Dollhouse
Soudain, cet instant de douce sérénité s’interrompu alors que je reconnus une chevelure brune pénétrer à l’intérieur de notre salle commune. Une chevelure brune qui n’avait absolument rien à faire ici. Je me redressai du canapé pour m’asseoir plus droit alors que mes amis continuaient de se charrier, mais je n’entendais plus ce qu’ils disaient. Elle portait une robe orange qui était trop grande pour elle, et qui appartenait fort certainement à la rousse qui se tenait à côté d’elle. Discrètement, je sortis ma baguette et la pointai vers elle en prononçant mentalement « legilimens ». C’était ainsi que je découvris que Granger s’était vu donné la mission, accompagnée de la fille Weasley, d’intégrer nos soirées pour recueillir des informations sur nos plans, suspectant que j’étais bel et bien devenu un Mangemort durant l’été. Ils savaient fort bien que ni Potter, ni Weasley n’avait aucune chance d’entrer dans cette salle commune, alors ils avaient envoyé leurs filles. C’en était finit de la décompression. Je me levai du canapé et abandonnai mes amis avant qu’elle ne me trouve du regard. Elle se faisait servir un verre au bar lorsque je surgissais tout prêt derrière elle, mes mains rangées dans les poches de mon pantalon, et chuchotai à son oreille :
- Bonsoir, Granger.
Elle sursauta et se retourna vivement vers moi. Ses yeux dorés trahissaient sa nervosité d’avoir été surprise si vite. Je penchais la tête légèrement sur le côté et lui demandait à voix basse alors que je me tenais toujours aussi près d’elle :
- Que fais une Gryffondor au milieu d’autant de Serpentard ?
Elle avala difficilement sa salive, releva la tête plus haut et tenta de répondre sans laisser sa nervosité transparaître dans son attitude :
- Nous avons été invitées, mentit-elle.
- J’en doute, répliquai-je alors instantanément.
Elle chercha à s’éloigner physiquement de moi mais le bar se tenait derrière elle et j’étais juste devant elle. Il n’y avait pas d’issue à cette confrontation.
- Tu n’as qu’à demander à ton cher ami, cracha-t-elle en regardant dans la direction du Blaise.
Je tournais le visage et le découvrais en la compagnie de la fille Weasley, qu’il draguait ouvertement.
- Si tu ne voulais pas de nous ici tu aurais dû lui faire tenir sa langue, ajouta-t-elle sur un ton qu’elle voulut provoquant.
Je lui adressai un sourire qui n’avait rien d’amical.
- Ce que mon ami souhaite faire à la tienne avec sa langue ne me concerne pas, par contre rien de tout cela ne m’explique ta présence ici, soulignai-je alors.
Elle afficha une moue de dégoût à mes mots et se retourna pour attraper son verre resté sur le bar juste derrière nous. Elle prit le temps d’en boire une gorgée et tenta de ne pas montrer que le liquide qu’il contenait lui avait brûlé sa gorge vierge.
- L’on pourrait penser que tu as des intentions douteuses, ajoutai-je alors en prenant soin d’enfoncer mes yeux argentés dans les siens, me voulant intimidant.
- N’y-a-t-il que les Serpentard qui ont le droit de s’amuser de temps en temps ? demanda-t-elle alors avec un air faussement innocent.
- J’aurais pensé que tu avais tes propres amis avec lesquels t’amuser, répliquai-je instantanément.
- Mes amis étaient fatigués du voyage, mentit-elle à nouveau, et ils ont pensé qu’ils ne seraient pas les bienvenus.
- Ils ont eu raison, confirmai-je gravement.
- Ginny souhaitait venir suite à l’invitation de Zabini, je l’accompagne juste dans la fosse aux serpents, dit-elle finalement. Qui sait, ajouta-t-elle sur un ton cynique, l’on pourrait penser qu’il a des intentions douteuses.
Je l’épiais et laissai un sourire menaçant se dessiner sur mon visage. Je me décalai pour lui laisser libre passage et tendis le bras en direction de mes amis :
- Je t’en prie, l’invitai-je alors, il ne faudrait pas qu’ils restent sans chaperon.
Elle me regarda avec méfiance, mais après tout elle était venue pour se rapprocher de nous et nous soutirer des informations. Ce que je lui offrais là était certainement bien plus que ce qu’elle n’espérait. Alors pendant qu’elle marchait vers nos places et s’assit sur le fauteuil libre à côté de celui de Theo, je pris place sur le canapé où Pansy, Blaise et la fille Weasley se tenaient et envoyait aux esprits de mes amis grâce à mes capacités de legilimens l’image de ce que j’avais découvert dans l’esprit de la Gryffondor. Les yeux de Theodore s’assombrirent, Pansy se redressa et Blaise afficha son plus charmant sourire à la fille Weasley, pensant jusqu’alors qu’elle n’était là que pour son charisme.
- Alors Weasley, dis-je nonchalamment en m’enfonçant dans le canapé d’un air dégagé, en fixant Granger des yeux, on me dit que tu étais intriguée par l’invitation de Zabini.
- Il paraît qu’il faut garder ses adversaires encore plus proches que ses amis, répliqua la rousse avec un ton de défi et un regard faussement chaleureux pour Blaise, et maintenant que je suis moi aussi capitaine de l’équipe de Quidditch des Gryffondor, j’ai pensé qu’il serait intéressant de constater de la compétition.
- Je crois que l’adage dit plutôt que ce sont ses ennemis qu’il faut garder près de soi, la corrigeai-je sans détourner mon regard de Granger.
- Je n’ai pas l’impression que mon ennemie est assez proche de moi, joua alors Blaise en laissant son bras encercler la taille de la fille Weasley, la tirant plus près de lui.
Prise à son propre jeu, la rousse lui adressa un sourire qui masquait à peine son dégoût. Je notai le rictus moqueur qui s’était dessiné sur les lèvres de Theo.
- Moi qui pensais que Potter allait enfin soulever autre chose que la coupe des quatre maisons cette année, lâcha Pansy le plus naturellement du monde.
Theo recracha la gorgée qu’il venait de prendre de son verre, et je ne pus moi-même me retenir de rire. La facilité et le naturel avec lesquels Pansy avait l’habitude de balancer des pépites aussi incroyables que tranchantes était toujours un délice absolu. Blaise se retint de pouffer de rire, mais la lueur dans ses yeux trahissait son amusement. Si elles étaient venues nous espionner, elles allaient récolter ce qu’elles étaient venues semer.
- On dirait que maintenant que je suis capitaine, il ne soulèvera ni l’un, ni l’autre cette fois, ajouta alors Blaise sur le même ton.
Nous riions à gorge déployée lorsque Granger, affichant ostensiblement une moue de dégoût, cracha finalement :
- Vous êtes absolument répugnants.
- Je trouve ça plutôt amusant, répondit la fille Weasley avec un ton de défi à son ami, tout cela montre bien à quel point ils ne sont même pas en compétition avec les Gryffondor, Harry à lui seul constitue une menace suffisante.
- Et malgré tout c’est contre la cuisse de Zabini que tu te frottes, répliqua Pansy.
- Excuse-moi, est-ce que tu craches ton venin sur moi parce que même les mecs qui te sont le plus proches ne veulent pas s’approcher de ton corps squelettique ? lâcha alors Weasley.
- Fait attention aux mots que tu emploies quand tu t’adresses à elle, répondit soudainement un Theo menaçant à la mâchoire visiblement serrée.
Nous nous étions tous tendus lorsqu’il avait prononcé ces paroles. Nous étions tout à fait conscients que la situation pouvait désormais s’aggraver aussi rapidement qu’en un éclair, et autant Granger que Weasley semblèrent le sentir puisqu’aucune d’elle ne prit le risque de rebondir sur ses mots.
- Il se fait tard, finit alors par dire Granger, nous ferions mieux de rentrer Ginny.
- Oh, déjà ? questionna un Blaise qui feignait la déception.
- Vous savez où se trouve la sortie, répondis-je alors à l’intention de Granger.
Elles partirent sans plus de cérémonie, et après avoir envoyé tous les occupants de notre salle commune se coucher, nous débriefions ensemble autour d’un dernier verre.
- Tu penses qu’elles savent ? m’avait demandé une Pansy sincèrement concernée.
- Non, répliquai-je, elles étaient là justement parce qu’elles voulaient savoir. Elles ont des soupçons qu’elles cherchent à confirmer.
Pansy jeta machinalement un regard inquiet à son avant-bras gauche, s’assurant que le sort de maquillage qu’elle lui avait lancé était toujours bien en place. Son bras paraissait vierge.
- L’avantage qu’on a c’est qu’elles et leur petit groupe ne se doutent pas que nous savons ce qu’ils mijotent, dit Blaise à juste titre. C’est un accès direct à Potter qu’elles nous offrent là, ajouta-t-il alors.
- Oui, et c’est aussi les mettre en danger que de les utiliser pour nos recherches, répondis-je à voix basse. Lorsqu’il nous demandera d’où nous tenons nos informations, que pensez-vous qu’il se passera ?
- Ils sont déjà en danger depuis des années, dit alors Pansy.
Aucun de nous ne répondit pendant un instant, jusqu’à ce que Theo se prononce avec un ton grave en évitant nos regards :
- L’une de nos trois misions, c’est de récolter des informations sur l’Ordre. Sur ses membres, et sur ses agissements…
- … L’une de mes trois missions, ne pus-je m’empêcher de lâcher, l’alcool dénouant ma langue et laissant libre cours à ma culpabilité.
- Non, répondit simplement Theo en me regardant droit dans les yeux. Nos missions, reprit-il plus gravement encore. Et se rapprocher de Granger et de la fille Weasley c’est la porte royale vers l’accomplissement de cette mission, ajouta-t-il sérieusement.
Je portai ma main à ma bouche et fixai le sol un instant. Je ne savais pas si c’était l’alcool où la discussion que nous avions avec les implications associées, mais j’avais la nausée.
- C’est prendre un risque que de les laisser s’approcher de nous en ayant connaissance de leurs intentions, répliquai-je alors.
- Le seul risque dont nous devons nous soucier c’est la vie de ta mère entre les mains de Voldemort, enchaîna Theo.
Theo était le seul d’entre nous qui n’avait pas de frissons à la simple idée d’entendre ce nom. Je regardai mon ami. Il donnerait n’importe qui, et il ferait n’importe quoi au monde pour s’assurer que ma mère irait bien, même si cela devait lui coûter son âme.
- Nott a raison, appuya Blaise à voix basse. Et qui sait, ajouta-t-il alors, l’Ordre est en guerre contre Vous-Savez-Qui. Qu’est-ce qui nous dit qu’entre temps ils n’arriveront pas à le neutraliser ?
Aucun d’entre nous ne croyait à ce qu’il venait de dire, pas même Blaise. Mais nous acquiescions à l’unisson, prétendant que c’était effectivement une possibilité.
Je fixai le parquet en chêne sous mes pieds quand les ongles du Seigneur des Ténèbres s’enfoncèrent dans mes joues pour me relever le visage, me forçant à regarder mon père, à genoux devant moi. Ses cheveux blancs étaient sales, des cernes violettes se dessinaient sous ses joues et des larmes remplissaient ses yeux terrifiés. Je sentais mon cœur battre violemment dans ma poitrine. Je n’entendais que les pleurs de ma mère, tenue de force derrière moi par sa propre sœur. J’avais un jour eu une âme à l’intérieur de moi faite d’un seul morceau. Ce jour était révolu. Alors que Voldemort me sommait de torturer mon père, je levai ma baguette d’une main tremblante. La survie de ma mère, et ma propre survie dépendait du fait que je m’exécute.
- FAIS-LE ! hurla le Seigneur des Ténèbres à quelques centimètres de mes oreilles.
Ma baguette tremblait alors que je m’exécutais.
- Endoloris, chuchotai-je alors que des larmes coulaient le long de mes joues.
Les hurlements de mon père raisonnèrent en moi en même temps que ceux de ma mère. C’était alors que je senti mon âme se briser en mille morceaux au plus profond de moi. Les traits du visage de mon père, ces traits dont j’avais pu témoigner pendant tant d’années alors qu’il m’apprenait à voler sur un balai, où alors qu’il m’aidait à apprendre la politique gouvernant notre pays, étaient déformés par la douleur que je lui infligeais. Ma vision se brouillait des larmes qui envahissaient mes yeux. Les ongles du Seigneur étaient toujours enfoncés dans mes joues, et en cet instant je ne distinguai pas la différence entre la sensation de mes larmes que je sentais sur celles-ci et le sang qui coulait sous l’emprise de ses griffes. Au bout d’un moment, mon père n’hurla plus. Aucun son ne sortait plus de son corps. Il ne restait que les hurlements déchirants de ma mère qui était forcée de regarder son fils torturer son mari. Le visage du Seigneur des Ténèbres s’approcha du mien alors que j’avais encore la baguette tendue vers mon père, et sa langue lécha le sang qu’il avait fait dégouliner sur mes joues. C’est la sensation de sa langue sur ma joue qui me réveilla de mon cauchemar alors que je vomissais mes tripes au pied de mon lit. Lorsque j’ouvris les yeux, Theodore s’était levé de son propre lit et était à mon chevet. Je levai le regard vers son visage et découvris ses yeux pleins de larmes et ses sourcils froncés de douleur. De la douleur qu’il ressentait pour moi. Il savait parfaitement quels démons hantaient mes nuits, et il détestait le fait qu’il ne pouvait absolument rien faire contre ces démons-là. La vision de son visage serré par la douleur et des larmes qui commençaient à couler le long de ses joues m’achevèrent, et je m’écroulais dans ses bras alors qu’il me serrait contre lui. Des sanglots me secouèrent et il me serra encore plus fort contre son torse. C’était moi qui lui avais offert mes bras le premier, mais cette fois c’était moi qui sentais qu’il ne pouvait rien m’arriver tant qu’il me tenait contre lui. Il ne me lâcha que lorsque mes sanglots avaient cessé, et lorsque ce fut le cas, ses yeux rougis par les larmes s’enfoncèrent dans les miens, et avec sa voix la plus dure et la plus déterminée, il me promit :
- Je vais le tuer. Je vais le tuer de mes propres mains, chuchota-t-il avec toute la force de son âme, sans magie, sans baguette. Je vais le tuer de mes propres mains quand le moment sera venu, et chacun d’entre nous, ta mère, Pansy, Blaise, toi, et moi, nous serons sains et saufs.
Et en cet instant, je savais qu’il me disait la plus absolue des vérités.
Le lendemain, après notre première journée de cours, nous nous étions retrouvé tous les quatre dans la salle sur demande pour pouvoir discuter librement à l’abri de toute oreille indiscrète.
- Il faut déterminer un plan d’action, on ne peut pas se lancer à l’aveugle sans s’organiser, avais-je alors annoncé alors que nous avions prit place sur des chaises au milieu du bordel incroyable de cette salle.
- J’y ai réfléchis, répliqua Blaise, je pense qu’il faut commencer par trouver des choses sur l’Ordre, c’est la meilleure façon d’avoir des preuves à leur donner pour qu’ils aient confiance en nous et qu’ils nous mettent moins la pression.
- C’est intelligent, oui, confirma Theo. Si nous leur rapportons des choses concrètes et qu’ils sont satisfaits ils seront plus en confiance pour le reste.
- Et par où on commence ? demanda Pansy.
Un grand bruit raisonna dans la salle sur demande, et alors que nous nous étions tous levés en saisissant nos baguettes, le professeur Rogue finit par apparaître devant nous.
- Vous commencerez par Pré-au-Lard, déclara ce dernier. Edgar et Maggie Warren y tiennent un pub, et ils sont suspectés depuis plusieurs années d’être des membres de l’Ordre.
Nous nous étions tous rassit, seul Rogue se tenait debout devant nous, sa cape noire trainant derrière lui. Il n’y avait nulle part où nous pouvions réellement fuir, pas même à Poudlard. Ils étaient partout.
- Soutirez-leur des informations, ajouta-t-il. Ce soir, je m’assurerai que les portes du château restent ouvertes pour que vous puissiez vous y rendre. Faites en sorte que personne ne vous voit.
Il commença à s’en aller sans plus de cérémonie, puis il s’arrêta et nous dit en restant dos à nous :
- Et si par hasard vous aviez un jour besoin de vous déplacer, utilisez les Sombrals.
Autrefois, seul Nott était capable de voir les Sombrals, et jusqu’à peu, il nous décrivait encore à quoi ils ressemblaient pour que nous nous en fassions une image. Désormais, nous étions tous capables de les voir. Sur ce, Rogue disparu aussi vite qu’il était apparu. Blaise soupira :
- Toujours aussi flippant ce type.
- Comment il a su qu’on était là ? Et pourquoi nous a-t-il parlé des Sombrals ? demanda Pansy.
J’haussai les épaules. Il me semblait qu’il y avait bien des choses que nous ignorions sur les réelles motivations du professeur Rogue.
Le soir venu, nous nous étions tous quatre vêtus d’uniformes et de capes noires, et nous étions sortis du château comme nous l’avait indiqué Rogue. Il avait effectivement veillé à ce que les portes restent ouvertes. Avant que nous quittions le château, j’avais entendu Theo chuchoter à Pansy qu’elle n’était pas obligée de venir. Elle lui avait répondu sur le même ton de ne pas dire de bêtises. Lorsque nous étions arrivés devant leur pub, nous observions un instant ce qui dressait sous nos yeux. Il y avait du monde à l’intérieur, pas beaucoup, mais trop de personnes qui risquaient de nous reconnaître si nous entrions, et de se battre contre nous lorsque nous ferions ce que nous avions à faire. Les réserves du bar se tenaient à l’arrière du pub, et une épaisse fenêtre offrait une vue sur l’extérieur, vers laquelle passait très régulièrement Maggie Warren pour ramener diverses boissons. Il nous fallait l’attirer non seulement elle, mais également son mari. Nous échafaudions notre plan et le mettions aussitôt à exécution. Pansy et Theo partirent en direction de la fenêtre de la réserve, se plaçant de sorte à être sûrs d’être vus par la dame lorsqu’elle y viendrait à nouveau. Blaise et moi attendions cachés derrière des arbres à quelques pas.
- Tu crois qu’ils vont enfin laisser libre cours à leurs pulsions ? me chuchota Blaise.
Cela me décrocha un sourire, et bien trop curieux et las d’avoir à attendre, je pénétrais l’esprit de Theo pour suivre ce qu’il se produisait entre eux. J’aurais pu ressentir un peu de culpabilité à cette idée, mais j’avais déjà discuté de mes capacités avec lui cet été lorsque je les avais développées, et il m’avait répondu que cela serait fort pratique pour que j’entre dans son esprit et expérimentes les choses en même temps que lui, de sorte à ce qu’il n’ait pas besoin de me les raconter plus tard. Il rigolait lorsqu’il m’avait dit cela, mais je choisissais d’y croire en cet instant. Nous avions tous besoin des rares moments d’espoir et de joie dont nous disposions, alors je m’en saisissais. Je n’avais plus nécessairement de ma baguette pour entrer dans l’esprit de quiconque, à l’image du Seigneur des Ténèbres. Il s’était trouvé que j’avais des prédispositions innées à la légilimencie, aussi ne sortis-je pas ma baguette pour pénétrer l’esprit de Theo.
Elle était adossée contre la fenêtre de la dame Warren, et me corps se tenait incroyablement proche du sien. Ce corps que la fille Weasley avait osé juger de « squelettique » sans ne rien connaître d’elle. Il avait beau être dissimulé sous notre uniforme noir, moi, il me semblait que son corps était parfait. Les raisons qui l’empêchaient de manger étaient les siennes, et tant qu’elle ne désirait pas me les partager il n’appartenait à personne le droit de le mentionner. Je sentis son regard vert se poser sur moi de façon insistante et en réponse à cela mon sang coula plus rapidement dans mes veines. J’étais incapable de rencontrer ses yeux directement, ils avaient bien trop de pouvoir sur moi. Le genre de pouvoir qui me dépassait totalement, et qui me terrifiait jusqu’au plus profond de mon être. Mais nous avions une mission. Je pris une profonde inspiration et levai les yeux vers sa capuche. J’approchai lentement mes mains de celle-ci et en saisi doucement le tissu, la dégageant de ses cheveux et la laissant retomber dans son dos. J’observai ses clavicules dégagées par sa tenue qui se soulevaient plus rapidement au rythme de sa respiration. Elle se sentait nerveuse. Je me léchai les lèvres en fixant ces os et me senti obligé de lui chuchoter :
- Je suis désolé que l’on ait à faire ça.
Elle avala difficilement sa salive. Elle n’était pas à l’aise. Quelque chose n’allait pas. Dans le silence de la nuit, je pouvais entendre son cœur battre de plus en plus vite. Je détestais d’avoir à faire cela encore plus maintenant que je savais qu’elle n’était pas à l’aise avec cette idée.
- Ce n’est rien, mentit-elle en chuchotant avec une voix douce. Au moins c’est avec toi, ajouta-t-elle à voix si basse que ce fut à peine audible.
Je sentais que mes yeux allaient se lever pour rencontrer les siens lorsque du mouvement vers la fenêtre attira mon regard. La dame Warren était dans la réserve.
- Je suis désolé, répétais-je.
Je saisi ses poignets et les plaqua assez violemment contre la fenêtre pour que cela attire l’attention de la gérante, mais pas trop pour que cela ne lui fasse pas mal. Je plongeais mon visage dans son cou et le couvrais de baisers alors qu’elle commençait à se débattre sous mon contact. Je relâchai un peu l’emprise que j’avais sur ses poignets pour qu’elle puisse démontrer clairement qu’elle n’était pas touchée avec son consentement et m’appliquai à lui donner des baisers doux pour essayer d’apaiser les battements de son cœur qui s’affolaient de plus en plus. Je ne me permis pas le luxe de goûter réellement sa peau et de déguster son goût, je pouvais sentir à travers la totalité de mon corps que ce contact déclenchait en elle quelque chose de mauvais. Quelque chose n’allait pas. A contre-cœur, je continuais quelques instants cette comédie jusqu’à ce que j’entende la dame Warren appeler son mari, qui dieu merci arriva rapidement. Je pus la libérer de mon contact imposé rapidement.
Blaise et moi surgissions de notre cachette alors que les époux Warren sortaient de la réserve pour s’en prendre à Theo. Le mari sorti sa baguette rapidement lorsqu’il nous vit les encercler, et il jeta le premier sort en notre direction. Blaise contra son sort et nous nous approchions en courant alors que la femme Warren sorti également sa propre baguette et envoya un sort en direction de Theo et Pansy, sort que Theo n’eu aucun mal à contrer. Pansy riposta rapidement et la toucha en pleine poitrine. Un cri sourd sorti de sa gorge alors qu’elle tomba à genoux à terre. Un regard inquiet de son mari en sa direction me permit de le neutraliser avec un expelliarmus, et Blaise récupéra sa baguette tandis que Theo se jetait sur lui pour lui attacher les mains dans le dos avec de la corde. Je me chargeais d’attacher celles de sa femme, puis nous les entrainions plus loin à l’abri des regards.
Blaise et Pansy se tenaient derrière les époux Warren, au cas où ils arriveraient à se défaire de leurs cordes et nous attaqueraient. Theo et moi étions debout face à eux, baguettes tendues.
- Nous savons que vous faites parti de l’Ordre, avais-je commencé avec une voix terrifiante. Les choses sont simples, continuai-je, vous répondez à nos questions, et vous pourrez repartir comme s’il ne s’était rien passé ici. Sinon, vous regarderez votre femme subir le sortilège Doloris.
- Nous avons traversé la première Guerre et toutes les horreurs associées, vous croyez vraiment que c’est un groupe de gamins encapuchonnés qui va nous faire peur ? cracha le mari Warren. Même un sortilège d’Imperium ne pourrait pas nous faire parler, nous en sommes protégés en tant que membres de l’Ordre.
Je dégageai la manche gauche de mon uniforme, et montrait ma Marque aux époux dont les visages blêmirent.
- Peut-être devriez-vous avoir peur, leur murmurai-je alors. Donnez-nous des noms, les sommais-je.
Aucun de deux ne répondit à ma question, et tandis que la femme fixait le sol, son mari me regardait droit dans les yeux. Quelques instants plus tard, il chuchota :
- Je suis désolé mon garçon, et sa voix était des plus sincères.
Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine.
- Je n’imagine pas ce qu’il doit vous faire subir pour que vous soyez prêt à faire cela pour quelques noms qu’il a sans doute déjà.
Il n’y avait pas le moindre défi dans le timbre de sa voix. Il était absolument et totalement sincère. Il me sembla difficile d’avaler ma salive alors que je pointai ma baguette vers lui. C’était un homme d’une soixantaine d’années qui portait sur ses traits les traces de la vie qu’il trainait derrière lui. J’entendis mon cœur battre plus vite alors que j’articulai avec une voix plus dure :
- Parlez.
- Je ne peux pas vous donner ce que vous voulez, et vous le savez, déclara-t-il avec peine.
Je tendis une baguette tremblante vers sa femme, prêt à faire à nouveau ce que j’avais passé tout l’été à faire après avoir été forcé de l’exécuter sur mon propre père alors que la baguette de Nott se tendit rapidement sur la femme Warren. Sa baguette à lui ne tremblait pas.
- Endoloris, prononça-t-il alors qu’un cri de douleur sortit de cette pauvre femme.
Pansy ferma les yeux et la mâchoire de Blaise se crispa alors que son mari s’agitait en contestation, mais Theo n’arrêta pas. Nous avions besoin de quelque chose, n’importe quoi. Un nom, ne serait-ce qu’un nom était suffisant pour que ce carnage s’arrête. Theo marqua une pause et la femme de Warren respira péniblement.
- Donnez-nous un nom, le sommai-je à nouveau gravement.
Pitié, parlez, que nous puissions en finir, pensai-je. Que je n’ai pas à entendre cette pauvre femme hurler encore une fois. Mais il nous fallait un nom. Monsieur Warren se mit à pleurer, mais il ne parla pas. Sa femme le supplia, mais aucun nom ne sorti de sa bouche.
- Endoloris, reprit alors Theodore.
Une larme perla sur la joue de Pansy et Blaise lui tendit une main qu’elle saisit. Nos victimes se trouvaient dos à eux, et il n’y avait aucun autre Mangemort ici. Pour la première fois lorsque nous étions forcés de faire ce genre de chose, ils n’étaient pas obligés de rester de marbre. Blaise ne lâcha pas sa main et les yeux de Pansy restèrent fermés. Je regardai Theo, la baguette tendue vers cette vieille femme battante, le visage fermé et sa main ferme qui ne tremblait toujours pas. Il avait prit la responsabilité de faire ce qu’il savait être trop difficile pour moi. Je regardai Pansy et son visage déformé par la force avec laquelle elle essayait de fermer les yeux, et je regardai Blaise qui serrait sa main autant pour se rassurer lui que pour la rassurer elle, s’accrochant à l’humanité qu’il restait en nous. C’était moi qui leur avais fait cela. Theo cessa le sortilège Doloris et dis gravement au mari qui pleurait :
- Je ne crois pas que votre femme va tenir comme ça encore très longtemps.
Et il avait raison. Elle était âgée, et elle était pliée en deux sur le sol après seulement quelques minutes de torture. S’il n’était pas inquiet pour sa propre vie, c’était le moment de l’être pour celle de sa femme. Cette fois-ci, sa femme n’eut pas la force de le supplier.
- Si vous nous donnez un nom signifiant, nous vous ferons cadeau d’un obliviate et vous et votre femme ne garderez aucun souvenir de cette rencontre désagréable, ajoutai-je alors.
Edgar Warren leva les yeux vers Theo, puis vers moi, maintenant persuadé que nous serions capables de tuer sa bien-aimée s’il ne nous donnait pas ce que nous voulions.
- Elphias Doge, murmura-t-il avec ce qu’il me sembla être de la honte, de la honte d’avoir parlé.
- Le conseiller du Magenmagot ? questionnai-je alors.
Edgar acquiesça.
- C’est également un grand ami de Dumbledore. Si vous pensez avoir infiltré le Ministère de la Magie, c’est également le cas de l’Ordre.
Je fis un signe de tête à Theo qui lui signifiait que nous en avions finit ici, et il décampa directement en direction de Pansy autour de laquelle il passa son bras, et celle-ci se réfugia dans le creux de son épaule. Ils commencèrent à s’éloigner en direction du château alors que Blaise leur faisait perdre la mémoire sur ce qu’il venait de se passer, pendant que je les détachais. Nous disparaissions avant qu’ils n’aient le temps de se demander ce qu’ils faisaient dans la forêt en pleine nuit.
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Si c'est le cas, n'hésitez pas à commenter et à voter pour ce chapitre !! <33
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Liv