui sont tirées pour tuer. En fonction des modèles, il y a plus ou moins de balles dans la recharge. Les balles en question, continua-t-elle en faisant habilement sortir un objet cylindrique et à la couleur de l’or de la recharge, sont généralement faites de plomb, ou encore d’acier. Lorsque le revolver est chargé et que l’on appuie sur la détente, montra-t-elle en se saisissant de l’arme, les balles peuvent aller à vitesse de 400 millisecondes, ce qui est extrêmement, extrêmement rapide, appuya-t-elle en levant les yeux vers nous. Ce pistolet ci a une portée maximale de 1 500 mètres, mais ils en ont d’autres qui peuvent tirer plus loin encore. En d’autres termes, si un moldu vous vise d’une arme à feu, vous avez intérêt à vous protéger immédiatement, parce que si votre temps de réaction dépasse les 400 millisecondes une fois la balle tirée, vous êtes mort. Ils doivent viser avec précision cependant pour pouvoir vous atteindre, ce qui peut vous offrir une fenêtre de réaction un peu plus large, mais ils sont entraînés pour tirer sur des cibles en mouvement, alors vous ne gagnerez peut-être qu’une à deux secondes maximum.
- Merde, chuchota Blaise en faisant passer sa main sur sa bouche, ses sourcils relevés sur son front tandis que Granger reposait l’arme sur la table.
- Un bouclier de protection fait parfaitement l’affaire, leur appris-je pour les rassurer.
- Oui, si vous êtes assez rapides pour l’exécuter, appuya encore Granger avec plus d’avertissement.
Pansy se leva d’un coup du canapé et tendit la main sur le revolver qu’elle saisit. Blaise se laissa glisser au fond de son fauteuil, ses yeux exorbités alors qu’elle tendait l’arme devant elle du bout de son bras, un large sourire aux lèvres.
- Eh, baisse-moi ce truc Pansy ! paniqua Blaise en s’enfonçant de plus en plus dans son fauteuil tandis que Theodore riait doucement dans le sien.
- Tout va bien, apaisa doucement Granger, il n’est pas chargé.
- Ah c’est vrai, se rappela alors Pansy tandis que Blaise se rasseyait normalement.
Elle se baissa pour attraper la cartouche de recharge sur la table basse, tordant l’arme dans sa main pour trouver où la mettre. Elle trouva trop rapidement. Elle chercha le bon sens en retournant la cartouche dans sa main et l’enfonça sans la moindre difficulté à l’endroit qui semblait être prévu pour. Elle tendit l’arme devant elle à bout de bras, et Blaise fondit à nouveau sur son fauteuil.
- Eh, eh, eh ! s’exclama-t-il, l’air paniqué.
- Elle n’est toujours pas vraiment chargée, nuança encore Granger.
Pansy tourna le visage vers elle en l’attente de la suite des instructions tandis que Blaise soufflait de soulagement en se rasseyant confortablement.
- Il faut…, commença Granger sans se lever, il faut bien tenir l’arme de ta main droite si tu es droitière, et de ta main gauche il faut que tu fasses faire un mouvement de recul au dessus du revolver. Il y a aussi un petit cran de sureté, montra Granger du bout de son doigt, il faut le relever, et là elle sera prête à l’emploi.
Pansy renferma sa prise sur l’arme avant de la charger en un « clic » audible en faisant reculer le haut du revolver. Il fallait se l’avouer, elle était badass, toute de noir vêtue, grande et fine, une arme à la main. Elle enleva le cran de sureté et tendit le revolver à nouveau tout droit devant elle alors que Blaise se renfonçait encore dans son fauteuil en hurlant tandis que Theo riait. Pansy plissa instinctivement les yeux pour regarder bien devant elle vers le fond du salon tandis que Blaise protestait.
- Attention à la détente elle est très… commença Granger.
Un bruit d’explosion retentit alors que l’arme émettait un peu de fumée, Blaise hurla comme une gamine, et un trou où la balle s’enfonça dans mon beau mur se forma.
- PUTAIN MEUF TU DÉCONNES OU QUOI ?! s’égosilla Blaise depuis le sol.
- … Sensible, termina Granger.
Pansy tourna un visage ravi vers Granger et moi, un large sourire sincère aux lèvres et ses yeux brillant d’excitation.
- J’adore, déclara-t-elle alors, séduite. Je peux l’avoir ?
Granger lui rendit un petit sourire en acquiesçant.
- Si tu veux, oui.
- Non, non, non ! protesta un Blaise toujours sur le sol tandis que Theo et moi rigolions discrètement.
Pansy pointa l’arme devant elle et visa Blaise qui hurla encore, puis sur Theo qui lui sourit, et enfin vers Granger et moi qui baissions instinctivement le haut de nos corps. Le sourire de Pansy s’élargit grandement.
- Putain j’adore, se délecta-t-elle du pouvoir qu’elle avait alors qu’elle tenait cette arme léthale dans sa main qui ne nécessitait aucune magie de sa part.
Granger lui apprit quelques bases sur le fonctionnement de l’arme, et nous donna le nom d’un fournisseur auprès duquel commander de nouvelles balles. Je ne savais pas si Granger était consciente du nouveau monstre qu’elle venait sans aucun doute de créer, mais il me semblait qu’il était désormais trop tard. Pansy Parkinson avait un nouveau jouet fétiche.
Quelques instants plus tard, mes amis nous avaient quitté aussi naturellement et discrètement que possible (autant dire pas subtilement du tout) et je me décalai sur le canapé désormais plus spacieux pour ne plus être quasiment collé à elle. Dès que nous furent seuls, l’ambiance s’alourdit terriblement entre nous. Pour ma part, je savais ce que j’avais à lui dire, et je savais qu’elle ne voudrait pas l’entendre. Je n’en étais plus à me battre pour la forcer à se tenir loin de moi, nous faisions alliance de toute façon. Mais il était temps qu’elle sache. Elle avait encore tout délaissé pour venir me retrouver le soir où j’avais récupéré Theodore. Elle s’était encore mise de côté, elle et sa fierté, pour venir d’elle-même après que je l’ai insultée. Nous faisions alliance, oui, et j’allais être forcé de la rencontrer de temps à autre, oui. Ce ne serait pas toujours simple pour moi parce qu’autant que je le désirai, je ne parvenais pas à simplement effacer ce que je ressentais pour elle, mais il fallait qu’elle sache désormais à quoi s’en tenir. Ensuite, elle en ferait ce qu’elle voudrait. Elle avait finalement compris, et elle me laissait l’espace dont j’avais besoin. Je n’avais plus grand-chose à lui reprocher. Peut-être ne me restait-il seulement qu’à la libérer en lui disant enfin la vérité.
- Nous allons nous rendre à Poudlard en qualité de Mangemorts prochainement pour recruter parmi les élèves, commençai-je alors avec un timbre sérieux.
Elle tourna le visage vers moi, la peur lisible dans ses yeux ambrés.
- Je ne sais pas encore quand exactement, il faut d’abord que Theo se remette, continuai-je donc sans me laisser atteindre par son inquiétude.
Elle détourna les yeux de moi pour les laisser reposer vers le sol, et je lui laissai un instant pour recevoir l’information que je venais de lui donner. Elle avait dit être prête pour la Guerre et tout ce que cette alliance impliquait, ainsi que ce qu’elle aurait à faire dans ce cadre.
- Vous allez tuer des élèves ? demanda-t-elle doucement sans oser relever le visage vers moi.
- Je ne sais pas, répliquai-je plus haut qu’elle, montrant dans la tonalité de ma voix le sérieux de la situation ainsi que de ma position dans cette Guerre.
Je n’avais plus le luxe de me sentir attristé de quoi que ce soit que j’avais à faire. J’avais déjà fait bien pire, de toute façon. Il fallait qu’elle se rende compte.
- Mais ce n’est pas exclu qu’il y ait de la violence en fonction de comment les choses se passeront, appuyai-je encore sans démontrer le moindre ressentiment.
Ce qu’il y aurait à faire, je ferai. Je lui laissai encore quelques instants pour intégrer ce que je venais de lui livrer. Finalement, elle acquiesça sans un mot.
- Suite à cette visite, Voldemort me fera officiellement Grand Intendant, continuai-je sans émotion aucune.
Elle ne releva toujours ni son visage, ni son regard vers moi. Une nouvelle fois, je lui laissai le temps d’assimiler cette information supplémentaire, attendant de voir sa réaction. Et une nouvelle fois, elle ne fit qu’acquiescer, et je me demandais si elle n’avait pas eu raison, lorsqu’elle avait dit qu’elle était prête à tout cela, et plus encore.
Je ne forçai rien de la fermeté avec laquelle je prononçais les mots suivants, parce que je les pensais et les ressentaient au plus haut point comme absolument et profondément véridiques :
- Si je dois tuer, même si tu es là, juste devant moi, je le ferai.
J’analysai chacune de ses réactions, verbales ou non verbales. Elle pivota enfin son visage vers moi, et ses yeux rencontrèrent les miens. Ils brillaient plus que d’ordinaire, et elle me sondait avec tout le sérieux du monde. Je ne me défilai pas à son regard, je la laissai constater par elle-même de mon sérieux ainsi que de ma détermination.
- J’ai faibli une fois devant toi, continuai-je froidement alors que nos regards se sondaient mutuellement, ça n’arrivera pas deux fois.
Une nouvelle fois, elle acquiesça, et cette fois-ci sa voix était aussi douce qu’un murmure quand elle répondit sans quitter mon regard dur sur elle :
- Je comprends.
Résignée. Oui, elle avait l’air résignée. Consciente, et résignée. Mais il fallait qu’elle arrête de comprendre. Il y avait dans les yeux qu’elle posait sur moi une douceur qui n’avait plus raison d’être. Alors avec autant d’honnêteté que de vulnérabilité, et parce qu’il fallait qu’elle comprenne réellement, je lui livrai :
- Je ne suis pas quelqu’un de bien Granger.
Ses yeux allaient de mon œil droit à mon œil gauche en une analyse ostensible, et je l’imitai. L’ambiance était froide, quelque part électrique. Lourde. Le genre d’ambiance dans laquelle elle comme moi pouvions sentir qu’il s’agissait là du genre de conversation qui brisait les dernières illusions auxquelles nous nous accrochions, autant l’un que l’autre. Le genre de conversation qui changeait le cours des choses à jamais, rendant le déni désormais inaccessible.
- Tu t’accroches à quelqu’un qui n’existe plus, ajoutai-je avec un calme plat.
Et parce que je décidai qu’il était temps qu’elle sache, d’une part parce que nous allions faire alliance, et d’autre part parce qu’elle continuait d’aimer quelqu’un qui n’était plus, et donc d’en souffrir, je lui livrai avec honnêteté ce que j’avais fait ces derniers jours. Tout ce que j’avais fait. Je lui parlai des cadavres que j’avais récupérés. De ces mêmes cadavres que j’avais fait pleuvoir sur des villages. Des maisons que j’avais faites brûlées, seul et sans que quoi ce soit ne m’ait été ordonné. Je lui parlais des enfants, des femmes et des hommes que j’avais assassinés de mon propre chef, juste parce que Theodore m’avait été enlevé. J’avais senti mon cœur battre plus fortement dans mon poitrail lorsque je lui avais calmement livré ce récit dénué d’émotions. Je supposai que c’était là les vestiges de mon amour pour elle, et de ce qu’il me restait de peur qu’elle me voit pour le monstre que j’étais vraiment, mais j’y étais résolu. Je ne me cacherai plus, de qui que ce soit, et surtout pas de moi. Je savais désormais pourquoi j’avais fait tout cela, et je ne regrettai rien. Je le referai. Cela avait participé à ce que Voldemort consente à me rendre Theodore. C’était ce que j’étais. Je le referai sans l’ombre d’un sentiment de culpabilité. C’était cela, l’homme que j’étais à présent, et il était temps qu’elle sache.
Elle m’avait écouté livrer mon récit en silence. Elle n’avait pas détourné son regard de moi une seule seconde, buvant mes paroles alors que des larmes coulaient silencieusement sur ses joues, mais elle n’y porta pas la moindre attention. Elle ne les essuya pas et n’essaya pas de me les cacher. Elle me regarda simplement, tel que j’étais devant elle, et elle m’écouta lui dévoiler ce que j’étais. Lorsque j’eu terminé, je lui laissai le temps de digérer l’horreur de mon discours. Doucement, elle me demanda ensuite :
- Pourquoi tu as fait tout ça ?
Je me permettais de prendre le temps de réfléchir à sa question, parce que la première réponse qui me vint fut « pour le récupérer », mais ce n’était pas vrai. Je choisissais l’honnêteté, encore une fois. Elle le méritait.
- Je pourrais te dire que c’était pour le récupérer, et je pourrais tout aussi bien me raconter la même connerie à moi-même, commençai-je alors. Mais ce n’est pas vrai, c’est allé plus loin que ça. Beaucoup plus loin que ça. Je voulais tout détruire, avouai-je sans me dérober à son regard attentif. J’étais en colère contre le monde entier et je voulais ressentir que j’avais un peu de contrôle. Je voulais que les gens aient mal comme moi j’avais mal. Je voulais faire mal à ces gens comme on me faisait mal à moi. Leurs vies étaient insignifiantes pour moi, et je voulais les tuer tous pour leur partager un peu de ma douleur, continuai-je sans me défiler à ma sincérité. Je ressentais l’envie de faire ça, alors je l’ai fait.
Elle continuait de me regarder en silence, son visage impassible alors qu’elle écoutait ma confession.
- Je ne suis pas juste un pauvre garçon à qui il arrive des malheurs Granger. J’ai cette part d’ombre en moi, et elle prend de plus en plus de place, et je ne compte pas faire quoi que ce soit pour l’en empêcher, avouai-je avec vulnérabilité.
Elle pinça ses lèvres avant de me remettre enfin son jugement que j’attendais, et que j’étais prêt à recevoir. Les larmes avaient cessé de couler sur ses joues.
- Écoute, commença-t-elle doucement, je ne peux pas te dire que ce que tu fais c’est bien, ça ne l’est pas. Et je ne peux pas te dire que ça me laisse de marbre, ce n’est pas le cas. Ça m’horrifie, et pour être aussi honnête avec toi que tu l’es avec moi, ça me terrifie, ce que je vois que tu deviens, chuchota-t-elle alors que ses sourcils se fronçaient douloureusement sur son front.
Je sentis une larme perler sur ma joue sous ses mots. J’étais prêt à les recevoir, mais les entendre réellement quitter le bout de ses lèvres pour m’atteindre ne me laissait pas indifférent, je ne pouvais pas le nier. Elle savait, désormais. Elle savait ce que j’étais, et ce dont j’étais capable. Je ne serai plus jamais le même pour elle, et elle savait désormais que je n’étais plus celui dont elle était tombée amoureuse. Peu importait que je me sois résigné et que j’y étais prêt, cela me faisait mal quand même. Nous enterrions ce que nous avions. Elle enterrait ce qu’elle ressentait pour moi, et je la regardai faire sans la rattraper, parce qu’il n’y avait rien à sauver.
- Oui, c’est approprié, murmurai-je en retour.
Je la laissai enfin partir. Avec ma sincérité absolue, je la libérai enfin. Et peu importait le fait que cela était nécessaire, cela n’amoindrissait pas la douleur que sa perte m’infligeait. Il n’y aurait plus de retour en arrière possible, et je le savais.
Elle humidifia le bout de ses lèvres avant de continuer avec la même douceur dans sa voix angélique :
- Mais je ne peux pas imaginer, je ne peux pas imaginer une seule seconde tout ce que tu as déjà traversé, et tout ce que tu traverses constamment, chuchota-t-elle tout bas alors que ses yeux s’humidifiaient encore de larmes. Je ne peux pas prétendre pouvoir imaginer ce que c’est que de vivre ta vie, et je ne vais certainement pas te blâmer d’avoir trouvé le moyen de rester en vie et de protéger les personnes que tu aimes autant que tu le peux dans ce contexte atroce. Et…, continua-t-elle alors qu’une larme coulait sur sa joue, malgré tout, malgré les risques, tu fais quand même le choix de te mettre en danger en faisant alliance avec moi.
Je faisais non de la tête, détestant le fait d’avoir encore à la corriger alors qu’elle m’offrait encore une bienveillance que je ne méritai pas.
- Je le fais pour eux, la corrigeai-je alors qu’elle m’attribuait une bonté d’âme qui ne m’appartenait pas.
- Oui, c’est ce que je dis, continua-t-elle tout bas. Il y a beaucoup de haine en toi, c’est indéniable, et oui, parfois ça me fait peur, toute cette haine et la violence dont tu es capable. Mais…, le truc c’est que je sais que toute cette haine en toi ne fait que faire écho à tout l’amour, toute la bonté, et toute la générosité qu’il y a en toi.
Elle tendit une main vers la mienne, et laissa reposer sa paume chaude contre le dos de la mienne alors que je la regardai, abasourdi par les mots qui quittaient ces lèvres que je regardai, incrédule. Je pouvais entendre mon cœur battre insolemment fort jusque dans mes oreilles, et je me demandais si je n’étais pas encore en train d’halluciner. Je regardai cette douce main qu’elle posait sur la mienne alors qu’elle continuait tout bas :
- Tu n’es ni quelqu’un de bon, ni quelqu’un de mauvais. Tu es quelqu’un de normal à qui il arrive des choses atroces, et à cause de ça, comme n’importe qui de normal le ferait, parfois tu perds la tête, déclara-t-elle alors que de nouvelles larmes tombaient de ses yeux encore chaleureux sur moi. Je ne vais pas te blâmer pour ce que Voldemort te fait, à toi et à ceux que tu aimes, chuchota-t-elle alors avec toute la bonté qui débordait de son âme pure. Je ne t’enlève pas la responsabilité de tes actes, continua-t-elle sans me laisser quitter ses yeux, ceux que tu avais le choix de faire, comme les atrocités que tu as commises pendant que Voldemort torturait Theodore. Ces actes sont ta responsabilité, et je sais que tu en porteras le poids sur tes épaules toute ta vie. Mais je ne vais pas te blâmer d’aimer tellement les tiens que tu fais ce qu’il faut pour les sauver en sachant qu’en plus tu risques tout pour aider le reste du monde, murmura-t-elle avec plus de tendresse.
- Ma démarche est profondément égoïste Granger, la corrigeai-je encore, je ne le fais pas pour le reste du monde.
Elle pressa le dos de ma main de la paume de la sienne.
- Tu le fais par amour, ça ne change rien à mes yeux, ne se laissa-t-elle pas impressionner. Ce que je te dis c’est que tu es quelqu’un qui est capable de beaucoup par amour, et que je suis consciente qu’il y a beaucoup, beaucoup d’humanité qui se perd dans les guerres. Je m’apprête moi aussi à vous vendre des personnes qui se battent dans mon camp, pour le plus grand nombre, chuchota-t-elle tout bas.
- Ça n’a rien à voir avec ce que je fais, me sentis-je encore obligé de nuancer.
- Peut-être pas, admit-elle en haussant les épaules.
Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas comment elle pouvait me dire tout cela, me dire qu’elle me voyait encore, qu’elle voyait plus loin que le monstre après ce que je venais de lui livrer. Je ne comprenais pas comment elle pouvait encore me tendre la main et être capable de bienveillance envers moi.
- Je ne vais pas te dire que je cautionne tes actions Drago, ce n’est pas le cas, continua-t-elle avec plus de force. Mais je ne vais pas non plus te dire que je ne t’aime plus à cause d’elles, parce que ce n’est pas le cas.
Je sentis mes lèvres s’entre-ouvrir sous ces dernières paroles. J’avais l’impression que je venais d’être frappé par un sortilège en plein poitrail. Désorienté, et complètement interdit.
- Même si, je te l’avoue, je préférerais que ce soit le cas, enchaîna-t-elle encore tandis que je demeurai sonné. Est-ce que je me sentirais mieux entre moi et moi si tu n’arrivais pas à faire toutes ces choses ? Oui, nettement, acquiesça-t-elle doucement. Est-ce que je me sentirais mieux si tu n’étais pas cabale de faire ces choses par excès de folie ou de souffrance ? Oui, absolument. Mais il se trouve que ça fait partie des choses que j’aime profondément chez toi, la force avec laquelle tu aimes les tiens, murmura-t-elle en m’adressant un faible sourire.
Un sourire. Après tout ce que je venais de lui livrer avec vulnérabilité. Un sourire. J’étais profondément sonné, totalement désorienté, et affreusement confus. Qu’est-ce qu’il se passait ? Mon cœur battait insolemment plus rapidement dans mon poitrail, et je ne comprenais rien.
- Je ne vais pas t’abandonner Drago, déclara-t-elle alors avec une force douce et je me perdais dans ses yeux. Tu peux me repousser autant que tu veux, tu peux me faire peur autant que tu veux, malheureusement pour toi je sais ce qui brûle au fond de toi. Je sais ce qui est à l’origine de tout ça. De l’amour, précisa-t-elle tout bas. De l’amour pur et simple. J’ai essayé de ne plus le voir, ça m’aurait bien arrangé, sourit-elle encore avant d’hausser de nouveau les épaules. Mais je n’arrive plus à être aveugle. Je n’arrive pas à savoir ne serait-ce qu’un quart de tout ce que tu traverses, et à continuer de t’en vouloir autant que je le voudrais. Je n’arrive pas à savoir à quel point tu souffres et à te tenir pour responsable de tes actions atroces, continua-t-elle alors que de nouvelles larmes perlaient sur son visage souriant et résigné. Je n’arrive pas à te voir dans des états comme celui dans lequel je t’ai trouvé l’autre soir, et à me dire que tu n’es qu’un monstre qui ne mérite pas mon amour. Je n’y arrive pas, murmura-t-elle tout bas.
Je demeurai interdit, la regardant en silence comme un profond idiot. Elle me retira la chaleur de sa main, et elle les passa sur son visage pour essuyer ses propres larmes alors que je la regardai, complètement abasourdi. Elle… m’aimait encore ? Alors qu’elle savait tout, elle… elle m’aimait encore ? Lentement, elle se leva du canapé, et je la regardai, inerte.
- Je sais que tu as besoin de distance avec moi pour pouvoir être celui que tu as besoin d’être maintenant, et je le respecte complètement, reprit-elle d’une voix plus haute qui signait la fin de cette conversation. Je sais que tu me repousses continuellement parce que chaque fois que tu me vois ça met en danger ceux que tu aimes, parce que toi aussi, tu m’aimes, observa-t-elle justement en demeurant debout devant moi. Je ne te mettrais pas en danger pour mon intérêt, ni toi ni les tiens. Mais je veux juste que tu saches que je n’ai pas arrêté de t’aimer, et que je ne vais pas t’abandonner, ni aujourd’hui, ni demain, promit-elle avec une force de détermination qui renversait tout à l’intérieur de moi.
Mes yeux étaient complètement perdus en elle, dans ses yeux à elle qui me regardaient encore avec de l’amour. Complètement désorienté, je ne savais plus où se trouvait le nord, ni où se situait le bien ou le mal.
- Tu pourras toujours compter sur mon amour, que tu en veuilles ou non.
Elle tendit la main vers son manteau et le saisit de ses doigts fins avec une tranquillité qui me sidérait. Elle venait de renverser l’intégralité de mon monde, de mes convictions, de chacune de mes intentions. Et elle se saisissait de son manteau en s’apprêtant à partir, me laissant ainsi comme si tout était on ne pouvait plus normal.
- Je ne te laisserai pas te noyer dans les ténèbres sans te tendre la main pour t’aider à en sortir, peu importe à quel point tu t’y enfonces, m’assena-t-elle son coup fatal avant de me tourner le dos pour s’en aller.
Mes yeux allaient de gauche à droite en des mouvements bilatéraux frénétiques alors que mon cerveau tentait de comprendre, ou tout du moins de concevoir ce qu’elle venait de me dire. Le fait qu’elle savait tout, qu’elle connaissait maintenant la monstruosité sans nom qu’il y avait en moi, et malgré tout le fait qu’elle continuait de m’aimer. Qu’elle ne cesserait pas d’essayer pour moi. Qu’elle ne prendrait pas peur. Qu’elle ne s’enfuirait pas. Qu’elle ne me jugerait pas, peu importait à quel point elle aurait eu raison de le faire. Qu’elle ne ferait pas comme tous les autres qui trouvaient tellement plus simple de déclarer que les méchants étaient tout simplement des monstres sans aucun contexte. Sans jamais se demander comment ils en étaient arrivés là, ou encore pourquoi ils faisaient ces horreurs. Je lui avais donné toutes les raisons du monde de m’abandonner. Je lui avais offert sur un plateau tout ce qu’il fallait pour qu’elle puisse me détester, se simplifier la vie, et avancer dans ce contexte abominable en se débarrassant de ses sentiments encombrants pour moi. Elle ne cherchait pas à prendre cette porte de sortie que je lui offrais généreusement. Elle ne choisissait pas la facilité de m’abandonner à mon propre sort en se préservant, elle. Elle ne me voyait pas que comme un monstre. Elle voyait tout, tout de moi, et elle acceptait tout ce que j’étais. Elle m’offrait toute l’indulgence et tout l’amour du monde que je ne méritais pas. Non, mon cerveau ne comprenait pas.
Elle fit un pas vers l’encadrement de la porte pour s’en aller, encore. Je ne contrôlais pas l’impulsion de mon corps qui s’élança hors du canapé vers elle, attrapant son bras à la volée d’une poigne ferme. Elle se retourna soudainement face à moi, son visage emplit d’incompréhension alors que ses yeux étaient grands-ouverts vers moi. Je ne pus m’offrir le luxe de me noyer dans la chaleur de ces yeux que j’aimais tant que l’espace d’une seconde avant que ma main ne lâche son bras pour venir saisir sa joue. Avant que le moindre mot de plus ne s’échappe de sa bouche, mes lèvres s’écrasèrent contre les siennes avec une vigueur que je ne contrôlais pas, elle non plus. Non, je ne contrôlais rien de mon corps quand les doigts de ma main encore libre se renfermèrent sur le tissu de sa chemise que j’attirai dans un geste de besoin primitif contre mon corps. Elle ne m’enlaça pas, ne me toucha pas non plus. J’écrasai mon corps contre le sien non pas en une recherche de rassurance, mais dans une tentative dénuée de sens de la sentir encore mienne. Parce que je ne sentais toujours pas son touché en retour, je lâchai finalement ma prise sur sa chemise, et la laissai reculer. Ses lèvres quittèrent les miennes avant que je n’aie pu profiter de leur goût, ses yeux ébahis sondant mes yeux l’un après l’autre. Je savais que mes actions n’avaient pas le moindre sens. Je savais que je n’aurais pas dû faire ça. Je savais que je ne devrais pas faire ce que mon corps brûlait d’envie de faire. Mais elle était si belle. Elle était si douce. Je ne comprenais pas comment il était humainement possible d’être aussi douce. Aussi aimante. J’attendais ma sentence, qu’elle me dise qu’elle ne voulait pas que je continue, que j’étais un monstre, qu’elle ne voulait pas que je la touche de mes mains tâchées de sang, mais elle ne dit rien. Ses yeux se baissèrent lentement sur mes lèvres qu’elle regarda un instant, ses magnifiques sourcils dessinés légèrement froncés alors que son incroyable cerveau tentait d’assimiler les informations qu’il recevait. Je ne savais pas non plus ce que j’attendais d’elle. Je savais juste que j’étais dépassé. Dépassé pour elle. Que je la voulais à mes côtés. Que je voulais la sentir contre moi. Sentir comme elle était toujours mienne comme elle le disait.
Ses yeux remontèrent jusqu’aux miens. Sa poitrine se gonfla d’air, et elle l’expulsa tout aussi vite. J’étais pendu à ses lèvres. Sa respiration s’accéléra. Son souffle s’écrasait sur mon visage. Le son profond mais saccadé de chacune de ses respirations berçait mes oreilles. Mon cœur se mit à battre la chamade dans mon poitrail. Et je la vis, la lueur qui brûla dans ses iris, la traversant comme je l’avais déjà vue, dans le passé. A l’instant même où cette ardeur brûla dans ses yeux, ses mains se renfermèrent sur mon torse alors que son corps s’écrasait contre le mien, et je l’imitai. Je m’avançai contre elle, cherchant plus d’elle jusqu’à ce que son dos rencontre le mur. Ses lèvres s’ouvrirent pour moi, et sans ne plus attendre une seule seconde de plus, les miennes s’ouvrirent pour elle. Ma langue rencontra la sienne en la caresse la plus sensée que je n’eus jamais expérimenté. Elle ouvra grand la bouche pour moi, sa langue se mêlant à la mienne, et je la dévorais ostensiblement. Elle s’abandonnait à moi. Je voulais qu’elle me cède à nouveau, et elle le faisait. Elle s’était élancée contre moi comme si sa vie en dépendait. Comme si elle m’avait attendu tout ce temps. Et je la recevais comme si je l’avais attendue en retour. Je voulais tout. Je voulais tout d’elle. Toute sa douceur, toute son ardeur, tout son désir. Je voulais qu’elle me donne tout. Alors j’entre-ouvrais plus encore mes lèvres et je laissai ma langue redécouvrir la sienne avec toute la dominance dont je faisais preuve. Si je ne la connaissais pas aussi bien, je n’aurais peut-être pas décelé le désespoir transpirant dans la façon dont elle m’embrassait. Elle m’embrassait comme si elle brûlait pour moi depuis bien trop de temps, en l’attente que je lui rende ce désir ardent. Elle m’embrassait comme si sa vie en dépendait. Comme si elle ne pouvait plus contrôler son corps, elle non plus.
Ma langue se mélangeait à la sienne avec une habilité et un naturel qui nous dépassait largement. Dans chaque mouvement, dans chaque pulsion que je donnais à ma langue, c’était comme si je m’abandonnais à elle sans contrôle, et à la fois comme si je contrôlais chaque millimètre d’elle. Je savais où la caresser. Je savais où le bout de ma langue devait aller, et quand je devais lui imposer l’intégralité de mon poids contre elle. Je l’entendis gémir au creux de ma bouche, et je grondais en retour contre elle. Je me sentis durcir contre elle, et je savais qu’elle pouvait me sentir. Mon sexe s’écrasait contre le sien alors que je ne lâchais ni son visage de mes mains fermes, si sa langue de la mienne.
Il me semblait que je ne m’étais jamais senti aussi nu de ma vie, et pourtant j’étais toujours vêtu. Elle savait tout. Il me semblait que je ne m’étais jamais senti aussi vulnérable de ma vie, et pourtant elle m’avait désormais connu dans tous mes états. Mes vulnérabilités étaient à nu, et j’avais perdu le contrôle de mon esprit. Sans honte, sans la moindre honte, et pas le moins terrorisé d’y faire face. De lui faire face, à elle. Je voulais lui montrer, lui montrer à quel point je la voulais. A quel point j’étais aussi désespéré pour elle au même point que je la savais désespérée pour moi. Je voulais lui céder au même titre qu’elle me cédait, et lui donner tout de moi. Céder à tout contrôle, et me laisser aller à la moindre de mes pulsions, parce que la seule qui pouvait me recevoir totalement tel que j’étais, c’était elle. Elle me l’avait prouvé. C’était elle.
Une de mes mains glissa de sa joue pour s’enfoncer dans ses cheveux que j’aimais tant dans une prise possessive, et de cette main, je tirai quelques mèches en forçant ses lèvres à quitter les miennes. Elle ouvrit des yeux enivrés haut vers mon visage brûlant, un fil de salive reliant encore sa bouche à la mienne. Je la surplombais de ma hauteur, mes yeux affamés rivés dans les siens alors qu’elle me regardait comme si elle dépendait intégralement de mon prochain geste. Putain, qu’est-ce que j’aimais la tenir ainsi dans le creux de ma main. Nue, elle aussi. Toujours vêtue, mais nue de quelconque masque protecteur. Mes yeux descendirent sur ses lèvres, et dans un geste dépourvu de tout contrôle, ma langue lécha ses lèvres dans un geste animal qui n’avait plus aucune retenue. Mienne. Je ne lâchai pas ma prise ferme sur ses cheveux qui l’obligeait à relever le visage vers moi alors que je léchai sa bouche affreusement délicieuse, le bout de ma langue s’écrasant sur la pulpe de ses lèvres. Dans un souffle saccadé, j’enfonçais une nouvelle fois ma langue dans sa bouche, la forçant à l’ouvrir encore plus grand pour moi. Je l’entendis gémir une nouvelle fois, elle ne se retenait pas. Je la dévorais, il n’y avait pas d’autre mot pour décrire ce baiser animal, et je savais qu’elle n’avait jamais été embrassée de la sorte. Avec autant de force, autant de désir, autant d’animalité. Je l’embrassais comme si je ne pouvais plus me contrôler, parce que c’était le cas. Mes lèvres se mêlaient aux siennes dans des caresses d’une douceur tantôt angélique, tantôt d’une violence diabolique, et elle se perdit en moi, s’abandonnant à moi.
Sans lâcher ma prise sur son corps, ni celle sur sa langue, je transplanais dans ma chambre. Sans m’arrêter une seule seconde, je la plaquais contre le mur à côté de ma porte que je fermais d’une main violente, et continuais de l’embrasser avec toute l’impatience qui brûlait en moi pour elle. J’avais assez attendu, bordel j’avais largement assez attendu. Elle ne sembla pas désorientée, bien trop perdue dans le baiser que nous partagions pour se préoccuper de quoi que ce soit d’autre autour d’elle. Tant mieux. Je voulais qu’elle ne puisse penser à rien. Qu’elle ne puisse penser à rien d’autre qu’à la façon dont ma langue prenait possession d’elle. Qu’elle ne puisse ressentir rien d’autre qu’à quel point elle était mienne. Elle m’avait choisi, elle allait devoir l’assumer. On ne pouvait pas aimer un monstre et espérer ne pas recevoir la violence de son désir. Elle m’avait fait perdre pied, encore. Elle en assumerait les conséquences.
Dans des gestes frénétiques non calculés, je me saisissais de sa chemise que je déchirai ouverte. Elle gémit encore au creux de ma bouche quand je la lui retirais avant de la laisser tomber sur le sol. Elle n’en avait plus besoin. Un soutien-gorge blanc fait de dentelle retenait sa poitrine prisonnière en la capture la plus délicieuse qui soit. Je ne contrôlais pas la force avec laquelle ma main gauche pétrit son sein, ni l’avidité avec laquelle ma bouche quitta la sienne pour venir prendre une bouchée pleine de cette poitrine qui m’avait trop manquée. Le goût de sa peau vanillée se répandit insolemment sur ma langue, et je dévorais plus de sa peau exposée à moi, complètement insatiable. Elle gémit encore de mon touché, et je me sentis durcir encore, ignorant que cela était encore possible. Le paradis. Quand elle gémissait, c’était le son du paradis qui résonnait comme la plus pure des mélodies dans mes oreilles. Je léchai sa peau, palpait sa poitrine vibrante dans le creux de ma main, la mordillait ici et là sans pouvoir m’en empêcher. Ses propres mains s’emmêlaient dans mes cheveux tandis que son souffle se faisait court, entre-coupé de mes sons préférés. Je ne trouvais pas la patience en moi de profiter encore de sa vue, mon corps trop affamé d’elle, et son soutien-gorge ne tarda pas à retrouver sa chemise à même le sol.
A son tour, et emportée par la même frénésie qui me dépassait aussi, elle fit glisser mon haut vers mes épaules et je levai les bras alors qu’elle me le retirait avec une hâte pressée. Dès que nos deux torses furent nus, je saisissais sa nuque et elle la mienne alors que nos corps ne résistaient plus à l’appel l’un de l’autre. Sa poitrine rencontra la dureté de mon torse qui l’écrasa, son dos au mur alors que nos lèvres se retrouvaient avec une faim insatiable. Comme si elles avaient été séparées trop longtemps les unes des autres, et qu’elles avaient besoin de ces baiser pour parvenir à respirer convenablement à nouveau.
Je pouvais sentir le moindre de ses grains de peau contre la mienne. Je sentais la douceur sans pareille de son ventre, le rebond de sa poitrine contre moi, ses tétons durcis contre ma peau. Je ne contrôlais pas non plus la façon dont mes mains caressaient sa peau, de ses mains en une crouse frénétique le long de ses bras, traçant ensuite les contours de ses épaules sans ne pouvoir lui retirer ma langue, la pulpe de ses seins, la finesse de ses hanches et celle de son ventre plus amaigri que la dernière fois que je l’avais parcouru de la sorte. Des mois auparavant. Putain, des mois auparavant. Comment avais-je pu me passer d’elle de la sorte pendant aussi longtemps ? En cet instant, cela me semblait totalement insensé. Comment avais-je pu savoir ce que cela faisait que de l’embrasser, que de la toucher, que de la sentir contre moi, et m’en passer pendant tant de temps ? Cela n’avait pas le moindre sens.
Lorsque mes mains rencontrèrent à nouveau du tissu, contrariées, elles défirent à la hâte le bouton du jeans qu’elle portait. Je quittai avec regret ses lèvres pour me baisser accroupi devant elle, retirant son pantalon alors que je regardais avec un désir brûlant ses jambes nues s’étaler devant moi. Mes mains caressèrent encore ses mollets alors que j’embrassai ses cuisses, puis la petite culotte noire qu’elle portait tandis qu’elle retenait sa respiration sous ce geste. Mes doigts se saisirent du petit bout de tissu qu’il restait sur elle et le retirait enfin, me donnant un accès libre vers l’extase. Je me relevai en embrassant avidement chaque parcelle de son corps qui se dévoilait à moi, grondant de satisfaction à l’intérieur de moi d’avoir la chance inespérée de me retrouver à nouveau face à la beauté de cette femme nue devant moi. Mes lèvres s’écrasèrent avec violence contre les siennes en un baiser affamé tandis que je retirais mon propre pantalon à la hâte. Je ne voulais plus attendre. Je voulais la sentir contre moi. Sentir sa peau contre la mienne. Mon corps dans le sien. Je voulais la sentir, elle. La sentir comme on ne pouvait sentir que la personne que l’on aimait nue tout contre soi, alors je retirai à mon tour le dernier bout de tissu qui me séparait de la plénitude avec elle avant de m’écraser contre elle.
Je pouvais sentir chacune de mes cellules se nourrir d’elle, de sa peau contre la mienne tout le long de mon corps. Je sentais la chaleur vibrante de ce simple contact, sa peau contre la mienne tandis que nos langues ne parvenaient pas à se séparer non plus. Je me demandais quelle magie résidait-là, dans la chaleur, la rassurance, le bonheur envirant d’avoir l’être-aimé tout simplement nu contre soi. Comme si ce simple contact pouvait effacer toute la douleur du monde, toutes les inquiétudes d’un futur profondément incertain. Comme si chacun de mes organes et chacun de mes muscles pouvaient enfin se détendre. Comme si la tension n’avait plus le moindre sens. Il me semblait en cet instant que nos peaux mutuelles auraient aussi bien pu s’ouvrir l’une à l’autre pour ne faire plus qu’un, et c’était putain de délicieux. La chaleur de son corps contre le mien. Sa douceur contre moi, dur comme la pierre. Enivrant, il n’y avait pas d’autre mot pour décrire ce que cela me procurait. C’était tout simplement enivrant.
Je léchais et mordillai son cou avec des pulsions animales tandis qu’elle ondulait contre moi, son corps entrant en osmose avec le mien à chacun de ses mouvements, et elle gémissait. Elle gémissait de son timbre de voix cassé, son souffle saccadé alors que je prenais possession de sa poitrine de la paume de ma main. Elle aussi, elle brûlait pour moi, et c’était ce qui rendait cela aussi délicieux. La réciprocité de notre désespoir mutuel l’un pour l’autre. La réciprocité de notre abandon mutuel de toute retenue, de tout artifice superficiel qui rendrait ce spectacle joué. Il n’y avait rien de joué, tout était intimement ressenti. Instinctif, et animal. Rien qu’un désir brûlant qui nous dépassait et nous consumait largement autant elle que moi. Et cela me rendait plus fou que je ne l’étais déjà.
Je ne pouvais plus entendre raison. Je ne pouvais plus concevoir la moindre raison de ne pas continuer ce que nous faisions. Je ne pouvais tout simplement plus raisonner à propos de quoi que ce soit qui dépassait la logique implacable de son corps contre le mien en la rencontre la plus naturelle qui puisse être. Ma main gauche se sépara de sa poitrine et mes lèvres de son cou alors que je saisissais son menton d’une main ferme pour lever son visage jusqu’à moi, et je dévorais proprement et simplement sa bouche. Peu m’importait qu’elle ne puisse plus respirer, elle n’en avait pas besoin. De moi. Elle n’avait besoin que de moi. Que de mes lèvres contre les siennes, et de ma langue sur la sienne. Mes doigts enfoncés dans ses joues, elle ouvrit grand la bouche pour moi comme la gentille fille qu’elle était, et je la dévorais insatiablement. Sa salive se mélangeait à la mienne en le plus naturel des échanges cellulaires alors qu’elle gémissait inlassablement dans ma bouche. Je voulais la consumer. Je voulais la faire brûler si fort qu’elle fondrait entre mes doigts. Je voulais qu’elle perde la face et qu’il ne reste plus rien de retenu en elle. Je voulais la voir perdre la tête, cet esprit si brillant qui cessait de fonctionner dès que je posai la main sur elle. Je me délectai de ce pouvoir que j’avais sur elle, parce que c’était là quelque chose qui ne pouvait pas être feint. La façon dont elle perdait toute prise avec la réalité, toute prise avec une retenue contrôlée. Ma Granger. La Granger qui m’appartenait, et que personne ne savait si désespérée pour moi. Alors j’agrippai ses fesses nues de mes deux mains, et portai son corps contre le mien avant de la plaquer une nouvelle fois contre le mur qui vibra de l’impact, ses lèvres ne se séparant pas des miennes une seule seconde. Elle mordilla ma lèvre inférieure, et je m’entendis gémir à ce geste possessif envers moi. Mon sexe dur était plaqué contre le sien, trempé du liquide le plus magique qui existe sur cette terre. Elle cambra son bassin vers moi, caressant mon membre engorgé de sang contre elle, gémissant outrageusement de ce geste qu’elle avait initié. Il n’y avait ni douceur, ni patience dans aucun de nos gestes mutuels. Il n’y avait qu’un besoin primal l’un de l’autre, et je savais qu’elle aussi, je l’avais trop faite attendre. Elle était sur le point d’exploser entre mes mains, et il me semblait que cette pensée seule aurait suffi à me faire jouir si je l’avais permis. Parce que c’était Granger. Parce que c’était putain de Granger, et que c’était putain de suffisant.
Elle eut le courage de répéter son geste, son bassin se reculant pour mieux se réavancer contre mon sexe, et ni elle, ni moi n’avions soupçonné que mon membre trouverait aussi facilement l’entrée en elle. Un gémissement aigu s’échappa bruyamment de ses lèvres que je libérais sous ce geste, mon visage se balançant momentanément en arrière alors que j’étais subjugué par les sensations. Je pouvais sentir chaque centimètre de moi enfoncé en elle, ses murs fermement renfermés autour de moi en une prison terriblement délicieuse. Les hormones explosèrent dans mon cerveau, mon visage lui demeurant retiré alors que je me laissai être proprement et simplement subjugué.
- Putain, m’entendis-je murmurer alors que je ne pouvais faire autrement que sentir à quel point elle était serrée autour de moi.
Tellement longtemps. Cela faisait tellement longtemps que je n’étais pas rentré à la maison. Je me laissai noyer dans les sensations purement divines quand ses doigts attrapèrent ma nuque, obligeant mon visage à se baisser à nouveau vers elle. Ses yeux étaient ouverts, me montrant à quel point elle était putain d’affamée de moi. Le désir brûlait sur son visage, sur ses lèvres entre-ouvertes qui laissaient s’échapper une respiration saccadée, sur ses sourcils légèrement froncés de plaisir, dans ses yeux fiévreux qui bouillonnaient sur moi. La confrontation directe avec le désir urgent et explosif qu’elle avait pour moi m’arracha toute raison qu’il aurait pu me rester, et je lui offrais un premier coup de rein explosif qui fit trembler le mur, arrachant un gémissement qu’elle n’étouffa pas entre ses lèvres. L’incandescence de ma faim prit le contrôle de moi, et je ne lui laissais pas le temps de reprendre son souffle lorsque le coup de rein suivant vibra en elle. Son crâne rencontra le mur au même rythme que ma commode le frappa en un bruit indécent, et je ne m’arrêtai pas. Je la regardai, ses yeux désormais clos alors qu’elle recevait l’ardeur de mon désir torride pour elle, son dos frappant contre mon mur au même rythme que mes tableaux et ma commode. A chaque nouveau mouvement de ma part, mon sexe ne se retirant d’elle que pour mieux la remplir, je perdais un peu plus la raison. Il n’existait rien, rien de plus délicieux au monde que cela. Rien qui pouvait rendre un homme plus fou que cela. Elle était tout autour de moi. Son corps brûlait contre le mien, sa poitrine écrasée contre les muscles de mon torse. Son odeur se répandait inlassablement dans mon nez. Ses fesses fermes vibraient dans mes mains alors que je la portais contre moi comme si elle ne pesait rien. Et il n’y avait que moi qui pouvait faire cela. Il n’y avait que moi qui pouvait entrer en elle de la sorte. J’étais le seul homme béni des dieux qui avait vu ce visage-là. Le seul homme sur cette planète à avoir jamais entendu ces gémissements-là. Le seul homme sur cette planète à savoir ce que cela faisait, d’être en elle. En Granger. Sous cet aspect, il me semblait que j’étais l’enfoiré le plus béni des dieux, et c’était putain de délicieux. C’était affreux à quel point c’était putain de délicieux.
Je voulais l’entendre hurler. Je voulais qu’elle hurle comme si nous étions les seuls êtres humains sur cette putain de planète. Je voulais l’entendre hurler sans la moindre putain de retenue, et savoir que j’étais la raison de cette perte totale de retenue. Je voulais que putain d’Hermione Granger montre à Drago Malefoy à quel point il la rendait fou. Je voulais lui montrer à quel point elle était mienne, et à quel point personne ne pouvait la toucher comme moi je le faisais. Que personne ne pouvait lui faire perdre la tête comme moi je le faisais. Que personne ne pouvait la désinhiber totalement comme moi je le faisais. Que personne ne pouvait la faire trembler comme moi je le faisais. Alors je m’agrippais à ses fesses, et je lui donnais absolument tout de moi. Je m’enfonçai en elle avec véhémence, mes coups de reins fiévreux en elle. Je faisais trembler mes murs, ma commode et chaque tableau qui frappait bruyamment contre ce mur au rythme que je décidai. De toutes ses forces, elle s’accrocha à ma nuque alors qu’elle me recevait, ses yeux encore fermés tandis que sa bouche, elle, s’ouvrait grand pour moi, des gémissements de plus en plus sonores s’échappant de ses lèvres que je me retenais d’embrasser. Plus elle criait, et plus je voulais lui en donner. Et c’était trop bon. C’était beaucoup trop bon. Mon corps claquait contre le sien en une danse animale dénuée de toute retenue, et je donnais tout de moi à la femme que je n’avais pas le droit d’aimer. Le tableau qui était suspendu au-dessus de ma commode s’écroula sur le sol avec un fracas qui n’était couvert que par les hurlements de plus en plus indécents que je faisais pousser à Granger.
Dans un geste vif qu’elle n’avait pas vu venir, je la retirai au mur et me retournais vers mon lit. Mes mains glissant à l’arrière de ses cuisses, je la lançai sur le moelleux de mon lit qui l’accueilli parfaitement, mon corps désormais dépourvu de sa chaleur. Elle me regardait avec anticipation, surprise de mon geste, ses jambes encore écartées alors qu’elle se redressait sur ses mains. Elle m’attendait, nue sur mon lit alors que je marchais tel le prédateur que j’étais vers elle. J’adorais la façon dont elle me regardait, le désir brûlant dans ses yeux autant que l’appréhension de ce qui allait suivre. Arrivé au bord de mon lit alors qu’elle reprenait son souffle sans me quitter de ses yeux passionnés, j’attrapais ses chevilles et la traînait jusqu’à moi au bord du lit. Elle couina de surprise sous mon geste, ses cheveux s’étirant en une longue traînée derrière elle. Sublime. Juste sublime. Mes mains trouvèrent leur juste place sur ses hanches que je tenais fermement, et je m’enfonçai en elle en un mouvement sec, lui arrachant un cri qu’elle n’eut pas le temps de retenir en elle. Il me semblait qu’elle n’était pas prête. Elle ne savait pas ce qu’elle avait déclenché. D’une main douce, je caressais son visage contrit par la sensation que je lui infligeai, et je me baissai sur elle alors qu’à bout de souffle et profondément enfoncé en elle, je chuchotais, ma voix débordante de désir pour elle :
- Tu n’es jamais aussi belle que quand je te pénètre.
Elle gémit doucement, s’ajustant encore à mon sexe gorgé de sang enfoncé au bout d’elle, et je ressortais tout en douceur, m’autorisant à sentir chaque centimètre que je lui retirai alors que je la regardais, elle et ses yeux fermés, ses traits crispés de me recevoir de la sorte, ses cheveux étalés derrière elle alors que ses jambes étaient repliées sur mes hanches. D’un coup vif, je la pénétrais à nouveau, et regardais ses sourcils se froncer sur son front alors qu’elle hurlait une nouvelle fois. Je ne pus me retenir de l’embrasser à nouveau, mes lèvres humides enfermant les siennes en une prise possessive avant que je ne lui assène un nouveau coup. Sa poitrine rebondissait à chaque nouveau coup de rein avant de se stabiliser à nouveau. Je laissai mes mains la caresser, cette poitrine ronde à se damner. J’abandonnai difficilement ses lèvres pour me relever, mes mains caressant maintenant son ventre, continuant ensuite leur course sur ses cuisses que j’attrapais, puis sur ses mollets que je plaquais contre mon torse. Oui, tout simplement magnifique. Proprement magique, allongée-là sur mon lit, sa poitrine rebondie devant moi, ses cheveux de feu étalés derrière elle, son parfait visage marqué du plaisir que je lui donnais, son odeur dans mon nez et sa chaleur autour de mon sexe. Parfaite.
Elle s’autorisa à balancer ses bras au-dessus de son visage et les laissa reposer là alors que je tenais ses jambes contre mon torse. J’attrapais à nouveau ses hanches que je surélevais contre moi alors que je me mettais à genoux devant elle, son bassin reposant maintenant tout contre moi. Elle se cambra alors, ses jambes surélevées contre mon torse, son sexe frottant contre mon aine sous son geste. Non préparée à la sensation que cela lui provoqua, un gémissement violent la secoua, et elle chercha à me retirer son bassin, mon sexe enfoncé plus profondément encore en elle sous ce nouvel angle. Je lui empêchai de me fuir en maintenant ses cuisses tout contre moi. Lorsqu’elle entre-ouvrit à nouveau les yeux, elle rencontra le sourire prédateur qui adornait mes lèvres. Elle se prépara en inspirant profondément, et mes dents se dévoilèrent à elle avant que je ne me déferle encore en elle.
Son corps cambré et surélevé contre le mien, ses parois m’embrassant parfaitement, me permettant de pousser plus loin encore, le lit grinça indécemment de la force que je faisais s’abattre en elle. Je la pénétrais, et je frottais son corps contre le mien de haut en bas en portant ses hanches contre moi. Complètement surstimulée, elle se mit à hurler de plaisir, il n’y avait pas d’autre mot pour cela. Il n’y avait plus aucune retenue, plus aucun gémissement doux ou contrôlé. Et plus elle hurlait, plus je lui en donnais. Mon bassin faisait des mouvements frénétiques de va et vient en elle alors que je dirigeais ses hanches de haut en bas sur mon sexe, frottant son clitoris contre mon corps au passage, son liquide se répandant sur moi sous mes gestes effrénés, éclaboussant le bas de mon ventre généreusement.
- T’arrêtes pas, gémit-elle à bout de souffle alors que mes yeux remontaient vers son visage.
Elle ouvrit les yeux vers moi, ses sourcils froncés du plaisir que je lui donnais.
- En…, commença-t-elle avant de ne pouvoir se retenir de gémir une nouvelle fois, encore…, encore…, supplia-t-elle insatiablement.
Les derniers neurones connectés qu’il me restait se déconnectèrent sous sa demande. D’une prise ferme enfoncée dans ses cuisses, je l’anéantissais. Il n’y avait pas d’autre mot pour cela. Le lit grinçait et les pieds tremblaient sur le sol, la tête de lit frappant contre le mur alors que je ne m’offrais ni à moi, ni à elle, pas le moindre répit. Je ne m’écrasai en elle que pour me retirer aussitôt, tout cela pour venir la remplir à nouveau aussi profondément qu’elle me le permettait. Malade, elle me rendait malade. Je me demandai comment elle pouvait me recevoir aussi magnifiquement bien. Je me demandai comment une femme si douce, une femme si bonne pouvait recevoir le monstre que j’étais de la sorte. Alors je la regardai, je la regardai alors qu’elle hurlait à tue-tête, et elle me recevait. Et plus elle me recevait, plus je voulais lui donner de moi.
J’obéissais à son ordre, et je ne m’arrêtais pas, peu importait à quel point j’avais envie de venir en elle. Encore, et encore je la remplissais sauvagement, cette femme qui non seulement voulait tout de moi, mais surtout pouvait tout recevoir de moi. Ses jambes se mirent à trembler contre mon torse, et je les maintenais fermement contre moi alors qu’elle atteignait l’extase. Ses mains s’enfoncèrent dans ses propres cheveux, attrapant son crâne comme si elle essayait désespérément de ne pas perdre la tête alors qu’elle hurlait de satisfaction, et je ne ralentissais pas. Un hurlement plus aigu et plus déchiré que les autres m’apprit ce que j’avais besoin de savoir, et pourtant je ne me permettais pas de m’arrêter. Je laissai ses jambes retomber sur mes flancs alors qu’elle tentait de reprendre son souffle, mais je ne m’arrêtais pas. Je laissai le haut de mon corps retomber vers elle, son souffle court s’abattant contre mon visage que je tenais juste au-dessus d’elle. Quelques gouttes de ma sueur tombèrent sur elle alors qu’un sourire animal se dessinait sur mes lèvres.
- Encore ? la taquinai-je d’une voix profondément prédatrice en lui assénant un coup de rein plus doux.
Elle ouvrit les yeux, un somptueux sourire illuminant son visage alors qu’elle se permit un petit rire essoufflé. Elle fit doucement non de la tête.
- Non, murmura-t-elle difficilement.
Le sourire prédateur s’élargit sur mes lèvres alors que je reprenais ma course frénétique en elle. Son sexe se contracta autour du mien en des pulsions involontaires de sa part, signe du plaisir que je lui avais donné, m’envoyant au nirvana alors que je ne ratais pas une miette du spectacle qu’elle m’offrait encore. Elle hurla à nouveau, récoltant-là les fruits de ce qu’elle avait elle-même semé. Je me déchainais en elle, lui offrant toute la force que j’avais, et tout l’amour que j’avais pour elle. Arrivé au bout d’elle-même alors qu’elle poussait des hurlements déchirés qui n’avaient plus rien de retenu, je me laissai bercer par ses cris satisfaits, la sachant parfaitement remplie, jusqu’à ce qu’inévitablement je ne trouve la même délivrance délicieuse qu’elle. Je ne retenais pas non plus les gémissements rauques qui m’animèrent alors que je lui donnais ma semence, l’envoyant profondément en elle jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi à lui offrir.
Je me laissai tomber, à bout de souffle, contre son corps encore tremblant alors qu’elle respirait aussi difficilement que moi, mon corps moite vibrant contre le sien. Ses bras se renfermèrent autour de mes épaules, ses doigts s’emmêlant en des caresses d’une douceur inhumaine dans mes cheveux alors que je laissai mon nez s’enterrer dans le creux de sa nuque où je déposai des baisers. J’inspirai l’odeur de sa peau, et j’expirai des baisers. Il n’y avait rien de plus doux que cela. Rien de meilleur que cela. Rien qui valait cela. Il ne restait aucun nuage à éclaircir dans mon esprit. Il ne restait rien, rien que l’extase la plus totale et absolue.