Dollhouse

Chapitre 9 : Responsable

6259 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/09/2023 12:18

Granger et la fille Weasley étaient reparties directement après que l’avais laissée contre le mur, se languissant de mes caresses, et lorsque j’avais rejoint mes amis, c’était Pansy qui avait trop bu. Theo et Blaise l’avait laissée boire autant qu’elle l’avait voulu, étant donné tout ce qu’elle venait de traverser dernièrement. Elle avait finalement réussi à nous dire qu’elle avait été violée dans son enfance, et je n’imaginais pas la force que cela avait dû lui demander, et ensuite l’homme qu’elle aimait avait tué le responsable. Je supposai qu’il devait y avoir bien des émotions en elle qui rendaient ses nuits difficiles, sans même parler du fait qu’elle faisait désormais parti des Mangemorts, et qu’elle avait dû tuer et torturer des gens dans ce cadre. Alors, Theo l’avait laissée faire, et il l’avait regardée vider verre après verre en sachant parfaitement qu’il était impuissant, et qu’il ne pouvait rien faire pour l’aider à se sentir moins mal.


Nous l’étions tous, impuissants. Et nous nous appliquions tous à le gérer à notre façon. Moi, il m’arrivait de faire des cauchemars, et parfois des crises d’angoisse. Blaise avait tendance à devenir colérique et violent pour des choses qui, selon nous, n’avaient pas d’importance, mais qui étions-nous pour en juger. Pansy gardait tout pour elle et se lâchait sur la bouteille, jusqu’au moment où elle s’écroulait. Quant à Theo, lui enfermait ses émotions, sa culpabilité et sa douleur dans un coin de son esprit, et il fermait cette porte à clé. Il ressentait des vagues de douleur parfois, j’en avais déjà été témoin, mais il avait une capacité bien supérieure à la nôtre à savoir le gérer dû à son passé. Lui faisait cela depuis qu’il avait appris à marcher. Je ne l’avais vu pleurer que pour nous, jamais lorsqu’il s’agissait de quelque chose qui le concernait lui. Je me rappelai les larmes que j’avais vu naître dans ses yeux et couler lentement sur ses joues après coup, une fois qu’il avait dû observer Blaise tuer son premier sorcier né de parents moldus. Sur le coup, il était de marbre, comme nous tous, nous n’avions pas le choix, nous étions observés. Et puis, Blaise avait reçu sa Marque, et une fois que ce fut terminé, et que le Seigneur des Ténèbres nous avait renvoyés, nous avions transplané dans ma chambre. Une larme avait coulé sur sa joue alors qu’il observait notre ami, et qu’il avait vu son âme éclater en mille morceaux quand cette lumière verte était sortie de sa baguette. Lorsque cela avait été le tour de Pansy, il n’avait pas pu regarder, et je soupçonnai qu’il était parti s’enfermer dans une partie de son esprit, que lorsque c’était arrivé, il n’était pas vraiment là. Pansy avait reçu sa Marque et donc tué sa première personne en dernière. Theo avait subi cela avec Blaise, mais il avait tout simplement été incapable de regarder ça avec elle. Pas elle. Je me rappelai également ses yeux embués, lorsque je lui avais dit que j’appartenais au Seigneur des Ténèbres, et que je lui avais raconté ce qu’il m’avait fait. C’était probablement la fois où il avait le plus pleuré de sa vie, du moins de ce que j’en savais. Cela me touchait non seulement moi, mais ça touchait également mes parents, qui étaient comme sa deuxième famille. Et c’était l’instant où il avait compris que nos vies ne seraient désormais plus jamais pareilles, parce que dans son esprit il n’avait jamais été question, pas même l’espace d’une seule seconde, de ne pas m’accompagner dans cette chute.


En ce qui concernait Pansy, je ne l’avais vu pleurer que deux fois. La première fois était quand elle avait annoncé qu’elle allait rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres, elle aussi. Je me rappelai les muscles de sa mâchoire qui se contractaient visiblement, et ses yeux fixés sur le sol quand il avait dit avec la voix grave « non ». Mais Pansy ne demandait pas son avis, elle ne demandait l’avis d’aucun d’entre nous, tout comme Blaise et Theo ne l’avaient pas fait. Theo avait brisé plusieurs vases de grande valeur chez moi ce soir-là, et Pansy était restée assise sur son fauteuil, le dos droit, et elle avait maintenu sa position. Je me rappelai que ses propres yeux à elle s’étaient remplis de larmes quand la voix de Theodore s’était brisée quand il l’avait suppliée. Après avoir détruit plusieurs objets valant quasiment aussi cher que le manoir, il était tombé à ses pieds, et il avait posé le front sur les genoux de Pansy. Elle continuait de regarder dans le vide, tout droit devant elle, lorsque la voix de Theo s’était brisée des larmes qu’il pleurait quand il l’avait suppliée de ne pas le faire. J’avais moi-même pleuré devant ce spectacle affreux que Theo offrait. Ce jour-là, quand il l’avait suppliée de toute son âme, de toute sa force, et de tout son amour de ne pas rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres, et que Pansy avait durement maintenu sa position, j’avais vu son cœur se briser sous mes yeux. Theodore avait vécu bien des horreurs dans sa vie, mais je savais que cela était la pire chose qu’il n’avait jamais dû affronter. La seule chose qui comptait pour Theodore c’était que nous trois, sa famille, nous soyons heureux, et que nous soyons sains et saufs. Cela avait été assez pour lui que Blaise et moi ayons noirci notre âme, mais il ne pouvait pas supporter l’idée que Pansy, sa Pansy, emprunte le même chemin. Quelque chose s’était brisé en lui ce soir-là, quand Pansy avait assuré qu’elle allait devenir des nôtres, malgré le fait qu’il avait supplié et pleuré à ses pieds. Il s’était finalement levé, et il était parti. Pansy s’était écroulée, et nous n’avions pas revu Theodore pendant des jours après cela. Ensuite, nous n’en avions plus jamais reparlé. Une partie de moi s’était également brisée ce soir-là. Je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était ma faute. C’était parce que moi je traversai cela, qu’ils s’étaient sentis obligés de m’accompagner dans ma descente aux enfers. Et regarder Theodore, tremblant, pleurant, et suppliant celle qu’il aimait de sauver son âme en vain m’avait brisé plus qu’aucun meurtre que j’avais dû commettre.


La deuxième fois qu’il avait pleuré pour elle était cette nuit, il y avait quelques jours de cela seulement, lorsqu’elle nous avait raconté ce qu’elle avait subi, et qu’il l’avait regardée vraiment pour la toute première fois en six ans. Alors, ce soir-là, quand Pansy buvait plus qu’il ne le fallait, il la laissait faire. Et lorsqu’il vit qu’elle commença à se sentir mal, nauséeuse, et brisée, les yeux de Theodore s’étaient fixés sur sa poitrine. Il la surveillait comme si elle était un trésor qu’il devait garder. Un trésor qui était sur le point de se briser sous nos yeux. Elle se leva soudainement, et parti en direction de la salle de bain. Theodore se leva directement derrière elle, et alors qu’il partait pour la suivre, il m’adressa un regard, et leva son indexe qu’il tapota deux fois sur sa tempe. Il voulait que je l’accompagne. Alors, je pénétrai son esprit, et accompagnai mon ami.


J’ai besoin que tu sois là, me dit-il dans son propre esprit. J’ai besoin que tu m’ancres si ce que je m’apprête à voir risque de me briser. J’ai besoin que tu sois avec moi.


Je suis là, le rassurai-je alors.


Les mains de Pansy tremblaient lorsqu’elle poussa la porte de la salle de bain communes des femmes. Il n’y avait personne, nous étions en pleine nuit. Elle se dirigea, tremblante, vers les lavabos, et s’appuya de ses deux mains contre l’un d’eux, la tête rentrée dans ses épaules. Je restai derrière-elle, à distance respectable, lui laissant l’espace dont je supposai qu’elle avait besoin. J’observai son dos, et la façon dont il s’élargissait et rétrécissait au rythme de ses respirations qui se faisaient de plus en plus difficiles. Je sentis mon estomac se nouer de la voir ainsi. Ce n’était pas que l’alcool. Elle n’avait pas simplement la nausée. Elle n’allait pas bien. Elle n’allait tout simplement pas bien, et elle était sur le point d’imploser.


-      Je vois son visage, toutes les nuits, une fois que je suis endormie, chuchota-t-elle en gardant sa tête basse entre ses épaules. Elle vient me hanter.


Elle n’eut pas besoin de préciser de qui elle parlait pour que je le comprenne. Pour recevoir sa Marque, elle avait dû tuer une enfant, une enfant de quatorze ans dont les parents étaient des moldus. Elle s’appelait Ambre Lavine. Elle n’étudiait pas à Poudlard, ses parents ne l’avaient pas laissée partir étudier la magie. C’était ainsi que les Mangemorts l’avait trouvée.


-      Je vois ses grands yeux bruns me supplier, continua-t-elle alors que je pouvais entendre les larmes dans sa voix.


Je n’avais pas été capable de regarder, pas vraiment, lorsque cela été arrivé. Je n’avais pas été capable de voir son âme se briser. Pas la sienne. J’avais été lâche, et je l’avais laissée seule face à cette enfant qu’elle devait tuer. Elle avait peut-être cherché mes yeux, pour y trouver de la force, où au moins du soutien. Et moi, je n’étais pas là, caché dans un recoin de mon esprit. Je l’avais laissée seule face à l’entrée des enfers, et je l’avais laissée traverser cette porte sans même lui tenir la main. Ma gorge se serra.


-      J’entends sa voix qui me demande de l’épargner, cracha-t-elle alors que des sanglots commençaient à la secouer.


Ses épaules se renfermèrent plus près de son visage enfoui. Je sentis mes sourcils se froncer alors des larmes naissaient dans mes propres yeux.


-      Je sens l’odeur de sa mort, de son cadavre alors que je lui enlève la vie une énième fois.


Elle se retourna soudainement vers moi, et je baissai les yeux sur le sol. Je ne pouvais pas affronter son regard. Je ne pouvais pas la voir comme ça. Pas comme ça. Pas alors que je n’avais pas été capable de soutenir son regard quand elle en avait eu le plus besoin.


-      Pourquoi tu m’as laissé faire ça ? chuchota-t-elle alors que sa voix se brisa sous la douleur intense qu’elle ressentait.


Je sentis mon cœur se briser dans ma poitrine. Elle s’approcha de moi à grands pas et je m’appliquai à fixer le sol plus intensément. Je sentis soudain ses mains pousser mon torse violemment et reculai d’un pas.


-      Pourquoi tu m’as laissé faire ça ?! hurla-t-elle alors que les larmes déformaient sa voix.


Des larmes coulèrent sur mes joues alors que je restai immobile, ancré sur mes pieds, tandis qu’elle me poussa une nouvelle fois, plus fort. Je savais que c’était l’alcool qui lui faisait dire cela, mais je savais aussi qu’une part d’elle le ressentait vraiment.


-      Tu savais ce que ça allait me faire, hurla-t-elle encore en continuant de me pousser de toute sa force. Tu savais que ça allait me briser de l’intérieur, cria-t-elle alors que des sanglots plus importants raisonnaient dans sa voix. Tu savais que ça me détruirait !


Je reculai d’un pas alors qu’un de ses coups m’atteint en plein cœur, plus fort que tous les autres. Je sentais les larmes ruisseler sur mes joues, mais je restai là. Je restai avec elle. Elle avait besoin de moi. Elle avait besoin que je sois là pour de vrai, cette fois. Elle avait besoin que je sois capable de recevoir son chagrin. Et je lui devais bien cela. Je continuai de fixer le sol et laissai les larmes perler sur mes joues alors que ses coups devenaient de plus en plus violents sur mon torse.


-      Pourquoi tu m’as laissé faire ça ?!


La voix qui sortait d’elle traduisait son agonie, et elle enchaîna les coups de poings contre mon torse, puis elle s’écroula, à bout de force, et je l’enfermai dans mes bras. Je la serrai contre mon torse, je la serrai de toutes mes forces et m’autorisai enfin à fermer les yeux alors que les larmes coulaient de plus belle sur mes propres joues tandis que je sentais son corps trembler contre le mien.


           Je suis là, murmura la voix de Drago dans mon esprit, et je pris une profonde inspiration alors que ses mots apaisèrent mon âme l’espace d’une seconde. Je suis là, répéta-t-il plus doucement.


-      Pourquoi tu m’as laissé faire ça… chuchota-t-elle alors qu’elle s’abandonnait à mes bras.


Je la serrai plus fort. Je la serrai contre moi comme si ma vie en dépendait, et un instant plus tard, son corps arrêta de se secouer sous ses sanglots. Je senti son visage bouger sur mon torse, et son menton s’enfoncer dans celui-ci alors qu’elle regardait mon visage. Elle passa une main sur ma joue et essuya les larmes qui en coulaient. Je fermai mes yeux aussi fort que je le pouvais. Je ne pouvais pas la regarder. Je ne pouvais pas la voir comme ça. J’en étais physiquement incapable, parce que si je la regardais, si je la voyais, si je voyais ses yeux s’enfoncer dans les miens avec toute la peine et la douleur desquelles j’avais été incapable de la protéger, il n’existerait plus aucune partie de moi à sauver. Il ne resterait que le vide. Et je n’étais pas capable d’imaginer comme je pourrais survire, comment je pourrais continuer de respirer, si je rencontrais ses yeux, ses yeux à elle, pleins d’une douleur dont j’étais responsable.


           Tu n’es pas responsable, dit alors Drago à l’intérieur de mon esprit.


-      Regarde-moi, chuchota Pansy.


Mon visage se contracta de douleur face à mon impuissance. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas lui donner ce qu’elle voulait. Je ne pouvais pas lui apporter ce dont elle avait besoin.


-      Regarde-moi, demanda-t-elle à nouveau alors que mes yeux demeuraient clos.

-      Je ne peux pas, chuchotai-je alors que de nouvelles larmes dégoulinaient de mes yeux.


Ces yeux que j’étais incapable d’ouvrir. Ces yeux qui étaient incapables de la regarder. Ces yeux qui avaient trop peur d’elle, et du pouvoir qu’elle avait sur moi. Ces yeux si faibles, ces yeux qui étaient incapables de témoigner de sa douleur. Ces yeux qui m’avaient valu tant d’années de souffrance. Je savais, rationnellement, que Pansy n’allait pas me briser si j’ouvrais les yeux, mais mon corps ne pouvait pas m’obéir, peu importait à quel point j’essayai de lui donner ce qu’elle me demandait, peu importait désormais que la voir en cet instant détruise ce qu’il restait de moi. Mais ils refusèrent de s’ouvrir. Ils ne pouvaient pas s’ouvrir alors qu’elle était là, dans mes bras, détruite de ce dont je n’avais pas réussi à la protéger.


-      Je t’en prie, chuchota-t-elle alors que je sentis une de ses larmes tomber sur ma chemise. Je t’en prie Theo, regarde-moi...


Tous les muscles de mon visage se contractèrent alors que j’essayai d’obéir à son ordre, mais je ne pouvais même pas lui donner cela. Après l’avoir laissée rejoindre les rangs de Voldemort, et après l’avoir laissée tuer une gamine, j’étais encore incapable de lui donner la seule chose qu’elle me demandait. Je sentis mon torse trembler alors que je la serrai encore contre moi.


-      Je suis désolé, réussi-je finalement à articuler, impuissant.


Je senti la chaleur de son regard sur mon visage, quand bien même mes yeux demeuraient aussi clos que possible, puis elle enfouit son visage dans mon torse alors qu’elle était secouée par mes propres sanglots.


-      Je suis désolé, répétai-je alors que je passai une main dans ses cheveux. Je suis désolé, pleurai-je en déposant mon visage sur son crâne.


Et je le sentis, l’instant où l’alcool et la peine ne la contrôlaient plus. L’instant où elle réalisait que je m’écroulai en la serrant dans mes bras. L’instant où elle réalisait l’effet que ses mots avaient eu sur moi. L’instant où je sentis son corps paniquer contre moi. C’était ma malédiction. J’avais passé tellement d’années à être incapable de regarder qui que ce soit dans les yeux que j’étais capable de voir et de sentir les émotions des personnes qui m’entouraient. Elle s’en voulait. Elle releva le visage et saisi le mien de ses deux mains :


-      Theodore, chuchota-t-elle alors que la culpabilité la gagnait.


Elle n’avait pas à se sentir coupable. Elle avait raison. Et elle ne me demandait pas grand-chose. Elle n’avait aucune raison de se sentir coupable.


-      Theo, chuchota-t-elle encore alors que j’entendis de nouvelles larmes dans sa voix. Theo je t’en supplie arrête de pleurer, c’est moi qui suis désolée je…


Elle caressa mon visage de ses deux mains.


-      Je n’aurais jamais dû te dire tout ça, et je… je n’aurais jamais dû te demander ça alors que je sais, je… je sais Theodore, je sais, répéta-t-elle à voix basse.


Elle saisit mon visage et l’enfoui dans son cou.


-      Je suis désolée, je suis tellement désolée Theo, chuchota-t-elle en caressant mes cheveux. Tu ne mérites pas ça, pleura-t-elle, tu n’as jamais mérité ça… Je suis désolée.


Je quittai l’esprit de Theodore, ayant le sentiment désormais qu’il n’y avait plus de danger, et pensant que ce serait une invasion de son intimité si j’y restai. Lorsque je revins à mon propre esprit, je sentis une larme couler sur mon visage. Il ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas ça non plus. Mais il ne méritait pas ça. Il ne méritait pas toutes les douleurs qui lui avaient été infligées. Il ne méritait pas d’être incapable de la regarder. Il ne méritait pas la culpabilité qu’il ressentait. Il ne méritait rien de tout cela.



           Le lendemain, ni Pansy, ni Theo, ni moi ne parlions de ce qui s’était passé. Pansy avait mauvaise mine, et ses yeux étaient gonflés, mais pas même Blaise n’eut l’audace de plaisanter à ce sujet. Il savait parfaitement lorsqu’il valait mieux ne rien dire. Je ne lui avais pas raconté ce que j’avais vu dans l’esprit de Theo, mais en ce qui concernait Pansy et lui, nous ne disions jamais grand-chose, parce que nous savions que c’était trop. Trop compliqué, et trop intense. Trop douloureux. Trop douloureux pour être sujet à plaisanterie. Lorsque j’avais croisé Granger dans les couloirs pour nous rendre en cours, elle avait soigneusement évité mon regard, n’assumant plus ce qu’il s’était passé la veille. Cela m’avait fait grandement sourire. Je devais avouer que quelque part, je me sentais moi-même gêné. Je l’avais touchée, elle. Et cela n’avait rien eu à voir avec la mission que j’avais. Ces gestes de ma part avaient été primaux, totalement incontrôlés. Elle m’avait tout simplement bien trop provoqué, et la part animale en moi avait trouvé qu’elle faisait une proie absolument délicieuse. Je chassai de mon esprit le goût qu’elle avait laissé sur ma langue. Ce goût divin. Durant le cours du professeur Rogue, je la regardais, ses cheveux bouclés plus loin devant moi. Je me demandai si elle pensait à ce que je lui avais fait. A ce qu’elle avait ressenti quand je l’avais touchée. Quand moi, Drago Malefoy, j’avais mis la main dans sa petite culotte. L’excitation du jeu me gagna à cette pensée et je concentrai mes yeux sur elle alors que je pénétrai son esprit. J’y envoyai une image de moi, à genoux devant elle, dans ce couloir dans lequel nous étions ce soir-là. Je vis son dos se raidir sur sa chaise, et lui envoyait une vision claire de sa jambe sur mon épaule, et de mes yeux gris enfoncés dans les siens alors que je léchais lentement, très lentement, son intimité. Elle croisa les jambes fermement sur sa chaise, et je souriais à cette vue. Je ressorti de son esprit, la laissant jouer avec cette vision autant qu’elle le voulait alors qu’elle enleva la veste qu’elle portait par-dessus son uniforme, la chaleur la gagnant. Moi aussi, j’avais chaud.


           Le soir venu, Blaise, Theo, Pansy et moi nous retrouvions dans notre salle commune après avoir chassé tous les autres élèves qui s’y trouvaient. Il était temps que nous parlions de notre prochaine mission, même si aucun d’entre nous n’en avait envie. Nous préférions largement prétendre que rien de tout cela n’existait en organisant des soirées durant lesquelles nous pouvions boire et nous retrouver comme l’année passée, comme si tout était toujours pareil. Mais rien n’était pareil désormais. Alors nous nous étions assis, ensemble, dans notre salle commune, et nous avions commencé à parler de ce qui nous attendait :


-      Il va falloir commencer les recherches à propos de l’armoire à disparaître de la salle sur demande, commençai-je gravement.

-      Je doute qu’on y trouve quoi que ce soit d’utile, mais il me semble qu’il serait pertinent de commencer par la réserve de la bibliothèque, commenta alors Pansy.

-      Je suis d’accord, annonça Blaise, et étant donné que son accès nous est interdit je propose qu’on y aille chacun à notre tour, la nuit, pour essayer de trouver quelque chose.

-      Pourquoi chacun à notre tour ? demanda alors Theo.

-      Parce qu’on a besoin de sommeil, de temps en temps, répliqua Blaise. Je sais que t’es une machine et que rien ne peut t’arrêter mon cher Theodore, mais certains d’entre nous ont besoin de repos parfois.


Theo laissa un mince, très mince sourire se dessiner sur ses lèvres, puis il releva vers moi des yeux plus graves quand il me demanda :


-      Est-ce que tu as eu un retour de Voldemort, pour Dodge ?

-      Non, rien.

-      C’est plutôt bon signe, non ? demanda Pansy.

-      Je ne sais pas, répondis-je avec honnêteté.

-      Et de Narcissa ? demanda un Theo dont l’inquiétude transpirait dans ses mots.


Je fis non de la tête. Ne pas savoir comment les choses se passaient pour ma mère me torturait. Ne pas savoir comment elle allait, comment elle était traitée, ni comment elle dormait me rendait malade, aussi essayai-je d’y penser le moins possible. Tout ce que je pouvais faire pour m’assurer qu’elle irait bien dans le futur, c’était faire ce que le Seigneur des Ténèbres attendait de moi. Et de le faire bien.


-      Je pense que Blaise a raison, c’est pertinent d’aller chercher dans la réserve à tour de rôle, changeai-je alors de sujet. J’irai ce soir, annonçai-je.

-      Non, j’y vais, coupa alors un Blaise on ne peut plus sérieux.


Je lui adressai un regard interrogateur, il perdit alors son air si sérieux et se détendit un peu en me disant cependant avec véracité :


-      T’as vu tes cernes mon frère ? Va dormir un peu, tu commences à faire peur.


Pansy s’autorisa à pouffer plus pour dédramatiser que parce que c’était drôle. Ça ne l’était pas.


-      C’est pas comme ça que tu vas séduire putain de Granger, ajouta-t-elle en une tentative désespérée de rendre cette discussion plus légère.


Je ne leur avais pas raconté les avancées qu’il y avait eu la veille, tout simplement parce que je n’avais pas le sentiment qu’elles avaient un quelconque rapport avec ma mission. Je l’avais touchée, moi. Pas le Mangemort en mission. Et j’avais le sentiment étrange que c’était quelque chose qui n’appartenait qu’à Granger et moi, et qui m’aurait mis très, très mal à l’aise de partager avec mes amis. Pas par honte, je n’avais honte de rien avec eux. Mais tout simplement parce que cela ne m’aurait pas semblé être bien de le faire. Je leur avais pourtant jusque-là parlé de toutes les filles que j’avais touchées, et de toutes celles avec qui j’avais couché, parfois avec des détails crus. Cette fois cependant, il me semblait que ça n’aurait pas été correct envers elle, alors je n’avais rien dit.


           Pansy était partie se coucher quand Blaise était parti en direction de la bibliothèque pour commencer notre nouvelle mission, et Theo était resté pour partager un dernier verre avec moi. Il évitait mon regard à cause de ce qu’il s’était passé hier, et je n’osai pas m’immiscer dans son esprit pour découvrir si oui ou non il voulait que je lui en parle, et si c’était pour cela qu’il était resté avec moi. Il avait peut-être tout simplement besoin de me surveiller, comme il surveillait souvent Pansy, et cela ne m’aurait pas étonné le moins du monde. Il prit une gorgée de son verre avant de me lâcher sans que je ne m’y attende le moins du monde :


-      Qu’est-ce qu’il se passe vraiment avec Granger ?


Je levai vers lui des yeux ronds.


-      Arrête, je t’ai bien vu hier, quand tu étais énervé contre Blaise, et après quand vous avez tous les deux bus comme des trous sans oser vous regarder et encore moins vous parler, ajouta-t-il doucement. Qu’est-ce qu’il se passe Drago ?


Je pris une gorgée de mon propre verre. Avec lui, quand nous n’étions que tous les deux, c’était différent. Lui, c’était mon frère. Lui, il n’y avait aucune partie de mon âme que j’essayai de lui cacher.


-      Il ne se passe rien, commençai-je. C’est juste que… la nuit après la soirée chez Slughorn, j’ai fait un cauchemar, et je suis sorti prendre l’air à la tour d’astronomie, et elle était là-bas aussi. Je ne sais pas j’étais fatigué, j’étais épuisé même, et j’étais faible et on a juste… parlé. Je ne lui ai rien dit de compromettant évidemment, mais on a parlé comme… pas en mission. Pas dans un jeu, ajoutai-je. Comme des êtres humains. Et elle…


Je m’enfonçai dans le canapé sous les yeux concentrés de Theodore.


-      Elle était douce. Elle était vraiment douce, répétai-je en regardant le plafond. Comme si elle voyait ma douleur, et comme si… comme si elle savait que je n’étais pas juste un monstre. Et le lendemain je me sentais juste… gêné, parce que je m’étais montré vulnérable devant elle, et que ça n’avait pas été prévu, et qu’elle… elle m’a donné l’impression de voir plus loin que le monstre.

-      Tu n’es pas un monstre, coupa la voix très sérieuse de Theo. Il n’y a absolument rien en toi qui pourrait faire de toi un monstre.


Mes yeux se remplirent de larmes et je les baissai du plafond pour rencontrer les siens. Ses grands yeux bleus. Ceux qui étaient incapables de rencontrer ceux de celle qu’il aimait.


-      Ce n’est pas l’impression que j’ai ces derniers temps, chuchotai-je alors.


Je pris une nouvelle gorgée de mon whisky alors que j’ajoutai :


-      C’est déjà assez horrible que j’aie à faire tout ça pour mon père et ma mère mais… mais vous… chuchotai-je alors que des larmes coulaient sur mes joues. Vous… Toi… C’est trop difficile de vivre en vous voyant, les uns après les autres, être détruits par ce que vous êtes obligés de faire pour moi, avouai-je à voix basse. A cause de moi, ajoutai-je.


Les sourcils de Theodore se froncèrent alors qu’il soutenait mon regard. Il resta silencieux un instant, puis finalement sa voix raisonna en moi alors qu’il me dit :


-      Le jour où, alors que nous n’avions même pas 5 ans, tu t’es mis entre mon père et moi, et où tu m’as serré contre toi pour qu’il ne m’emmène pas parce que tu savais très bien ce qu’il allait me faire, et où tu as refusé de me lâcher pendant plus d’une heure, à cet instant-là, j’ai su que tu ne me lâcherais jamais. C’était la première fois que quelqu’un me protégeait, dit-il alors que des larmes naissaient dans ses propres yeux. C’était la première fois que quelqu’un empêchait mon père de me faire du mal, et tu étais aussi petit que moi, aussi fin que moi, avec tes petits cheveux blonds, dit-il en souriant. Tu ne m’as pas lâché Drago, chuchota-t-il alors que les larmes coulaient sur ses joues. Tu ne m’as pas lâché, répéta-t-il. Je… Je me suis senti en sécurité, quand tu me serrais dans tes bras. Pour la toute première fois de ma vie, je me sentais comme si rien, rien de mal ne pouvait m’arriver, parce que tu me serrais contre toi, et que tu ne me lâchais pas. Alors si tu crois sincèrement que ça me détruit plus de traverser tout ça plutôt que de t’abandonner à ton propre sort, tu parles de la mauvaise personne. Je ne te lâcherai pas non plus Drago. Je ne te lâcherai jamais. Tu ne pourras jamais te débarrasser de moi, continua-t-il alors que des larmes coulaient de mes yeux. Il n’y a rien que tu puisses traverser qui puisse me pousser loin de toi. Il n’y nulle part où tu pourrais aller qui me pousserait à te laisser partir sans te suivre. Il n’existe aucune douleur sur cette terre qui puisse m’empêcher de te serrer dans mes bras en retour. Je ne te lâcherai pas, répéta-t-il. Et il n’y a aucun enfoiré sur cette terre qui puisse me faire assez peur pour que je n’essaye pas de t’en protéger. Pas même putain de Voldemort. Tu n’es pas coupable de ce qu’on traverse, ajouta-t-il gravement. Tu es la raison pour laquelle je suis encore capable de ressentir des émotions. Tu as été le seul, pendant très, très longtemps, à me donner une raison de ne pas les faire taire à jamais. Et peu importe l’intensité de la douleur et de la souffrance, pour putain de rien au monde je ne voudrais faire taire l’amour que j’ai pour toi. Si je devais tout refaire, je referais tout. Je referais tout, Drago. Je torturerai à nouveau. Je tuerai à nouveau. Je recevrai la Marque à nouveau. Je regarderai Blaise recevoir sa Marque à nouveau. Je serrerai Pansy à nouveau contre moi alors qu’elle s’effondre dans mes bras. Parce qu’il n’y a aucune douleur au monde qui puisse être assez grande, assez profonde, pour se mesurer à l’amour que j’ai pour toi. Et ce n’est pas juste parce que cette fois-là tu t’es interposé entre mon père et moi. C’est parce que toutes ces années, dans ta chambre, tu laissais la lumière allumée la nuit, pour que je n’ai pas peur. C’est parce que tu jouais quand même avec moi quand j’étais encore enfermé dans la cave dans mon esprit, et que je ne te disais pas un mot pendant des heures. C’est parce que tu as amené Pansy dans nos vies, quand tu as vu l’effet qu’elle avait eu sur moi. C’est parce que tu fais toujours attention aux choses qui ont de l’effet sur moi. C’est parce que tu m’as aidé, toutes ces années, en pleine nuit pour que personne ne nous voit, à comprendre ce que les profs racontaient en cours pour que je puisse passer mes examens. C’est parce que tu as toujours été là quand j’ai eu besoin de toi. C’est parce que tu m’as suivi quand je suis parti assassiner l’agresseur de la femme de ma vie, sans poser une seule putain de question. C’est parce que tu as vu le monstre qui est en moi, tu l’as regardé droit dans les yeux, et même lui, même cette putain de partie de moi, même ce monstre, tu l’as aimé. Alors je t’interdis de me regarder dans les yeux et d’oser me dire que je suis en train de me détruire à cause de toi, alors que la seule et unique raison pour laquelle je ne suis pas encore mort aujourd’hui, c’est toi.


Les larmes coulaient à flot sur mes joues, et alors que je me levai du canapé, il m’imita, et il me rejoignit au centre de notre salle commune, et il m’ouvrit ses bras dans lesquels je me réfugiais. Et il ne me lâcha pas. 



J'espère que ce chapitre vous aura plu !! Dites moi vos réactions en commentaire, perso j'ai pleuré pendant que je l'écrivais... <33


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Liv

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