Dollhouse
Blaise avait donc organisé une petite soirée dans notre salle commune à la demande de Pansy, mais cela était avant les derniers événements. Avant que je ne reçoive la lettre de ma mère. Avant que je ne pète les plombs sur Theodore. Le lendemain après que Pansy avait elle-même injustement pété les plombs sur lui. Quelques jours après qu’il ait assassiné l’agresseur de Pansy. Juste après avoir apprit que l’amour de sa vie avait été victime de viol. Juste après avoir dû torturer une pauvre femme pour avoir des informations sur l’Ordre. J’avais donc décidé d’aller trouver Pansy dans son dortoir alors qu’elle se préparait pour ladite soirée, sous les regards intrigués des autres filles de son dortoir. Certaines semblaient trouver que c’était là une bonne surprise, mais Pansy les pressa en un regard de foutre le camp et de nous laisser en paix, ce qu’elles avaient fait.
- Tu es magnifique, commentai-je en la trouvant dans une robe verte fluide qui la mettait en valeur.
Elle m’avait remercié, et m’avait sans plus tarder demander pourquoi j’étais là, seul. Elle se doutait que ce n’était pas pour la complimenter sur sa robe.
- Ecoute je sais que tu es amoureuse de Theo et que tu n’en peux plus d’avoir à l’attendre, et je l’entends totalement mais…
- Si tu es venu me demander de ne pas le provoquer ce soir, tu n’as pas besoin de le faire, me coupa-t-elle avec douceur.
Je levai les yeux vers elle alors qu’elle se recoiffait dans son miroir.
- Comme tu le dis, je l’aime, expliqua-t-elle. Et je suis bien consciente de tout ce qu’il a traversé ces derniers jours. Je ne compte pas le mettre en difficulté alors que… alors qu’il vient de se passer beaucoup de choses qu’il a dû encaisser, parce qu’il encaisse toujours. Sans ne jamais rien dire. Sans jamais se plaindre. Il a le droit à une pause, conclu-t-elle alors.
J’acquiesçai à ses mots, soulagé de ne pas avoir à le lui expliquer moi-même.
- Oui, confirmai-je, il encaisse toujours.
Elle se tourna vers moi avec des yeux plus graves.
- Tu n’as pas à t’en vouloir, me dit-elle alors.
Et pourtant je m’en voulais. Je m’étais déchaîné sur lui, et il ne me semblait pas que cela avait été juste. Certes, j’étais terrorisé de le perdre, et certes cela était à cause du fait qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’assassiner le violeur de la femme incroyable qui se tenait devant moi. Mais il ne méritait pas ce que je lui avais dit. Il ne méritait pas que je le pousse, de la même façon que Pansy l’avait déjà poussé la veille. Et il ne méritait pas que Pansy et moi nous permettions de lâcher nos émotions trop difficiles à gérer sur lui, sous le simple prétexte qu’il les encaissaient.
- Ton inquiétude était légitime, ajouta-t-elle alors.
- Oui, répliquai-je, mon inquiétude était légitime. La façon dont je l’ai exprimée, elle, laisse à désirer.
- On pète tous des câbles, de temps en temps, répliqua-t-elle en baissant les yeux.
Elle avait honte de ce qu’elle lui avait dit, cet autre soir, alors que j’étais avec Theo dans son esprit. Je la comprenais.
- Pas lui.
Elle laissa un petit rire sortir d’elle.
- Lui quand il pète un câble il y a un mort, plaisanta-t-elle.
Nous n’avions jamais parlé du fait que Theo avait assassiné son agresseur. Elle nous avait accueilli ce soir-là les bras ouverts, mais je ne savais pas comment elle se sentait par rapport à toute cette histoire.
- Est-ce que ça va, par rapport à tout ça ? demandai-je alors.
Elle vint s’asseoir à côté de moi sur le bord du lit de je ne savais qui.
- Tu veux dire par rapport au fait que l’homme que j’aime soit parti en furie torturer et assassiner sauvagement l’homme qui a fait de moi sa victime et qu’il soit revenu dans mes bras couvert de son sang ?
Elle avait dit cela avec un mince sourire. J’haussai les sourcils et acquiesçai en sa direction. Elle regarda le parquet de son dortoir avant de me répondre :
- Oui, ça va. Je pense que je savais pertinemment ce qui allait se passer, une fois que je l’aurais dit, ajouta-t-elle doucement. Je n’aurais jamais dit une telle chose à Theodore Nott en m’attendant à ce qu’il ne fasse rien. C’est pour ça que je lui ai demandé de rester avec moi jusqu’à ce que je m’endorme, et non pas toute la nuit, dit-elle à voix basse. Je ne sais pas si ça fait de moi une tarée, mais je suis heureuse qu’il soit mort, conclut-elle finalement.
- Je ne crois pas que ça fasse de toi une tarée d’être soulagée que le monstre qui t’a fait autant de mal soit enfin mort, la rassurai-je avec sincérité.
Elle posa son visage sur mon épaule et nous restions un instant ainsi, en silence.
- Moi aussi, je suis terrorisée de le perdre, chuchota-t-elle finalement.
Je déposai un baiser sur son front qui reposait toujours sur mon épaule.
- Il n’y a pas de raison, mentis-je alors. Il a raison, le Seigneur des Ténèbres n’a aucun moyen de savoir.
Elle releva le visage et joua nerveusement avec ses doigts.
- Peut-être pour cette fois. Mais il arrivera un jour où il ne sera pas satisfait de nous, pour une raison ou pour une autre. Et il arrivera un jour où il lèvera sa baguette vers l’un de nous trois, et où il voudra nous punir, comme il l’a fait avec ton père, et avec bien d’autres avant et après lui. Quand ce sera l’un de nous, crois-tu vraiment qu’il va rester sans rien faire ? me demanda-t-elle aussi bas que possible.
Je savais pertinemment qu’elle avait raison, et je partageais exactement les mêmes peurs qu’elle. Je savais déjà que j’étais capable de voir mes propres parents se faire torturer, pire d’être celui qui tenait la baguette à l’autre extrémité du sort. Je savais que Blaise pourrait supporter de nous voir être torturés parce qu’il saurait qu’il n’y avait rien qu’il ne pouvait faire concrètement pour nous aider. Et je savais que Pansy serait capable de subir tout cela également, parce qu’elle était aussi consciente qu’elle ne pouvait rien faire. Mais j’étais terrorisé que Theo préfère mourir en essayant de nous épargner autant de douleurs plutôt que de rester sans rien faire.
- Theo sait très bien dans quoi il s’est engagé, tentai-je alors. Il connaît les risques. C’est pour ça qu’il t’a suppliée de ne pas t’engager avec nous, ajoutai-je doucement. Mais il préférera nous voir être torturés et endurer ça plutôt que de prendre le risque de se faire tuer et de ne pas pouvoir nous protéger par la suite, mentis-je encore.
Elle leva les yeux vers moi et me regarda un instant avant de m’adresser un très mince sourire.
- Tu n’y crois pas toi-même, chuchota-t-elle alors.
Je lui rendis son regard.
- Non, avouai-je. Alors nous ferions mieux de nous appliquer à ce qu’il n’ait jamais de raison de nous punir, conclu-je gravement.
Nous avions rejoint ensemble le reste de nos amis dans notre salle commune pour la soirée qui avait été originellement destinée à faire céder Theo. Il était dans son fauteuil, un verre à la main, lorsque nous avions descendu les escaliers et une grande fille blonde et mince se tenait juste à côté de lui et lui parlait. Je sentis le corps de Pansy se tendre sous cette vue, mais les yeux de Theo ignorèrent royalement la fille qui essayait de le draguer et défilèrent avec envie sur le corps de Pansy souligné par sa robe verte. Il ne rencontra cependant pas ses yeux. Pansy ne rougis pas cette fois-ci, trop concentrée sur le fait qu’une énième fille essayait de s’attirer les faveurs de l’homme qu’elle aimait, mais ne possédait pas encore vraiment. Depuis la troisième année, et de façon encore plus importante depuis la quatrième année, beaucoup, beaucoup de filles avaient tenté de séduire notre ami. Cela m’écorchait un peu de l’avouer, mais bien plus de filles avaient rampé à ses pieds qu’aux miens. Il y avait quelque chose d’hypnotique chez Theo pour la gent féminine. Quelque chose de mystérieux, de puissant et même de violent, et pourtant il demeurait toujours de marbre, il contrôlait toujours tout. Il était ce gars impossible à avoir qu’elles voulaient toutes, sans se douter que son cœur était déjà pris. Au fur et à mesure du temps, il était même devenu un défi. Si aucune n’arrivait à l’avoir, alors celle qui parviendrait à le faire céder était certainement une déesse. Mais toutes ces filles ne se doutaient pas qu’elles ne pouvaient pas entrer dans la compétition, tout simplement parce que pour Theodore Nott, il n’y avait aucune compétition. C’était Pansy, depuis le premier jour. C’était elle et personne d’autre. Et aucune autre n’avait jamais été une option. Il n’avait jamais laissé de porte entre-ouverte à qui que ce soit. Et cette blonde aux longues jambes ne ferait pas exception, même si Pansy resta concentrée sur elle lorsqu’elle prit place sur le fauteuil à côté de Theo en lançant un regard noir à la blonde, qui l’ignorait résolument.
- Ça te dirait de prendre un verre un peu plus à l’écart ? lui proposa la blondasse.
Blaise et moi échangions un regard bien trop amusé devant ce spectacle depuis notre canapé. Pansy releva sa robe jusqu’au haut de sa cuisse droite, et ce fut un mouvement que les yeux félins de Theodore ne manquèrent pas. Notre amie se tourna face à Theo et l’intrue, et laissa ses jambes reposer sur l’accoudoir du fauteuil de Theo, son talon aiguille droit reposant sur la cuisse de Theodore alors qu’elle utilisait son pied gauche pour se caresser l’autre jambe en fixant la blonde avec un regard noir. Theo ne lâcha pas les jambes de Pansy des yeux une seule seconde, et très discrètement, presque trop discrètement, le bout de sa langue humidifia ses lèvres alors qu’il permit à sa main gauche de reposer sur le bas de la cuisse de Pansy, juste au-dessus de son genou droit. Cette dernière adressa alors un grand sourire à la blonde qui apparut dépitée, et s’en alla sans même que Theo ne le remarque, les yeux toujours rivés sur les jambes découvertes de Pansy qu’il touchait. Blaise et moi pouffions discrètement, et Pansy se détendit une fois que son territoire avait été marqué. De toute la soirée, la main de Theodore ne bougea pas de la cuisse de Pansy, et elle ne bougea pas non plus. Parfois son pouce caressait discrètement cette cuisse, mais ce fut tout.
Granger et la fille Weasley étaient arrivées peu après cette scène hilarante, et Blaise était parti leur chercher des verres quand Granger s’approcha de moi et me demanda à voix basse :
- On peut parler ?
Elle avait son visage doux. Moi pas. Ce n’était pas un moment vulnérable. Ce n’était pas un de ces moments où elle pouvait profiter de mes faiblesses. C’était un moment où je me rappelai qui elle était, et le danger qu’elle représentait. C’était un moment où j’étais Malefoy, pas Drago. Je la suivais néanmoins, ne serait-ce que pour la recadrer. Elle nous conduisit dans le couloir à l’écart dans lequel je l’avais touchée pour la première fois, mais elle se tint au milieu de celui-ci, et non pas contre le mur. Je restai à distance respectable d’elle et sirotai mon verre en la questionnant du regard.
- Est-ce que ça va ? me demanda-t-elle alors avec inquiétude.
Je pouffai et laissait mes sourcils se dresser sur mon front tandis qu’elle fronçait les siens. Croyait-elle qu’elle devenait mon amie ? Pensait-elle sincèrement que j’allais désormais lui livrer mes plus noirs secrets et lui confier comment je me sentais parce que deux fois seulement je m’étais montré faible avec elle ? Était-ce ainsi qu’elle comptait essayer de dénicher les informations qu’elle était venue chercher auprès de moi en premier lieu ?
- Qu’est-ce que tu fous, Granger ? demandai-je alors en affichant une moue qui traduisait la pitié que je ressentais pour elle.
Elle fronça plus les sourcils, se donnant l’air déçue. Déçue de quoi, au juste ? Que je ne tombe pas dans son piège ? Que je ne lui ouvre pas mon âme au bout de deux conversations ? Croyait-elle que désormais je courrais vers elle dès que j’avais besoin de parler à quelqu’un, comme si elle avait un tel pouvoir apaisant sur moi ? Pire, croyait-elle que j’avais besoin d’elle ?
- Je vois, chuchota-t-elle alors avec un visage soudainement bien plus dur.
Je ne pu m’empêcher de pouffer à nouveau, et je réalisai à cet instant que je faisais le con. Où le faisais-je ? Je n’en avais pas la moindre putain d’idée. Une partie de moi se disait « bordel Drago, arrête tes conneries, tu sais qu’elle ne te veut pas de mal, ne ruine pas tout » et une autre partie de moi, celle qui avait le plus de contrôle en cet instant, hurlait de rire et me sommai de faire en sorte qu’elle reste loin, très loin de moi.
- C’est donc bien qu’un jeu, en effet, ajouta-t-elle alors que je m’apprêtai à la laisser là.
Mes sourcils se haussèrent sur mon front une nouvelle fois et j’ouvrais les bras.
- Tu croyais quoi, Granger ? lâchai-je alors plus sérieusement. C’est toi qui voulais jouer, non ? Tu n’aimes plus les règles du jeu ? demandai-je insolemment.
Elle sembla attristée l’espace d’un instant, mais elle ne laissa pas cela transparaître sur son visage bien longtemps. Elle aussi, elle remit son masque.
- Va te faire foutre Malefoy, cracha-t-elle alors en commençant à s’en aller.
Oh non, ce ne serait pas elle qui s’en irait. J’attrapai son bras et plaquai son dos au mur, et l’encadrai de mes bras.
- Dégage, je te le conseille sincèrement, dit-elle en rencontrant mes yeux avec rage.
- Qu’est-ce qui se passe Granger, on est prise à son propre jeu ? cherchais-je alors que la colère montait également en moi. C’était bien ce que tu faisais pour Saint Potter, non ? crachai-je avec dégoût.
Elle me regarda avec incompréhension.
- C’est bien pour ça que tu me laisses te toucher, non ? continuai-je alors que la colère prenait le contrôle sur moi. Parce que Potter te l’a demandé ?
Elle me poussa de toutes ses forces et je reculai d’un pas. Ses sourcils étaient froncés et ses yeux commencèrent à se mouiller de larmes. Je venais de la blesser. De la blesser vraiment.
- Eh ben quoi ? enchaînai-je malgré moi. On a perdu sa langue Granger ? C’est bien pour ça que tu fais la docile avec moi, et que tu me réconfortes quand je suis faible, non ? Parce que tu crois que je vais te donner ce que tu es venue chercher en premier lieu, non ?
Je me rapprochai à nouveau d’elle alors que la rage déformait mon visage, et elle recula doucement vers le mur, me regardant avec des yeux qui exprimaient de la peur.
- C’est pour ça que tu me demandes comment je vais, n’est-ce pas ? C’est pour ça que tu m’attends dans la tour d’astronomie, quand tu sais que je ne vais pas bien, non ?
Son dos rencontra à nouveau le mur et je continuai d’avancer vers elle jusqu’à me tenir à quelques millimètres seulement de son visage.
- Tu surveilles les moments où tu vois que le grand méchant Drago Malefoy est faible, les moments où il baisse sa garde, et tu sautes dessus en espérant que je te dise ce que tu veux entendre, avec tes yeux de biche, ta peau de pèche et ta voix d’ange. Et tu crois que je ne le vois pas ? Tu crois que je suis assez con pour tomber dans ton piège ?
- Il n’y a pas de piège, chuchota-t-elle alors qu’elle soutenait difficilement mon regard.
Un rire qui n’avait rien, absolument rien d’amical raisonna dans ma gorge alors que je lui tournai le dos un instant avant de lui refaire face en passant une main sur ma bouche.
- Ne me mens pas Granger, lâchai-je avec une voix menaçante.
- Je ne mens pas, tenta-t-elle avec sa voix douce. J’ai vu des choses, je t’ai entendu me parler, et je sais que les choses ne sont pas aussi simples que ce qu’elles y paraissent et je m’inqu…
- … Ne me mens pas ! dis-je avec fureur en posant une main violente à côté de son visage. Ne te tiens pas là, devant moi, repris-je à voix plus basse, et ne me regarde pas dans les yeux en me disant que tu t’inquiètes pour le pauvre Drago Malefoy alors que tu n’es là que pour une seule et unique chose, et que tu le sais très bien.
- Je ne mens pas, chuchota-t-elle à nouveau alors que son visage exprimait l’inquiétude et la douleur qu’elle me disait ressentir.
Ma main vint trouver sa gorge et je m’approchai plus près de son visage. Son visage que je regardai. Son visage qui avait peur de ce que je traversai. Son visage parfait qui me mentait. Son visage parfait qui apaisait mon âme aussi violemment qu’il déchaînait ma colère. Son visage qu’elle utilisait pour se jouer de moi. Son visage qui s’était tordu de plaisir sous mes caresses. Son visage qui hantait mes rêves depuis que j’avais posé la main sur elle.
- Je ne mens pas, répéta-t-elle tout doucement.
La main que j’avais logée sur sa gorge se plaça sur sa nuque et mes lèvres vinrent rencontrer les siennes violemment, dans un baiser impulsif que je ne contrôlai pas, et que je n’expliquai pas non plus. Elle n’hésita pas une seule seconde, et ouvrit la bouche pour me rendre le baiser le plus langoureux, et le plus vif que je n’avais jamais reçu. C’était un baiser qui traduisait l’intensité de nos haines respectives l’un pour l’autre. C’était un baiser impulsif qui traduisait totalement et entièrement l’énervement que nous étions si doués pour provoquer l’un chez l’autre. Et pourtant… pourtant c’était un baiser délicieux dans lequel je me perdais. C’était un baiser qui avait son goût à elle, ce goût si enivrant. Ses mains se logèrent dans mes cheveux alors qu’elle me laissait rencontrer sa langue avec force, et un gémissement sorti de sa gorge. C’était un baiser sauvage. Un baiser que ni elle, ni moi ne contrôlions. C’était un baiser qui nous dépassait, et qui nous consumait. C’était le baiser le plus animal, le plus emplein de désir que je n’avais jamais donné, et que je n’avais jamais reçu. Elle possédait les lèvres les plus douces et les plus délicieuses que je n’avais jamais goûtées, et je mordais sa lèvre inférieure alors que cette pensée me rendait fou. Ça me rendait fou que ce soit elle. Que ce soit ses lèvres à elle, qui me fassent cet effet-là. Que ce soit son corps à elle, qui me hante. Que ce soit son visage à elle, qui m’apaise. Ma main gauche vint se loger sur son visage alors que je dévorais ses lèvres, cherchant à la toucher plus, à la posséder plus, tout en ayant ce sentiment d’insatiabilité absolu, comme si ce ne pourrait jamais être assez. Ça ne pourrait jamais être assez. Je l’embrassai comme jamais je n’avais embrassé qui que ce soit, mais ce n’était pas suffisant. Je devais toucher son visage, sentir sa peau brûler contre la mienne, mêler ma salive à la sienne et sentir sa langue et ses lèvres contre les miennes, mais ce n’était toujours pas suffisant. C’était comme si mon corps cherchait à fusionner avec le sien d’une façon si intense, d’une façon si brûlante que je n’avais absolument jamais ressentie. Ce constat m’effraya et alors que j’avais toujours une main sur sa joue et l’autre sur sa nuque, je reculais mon visage soudainement, reprenant mon souffle. Elle leva des yeux affamés vers moi et chuchota à mes lèvres :
- Il ne m’embrasse pas comme ça.
Mon visage eut un mouvement brusque de recul et des yeux ronds observaient le sien. Elle eut un instant de doute et l’expression que je lu sur son visage m’apprit qu’elle ne s’était pas rendu compte de prime abord qu’elle avait prononcé ces mots à haute voix.
- Quoi ? rétorquai-je en tenant toujours son visage entre mes mains, alors que mes sourcils se fronçaient et que mon cœur battait plus vite dans ma poitrine.
Elle eut le culot de lever des yeux langoureux vers moi, et elle murmura :
- Ron, il ne m’embrasse pas comme ça.
Ma bouche s’ouvrit malgré moi face au choc de ce que je venais d’entendre, et quelques secondes plus tard je ne la touchais plus. J’observai son visage, la rage montant en moi. Elle se tenait toujours contre le mur, la tête haute, et les yeux excités. Est-ce que c’était une putain de blague ? Un rire nerveux raisonna dans ma gorge et je me mordais la lèvre inférieure alors que je lui demandais :
- Tu te fous de ma gueule là Granger ?
Elle se permit de m’adresser un sourire. Un sourire langoureux, un sourire qui disait « je te désire et je te torture à la fois, et j’aime ça ». Le sourire d’une femme qui était entrée en jeu.
- Quoi ? demanda-t-elle d’une voix insolente. Tout ça, ce n’est bien qu’un jeu, non ?
Je sentais le sang bouillir dans mes veines alors que je cherchais le moindre signe chez elle qui pouvait me confirmer que ce n’était qu’une blague, mais il n’y avait rien. Rien que la provocation, mais c’était une provocation réelle, et qui l’amusait. J’approchai mon visage à quelques millimètres du sien et chuchotai en tentant tant bien que mal de contrôler ma rage, parce qu’elle avait raison au fond, ce n’était qu’un jeu :
- Je ne suis pas du genre à partager.
Elle continua de me regarder avec un désir insolent, un désir qu’elle ne feignait pas, et cela me rendait fou. Cela me rendait fou parce que désormais je savais que je n’étais plus le seul, et jeu ou pas, je détestais tout simplement cette idée.
- Tu sous-entends que je suis à toi ? murmura-t-elle encore à mes lèvres, cherchant leur contact en relevant encore plus le visage vers moi.
Ma main se saisi de sa gorge pour qu’elle ne puisse pas se jouer de moi, et me provoquer en caressant mes lèvres du bout des siennes, mais je ne lui répondis pas. Je sentis ma mâchoire se serrer fortement alors qu’elle se délectait de l’effet que sa révélation avait très clairement sur moi.
- Vas-y Malefoy, chuchota-t-elle encore à mes lèvres, dis-le.
Elle laissa une de ses mains caresser mon torse à travers ma chemise d’un touché doux. C’était la première fois qu’elle posait la main sur moi. Elle laissa cette main descendre le long de mon torse et s’approcha dangereusement de mon pantalon. Je sentais la rage bouillir en moi, et je sentais également l’excitation grandir en moi, alors qu’elle se tenait là devant moi, ayant récupéré en une seule putain de phrase tout le contrôle de la situation. Elle avança et me força à reculer en se faisant alors que ma main était toujours logée sur sa gorge. Ses yeux étaient affamés, et ils étaient tellement, tellement joueurs.
- Dis que je suis à toi, ronronna-t-elle à quelques millimètres de mon visage alors qu’elle avançait toujours vers moi.
Je ne pouvais pas lui dire une telle chose. Je ne pouvais pas être prit à mon propre jeu, sans compter que et ce n’était tout simplement pas la vérité. Elle n’était pas mienne, et je ne voulais pas une seule seconde qu’elle le soit. Elle était putain de Granger. Elle faisait partie de ma mission. Elle était un jeu. Elle n’était rien de plus qu’un putain de jeu. Un jeu qui me rendait malade. A chaque pas en avant qu’elle faisait, je reculais. Je reculais parce que j’étais putain de démuni. Elle m’avait pris au dépourvu. Elle avait prononcé une seule putain de phrase, et c’était tout ce qu’il avait fallu pour me désarmer.
- Dis-le, murmura-t-elle à nouveau quand mon dos rencontra finalement l’autre mur du couloir.
Je ne répondis rien, et elle m’adressa un grand sourire quand elle passa sa main sur la bosse qui s’était formée dans mon pantalon malgré moi. Je retins ma respiration quand sa main se logea dessus. C’était la première fois qu’elle me touchait de la sorte. Qu’elle, Granger, me touchait. Elle enfonçait dans mes yeux des yeux de démon. Des yeux qui étaient affamés et qui savaient parfaitement bien ce qu’ils faisaient, et lentement, elle laissa ses mains caresser mon torse alors qu’elle se laissait glisser au sol, tombant à genoux devant moi. Elle ne lâcha pas le contact de mes yeux lorsqu’elle défit les boutons de mon pantalon. Non, non, non, pensais-je alors, sans pour autant ne rien faire. Ce n’était pas censé se passer comme cela. C’était moi qui devais avoir le dessus dans ce jeu. C’était moi qui étais censé la rendre folle. C’était moi qui étais censé la rendre faible. Pas l’inverse. Je réalisai que je mettais beaucoup, beaucoup trop de temps à récupérer mes esprits quand je sentis la paume de sa main se renfermer autour de mon sexe déjà dur, et une sensation de chaleur envahit mon poitrail. Soudain, alors que je reprenais le dessus sur la situation, une main ferme se referma sur ses cheveux que j’attrapais en une poignée. Ses yeux ne quittèrent pas les miens alors qu’elle approcha malgré tout ses lèvres de mon sexe. Elle ouvrit grand la bouche et laissa sa langue sortir pour me lécher sur toute ma longueur. Je ne pus retenir le grondement rauque qui raisonna dans ma gorge sous ce contact, sous son contact à elle, alors que je la tenais toujours fermement par les cheveux sans pour autant être capable de l’arrêter dans ce qu’elle me faisait. Je regardai toujours ses yeux alors qu’elle me goûtait et ma bouche s’ouvrit malgré moi quand la sienne vint se refermer autour de mon membre gorgé de sang. En cet instant, je n’étais même pas assez moi-même pour m’inquiéter que qui que ce soit dans notre salle commune puisse nous voir. Je ne voyais que ses yeux dorés, ses yeux incroyablement excités qui se délectaient du contrôle qu’elle avait gagné sur la situation. Du contrôle qu’elle avait sur moi. Je pris une profonde inspiration par le nez alors que j’utilisais la prise que j’avais sur ses cheveux pour la pousser à aller plus loin dans la bouchée qu’elle prenait de moi, et je me délectais de la sensation sans pareille de ses lèvres autour de moi une dernière fois avant de renfermer ma main plus fermement sur ses cheveux et de la forcer à se relever face à moi en un mouvement violent. Je reprenais le contrôle. Il était absolument, absolument hors de question qu’elle ait raison de moi. C’était moi qui étais meilleur à ce jeu-là, et elle ne m’aurait pas comme cela. Je la plaquais au mur en la tenant toujours par les cheveux, et elle m’adressa un grand sourire en se léchant les lèvres.
- Je ne fais pas ça à Ron, chuchota-t-elle alors.
J’observai son visage, et je constatai qu’elle ne mentait pas. Elle n’était pas mienne, mais elle et cet idiot de Weasley ne s’étaient jamais touchés. J’en étais quasiment certain. Quasiment.
- Est-ce qu’il t’a déjà touchée ? m’entendis-je demander d’une voix bien trop rauque pour masquer ce que je ressentais.
Elle fit non de la tête.
- Tu es toujours le seul, murmura-t-elle à mes lèvres.
Je m’appliquai à ne pas lui montrer à quel point ces mots me satisfaisaient. A quel point ils faisaient couler le sang plus vite dans mes veines. A quel point ils me donnaient envie de la forcer à basculer la tête en arrière alors que je l’embrasserai de toute ma force. A quel point ils me donnaient envie de lui arracher ses vêtements ici même, dans ce couloir, alors que d’autres personnes se tenaient si près de nous. A quel point ils me donnaient envie de la pénétrer avec chaque centimètre de mon membre, et de voir son visage lorsqu’elle jouirait des choses que je lui ferais. Non, je m’appliquai à ne pas lui montrer cela. Elle voulait jouer, nous allions jouer. Si elle voulait se pavaner avec Weasley pour me rendre fou alors qu’il n’avait jamais osé poser un traitre doigt sur elle, j’allais riposter. Et moi, je n’avais pas peur de toucher qui que ce soit. Mais ma priorité première était de la rendre folle. De toutes les façons possibles. J’approchai mon visage le plus près possible du sien et enfonçai mes yeux argentés dans ceux qui brûlaient face à moi et chuchotai d’une voix puissante :
- Je ne crois pas que tu aies la moindre idée des choses que je pourrais faire endurer à ton corps. Je ne te parle pas de te toucher, je ne te parle pas de te pénétrer jusqu’à ce que tu ne puisses plus marcher, je ne te parle même pas de te lécher jusqu’à ce que tu me supplies d’arrêter. Je te parle de te posséder entièrement, de posséder ton corps, de posséder ton âme et ton esprit, et de te faire jouir si fort que mon nom sera tatoué sur ton âme, et une fois que j’en aurais finis avec toi, tu prieras les dieux de faire en sorte que toujours je te revienne parce qu’après ça, tu ne pourras plus être avec qui que ce soit d’autre. Tu ne seras plus que putain de mienne.
Elle buvait mes paroles comme si elles étaient tout l’oxygène dont elle avait besoin, et elle posait sur moi des yeux qui hurlaient qu’elle n’attendait que cela. Oh, elle attendrait. Elle attendrait jusqu’à en perdre la tête. Je la lâchais finalement et l’abandonnai au milieu du couloir, refermant mon pantalon et rejoignant mes amis. Il lui fallut un certain temps avant de nous rejoindre à son tour, un temps pour redevenir Granger et non plus la femme sauvage et affamée que j’avais vu quelques instants plus tôt. Celle qui m’avait rendu fou. Celle qui m’avait touché. Celle qui avait failli me faire perdre le contrôle comme personne n’avait jamais réussi à le faire jusqu’alors. Désormais, je connaissais les règles du jeu. Elle ne se doutait pas de ce qui l’attendait. Elle nous avait finalement rejoint sur le canapé, redevenue elle-même avec un verre dans la main. Elle avait tout de même pris place à côté de moi, mais désormais elle évitait mon regard.
- C’est des putains de conneries, râlai Blaise emporté dans une discussion politique avec Pansy, la fille Weasley étant partie se coucher, sous les yeux amusés de Theodore.
Et soudainement, nos yeux se noircirent, et l’anxiété fut lisible sur mon visage. Je baissai les yeux sur mon bras gauche. Mon bras gauche qui me brûlait.
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