Dollhouse

Chapitre 41 : Le talon d'Achille

6701 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/05/2024 18:34

J’entendis mon cœur battre violemment jusque dans mes propres oreilles. Les messes-basses des Mangemorts présents raisonnèrent en des murmures inarticulés dans les murs de la cathédrale qui accueillait ma fin. Je ne sentis plus le dos de la main de Theo contre la mienne. Il se déplaça très lentement, si lentement que je ne m’en étais presque pas rendu compte, Kira glissant le long de son dos pour rencontrer le sol à ses côtés. Il s’avança sur ma droite, son épaule gauche barrant le chemin entre le Seigneur des Ténèbres qui ne manqua pas de noter sa nouvelle prise de position, et moi. Je me permettais de noter une dernière fois avec précision la courbe musclée de son épaule devant moi. Le creux de sa nuque. La façon dont ses cheveux ondulaient sur son crâne, et la profondeur de leur noirceur. C’était là une situation dont il ne pouvait pas me sauver, quand bien même je savais qu’il essayerait. Nous étions impuissants face à lui. Même lui. Le Seigneur des Ténèbres avait besoin de lui cependant, et les événements de ce soir ne faisaient que le lui confirmer. Il ne le tuerait pas, quand bien même il essayerait de défendre ma vie, en vain. Je cherchais encore un peu de paix dans ce constat. 

-       Maintenant, mes amis, reprit la voix plus grave de notre Maître, c’est la Guerre.

Il enfonça une dernière fois ses yeux rouges dans les miens d’un regard glaçant de menace qu’il n’avait pas besoin de proférer. Mon cœur bondit à un rythme plus soutenu encore dans mon poitrail. Il baissa le visage sans quitter mes yeux tel un serpent qui se préparait à attaquer. Theodore fit un pas de félin supplémentaire devant moi. 

-       La pitié et le doute n’ont pas leur place dans mes rangs, trancha-t-il finalement d’une colère froide. 

Il n’y avait pas le moindre bruit dans l’assemblée. Voldemort leva sa baguette si soudainement que son mouvement s’était fendu dans l’espace, presque invisible. Le silence se dissipa. Adieu, mon frère.

-       Avada Kedavra, raisonna tel un sifflement l’inhumanité de sa voix. 

Les ténèbres s’étirèrent, et un éclair de lumière verte jaillit de sa baguette alors que Theo plongeait devant moi, sa propre baguette tendue. Prêt à combattre le sortilège de mort qu’il lançait. Mais nous nous rendirent compte trop tard que ce n’était pas sur moi, que le Seigneur des Ténèbres avait jeté sa foudre. A côté de nous, le bruit sourd d’un corps qui rencontrait le sol retentit entre les murs étendus de la cathédrale. En une impression nauséeuse de ralenti vertigineux, je tournais le visage sur ma droite. Le visage de Theo m’imita. Le bruit sourd raisonnait encore telle une vibration horrifique lorsque nous l’aperçurent. Le corps vide de Pansy. 

Ce fut le hurlement déchirant qui s’échappa du poitrail de Blaise qui confirma à mon esprit que ce qu’il percevait sur le sol était réel. Pansy gisait sur le sol, ses grands yeux verts encore ouverts, fixant le plafond élancé de la cathédrale. Il n’y avait plus de vie dans son corps. Ma respiration se coupa alors qu’elle, elle ne respirerait plus jamais. Le corps de Theodore tomba à genoux devant elle dans un bruit sourd qui faisait écho à celui qui avait annoncé la mort de sa meilleure moitié. Une larme faite de glace trancha ma joue. Le cri poignant de douleur de Blaise continuait de raisonner entre ces murs qui renfermaient l’âme de ma meilleure amie, inanimée sur le sol. Un corps bouscula mon dos en même temps que celui de Blaise. Mes bras furent saisis alors qu’on me tirait en arrière. Mes yeux demeuraient interdits sur le corps inerte de Pansy. Blaise se débattait contre le Mangemort qui le retenait, en vain. Moi, je ne me débattais pas. Je demeurai interdit devant le corps qui quelques secondes plus tôt était animé par l’une des personnes les plus incroyables que je n’avais jamais rencontrée. Et qui n’était plus. La personne qui me tenait me tira en arrière, et alors que les hurlements poignants de Blaise continuaient de déchirer mon âme, je le vis finalement. Le visage de Theodore. 

Mes jambes me cédèrent, mais j’étais fermement maintenu debout par celui qui s’assurait que je ne pourrais rien faire. Les yeux de Theodore étaient figés. Ils ne clignaient pas. Ils ne bougeaient pas. Ils étaient grands ouverts, rouges. Ils fixaient la poitrine de Pansy. Sa poitrine qui ne se soulevait plus. Sa bouche était ouverte, mais aucun air ne semblait passer dans ses propres poumons. Ses mains étaient levées au-dessus de son corps, immobiles. Il ne la touchait même pas. Il demeurait inerte. Livide. Ses yeux écarquillés et sa bouche ouverte devant le corps inanimé de celle qu’il aimait. Les sanglots de Blaise frappaient les murs de la cathédrale. Theo ne bougeait pas d’un millimètre. Son poitrail ne se soulevait pas pour laisser passer un peu d’air dans ses poumons. Ses doigts ne se saisirent pas du corps de sa bien-aimée pour la secouer. Aucune larme ne coula sur ses joues pales. Ses iris ne s’animaient pas à la recherche du moindre signe de vie chez elle. Il n’y en avait plus. Et je savais. En cet instant, alors que je venais de perdre ma meilleure amie, je savais. Je savais que j’avais aussi perdu mon frère. Je savais qu’alors que Pansy Parkinson avait perdu la vie, Theodore Nott était mort, lui aussi. Et je le sentis finalement, le déchirement violent de mon cœur en moi. Je l’avais perdue elle. Et je l’avais perdu lui. Des sanglots silencieux agitèrent mon corps fermement maintenu par un partisan de l’homme qui m’avait fait ça. Qui avait fait ça à Pansy. Qui avait fait ça à Blaise. Qui avait fait ça à Theodore. 

Aucun d’entre eux n’osa faire un bruit. Pas l’un d’entre eux ne bougea non plus. Pas même Voldemort. Je ne reconnaissais pas les yeux que mon frère posaient sur elle. Il l’avait toujours regardée avec le plus d’amour que je n’avais jamais, jamais vu. Ses iris s’étaient toujours illuminées lorsque ses yeux étaient sur elle, et sur sa poitrine toutes ces années où il n’avait pas pu rencontrer directement son regard parce qu’il le savait trop dangereux pour lui. Et ce soir, les yeux de Theodore étaient dénués de vie. Ils étaient dénués d’amour. Il ne restait rien. Il ne restait rien que le choc. Le vide absolu. Et ce soir encore, il ne fixait que sa poitrine. Incapable à nouveau de rencontrer ses grands yeux verts. Ses grands yeux verts inanimés. Ses grands yeux verts sans vie. Ses grands yeux verts pour lesquels je savais qu’il nous reviendrait toujours. Ses grands yeux verts qui n’étaient plus. 

Je sentis l’intégralité des muscles à l’intérieur de mon corps se mettre à trembler, cherchant désespérément à pouvoir rattraper mon frère. Cherchant désespérément à aller le chercher, peu importait là où il était, dans son esprit. A aller le chercher et le ramener du tourbillon de noirceur dans lequel il s’enfonçait, figé devant le corps mort de Pansy. Avant que je ne le perde pour toujours. Avant qu’il ne m’échappe comme Pansy venait de nous échapper. Que je puisse aller le chercher dans les pires ténèbres qu’il traversait, et que je puisse le ramener ici avec moi de la force de mon amour pour lui. Mais je ne pouvais pas bouger, et la seule compagnie que Theodore avait face à la mort de celle qu’il allait demander en mariage étaient les hurlements éperdus de Blaise. 

Theo, appelai-je à l’intérieur de lui en une supplication désespérée. Ses iris ne firent pas le moindre mouvement. Son corps ne sursauta pas d’un millimètre. Ses mains ne tremblèrent pas, toujours suspendues en l’air au-dessus du corps de Pansy comme s’il avait peur de la toucher, et de la briser. Il ne cligna pas non plus des yeux. Je sentis mes sourcils se froncer sur mon front en accompagnant la douleur terrassante et impuissante qui m’accablait. Je le perdais. Il m’échappait. Il était en train de mourir, juste sous mes yeux. Theo, suppliai-je encore alors que de lourdes larmes perlèrent le long de mes joues. Les sanglots de Blaise continuaient de bercer les murs de cette cathédrale hantée. Theo, implorai-je encore alors que mes supplications ne parvenaient pas à atteindre son âme. Il n’en restait plus rien. J’oubliai qu’il n’y avait pas que lui dans cette cathédrale, à genoux devant le corps étendu de celle qu’il était incapable de perdre. J’oubliai même que Blaise perdait tout ce qui lui restait en cet instant, quand bien même il sanglotait violemment juste à côté de moi. Je ne voyais que lui, et la façon dont il n’y avait plus rien. La façon dont il fixait sa poitrine, et pas même ses yeux. La façon dont il ne bougeait pas d’un seul millimètre, et dont il ne clignait pas des yeux non plus. Je ne voyais que lui, et la façon dont je savais qu’il me glissait entre les doigts, et que je ne pourrais plus jamais le rattraper. Je ne voyais que lui, et la façon dont il mourrait à l’intérieur de lui-même, face à la mort de celle qu’il ne pouvait pas perdre. 

Mais je n’arrêtais pas d’appeler son nom. Je n’arrêtais pas d’appeler son nom, de son âme à la mienne, attendant qu’il me revienne. Je n’arrêtais pas de le supplier de me revenir, incapable de me confronter au constat qui s’imposait à mes yeux. Il ne reviendrait pas. Les yeux de Pansy avaient perdu toute vie. Et il ne me reviendrait plus. 

Brusquement, son visage se mit à trembler. Ses lèvres se refermèrent, et le tranchant de sa mâchoire se fit plus aiguisée que jamais. Son poitrail commença à se soulever et à s’abaisser violemment, de plus en plus rapidement. Kira ondula jusqu’au corps inerte de Pansy alors que les yeux de Theodore ne bougèrent toujours pas. Lentement, elle s’enroula autour de ses chevilles du haut de son corps aux écailles noires brillantes. Elle encercla l’intégralité du corps de Pansy, remontant le long de ses mollets, puis de ses cuisses en des ondulations calculées. Elle s’enroula autour de son ventre et continua jusqu’à laisser sa tête triangulaire reposer sur la poitrine de Pansy, au niveau de son cœur qui ne battait plus. Les yeux de mon frère n’avaient toujours pas bougé, mais son poitrail continuait de se soulever et de s’abaisser de plus en plus violemment. Et les sanglots de Blaise continuaient de retentir entre ces murs maudits. Subitement, ses yeux se fermèrent le quart d’une seconde. Lorsqu’ils se rouvrirent, ils étaient dirigés droit sur Voldemort. Ce n’étaient plus les yeux de Theodore Nott. Ce n'étaient plus les yeux de mon frère. Ces yeux qui se rouvrirent n’étaient plus ceux du propriétaire de mon âme. Cet homme-là était mort. C’étaient les yeux d’un Monstre qui ne trouvait pas même en Voldemort d’égal. Je le suppliai encore une fois à l’intérieur de notre âme, des larmes interminables dégoulinant le long de mes joues. Il ne m’entendait plus. Il n’était plus. 

Les Mangemorts étalés entre Voldemort et lui se mirent en rang pour protéger leur Seigneur. La prise de Theodore sur sa baguette se raffermit avec violence, et un hurlement monstrueux et dévastateur qui contrastait avec les sanglots de Blaise sorti de lui pour s’écraser sur chacun d’entre nous alors qu’il se levait du sol, ses yeux rivés sur celui qui lui avait pris tout ce qu’il avait. 

Ce qu’il restait encore de mon cœur mourut à cet instant. Tout ce qu’il me restait encore d’espoir que le jour se lève un jour à nouveau s’évanouit à cet instant. Et j’hurlais son nom de tout mon désespoir alors qu’il abattait les premiers Mangemorts alignés prêts à défendre leur Maître. J’allais le perdre. Il allait mourir, lui aussi. Ses mouvements se firent aussi dynamiques qu’intenses, son bras tenant sa baguette atteignant chacune de ses cibles avec précision. Il avançait vers eux tel un monstre, son dos épais se faisant plus imposant à chaque mouvement pourtant si fluide qu’il effectuait. Et j’hurlais son nom alors que notre âme se déchirait à l’intérieur de moi. Des jets de lumière volèrent jusqu’à lui, sans ne jamais pouvoir l’atteindre. Ses pieds glissaient et tournaient sur le sol marbré de la cathédrale avec une agilité guerrière, et les corps tombaient à mesure qu’il avançait. Et j’hurlais son nom de toute la force de ma voix, mais il n’y répondait plus. Il lança coup mortel et coup décisif les uns après les autres, ses parades et ripostes se succédant en une danse léthale qu’il effectuait bien trop parfaitement. Alors qu’il tourna sur lui-même en abattant un autre partisan, je vis la pâleur de ses joues qui était finalement tâchée de larmes. Et j’hurlais son nom. J’hurlais son nom de toute la force de notre âme. Mais il ne m’entendait pas. Ses bras volèrent avec lui, il tournait sur lui-même et se retournait en effaçant toute vie sur son passage. La fluidité de ses mouvements était rapide, bien trop rapide pour être suivie à l’œil nu. Il était à un endroit, et la seconde d’après il n’y était plus. Il n’y demeurait plus qu’un corps dénué de vie. Son corps se tordait, ondulait et se mouvait à l’image de son serpent, en une danse parfaitement calculée et aussi léthale que la morsure de l’animal qui protégeait le corps de Pansy qui reposait juste à côté de moi. Et j’appelai son nom. Et je pleurai son nom. Mais il ne m’entendait plus. 

Chacun des sorts qu’il lançait rencontrait sa cible avec une précision effrayante en une combinaison parfaite de puissance et de finesse. Ceux qui parvenaient à esquiver les éclairs de sa rage une première fois n’y étaient pas repris à deux fois. Il anticipait chacun des mouvements qui venait vers lui, ne laissant l’opportunité à aucun d’entre eux de lui barrer sa route jusqu’au Seigneur des Ténèbres. Et les uns après les autres, les corps des Mangemorts qui se tenaient entre lui et celui qui lui avait pris sa vie tombèrent dans des bruits sourds, se répondant en écho les uns aux autres. Et j’hurlais son nom. Et je pleurais son nom. Mais il n’était plus. J’allais perdre mon frère. Il allait mourir. Il ne pouvait pas tuer le Seigneur des Ténèbres. Devant le danger encouru par leur Maître alors que les corps tombaient devant Theodore, le Mangemort qui me tenait jusqu’alors, Selwyn, ne me reteint pas lorsque je me défis violemment de sa prise sur moi. Il me lâcha si brusquement que je tombais d’abord sur le sol, implorant mon frère de me revenir. Je me relevais immédiatement et courrais à travers les cadavres gisant sur le sol jusqu’à mon frère qui continuait sa danse. Et j’hurlais son nom. Je rencontrais violemment son dos et agrippai ses bras, mais comme s’il m’avait vu venir, en se retournant soudainement et sans perdre sa concentration dans son combat qu’il continuait seul, il me propulsa en arrière de la force brutale de ses bras. Je glissais sur le sol loin de lui jusqu’à ce que le corps inanimé d’un Mangemort ne m’arrête finalement, et je le suppliai encore, d’épaisses larmes découpant mes joues. Comme si je n’étais pas même intervenu, Theodore continua de danser, et avec chacun de ses mouvements agiles, d’autres Mangemorts tombèrent.  

Et je le regardai, depuis le sol marbré de cette cathédrale qui habitait mes pires cauchemars. Il était si grand, de cet angle de vue-là. Son dos était si épais. La violence de chacun des coups de sa baguette si léthale. Les larmes qui perlaient sur ses joues et dont je pouvais témoigner lorsqu’il tournait sur lui-même si destructrices. Le deuil qu’il portait sur lui de celle qu’il aimait si dévastateur. Un nouvel hurlement foudroyant vibra dans son poitrail, faisant trembler chaque âme qui demeurait encore vivante dans cette cathédrale alors que d’épaisses flammes sortirent du bout de sa baguette. Il brûla un Mangemort de son feu ardent, puis un autre, puis un autre. Leurs hurlements douloureux se noyèrent avec les bourdonnements assourdissants du feu qui venait frapper la cathédrale. En un mouvement circulaire au-dessus de lui-même, il laissa ce feu grandir, et grandir encore, avant de l’envoyer rencontrer les bancs en bois qui occupaient le côté gauche de l’édifice, puis ses murs. Je le cherchais, à l’intérieur de moi je le cherchais désespérément, mais il n’y avait plus personne à trouver. Il n’y avait plus rien à rattraper. D’épaisses flammes d’une lumière vive se mirent à danser sur les murs de la cathédrale au même rythme que lui alors qu’il continuait d’éliminer tous ceux qui se dressaient entre Voldemort et lui. Lentement, leur chaleur enveloppa l’air environnant. Toujours sur le sol, je regardais avec horreur le spectacle qu’il donnait. Il n’en restait plus que deux, dont ma tante, avant le Seigneur des Ténèbres, plus celui qui avait eu l’intelligence de rester en retrait et de maintenir Blaise en place. Pas sur le chemin du Monstre qui éteignait toute vie. Subitement, il cessa de danser tandis que les flammes qu’il avait allumées s’élevaient en des colonnes turbulentes sur les fondations de la cathédrale. Il demeura immobile quelques trop longues secondes, et je vis son dos se gonfler violemment d’air et se dégonfler tout aussi brusquement au rythme de ses respirations saccadées. 

-       QU’EST-CE QUE VOUS ALLEZ ME FAIRE MAINTENANT ?! hurla-t-il avec la force vibrante du plus grand guerrier de tous les temps. 

Son dos se gonfla et se dégonfla d’air d’une façon puissante une nouvelle fois alors que ma tante et Selwyn demeuraient sur leurs gardes, baguettes tendues, mais n’attaquant pas. Peut-être espéraient-ils qu’il en avait eu assez. Ils se trompaient. 

-       QU’EST-CE QUE VOUS ALLEZ ME PRENDRE MAINTENANT ?! rugit sa voix plus forte encore que les flammes qui brûlaient l’édifice. 

Une colonne enflammée s’écrasa abruptement sur la droite de Bellatrix, qui sursauta et s’écarta avec hâte, son écho violent raisonnant avec la voix de celui que j’avais perdu. Le Seigneur des Ténèbres ne bougeait pas, ses yeux rouges rivés sur lui. 

-       COMMENT VOUS ALLEZ ME TENIR MAINTENANT ?! gronda-t-il de toute sa violence alors que je continuai de supplier son nom avec tout ce qu’il me restait. QU’EST-CE QUE VOUS ALLEZ ME FAIRE MAINTENANT ?! rugit encore la voix de l’animal qui l’habitait.

Il n’était plus. Celui que j’appelai désespérément n’était plus. Celui que je pleurai désespérément n’était plus. La sensation de chaleur étouffante des flammes qui gagnaient les fondations de la structure qui nous habitait volait tout l’oxygène qu’il nous restait, et pourtant je continuais d’hurler son nom. Je manquais d’air, et je manquais de force, mais je continuais de l’appeler. Mais il ne m’entendait pas. Il ne me regardait pas. Sa baguette se leva une nouvelle fois, et la lumière verte qui en sorti rencontra celle, rouge, de Selwyn, qui ne tint pas longtemps face à l’ardeur de sa rage meurtrière. Theodore contra d’un revers de bras un sortilège lancé par ma tante, et il lévita son corps au-dessus de Voldemort alors que le Seigneur des Ténèbres le regardait faire, sans bouger d’un seul millimètre. Il la fit brûler vivante au milieu des flammes qui détruisaient la structure la plus haute qui nous habitait, et le Seigneur des Ténèbres le regarda faire alors qu’il la laissait simplement brûler, et hurler, jusqu’à ce que ses hurlements plaintifs ne cessent, et que ce qu’il restait de son corps cramé ne retombe sur le sol. Alecto Carrow, qui tenait encore Blaise, le lâcha alors et affronta son destin. Mon ami tomba aux pieds du corps de Pansy, qu’il pleura avec une douleur assourdissante. Theodore l’entendit arriver à grands pas, et je dus me baisser, face couchée sur le sol, pour éviter l’Avada qu’il lui lança avec une agilité déconcertante, et qui le frappa en plein poitrail. Le corps de mon frère se retourna pour faire finalement face au Seigneur des Ténèbres. Il n’y avait plus personne sur son chemin. Il allait se faire tuer. Je me levai avec tout ce qu’il me restait, et courait jusqu’à lui en hurlant son nom, le suppliant d’arrêter. Le suppliant de ne pas aller à la mort. Et il se retourna, avant que je n'arrive jusqu’à lui. Le Seigneur des Ténèbres n’en profita pas pour l’éliminer. Et je vis ses yeux. Ce n’étaient pas ceux de mon frère. Il n’était plus là. Ses yeux étrangers s’enfoncèrent dans les miens, et un frisson de terreur absolue traversa l’intégralité de mon corps. Il leva sa baguette sur mon corps, et il n’eut pas même besoin de prononcer le mot pour qu’une lumière rouge jaillisse de son bout, me frappant en plein poitrail. Je m’écroulais sur le sol dans la pire douleur que je n’avais jamais expérimentée, et ce fut mon hurlement qui couvrit finalement les rugissements des flammes alors que je cherchais dans ses yeux un bout de lui auquel me raccrocher. Il n’y en avait pas. Mon corps se tordait de douleur sur le sol, à genoux à moins d’une dizaine de mètres de lui. Et il me regardait. Ses yeux étaient rivés sur les miens, et les miens sur les siens. Ses sourcils étaient froncés, et son regard glacé. Tout ce qu’il restait de moi s’éteignit avec la violence du maléfice qu’il jetait sur moi. Il n’était plus. Je cherchais un bout de lui au travers de ses iris qui ne m’avaient jamais semblées aussi bleues qu’en cet instant. Il ne restait rien. Et avec ce dernier constat, la violence de la souffrance physique qu’il m’imposait me sembla anecdotique. Il ne maintint pas son Doloris sur moi plus que le temps qu’il fallut pour que je ne puisse physiquement plus m’avancer vers lui et barrer son chemin, et sans plus considérer ma présence, et il se retourna vers le Seigneur des Ténèbres qui l’attendait. 

La douleur physique imposée par la torture du sortilège continuait de vibrer dans mes os alors que je rampais sur le sol avec tout ce qu’il me restait, sanglotant le frère que je perdrais à jamais s’il affrontait Voldemort. Chaque mouvement que je faisais me coûtait plus que ce qu’il ne me restait. Theo leva sa baguette vers lui, et le mage noir contra son attaque avec une facilité déconcertante. J’hurlais son nom alors que de lourdes larmes ruisselaient insolemment sur mes joues, rampant sur le sol de la cathédrale. Les sensations physiques qui continuaient de raisonner dans mon corps ne me permettaient pas de me lever, et de sauver ce qu’il restait de mon frère. Mais j’hurlais son nom, je continuais de pleurer son nom, de supplier quoi que ce fut qu’il restait en lui, et je continuais de ramper jusqu’à lui. Le Seigneur des Ténèbres contra son attaque et lui renvoya un sort qui le frappa en plein cœur. Theodore baissa sa baguette l’espace d’une seconde avant de reprendre le combat. Voldemort le frappa encore. Theodore reçut un nouveau coup. Et je rampais sur le sol froid en sanglotant son nom alors que le plafond de la cathédrale s’enflammait au-dessus de nous. Soudain, j’entendis des pas raisonner derrière moi, et je me retournais pour voir un Blaise dont le visage était déformé par la douleur courir vers le Seigneur des Ténèbres, sa baguette à la main. Le mage noir le désarma d’un revers de la main qui ne lui demanda pas le moindre effort, et le corps de mon ami rencontra le sol, inconscient entre les bancs qui commençaient à brûler. 

Un nouveau cri de douleur déchira ce qu’il restait de moi alors que je voyais toute ma vie s’écrouler sous mes yeux, et toutes les personnes que j’aimais tomber devant moi. Un nouveau sortilège non mortel frappa Theodore qui tomba au sol, mais il se releva alors que je continuais d’utiliser mes dernières forces pour escalader un cadavre jusqu’à lui. Et je continuai de sangloter son nom. Theodore continua de combattre, mais le Seigneur des Ténèbres était plus fort, et une nouvelle fois, le corps de mon frère rencontra le sol. Le mage noir déferla toute sa violence sur lui, le même éclair de lumière rouge que le partenaire de mon âme m’avait adressé s’écrasant sur lui, et faisant trembler son corps à même le sol. Cette fois, il ne retint pas son cri déchirant de douleur, et mon cœur se broya douloureusement dans mon poitrail. 

-       Si tu veux l’enterrer dignement, tu vas te soumettre, trancha sa voix sifflante par-dessus ses hurlements. 

Il cessa son Doloris, et le corps tremblant de Theodore rattrapa sa propre baguette, et il se releva alors qu’une colonne porteuse de la cathédrale s’écrasait violemment sur le sol à leur droite. Il releva sa baguette vers le Seigneur des Ténèbres et continua de se battre, avant d’être à nouveau réduit en esclavage. Les larmes se faisaient plus lourdes sur mes joues alors que je rampais de toutes mes forces vers lui, poussant mon corps dans des retranchements qu’il ne connaissait pas. A cet instant, la baguette de Voldemort se leva vers le corps de Pansy, reposant à l’autre bout de la cathédrale. Theodore suivit ce mouvement de ses yeux en même temps que moi. Kira, qui continuait de garder son corps, enroulée autour d’elle, releva sa tête vers le mage noir, et lui ouvrit sa gueule en sifflant. Un éclair de lumière verte jaillit de la baguette du sorcier, et la tête de l’animal de mon frère retomba sur la poitrine de celle qu’il aimait, plus capable de protéger ce qu’il restait d’elle. Le hurlement dévastateur qui sorti de mon frère devant ce spectacle d’horreur me força à fermer les yeux un instant, incapable de supporter tout cela une seconde de plus. Incapable de voir la pire douleur que je n’avais jamais vue sur son visage. Incapable de supporter la façon dont ses yeux étaient morts. Incapable de supporter le désespoir absolu que j’y voyais. Incapable de supporter le désarroi total qui s’y trouvait. Mais je continuais de l’entendre, son cri raisonnant en moi jusque dans mes entrailles, et je ne pouvais rien faire pour l’éteindre. Des sanglots déchirants le secouèrent et brisèrent jusqu’à sa voix, et tout ce qu’il restait de moi mourut. Je restai étalé sur le sol, sanglotant et hurlant dans mes propres oreilles pour tenter de couvrir les bruits abominables de sa douleur qui me remplissaient et me détruisaient. Mais peu importait à quel point j’hurlais, je l’entendais toujours. J’entendais toujours la violence de ses sanglots déchirants et la façon dont il ne restait plus rien à l’intérieur de lui. La façon dont sa voix, sa force, sa vie se brisait à l’intérieur de lui. La façon dont le cri désespéré qui sortait de ce corps que j’aimais tant, de cet homme qui avait ma vie et mon âme, retentissait dans la cathédrale de la pire sonorité qui soit. Et soudain, les hurlements devinrent pires encore. Et soudain, il se mit à supplier. J’inspirai difficilement et me forçais à relever le visage. Il regardait dans la direction de Pansy, ses sourcils froncés sur son front en une courbe suppliante, les joues inondées de larmes, et le désespoir tatoué sur son visage. 

-       Tu vas te soumettre à moi Theodore, ordonna Voldemort qui faisait bouillir le sang de Pansy dans ses veines. 

Comme Theodore l’avait fait avant de faire exploser cette Sang de Bourbe lors du Nouvel An. Et les flammes grossirent autour de nous, et une colonne tomba, enflammée derrière moi. Et bientôt, nous n’aurions plus le moindre air à respirer, la chaleur ardente et pénétrante des flammes atteignant jusqu’à notre peau avec une force qui en était presque tangible. 

-       Si tu veux récupérer son corps, tu vas te soumettre ! hurla-t-il alors vers Theodore face contre terre qui hurlait en regardant le corps de Pansy devenir bleu. 

Mon frère se retourna vers le mage noir, et se prosterna à ses pieds. Il le supplia d’arrêter, et tout ce qu’il restait de moi était détruit. Absolument et totalement détruit. La baguette de Voldemort se baissa, et le corps de Pansy ne trembla plus. Il s’accroupit doucement au niveau de Theodore qui était allongé sur le sol, mais dont le visage était relevé vers lui, ses yeux bleus enfoncés dans ceux, rouges, du pire sorcier qui existait. Lentement, la main squelettique du sorcier attrapa le menton de mon frère, relevant son visage plus haut vers lui alors qu’il le regardait avec fascination. De nouvelles colonnes s’écroulèrent du feu qui était incontrôlable, et aucun d’eux n’y prêta la moindre attention. Il le sonda de ses yeux rouges, et je demeurai immobile, terrorisé de tout ce qu’il risquait encore de se passer, en état de choc de tout ce qu’il venait de se produire. 

Soudain, sa voix calme susurra presque aux lèvres de mon frère : 

-       Tu es ma putain, Theodore Nott. 

Les yeux pleins de larmes de mon frère demeuraient levés haut vers les siens. Ses joues étaient inondées des larmes qu’il avait pleurées. Et ses lèvres étaient serrées en une moue de dégout intense qu’il ne pouvait effacer. Sa mâchoire tremblait. 

-       Et tu m’appartiens, lui cracha-t-il au visage. 

Mon frère reçut ses mots sans ne rien dire, et sans ne rien faire pour se défendre. Le corps de Pansy en dépendait. Il l’avait tuée. Il ne pouvait pas la profaner aussi. Peu importait ce qui lui en coûterait, à lui. Sans élever la voix d’une seule octave, Voldemort ne lâcha ni son menton, ni ses yeux, et ordonna en appuyant chaque mot : 

-       Baisse les yeux.

Le visage de mon frère trembla entre les doigts du mage noir, et ses lèvres demeurent ferment closes, tremblantes lorsque lentement et difficilement, il finit par baisser les yeux jusqu’au sol. 

Brusquement, le haut de la cathédrale s’écroula et tomba en flammes entre l’endroit où nous nous tenions, et là où le corps de Pansy reposait encore. Le Seigneur des Ténèbres leva les yeux vers l’édifice qui s’effondrait, et soudainement, il disparût dans un nuage de fumée noire. La voix de Blaise hurla mon nom, et mon cœur bondit dans ma poitrine lorsque je le vis debout, entre des bancs enflammés, du sang sur le visage. Mes yeux se reportèrent sur mon frère qui se retourna depuis le sol vers Pansy. Il s’appuya sur ses mains, et les muscles de ses bras tremblèrent alors qu’il tenta de se relever du sol. Il s’écroula face contre terre. Son corps aussi avait été affaibli par un sortilège impardonnable. J’hurlais son nom, et il ne tourna pas les yeux vers moi. Une nouvelle tour s’écroula. Des débris de pierre frappèrent son visage. Je vis du sang couler sur sa tempe. Je suppliai son nom. Soudain, la main ferme de Blaise se renferma sur mon biceps, et il me commença à me traîner de toutes ses forces alors que j’hurlais désespérément le nom de mon frère. Il leva son bras droit devant lui, et le laissa s’écraser sur le sol en un bruit sourd. Il utilisa ce qu’il lui restait de force, les yeux rivés sur le cadavre de Pansy, et il rampa à son tour, tirant de toutes ses forces sur ce bras étalé devant lui. J’hurlais son nom dans tout mon désespoir, le suppliant de la laisser-là. Le suppliant d’utiliser ce qu’il lui restait de force pour s’enfuir avec nous. Il était trop loin de nous. Peut-être une vingtaine de mètres. Blaise ne pouvait pas me sauver moi, et aller le chercher lui. J’hurlais son nom, mes sanglots déformant la tonalité de ma voix. Il ne tourna pas même le visage vers moi. Et j’hurlais son nom. Et Blaise me traînait de force entre les rangées de bancs enflammées. Et Theodore rampait lourdement vers le corps sans vie de sa bien-aimée, laissant s’écraser un bras après l’autre devant lui sur le sol, et tirant sur ses muscles vers le corps de Pansy. De ma meilleure amie. Et les flammes au-dessus d’eux eurent l’air plus impressionnantes à mesure que Blaise me tirait, et que leur hauteur grandissait. De nouveaux murs s’écroulèrent, et les bras de Theodore continuaient de s’arquer devant lui, l’un après l’autre, tirant le reste de son corps jusqu’à elle. Et je continuais de sangloter son nom avec le peu d’air qu’il restait. Et Blaise continuait d’utiliser ce qu’il lui restait de force pour sauver ma vie, trainant mon corps sur le sol marbré de la pire cathédrale qui soit. Et mon frère gardait ses yeux rivés sur le corps de Pansy. Et il rampait jusqu’à elle sous les flammes et les débris qui tombaient autour d’eux dans un vacarme effrayant. Et lorsqu’une bouffée d’air frais remplit mes poumons, j’hurlais de tout mon désarroi tout ce qu’il me restait. Il ne sortirait pas de cet édifice. Blaise continua de me traîner sur les cailloux qui entouraient l’entrée de la cathédrale. Elle se dressait majestueusement dans le ciel vue de l’extérieur, sa silhouette élancée enflammée s’écroulant lentement sur elle-même. Et je ne voyais que son énormité, à quel point elle était immense, quasiment intégralement enflammée, ses murs de pierre noircis s’écroulant les uns sur les autres alors que les flammes rugissaient bruyamment. Et il était en son centre, à l’intérieur de cette porte des enfers. Il était là-dedans, au milieu des flammes. Et mes sanglots retentissaient dans le vacarme de l’écroulement progressif de l’énorme monument alors que Blaise me lâchait finalement. Mon frère. Les murs de pierre qui encadraient l’immense porte en bois qui renfermait mes pires cauchemars commencèrent à prendre feu, eux aussi. Dans quelques secondes, il ne resterait plus rien de cet édifice. Plus rien de Pansy. Plus rien de Theodore. Plus rien de la seule personne que j’étais absolument et irrémédiablement incapable de perdre. La personne qui partageait mon âme. La personne qui avait partagé ma vie depuis que je savais marcher. La personne qui s’était toujours assurée que j’allais bien, dans chaque épreuve de ma vie. La personne qui m’avait tenu la main lorsque ce que je traversais devenait trop sinueux, et celle qui assurait mes arrières lorsque j’étais en incapacité de me défendre. Mon poitrail m’était incommensurablement douloureux, et ce n’était pas à cause du sortilège Doloris. C’était sa perte, qui me tuait de l’intérieur. La cathédrale commençait à s’écrouler, commençant par son fond, et les murs épais tombaient les uns après les autres dans un vacarme terrorisant. Je ne reconnus pas ma voix quand un hurlement sanglotant fit vibrer l’intégralité de mon corps qui demeurait figé sur le sol. Les flammes ensevelissaient l’entrée de la cathédrale. Il allait disparaître dans leur gouffre. Entre elles, au milieu de leur couleur vive et de leur chaleur brûlante, se distingua soudain une ombre noire. Mon cœur cessa de battre, et mes sanglots se coupèrent instantanément. Un brin d’espoir fit pulser le sang plus vite dans mes veines, et mes yeux se concentrèrent sur ce qu’ils voyaient. Le temps s’était suspendu. L’ombre continua d’avancer. Et finalement je pus le distinguer. Theodore franchit les portes de la cathédrale enflammée, le corps inanimé de Pansy reposant dans le creux de ses bras. 


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