Dollhouse
Quasiment tout dans cette sixième rentrée à Poudlard était différent des précédentes, mais il existait bel et bien une constante dans ma vie qu’il semblait que même le Seigneur des Ténèbres ne pouvait ébranler, tout du moins pour l’instant : mes amis. Theodore Nott était mon plus vieil ami, je le connaissais depuis que j’étais assez âgé pour avoir des souvenirs. Son père était un Mangemort depuis aussi longtemps que le mien, aussi se rencontraient-ils souvent au manoir, laissant Nott et moi jouer et grandir ensemble pendant toutes ces années avant Poudlard. Je me souvenais de la première fois que je l’avais vu, ce petit garçon mystérieux. J’avais immédiatement remarqué ses grands yeux bleus, et la façon qu’il avait de tout observer autour de lui sans ne jamais rien dire, et sans jamais regarder quiconque dans le blanc des yeux. Je me rappelais m’être dit que c’était un garçon bizarre, au début. J’étais du genre à jouer et explorer tout ce qui trouvait autour de moi, je n’hésitai pas à solliciter mes parents pour partager mes jeux avec eux, j’étais un gosse bruyant et jovial. En y repensant, lui aussi, de son côté, il devait me trouver bien bizarre comme petit garçon aux cheveux blancs et aux yeux argentés, hurlant et courant partout. Et puis nous avions appris à nous connaître, à partir de nos quatre ans. Petit à petit, il avait commencé à jouer avec moi, et puis il avait commencé à me répondre lorsque je lui parlais. Nos pères avaient beau tous deux être des Mangemorts, nos enfances n’avaient cependant rien de comparable.
La mère de Theo avait trouvé la mort en lui donnant naissance, ce que son père ne lui avait jamais pardonné, comme s’il en était responsable. Il s’était soudain retrouvé avec un petit garçon à élever seul, avec une colère en lui qu’il ne parvenait pas à refouler. Au plus grand malheur de Nott, il avait hérité des beaux yeux bleus de sa mère, ce qui horripilait son père. Depuis tout petit, Theo se faisait enfermer dans la cave de leur maison pendant plusieurs jours sans pouvoir en sortir, juste parce qu’il avait osé regarder son père dans les yeux. Aujourd’hui encore, il avait tendance à ne pas regarder les gens dans les yeux, hormis nous, sa famille. Je me rappelais lorsqu’il m’avait dit cela et l’image nette que j’avais à l’époque sous les yeux, gravée dans ma mémoire : Nott pas plus haut que quatre livres d’Histoire de la Magie empilés, assit sur ses fesses avec ses petites jambes croisées, la tête basse et ses cheveux noirs ondulés tombant sur son front pour cacher ses yeux, et sa petite main potelée qui tripotait nerveusement un de mes balais volants pour enfants. J’avais été horrifié par ce qu’il m’avait raconté. Mes parents étaient aimants et ils m’avaient toujours traité comme un véritable prince. Jusqu’à ce que Nott me raconte cela, d’enfant à enfant, je pensais que tous les petits garçons du monde étaient traités comme moi. J’avais alors compris pourquoi tout ce temps il observait tout autour de lui, attendant que ma mère s’énerve contre nous, où que mon père nous enferme dans une cave. Plus tard, il m’avait dit que lui aussi il avait le souvenir de moi courant et hurlant partout dans le manoir gravé dans la mémoire, et surtout, il avait gravé dans son âme la première fois qu’il avait vu la réaction de ma mère face au spectacle que j’offrais : elle avait ri. Pendant un moment Theo était resté sur ses gardes, puis à force de venir, à force de voir que ni moi, ni aucun de mes parents ne lui voulait du mal, il avait fini par comprendre qu’en fait c’était peut-être cela qui était normal. Si nos pères avaient des affaires importantes c’était ma mère qui nous gardait, et il pouvait ainsi passer plusieurs jours et plusieurs nuits d’affilé avec nous.
A l’époque, il m’avait demandé de ne pas dire à qui que ce soit ce que son père lui faisait subir chez eux, et j’avais respecté cela. Mais un jour, alors que nous approchions de nos six ans et de notre entrée à Poudlard, son père s’était énervé contre Theo chez nous parce qu’il avait cassé un vase appartenant à ma famille. J’avais encore l’image claire et nette de son père, qui me paraissait alors géant, s’approchant de Theo et moi à toute vitesse, le visage déformé par la colère. Je savais ce qui allait lui arriver, et je n’avais pu me retenir, alors que lui regardait fixement le sol, je m’étais élancé entre son père et lui et j’avais enlacé Theo de toutes mes forces. Son père s’était arrêté face à cette scène insolite, et ma mère avait compris alors qu’il se passait des choses grave chez les Nott. J’avais refusé de lâcher Theo pour qu’il reparte avec son père pendant près d’une heure durant laquelle je me rappelais sentir les larmes de ce dernier traverser mon t-shirt et rencontrer la peau de mon épaule. Plus je le sentais pleurer, plus je le serrai fort. Ma mère avait fini par s’excuser platement auprès du père de Nott, et lui avait menti en lui disant que j’avais des problèmes d’attachement et de caprices. Son père avait donc laissé Theo passer la nuit chez nous, et était rentré seul chez lui ce soir-là. A partir de ce moment-là, ma mère était devenue notre complice, et nous faisions en sorte que Theo passe autant de temps que possible avec nous, en faisant évidemment attention à ce que son père ne se doute pas que nous savions, nous étions conscients que cela entraînerait des conséquences horribles sur mon ami. Mon père n’était pas explicitement au courant, mais il n’était pas bête pour autant, et au fur et à mesure il avait arrêté de poser des questions pour savoir pourquoi ce garçon était toujours chez nous.
Quelques mois avant notre première année à Poudlard, ma mère s’était fait une nouvelle amie au salon de thé. Elle avait été intriguée par la femme qui était réputée pour avoir un nombre impressionnant de maris qui mourraient mystérieusement. Et cette femme avait un fils du même âge que Theo et moi, Blaise Zabini. Nott et moi étions déjà amis depuis sept ans lorsque Blaise entra dans notre cercle, ce qui fut d’abord difficile pour Theo. Il avait mis beaucoup de temps à se sentir en sécurité chez nous et avec nous, et soudain un élément extérieur venait bouleverser le seul équilibre qu’il avait dans sa vie. Je me rappelais une fois où il m’avait confié, lorsque nous n’étions que tous les deux et peu après notre rencontre avec Blaise, avec ses yeux baissés et sa voix tremblante « j’ai peur que tu trouves que je suis nul à côté de lui ». A cinq ans et demi, sans filtre et sans conception élaborée des relations humaines, j’avais ri à gorge déployée, et je lui avais répondu le plus naturellement du monde « il sera peut-être notre ami, mais toi tu es mon frère ». Ce jour-là, c’était la première fois que j’avais vu ses grands yeux bleus me regarder directement, et s’illuminer d’espoir. Ce que je lui avais dit à ce moment-là avait demeuré vrai. Blaise et Pansy étaient ma famille, et ce depuis des années maintenant. Nous étions proches comme bien peu de gens sont proches de leurs amis. Mais mon âme et celle de Theo étaient liées depuis ce jour où je m’étais interposé entre son père et lui, et où je l’avais serré contre moi pendant une éternité. Cela n’enlevait absolument rien aux relations fusionnelles que j’avais avec Pansy et Blaise, mais ce que j’avais avec Theo était d’un ordre tout autre.
Nott avait donc accepté Blaise, et au fur et à mesure nous nous étions rendu compte que nous l’apprécions sincèrement. Blaise était du genre rigolo déjà à l’époque, il trouvait toujours la prochaine bêtise à faire. Il nous apportait quelque chose de nouveau, comme une bouffée d’air frais. Il avait permis à Theo d’apprendre à être plus téméraire, à s’autoriser à prendre plus de risques. Par sa personnalité entraînante, il avait réussi à mettre Nott en sécurité, et ensemble nous avions commencé à faire les quatre cents coups, puis nous étions entrés à l’école ensemble. Nous avions été aux anges d’être ensemble chez les Serpentard, et nous étions devenus inséparables, puis fort rapidement quelqu’un d’autre était venu bousculer notre équilibre pour la dernière fois. C’était moi qui avais pris la décision de l’intégrer à notre cercle, et je me rappelais exactement le moment où j’avais pris cette décision. Les classes venaient de commencer en première année, et nous étions en rang devant notre salle de cours. Un garçon avait eu le malheur d’essayer d’embêter Pansy, ne sachant pas encore quel genre de fille elle était, il lui avait piquer son sac et avait fait tomber tout ce qu’il contenait sur le sol. Pansy, aussi petite que fine avec ses cheveux noirs encadrant son visage, s’était approchée doucement de lui, avait plongé ses yeux verts dans ceux de Goyle, lui avait chuchoté quelque chose qu’aucun de nous n’avait entendu à l’époque mais qu’elle nous rapporta plus tard (« si tu ne veux pas avoir à te demander à chaque fois que tu vas te goinfrer si ce que tu as dans ton assiette ce n’est pas ton affreux chat, je te conseille de ramasser chacune de mes affaires sur le champ, et de garder tes immondes pattes loin de moi, espèce de gros porc mou et puant »), et le garçon s’était exécuté sans plus de cérémonie avec un visage réellement terrifié. Cela m’avait fait beaucoup rire, et lorsque j’avais tourné la tête vers Theo pour rire avec lui, c’était là que je l’avais vu pour la première fois, la façon dont il regardait Pansy. Le petit Theo de 11 ans avait dans les yeux une lueur d’émerveillement que je n’avais jamais vue dans ses yeux jusqu’alors. Il la regardait comme si elle était la jeune fille la plus magique, la plus incroyable de tout le monde entier. Je n’avais que 11 ans alors, mais lorsque j’avais vu cette lueur dans les yeux de mon ami j’avais su, et j’avais compris que la fille brutale et dangereuse qui se tenait devant nous serait importante pour l’âme de Theo. J’étais déjà conscient de la réputation de ma famille et de mon statut en tant que fils unique Malefoy, aussi étais-je tout à fait conscient que la petite Pansy Parkinson serait certainement emballée à l’idée de faire partie de notre bande, et cela fut le cas.
Je souriais, tiré de mes pensées et ramené dans le présent dans la Grande Salle pour le banquet de rentrée par le regard que Theo posa sur Pansy lorsque celle-ci arriva finalement et prit place face à lui. Il posait sur elle les mêmes yeux émerveillés que cette toute première fois, il y avait six ans de cela. Il ne la regardait jamais directement dans les yeux, comme si elle risquait trop de le blesser s’il s’y autorisait, mais il fallait être aveugle pour ne pas voir l’amour dans les regards qu’il posait toujours sur elle. Il n’était plus le petit garçon qu’il était autrefois, il était devenu un homme grand et fort, mais il avait toujours le même visage à la peau pâle, aux grands yeux bleus et aux cheveux noirs ondulés tombant sur son visage. Il était devenu un bel homme, et bien que de nombreuses filles le courtisait, ce brun mystérieux au regard fuyant, il ne leur avait jamais retourné le moindre intérêt, quand bien même il ne s’était jamais rien passé entre Pansy et lui. Blaise, au contraire, avait tendance à enchaîner les conquêtes, lui savait qu’il était beau, et il en profitait largement. Je soupçonnai que l’exemple de sa mère ne l’encourageait pas vraiment à se consacrer à une seule et même personne. Pour ma part, il m’arrivait de flirter avec quelques filles, et il m’était arrivé d’être intime avec certaines d’entre elles, mais il n’y avait jamais rien eu de sérieux. Quant à Pansy, aucun garçon n’avait réussi à l’approcher d’assez prêt pour pouvoir la toucher lorsque nous étions dans les environs.
- Je propose que l’on donne une soirée de rentrée dans notre salle commune, avait dit Blaise sur un ton entraînant qui ne laissait pas transparaître les personnes que nous étions désormais tous devenus.
Blaise, Theo et Pansy étaient tous les trois devenus des Mangemorts lorsque le Seigneur des Ténèbres m’avait forcé à prendre la place de mon père. Je l’ai déjà dit, mais ils étaient réellement ma famille, et pour eux il n’y avait pas eu matière à réflexion. Ils ne m’avaient pas vraiment demandé mon avis sur la question, je leur avais simplement confié ce qu’il se passait dans ma vie, et ils avaient débarqué au manoir avec des argumentaires aussi faux que terrifiants pour justifier de leur engagement dans ses rangs. Le Seigneur des Ténèbres s’était méfié d’eux, mais il y avait vu une opportunité sans pareille de pénétrer dans les murs de Poudlard, alors il leur avait donné la Marque à eux-aussi. Tout cela et bien d’autres choses atroces s’étaient produites cet été, et désormais nous étions de retour dans notre ancienne école, celle dans laquelle nous n’étions autrefois que des enfants un peu insolents, en tant que Mangemort avec des missions qui nous dépassaient tous largement. La culpabilité qui me rongeait était indescriptible.
- Une soirée de rentrée ? avait demandé une Pansy aussi interdite que moi.
Blaise prit une cuillère importante de soupe à la citrouille avant de nous répondre avec la simplicité naturelle qui lui était caractéristique :
- Je crois qu’on a déjà des vies assez compliquées comme ça, non ? Si on ne s’autorise pas à lâcher la pression et à s’amuser de temps en temps, je ne vois pas comment vous avez l’intention que l’on passe l’année.
Aucun de nous ne lui répondit, aussi continua-t-il sur sa lancée :
- On a beau être ce qu’on est, on reste des adolescents. Nous sommes à Poudlard, dit-il sur un ton plus bas pour que nous soyons les seuls à entendre ces mots, il ne peut rien nous arriver ici. Autant en profiter tant qu’on le peut non ? Qui sait, ça nous aidera peut-être à tenir le coup.
Pansy fut la première à lui répondre, n’ayant guère besoin d’être plus convaincue que cela :
- Je dois reconnaître qu’un bon verre me ferait du bien, déclara-t-elle alors.
Theo acquiesça aux mots de Parkinson, signifiant son accord avec ce qu’elle avait dit. Je soupirai avec un sourire :
- Qui sait, dis-je alors, peut-être que cet idiot de Zabini tient enfin une bonne idée.
Et en essayant de faire comme si nos vies n’étaient pas totalement différentes désormais, nous nous autorisions tous à rire à ces mots.
- J’attends le jour où l’un de vous pourra me donner une seule de mes idées qui s’est avérée être mauvaise, provoqua Blaise.
- La falaise, répliqua Theo sans avoir besoin de réfléchir une seule seconde.
Zabini eu à peine le temps d’ouvrir la bouche pour se défendre que Pansy enchaînât alors :
- Le terrain de Quidditch.
- Je…
- La forêt interdite, ajoutai-je alors en lui coupant la parole.
- Ok ça suffit ! s’exclama-t-il alors nous rigolions tous. Je vous signale, pour ma défense, que nous nous sommes particulièrement éclatés lors de ces trois exemples que vous avez cités ! Pour le reste, je ne peux être tenu pour responsable de la maladresse chronique des uns et des autres, se défendit-il avec un rictus moqueur.
L’histoire de la falaise s’était déroulée entre la première et la deuxième année, lors de l’été. Pansy n’était pas avec nous, mais Blaise, Theo et moi étions partis nous amuser dans les alentours de chez moi avec nos balais. Nous avions survolé des falaises, et Blaise avait eu la brillante idée de nous inciter à nous entraîner à tomber en piquet dans celles-ci, et à se relever au dernier moment. Celui qui se relevait le plus près du sol gagnait la compétition. Evidemment, cela avait mal finit, et compétiteur comme je l’étais, je m’étais retrouvé avec le nez, la nuque, le bras et mes deux jambes fracturées. Cependant, je devais le lui accorder, nous nous étions bien amusés ce jour-là, et depuis, je savais parfaitement effectuer un piquet.
En ce qui concernait le terrain de Quidditch, nous étions en quatrième année, en pleine semaine, et Zabini, s’ennuyant, avait proposé que nous nous rendions le soir sur le terrain de Quidditch pour « changer un peu ». Le soir venu, nous nous étions donc rendu tous les quatre sur le terrain de Quidditch avec nos balais, et Blaise avait apporté de l’alcool qu’il avait réussi à se procurer à Pré-au-Lard. Nous avions bu sous les étoiles, c’était la première fois que nous buvions ainsi, et Zabini avait eu la deuxième idée du siècle : utiliser Pansy comme balle de Quidditch. Nous étions tous ivres et bien trop confiants en nos capacités, alors nous avions tous trouvé que c’était une excellente idée, Pansy la première. Evidemment, ce n’était pas une bonne idée. Au résultat, Pansy avait fini à l’infirmerie avec le coccyx brisé, et Rogue nous avait démonté pour premièrement être sortis de nos dortoirs lors de la nuit, deux être sortis du château en pleine nuit, trois avoir consommé de l’alcool à l’école, quatre avoir joué au Quidditch en pleine nuit, cinq avoir joué au Quidditch avec une balle humaine et six avoir blessé la balle humaine. Inutile de préciser que nous avions été punis pendant une certaine période après cet épisode.
Finalement, la brillante idée de la forêt interdite avait eu lieu l’année passée. Il me semblait réaliser que la chose la plus dangereuse qui soit était Blaise Zabini qui s’ennuyait, en y repensant. Il nous avait mit au défi de nous rendre dans la forêt interdite en pleine nuit, et le premier qui attrapait une créature qui faisait peur, sur une échelle de 0 à 10, à hauteur d’au moins 7, avait gagné. Evidemment, nous avions élaboré la liste des créatures en question en amont. Seulement nous n’avions pas envisagé que nous n’étions peut-être pas les prédateurs les plus redoutables de cette forêt, et nous nous étions faits attrapés par des centaures en colère de trouver deux fils de Mangemorts sur leurs terres. Avant cela, nous avions effectivement beaucoup rigolé. Ensuite, nous avions dû combattre pour nos vies. Nous nous en étions sortis, et je me devais de reconnaître que cela représentait aujourd’hui un de mes souvenirs favoris, mais lorsque le lendemain nous nous étions pointés en cours avec des cernes violettes pour ma part, des feuilles dans les cheveux pour Pansy, et divers bleus et griffures ensanglantées sur nos visages, le professeur Rogue nous avait lancé le regard le plus noir qu’il avait en stock.
- La maladresse des uns et des autres ? s’esclaffa Pansy. C’est toi qui ne m’as pas rattrapée sur le terrain de Quidditch !
- Oui eh ben si tu faisais un peu de sport, peut-être que tu ne serais pas tombée aussi vite, lança Blaise en rigolant.
Pansy le frappa à l’épaule et jura, mais elle riait elle-même. Parkinson était si fine qu’aucun de nous ne prit ces mots au sérieux.
Ce soir-là, Blaise avait fait passer le mot à certaines personnes triées sur le volet que les Serpentard donnaient une soirée dans leur salle commune. Evidemment, les enfants n’étaient pas invités. Nous avions pris l’habitude depuis la quatrième année de nous approprier les lieux, même si nous avions parfois dû nous battre pour ceux-ci, surtout avec les plus âgés que nous. Autant Blaise, Pansy et moi-même étions particulièrement doués avec nos baguettes, autant je n’avais jamais vu qui que ce soit faire le poids face à Theo, avec ou sans baguette. C’était comme s’il pouvait enfin se venger, après toutes ces années à avoir été la victime de son enfoiré de père. Et il n’existait plus personne sur cette terre qui pouvait le clouer au sol. Désormais, lorsque nous disions aux élèves que nous ne souhaitions pas voir que nous réquisitionnions la salle commune, plus personne ne tentait de s’y opposer. Nous avions commencé à boire entre nous en quatrième année, mais nous n’avions prit l’habitude d’organiser des soirées qu’à partir de notre cinquième année. Je n’avais pas imaginé que cette année-ci cette habitude persisterait, mais après tout, pour une fois, peut-être que Blaise avait raison. Sans cela, il ne nous restait plus que tout ce qui nous angoissait.
Notre salle commune était décorée des couleurs de notre maison, mais nous l’avions arrangée à notre goût à nous quatre. Nous avions poussé toutes les tables et les fauteuils et chaises sur le côté, et nous avions disposé un canapé demi-lune en cuir vert en son centre, devant lequel se tenait une table basse en bois face à laquelle se trouvait deux fauteuils verts assortis au canapé. Ces places étaient les nôtres, et tout le monde le savait. Blaise et moi avions déjà prit place sur le canapé et Nott s’était assit sur un des fauteuils face à nous. Nous sirotions déjà notre premier verre depuis un instant quand Pansy nous rejoignit enfin, vêtue d’une longue robe noire satinée soulignant sa peau blanche et ses lèvres qu’elle avait teintées de rouge. La tête baissée, je remarquai tout de même les yeux de Theo se baladant sur elle lorsqu’un vint prendre place sur le canapé avec nous, un très discret sourire de satisfaction dessiné sur ses lèvres.
Sans avoir besoin d’attendre que l’alcool ne lui monte à la tête, Blaise commença à fricoter avec une Serdaigle qui avait été invitée à la soirée. Alors que Pansy s’était levée pour nous ramener une nouvelle tournée derrière le canapé, je discutai avec Theo lorsque je vis ses yeux fixés sur un point derrière moi, n’écoutant plus du tout ce que je lui racontai et ne décrochant pas son regard une seule seconde de ce qu’il fixait. Je me retournai pour découvrir Pansy devant le bar, se faisant accoster par un Serpentard de septième année dont le langage non verbal démontrait clairement son intérêt pour elle. Je me retournai vers Theo qui ne remarqua même pas que j’avais arrêté de parler et que je l’observai. Les muscles de sa mâchoire se contractèrent et devinrent apparents, et alors qu’un sourire se dessinait sur mon visage, Nott se leva de son fauteuil, marcha lentement vers Pansy, se positionna juste derrière elle, à quelques millimètres de sa peau, et croisa ses bras sur sa propre poitrine, le visage porté bas mais ses grands yeux bleus posés fixement sur le fou qui avait cru pouvoir approcher Pansy Parkinson, et un grondement sourd raisonna dans sa poitrine. Pansy était toujours dos à lui lorsque le Serpentard lui fit un petit sourire, s’excusa, et reparti seul de son côté. Parkinson se retourna et leva des yeux excédés vers Theo qui se pencha par-dessus elle pour récupérer nos verres, effleurant sa peau, puis sans dire un mot il se décala sur le côté pour lui ouvrir la marche afin qu’elle vienne nous rejoindre. Nott ne vit pas qu’alors qu’elle marchait devant lui pour revenir s’asseoir sur notre canapé un sourire vint décorer son visage alors qu’elle regardait fixement le sol, les joues rougies.
Une ou deux heures et quelques verres plus tard, alors que Zabini était parti s’éclipser avec sa conquête et qu’il était finalement revenu, nous nous moquions de lui :
- Premier soir à Poudlard et première meuf, y en a qui ne perdent pas les bonnes habitudes, se moqua Pansy.
Blaise fit mine de dépoussiérer sa chemise blanche et lui adressa un sourire des plus charmeurs.
- Que veux-tu, il faut donner au peuple ce qu’il demande.
- C’était quoi son prénom ? demandai-je alors.
Notre ami afficha une moue qui signifiait qu’il n’en avait pas la moindre idée, ce qui encouragea Theo à enchaîner :
- Il va nous refaire une Daphné.
Zabini leva les yeux au ciel alors que nous autres éclations de rire à l’évocation de ce souvenir.
- Ça ne m’est arrivé qu’une seule et unique fois, se défendit-il alors. Aux vues de mes statistiques, c’est plus que raisonnable !
- Bénie soit Daphné, ajouta alors Pansy avec amusement.
- Ça vous a plu hein, avouez-le, de voir une p’tite meuf me mettre une tarte devant tout le monde, provoqua alors Blaise.
- Oh ça mon ami c’est un souvenir qui n’a pas de prix, commenta Theo avec un sourire en coin.
- Il faut bien que l’un de nous se dévoue Nott, tu les excites toutes mais t’en sautes aucune, si t’y réfléchis bien j’te rends service mon frère, répliqua Blaise en lui adressant un clin d’œil.
Nott lança un regard en direction de Pansy et je décidai d’ajouter une couche pour aider mon ami :
- Profite de ton heure de gloire Zabini, le jour où Nott réalisera à quel point elles sont toutes à ses pieds il ne te restera que ta chère Daphné et sa main vive.
Nous riions tous à ces mots, et je profitai du sentiment agréable d’attendrissement que je ressentais en voyant la joie sur le visage de mes amis, et la gêne discrète sur ceux de Pansy et Theo. Ils étaient ma famille. Il n’y avait aucun son comparable à mes oreilles que celui de leurs rires. Soudain, cet instant de douce sérénité s’interrompu alors que je reconnus une chevelure brune pénétrer à l’intérieur de notre salle commune. Une chevelure brune qui n’avait absolument rien à faire ici. Je me redressai du canapé pour m’asseoir plus droit alors que mes amis continuaient de se charrier, mais je n’entendais plus ce qu’ils disaient. Elle portait une robe orange qui était trop grande pour elle, et qui appartenait fort certainement à la rousse qui se tenait à côté d’elle. Discrètement, je sortis ma baguette et la pointai vers elle en prononçant mentalement « legilimens ». C’était ainsi que je découvris que Granger s’était vu donné la mission, accompagnée de la fille Weasley, d’intégrer nos soirées pour recueillir des informations sur nos plans, suspectant que j’étais bel et bien devenu un Mangemort durant l’été. Ils savaient fort bien que ni Potter, ni Weasley n’avait aucune chance d’entrer dans cette salle commune, alors ils avaient envoyé leurs filles. C’en était finit de la décompression. Je me levai du canapé et abandonnai mes amis avant qu’elle ne me trouve du regard. Elle se faisait servir un verre au bar lorsque je surgissais tout prêt derrière elle, mes mains rangées dans les poches de mon pantalon, et chuchotai à son oreille :
- Bonsoir, Granger.
J'espère que ce chapitre vous aura plu et vous aimez la nouvelle ambiance de cette nouvelle dramione !! n'hésitez pas à me partager vos pensées dans les commentaires et à voter pour ce chapitre s'il vous a plu !! <33
Pour des updates sur la fic et pour du contenu dramione, suivez-moi sur instagram ! @livstivrig (compte dédié)
Liv