Dollhouse

Chapitre 46 : Pas un si mauvais ami

15085 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/10/2024 15:40

Quelque chose en moi s’abima lorsque Blaise et moi arrivions jusqu’à la chambre de Theodore. Mon frère se tenait hors de la chambre, caché de côté dans l’encadrement de la porte comme s’il n’avait pas le droit d’être là. Il portait son visage bas, ses yeux rivés sur le sol alors que ses bras étaient croisés sur son poitrail. Il ne pouvait même pas l’accueillir pour son retour parmi les vivants. Il ne voulait pas la brusquer en se trouvant là, dans la pièce avec nous, tandis qu’elle ne se souvenait pas même de qui il était. D’à quel point ils étaient éperdument amoureux l’un de l’autre. Lui, il se souvenait de tout. Et il devait simplement rester à l’écart, caché, tapis dans le noir sans pouvoir embrasser la femme qu’il venait de perdre et de retrouver dans les pires circonstances qui puissent être. Oui, quelque chose en moi s’abima. Je n’étais pas parvenu à empêcher cela. Blaise couru jusqu’au chevet de Pansy, prenant place assit à ses côtés, saisissant sa main dans la sienne alors qu’elle ouvrait à nouveau, pour la première fois depuis cette nouvelle vie, ses grands yeux verts animés. 

-       Vas-y, me chuchota doucement Theo en levant vers moi des yeux mouillés de larmes. 

Ma propre vision se brouilla de devoir le laisser sur le pas de la porte alors que la personne qui se réveillait était celle qui lui appartenait. Celle qui lui appartenait plus que quiconque n’avait jamais appartenu à qui que ce soit de l’histoire de l’humanité. A l’intérieur, j’entendis la voix de Pansy, comme endormie, demander au loin : 

-       Où est-ce qu’on est ? 

Je saisi la main droite de Theo de la mienne un instant, et rencontrai son regard avec un amour soutenu. Je la lui serrai un instant, cette main qu’il m’accordait, et il me rendit ma caresse dans un silence qui ne nécessitait pas de mots. Je lui faisais ça, et je me détestais pour toute la souffrance que je lui avais imposé, et que je lui imposai encore par mon égoïsme. Une larme perla sur ma joue, et sans lâcher ses yeux embués, ses yeux qui avaient déjà trop traversé, ses yeux qui avaient déjà trop, bien trop souffert, j’acquiesçai doucement, lâchai sa main en une ultime caresse, et entrait dans sa propre chambre pour accueillir l’amour de sa vie. 

-       On est au manoir Malefoy, lui chuchota Blaise dont des larmes silencieuses coulaient sur ses joues. 

Je prenais place à droite du lit de Pansy, sans oser m’en approcher où m’y asseoir à ses côtés comme Blaise l’avait fait. Je lui avais fait cela, et j’étais terrifié de me confronter à elle. Sa peau avait repris couleur humaine, quand bien même elle demeurait d’une pâleur rare. Elle tourna le visage vers moi et je du combattre mon esprit pour qu’il ne m’impose pas à nouveau l’image de son cadavre en cet instant. Elle nous était revenue. 

-       Drago, murmura-t-elle chaleureusement vers moi. 

Mes sourcils se froncèrent sous sa salutation et je ne pus contrôler les larmes qui coulèrent le long de mes joues. Elle nous était revenue. Nous l’avions perdu, et elle nous était revenue. Elle était à nouveau capable de respirer, à nouveau capable de bouger, à nouveau capable de parler. Elle nous était revenue. Une vague intense de chagrin mêlé à la plus intense des joies se mouvait en moi alors que je demeurai debout à côté de son lit. 

-       Coucou toi, chuchotai-je vers elle en essayant de contrôler les larmes dans ma voix. 

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Sur ses lèvres roses et pulpeuses qui pouvaient se mouvoir à nouveau. Je le regardai se loger sur son visage que je n’avais que trop vu inerte et vide quelques instants plus tôt. Elle nous était revenue. Je ne pouvais empêcher mes larmes de perler à mesure que je réalisai que j’étais parvenu à la ramener parmi nous. Elle nous était réellement revenue. Elle tourna à nouveau le visage en direction de Blaise qui la regardait comme si elle était une apparition divine, ne lâchant pas sa main gauche des deux siennes. Lui non plus, il ne pouvait contrôler les larmes de bonheur qui décoraient son visage chaleureux. Pansy fit doucement craquer sa nuque et étira délicatement son dos avec une moue de douleur. Elle avait les yeux fermés un instant quand elle demanda d’une voix encore faible : 

-       Pourquoi est-ce que tout le monde pleure ici ? 

Blaise pouffa, et le même petit sourire qui s’était dessiné quelques secondes plus tôt sur le visage de Pansy y retrouva sa place. 

-       Tu ne te souviens pas ? lui demanda tout de même son meilleur ami. 

Elle ouvrit péniblement les yeux vers lui, ses paupières battant encore lourdement de son réveil. Elle élargit son sourire vers lui : 

-       Tu m’prends pour qui, Zabini ? Tu crois vraiment que je raterai une occasion pareille de te narguer en te rappelant que contrairement à toi, moi, j’suis tombée dans la bataille ? 

Blaise se mit à rire, les larmes n’arrêtant pas de perler de ses yeux alors qu’il retrouvait sa meilleure amie. 

-       T’as pas intérêt d’me laisser oublier ça, lui renvoya-t-il en un murmure emplein d’amour. 

-       Compte sur moi, chuchota-t-elle en retour, son sourire ancré sur son visage alors qu’elle fermait et ouvrait difficilement les yeux. 

-       Comment tu te sens ? demanda doucement un Blaise bien plus sérieux avant d’embrasser le dos de la main de Pansy qu’il ne lâchait pas. 

Elle inspira en essayant délicatement de bouger son corps sous les draps dans lesquels Theo l’avait bordée confortablement. 

-       Comme si le Poudlard Express m’avait roulé dessus, mais ça va, répondit-elle d’une voix toujours aussi basse. Comment c’est possible d’ailleurs ? demanda-t-elle en ouvrant les yeux. 

-       La nécromancie, chuchotai-je vers elle tandis qu’elle tournait lentement de visage vers moi. 

-       On t’expliquera tout dans les détails plus tard bébé, apaisa Blaise. 

-       Mmh, accusa-t-elle. 

Elle repositionna son visage vers son meilleur ami, et ferma à nouveau les yeux un instant. Elle ne les rouvrit pas de suite quand elle commença avec un sourire en coin : 

-       Donc j’étais tranquillement morte et vous, vous vous êtes dit « on va la ramener à la vie tellement cette vie mérite d’être vécue, elle sera contente » ? 

Et elle se mit à rire. D’un rire étouffé et bas, mais elle se mit à rire, et Blaise et moi nous joignirent à elle. Oui, notre Pansy nous était revenue. De nouvelles larmes incrédules coulèrent le long de mes joues alors qu’il me semblait vivre quelque chose d’irréel. Quelque chose d’impossible. Oui, quelque chose de l’ordre du divin. Elle était vraiment revenue. Je l’avais vue mourir. J’avais porté son corps mort. J’avais vu ses yeux vides. Et elle nous était revenue, égale à elle-même. De l’ordre du divin, il ne pouvait y avoir meilleur qualificatif. Alors je laissai les larmes couler sur mes joues, parce qu’il faisait trop longtemps que des larmes de cet ordre-là qui avaient décoré mes joues. Elle toussota un instant avant de pouvoir reprendre dans un murmure fatigué : 

-       J’rigole, vous avez besoin d’moi de toute façon. 

Blaise embrassa une nouvelle fois le dos de sa main en un baiser appuyé. Son visage exprima sa souffrance pendant une fraction de seconde pendant laquelle il lui demanda : 

-       Me refais plus jamais ça, p’tit monstre. 

-       J’vais essayer mais j’promets rien, chuchota-t-elle en retour avec un sourire taquin, certains d’entre nous ont l’héroïsme dans l’sang, tu peux pas comprendre. 

Blaise ri à nouveau, et là-encore il me sembla que c’était un son que je n’avais pas entendu depuis trop longtemps. Pourtant, et ce quand bien même une joie et un apaisement intense me traversaient devant la vie de mes amis, il me semblait que tout désormais avait un arrière-goût amer. Parce que dorénavant je ne pouvais plus sortir de mon esprit qu’ils ne demeuraient en vie qu’à condition que je sois un Grand Intendant convaincant. Chaque instant avait un goût de sursis. De moment volé soumit à condition. D’un report de délai, rien d’autre. 

-       Et maintenant, vous allez m’expliquer comment ça se fait qu’il ait accepté de me rendre la vie ? demanda Pansy plus sérieusement. 

-       Eh doucement l’éclair de feu, tu viens d’te réveiller d’entre les morts, coupa habilement Blaise avec un sourire rassurant. 

-       Oooh vous, vous avez fait des conneries, râla-t-elle de sa voix endormie. T’as raison j’vais prendre le temps d’émerger un peu, parce que là ça serait difficile de vous étrangler. 

Une nouvelle fois, Blaise se permit de rire, et je ne pus m’empêcher de me joindre à lui. Elle n’avait pas changé, hormis le fait que la Pansy que je connaissais aurait demandé où était Theodore dès qu’elle aurait ouvert les yeux. En cet instant, je tentais de ne pas trop y penser, mais je savais qu’il était juste là, dans l’encadrement de la porte, et qu’il voyait sa moitié revenir à la vie sans pouvoir ni lui parler, ni la toucher. Cette seule pensée serra mon cœur dans mon poitrail, et je soupçonnai que quelques larmes d’un autre ordre s’étaient mêlées à mes larmes de joie. 

-       Alors, c’était comment l’royaume des morts ? lui demanda Blaise avec un sourire qu’il ne pouvait plus effacer de son visage ravivé. T’as rencontré des Dieux ?

Pansy fit craquer sa nuque une nouvelle fois et se redressa d’un centimètre ou deux dans le lit de Theo. Elle fixa la couette sur elle un moment, fronçant les sourcils comme à la recherche de quelque chose qu’elle avait oublié, ses yeux allant de droite à gauche entre ses jambes allongées devant elle. Elle fit non de la tête avec l’ombre d’un faible sourire.

-       Non, il n’y avait personne. Je crois que…, commença-t-elle en continuant de réfléchir, je crois que j’me sentais pas en paix. C’est flou je…, je me rappelle pas très bien mais c’était comme si…, chercha-t-elle en fixant la couette aux couleurs de notre maison, comme s’il y avait quelque chose ou…, peut-être quelqu’un, fin y avait un truc qui n’allait pas. Et j’me sentais mal, creusa-t-elle encore dans son esprit avec une moue aussi concentrée que confuse ancrée sur son visage, j’me sentais vraiment très mal. 

-       T’étais genre encore dans ton corps ? demanda Blaise avec une sincère curiosité. 

Il était rare de pouvoir converser avec quelqu’un qui était mort, puis vivant à nouveau. Pansy fit non de la tête en continuant de regarder les draps qui recouvraient son corps, ne perdant pas sa concentration difficile. 

-       Non, c’était…, je sais pas, comme un espèce de flottement au-dessus du monde des vivants, mais en même temps c’était pas dans le monde des morts non plus, c’était comme…, une espèce d’entre deux dans laquelle j’étais coincée. C’était pas une douleur physique, c’était vraiment…, je sais pas c’était déchirant, c’était vraiment horrible, ça n’avait rien de l’image qu’on se fait de la paix intérieure dès qu’on meurt. C’était juste abominable, et je… je pouvais pas passer de l’autre côté, dans le monde des morts. 

-       Parce que tu t’sentais mal ? creusa encore Blaise. 

-       Ouais j’me sentais vraiment pas en paix pour partir, y avait un truc qui faisait que j’pouvais pas partir encore, et du coup j’restai dans cet entre-deux bizarre parce qu’y avait vraiment comme… quelque chose qui allait vraiment pas, mais je…, chuchota-t-elle en cherchant dans sa mémoire. J’arrive pas à me souvenir quoi, j’arrive pas à… me souvenir de c’qui m’empêchait de partir, mais c’était vraiment… C’était pas juste physique quoi, c’était plutôt moi qui m’interdisais de partir. 

Mon cœur se brisa dans mon poitrail sous ses mots. Sous ses mots à qui je savais qu’ils étaient réellement adressés. Une nouvelle lourde larme perla sur ma joue et je fermai les yeux l’espace d’une seconde. Il entendait ça. Il était en train d’entendre que la personne qu’il aimait s’était empêchée de partir en paix parce qu’il avait eu besoin d’elle en son absence. Que pendant qu’il avait tout perdu, elle était restée pour lui. Qu’elle avait continué à se battre pour lui, pour qu’il puisse continuer de vivre. Qu’elle avait refusé de partir pour lui. Et désormais, elle ne se souvenait même pas de son nom. Mon cœur me faisait mal. 

-       C’était difficile, chuchota-t-elle encore, j’sais pas comment expliquer, c’était comme si une sorte de force essayait de m’attirer vers le royaume des morts mais que moi… moi je luttais, je luttais de toutes mes forces pour rester dans cet entre-deux chelou parce qu’y avait quelque chose que…, quelque chose que je pouvais pas laisser comme ça, finit-elle, elle-même confuse. 

Elle leva finalement les yeux vers Blaise, et elle lui adressa un tendre sourire en demandant de sa voix embuée : 

-       T’as chialé comme une pute, c’est ça ? 

Nous nous mirent à rire tous les trois, mais les rires de Blaise et moi étaient teintés de nos larmes secrètes. Parce que nous, nous savions parfaitement bien ce qui l’avait empêchée de partir. Parce que même dans la mort, elle ne l’avait pas lâché. Même dans la mort, elle était restée à ses côtés. Même dans la mort, elle avait lutté pour lui. Et je réalisai à cet instant que ce n’était peut-être pas les Dieux qui avaient fait que Theodore m’était revenu, ce soir-là. Peut-être que cela avait été elle. 

Elle regarda Blaise rire alors qu’elle riait doucement avec nous, puis elle tourna le visage dans ma direction. Son regard s’arrêta avant de me trouver. Le sourire s’effaça de son visage, et elle cessa tout aussi soudainement de rire. Il me sembla que mon cœur arrêta de battre un instant. Elle regardait dans l’encadrement de la porte. Elle avait l’air d’avoir vu un fantôme, subitement terrifiée.

-       C’est qui, lui ? demanda sa voix pressante teintée d’angoisse. 

La dureté du visage de Theodore ne pouvait cacher l’indescriptible douleur qui le traversait en cet instant. La fermeté avec laquelle il contractait sa mâchoire et son incapacité à lever les yeux vers celle qu’il aimait pour rencontrer son regard ne trompait pas, sans même noter les tremblements discrets de chacun de ses muscles ou la douleur transparente de son cœur. Une vague de chagrin d’une violence insolente me traversa et je me forçai à entre-ouvrir les lèvres pour faire parvenir de l’air jusqu’à mes poumons alors qu’une nausée montait en moi. Blaise fut le seul à pouvoir répondre à son amie sur un ton doux :

-       C’est Theo, notre ami. Tu te souviens pas ? ajouta-t-il aussi doucement que s’il lui disait-là un secret. 

Il la regardait intensément, avec le genre d’espoir qui brillait dans ses iris qu’il ne pouvait pas cacher. Le visage de Pansy, fermé et confus continuait de sonder le visage de celui pour lequel elle aurait tout fait sans poser la moindre question quelques heures plus tôt. Ses sourcils demeuraient froncés et ses lèvres pincées, se méfiant de celui qu’elle ne reconnaissait pas. Et les bras de Theodore demeuraient croisés contre son torse, derrière lequel je savais que son cœur se déchirait en mille morceaux. Ses yeux ne se détournaient pas du sol et aucun de ses muscles ne se détendirent. Ma tête commença à me tourner et je me demandais l’espace d’un instant si je n’allais pas tomber dans les pommes, là, au milieu de la chambre de Theo dans laquelle Pansy ne reconnaissait pas la personne la plus importante de sa vie par ma faute. Je tentai de faire basculer une partie de mon poids sur mes doigts de pied, espérant faire circuler le sang dans mes veines, et éviter de m’écrouler sur le sol, inconscient. Il me semblait que mes oreilles bourdonnaient, mais j’inspirai profondément et aussi discrètement que je le pouvais, et je continuai de faire basculer mon poids d’avant en arrière pour me sentir rester aussi présent que possible. 

Aucun mot ne sortit des lèvres de Pansy en réponse. Ses yeux demeuraient simplement rivés sur Theo qui ne lui rendait pas son regard, ses sourcils ne se détendant pas d’un seul millimètre. Elle fit doucement non de la tête, et ce fut la seule réponse que nous ayons à la question de Blaise. Ce dernier fixait sa meilleure amie, lui aussi, son visage penché vers elle et ses yeux emplis d’espoir allant de l’œil droit au gauche de Pansy. L’espace d’un instant, il tourna le visage vers Theo, puis il reporta son attention vers celle qui venait de nous revenir. Il pinça ses lèvres, hésitant, avant de continuer : 

-       T’es sûre ? Tu te souviens pas de Theodore Nott ? le nomma-t-il pleinement à la recherche d’une bride de sa mémoire. 

Je me raclai la gorge en un avertissement vers lui, et en profitant pour activer mon corps encore un peu plus. Il ne leva les yeux vers moi qu’une courte seconde avant de reprendre sa minutieuse analyse de la confusion méfiante ancrée sur le visage de son amie qui ne lâchait pas mon frère du regard. Son visage ne s’adoucit pas à mesure qu’elle le sondait. Je me concentrai pour inspirer à nouveau, et balançai mon poids discrètement du bout de mes orteils à mes talons. Elle fit non de la tête à nouveau, et finalement elle parla :

-       Non.  

Le torse de Blaise se remplit visiblement d’air tandis qu’il continuait de prêter une attention complète à sa meilleure amie, et à la moindre de ses réactions à la recherche d’un souvenir auquel s’accrocher. J’ignorai les battements insolents de mon cœur et récupérai la situation avant que Blaise ne fasse une connerie en faisant un pas en avant pour me débarrasser des fourmis qui gagnaient mes jambes :

-       La nécromancie peut avoir ce genre d’effet secondaire parfois, commentai-je avec un ton aussi apaisé que je le pouvais, tu as dû en perdre souvenir quand le Seigneur des Ténèbres t’a ramenée à la vie, expliquai-je avec un sourire feint en sa direction, tentant désespérément de masquer les larmes qui se rassemblaient malgré moi dans mes yeux. Tu n’as pas à t’en méfier, ajoutai-je plus doucement encore tandis que ma gorge se serrait, c’est mon ami depuis que je sais marcher, et c’est le nôtre à tous depuis la première année. Tu es en sécurité en sa présence, me forçai-je encore à dire alors que ces mots me brûlaient la gorge. 

Elle tourna finalement les yeux vers moi, mais sa confusion ne s’effaça pas de son visage pâle. Les bras de Theodore se décroisèrent de son torse et il se décolla du mur sans lever les yeux vers nous une seule seconde. Il se retourna dos à nous pour partir quand il prononça froidement : 

-       Je vais vous laisser de l’intimité. 

Et il disparût dans le manoir, ne laissant que l’ombre de son amour à sens unique trainer derrière lui. La partie en moi qui croyait encore, ne serait-ce qu’un tant soit peu, à la beauté de l’amour mourut en cet instant alors que je regardai l’homme le plus follement amoureux qui soit quitter ainsi le chevet de celle pour qui il aurait sacrifié jusqu’à la moindre parcelle de son âme. 

Nous en étions arrivés là. Quelques jours plus tôt nous étions à Poudlard. Je prononçais à Granger les plus belles paroles d’amour que je n’avais jamais ressenties comme vraies pour qui que ce soit d’autre. Nous buvions et hurlions de rire tous les quatre dans notre salle commune, celle dont nous étions les rois. Pansy était incapable de quitter le corps de Theodore ne serait-ce que l’espace de quelques minutes. Et nous en étions arrivés là. Pansy était morte. Theodore était détruit. Pansy était revenue. Elle ne se souvenait pas de la partie la plus importante de sa vie. Theodore était détruit. Et nous mentirions tous si le moindre d’entre nous affirmait désormais que son âme demeurait entière. 

Je n’étais pas resté plus longtemps avec Pansy et Blaise. Ma culpabilité envers Pansy m’empêchait de rester trop longtemps à ses côtés, constatant chaque seconde qui passait de ce que je lui avais fait, les images de son corps inanimé revenant sans arrêt dans mon esprit en comparaison à celle, en vie mais volée de son essence, qui était vraiment là sous mes yeux. Mais surtout la douleur dévastatrice, la culpabilité démesurée et le dégoût immonde que je ressentais pour moi-même envers ce que j’avais fait à Theo ne me permettait pas de le laisser partir se confronter seul à sa peine que je lui avais infligée. Je l’avais suivi et rejoint jusqu’au bureau de mon père où il se tenait droit, les bras le long de son corps, ses incroyables yeux rivés sur le sol. Je ne pus retenir les larmes qui montèrent encore à mes yeux. Mon cœur m’était douloureux, il m’était trop douloureux. Je lui infligeai cela, encore toute cette peine, encore tous ces malheurs, encore toute cette douleur. Au seul dont je ne pouvais supporter l’absence. Je lui infligeai cela. Je ne le supportai pas, je ne le supportai plus. Ce que mes émotions essayaient de brouiller, mon corps ressentait. Et je me sentais tellement, tellement faible, et tellement, tellement mal. 

-       Theo, je…, tentai-je de chuchoter à travers ma propre peine. 

Il leva des yeux rouges vers moi. J’eu la sensation physique que mon cœur fit un bond dans mon poitrail à cette vue. 

-       Ça n’a pas d’importance, coupa-t-il d’une voix qui, elle, demeurait froide et factuelle. 

Mes sourcils se froncèrent sur mon front alors que je le regardai avec tout mon chagrin. Il avait les yeux rouges, oui, et la froideur de son corps ainsi que celle de sa voix n’attestait que plus de son désarroi. Mais il n’en ferait rien. Il ne laisserait plus sa peine exploser, ni l’injustice de ce qu’il traversait me frapper de plein fouet. Et sans que je ne puisse comprendre pourquoi en cet instant, il me semblait que cette façon qu’il avait de supporter l’insupportable rendait cela pire pour moi. Je pinçai mes lèvres alors qu’une larme silencieuse traça son chemin sur ma joue. Il maintenait mon regard sans broncher, son visage demeurant fermé et son corps ancré. 

-       On peut en parler Theo, murmurai-je encore vers lui en une tentative désespérée de rencontrer quelque chose, n’importe quoi, de lui et de sa peine. 

-       Elle est en vie, renchérit-il sans émotion apparente, c’est tout ce qui compte. 

Les traits de mon visage se contractèrent sous la douleur alors que je recevais ses mots. Il me semblait qu’à cet instant cela était pire que s’il s’était mis à pleurer et à me hurler dessus à quel point tout cela était ma faute. Parce que je voyais sa douleur. Je la voyais dans le fond de ses yeux bleus et dans la façon dont ils avaient perdu de leur éclat. Je l’entendais dans la tonalité faussement vide de sa voix quand il s’adressait à moi. Je la percevais dans son incapacité à rester à son chevet alors qu’elle revenait du royaume des morts, et que je savais sans le moindre doute que la seule chose dont il rêvait c’était d’avoir le droit de la serrer dans ses bras, lui aussi. De bien des façons, il l’avait perdue, et c’était ma faute. Et je ne pouvais pas supporter le fait qu’il continuait de le gérer. Qu’il continuait de la porter sur ses épaules, cette douleur. Qu’il se refusait à déchaîner sa peine sur moi, puisque j’en étais la cause. 

-       Non, lui chuchotai-je en retour, toi aussi tu comptes. 

Ses yeux demeurèrent enfoncés dans les miens - qui eux ne pouvaient s’empêcher de pleurer - un moment avant qu’il ne me réponde, cette fois sur un ton plus bas :

-       Non. Elle est en vie, répéta-t-il plus doucement. 

Un sanglot me secoua tandis que ses yeux se remplirent visiblement de larmes. 

-       Elle respire, chuchota-t-il. 

Son visage se fit plus doux, comme attendri par le soulagement qu’il ressentait induit par ses propres mots. 

-       Elle sent elle-même, murmura-t-il tout doucement alors qu’une unique larme s’échappa sur sa joue. 

Il renifla et essuya cette joue d’un revers de main habile. Il releva ensuite un visage à nouveau fermé vers moi. Il ne laissait pas la place à sa peine. Il ne lui céderait plus aucune place. Elle était revenue. Cela lui suffirait. 

-       C’est tout ce qui compte, répéta-t-il encore de sa voix fermée. 

Et je ne pus demeurer confronté à la violence de sa force plus longtemps. Je ne contrôlais pas le sanglot qui secoua mes épaules ni les larmes épaisses qui s’écoulèrent le long de mes joues alors qu’il demeurait brisé, mais debout devant moi. Et je ne pus le supporter, lorsqu’il s’approcha de moi avec ses bras ouverts pour me recevoir encore. 

-       Non, l’interdis-je dans ma douleur alors qu’il se figeait devant mon non-consentement. 

Je reculai pour créer plus d’espace entre nous, lui refusant de porter encore ce que je n’avais pas les épaules de supporter. 

-       C’est ma faute, pleurai-je en levant vers lui mes yeux larmoyants. 

Je pointai le bras en la direction de sa chambre dans laquelle Pansy reprenait vie. Dans laquelle elle reprenait vie sans lui. 

-       Tout ça, chuchotai-je alors que ma vision se brouillait, c’est ma faute. C’est moi qui t’ai fait ça, avouai-je dans mon désarroi. Tu ne peux pas…, tu ne peux pas juste porter toute cette douleur sans la poser une seule seconde Theo… Fais quelque chose, l’implorai-je alors. Crie-moi dessus, engueule-moi, casse tout autour de toi, listai-je sans pouvoir arrêter mes larmes, je sais pas mais fais quelque chose Theo, s’il-te-plaît. 

Mais il n’en fit rien. Il demeura ancré devant moi, ses yeux attendris pour moi enfoncés dans les miens, et il chuchota avec tout son amour et toute sa patience pour moi : 

-       Tout va bien. 

-       Non, tout ne va pas bien ! hurlai-je alors dans un sanglot. Je te l’ai enlevée ! Je te l’ai prise ! Tu l’as perdue ! 

Ma voix se brisa sous la violence de mon désarroi. Le ressentir et le penser me torturait intérieurement depuis des heures. Le dire à voix haute n’avait rien de cathartique. Cela ne rendait les faits que plus tangibles encore. Que plus violents encore. Plus douloureux encore. 

-       Je ne vais pas projeter sur toi la peine qui m’appartient Drago, annonça-t-il simplement et toujours putain de calmement. 

-       Si putain ! Fais-le ! le suppliai-je encore. Frappe-moi ! Hurle-moi dessus ! Dis-moi que tu me détestes ! Fais quelque chose Theo ! pleurai-je impuissant devant lui. FAIS QUELQUE CHOSE ! lui hurlai-je de toute ma force. 

Il me sonda, hurlant, pleurant, suppliant face à lui. Il me sonda sans ne rien faire et sans rien dire alors que j’attendais que sa peine se déferle sur moi. Qu’il me foute son poing dans la gueule, qu’il fasse quelque chose, quoi que ce soit, quelque chose qui attestait de ce que je lui avais fait et qui me permettrait de m’en excuser. De m’en expier, d’une façon ou d’une autre. Mais lorsqu’il parla finalement à nouveau, aucune haine, aucun ressentiment, aucun chagrin ne s’abattu sur moi. Ce ne fut encore que de l’amour et de la douceur des plus insupportables : 

-       Ce n’est pas ta faute. 

Mon visage exprima mon désaccord en un mouvement frénétique de gauche à droite, tentant d’effacer ses dernières paroles. 

-       Non, coupai-je alors. Ne dis pas ça, l’interdis-je encore sèchement. 

Il approcha vers moi d’un pas prudent alors qu’il répéta doucement, enfonçant ses grands yeux bleus dans les miens : 

-       Ce n’est pas ta faute. 

-       Arrête, l’avertis-je froidement alors que ma colère remplaçait doucement ma peine. 

Il fit un nouveau pas en ma direction, non impressionné ni par mon regard menaçant, ni par mes ordres. 

-       Ce n’est pas ta faute, répéta-t-il plus doucement. 

-       ARRÊTE ! m’enrageai-je alors que de nouvelles larmes se rassemblaient dans mes yeux épuisés. C’EST PARCE QUE GRANGER ÉTAIT LÀ QU’ELLE EST MORTE ! me perdis-je alors dans ma culpabilité. PARCE QUE JE L’AVAIS PRÉVENUE ! PARCE QUE JE N’AI PAS SU L’ÉLOIGNER QUAND IL LE FALLAIT ! PARCE QUE JE L’AI AIMÉE ALORS QUE JE SAVAIS ! JE SAVAIS, THEO ! sanglotai-je violemment. JE SAVAIS ! JE SAVAIS ! répétai-je avec violence. 

Je savais ce que je jouais. Tout le long, j’avais su ce que je mettais en danger, chaque fois que je l’avais rencontrée. Je connaissais les risques. Et j’avais décidé de parier leurs vies pour ça. Il s’approcha encore de moi, son regard plein de compassion tout droit dirigé vers moi. Son putain de regard plein de compassion, d’amour et de soutien. 

-       Ce n’est pas ta faute, chuchota-t-il encore simplement. 

Je le poussai de la force qu’il me restait de mes deux bras plus loin de moi alors que j’hurlais dans un sanglot brisé : 

-       ARRÊTE !

-       Ce n’est pas ta faute, répéta-t-il sans élever sa propre voix. 

-       TAIS-TOI ! m’épuisai-je à hurler de toute ma culpabilité contre son amour pour moi. 

Il fit un nouveau pas dans ma direction, et je ne contrôlais pas les nouveaux sanglots qui me secouaient. Il ne me laisserait pas. Peu importait ce que je lui faisais. Peu importait à quel point je détruisais sa vie. Il ne me laisserait pas. Ce constat ne m’horrifiait que plus encore de ce que je lui avais fait. Même cela. Même alors que je lui avais fait cela. Le pire que je n’aurais pu jamais faire. Lui prendre sa Pansy. Et il ne me laissait pas. Il ne m’engueulait pas. Il ne perdait pas son calme. Il ne déferlait pas sa douleur sur moi, quand bien même je le méritais cent fois. Il ne me laissait pas. 

-       Ce n’est pas ta faute, chuchota-t-il en s’approchant encore doucement de moi. 

Je ne trouvais pas en moi la force de lui soutenir encore une fois ma responsabilité dans le cauchemar qu’il traversait désormais. Je ne fis que pleurer cette fois. Il me semblait que quelque part, je lui en voulais pour cela. De toujours être un homme meilleur que celui que j’étais. De toujours être un homme plus solide que celui que j’étais. De toujours être un homme plus juste que celui que j’étais. Parce qu’en étant l’homme qu’il était, l’homme qui jamais ne flanchait, l’homme qui jamais ne laissait sa colère, sa douleur, ses peurs se répercuter sur ceux qu’il aimait, en étant cet homme-là il me confrontait à l’homme que je n’étais pas. Le Grand Intendant. 

Il fit un nouveau pas vers moi alors que mes bras reposaient lourdement le long de mon corps, mon visage désormais porté bas alors que je pleurais dans toute ma faiblesse. Cette faiblesse qui nous coûtait trop cher à tous. Qui lui coûtait trop cher à lui. 

-       Ce n’est pas ta faute, répéta-t-il en un doux murmure. 

-       Arrête…, suppliai-je sur un ton si démuni qu’il était presque inaudible. 

Mais il m’entendait. Il m’entendait parfaitement bien. Il ne me laissait simplement pas face à ma culpabilité indéniable. Il ne me laissait pas me noyer dans mon dégoût pour moi-même. Il ne me laissait pas m’enfermer dans les enfers que j’avais déchaînés sur lui, et sur nous. Il fit un nouveau pas vers moi, et il m’ouvrit ses bras. Je ne trouvais pas la force de le repousser une nouvelle fois. Il ne restait rien que l’abattement. Rien que l’épuisement. Rien que la douleur. Il encercla mon corps inerte de ses bras et me serra contre lui comme si je n’étais pas celui qui lui avait tout prit. Comme si je méritais encore son amour et son soutien indéfectible. 

-       Ce n’est pas ta faute, chuchota-t-il encore alors que mon visage inondé de larmes se cachait dans la largeur de son épaule. 

Je ne lui rendais pas son étreinte, je n’en avais pas la force. Je pleurais. C’était-là tout ce que je faisais. Je pleurais parce que je lui avais fait cela, quoi qu’il pût en dire. Je lui avais fait cela, et il était toujours là. Je lui avais fait cela, et il ne me le reprochait pas. Je lui avais fait cela, et il ne me pardonnait même pas, parce qu’il considérait qu’il n’avait rien à me pardonner. Je pleurais parce que je lui avais fait cela, à lui, et qu’il ne m’en tenait pas rigueur une seule putain de seconde, comme si je n’avais rien fait. Comme si je n’y étais pour rien. Comme si je n’avais rien influencé de cet enfer qu’il traversait. Je pleurais parce que je lui avais fait cela, et il continuait de m’offrir ses bras, son amour et son soutien. Je pleurais parce que je lui avais fait cela à lui, et qu’il continuait de m’aimer comme il m’avait toujours aimé. Je pleurais parce que je l’avais trahi. Lui. J’avais trahi son amour et sa confiance. J’avais trahi notre amitié. Je pleurais parce que je lui avais fait cela à lui, et que je me sentais comme une putain de pauvre merde. Un putain de moins que rien. Un ingrat, incapable, égoïste et par-dessus tout un traître. Un traître envers la seule personne que je ne pensais jamais trahir. Et pourtant je l’avais fait. Et il trouvait quand même le moyen de me serrer dans ses bras. Je ne me sentais que plus encore comme la plus sombre des merdes qui pouvaient être. 

-       Ce n’est pas ta faute, continua-t-il de murmurer de toute sa tendresse. 

Je pleurais contre lui, et il me recevait, impuissant, encore. Parce qu’autant que je me sentais comme une putain de merde, il était une autre vérité inébranlable qui demeurait, et c’était que j’avais besoin de lui. J’avais besoin de ses bras autant que j’avais besoin de son amour et de sa force. Il ne me lâcherait pas. Je le savais. Pansy était revenue, quand bien même elle ne lui était pas revenue. Il ne me lâcherait pas. Il demeurerait là. Il demeurerait lui. Il demeurerait fort. Et pour la première fois depuis le début de la nuit que nous venions de traverser je me surpris à songer que peut-être, seulement peut-être, mais peut-être que nous y survivrions. 

-       Ce n’est pas ta faute, chuchota-t-il avec un amour transparent une dernière fois. 

Je laissai mes dernières larmes perler contre lui. Je ne croyais pas ses mots, mais je décidais que ce n’était plus tant important. Ce n’était pas entre lui et moi. C’était entre moi et moi. Il ne me tenait pas pour responsable tout simplement parce qu’il s’estimait responsable de tout ce qui concernait ses proches, et plus encore tout ce qui concernait Pansy. Personne ne pouvait apaiser ce que je ressentais face à ce que je lui avais fait. Personne ne pouvait apaiser les images qui tournaient en boucle dans mon esprit dès que je fermais les yeux. Les images atroces de lui, et de sa douleur de cette nuit-là. Pas même lui. Parce qu’envers lui, je ne me pardonnai rien. Son soutien m’encerclait cependant de son amour inflexible, et j’y cédais. J’en avais besoin. Mais cette fois-ci, il ne pouvait pas apaiser ce que je ressentais envers moi-même, tout simplement parce que je ne l’autorisai pas. Si j’oubliais, j’étais susceptible de reproduire les mêmes erreurs, ou d’autres encore. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Plus jamais. Je ne me laisserai pas de répit. Je ne m’offrirai ni compassion, ni pardon. Je ne le méritais pas. Les images de la mort de Pansy et du désarroi de Theodore s’assuraient que je n’oublie pas. Que je n’oublie jamais ce que j’avais fait. Alors je recevais son amour, parce que j’en avais besoin. Mais je ne recevais pas ses mots, parce que j’en avais besoin, de la violence de cette culpabilité qui m’assaillait. 

Il me contenu le temps qu’il fallut. Le temps qu’il fallut pour que je pleure toutes les larmes que j’avais à pleurer. Le temps que j’expie tout ce que j’avais à expier envers lui, quand bien même je ne pouvais pas m’en débarrasser, au moins m’en alléger pour pouvoir continuer de fonctionner. Parce qu’il fallait que je continue de fonctionner désormais. Il l’avait senti, comme toujours, l’instant où j’étais à la fois tout aussi vidé que rechargé pour avancer, et il me lâcha tendrement alors que j’essuyai ce qu’il restait sur mes joues de mes deux mains. Je tentais alors de conclure notre parenthèse en offrant à voix basse : 

-       Il y a des tonnes de chambres dans le manoir, on peut lui en donner une autre, c’est ta chambre depuis des années. 

Il me sourit tendrement. Je pouvais désormais voir la fatigue de ce qu’il portait inscrite sur son visage à lui aussi. 

-       Savoir qu’elle dort dans mon lit c’est tout ce qu’il me reste. Alors elle va continuer de dormir dans mon lit, toutes les nuits, appuya-t-il sans détour. 

Je lui rendis son sourire, et acquiesçai en sa direction en me demandant comment j’avais pu ne pas deviner ce qu’il allait me répondre. Il inspira ensuite une quantité importante d’air avant d’enchaîner sur un ton on ne pouvait plus sérieux :

-       Maintenant il faut que tu construises un quartier général à Voldemort. 

Je sentis ma mâchoire se serrer au même rythme que mon estomac, et j’acquiesçai une nouvelle fois en contrôlant l’anxiété de ne pas y arriver. Ce n’était pas une option. 

-       Oui, confirmai-je froidement à mon tour. 

Nous étions passé dans autre chose. Il ne restait rien de la tendresse ou de l’épuisement. Il ne restait que les soldats du Seigneur des Ténèbres. Parce que nous n’avions plus le temps d’être autre chose que cela. 

-       Tu dois le surprendre, avança-t-il alors. Tu dois lui montrer que tu as ce qu’il faut pour être son Grand Intendant. 

-       Je sais, lui accordai-je encore. 

Il sembla hésiter à continuer, et je l’encourageai, puisque je n’avais pas encore réfléchi à la moindre piste pour cette mission, trop occupé à tenter de contrôler mes propres émotions débordantes.  

-       Quoi ?

-       J’ai une idée, avoua-t-il plus doucement. 

J’entendis mon cœur battre jusque dans mes oreilles. Je savais qu’il n’allait pas me parler de construire une jolie maison dans une prairie du bout de ma baguette magique. Je devais montrer au Seigneur des Ténèbres que j’étais celui qu’il lui fallait. Je devais me montrer capable de cruauté. Je l’autorisai à continuer d’un signe de tête, tentant de contrôler les battements de mon cœur avec une inspiration profonde. 

-       Tu as besoin de main d’œuvre, avança-t-il froidement. Mais tu as besoin d’une main d’œuvre qui est capable de magie pour rendre la construction possible en quatre jours. 

Il marqua une pause alors que je me perdais dans ses yeux, entendant les battements de mon cœur devenir de plus en plus insolents malgré mes efforts. 

-       Des sang-de-bourbe, trancha-t-il finalement. 

Il me sembla que mon estomac se retourna à l’intérieur de mon ventre alors que je recevais la violence de sa proposition malheureusement pertinente. Oui, cela le satisferait, c’était indéniable. Réduire des sang-de-bourbe en esclavage était digne de son Grand Intendant, particulièrement en temps de Guerre. Et Theo avait raison, nous avions besoin de main d’œuvre, et d’une main d’œuvre capable de magie. Ils représentaient les esclaves parfaits pour ses rangs. Une nausée violente monta en moi, et je supposai qu’elle était lisible sur mon visage puisqu’il commenta doucement : 

-       Je sais, je suis désolé. 

Mais je ne pouvais plus faire les choses à moitié. J’étais dedans jusqu’au cou. Leurs vies en dépendaient, d’à quel point je pourrais me montrer convaincant. D’à quel point je serai capable de me montrer dénué de toute humanité. J’inspirai profondément par le nez. Mes états d’âme n’avaient plus leur place. Nous avions dépassé ce stade quand je m’étais prosterné à ses pieds en mendiant la vie de Pansy. 

-       Non, coupai-je alors, c’est une excellente idée. On fait ça, validai-je froidement. Allons-y, annonçai-je avec détermination. 

Il attrapa mon bras quand je passai devant lui pour m’en aller du bureau. 

-       Non, me coupa-t-il à son tour. 

-       Quoi, non ? J’ai quatre jours, rappelai-je alors. 

-       Si tu vas être Grand Intendant, tu dois être un meilleur occlumens que tu ne l’as jamais été. 

-       Et alors ? le questionnai-je avec incompréhension. 

-       Tu as dit que pour être un bon occlumens et réussir à contrôler tes émotions tu as besoin de sommeil, rappela-t-il justement. Tu n’as pas dormi depuis bientôt 48heures. 

-       Je n’ai pas le temps, soulignai-je quand bien même il marquait là un point indéniable. 

-       Si tu échoues et que tu meurs tu n’auras plus de temps du tout, déclara-t-il fermement. Pour que tu réussisses il faut faire les choses bien, donc tu vas dormir, et pendant ce temps je vais tâcher de trouver un emplacement. Ensuite, on se met au travail, déclara-t-il sans poser la moindre question. 

Je le sondai, lui ainsi que son ordre un instant. Il avait raison, et je le savais. Je devais être irréprochable. Je devais être parfait. Je n’avais pas réellement dormi depuis trop longtemps, et cela me rendait vulnérable. J’avais besoin d’être un guerrier inébranlable. En mon état actuel, ce n’était pas l’image que je renvoyais, ni la façon dont je me sentais. J’acquiesçai finalement en cédant une nouvelle fois à la justesse de ses paroles. 

-       Ok, consenti-je alors. 

-       Attends mon retour pour la suite, ordonna-t-il avant de s’en aller en le soldat le plus solide que je connaissais. 


Pansy se tenait dans notre salle commune, debout face à moi de l’autre côté de notre table basse. Les traits fermés de son visage exprimaient sa colère autant que la violence de sa voix alors qu’elle hurlait à mon visage : 

-       JE TE DEMANDE JUSTE D’ÊTRE PUTAIN D’HONNÊTE AVEC NOUS, PARCE QUE OUI, LA VÉRITÉ C’EST QU’ON EST LÀ-DEDANS AVEC TOI, ET QUE OUI, SI TU TE METS EN DANGER EN FAISANT JE NE SAIS QUOI AVEC PUTAIN DE GRANGER TU NOUS METS NOUS TOUS EN DANGER AUSSI, ET JE NE TE DEMANDE MÊME PAS DE NE PAS LE FAIRE ! JE TE DEMANDE D’ÊTRE HONNÊTE ET DE ME DIRE CE QU’IL SE PASSE, PARCE QUE JE CROIS QUE SI TU VAS RISQUER TA VIE ET LES NÔTRES POUR ELLE, ON A PUTAIN LE DROIT DE LE SAVOIR ! 

Soudain toute lumière s’éteignit et un froid glaçant s’empara de mon corps. Je clignais des yeux à la recherche de quelque chose, mais je ne voyais rien. L’angoisse monta en moi, et je commençai à peiner à respirer. Mes mains s’agitèrent alors que je me sentais à genoux sur une surface humide. Je ne savais pas où j’étais. Je ne voyais rien. Je laissais mes mains explorer les alentours alors que je ne voyais qu’une noirceur menaçante, clignant frénétiquement des yeux à la recherche d’indices. Mes doigts rencontrèrent quelque chose de dur, et de mouillé. Je tâtais en cherchant à reconnaître ce que je touchais, et soudain ma vision s’éclaira. J’hurlai et tombai en arrière en découvrant le cadavre de Pansy, allongé sur le sol humide d’une forêt. Le haut de son cadavre se releva vivement et ses grands yeux d’un blanc vitreux s’ouvrirent en m’imposant une vision d’horreur alors que je reculai aussi rapidement que je le pouvais sur le sol mouillé. Assise avec un dos inhumainement droit sur le sol, elle m’imposa sa vue terrifiante alors que le cadavre ouvrit la bouche tandis qu’une voix aussi vibrante qu’inhumaine s’échappa de ses lèvres pour m’accuser : 

-       Tu m’as obligée à me taire quand j’étais la seule à te dire que tu nous mettais en danger avec ton égoïsme en me menaçant d’être morte pour toi si je me le permettais encore. Regarde maintenant ce que tu m’as fait ! hurla le cadavre zombifié alors que sa voix perçante vibrait en moi. 

Je me prosternai sur moi-même pour ne plus la voir. Pour ne plus voir l’horreur qui se tenait devant moi, et qui m’accusait d’abominations plus grandes que moi. Je m’entendais pleurer, mais tout ce que je savais c’était que j’étais fini. Tout ce que je ressentais, c’était que j’étais fini. 

-       REGARDE-MOI ! hurla le cadavre alors que sa voix était teintée de celle, me semblait-il, de Blaise. 

Je me prosternai sur le sol, accroupi sur moi-même alors que je pleurai dans toute ma faiblesse. Dans toute ma faiblesse parce que j’étais à sa merci. 

-       Pitié…, suppliai-je alors. Je vous en supplie… Par pitié…, par pitié, rendez-lui Pansy, suppliai-je en pleurant à ses pieds. Il…, il fera tout pour vous, si vous lui rendez Pansy il, il gagnera toutes les Guerres que vous pourriez mener, je vous en supplie, je vous en conjure…, par pitié…, rendez-la-lui… 

Je pleurai. Je suppliai. Mais je ne pleurai pas pour moi. Je ne pleurai pas pour elle. Je pleurai parce que c’était le seul espoir qu’il me restait pour lui. Pour qu’il me reste. Moi, j’étais fini. J’étais mort. Je l’avais accepté en l’appelant.

-       ENDOLORIS ! trancha sa voix sifflante.

La douleur physique vibra jusque dans mes os à l’intérieur de mon corps. Je m’écroulai sur le côté, le haut de mon crâne reposant contre les jambes dures du cadavre de mon amie, son odeur nauséabonde emplissant mes narines.  

-       Crois-tu que je sois idiot au point de ne pas savoir ce que représente le fait d’avoir Theodore Nott dans mes rangs, Drago ? m’accusa ensuite sa voix perçante. 

Je ne pus lui offrir que mes hurlements plaintifs en réponse à sa question. Quelques secondes plus tard, la douleur cessa soudainement, et je suppliai encore. Les images et sensations s’enchaînaient trop rapidement pour que je puisse tout suivre. 

-       Je ferai tout ce que vous voudrez, je vous en supplie…, pleurai-je en me prosternant aux pieds de l’homme qui m’avait tout prit. Je serai votre Grand Intendant, me vendis-je alors. Je ferai tout, absolument tout ce que vous voudrez Maître… Faites de moi votre Grand Intendant, il n’y a rien que je ne ferai pas pour vous. 

Puis tout aussi soudainement, il se baissa vers moi, et je n’osai pas lever le visage vers lui. Il n’eut pas besoin de rencontrer mes yeux pour que ses mots m’atteignent de pleine face : 

-       Si tu me déçois Drago, menaça-t-il à voix basse, je tuerai tous tes proches, je t’enfermerai dans un cachot, et je laisserai chacun de leur corps pourrir à tes pieds jusqu’à ce que tu meures de vieillesse. 

Et je les vis ensuite, leurs corps. Celui de Pansy. Celui de Blaise. Celui de ma mère. Celui de Theo. Je les voyais tous empilés devant moi, accroupi dans un cachot, à hurler et à pleurer. Cherchant à fermer les yeux pour ne plus les voir, mais ne voir qu’eux dès que je fermais les yeux. Ouvrir les yeux, et ne voir qu’eux. Fermer les yeux, et ne voir qu’eux. Que ce que je leur avais fait. Qu’à quel point je leur avais fait défaut. Que je n’avais pas su les protéger. Que je n’avais pas su être celui qu’il fallait. 

Je me réveillai en sursaut dans mon lit, trempé de ma propre transpiration, la respiration haletante et les bribes de ma rencontre la nuit passée avec Voldemort tournant encore dans mon esprit tel un disque cassé. Je pouvais sentir l’angoisse monter en moi alors que la lumière du jour à l’extérieur de ma fenêtre remplissait ma chambre qui me semblait n’avoir plus rien de chaleureux en son sein. La menace qui planait sur les miens par le choix que j’avais fait m’assaillait, et je savais que ce serait désormais le cas lors de chacune de mes nuits. Et pourtant, je n’avais pas le luxe d’avoir peur. Je n’avais pas le luxe de prendre le temps d’avoir peur, parce que chaque fois que j’avais peur je les mettais en danger. La dernière vision de mon cauchemar me le rappelait. J’avais une mission, et je devais l’accomplir. Je retirai la couette de mon corps trempé et m’assied sur le bord de mon lit en me prenant la tête entre mes mains un instant, cherchant à contrôler mon esprit avec habilité. Cinq, quatre, trois, deux, un par le nez, puis cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. Inspiration, puis expiration. Je notai que je contrôlais bien plus facilement les battements de mon cœur qui ralentirent directement, et le flux de mes pensées qui ne m’imposaient plus les souvenirs de ma nuit passée mêlés à un cauchemar des plus abominables. J’étais mort à ses pieds, je m’étais vendu à lui. Je lui avais vendu mon âme. Il ne pouvait rien rester de moi. Il m’avait accordé ce que j’avais demandé, du moins en partie. La vie des miens était désormais ma responsabilité. Je réitérai, érigeant des murs plus forts et plus hauts dans mon esprit. Cinq, quatre, trois, deux, un par le nez, puis expiration, cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. J’avais une mission, me rappelai-je alors que j’ouvris des yeux déterminés devant moi. 

Après m’être douché et avoir mangé un déjeuner imposé par Mint dont j’avais royalement ignoré l’inquiétude, je m’étais dirigé vers le bureau de mon père. Il était temps de découvrir ce qui pourrait m’y servir, puisqu’après tout il avait occupé ces fonctions avant moi, et pendant bien plus longtemps. Il devait bien y avoir là-dedans quelque chose, quoi que ce fut, qui pourrait m’être utile désormais. Je commençai par inspecter rapidement les titres des livres qui ornaient les bibliothèques qui encadraient l’arrière de son bureau, entre les anciens vitraux. Histoire de la magie, histoire de la famille Malefoy, histoire de la sorcellerie, histoire de la magie noire, histoire des artéfacts, histoire des dragons, histoire de l’espace et des univers, mythologie de nos Dieux, guides pratiques sur les combats, la magie noire et sortilèges en tous genres, y compris impardonnables. Recueils de Guerre, d’objets anciens, de magies anciennes de contrées étrangères, anthropologie d’autres cultures, propriétés des différents animaux magiques, des différentes baguettes magiques, spécialités des différentes écoles de sorcellerie. Tout un tas de choses au demeurant passionnantes, mais qui ne me semblaient présentement d’aucune utilité concrète. Je me tournai face à son bureau, et tirai sa chaise en cuir pour y prendre place. Je regardai la largeur de son espace s’étaler devant moi alors que je m’imprégnai des lieux. La porte était tout droit face à moi. Si je tournai la tête sur la gauche, je pouvais voir le petit salon pour ses invités. Si je la tournai sur la droite, je pouvais voir une partie de sa bibliothèque. Je baissai les yeux sur son bureau de bois. Il n’était pas en bazar, comme aurait pu l’indiquer une mort qu’il n’avait pas vu venir. Il n’y avait rien d’autre que les papiers dont ma mère m’avait parlé pour me céder le manoir, ainsi qu’une photo animée et encadrée sur le coin gauche de ma mère serrant dans ses bras un bébé qui me ressemblait, mon père se tenant debout derrière elle en souriant. J’avalai distinctement ma salive alors que je sentais mes murs s’affaiblir. Ma main gauche vint renverser le cadre face au bureau de sorte à ce que je ne vois plus la photo. Cinq, quatre, trois, deux, un par le nez, puis cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. 

Je me reculai un peu depuis la chaise du bureau pour découvrir les différents tiroirs qui s’étalaient de chaque côté de mes jambes. Il y avait des tiroirs de différentes tailles, certains plus épais, d’autres plus fins. Conscient que je trouverai dans l’un des plus épais le coffre dont ma mère m’avait mentionné l’existence, je les ignorai. Je tirai le premier tiroir, et y découvrais un carnet fait de cuir que je décidai d’ignorer pour l’instant, quelques gallions, une plume noire ainsi qu’un encrier. J’ouvrai le suivant, et trouvais là tout un tas de petits dossiers remplis de parchemins plus ou moins vieux. J’en sortais les premiers et m’aventurai à les ouvrir. 

« Liste et fonction des Serviteurs » désignait le premier dossier. Je le laissai de côté pour une utilité future, et regardait le titre du dossier suivant. 

« Liste et fonction des membres de l’Ordre répertoriés officiellement ». Trop inquiet du nom que je pourrais y trouver, je le cachais sous le premier dossier que je venais de trouver, conscient de son utilité non anecdotique également, et regardait le dossier suivant. 

« Liste des Sang-de-Bourbe d’Angleterre et outre-mer ». Bingo, pensai-je alors. J’ouvrais le dossier et me plongeai dans la liste des noms et adresses qui allait peut-être littéralement nous sauver la vie. Je tâchai de ne pas prêter une grande attention aux noms et prénoms qui défilaient sous mes yeux, cherchant à ne pas humaniser les personnes que j’allais faire esclaves, et me concentrai sur les adresses, ainsi que leur nombre. Je devais pouvoir aller les chercher rapidement, donc moins elles étaient loin mieux c’était, et elles devraient être en nombre suffisant pour construire le Quartier Général du Seigneur des Ténèbres en ce qui devait désormais n’être plus qu’un peu plus de trois jours. Une grande concentration d’entre eux se trouvait dans le Sud de l’Angleterre, quand bien même il y en avait un peu partout, et je dus avouer être assez surpris du nombre important de noms qu’il y avait sur cette liste. Je n’avais pas même terminé de la parcourir qu’il devait bien y avoir plusieurs milliers d’entre eux. Soudain, mon regard s’arrêta en même temps que mon cœur. Quand bien même je forçais mes yeux à ne pas lire, l’assemblement de certaines lettres n’avaient pu échapper à mon cerveau quand il lut : 

« - Granger Hermione » de l’écriture de mon père, l’encre noire tranchant sèchement le parchemin beige du nom de celle que j’aimais. De celle que j’aimais et qui faisait partie de ceux que j’allais réduire en esclavage pour ma propre survie. Son nom était là. Il était juste là, parmi les autres noms des personnes que j’allais utiliser pour les réduire en esclavage pour le compte du Seigneur des Ténèbres. Non. Pour mon compte, à moi. Son nom à elle était sur cette liste. Et soudain, les autres noms qui entouraient le sien s’imposèrent à ma vision. 

-       « - Grappier George,

-       Greffe Padma, 

-       Gregory Nikolas, 

-       Grove Alma… »

Je me forçai à lever les yeux de la liste alors que ces lettres s’humanisaient devant moi, ma respiration devenant doucement difficile alors que je réalisai que comme elle, il s’agissait de personnes. Comme elle, il s’agissait de filles, de fils, de frères, de sœurs, de pères et de mères, d’amants et d’amis que j’allais voler de ceux qui les aimaient, et dont j’allais détruire les vies au profit de la mienne. Au profit des miens. De mon frère, de ma mère, et de mes amis. L’image du cadavre de Pansy s’imposa à nouveau à mes yeux, alors que ses yeux étaient encore grands ouverts, fixés sur le toit de la cathédrale dans laquelle nous avions tous failli brûler. Je sentis ma mâchoire se serrer. L’image de Theodore, la gorge tranchée, se vidant de son sang alors que son corps tombait sur le cadavre de Pansy me revint à l’esprit, et j’avalais difficilement ma salive. La vision de mon frère, appuyé contre le mur, dans la pire impuissance et la pire douleur, vide comme je ne l’avais jamais vu alors qu’il m’expliquait qu’il ne pouvait plus vivre me revenait. Et j’inspirai, et j’expirai. J’allais prendre des vies. J’allais prendre beaucoup de vies, de bien de façons différentes. Ils étaient vivants, eux aussi, moldus, sang de bourbe, sang mêlé, sang pur, peu importait. Je n’étais pas celui qui pouvait les sauver. Je n’étais pas de ceux qui avait le luxe de me battre pour leur cause, j’étais de ceux qui n’avaient pas eu le choix de servir les Forces du Mal. J’étais de ceux des Forces du Mal. C’était une Guerre. Des gens mourraient, et des gens j’allais tuer. De vraies personnes, avec de vraies vies, et de vrais sentiments. Ils devraient désigner leurs propres soldats pour défendre les leurs, et je les combattrais me sentis-je penser, parce que j’étais le soldat désigné pour défendre les miens. Et j’allais les défendre jusqu’à ce que la mort ne m’emporte. Theodore. Theodore à qui je devais tout. J’allais défendre les miens jusqu’à ce que la mort ne m’emporte.

La porte du bureau s’ouvrit alors que je terminais ce dernier constat. J’inspirai discrètement par le nez pour m’ancrer dans ces dernières pensées, prêt à accueillir Theodore et enchaîner ce que nous avions à faire quand Blaise pénétra dans mon champ de vision. Il s’arrêta un instant, la main toujours sur la poignée de la porte désormais grande ouverte, et nous nous regardions en silence. Il avait repris de la vie, maintenant que Pansy lui était revenue. 

-       Tu fais quoi ? me demanda-t-il sans animosité aucune. 

Je pris une plus profonde inspiration et baissai les yeux sur la liste que je rangeais en lui répondant : 

-       Voldemort m’a demandé de lui construire un nouveau Quartier Général maintenant que j’ai récupéré le manoir pour nous. J’étudie mes options, ajoutai-je sans désirer m’étendre plus sur le sujet. 

Il acquiesça et demanda en hésitant, quand bien même il ne l’avouerait pas si je le lui demandais : 

-       Tu as besoin d’aide ? 

Je lui adressai un faible sourire. 

-       Non, pas pour l’instant. 

Il acquiesça une nouvelle fois et lâcha enfin la poignée de la porte pour avancer dans l’espace vide face au bureau de mon père que j’occupais. Il regarda autour de lui comme si c’était la première fois qu’il venait et que nous ne nous étions pas hurlé dessus quelques heures plus tôt en ces mêmes lieux. 

-       Où est Theo ? demanda-t-il en constatant de son absence. 

-       En mission pour moi, même si j’ai rien eu besoin de demander, avouai-je alors. J’imagine que ça lui fait du bien de s’occuper l’esprit, accordai-je à Blaise doucement. 

Je n’étais pas certain de là où nous en étions. Dans les derniers événements il m’avait hurlé dessus, baffé, reproché mon inaction vis-à-vis de la décision de Theodore, je l’avais explicitement menacé, puis il m’avait dit que je les mettais tous en danger par ma loyauté envers Theo et rien n’avait été réglé quand Pansy s’était réveillée. Je ne savais pas comment lui parler, ni comment le prendre, ni quoi lui dire, comme si j’étais face à un étranger. Blaise n’était pas une personne avec laquelle je m’étais beaucoup pris la tête, malgré nos longues années d’amitié. En fait, Blaise n’était pas le genre d’ami qui se prenait la tête avec les siens, pour quoi que ce soit. Sauf cette fois-ci. Il allait au front pour nous. Mais il n’allait jamais au front contre nous. 

-       Comment il va ? questionna-t-il en ayant l’air, lui aussi, de ne pas trop savoir comment se comporter. 

Je lui adressai un nouveau sourire que je voulu attendri, cherchant à signifier que j’étais là en paix face à lui. Il avait défendu les intérêts de Pansy, et je le comprenais. Moi, je défendais ceux de Theo. Mais je le comprenais et quelque part je le respectais pour cela. 

-       C’est Theo, dis-je doucement, il gère. Tant qu’elle est en vie, ça ira. 

J’hésitai à lui retourner la question, ma culpabilité retenant mes inquiétudes naturelles. Je cédais finalement et demandait : 

-       Comment se sent Pansy ? 

Il haussa les épaules en ma direction en répondant : 

-       Elle a l’air égale à elle-même, hormis…, hésita-t-il, tu sais. 

J’acquiesçai en sa direction. Oui, je savais. 

-       Tu devrais aller la voir, ajouta-t-il doucement. 

Oui, cela aussi, je le savais. Mais la culpabilité qui me rongeait rendait la rencontre avec elle, qui plus est en tête à tête, incroyablement difficile. Mon cerveau était rempli d’images de son cadavre que je voyais encore chaque fois que je clignai des yeux. Je ne savais pas si c’était le genre d’image dont on se débarrassait un jour. C’était ma faute si elle était morte, et elle le savait très bien, elle aussi. Elle avait peut-être oublié Theodore, mais elle n’avait pas oublié Granger, ni les nombreux avertissements qu’elle m’avait donné sur ma relation avec elle avant qu’elle ne meure par ma faute. La vérité c’était que j’étais terrorisé de me confronter à sa colère légitime. Mais il avait raison, et je le savais. 

-       J’irai, oui, acquiesçai-je encore vers lui sur un ton bas. 

Il me rendit mon geste, et mit fin à notre rencontre maladroite en se dirigeant vers la porte : 

-       Bon, je te laisse travailler alors. 

Et il quitta mon bureau en fermant ma porte derrière lui. Cinq, quatre, trois, deux, un par le nez, et cinq, quatre, trois, deux, un, par la bouche. Je ne savais pas combien d’heures s’étaient écoulées pendant que j’avais dormi, aussi décidai-je d’utiliser notre lien pour chercher Theo, me concentrant pour le différencier de mon lien avec Ragnar. 

-       Tu en es où ? 

Il s’écoula quelques secondes avant que sa réponse ne parvienne jusqu’à moi :

-       J’ai trouvé, je serai là dans une heure maximum. 

-       Ok, je t’attends, conclus-je en accusant réception. 

Une heure. Une heure pendant laquelle je pouvais aller voir Pansy, plutôt que de repousser jusqu’à être sûr qu’elle soit tellement en colère que je ne l’ai pas approchée qu’elle ne veuille plus jamais me parler. Je pris une nouvelle profonde inspiration. Elle était morte par ma faute. Il me semblait qu’au minimum, je lui devais des excuses, quand bien même il me semblait ridicule d’espérer que des excuses changent quoi que ce soit dans une telle situation. Je le lui devais, et je le devais à notre relation, même s’il serait légitime de sa part de ne plus jamais vouloir me voir après cela. 

Alors j’inspirai une nouvelle fois, et je pris le chemin de la chambre de Theo qu’elle occupait et occuperait désormais. Blaise était retourné à son chevet et lorsqu’il me vit approcher il me sourit, et nous laissa en quittant chaleureusement la chambre. Elle avait encore meilleure mine que quelques heures plus tôt, constatai-je avec un sourire tendre en sa direction. Elle était définitivement en vie. Sa peau demeurait pâle, mais aussi pâle qu’elle l’avait toujours été. Elle avait encore l’air épuisée et physiquement faible, mais elle était vraiment vivante. Elle me rendit un sourire des plus tendres alors qu’elle me regardait approcher. Je pris place sur le fauteuil disposé à côté de son lit sur lequel Theodore avait passé son temps à la surveiller pendant qu’elle ne nous était pas encore revenue. 

-       Hey, chuchotai-je en prenant place sur le siège. 

-       Hey, me renvoya-t-elle sur le même ton doux. 

Mes murs ne tenaient plus d’un seul centimètre, mais je n’en avais que faire. Je lui devais d’être moi dans mon intégralité, dans toute ma vulnérabilité, et avec toute ma désolation. Je n’avais pas le droit de nous voler de cela, je respectai trop notre relation pour essayer de m’y dérober de quelque façon que ce fut. 

-       J’ai bien cru que j’faisais encore trop peur pour que tu viennes me voir, blagua-t-elle tout bas vers moi sans effacer la tendresse de son sourire. 

Je pouffai à ses mots en baissant le visage un instant. Je fis non de la tête avant de relever des yeux pleins d’amour vers elle et d’avouer avec honte :

-       Non, j’avais trop peur de me confronter à ce que j’avais fait. 

Son sourire s’effaça de son visage et alors qu’il reposait sur l’oreiller qui soutenait le haut de son dos, ses yeux inspectant curieusement les miens qui, encore, se remplissaient de larmes. 

-       J’suis désolé Pansy, pleurai-je alors. Je suis tellement désolé. 

Ses sourcils se froncèrent sur son front, et ses yeux continuèrent de me chercher un instant. J’étais prêt à mériter sa colère, sa foudre, sa douleur, sa déception, ses mots tranchants, quoi que ce soit qu’elle avait à me dire ou à me faire. Je le méritais largement. Ses sourcils demeurèrent froncés sur son front alors qu’elle ne me lâchait pas de ses grands yeux verts inquisiteurs quand elle me demanda avec confusion : 

-       De quoi tu t’excuses ? 

Je lui rendais son incompréhension alors que je me demandais si elle avait oublié plus que simplement Theodore. Avant que je ne puisse répliquer, elle enchaîna, donnant tort à ma dernière hypothèse : 

-       C’était ma décision, c’est moi qui ai fait ça, chuchota-t-elle sans la moindre animosité dans la voix. 

Ma bouche s’entre-ouvrit sous le choc de ses mots, ainsi que de la douceur de son incompréhension que je m’en excuse. Que je m’excuse de l’avoir mise dans une telle situation, comme si je n’en étais pas légitime. Je ne contrôlais pas les nouvelles larmes qui s’échappèrent de mes yeux alors que je luttais pour soutenir son regard pas le moins accusateur. 

-       Pourquoi…, chuchotai-je difficilement, pourquoi…, pleurai-je encore, pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as pris un tel risque ? 

Elle ne défronça pas ses sourcils. Elle continuait de me regarder, concernée, n’ayant pas l’air de comprendre ce que je lui amenais là. 

-       Mais de quoi tu parles ? murmura-t-elle vers moi en cherchant dans mes yeux larmoyants les réponses à ses questions. 

Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien de sa réaction. 

-       Pourquoi t’as pris un tel risque pour elle ? 

Elle se redressa difficilement à l’aide de ses mains contre l’oreiller qui la soutenait assise sans quitter mes yeux. Elle humidifia ses lèvres du bout de sa langue avant de reprendre à voix basse : 

-       Drago je te l’ai dit, tout ce que je voulais c’était que tu sois honnête, et je t’ai dit que si tu me demandais de la protéger, alors je t’aiderai à la cacher aux fins fonds du monde. Et je l’ai fait, c’est tout, chuchota-t-elle doucement. 

Je cherchais dans ses yeux la moindre trace de colère, la moindre trace de mensonge, la moindre trace de ressentiment, mais je ne trouvais rien. Rien que la brillance de la douceur de son regard d’émeraude qui me sondait comme si j’étais complètement à côté de mes pompes et qu’elle était inquiète pour ma santé mentale. 

-       Quoi, tu croyais que j’allais te reprocher mes propres décisions maintenant que c’est parti en couilles ? continua-t-elle en pouffant. 

Je lui rendais son sourire alors que des larmes continuaient de perler le long de mes joues des réponses inattendues qu’elle m’apportait. Et je me demandais ce que j’avais bien pu faire sur cette Terre pour mériter son amitié. 

-       J’trouve que ça aurait été légitime, oui, avouai-je avec un sourire larmoyant vers elle.

Elle me rendit la tendresse de mon sourire. 

-       T’es con, ça c’est clair, t’es complètement con, m’adressa-t-elle sans perdre son sourire. Mais t’es mon con. Si à partir de maintenant tu pouvais la jouer un peu plus intelligent j’avoue que ça m’arrangerait par contre, parce qu’on sait tous les deux que si une situation comme ça se présentait à nouveau je recommencerais, donc…, si tu pouvais m’éviter ça, ce serait sympa. 

Mes nerfs me lâchèrent alors que je pleurai à son chevet en riant. Je n’arrivais pas à croire comment une telle personne pouvait m’estimer à ce point. Au point de ne pas hésiter à mettre sa vie en danger pour une promesse qu’elle m’avait faite quand le danger n’était pas encore concret. Je réalisai, plus que jamais, que Pansy Parkinson n’était pas de ceux qui faisaient des promesses en l’air sur lesquelles ils revenaient quand les choses devenaient moches. 

-       Mais ça, ça tient pour toi, ajouta-t-elle encore. Elle, qui a été encore plus conne que toi, il vaudrait mieux que je ne me retrouve pas face à elle. 

Elle souriait, mais je savais qu’il n’y avait aucun humour dans les mots qu’elle m’adressait-là. Elle ne lui avait rien promit, à elle. Et elle considérait qu’elle nous avait tous mis en danger. Je supposai que je ne pouvais pas argumenter dans le sens inverse en l’état actuel des choses, et après tout, il me semblait que cela n’avait plus la moindre importance. C’était du passé. 

Musique suggérée : Theres Still Hope – Fractured Light Music

Je la regardais probablement avec plus d’amour et de gratitude que jamais. 

-       Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter des amis comme vous, chuchotai-je vers elle. 

Elle me sourit avec une tendresse démesurée. 

-       Ben…, murmura-t-elle en retour vers moi, je me doute que t’as du mal à le voir en ce moment, mais figure-toi que t’es pas un si mauvais ami, toi non plus. 

Je ne contrôlais pas les sanglots qui me secouèrent. Je ne parvenais pas à savoir si ses mots m’apaisaient, ou s’ils empiraient mes blessures. Parce qu’un fait demeurait, c’était qu’ils étaient dans cette merde noire par ma faute. Et qu’ils n’étaient pas prêts d’en sortir. 

-       Merci, finis-je par pouvoir lui chuchoter en retour. J’ai juste…, j’ai juste l’impression d’amener que des horreurs dans vos vies, pleurai-je avec vulnérabilité à son chevet. 

Une larme coula le long de sa joue pâle alors qu’elle pouffa avec un sourire. 

-       J’peux pas te dire que dernièrement tu n’amènes que du bonheur dans ma vie, mais on sait tous les deux que ma vie aurait été naze si t’étais pas venu me repêcher le jour de notre première année, murmura-t-elle tendrement. 

Elle m’adressa le sourire le plus empreint d’amour qu’elle ne m’avait jamais adressé alors que sa larme gagnait le coin de ses lèvres roses. Il me semblait qu’elle ne m’était jamais apparue plus douce qu’en cet instant. Cela faisait quelque chose d’étrange à mon cœur que je sentais vibrer en moi. 

-       Je ne regrette rien, chuchota-t-elle alors. 

Je ne pus soutenir son regard plus longtemps alors que je sanglotais avec force. Elle tendit sa main tremblante en direction de la mienne, que je lui donnais. Elle chercha mon regard embrumé avant de continuer, de nouvelles larmes perlant sur ses joues : 

-       Je le referai, ajouta-t-elle avec une force douce. Sachant ce que je sais maintenant, je recevrai la marque à nouveau. 

Mon front s’écrasa sur le dos de sa main qui tenait la mienne sans que je ne puisse retenir les sanglots qui me secouaient. Parce qu’elle ne se souvenait pas de Theo. Elle ne se souvenait pas d’à quel point elle était raide dingue amoureuse de lui. Et je venais de découvrir que même s’il n’était pas dans l’équation, elle aurait fait tout cela. Parce que j’étais suffisant pour elle. Même s’il n’y avait pas Theo, j’étais suffisant pour elle. Elle aurait quand même fait tout cela pour moi, rien que pour moi. Et je savais en cet instant, alors que je pleurais au chevet de la femme merveilleuse qu’était celle de mon frère, que plus personne ne pourrait jamais toucher à ma famille. Plus personne. Plus jamais. Je ne le permettrais pas. Ils étaient miens. Les miens. Ils méritaient tout de moi. Et j’allais les protéger de toute la force de mon âme, avec tout ce qu’il restait de moi. Intouchables. Ils seraient intouchables. 

Alors je relevai le visage vers elle, et je me relevai du fauteuil pour saisir son visage de mes deux mains tremblantes avant de déposer un baiser appuyé sur son front. 

-       Merci, lui chuchotai-je entre mes larmes. Merci mille fois. 

J’avais cru que désormais je ne pourrais plus jamais me recharger. Que je ne pourrais plus jamais me remplir à nouveau. Que je ne pourrais plus jamais récupérer des forces internes pour affronter le reste du monde. Je m’étais trompé. C’était eux, mes batteries internes. C’était eux, ma source de force la plus profonde. Et j’étais prêt à terrasser le monde entier pour eux. Et chaque fois que j’en aurais besoin, je savais qu’ils seraient là. Je le savais comme une vérité absolue et inébranlable. 

Quand je me relevai pour aller assurer notre survie, elle m’adressa avec hésitation :

-       Je peux te demander quelque chose ? 

-       Tout ce que tu veux. 

Elle baissa les yeux l’espace de quelques secondes avant de les relever vers moi :

-       Je me souviens que j’ai dit des horreurs à Blaise avant…, avant tout ça. Mais je me rappelle pas pourquoi. 

Parce que cela concernait Theodore. De ce qu’elle en savait, Blaise l’avait empêchée de se battre, et cela l’avait rendue absolument folle. Elle ne savait pas pourquoi. Elle ne savait pas que rien n’importait plus pour elle que celui dont elle ne se souvenait pas même du nom. Il fallut que je rassemble mes forces pour parvenir à lui sourire alors qu’une nouvelle larme se frayait un chemin jusqu’à mes yeux, noyée dans celles que je venais de pleurer : 

-       Parce que tu voulais te battre, mentis-je par omission. Et maintenant, chuchotai-je avec tendresse, repos soldat. 

Elle me regarda avec sérieux, sondant mes yeux à la recherche de la réponse qu’elle semblait savoir ne pas avoir trouvé dans mes mots. Je m’en voulais, après le moment que nous venions de partager, de lui mentir sur quelque chose d’aussi important pour elle. Mais ma vision périphérique m’imposa la vue de Theodore dans l’encadrement de la porte, et je n’avais plus aucun doute sur les raisons pour lesquelles je lui avais menti. Pour lui. Tout, pour lui. Elle acquiesça finalement, et j’étais persuadé qu’elle ne m’avait pourtant pas cru. Je m’en allais en direction de la porte ouverte quand elle me somma :

-       Drago ?

Je me retournai vers elle. Elle me regardait avec un sérieux grave. 

-       Qu’est-ce que tu as fait pour que je puisse revivre ? 

Une nouvelle fois, je lui souris tendrement. 

-       Pas maintenant, chuchotai-je. Je veux garder ce souvenir comme il est maintenant. 

Elle me le laissa ainsi, ce souvenir parfait. Et je m’en allais avec Theo en direction de notre nouvelle vie sombre. 


J'espère que ce chapitre vous aura plu et qu'il vous aura fait (un peu?) de bien <3

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A bientôt, 

Liv 


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