Dollhouse

Chapitre 59 : Domination

15406 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

Nous avions parlé tous les quatre du fait de rencontrer Granger le lendemain matin pour écouter ce qu’elle avait à dire, et adapter en conséquence notre décision. A ma grande surprise, même Pansy avait accepté, et elle avait même promis qu’elle ne s’en prendrait plus à elle physiquement. Je supposai que c’était un progrès. J’avais donc écrit à la principale concernée au travers de notre carnet et lui avait annoncé la nouvelle. Nous avions convenu ensemble qu’elle nous retrouverait au manoir trois soirs plus tard. J’avais proposé que l’on se rencontre avant, mais elle m’avait dit avoir besoin d’un peu de temps, pour je ne savais trop quoi. Peut-être qu’elle ne pouvait pas quitter Poudlard avant. En tout cas, le rendez-vous était programmé, et cela ne nous engageait à rien, j’avais été très clair sur ce point. Nous l’écouterions, mais je ne promettais absolument rien. 

Je ne pouvais mentir et dire que cela ne m’inquiétait pas au plus haut point. J’avais dû redoubler d’efforts pour maintenir mes murs en place, mes anciens démons anxieux cherchant inlassablement à refaire surface depuis que nous avions pris cette décision ensemble. Je n’avais désormais plus seulement la peur de ne pas parvenir à satisfaire le Seigneur des Ténèbres, j’avais maintenant en plus celle abominable qu’il découvre que nous étions en train de le trahir rien qu’en écoutant ce qu’elle avait à dire. Je m’accrochais à ma violence plus encore qu’avant. Plus les miens étaient en danger, plus j’étais dangereux. Je m’accrochais donc à ma haine de toutes mes forces, et à ce monstre en moi. J’avais besoin de lui, plus que jamais. Il ne pouvait rien leur arriver, et j’avais pris la responsabilité de les protéger. 

Nous avions repris du service sur une nouvelle rixe le soir venu, et d’autres personnes étaient mortes, et d’autres étaient parties en direction des cachots du Quartier Général pour subir le test du Seigneur des Ténèbres. J’avais fait ce que j’avais à faire sans qu’aucune émotion ne me traverse. Je ne pensais qu’aux miens, et à leur sécurité que je devais assurer. Tant pis pour les autres. Plus ils périssaient, plus les miens étaient en sécurité. Pour l’instant. 

J’étais dans le bureau de mon père en train de rédiger mon rapport pour Voldemort quand Mint se matérialisa devant moi, un parchemin dans ses mains frêles. 

-       Ceci vient d’arriver pour vous, Maître Drago, m’annonça-t-elle doucement. 

Je tendais la main vers elle, et elle me remit le morceau de papier avant que je ne la renvoie à ses occupations en la remerciant. J’étais sur le point d’aller me coucher, il devait être près de 4heures du matin. Je supposai que je dormirai plus tard. J’ouvrais la missive : 

A l’intention du Lord Grand Intendant du Seigneur des Ténèbres, 

Nous nous trouvons dans l’obligation de vous informer que nous avons rencontré des membres de l’Ordre du Phénix ainsi que des Aurors lors de la rixe ayant eu lieu ce soir même à Bamburgh. Plusieurs civils ont étés sauvés et évacués à cause de leur intervention, notre équipe n’ayant pas été de taille à tous les éliminer. Deux d’entre eux sont tombés au combat dont l’identité nous est inconnue, et l’un d’entre nous, Paul Mott, est également tombé de leur baguette. Cependant, notre équipe est parvenue à capturer vivant Sturgis Podmore, membre de l’Ordre. Nous le retenons actuellement au Quartier Général, où nous attendons vos ordres. 

Conformément à vos ordres, notez que cette missive s’auto-détruira suite à votre lecture.

Dans l’attente de votre retour,

Finnick Vain & Georges Peter

-       Merde, murmurai-je alors que la lettre prenait feu. 

Les cendres se répandaient sur mon bureau alors que je tirai le tiroir pour en sortir le dossier sur l’Ordre de mon père. Je cherchais parmi les noms qu’il y avait, et fut ravi de constater que celui de Podmore était déjà répertorié. Engagé depuis la première Guerre, donc. Je prenais le dossier avec moi, me levais de ma chaise et sortais en trombe. Le manoir était plongé autant dans le silence que dans l’ombre. Nous étions rentrés il y avait bien une heure et demi de cela. J’ouvrais la porte de la chambre de Theodore à la volée, sans même prendre la peine de toquer pour annoncer mon arrivée. Elle était plongée dans le noir. Il dormait. 

-       Theo, appelai-je depuis l’encadrement de sa porte. 

Le haut de son corps se leva directement dans son lit. 

-       Qu’est-ce qu’il se passe ? me demanda-t-il avec une pointe d’urgence dans sa voix enrouée. 

-       Lève-toi, Vain et Peter ont capturé un membre de l’Ordre pendant leur rixe. Ils nous attendent au Quartier Général, lui appris-je alors qu’il sortait déjà de son lit. 

-       J’arrive tout de suite, confirma-t-il en attrapant d’ores et déjà des vêtements. 

Je quittais sa chambre et descendais à la cuisine où je me servais une tasse de café. Merde, je savais que cela allait finir par bientôt arriver, mais c’était désormais concret. Les choses allaient devenir plus compliquées, et beaucoup plus dangereuses pour nous lors des rixes suivantes. Nous ne serions plus seulement face à des civils, mais face à des professionnels parfaitement entraînés à nous combattre. Nous perdrions des soldats, nous aussi. Je sentis les battements de mon cœur s’accélérer alors que je buvais ma tasse cul-sec. Lorsque je me retournais, Theodore était derrière-moi. Il acquiesça en ma direction, et nous prenions chacun notre Masque avant de transplaner tous les deux au Quartier Général. Cela serait plus rapide que de réveiller nos dragons au plein milieu de la nuit alors qu’ils venaient déjà de travailler pour nous lors de notre propre rixe. 

Finnick Vain, un Mangemort de pas plus d’une trentaine d’années aux cheveux roux attendait au centre de la grotte alors que nous marchions vers lui avec hâte, ne portant plus son Masque. Lorsqu’il nous vit, il s’inclina en un salut respectueux vers moi : 

-       Vous êtes venu, constata-t-il en se redressant. 

« Lord Grand Intendant », s’incliner devant moi, me vouvoyer, me prévenir moi. Je l’aimais bien. Je ne le connaissais pas bien, n’ayant pas encore eu souvent l’occasion d’échanger avec lui, mais il commençait bien. 

-       Est-ce que tu as prévenu le Seigneur des Ténèbres ? lui demandai-je alors en menant la marche vers les cachots. 

-       Non, j’ai pensé qu’il valait mieux d’abord vous en informer, continua-t-il en suivant derrière Theo et moi en devant presque courir. 

-       Tu as bien fait, confirmai-je vers lui. Ne le dérange pas en pleine nuit juste pour ça. Est-ce que tu sais qui étaient les membres de l’Ordre et les Aurors présents ? 

-       C’est compliqué Monsieur, nous sommes une jeune équipe et nous ne les connaissions pas tous. Nous avons cependant reconnu Alastor Maugrey, Kingsley Shacklebot, Theodard Fontaine et l’ancien Ministre de la Magie Hesphaestus Gore. De ce qu’on sait, seuls Maugrey et Shacklebot font partie de l’Ordre parmi eux. 

-       Et le corps de Mott ? demandai-je en prenant note mentale de ce qu’il me racontait. 

-       Son corps, Monsieur ? me questionna-t-il. 

Je m’arrêtai dans ma course et me retournai vers lui. Il me regardait avec des yeux ronds. 

-       Qu’avez-vous fait de son corps ? explicitai-je pour lui. 

-       Euh, hésita-t-il, il est sur place avec les autres qui sont tombés. 

Je soupirai face à sa médiocrité. Toujours de la médiocrité. Rien que de la putain de médiocrité. Je ne pouvais pas le renvoyer aller le chercher. Même si j’envoyais le reste de son équipe avec lui, c’était trop dangereux maintenant que l’Ordre et le Ministère savait ce qu’il s’était passé en ces lieux. 

-       Ramenez nos pertes la prochaine fois, et fait passer le mot aux autres équipes, l’enquis-je alors avant de reprendre ma route vers les cachots accompagné de Theodore. Est-ce qu’il a parlé ? demandai-je à propos de notre prisonnier. 

-       Non Monsieur, nous vous attendions, déclara-t-il en marchant aussi rapidement que possible derrière-nous. 

Il était plus âgé que nous, pourtant il n’y avait aucun doute sur qui avait le dessus sur qui. J’aimais plutôt ce constat. Il avait compris où était sa place. Les autres suivraient avec lui, en temps et en heure. 

Nous nous enfoncions dans la noirceur profonde de la grotte jusqu’aux cachots, des torches s’allumant sur les murs à notre passage pour prodiguer un peu de lumière. Je n’avais pas besoin d’être guidé, j’avais conçu cet endroit. Sur ma gauche, des montagnes de cadavres étaient empilées. Ceux qui n’avaient pas passer le test de Voldemort. Sur ma droite, les nouvelles potentielles recrues qui attendaient leur tour étaient entassés derrière des barreaux. La lumière orange des flammes dansait sur leurs visages tantôt endormis, tantôt abimés, tantôt terrorisés. Ceux qui étaient éveillés ne se permirent pas le moindre bruit ou mot à notre encontre, trop effrayés de ce qu’ils récolteraient. Ils avaient raison. L’Ordre et le Ministère passaient à la défensive, ainsi qu’à l’offensive. Le danger grandissait. Il n’y avait rien de plus dangereux que de faire grandir le risque d’atteindre les miens. Rien ne pouvait me rendre plus dangereux que cela. Ils étaient entassés les uns sur les autres comme des animaux destinés à l’abattoir. Certains le seraient. D’autres m’obéiraient. Je les regardais avec satisfaction. Ils étaient nombreux. Ils attestaient de notre présente supériorité de force. Ni l’Ordre, ni le Ministère ne pourraient les sauver, ceux-là. Un sourire en coin adornait mon visage alors que je m’enfonçais dans le cachot. Les soldats m’avaient appelé en tant que Grand Intendant. Le Seigneur des Ténèbres recevrait des comptes à propos de ce qu’il suivrait. Je revenais tout juste d’une rixe. Mes murs étaient déjà montés. Theodore était avec moi. Ma prestation était importante. Je m’enfermais plus profondément en moi. Il ne restait rien. Rien que le Grand Intendant. 

-       La prochaine porte à gauche, annonça Finnick. 

J’ouvrais la porte en bois de la salle d’interrogatoire. Son coéquipier, Georges Peter, se tenait debout à côté de notre prisonnier bâillonné. Je saluai Peter d’un signe de tête. Il n’était pas beaucoup plus âgé que Finnick, même s’il était plus large. Il avait l’air un peu plus imposant, ce qui était surement la raison pour laquelle c’était lui qui avait gardé Podmore jusqu’à notre arrivée. 

-       C’est du bon travail, leur adressai-je en portant ensuite mon regard sur le membre de l’Ordre.

Sturgis Podmore, donc. C’était un homme grand et large, un blond à la mâchoire carrée qui devait approcher de la quarantaine. Il était assis sur une chaise, ses mains nouées dans son dos et ses pieds attachés. Un bâillon lui couvrait la bouche. La rage brillait dans ses yeux marrons rivés sur moi. Je lui souriais. 

-       Tenez, m’offrit Georges en me tendant un bout de bois, sa baguette. 

Je pris le bout de bois et le brisait en deux d’une seule main avant de la laisser retomber sur le sol. Lentement, je m’approchais et m’accroupis devant lui, son dossier toujours en main. 

-       Sturgis, c’est ça ? Sturgis Podmore. Quel drôle de nom, commentai-je avec un sourire en coin. Est-ce que tu vas gentiment répondre à nos questions, Sturgis ? 

Il tenta vainement de se débattre en grognant contre les liens qui le maintenait en place contre la chaise en bois. Je fis non de la tête en pinçant les lèvres. 

-       Non ? décodai-je donc. Bon écoute, je suis fatigué, je pense que t’es fatigué aussi, alors voilà comment ça va se passer. Soit tu réponds gentiment à mes questions en m’économisant inutilement de me fatiguer, soit je vais directement les chercher dans ton esprit en te faisant mal. Alors, qu’est-ce qui t’dis le plus Sturgis ? 

L’homme se début encore contre sa chaise, aussi soupirai-je. J’étais épuisé, et maintenir mes propres murs d’occlumencie en place rendrait mes talents de légilimens plus fragiles, surtout vu la magie noire que j’avais déjà dépensée ce soir-là pendant notre rixe. Mes ressources n’étaient pas illimitées, et ça m’aurait clairement arrangé qu’il parle de lui-même. Il n’était cependant clairement pas déterminé à me donner de lui-même ce que je demandais. Je me relevai donc et saisissais ma baguette avant de m’insérer dans son esprit sans faire attention à ne pas lui faire mal mentalement en ce faisant. 

Le néant. Il n’y avait rien. Je ne trouvais rien du tout, et je n’avais pas la force nécessaire pour fouiller des heures durant. J’en ressortais en soupirant une nouvelle fois. L’enfoiré avait de la satisfaction dans son regard. Il allait me falloir l’épuiser mentalement avant de pouvoir en tirer quoi que ce soit. 

-       Je vois que l’Ordre vous a entraîné pour ce genre de cas, commentai-je donc. Rah, c’est dommage, chuchotai-je en ouvrant son dossier sur mes cuisses, m’accroupissant à nouveau devant lui. 2, Laburnum Gardens, Clapham, récitai-je son adresse. C’est ça ? 

La haine s’intensifia dans son regard posé sur moi. 

-       Mh, commentai-je en tournant la première page de son dossier. Sang-Mêlé, pas d’enfant, lisais-je en survolant les informations, et oh, que vois-je ? Esmeralda Podmore, nommai-je son épouse. Sang de Bourbe, souriais-je en lui dévoilant mes dents. 

Je sortais la photo de son épouse aux longs cheveux bruns et la lui montrait. Ses yeux se mouillèrent de larmes, mais sa haine n’en disparut pas. Je retournai la photo vers moi et la regardait. 

-       Elle est jolie, commentai-je alors. Ce serait dommage qu’il lui arrive des bricoles parce que son chéri a préféré se taire plutôt que d’épargner sa vie, tu ne crois pas ? chuchotai-je alors en reportant mes yeux assassins sur lui. 

Il grogna encore, les sons qu’il tentait d’émettre étouffés par les cordes dans sa bouche. Je lâchai son dossier sur le sol et me relevai en soupirant. Ses yeux se levèrent vers moi sans me lâcher. Il savait d’où venait la menace dans cette pièce. Tant mieux. 

-       Tu sais Sturgis, la nuit a été longue pour tout le monde, je suis sûr que tu seras du même avis. Assez d’innocents sont morts ce soir, tu ne trouves pas ? lui demandai-je doucement. Alors voilà c’que j’te propose, amenai-je en me frottant les mains, on te pose certaines questions, toi tu y réponds gentiment, notre chère madame Podmore termine ses beaux-rêves tranquillement dans son coin, et en échange je te promets que ta mort sera douce. De toute façon, ajoutai-je doucement, t’es fait comme un rat. Personne ne va venir te chercher ici. Alors, qu’est-ce que t’en dis ? chuchotai-je vers lui. Tu vas répondre à nos questions ? 

Ses narines s’élargissaient frénétiquement au rythme de ses respirations enragées. Il ne m’avait pas l’air beaucoup plus motivé que cela. Peut-être que la peur de la menace serait suffisante néanmoins pour avoir abaissé ses barrières mentales. Je tentais une nouvelle fois de pénétrer son esprit tandis qu’il grognait sur sa chaise. Je n’avais toujours accès à rien. 

-       Mmh, accusai-je encore. Dommage, murmurai-je. Est-ce que ta maison est protégée, Sturgis ? 

La peur qui brillait dans ses yeux m’apprit que ce n’était pas le cas. Ils ne devaient pas avoir assez d’effectif opérationnel pour se permettre ce genre de luxe. Je lui souriais, et tournais le visage vers Theodore. 

-       Va chercher sa femme, ordonnai-je vers lui alors qu’il acquiesçait en ma direction. 

La seconde d’après, il avait disparu. Sturgis se débattait encore sur sa chaise, ses yeux mouillés de larmes. Je lui adressai des yeux ronds et ouvrait mes bras en signe d’innocence face à lui : 

-        J’ai essayé, Sturgis ! m’indignai-je en réponse. Je t’ai offert un marché plus que raisonnable, et, si tu veux mon avis, vu ta position, c’était même un marché plutôt généreux, et toi t’as fait ta tête de mule ! Tu sais, repris-je plus bas en marchant en cercle devant lui, je trouve ça plutôt courageux que tu tiennes bon malgré la merde gigantesque dans laquelle t’es en ce moment. C’est même plutôt respectable de ta part en fait, de ne pas céder aussi facilement. Et je comprends, je t’assure je comprends votre combat, mais tu vois le problème c’est que vous, vous vous battez à la loyale. Vous utilisez pas d’magie noire, commençai-je à lister sur un ton léger, vous ne vous attaquez pas à des innocents qui n’ont rien demandé, vous ne tirez pas pour tuer… C’est bien honorable tout ça, claquai-je des mains, mais le truc c’est que moi j’ai pas ce genre de problèmes de conscience.

La vie de Theodore dépendait de mon pouvoir. Non, je n’avais pas de problème de conscience. Je reprenais place accroupis devant lui. 

-       Je peux encore dire à mon ami de laisser ta femme bien au chaud dans son lit, chuchotai-je vers lui. Alors, qu’est-ce que tu en dis ? 

Il ne broncha pas. D’un signe de tête vers Georges Peter, je lui ordonnais de le défaire des liens qui l’empêchait de parler. Une fois libéré, ses lèvres se retroussèrent en une moue enragée. Soudain il ouvrit la bouche, et me cracha au visage. Enfin, sur mon Masque. Je pouffai alors que Peter lui envoyait un poing en pleine figure. D’un coup de baguette, je retirai mon Masque. Ses yeux s’écarquillèrent quand il découvrit mon visage. Il ne s’attendait pas à ce que ce soit moi. Il ne s’attendait pas à ce que ce soit Drago Malefoy. Ce n’était pas Drago Malefoy. C’était le Grand Intendant. 

Je soupirai de façon audible. 

-       Qu’est-ce que j’vais faire de toi, Sturgis ? 

La seconde suivante, un bruit sourd raisonna dans les murs en pierre de la grotte, et Theodore réapparu vêtu de son propre Masque noir, la femme de Sturgis en robe de chambre tenue fermement devant lui.

-       Esmé ! s’écria le prisonnier avec horreur. 

-       Sturgis, lui renvoya-t-elle de ses yeux déjà mouillés de larmes. 

-       Ah, notre invitée d’honneur ! ponctuai-je dans ces retrouvailles chaleureuses. Bon, Sturgis, l’heure de parler à sonner. Combien de membres compte actuellement l’Ordre, et est-ce qu’il recrute en ce moment ? commençai-je donc. 

La mâchoire du prisonnier était fermement serrée, ses yeux brillant des larmes qu’il s’apprêtait à pleurer, mais il ne dit rien. 

-       Bon alors, où est-ce que l’Ordre va venir frapper ensuite ? essayai-je encore. 

-       Je ne vous dirai rien enfoirés ! cracha-t-il alors d’une voix vibrante de rage. 

Téméraire, le garçon. Je soupirai une nouvelle fois. D’un signe de tête vers Theo, je l’autorisai à procéder. Il lança un endoloris à la femme de Podmore qui tomba à genoux sur le sol. Ses cris de douleur raisonnaient dans la grotte. Je regardais le prisonnier. Ses sourcils étaient douloureusement froncés sur son front, et des larmes perlèrent enfin sur ses joues. Rapidement, il ferma les yeux. Je laissai Theodore continuer encore quelques secondes, les cris de la femme qu’il aimait perçant sans doute ses tympans. D’un signe de main discret, j’ordonnai à Theodore de cesser. 

-       Reprenons, amenai-je alors que je commençai à perdre patience, la femme de Podmore couinant encore douloureusement sur le sol comme un chien blessé. Combien de membres compte l’Ordre, est-ce qu’il recrute en ce moment, et où est-ce qu’il va frapper ensuite ? 

Les yeux que Sturgis posa sur moi étaient tout bonnement meurtriers. Dommage pour lui qu’il ne fut pas en position de pouvoir mettre ses fantasmes à exécution. 

-       Vous n’obtiendrez rien de moi, sales monstres ! s’écria-t-il tandis que les larmes continuaient à perler sur ses joues. 

Je pinçais mes lèvres et tentais une nouvelle fois de pénétrer son esprit, espérant que la torture de sa femme l’affaiblirait mentalement. L’enfoiré était solide. Sacrément solide, même. Je tournai le visage vers Theodore. Il reprit son maléfice. La femme se tordit inhumainement sur le sol. Sturgis pleura. Elle hurla. J’en avais mal à la tête. J’étais fatigué, putain. J’ordonnai à Theodore de cesser. Une nouvelle fois, je soupirai. Je passai une main sur mon visage. 

-       Combien de membres compte l’Ordre, est-ce qu’il recrute en ce moment, articulai-je doucement sur un ton appuyé, et où est-ce qu’il va frapper ensuite ? 

Ses traits déchirés par la douleur, il regardait sa femme qui était victime de spasmes sur le sol. Il ne me répondit pas. Il pleurait. 

-       Je commence à perdre patience Sturgis, l’avertis-je avec bien moins de légèreté que plus tôt. Combien de membres compte l’Ordre ? répétai-je froidement. 

Il releva ses yeux vers moi, ses lèvres retroussées en une moue colérique emplie de dégoût. Je tentai une nouvelle fois de pénétrer son esprit, ma magie faiblissant clairement de plus en plus. Rien du tout. J’ordonnai à Theodore de reprendre son doloris d’un signe de main. La femme hurla, jusqu’à ce qu’elle ne puisse même plus. Elle se tordait sourdement sur le sol désormais, se situant dans le vide conceptuel entre la vie et la mort. J’ordonnai à Theodore de cesser. Le prisonnier ne parla pas de lui-même. A bout de patience et la mâchoire serrée, je me baissai au niveau de la femme, et l’attrapai en une poignée ferme de ses cheveux. Je la traînais sur le sol d’une main dans ses longs cheveux jusqu’aux pieds de Sturgis. 

-       Je voudrais aller me coucher, Sturgis, appuyai-je d’un ton glacial. 

En tirant sur ses cheveux violemment, je forçais le corps de sa femme à se tenir presque à genoux devant lui. Ses mollets s’étalaient derrière-elle, à bout de force. Je ne lâchais pas ma prise sur elle, forçant son visage à quelques centimètres du sien. Le prisonnier la regardait avec douleur. Son visage à lui tremblait de rage, ou peut-être de douleur, ou peut-être des deux, je ne le savais pas. 

-       Combien de membres compte l’Ordre, et où est-ce qu’il va frapper ensuite ? appuyai-je chaque mot d’une voix grave. 

-       Sturgis…, murmura faiblement la femme. 

Il pleura plus encore. Je tirai à nouveau sur les cheveux de celle-ci, et appuyai de force son visage sanglotant sur les cuisses de son mari. 

-       Je suis désolé, pleura-t-il à sa femme. Je suis tellement désolé Esmé… 

Il sursauta alors que ma voix vibrait gravement contre les pierres du cachot : 

-       COMBIEN DE MEMBRES COMPTE L’ORDRE ?! 

-       Je suis désolé, chuchota-t-il encore à sa femme dont j’appuyais le visage contre ses cuisses. 

-       COMBIEN DE MEMBRES COMPTE L’ORDRE ?! hurlai-je à pleins poumons d’une voix d’une puissance terrifiante. 

Le prisonnier ferma les yeux. Il ne parlerait pas ce soir. Je levai ma baguette sur le visage de sa femme, et la frappait d’un Avada Kedavra avec tout ce qu’il me restait de magie accessible. Je lâchais finalement ses cheveux. Sa tête glissa des cuisses de son mari qui lui avait fait défaut et s’écrasa sur le sol dans un bruit sourd. Sturgis pleura. 

-       Ton cauchemar ne fait que commencer, Podmore, lui promis-je d’une voix basse menaçante. 

Je me retournais vers mes soldats. Je marchais vers la sortie des cachots, Theodore sur mes talons, en ordonnant froidement vers Peter et Finnick : 

-       Laissez son cadavre à ses pieds. Demain, je vous enverrai Cyprus Maxwell pour continuer le travail. 

Et Theodore et moi disparaissions dans la pénombre. 


Je revoyais la grotte dans laquelle je me tenais quelques heures plus tôt. Je revoyais le corps tremblant d’Esmeralda. Il n’y avait pas Theodore. Je n’étais pas dans mon corps. J’étais derrière Sturgis Podmore. Je ne voyais que l’arrière de son crâne. Et je me voyais, moi. Je voyais un visage dans lequel je ne me reconnaissais pas. Je voyais la violence et l’excitation qui brûlait au fond de ces yeux gris qui me terrifiaient. Mon cœur battait violemment dans mon poitrail. J’étais terrifié. Je voyais des traits fins, des joues creuses, des cernes violettes sur ce visage terrorisant. Des mèches de cheveux blancs retombaient sur ce visage pâle, témoin de la nuit mouvementée qui avait été passée. Il y avait du sang sur les vêtements que j’avais portés. Je le voyais distinctement, désormais. Mon uniforme était tâché de sang en des traînées de part et d’autre. Esmeralda hurlait à tue-tête sur le sol, les sanglots dus à la douleur déchirant ce qu’il restait de sa voix. Mon estomac s’en retournait à l’intérieur de moi. La pauvre femme subissait sous les yeux de son mari qui ne parlait pas pour la libérer. Je baissai les yeux vers Sturgis. Ses épaules tremblaient légèrement. Soudain, il tourna le visage sur la droite. Ses yeux étaient violemment fermés, et une larme perla sur sa joue. 

-       Fais quelque-chose, implora-t-il tout doucement. 

J’avalai difficilement ma salive, mes sourcils froncés sur mon front. Il ouvrit soudainement les yeux, son regard sur le côté fixé sur moi. Je sursautai. 

-       FAIS QUELQUE-CHOSE ! me hurla-t-il en une supplication désespérée. 

Je levai les yeux vers le monstre que j’étais. Mon ombre me regardait, elle aussi. Je me sentais figé sur place. Je pouvais voir le diable au fond de ces yeux qui m’appartenaient. Il me sourit. Il me sourit d’un large et terrifiant sourire qui dévoilait ses dents. Puis il rit. Il rit à gorge déployée d’un rire aussi profond que grave. Il bascula la tête en arrière, et quand il la baissa à nouveau, il ne souriait plus du tout. Il regardait droit dans mon âme. Droit dans mes yeux terrifiés. J’étais terrifiant. 

-       Qu’est-ce que tu vas faire, Drago ? chuchota-t-il vers moi, sa voix de prédateur faisant de moi sa proie. 

Je me sentis pleurer. Il était terrorisant. Il me terrorisait. Je me terrorisai. La femme pleurait. Le prisonnier pleurait. A l’intérieur, je pleurais. Mais lui, lui qui avançait vers moi tel le prédateur qu’il était, il ne pleurait pas. Il ne feignait pas. Il aimait ça. J’étais sa proie. Et il aimait ça. Le pouvoir. Le contrôle. La puissance. La violence. Il aimait ça. Soudain sa bouche s’ouvrit largement, ses traits se déformant sous ce geste, ne le rendant que plus terrorisant encore, tel un monstre il hurla de sa voix qui vibrait jusque dans mes entrailles : 

-       QU’EST-CE QUE TU VAS FAIRE, DRAGO ?! 

Je sursautais et ouvrais les yeux alors que le jour se levait dehors. J’étais trempé de sueur. Mon cœur battait la chamade. L’image de mon visage hurlant me hantait encore. Ma respiration était courte et saccadée. Je me redressai, assit dans mon lit. Je baissai les yeux sur mes mains. Elles tremblaient. J’entendais sourdement ma respiration difficile raisonner dans mes oreilles. Je passai ma langue sur mes lèvres pour les hydrater et avalai difficilement ma salive avant de continuer de chercher de l’air. Mon front était trempé, et mon torse aussi. Le haut de mon corps tremblait de froid. L’image de mes yeux meurtriers me hantait. L’image de mon visage de Grand Intendant me hantait. Le ton de ma voix. Mon aura proprement et simplement assassine. Terrifiante. Absolument et totalement terrifiante. Je ne me voyais jamais de la sorte, j’étais à l’intérieur, caché quelque part. Ce n’était pas moi. Je me sentis avoir de plus en plus de mal à respirer. Je fermais les yeux, assit sur mon lit, la couette mouillée encore sur mes jambes. 

Cinq, quatre, trois, deux, un, par le nez, puis cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. Je visualisai Theodore sur Sekhmet, la première fois que nous avions volé tous ensemble. Je fermais les yeux aussi fort que je le pouvais, mes deux mains plaquées contre mon cœur dont j’essayai de ralentir les battements. Je me plongeais dans mon souvenir. Je me concentrai pour sentir le vent contre mon corps. Le bruit des ailes de nos dragons. Le soleil d’hiver sur nos peaux. Cinq, quatre, trois, deux, un, par le nez, puis cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. Les bras étendus de mon frère. Le large sourire sur son visage. Son cri de joie. Son visage illuminé par l’extase. Ma respiration se fit plus profonde. Ses yeux. Je me concentrai sur ses yeux qui brillaient de mille feux. Les battements de mon cœur ralentirent doucement. Je caressai mon poitrail. Cinq, quatre, trois, deux, un, par le nez, puis cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. Je replaçais brique après brique de mon mur d’occlumencie. Mon cœur se calma plus encore. Sans que je ne le contrôle vraiment, une autre image vint à moi. Le petit Theodore, dans la salle de réception du manoir. Le petit Theodore qui tenait la main de son père. Le petit Theodore aux yeux brûlés par son père. La rage vibra en moi. Oui, exactement, jouit la rage meurtrière à l’intérieur de moi. Je me levai de mon lit, ma respiration aussi stable que profonde, et allait en direction de ma salle de bain. Je ne tremblai plus. Une ombre traversa le dessous de ma porte. Je souriais. Theodore. Il s’en alla sans un bruit en constatant que je m’étais calmé seul. 


Comme promis, j’avais missionné ce malade de Maxwell, en lui donnant carte blanche, de s’occuper de notre prisonnier pour lui soutirer des informations. C’était un homme d’honneur, c’était net. Regarder sa femme se faire torturer et tuer en silence pour ne pas vendre ses convictions méritait une médaille, mais je ne donnais pas cher de sa peau à force de répétition de rencontres avec Maxwell. J’avais annulé les rixes du soir suivant pour réorganiser les équipes et les refournir, maintenant que l’Ordre et le Ministère se mettaient à riposter. Il nous fallait tous être plus forts. Devant le nouveau sérieux de la situation, « Blaise » avait longuement entraîné Pansy ce jour-là. Quand bien-même il ne le disait pas, je savais que cela l’inquiétait. Cela nous inquiétait tous. Nous avions été royalement tranquilles jusqu’alors, les putains de rois du monde. Il nous restait à découvrir si nous tiendrions aussi bien et aussi facilement face à ces professionnels, et je ne pouvais faire autrement que m’accrocher à la rage et l’horreur du Grand Intendant, parce que sa confiance sanglante était rassurante. Parce que je savais que dès qu’il était là, plus personne ne pouvait me mettre à défaut. Plus personne n’était assez fort. Plus rien ne passait, pas l’ombre d’un doute. Il ne restait que la violence absolue et une force terrifiante. 

J’étais retourné au Quartier Général en fin d’après-midi pour retrouver mon cher ami Sturgis Podmore. Lorsque j’arrivais dans son cachot, Maxwell était face à lui, tout un ensemble d’outils de torture étalés ici et là sur le sol. Sturgis était méconnaissable. Ses deux yeux étaient gonflés et noircis de coquards, du sang tâchait son visage de part et d’autre, il semblait pantelant, à deux putains de doigts de la mort. Ses deux mains étaient clouées sur la chaise par d’énormes vis rouillées et il ne lui restait plus aucun ongle. Je me demandais ce que ses vêtements cachaient comme autres blessures. Maxwell se retourna vers moi avec un large sourire quand il m’entendit arriver. 

-       Ah, patron ! me salua-t-il faussement amicalement. 

-       Il a parlé ? demandai-je en allant directement au fait. 

-       Nope, muet comme une carpe l’enfoiré ! Et j’ai sorti l’artillerie lourde, se vanta-t-il. 

Je tournais à nouveau les yeux vers notre prisonnier. 

-       T’as pas bonne mine Sturgis, constatai-je alors. Bon, voyons si ton esprit est enfin accessible, m’attelai-je sans perdre de temps. 

Je sortais ma baguette et pénétrais son esprit. Je rencontrais un mur, mais il y avait une brèche qui n’existait pas hier. Une porte d’entrée. Je souriais, et m’y enfonçais sans perdre ma concentration. Je me prenais toute une ribambelle d’informations sur sa vie et sa femme, comme si j’en avais quelque chose à foutre. Ici et là, des conversations avec leur regretté Dumbledore qui avait l’air d’être son ami, mais rien de particulièrement intéressant. Je fouillais plus profondément, à la recherche d’informations sur l’Ordre. Il n’y avait putain de rien. Je ne savais pas si c’était parce qu’il parvenait à m’en cacher l’accès où parce qu’ils avaient été très précautionneux et que les membres n’avaient jamais accès à toutes les informations, mais je ne trouvais rien de plus que le fait qu’en effet, ils recrutaient. Au travers de Poudlard et des amis haut placés de Dumbledore, ils remplissaient leurs rangs, eux-aussi, bien que largement moins rapidement que nous. Je n’obtiendrais absolument rien de plus que ces informations que je soupçonnais déjà de toute façon. Je me retirai de son esprit et soupirai. 

-       Tout ça pour ça Sturgis, vraiment ? pestai-je alors devant les efforts déployés pour quelqu’un qui ne savait rien. Tue-le, ordonnai-je à Maxwell avant de tourner les talons et de m’en aller. 


Ce soir-là, Blaise et Pansy avaient insisté pour que nous passions une soirée tous les quatre. Rien qu’une petite soirée où nous n’étions rien d’autre que nous-mêmes, ensemble autour de quelques verres. Theo et moi avions accepté à cœur joie. Il me semblait que nous en avions tous besoin, de nous retrouver simplement. Rien que nous. Rien que les amis que nous étions. Rien que la famille que nous étions. Rien que des humains. 

Comme à son habitude, Pansy était assise par terre devant la table basse. J’étais sur le canapé en face, Blaise sur un fauteuil sur ma gauche, et Theodore sur le plus petit canapé sur ma droite. Nous buvions ensemble notre premier verre quand Pansy me demanda avec un sourire en coin vicieux : 

-       Alors, ça te fait quoi de savoir que tu vas revoir Granger demain ?

Je soupirai. 

-       Putain, je croyais que le but c’était qu’on se détende ? pestai-je alors. 

-       Bah bichette, ça te tend de parler de la lionne ? me taquina Blaise en appuyant sa meilleure amie, comme d’habitude.  

-       La paix ! tentai-je de négocier dans une tentative désespérée. 

J’entendis Theodore rire doucement sur ma droite. Je tournais vers lui un regard faussement assassin.

-       Ça te fait rire ? le défiai-je alors. 

-       Un peu, avoua-t-il avec un sourire à se damner.  

-       Traître, crachai-je en prenant une gorgée de mon verre. 

Je pensais avoir réussi à écarter cette conversation gênante, mais c’était sans compter sur la peste que Blaise Zabini était. Avant même que je n’avale ma gorgée, il enchaîna avec un large sourire qui dévoilait ses dents :  

-       T’as pas trop peur que Pansy lui pète les dents ? 

-       Ah, j’ai promis de bien m’tenir, répondit Pansy en levant les mains en signe d’innocence. Physiquement, ajouta-t-elle ensuite avec un sourire sadique qui lui allait parfaitement bien. 

-       Moi, j’aurai peur, commenta Blaise en faisant une moue pincée vers moi.  

-       Vous me fatiguez, soupirai-je encore sans pouvoir retenir un sourire en coin. 

Mes deux petites pestes préférées. Au fond, ils n’avaient pas changé tant que cela. Ce constat réchauffait quelque chose en moi, même si j’allais certainement en prendre pour mon grade.  

-       Tu comptes la faire dormir ici ? continua donc la peste numéro 1, Blaise. 

-       Dormir ? pouffa la peste numéro 2, Pansy. 

-       Pardon, tu comptes l’empêcher de dormir ici ? renchérit encore Blaise. 

Je soufflais en vidant l’intégralité de mes poumons. 

-       J’en sais rien, bande de vipères que vous êtes là ! 

-       Il pousse le « fraterniser avec l’ennemi » un peu trop loin, se moqua Pansy vers Blaise. 

-       On est plus dans de la fraternité à ce stade-là, renchérit son fidèle compagnon sur le même ton. 

-       T’as intérêt à insonoriser ta chambre si tu comptes te la farcir, me menaça-t-elle alors en pointant un doigt sur moi avant de boire dans son propre verre.  

-       Je ne vais pas coucher avec elle ! m’écriai-je alors en ouvrant les bras. 

-       Ouuuuiiiii, appuya Blaise d’une voix grave.  

-       On n’a pas déjà entendu ça avant ? demanda doucement Pansy vers son ami en fronçant les sourcils. 

-       A de très nombreuses reprises en fait, confirma-t-il vers elle.  

-       C’est bien c’qui m’semblait, ponctua cette dernière. 

-       Je ne vais PAS coucher avec elle, on la voit pour le travail et ça ne change rien au reste, tentai-je, en vain, de me défendre encore.  

-       Il est tendu non ? demanda Blaise à Pansy comme si je n’étais même pas là. 

Theodore se mit à rire à nouveau. 

-       Arrête de rire toi ! le défendis-je sans beaucoup d’effet. 

-       Très tendu, confirma encore Pansy à son acolyte.  

-       J’crois que notre champion a besoin de tirer son coup, soupira Blaise en posant ses yeux sombres sur moi. 

-       AAAAH J’PEUX PAS M’EMPÊCHER DE LA TOUCHER, commença à (très pauvrement) m’imiter Pansy en hurlant, C’EST PLUS FORT QUE MOOOIIIIII !

-       Putain vous m’saoulez, pestai-je sans pouvoir cacher le sourire qui adornait mes lèvres.  

-       Si ça peut te détendre un coup et que t’arrêtes de nous gueuler dessus pour rien, dit-elle en haussant les épaules avant de boire une nouvelle gorgée de son verre. J’dis pas que je serai ravie que tu te la fasses, mais si on va faire alliance avec elle, qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? 

-       Je ne vais pas coucher avec elle, appuyai-je plus sérieusement. 

C’était absolument hors de question. Rien n’avait changé, c’était beaucoup trop dangereux, et je n’avais pas de place pour ça dans ma vie. Pansy était morte à cause de notre relation. J’avais failli perdre Theodore à cause de notre relation. Plus aucun sentiment ne mettrait Theodore en danger. Plus aucun. 

-       Ok patron, me renvoya Pansy en plissant ses yeux. 

-       Je suis sérieux ! tentai-je encore avec toute la bonne volonté du monde. 

Les deux pestes échangèrent un regard appuyé, et ils explosèrent de rire tous les deux. Sur son canapé, les épaules de Theodore sursautaient aussi. 

-       Aller vas-y, boudai-je avec le peu qu’il me restait de dignité. 

-       Ooooooh bah on a froissé la bichette ! s’exclama Blaise en poussant ma cuisse gauche de sa main. 

-       Il est sensible notre Grand Intendant, renchérit Pansy avant de boire à nouveau. 

-       La paix ! suppliai-je encore. 

-       T’as jamais couché avec quelqu’un d’autre depuis que t’as commencé à te taper Granger, si ? me demanda Pansy bien plus sérieusement, ses sourcils froncés sur son front.  

-       C’est quoi cette question ? tentai-je d’esquiver en retroussant mes lèvres. 

-       Putain il est fidèle en plus, commenta-t-elle avec admiration vers Blaise. 

-       A peine un bisou et c’était finit il a juré fidélité, lui renvoya sa peste préférée. J’pourrais jamais comprendre, songea-t-il finalement. 

-       J’avais un peu d’autres choses à penser cette année que courir les jupons figurez-vous, argumentai-je encore inutilement.  

-       Oh oui, parce que sinon t’aurais été voir ailleurs champion, bien sûr, appuya Blaise vers moi en pinçant encore ses lèvres comme une adolescente prépubère. 

-       « Rien qu’le fait que ce soit putain d’Granger, ça me fait bander comme un cheval », m’imita encore Pansy en se moquant de moi. 

-       IIIIIIIHHHHHIII, hurla alors Blaise en basculant son visage en arrière, imitant le cri d’un cheval.  

-       C’est ma fête ou quoi ? pestai-je encore sans pouvoir me retenir de rire devant leurs imitations ridicules. 

-       T’inquiète, c’est demain qu’elle va te la faire ta fête mon bel étalon, renchérit une Pansy en une forme olympique. 

Blaise hurla de rire à sa répartie et lui tendit sa main gauche pour qu’elle la check, ce qu’elle fit avec plaisir depuis le sol. Ils rirent à gorge déployée, et Theo et moi les imitions. Je savais pourtant très bien que si cela arrivait vraiment, ils ne rigoleraient plus du tout. Surtout Pansy. Mais je m’autorisai à en profiter, moi aussi, et je les regardais rire. Je les laissais être les pestes insupportables qu’ils étaient tous les deux, et je profitais du spectacle parce qu’il n’en existait que peu que j’aimais autant. Un ou deux verres plus tard alors qu’elle commençait déjà à être bien pompette, Pansy proposa à ce que l’on joue à « je n’ai jamais » avec des shots d’alcool. Theodore et moi avions rechigné, n’étant pas fans de l’idée de se mettre minable, mais Pansy avait insisté en argumentant que nous n’avions pas de rixe demain non plus, puisque l’on voyait Granger, et nous n’avions pas pu le lui refuser. Nous ne pouvions jamais rien lui refuser, de toute façon. 

Les règles étaient simples : quelqu’un disait « je n’ai jamais… » et les personnes qui l’avaient déjà fait buvaient. Bien entendu, la personne qui disait « je n’ai jamais… » buvait aussi si ce qu’elle disait était quelque chose qu’elle avait déjà fait elle-même. Pour l’occasion, Blaise sortit du bar une bouteille de vodka dont aucun de nous ne raffolait. Les premiers rounds commencèrent et, évidemment, Pansy et Blaise disaient tout ce qu’ils pouvaient pour que nous enchaînons tous les shots d’alcool pur, ce que nous faisions. 

-       Je n’ai jamais tué quelqu’un, enchaîna un Blaise qui commençait lui-même à être éméché.

Nous buvions tous notre shot avant de se passer la bouteille pour remplir nos petits verres. 

-       Je n’ai jamais torturé quelqu’un, continua ensuite Pansy. 

Attaqués par l’alcool que nous enchaînions, nous rions tous, nous passant inlassablement la bouteille. C’était dégueulasse, la vodka pure. Mais je devais avouer que lâcher le contrôle en cet instant était agréable. C’était léger. 

-       Je n’ai jamais baisé à Poudlard, continua Blaise, ahahaha tout le monde boit ! déclara-t-il tel un vainqueur. 

Theodore lui lança un regard affreusement noir et je tiltais seulement à l’instant que Pansy ne se rappelait pas. Je la regardais. Elle regardait Theodore. Elle ne demanda aucune clarification à Blaise. Elle semblait simplement… prendre note mentalement. 

-       Ah non pardon, se corrigea alors faiblement Blaise. 

-       Je n’ai jamais envisagé de me taper Daphné Greengrass, enchaîna ensuite Pansy avec un sourire machiavélique. 

Je trinquais mon shooter avec Blaise et l’avalai tout rond. Pansy se tourna vers Theo qui n’avait pas bu. 

-       Pas ton genre ? lui demanda-t-elle alors. 

-       Vraiment pas, non, répondit-il simplement. 

-       Je n’ai jamais foutu la main dans la culotte à Granger, continua Blaise avec le même sourire diabolique que son acolyte. 

Je me resservais, et je buvais. 

-       Je n’ai jamais bouffé la chatte à Granger, enchaîna Pansy en envoyant un regard en coin malicieux à son meilleur ami. 

Je me resservais, et je buvais, l’alcool brûlant ma gorge un peu moins à chaque nouveau shooter. 

-       Je me suis jamais fait sucer par Granger, continua encore Blaise. 

Je bus encore une fois avant de les arrêter. Ils pouvaient continuer comme cela longtemps. Pansy et Blaise se frappèrent leurs mains mutuelles une nouvelle fois, tout sourires. Ils étaient fiers. Moi, je commençais à être sérieusement attaqué. Je supposais que c’était le cas de chacun d’entre nous. 

-       Je n’ai jamais oublié le prénom d’une meuf avec qui j’ai couché, envoya Pansy en direction de Blaise. 

Je buvais avec lui. Je n’étais pas capable de faire la liste des prénoms des femmes avec qui j’avais couché à Poudlard, pas de toutes en tout cas. 

-       T’es au courant qu’elle s’appelle Hermione au moins ? m’envoya Pansy avec un sourire, et Blaise s’étouffa avec son shooter avant d’hurler de rire. 

J’accusai le coup avec une moue pincée, le sourire aux lèvres. Je tournais le visage vers Theo, et nous échangions un sourire attendri tous les deux alors que nos deux pestes préférées s’égosillaient à rire comme des truies. Merde, qu’est-ce qu’on les aimait ces deux-là. 

Quelques minutes plus tard, alors que tout le monde était d’accord sur le fait que nous risquions tous de vomir sur le tapis si nous continuions les shooter de vodka, nous reprirent des verres normaux. 

-       T’as couché avec combien d’meufs au total ? me demanda alors Pansy. 

Je n’étais même pas surprit, et je n’attribuais même pas cela à l’alcool. Pansy n’était jamais du genre à mettre des formes aux pensées qui lui venaient soudainement, et encore moins lorsqu’elle avait bu. Si moi j’étais éméché, elle, elle devait être déjà bien ronde. Je considérai sa question. 

-       J’sais pas, une vingtaine peut-être, pondérais-je alors. 

-       C’était qui la meilleure ? creusa-t-elle encore depuis le sol devant la table basse. 

J’appuyais sur elle un regard qui ne nécessitait pas une réponse en mots. Blaise et elle se tapèrent les bras mutuellement l’un de l’autre en levant les yeux au ciel. 

-       Oh bah oui c’était Granger hein, ponctua un Blaise éméché. 

-       Oh bah oui hein, confirma encore Pansy, tout sourire. 

Quand ils eurent fini de se foutre de ma gueule, elle posa la même question à son meilleur ami. 

-       La meilleure ou combien ? lui demanda-t-il de préciser. 

-       Les deux. 

-       Merde j’en sais rien, tenta-t-il de réfléchir, une centaine surement. Et j’pourrais pas te dire qui était la meilleure, j’me rappelle pas de son prénom, pouffa-t-il avec un sourire. 

Elle se retourna vers Theodore, toujours sur son canapé sur ma droite. 

-       Et toi l’fantôme ?

L’air flotta entre nous. Il ajusta son assise sur le canapé, envoyant ses hanches vers l’avant avant de se rasseoir confortablement, ses cuisses écartées. Pansy ne manqua pas une miette du spectacle. Je les regardais avec intérêt, comme si c’était du théâtre. 

-       Quoi, moi ? feignit-il l’innocence. 

-       Combien de meufs ? continua Pansy sans se laisser impressionner. 

Il y eut un silence de quelques secondes durant lequel Theodore regardait le fond de son verre avant d’avouer sans la regarder : 

-       Une.  

-       La rouquine ? demanda-t-elle encore. 

A ma gauche, Blaise s’étouffa avec son verre. Je tournai les yeux vers lui et lui fait signe de la main de se taire. J’étais bien trop intéressé par le spectacle. 

-       Non, répondit simplement Theodore. 

Elle le regardait depuis le sol, ses deux grands yeux verts rivés sur lui. Il ne lui rendait pas son regard. Elle avait l’air hypnotisée, comme les dessins animés pour les enfants où l’on aurait pu voir son cœur faire « baboom, baboom » dans sa poitrine. Pourtant, elle n’en demanda pas plus sur cette mystérieuse fille. Je ne savais pas si c’était parce qu’au fond elle savait ou parce qu’elle n’avait pas envie de savoir, mais elle ne demanda rien de plus. Soudain, elle cligna des yeux et elle leva un sourcil circonspect vers lui : 

-       T’es le genre gay refoulé ? lui lança-t-elle alors, se voulant piquante. 

Il avait le visage porté bas sur son torse, mais d’un coup ses incroyables yeux bleus se levèrent jusqu’à elle. La lueur qui y brillait répondait à sa question mieux que toute réponse verbale n’aurait pu le faire. Pansy baissa les yeux. Putain, ce spectacle était incroyable. J’étais plus diverti que je ne l’avais été depuis très, très longtemps. 

-       Putain si c’était l’cas j’peux t’jurer que la personne en question ce serait moi, ponctua soudainement la voix de Blaise sur ma gauche. 

Theodore leva ses yeux jusqu’à lui, un sourire en coin décorant son visage. Il lui adressa un clin d’œil taquin. Merde, qu’est-ce qu’il était beau l’enfoiré. 

-       Arrête de jouer avec mes sentiments comme ça Nott, c’est pas gentil, lui renvoya un Blaise aux joues rougies. 

Je reportais mon regard sur Pansy. Elle n’avait pas décroché ses yeux de Theodore, elle. 

-       C’est quoi ta came ? lui lança-t-elle encore. 

Il baissa à nouveau son regard vers elle et leva un sourcil circonspect sur son visage, se demandant certainement ce qu’elle était en train de chercher-là. Comme nous tous. 

-       Oh ça va, se défendit-elle innocemment, vu notre quotidien on peut bien parler un peu d’autre chose pour se changer les idées. J’sais que Blaise aime les culs, Drago pour une raison que j’saisis pas kiffe Granger, et toi ? C’est quoi le genre de délires chelous qui t’font bander ? lâcha-t-elle tout naturellement. 

Lentement, Theodore se pencha vers le sol où elle se tenait. Il y avait de la malice qui brûlait au fond de ses yeux. Il lécha ses lèvres, son visage désormais proche de celui de Pansy, rencontrant courageusement ses yeux alors qu’il chuchota presque : 

-       Les gentilles filles. 

Un immense sourire se répandit sur le visage de Pansy qui levait les yeux vers lui.  

-       T’es un très mauvais menteur, roucoula-t-elle explicitement. 

Je ne pus m’empêcher de tourner des yeux ronds vers Blaise. Pour sa part, il avait la bouche grande ouverte. Je lui fis signe de se taire une nouvelle fois, et il leva les mains vers moi en innocence. Je reportais mes yeux sur le spectacle inédit qui se déroulait devant nous, humbles spectateurs que nous étions. Theodore pencha son visage sur le côté sans lâcher sa proie des yeux, et il lui demanda d’une voix dangereusement basse : 

-       Qu’est-ce que t’essayes de me faire dire si tu sais déjà ? 

-       J’veux savoir quel genre de pervers dégénéré t’es, répliqua Pansy sur une voix désormais tout aussi basse. 

Il me semblait que les pupilles de cet enfoiré étaient tellement dilatées qu’on aurait pu croire qu’il était drogué. 

-       Mh, accusa doucement Theodore avant de lui adresser un petit sourire en coin. Tu n’es pas une assez gentille fille pour que je te donne ce que tu me demandes, chuchota-t-il ensuite. 

Il était bourré, il n’y avait pas d’autre explication. Mes yeux étaient grands ouverts. Je n’en croyais pas mes oreilles. Pansy lui sourit en retour, sans jamais quitter ses yeux. 

-       Donc des délires de domination, déduit-elle de sa réponse. Comme c’est étonnant, ironisa-t-elle. T’aimes les faire supplier pour ça ?

Theodore ne la quitta pas des yeux quand il la corrigea : 

-       La. 

Pansy fronça ses sourcils d’incompréhension. Il était toujours dangereusement penché vers elle. 

-       J’aime la faire supplier pour ça, précisa-t-il d’une voix carrément prédatrice. 

Il était définitivement sous l’influence de l’alcool. Rien d’autre ne pouvait expliquer cela. 

-       Mmh, gémit presque Pansy, donc c’qui t’fait bander c’est que ton p’tit ego fragile soit boosté un coup ? 

Un sourire en coin presque animal étira la bouche de Theodore. 

-       Tu lis en moi comme dans un livre ouvert, ronronna-t-il à son visage. 

-       T’es même pas à moitié aussi mystérieux qu’tu penses l’être, l’attaqua-t-elle sans perdre son sourire.  

-       Ah non ? la défia-t-il avec douceur. 

-       Non, vraiment pas. J’suis prête à parier qu’t’aimes te faire appeler ‘papa’, s’avança-t-elle encore.  

-       Vraiment pas, en fait. 

-       Mmh, tout un tas d’trucs bien tordus mais les sous-entendus d’inceste c’est ta limite ? enchaîna-t-elle, ses yeux enivrés tout droit rivés sur Theodore. 

-       Ouais, ça m’fait pas bander, explicita-t-il à voix basse. 

L’excitation montait violemment en moi, l’excitation du spectacle que j’avais devant moi. Si j’avais pu, j’aurais sauté partout en hurlant en cet instant. J’attribuais cela à l’alcool aussi. Je tournais mes yeux ronds vers Blaise qui avait la main sur sa bouche, lui aussi. Il se retenait fortement d’hurler. 

-       ‘Maître’ alors ? continua Pansy avec la même voix basse pleine de… désir ? 

Elle le testait, visiblement. Je supposai qu’avec tout ce qu’elle avait vu de lui désormais, il ne lui restait que cet aspect-là à découvrir de lui. Oh, il y avait tout un côté de lui qu’elle ne connaissait plus. Peut-être le côté le plus dangereux, d’ailleurs. 

Un large sourire se dessina sur les lèvres pleines de Theodore qui ne la quittait plus des yeux. 

-       J’pourrais faire avec, murmura-t-il tel un prédateur. Mais y a rien de comparable à mon nom dans sa bouche, après tout tu as raison, j’suis un homme plutôt simple. 

-       T’aimes donner des fessées ? Tirer les cheveux ? continua une Pansy sans limites ni inhibition. Tu préfères quand c’est un peu violent ? 

-       Seulement quand elle est dans l’humeur, rétorqua-t-il avec son sourire à tomber. 

-       Tu le lui demandes ? s’enquit-elle encore. 

-       Je le sens, répliqua-t-il immédiatement. 

-       Vraiment ?

-       Vraiment, confirma-t-il doucement. 

-       Et comment ? s’intéressa-t-elle encore. 

-       Je la connais plutôt bien, sourit-il tendrement. Son corps aussi, ajouta-t-il plus bas encore. 

-       Du genre stalker ? en déduit Pansy avec le même sourire. 

-       Je préfère penser de moi que je suis un observateur attentif, se défendit-il sans la lâcher des yeux. 

Merde, il la dévorait du regard. 

-       Avec ces yeux avec lesquels t’es trop timide pour regarder les femmes ? leva-t-elle un sourcil plein de doutes vers lui. 

Il se permit de lécher ses lèvres en souriant. 

-       J’observe pas qu’avec mes yeux, roucoula-t-il encore. 

-       Avec quoi alors ? 

-       Je croyais que je n’étais pas mystérieux ? taquina-t-il sans perdre son sourire. 

-       C’est l’cas, tu l’es pas, maintenu-t-elle sa façade. 

-       Alors dis-moi Parkinson, j’observe avec quoi ? la défia-t-il, sa voix dégoulinant de désir.

Elle soupira avant d’expliciter : 

-       Tu surveilles tout l’temps Drago. Tu penches ta tête d’un côté ou de l’autre comme si t’essayais d’écouter son cœur battre ou une connerie du genre. T’entends les sorts arriver sur le champ d’bataille, lista-t-elle incroyablement justement. Je présume que tu dois avoir des sens surdéveloppés ou un truc comme ça. 

Il lui sourit une nouvelle fois, quelque chose d’ardent brûlant au fond de ses yeux bleus.  

-       Est-ce que je suis pas mystérieux ou est-ce que tu m’as beaucoup regardé ? 

Mon cœur battait la chamade dans mon poitrail. Il me semblait qu’il pouvait tout aussi bien l’embrasser sauvagement la seconde suivante. 

-       J’suis revenue d’entre les morts en ne sachant pas qui t’étais, tu pensais vraiment que j’allais prendre pour acquis c’que ces deux cons m’ont raconté sur toi sans vérifier par moi-même ? lui renvoya-t-elle alors que leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. 

-       Donc tu m’as beaucoup regardé, retenu-t-il seulement. 

-       Je t’ai analysé, corrigea-t-elle sur le même ton bas. 

-       Et savoir c’que j’aime au lit c’est une contribution importante à ton analyse ? défia-t-il encore. 

-       Ça en dit long sur une personne. 

-       Es-tu satisfaite de tes réponses où est-ce que t’as d’autres questions pour arriver à tes conclusions ? offrit-il généreusement. 

-       Oh j’ai déjà mes conclusions l’fantôme, gémit-elle. Tu veux savoir ? 

-       Pas vraiment, non, sourit-il encore. 

-       Je pense que t’es un gros psychopathe malade mental qui se trouve avoir un faible pour Drago, lui livra-t-elle quand même. J’pense que si tu l’voyais pas littéralement comme ton frère tu s’rais comme une chienne en chaleur pour lui, et je pense que ton goût pour la domination au pieu montre juste à quel point t’as surement dû être un mioche soumit. Est-ce que ta difficulté à maintenir un contact visuel est un vestige de cette période ? le provoqua-t-elle alors tout bas. 

Un nouveau large sourire étira la bouche de mon frère. Putain, elle était douée. 

-       J’aime bien cette analyse, la complimenta-t-il. 

-       Merci, j’suis plutôt bonne pour lire les gens. 

-       Vraiment, oui, lui céda-t-il avec une tendresse démesurée. 

Il était raide dingue d’elle. Absolument raide dingue d’elle. Qui ce soit qui en doutait encore ne pouvait plus avoir l’ombre d’un doute face aux yeux qu’il posait sur elle en cet instant. Pansy fronça les sourcils. 

-       Tu ne vas pas plaider ta cause ? 

Theodore s’enfonça finalement à nouveau dans le canapé sans perdre son sourire. 

-       Je n’ai rien à plaider votre honneur, je suis pleinement coupable de toutes les charges. Sauf peut-être la partie chienne en chaleur pour Drago, mais j’vais te l’accorder quand même, se montra-t-il généreux. 

Lui aussi, il était bon. Il savait parfaitement bien qu’il n’y avait rien qui rendait aussi folle Pansy que quelqu’un qui ne rentrait pas dans son jeu, parce que si ce n’était pas le cas, il ne lui restait plus rien à attaquer.  

-       T’aimes trop la chatte ? cracha-t-elle encore sans retenue aucune. 

-       La sienne, précisa-t-il encore sans se montrer trop timide pour éviter ses yeux. 

-       Du genre obsessionnel, aussi, constata donc Pansy. 

-       T’imagines pas à quel point, roucoula-t-il tout bas. 

-       Comme c’est prévisible de ta part, soupira-t-elle finalement. 

-       T’as l’air déçue, observa-t-il sans perdre son sourire. 

-       Ah, soupira-t-elle encore. J’cherchais une p’tite surprise, un peu d’piment, un truc que j’avais pas déjà deviné à me mettre sous la dent. 

-       Mmh, ronronna-t-il tel un animal, tu veux que j’te dise un secret ? 

-       Tu peux toujours essayer de me dire quelque chose que j’sais pas déjà, le chercha-t-elle explicitement. 

Il passa sa langue sur ses dents avant de se pencher à nouveau vers elle, son dos musclé s’élargissant derrière lui. Je me sentais clairement de trop, mais putain je n’aurais quitté cette pièce pour rien au monde. 

-       Autant que mon ego aime dominer, commença-t-il tout bas, ce qui m’excite le plus c’est à quel point elle n’est pas une gentille fille du tout

-       Prévisible, encore, déclara Pansy de plus en plus bas, elle aussi. C’est juste parce que t’aimes lui rappeler qui c’est qui commande. 

-       C’est pas ça le secret, la corrigea-t-il en la bouffant ostensiblement du regard. 

-       Qu’est-ce que c’est alors ? 

Elle était pendue à ses lèvres. Merde, on aurait pu couper la tension entre eux au couteau. Je ne savais même pas s’il réalisait à quel point il était probablement en train de lui retourner le cerveau. A la place de Pansy, je me serais liquéfié sur place, si ces yeux bleus avaient été enfoncés sur moi de la sorte, et qu’il m’avait parlé sur ce ton-là. Il me semblait que Theodore ne réalisait pas le pouvoir qu’il avait, et je devais avouer que Pansy tenait bon d’une façon assez impressionnante. Mais je doutais qu’il se rendait compte d’à quel point il devait être en train de lui retourner le cerveau, parce qu’on ne pouvait pas traverser une telle conversation avec lui et en ressortir inchangé de l’autre côté. 

-       Au fond, c’est elle qui est aux commandes, murmura-t-il à ses lèvres. Et c’est ça qui m’rend dingue. 

Les yeux de Pansy parcoururent le visage de Theo jusqu’à ses lèvres, où elle se perdit un instant avant de rencontrer à nouveau ses yeux dangereux. 

-       Je vois, elle peut faire c’qu’elle veut d’toi ? lui chuchota une Pansy enivrée en retour. 

-       Absolument tout ce qu’elle veut, murmura-t-il si bas que je ne l’entendis presque pas. J’suis putain d’à genoux devant elle, et c’est pas une métaphore, livra-t-il sans qu’aucun sourire ne soit plus visible sur son visage. 

Il ne restait plus que la violence et la profondeur ardente de l’amour qu’il lui portait qui brûlait au fond de ses yeux. Les joues de Pansy prirent une teinte de rouge à ces mots, et elle baissa les yeux. Theodore sourit, vainqueur, et se recula à nouveau sur le canapé. Il avait l’air d’y avoir dans ces mots quelque chose qui nous échappait, à Blaise et moi. Quelque chose qui avait poussé Pansy à se sentir… intimidée, ou peut-être encore, visée ? Je ne le savais point. 

-       Taré, pesta-t-elle alors avant de se retourner face à la table, signant la fin de cette conversation dangereuse. 

-       Eh bien c’était cocasse, déclara soudainement la voix forte de Blaise en contraste avec l’ambiance dont nous venions de témoigner. 

Nous avions ensuite repris des conversations à quatre, une fois que nos deux tourtereaux avaient cessé de se tourner ostensiblement autour devant nous. Nous avions bu quelques verres de plus et avions tous rigolé comme de vraies oies, comme nous le faisions souvent à Poudlard autrefois. Il n’y avait plus rien d’autre que l’instant présent. Plus rien d’autre que cet instant présent. Blaise avait fini par sortir sa baguette et avait lancé le tourne-disque. Il s’était difficilement levé de son fauteuil et avait tendu sa main vers une Pansy avachie sur le sol. Avec un grand sourire, elle avait pris cette main, et il l’avait faite danser dans le salon alors que la musique entraînante retentissait dans nos oreilles. Ils étaient tous les deux ivres, aussi leurs pas n’avaient rien de particulièrement artistique, mais ils étaient pleins d’amour. Theo et moi les observions en silence depuis nos places avec des yeux brillants et des cœurs remplis. Ils étaient magnifiques. Blaise, si grand, si large, si fort. Si souriant. Toujours putain de souriant. Lui qui avait traversé les enfers. Toujours putain de souriant. Il la faisait tourner en tenant sa main en l’air, son autre main occupée à saisir la hanche de Pansy pour l’aider à effectuer des pirouettes qui lui étaient difficiles en cet instant. Il ne regardait qu’elle, lui aussi avec beaucoup d’amour. Et il lui souriait de son large sourire d’un blanc immaculé. Ses yeux étaient illuminés. Il attrapait fermement la main de Pansy, soutenait le creux de son dos et la faisait basculer en arrière comme si elle n’était rien d’autre qu’une plume. Il se penchait au-dessus d’elle, et il la regardait, et il lui souriait comme si elle était la chose la plus précieuse qui puisse être. Et elle riait. Son rire emplissait notre salon, se mêlant parfaitement avec la musique qui guidait leurs pas. Cela faisait très longtemps que nous ne l’avions pas entendu rire comme cela. Nous étions tous hypnotisés, chacun d’entre nous. Ses cheveux volaient derrière elle au travers des pas que lui imposaient Blaise, la guidant parfaitement. Il la faisait tourner, virevolter, il la faisait basculer sur sa cuisse, puis dans le vide. Ils étaient magnifiques. Et elle riait. Elle riait comme une enfant. Elle riait comme s’il n’y avait rien qui l’empêchait de dormir la nuit. Elle riait comme si les bras de Blaise étaient assez forts pour effacer toute la douleur du monde d’un pas de danse. Elle riait comme si elle était la femme la plus comblée du monde. Et Blaise ne s’arrêta pas. Il était comme hypnotisé, lui aussi. Il l’avait vue mourir. Et elle était là, pleine de vie, à l’extrémité de ses bras. Et elle riait grâce à lui. Je tournais les yeux vers Theodore. Son visage était appuyé contre l’appui-tête du canapé. Il ne cessait de la regarder, des milliers d’étoiles brillant dans ses somptueux yeux bleus, et une unique larme d’extase cheminant sur sa joue pâle. 

Une heure plus tard Pansy était en train de s’endormir sur la table basse, mais elle refusait d’aller se coucher dans sa chambre. Nous avions supposé que notre présence l’apaisait, et qu’elle n’avait pas envie de se retrouver seule. Nous l’avions laissée dormir un moment sur la table basse alors que nous continuions de discuter, puis Blaise l’avait portée comme une princesse jusqu’à la chambre de Theodore pour la coucher quand il y alla à son tour. Il n’avait rien dit à Theodore, malgré le fait qu’il était ivre. Je supposai qu’il avait décidé de laisser les choses se faire sans ne plus chercher à s’interposer. Avant que nous allions nous coucher à notre tour, je me montrais moins respectueux et demandait : 

-       Du coup…, c’était quoi ça ? 

Je n’eus pas besoin d’expliciter de quoi je parlais malgré le fait que l’alcool embuait largement nos deux esprits. Il mordit sa lèvre inférieure en souriant. 

-       J’en sais rien putain, elle est tellement…, soupira-t-il en passant ses deux mains sur son visage, merde, sourit-il largement en laissant ses bras retomber sur le canapé. 

-       Ouais, j’vois ça, ponctuai-je alors. 

-       J’me suis juste fait prendre dans le truc, expliqua-t-il en relevant les yeux vers moi. 

Ils brillaient de mille feux. 

-       Brillante idée de boire, continua-t-il. C’était tendu à quel point ? me demanda-t-il finalement.

Je pinçais mes lèvres. 

-       C’était tendu, avouai-je avec joie, c’était très tendu. 

-       Merde, murmura-t-il sans perdre son sourire pour autant, ni les étoiles qui scintillaient dans ses yeux.

-       Genre à un moment j’ai songé à quitter la pièce pour vous laisser, appuyai-je encore. 

-       Arrête, minimisa-t-il avec des yeux amusés qui contrastaient avec ses mots. 

-       J’rigole pas. Genre, quoi que ce soit que ça ait été, ça avait l’air…, hésitai-je en me remémorant leurs échanges, intime. 

-       T’étais bourré aussi, j’ferai pas confiance à ton jugement, se défendit-il alors. 

-       Oh je peux t’assurer que je regardais le spectacle attentivement, plaisantai-je avec un sourire. 

Il sourit, d’un large et magnifique sourire décontracté qui ne m’était souvent qu’adressé à moi. Il ajusta son assise dans le canapé en portant ses hanches vers le haut, son crâne reposant sur l’appui-tête du canapé et ses cuisses musclées écartées. 

-       Arrête de faire ça aussi p’têtre ! m’indignai-je en portant une main accusatrice vers lui. 

-       Quoi ?

-       Ça ! m’exclamai-je encore en montrant son bassin. 

Le regard qu’il posait sur moi était rempli d’incompréhension.

-       Tu lui balances clairement ta bite en pleine gueule quand tu fais ça, tu m’étonnes qu’elle se mette à bégayer et à rougir ! 

-       Mais qu’est-ce que tu racontes ? murmura-t-il, totalement perdu. 

Je le regardais un instant. Il était tellement beau. Tellement, tellement beau. Il dégageait tellement quelque chose de fort, quelque chose de puissant, quelque chose de… dangereux, et en même temps de terriblement doux pour nous. 

-       T’as vraiment aucune idée d’à quel point t’as du pouvoir sur les gens, hein ? m’entendis-je marmonner à voix haute. 

Il leva les yeux vers le plafond, plaçant ses deux mains derrière son crâne, un sourire attendri sur son visage. 

-       Elle a dit que j’étais pas mystérieux, rapporta-t-il tel un enfant. 

-       Ouais, elle mentait, me sentis-je obligé de lui préciser. 

-       Elle m’a tellement bien cerné, continua-t-il comme s’il ne m’avait même pas entendu. 

-       Elle t’a beaucoup regardé, c’est net, tentai-je encore d’appuyer. 

Il ne quitta pas le plafond des yeux, son sourire ancré sur ses lèvres. Il avait l’air d’un adolescent. Un adolescent qui vivait son premier flirt, et qui passerait la nuit et les jours suivants à en rêver. Je ne pouvais qu’être attendri de ce que j’avais sous les yeux. Cet homme qui décimait tant de vies sur un champ de bataille, réduit à un adolescent prépubère par la fille la plus dangereuse qui soit. 

-       Comment est-ce qu’elle peut être aussi intelligente, murmura-t-il si bas que je m’en demandais si ces mots m’étaient adressés. 

Il était adorable en cet instant, et je me demandais si j’avais déjà utilisé cet adjectif pour le qualifier, lui. Ses joues étaient rougies par l’alcool, ou bien par le souvenir de Pansy, je n’en étais pas certain, et il regardait le plafond en souriant comme un idiot. Adorable.

-       Oui, elle l’est vraiment, confirmai-je avec tendresse. 

Il baissa finalement ses yeux vers moi, humidifia ses lèvres et me sourit comme un enfant quand il m’adressa : 

-       J’pense que peut-être qu’elle me déteste plus totalement. 

Je pouffai. 

-       Ouais, je pense que c’était plutôt clair. 

-       Ça me rend heureux, chuchota-t-il en reportant ses yeux en l’air. 

J’avais l’impression de sentir comme un feu d’artifice dans mon poitrail. Je ne pouvais pas mettre en mot ce que cela me faisait de le voir comme cela. Je savais que c’était en partie l’alcool, mais merde, j’en aurais presque eu les larmes aux yeux. Après tout ce que nous avions traversé. Avec ce que notre vie était. Avec ce qu’il était, lui. Et il était là, comme un gamin sur notre canapé, comme un imbécile heureux. 

-       Elle te cherchait clairement ce soir, continuai-je alors pour faire perdurer cet instant magique. 

-       Ouais, elle voulait s’battre, se languit-il en souriant au ciel. 

-       J’crois pas que c’était un combat qu’elle voulait, tentai-je encore devant son innocence attendrissante. 

-       Elle voulait assiéger sa dominance. Elle me testait, sourit-il encore idiotement. 

-       J’aurais plutôt appelé ça des préliminaires, mais si tu l’dis. 

Il tourna soudainement des gros yeux vers moi. 

-       C’était pas sexuel ! se défendit-il outrageusement. 

-       Bien sûr, acquiesçai-je en pinçant mes lèvres. Elle était probablement toute trempée mais…, m’arrêtais-je face au regard soudain noir qu’il posait sur moi. Désolé, reculai-je en levant les paumes de mes mains, trop loin. J’voulais juste dire qu’elle avait l’air obnubilée par toi. 

-       Elle faisait attention à sa proie, ronronna-t-il en souriant à nouveau comme un adolescent. 

Je pouffai une nouvelle fois. 

-       C’était toi la proie ? 

Il fronça les sourcils vers moi. 

-       C’était pas évident ? 

-       Pas vraiment, non. De ma perspective, c’est toi qui as assiégé ta dominance, tentai-je de lui ouvrir les yeux encore une fois. 

-       N’importe quoi. Elle s’en est merveilleusement bien sorti, la complimenta-t-il, de l’admiration pure et simple brillant dans ses yeux. 

-       C’est vrai, mais c’est elle qui a fini par rougir et baisser les yeux en changeant de sujet. 

Un plus large sourire encore s’étala sur son somptueux visage. 

-       C’est vrai, se languit-il dans ses souvenirs. 

Il demeura silencieux un instant, sa tête dans les étoiles, et je le laissai profiter. J’avais mon propre spectacle à contempler, moi aussi. Soudain, il baissa les yeux vers moi, et le sourire aux lèvres il me demanda : 

-       Et t’as vu comment elle m’a rendu ma veste devant l’autre folle ? En disant que c’était à moi en plus. 

Je ne pouvais empêcher le large sourire qui se dessina sur mon propre visage. Merde, un vrai enfant. Il était tout simplement adorable. Je voulais lui offrir le monde, et plus encore. Je voulais qu’il puisse avoir tout ce qu’il ne savait même pas qu’il désirait. Je voulais que le monde entier le respecte et que je le protège de quoi que ce soit de négatif qui pourrait lui arriver à l’avenir. Je voulais que plus jamais qui que ce soit ne puisse lui faire de mal. Je voulais le protéger comme le précieux trésor qu’il était vraiment. Mon trésor. 

-       Ouais, j’ai vu, chuchotai-je en lui rendant son sourire, on aurait dit qu’elle était jalouse, lui offris-je encore. 

-       J’en sais rien, mais ça m’a plu, admit-il, encore tout sourire. 

-       Son intérêt pour toi semble grandir, lui fis-je donc remarquer. 

-       Je ne sais pas si c’est de l’intérêt ou de la simple curiosité, mais c’est pas important, rétorqua-t-il à voix basse. Je suis tellement content de pouvoir lui parler à nouveau, chuchota-t-il tout doucement. 

Mon cœur. Mon putain de cœur. Je lui offrirais le monde, la galaxie et tous les univers entre. 

-       Et si elle tombait à nouveau amoureuse de toi ? demandai-je finalement. 

Il me regarda une nouvelle fois, ses bras toujours levés pour soutenir son crâne sur le canapé. 

-       Ce sera pas le cas, déclara-t-il avec conviction. C’est une guerre, c’est pas vraiment le contexte propice au développement de ce genre de sentiments. Elle me déteste juste un peu moins, chuchota-t-il alors avec un nouveau sourire magnifique. 

Il reporta ses yeux brillants vers le ciel. 

-       Je peux faire avec ça, murmura-t-il chaleureusement. 

Et je me demandais si moi aussi, je ressentirais la même chose demain. Je me demandais si moi aussi je serai l’imbécile le plus heureux de la planète lorsque je la verrai demain, ou si ce serait le contraire. Je me demandais si moi aussi je pourrais me satisfaire qu’elle ne me déteste pas totalement, quand elle comprendrait le monstre que j’étais réellement devenu. 


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