Dollhouse
C’était mon tour, la nuit suivante, de me rendre dans la réserve de la bibliothèque pour chercher des potentielles informations sur comment réparer cette putain d’armoire à disparaître. Le Seigneur des Ténèbres voulait qu’elle soit utilisée pour que des Mangemorts puissent pénétrer dans l’enceinte de Poudlard, et cette pensée me glaça le sang. Je choisissais de ne pas penser à ce qu’il se passerait, lorsqu’ils seraient là, entre ces murs. Lorsqu’à cause de nous, ils pourraient pénétrer en ces lieux, et à ce qu’ils y feraient. Ma famille, voilà tout ce à quoi je devais penser pour que l’angoisse ne me rattrape pas. Je sursautai lorsque je vis une silhouette dans la réserve alors que j’y arrivais, et mon souffle fut coupé un instant lorsque cette silhouette se retourna vers moi avec des yeux paniqués.
- Putain, chuchotai-je, Granger.
Elle apparut soulagée que ce soit moi, et moi je demandais comment il était possible qu’elle soit toujours là où je me rendais. Les dieux avaient un bien étrange sens du l’humour.
- Qu’est-ce que tu fais là ? chuchota-t-elle avec agressivité.
Elle portait encore son uniforme de classe, et je m’approchai d’elle avec ma propre lampe. Elle avait apporté la sienne également.
- Toi, qu’est-ce que tu fais là ? lui retournai-je avec la même agressivité dans la voix.
Elle était putain de partout. Partout où j’allais.
- Est-ce que tu me suis Malefoy ? demanda-t-elle avec animosité.
Je ne pus m’empêcher de laisser un rire moqueur raisonner en moi. Je m’approchais d’elle et posait ma lampe sur le rebord d’une étagère de la bibliothèque devant laquelle elle se tenait. Elle pensait sincèrement que je la suivais, comme si je voulais me retrouver seul avec elle, dans le noir, en pleine nuit.
- Tu crois vraiment que tu m’obsèdes à ce point ? dis-je avec un rictus moqueur. Je cherchais mon prochain livre de chevet, mentis-je alors en regardant les livres devant lesquelles elle se tenait avant que je ne l’interrompe.
C’étaient des livres à propos de la magie noire. C’était par là que j’aurais commencé pour trouver ce que moi-même je cherchais.
- Voilà un bien étrange choix pour une gentille Gryffondor comme toi, commentai-je alors.
Elle se détourna de moi pour refaire face à la bibliothèque.
- Qu’est-ce que tu cherches ? demandai-je alors avec un réel intérêt.
- Je regarde simplement ce que ton ami contemplait hier soir, lâcha-t-elle alors sèchement. L’on pourrait croire que c’est vous qui cherchez quelque chose de particulier.
Je ne pus réprimander un sourire.
- Ah, c’est donc toi qui nous espionnes, commentai-je alors.
- Moi, commença-t-elle avec sa voix si énervante de miss-je-sais-tout, je cherchais réellement quelque chose à lire le soir quand j’ai vu Zabini déjà dans la réserve. J’ai vu l’étagère où il se tenait, et je suis partie ensuite. Je suis simplement revenue ce soir pour voir ce que vous mijotez.
Son ton si énervant, si insolent, si hautain me poussa à mordre ma lèvre inférieure tellement elle m’énervait. Je m’approchais d’elle doucement et elle se retourna vers moi pour me faire face.
- Et alors Granger, qu’est-ce qu’on mijote ? demandais-je sans contrôler le son de ma voix, celle du prédateur.
Elle recula et se heurta contre la bibliothèque derrière elle en essayant de me fuir. Mais elle ne pouvait pas m’échapper. Elle fut visiblement énervée d’être obligée d’avouer :
- Je ne sais pas encore.
- Vraiment, Granger ? provoquai-je alors que j’étais désormais près d’elle.
Trop près d’elle. Je plaçai mes mains sur les étagères de chaque côté d’elle, enfermant son corps dans cet espace restreint qu’elle était désormais obligée de partager avec moi. Elle baissa les yeux pour ne pas être forcée de rencontrer mon regard. Je crus entendre sa respiration accélérer.
- Toi, tu ne sais pas ? continuai-je alors que mon souffle venait rencontrer son visage qui se tenait si, si près du mien.
- Pas encore, appuya-t-elle alors en levant les yeux vers moi.
Elle était gênée. Oh, elle était si gênée cette petite lionne. Tellement gênée de se retrouver face au premier garçon qui avait plongé la main dans son intimité. Tellement gênée que ce garçon soit Drago Malefoy. Tellement, tellement gênée de rêver que je le fasse à nouveau. J’oubliai rapidement, trop rapidement, qu’elle nous espionnait réellement et lui demandai avec une excitation que je ne contrôlai pas :
- Est-ce que tu penses à moi, quand tu fermes les yeux la nuit, seule dans ton lit, Granger ?
Elle fronça les sourcils et baissa les yeux. C’était un délice de la voir si gênée. De la confronter à son désir. Ce désir qu’elle détestait, parce qu’il brûlait pour moi. Pour le méchant de son histoire.
- Tu es tellement imbu de ta personne Malefoy, cracha-t-elle alors avec un dégoût qu’elle feignait.
Sa réponse maintint l’animal éveillé en moi, et il était affamé. Affamé d’elle, plus que je ne l’aurais imaginé. Et il me contrôlait.
- Est-ce que tu passes tes mains sur tes cuisses, comme je l’ai fait ce soir-là ? continuai-je alors que la voix de l’animal raisonnait dans ma gorge.
- Tu es répugnant, lâcha-t-elle en rencontrant mes yeux.
Mais ses yeux ne mentaient pas. Ils ne mentaient jamais. Ses mots disaient des choses, mais ses yeux racontaient une tout autre histoire.
- Est-ce que tu te réveilles dans des draps trempés après avoir rêvé des choses que je pourrais te faire ? chuchotai-je à ses lèvres.
Sa respiration se fit plus difficile alors que j’approchai ma bouche de son cou sur lequel je déposai un baiser langoureux. Elle ne put retenir un gémissement sous ce contact, un gémissement qui affama l’animal en moi. Oh, il en voulait plus. Beaucoup, beaucoup plus.
- Dis-moi d’arrêter, murmurai-je alors que je déposai un nouveau baiser dans son cou.
Elle laissa un nouveau gémissement s’échapper de ses lèvres et je saisi sa nuque d’une main. Elle bascula la tête en arrière pour m’offrir son cou que je mordillais alors.
- Dis-moi d’arrêter Granger, ordonnai-je moi-même à bout de souffle alors que mes baisers se faisaient plus langoureux sur sa peau.
Sa peau au goût de vanille. Sa peau irrésistiblement douce.
- Je… articula-t-elle difficilement, la tête toujours renversée en arrière. Je te déteste, chuchota-t-elle. Je te déteste Malefoy, répéta-t-elle dans un gémissement aigu.
Un grondement de satisfaction raisonna dans ma gorge. Les choses que je voulais faire à son corps… Les choses que je voulais l’entendre dire… Les gémissements que je voulais la faire pousser… Ma main droite vint rencontrer sa poitrine que je serrai fermement par-dessus ses vêtements alors que ma main gauche tenait toujours fermement sa nuque que j’embrassai.
- Je te déteste, répéta-t-elle, à bout de souffle alors que je sentis mon propre membre se gorger de sang sous ses mots.
Je relevai le visage et observai le sien, ses yeux fermés et ses sourcils froncés alors que de l’air chaud s’échappait de ses lèvres entre ouvertes. Ma main droite glissa de sa poitrine et s’enfonça dans sa jupe pour rencontrer la douceur de son intimité.
- Putain… chuchotai-je moi-même à bout de souffle, tu es trempée Granger.
Un gémissement plus important sorti de sa bouche alors que j’enfonçai un doigt en elle. Je la dévisageai, ma bouche entre-ouverte de l’excitation intense que je ressentais à voir le plaisir tordre son si doux visage. Le plaisir que moi, je lui donnais. J’affirmai ma prise sur sa nuque et relevai un peu son visage vers moi. Elle ouvrit les yeux et s’aventura à rencontrer mon regard brûlant.
- Tu es tellement serrée, dis-je avec un grognement animal que je ne contrôlai pas.
Personne ne l’avait jamais touchée. Aucun homme n’avait jamais mis la main dans son intimité. Aucun homme ne l’avait jamais remplie de son corps. Cette pensée m’excita au plus au point alors qu’elle gémissait de plus en plus fort en soutenant mon regard félin.
- Dis-moi d’arrêter, murmurai-je à ses lèvres alors que j’accélérai les mouvements de ma main en elle et collait mon front au sien.
Elle soutint mon regard, avec ses sourcils froncés, et ses joues désormais rougies du plaisir que je lui faisais prendre, pour la toute première fois de sa vie. Je tenais putain de Granger dans le creux de ma main, et j’adorai ça plus que je n’aurais jamais pu l’imaginer. Plus elle gémissait, et plus le prédateur en moi grandissait. Elle ferma soudain les yeux et laissa le poids entier de sa tête reposer dans ma main qui le soutenait largement. Il était hors de question que je ne vois pas son visage quand je la ferais jouir sous mes doigts. Et elle était déjà si près, je pouvais le sentir. Je courbai un peu plus mon doigt à l’intérieur d’elle et le frottait plus fortement contre ses parois. Mon cœur battait insolemment vite dans ma poitrine alors que je ne lâchai pas son visage des yeux une seule seconde.
- Je veux te voir jouir Granger, chuchotai-je à bout de souffle alors que ses gémissements retentissaient plus fort dans mes oreilles.
Son liquide commença à se répandre en quantité importante sur ma main, et je ne pus retenir un grognement rauque de raisonner dans ma gorge. Les traits de son visage se tordirent plus encore alors qu’elle était si, si près de venir entre mes doigts. Elle était tellement mouillée pour moi. Putain, elle était tellement, tellement trempée pour moi.
- Je veux que tu viennes pour moi Granger, lâcha la voix de l’animal en moi alors que les mouvements de ma main se firent plus intenses.
Elle garda les yeux fermés et sa tête demeura entièrement posée dans ma main alors qu’elle jouissait sous mes doigts. Pour la toute première fois de sa vie, et je ne manquai pas une seule putain de miette de ce spectacle. Elle fit retentir dans mes oreilles les plus beaux gémissements que je n’avais jamais entendus, et je laissai son jus dégouliner sur ma main alors qu’elle obtenait la satisfaction la plus magnifique de toute sa vie. Finalement, elle tenta de reprendre son souffle, et lentement, elle ouvrit les yeux pour les enfoncer dans les miens. Je retirai ma main trempée de sa jupe, et levai le doigt qui avait été en elle vers nos visages qui se tenaient si près l’un de l’autre, mon autre main toujours fermement logée sur sa nuque.
- Ouvre la bouche, ordonnai-je alors que ma respiration demeurait difficile.
Elle s’exécuta en maintenant ses yeux dans les miens.
- Je veux que tu goûtes comme tu es délicieuse, dis-je d’une voix rauque qui trahissait mon envie d’elle.
J’enfonçai ce doigt dans la bouche qu’elle avait ouverte pour moi, et elle referma ses lèvres sur celui-ci sans me lâcher des yeux. La sensation de ses lèvres suçant mon doigt coupa ma respiration, et je retirai doucement ce doigt de sa bouche alors qu’elle se goûtait.
- Je reviendrai dans cette bibliothèque dans trois nuits, lui appris-je en lâchant finalement sa nuque alors que sa respiration était toujours haletante. Tu sauras où me trouver si ton corps en veut plus, achevai-je avant de repartir.
Ce soir-là, mes recherches à la bibliothèque ne s’étaient pas révélées très productives.
Le lendemain, Granger avait à nouveau évité mon regard à chaque fois qu’elle aurait pu le croiser, et il me semblait que cela m’excitait encore plus. Depuis la veille, je ne faisais qu’entendre ses gémissements raisonner dans mon esprit, et je voyais son visage se tordre de plaisir sous mon touché. Il y avait bien des filles que j’avais déjà fait jouir, mais elle… Elle déclenchait quelque chose en moi que je n’avais jamais connu, une excitation si intense que je n’avais jamais ressentie. Le soir suivant je tentais de me concentrer sur mon devoir pour Rogue alors que des images de son visage jouissant sous mes doigts s’imposaient à moi dans notre salle commune. Blaise se tenait à côté de moi, en train de bien mieux avancer sur ce même devoir que moi alors que Pansy apparu soudain, et se laissa tomber bruyamment sur le fauteuil face à nous. Elle poussa un soupir exagéré qui nous força à lever les yeux vers elle. Theodore, lui, était parti à la réserve de la bibliothèque.
- Que se passe-t-il petite Pansy, demanda alors Blaise. Raconte à papa, ajouta-t-il avec un sourire.
- Je n’en peux plus, lâcha-t-elle affalée dans le fauteuil généralement occupé par Theo. Je n’en peux plus de Theodore.
Mes sourcils se dressèrent sur mon front.
- Qu’est-ce qu’il a encore fait ? demanda un Blaise bien trop intéressé.
Zabini adorait les ragots. Sous bien des aspects, il était une vraie petite peste.
- Rien, justement ! soupira alors Pansy. Il ne fait absolument putain de rien ! Il est là, il est tout le temps putain de là, et il est putain de parfait, et il ne fait rien bordel ! s’exclama-t-elle.
Je ne pus réprimer un sourire.
- Ça t’amuse ? me demanda-t-elle avec agressivité.
- Oh je n’oserai rien dire à ce sujet, me défendis-je en levant les paumes de mes mains vers elle.
- Si, justement, me dit-elle, dis-moi ! Pourquoi il ne fait rien ? Est-ce qu’il ne m’aime pas ? demanda-t-elle alors en sachant parfaitement que c’était faux.
- Arrête, la coupa Blaise avec un large sourire, tu sais très bien qu’il est dingue de toi.
- Alors pourquoi est-ce qu’il ne fait rien ?! Je veux dire, vous, quand une fille vous plaît, vous allez la séduire, vous allez la chercher, non ? nous demanda-t-elle.
- Pansy, Pansy, Pansy, soupira un Blaise bien trop amusé. Tu sais bien que ce cher Theodore n’est pas comme nous.
- Et tu oublies surtout que les filles que nous allons chercher, nous, on ne les aime pas, dis-je avec véracité. C’est une chose d’aller baiser une fille que t’auras oublié le lendemain, c’en est une autre quand tu es amoureux de cette fille, et c’en est encore une autre quand il se trouve que cette fille est également ta meilleure amie depuis autant d’années.
Elle s’enfonça plus profondément dans le fauteuil de l’homme qu’elle aimait et soupira à nouveau.
- Est-ce que c’est ça le problème ? demanda-t-elle alors en me regardant. C’est qu’on est amis ?
- Je ne pense pas être le mieux placé pour répondre à ta question, répliquai-je alors.
- Oh si justement, je crois que tu es exactement le mieux placé pour me répondre Drago, me défia-t-elle.
- Tu sais très bien que je ne dirai rien, lui dis-je avec une moue désolée. C’est à lui que tu dois demander ça, et je suis sûr qu’il te répondra.
Elle regarda le plafond et soupira à nouveau.
- Je n’en peux plus, répéta-t-elle. Je n’en peux plus, il faut qu’il me baise, lâcha-t-elle alors le plus naturellement du monde.
Blaise et moi nous étouffions tous deux avec notre propre salive. Elle releva le visage vers nous avec ses sourcils froncés.
- Oh ne faites pas les choqués, souffla-t-elle alors, vous baisez des meufs à tour de bras pour qui vous ne ressentez rien. Imaginez un peu ce que c’est que de voir la personne que vous aimez se pavaner sous votre nez, avec ses muscles, son visage, ses yeux, sa voix, ses mains, tous les jours sous votre putain de nez, sans jamais vous toucher où même vous regarder. Au bout d’un moment, vous êtes au bord de l’explosion putain !
Blaise se leva du canapé et ouvra ses bras avec un rictus provocateur :
- Ecoute, s’il faut te rendre service, je veux bien me dévouer pour la tâche, dit-il avec une voix aussi suave qu’amusée.
Il laissa ses yeux défiler sur le corps affalé de Pansy en s’approchant encore d’elle :
- Je pourrais faire bien des choses avec ça, lâcha-t-il en parlant de son corps.
Elle leva sa jambe et son pied s’interposa entre Blaise et elle, se posant sur les abdos de notre ami. Je pouffai quand Pansy le poussa à se rassoir de la force de sa jambe. Blaise se mit à rire de vive voix puis reprit plus sérieusement :
- Eh ben provoque-le, suggéra-t-il alors.
- Comment ça ? lui demanda-t-elle.
- Fais-le craquer, enchaîna-t-il. Theo a beaucoup trop peur de ce qu’il ressent pour toi pour faire quoi que ce soit de lui-même, ce n’est pas par les sentiments que tu l’auras, sinon tu l’aurais eu depuis bien longtemps, expliqua-t-il avec véracité. Dis-lui clairement ce que tu veux, et s’il ne fait rien, provoque-le. Rends le jaloux avec un autre, acheva-t-il.
Pansy pouffa.
- Pour qu’on se retrouve avec un nouveau cadavre sur les bras ?
Je ne pu retenir mon rire à ces mots.
- Si tu lui dis que c’est lui que tu veux, mais qu’il ne te donne rien, et que c’est toi qui vas vers un autre, il va faire quoi ? continua Blaise. S’il ne peut pas te donner ce que tu veux, il ne peut pas non plus t’empêcher d’aller le chercher chez un autre. Et connaissant la bête, je ne crois pas qu’il va te laisser aller jusqu’au bout sans rien faire, acheva-t-il alors.
Pansy s’enfonça encore dans le fauteuil, pensive. C’était une idée bien dangereuse que venait de lui soumettre Blaise, mais je devais reconnaître qu’il était possible que ce soit une idée qui fonctionne. Je savais comment Theo aimait Pansy. Et je voyais très bien la façon primale dont il la désirait.
Nous prenions notre petit-déjeuner ensemble le lendemain matin dans la Grande Salle quand Pansy demanda à ce qu’une soirée soit organisée le lendemain soir. Blaise leva vers elle des yeux joueurs, sachant parfaitement bien ce qu’elle avait en tête. Il lui assura de s’occuper d’organiser une petite soirée sympa tandis que Theodore analysait le comportement de celle qu’il aimait, sentant qu’il se passait quelque chose de différent, mais ne sachant pas exactement quoi. Un sourire d’anticipation se dessina sur mon visage quand le courrier arriva, et qu’une lettre tomba face à moi. Ce sourire s’effaça dès que je reconnus l’écriture sur l’enveloppe. Ma mère. Tout mes amis si figèrent également. Je sentis mon cœur battre plus fort dans ma poitrine alors que j’observai cette enveloppe face à mon assiette un instant sans la toucher. Je ne saurais expliquer pourquoi, mes yeux se levèrent vers la table des Gryffondor, et ils rencontrèrent immédiatement le regard de la lionne, qui me regardait déjà avec les sourcils froncés, comme si elle savait. Je la regardai un instant, son visage désolé. Puis je baissai les yeux à nouveau sur cette enveloppe, et la saisi. Je l’ouvris d’un mouvement habile de mes doigts, et dépliai la lettre manuscrite qu’elle contenait alors que j’entendais les battements de mon propre cœur raisonner dans mes oreilles.
Drago, dis-moi que vous n’avez rien fait de stupide ? Dis-moi que vous n’êtes pas responsables de la disparition d’Allan Parkinson, membre de la police, alors que le Seigneur des Ténèbres ne vous a jamais permit de faire une telle chose ? Ils cherchent à savoir. Il considérera ça comme une trahison, si vous avez tué un sorcier de Sang Pur sans qu’il ne vous y ait autorisé, et vous serez punis… Je t’en prie, réponds-moi et dis-moi que vous n’êtes pas responsables de ça.
Maman
Ma respiration se coupa et mon ouïe se brouilla. Je sentis ma tête se mettre à tourner alors que je laissai la lettre retomber de mes doigts. Il allait savoir. Il allait savoir ce que nous avions fait, et Theodore allait se dénoncer, parce qu’il ne nous laisserait jamais être punis avec lui. Et il allait se faire tuer. Theodore allait se faire tuer par le Seigneur des Ténèbres d’un jour à l’autre. J’ouvris la bouche en cherchant à inspirer, mais ma respiration était bloquée, et aucun air ne parvint jusqu’à mes poumons. Il allait me le prendre. Il allait me prendre Theo. Il allait me l’enlever, lui, mon frère. Les larmes montèrent à mes yeux sans que je ne les contrôle et je n’entendis que de loin mes amis essayant de prononcer mon nom pour me calmer. Je ne pouvais pas respirer, l’angoisse me gagnait. Je me levai de ma table et ils suivirent mon mouvement, Theo se retenant de prendre mon bras pour soutenir mon corps balançant, de peur que l’on nous voit, et que quelqu’un témoigne de ma faiblesse. J’accélérai le pas et marchait jusqu’à l’extérieur du château alors que les larmes coulaient sur mon visage sans que je puisse les en empêcher. Il n’y avait personne dans la cour, tous les élèves étaient en train de déjeuner. Pansy lança un sort pour nous isoler d’eux, et qu’ils n’entendent pas notre conversation. Theodore me saisit par les épaules :
- Drago, tenta-t-il alors que mon regard fuyait.
Nous étions responsables. Nous n’avions pas réfléchi. Nous avions tué Allan Parkinson impulsivement sans penser une seule seconde aux représailles que cela pourrait avoir sur nous. Sans réaliser un seul instant qu’il allait le découvrir, bien sûr qu’il allait le découvrir, et qu’il allait nous punir pour cela. Et nous n’avions pas réfléchi un seul instant au fait que Theodore ne laisserait jamais cela arriver, et qu’il en prendrait toute la responsabilité. Nous n’avions pas pensé au fait que cela lui vaudrait la mort. Nous avions été si cons, bordel de merde, nous avions été si cons ! Nous avions commis l’erreur d’oublier l’espace d’une seconde que nous lui appartenions, et que les moindres de nos faits et gestes lui appartenaient, à lui.
- Drago ! Regarde-moi ! me somma la voix de Theodore.
Je levai les yeux vers lui. Mon frère. Cet enfoiré qui allait m’abandonner. Je le poussai de toutes mes forces alors qu’un hurlement sorti de moi. Il revint immédiatement vers moi et repositionna ses mains sur mes épaules.
- Il n’a aucun moyen de savoir que c’était nous, on s’en est assuré ! cria-t-il en ma direction pour tenter de me faire entendre ses mots.
Je regardai ses yeux. Ses incroyables yeux bleus. Ses yeux que je n’étais pas prêt à perdre. Je sentis la rage à l’intérieur de moi prendre le dessus sur l’angoisse. Il n’avait pas le droit de m’abandonner. Pas lui.
- Tu m’entends ?! Il n’a aucun moyen de savoir que c’était nous ! répéta-t-il plus gravement, en gardant ses mains ancrées sur mes épaules.
La rage me permettait de respirer à nouveau au fur et à mesure qu’elle prenait le contrôle sur moi.
- Tu as fait disparaître le corps, commença-t-il, Blaise a fait disparaître toute trace de sang et d’ADN et j’ai fait disparaître tout le matériel et les preuves contaminées, énuméra-t-il. Il n’a aucun moyen de savoir que c’était nous, répéta-t-il.
Je n’étais pas assez lucide en cet instant pour réaliser que Theo et moi n’étions pas seuls, et que Blaise et Pansy se tenaient toujours à côté de nous, effrayés.
- Respire, m’ordonna plus doucement Theo. C’est ça, respire, continua-t-il. Il n’a aucun moyen de savoir que c’était nous.
Je le regardai gravement. Il avait raison. Au fur et à mesure que l’oxygène montait à mon cerveau, je réalisai peu à peu qu’il avait raison. Mais je réalisai également d’autres choses.
- Et tu crois qu’il va se contenter de douter de nous ? crachai-je finalement, ma voix déformée par la rage.
Je ne hurlais pas. C’était une rage froide.
- Tu crois qu’il va se passer quoi, quand il va nous appeler à lui, et qu’il nous demandera si c’était nous ? continuai-je alors. Tu crois qu’il va nous le demander gentiment ? Tu crois qu’il va nous croire sur parole quand nous allons lui dire non, ce n’était pas nous ?
Ses propres sourcils se froncèrent et ses yeux s’assombrirent. J’avançai doucement vers lui et le poussai en avançant, ses mains toujours sur mes épaules.
- Et quand il va commencer à nous torturer pour nous faire parler, mais que nous ne dirons rien, il va se passer quoi Theo ? commençai-je à m’emporter. Quand il va soumettre Pansy au sortilège Doloris Theo, quand il va lever sa baguette vers elle, crachai-je alors à son visage qui devenait rouge, il va se passer quoi ?! Tu vas le regarder faire ?! hurlai-je alors. Ou tu vas prendre tout le blâme et lui dire que c’était toi ?!
Je le poussai de toutes mes forces et il recula. Cette fois, il ne revint pas vers moi, et il ne chercha pas à replacer ses mains sur mes épaules. Mais moi j’avançais vers lui.
- Tu vas faire quoi Theo ?! hurlai-je alors que ma voix se brisa sous la rage et les larmes qui dégoulinaient sur mon visage. Dis-le-moi !
Il baissa les yeux et regarda le sol.
- REGARDE-MOI ! hurlai-je alors que ma voix se déchirait. Regarde-moi et dis-moi que tu vas m’abandonner ! Regarde-moi et dis-moi que tu vas endosser toute la responsabilité, je le poussai à nouveau, que tu vas lui dire que tu étais seul, je le poussai encore une fois, parce que tu ne supporteras pas de la voir souffrir comme ça !
Je crus entendre que Pansy essayait d’appeler mon nom, et Blaise tenta de venir me contenir physiquement, mais un regard noir de Theo dans sa direction l’en dissuada. Theodore me regarda finalement et des sanglots commencèrent à me secouer alors que je réalisai à quel point j’aimais ses yeux. Et à quel point ils me manqueraient, s’ils venaient à se fermer pour toujours.
- Tu ne peux pas me faire ça, lâchai-je alors plus doucement. Tu ne peux pas me faire ça ! hurlai-je à nouveau en le poussant une énième fois.
Il dégagea mes bras de lui d’un mouvement rapide et m’enferma dans les siens. Il serra mon visage contre son torse alors que toute la douleur que je ressentais en cet instant se libérait de moi. Je tentai de me dégager, mais il me serra plus fort. Je cédais, et entourait violemment mes bras autour de son torse, et je le serrai de toutes mes forces.
- Il ne va pas me tuer, me chuchota-t-il en me serrant aussi fort qu’il le pouvait. Il a besoin de moi, ajouta-t-il.
Je choisissais de croire ses paroles alors que je sanglotai dans ses bras. Il y avait quelque chose chez Theo qui faisait que lorsqu’il disait quelque chose, on le croyait sans le moindre doute. Et en cet instant, je ne pouvais pas ne pas le croire. Je ne pouvais pas envisager qu’il me soit enlevé. Pas lui.
- Je ne vais pas t’abandonner, me dit-il alors qu’il me serrait plus fort contre lui, et je lui rendais son étreinte puissante. Tu m’entends ?
Il saisit mon visage et me força à rencontrer ses yeux alors que des larmes coulaient également des siens.
- Je ne vais pas t’abandonner, répéta-t-il en une promesse grave, puis il me serra à nouveau contre lui.
Je n’étais pas aller en cours ce jour-là, pas vraiment, et pour la première fois de ma vie, je compris ce que Theo voulait dire, quand il disait qu’il n’était pas là quand les événements étaient trop difficiles pour lui. J’étais incapable de rester connecté à moi-même alors que la pensée que Theo me soit prochainement enlevé pesait si lourd dans mon esprit. Il m’avait dit il y avait peu de temps de cela qu’il n’y avait aucune douleur au monde qui pourrait être assez forte pour lui donner envie de se couper de l’amour qu’il ressentait pour moi. Alors que je me sentais moi-même coupé de mes émotions, en cet instant, marchant comme un fantôme de classe en classe, je réalisai que je ne partageai pas son point de vue. Si l’on m’enlevait Theo, je préférais faire taire mes émotions à jamais. Je préférerais oublier l’amour que j’avais pour lui. Je préférerais oublier à quel point il était indispensable à ma vie, parce qu’il n’existait aucun univers dans lequel je pourrais un jour me remettre de l’avoir perdu, lui. Pas lui. Alors, je choisissais de le croire, quand il me disait que le Seigneur des Ténèbres n’allait pas le tuer, et je choisissais de m’éloigner de l’angoisse assommante que je ressentais dès que je pensais que peut-être c’était là une promesse que Theo n’était pas en mesure de me faire. Parce que j’étais tout bonnement incapable de me confronter à la possibilité qu’il me soit enlevé.
Ce soir-là, j’avais mangé avec mes amis, mais j’avais eu besoin d’un peu de temps seul. La journée que nous avions passée m’avait vidée physiquement et émotionnellement, et autant que je les aimais, je ressentais le besoin de respirer. En cet instant, lorsque je les regardai, que je voyais leurs visages, mon cerveau ne faisait que de me dire que bientôt, ils allaient mourir par ma faute. Alors lorsque la nuit était tombée, j’avais quitté notre salle commune, et j’étais parti rejoindre la tour d’astronomie. Une part de moi savait qu’elle serait là, et je supposai même que c’était exactement pour cela que c’était à cet endroit que je m’étais rendu. Elle m’avait vu, lorsque j’avais reçu cette lettre. Et elle avait été inquiète. Cette part de moi qui avait espéré qu’elle serait là répandit de la chaleur en moi quand je la vis se retourner vers moi, ses cheveux dans le vent, avec les pieds pendant dans le vide comme l’autre soir où je l’avais trouvée ainsi. Mais elle n’était pas surprise cette fois-ci de me trouver là. Elle aussi, elle s’était attendue à me voir. Je ne pus réprimer le sourire sincère qui s’inscrivit sur mon visage en la trouvant là où j’avais espéré qu’elle serait. Elle ne dit rien le temps que je prenne place à côté d’elle, les jambes dans le vide. Je remarquais que cette fois, elle n’avait pas de lire ouvert sur les genoux. Elle était simplement venue pour moi. Elle resta silencieuse un moment, et moi également. J’appréciais sa présence apaisante.
- Est-ce que ça va ? finit-elle par demander doucement.
Très doucement. Je lui adressai un faible sourire.
- Non, répondis-je avec vulnérabilité.
Je savais, une nouvelle fois, que j’allais certainement regretter le moment que je m’apprêtais à partager avec elle. Mais je ne pouvais pas le combattre. C’était tout simplement… naturel. Comme s’il était tout simplement logique, tout à fait normal que je me tourne vers elle avec toute ma peine, et toute ma douleur. Parce qu’elle pouvait la voir, et parce qu’elle pouvait la recevoir. Et surtout, parce qu’elle pouvait l’apaiser. Je n’avais pas l’énergie ni la disponibilité d’esprit de me demander ce que cela signifiait, je n’en avais rien à foutre. La vie de mon meilleur ami, de mon frère, était en danger. Je n’en avais absolument rien à foutre que ce soit vers Granger que je voulais trouver du réconfort. C’était la guerre. Et je tuais des gens désormais. Je n’avais pas le temps de m’encombrer de futilités telles que « pourquoi elle ? pourquoi maintenant ? », et vu son comportement avec moi ces derniers temps, je supposai qu’elle pensait la même chose.
- C’est tes parents ? demanda-t-elle encore plus doucement, en laissant sur moi ses yeux doux et désolés.
Je maintenais son regard.
- Disons que c’est ma famille, oui, répliquai-je alors.
- C’est…, elle s’arrêta un instant, mais comme moi, elle décida de faire tomber les barrières. C’est à cause de lui ?
J’acquiesçai doucement alors que mes yeux se remplirent de larmes. Ses sourcils se froncèrent plus fortement sur son visage, comme si elle souffrait de me voir de la sorte. Je laissai le haut de mon corps trouver refuge sur le sol de la tour d’astronomie alors que mes pieds demeuraient dans le vide. Après un court instant, elle m’imita, et s’allongea à côté de moi. Je ne la regardai pas.
- Je t’ai vu, dans la cour, avec Nott, chuchota-t-elle.
Je tournai le visage vers elle.
- Je n’ai rien entendu, il y avait un sort, ajouta-t-elle rapidement. Il a l’air de savoir quoi faire, quand tu as besoin de quelqu’un, dit-elle finalement.
Je fixai à nouveau le plafond alors qu’une larme tomba de mes yeux. Oui, Theo savait quoi faire. Il savait toujours quoi faire.
- Il sait quoi faire parce que dans ces moments-là je n’ai pas besoin de quelqu’un, dis-je à voix basse. Dans ces moments-là c’est de lui dont j’ai besoin.
Elle me regarda un instant sans rien dire, puis elle chuchota :
- Tu avais l’air très en colère contre lui.
- Theo…, commençai-je doucement. Pansy et Blaise sont mes meilleurs amis, expliquai-je. Mais pas lui. Ce n’est pas quelque chose qui peut être décrit par des mots. C’est comme si… comme si son âme et la mienne étaient liées, achevai-je alors. Et je…, le nœud dans ma gorge m’empêcha de parler un instant, je ne peux pas le perdre. Pas lui.
- Est-ce que c’est pour ça que tu étais en colère contre lui ? demanda-t-elle alors. Parce que tu as peur de le perdre ?
- Il m’a déjà tellement pris, chuchotai-je sans la regarder. Je suis… terrorisé qu’il me le prenne, lui aussi.
Elle n’eut pas besoin de me demander de qui je parlais. Je sentais qu’elle voulait me poser plus de questions. Elle voulait même m’aider. Mais elle savait tout aussi pertinemment que je ne pouvais pas lui répondre. Alors, elle resta silencieuse, et elle me tendit sa main. Je tournai le visage vers elle, allongée à côté de moi, et je laissai ma main rencontrer la sienne, puis je fermai les yeux, et je restai là, avec elle, en silence.
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Liv