Les enfants de la guerre
Chapitre huitième :
« Le moment présent a un avantage sur tous les autres : il nous appartient. » - Charles Caleb Colton.
L'hiver était bien installé et Hermione avait décidé de rester à l'appartement pour Noël. Elle se sentait incapable de se retrouver face aux Weasley. Drago avait essayé de la convaincre, espérant ainsi pouvoir souffler. Certains jours, il devait faire un effort colossal pour ne pas laisser ses sentiments exploser, courir vers elle, la prendre dans ses bras et l'embrasser. En quelques semaines, elle était passée de connaissance à obsession il avait senti son cœur s'affoler plus d'une fois en posant ses yeux sur elle. Malheureusement, il s'était vite heurté au caractère tenace de la jeune femme et avait fini par totalement abandonner l'idée de la persuader en voyant son regard noir le fusiller. Sa propre mère ne célébrant aucune fête du calendrier, il n'avait aucune échappatoire et s'était résigné à rester à Leinster Garden pour Noël.
La veille de Noël, alors qu'ils lisaient dans le canapé, Hermione laissa tomber subitement son livre sur ses genoux et s'exclama :
« On pourrait peut-être décorer un peu ?
- Mmm… ?
- Tu sais, mettre une ou deux bougies, une branche de sapin, des guirlandes…
Drago sourit, levant la tête de sa lecture.
- Tu comptes te déguiser en Mère Noël aussi ?
- Ah. Ah. Très drôle Drago. Vraiment hilarant ! Pfff…
- Tu reconnais enfin mon talent d'humoriste ?!
- Tu sais, des fois, tu es aussi crétin que… Que Ronald tiens !
- Comment oses-tu me comparer à une belette ?!, s'indigna-t-il faussement pour cacher le trouble que l'image mentale d'Hermione en mère Noël avait fait naître. Je suis une fouine moi Madame ! Je n'ai rien à voir avec une belette, un peu de respect !
Hermione rit de bon cœur, se rappelant la fois où Barty Croupton Junior, sous les traits de Maugrey Fol Œil, l'avait transformé en fouine. Attendri par son sourire, il la fixa un moment avant de reprendre.
- Sinon, pour en revenir aux décorations, si ça te fait plaisir, ça ne me dérange pas.
Elle afficha un large sourire et enfila son blouson. Drago avisa la météo par la fenêtre avant de se tourner vers Hermione.
- Tu comptes sortir comme ça ? Avec le froid qu'il fait ?
- C'est pas comme si j'avais le choix… Ils n'ont pas jugé utile de me faire toute une garde-robe à Ste Mangouste.
- Prends mon manteau si tu veux. J'ai pas envie que tu tombes malade.
- Ça va aller, t'inquiète pas. »
Elle enfila ses chaussures et partit.
XXXXX
Quelques heures plus tard, elle rentra les bras chargés de sacs d'où dépassaient deux grandes branches de sapin et plusieurs décorations de Noël. Drago l'observait depuis le canapé : elle avait posé les sacs sur la table en sifflotant et déballait avec enthousiasme ses emplettes.
« Un coup de main ?
Elle se tourna vers lui, le regard pétillant.
- Avec plaisir !
Il déposa son roman sur le canapé et se dirigea vers la table. Alors qu'il ouvrait un des sacs, Hermione l'interrompit.
- Non pas celui-là. C'est… C'est pour demain.
Haussant les épaules, il en attrapa un autre. Hermione scruta sa réaction face à son choix de couleurs. Du rouge et du vert, du doré et de l'argenté ornaient chaque décoration. Amusée, elle le taquina gentiment.
- Mince, ne me dis pas que tu aurais préféré du jaune et du bleu ?
- Par Merlin, non !... Yeurk… »
Ils échangèrent un sourire et, sans se concerter, attrapèrent chacun quelque chose : Hermione les branches de sapin, Drago les guirlandes vertes et rouges. Elle installa les branches sur le manteau de la cheminée et il enroula avec soin les guirlandes autour. Elle déposa les bougies argent et or entre les rameaux. Après avoir peaufiné leur presque sapin de Noël, ils reculèrent, admirant leur œuvre.
Drago examina la pièce autour de lui :
« Mmm… Tu ne trouves pas qu'il manque quelque chose ?
- Si… Mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
Ils cherchèrent ce qu'ils avaient bien pu oublier. Soudain, Drago se frappa la paume du poing.
- Je sais ! Par contre, tu vas devoir reculer. Je ne veux pas t'envoyer à Ste Mangouste la veille de Noël ! »
Elle comprit son intention en le voyant saisir sa baguette magique, et recula contre la porte d'entrée. Il s'avança vers l'évier avant de jeter un coup d'œil à Hermione, attendant son approbation. Elle lui fit un léger signe de tête et il se concentra sur le vase en face de lui. Il pointa sa baguette dessus et murmura un « Orchideus ».
Aussitôt, le bouquet d'hellébores disparut pour laisser la place à des branches plus charnues, sur lesquelles apparurent des feuilles ondulées aux pointes piquantes. Et puis, çà et là, de petites baies rouges, typiques du houx, se formèrent.
Hermione le taquina en s'approchant :
« Tu n'as jamais pensé à devenir botaniste ?
Il leva les yeux au ciel et elle lui sourit.
- En tout cas, maintenant, c'est parfait ! »
Elle déboucha une bouteille de cidre et en servit deux tasses. Elle tendit la sienne à Drago qui l'attrapa et ils trinquèrent à leur petite fête improvisée.
Devant un feu crépitant, ils passèrent la soirée à discuter, grignoter quelques sucreries et lire ensemble une histoire sur un magicien gris, un anneau magique et une montagne inaccessible.
Minuit était largement passé quand Hermione décida de rejoindre son lit. Drago en profita et sortit du buffet un paquet de papier kraft, autour duquel était élégamment noué un ruban de satin rouge. Il le disposa entre les bougies et les guirlandes, mais se trouvant subitement ridicule, il se ravisa et rangea le cadeau à sa place.
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L'aube hivernale baignait sa chambre d'une douce roseur quand Hermione se réveilla. Elle s'étira longuement, voulant profiter encore un peu de la tiédeur de sa couette. Elle finit par sauter de son lit et après s'être rapidement habillée, s'empressa de rejoindre la cuisine pour tout préparer. Elle s'émerveilla aussi silencieusement que possible, ne voulant pas réveiller Drago, de la fine couche de neige sur le rebord de la fenêtre. Ouvrant le dernier sac, elle attrapa un rectangle de papier argenté qu'elle plaça joliment au centre des décorations. Elle débarrassa la table et entreprit de préparer gaufres et thé pour le petit déjeuner.
Bientôt, l'odeur alléchante des gaufres parvint jusqu'à la chambre de Drago. Il ouvrit un œil avant de se tourner dans son lit, comptant bien dormir encore un peu. Mais son estomac le tiraillait et il se leva pour se traîner dans le couloir.
Hermione se réjouit de le voir réveillé et, guillerette, ne put attendre plus longtemps :
« Joyeux Noël !
- Mmm…
- Alors, je sais. Je sais. Tu as dit l'autre jour que tu ne fêtais pas Noël. Mais… J'ai pas pu m'en empêcher. Je voulais te remercier de me laisser vivre ici, de m'écouter sans me juger, d'être là aussi quand j'en ai besoin… Bref, d'être qui tu es. Merci pour tout ça. Je te considère déjà comme un ami, et j'espère l'être ou le devenir pour toi aussi. »
Il la dévisagea un moment, sincèrement touché par ses paroles. Une fois encore, son cœur se mit à battre la chamade plus que de raison. Elle lui sourit timidement en pointant la cheminée du doigt. La suivant du regard, il aperçut, au milieu des branches de sapin, le cadeau au papier argenté. Il écarquilla les yeux de surprise et se sentit comme le dernier des imbéciles de ne pas avoir osé laisser le sien. Il attrapa le paquet et, embarrassé, le retourna entre ses mains :
« Je peux l'ouvrir ?
- Evidemment ! C'est pour toi ! »
Comme un enfant, il déchira le papier en petits bouts et reconnut immédiatement le livre : des poésies de William Blake, un de ses auteurs moldus préférés. Il en feuilleta quelques pages, les caressant du bout des doigts. Il referma le livre avant de le poser sur la table et se dirigea vers le buffet. Il revint vers Hermione et lui tendit le cadeau au ruban rouge.
Elle le dénoua délicatement et déplia le papier kraft, dévoilant une superbe étoffe beige. Hermione la fit glisser entre ses doigts, distinguant des fils dorés aux reflets raffinés. Elle la déplia en savourant la somptueuse douceur du cachemire sur sa peau et, ne perdant plus une seconde, s'emmitoufla dedans, ne laissant voir d'elle plus que ses yeux et quelques boucles folles. Une voluptueuse chaleur s'insinua dans tout son corps, lui procurant un immense réconfort.
Drago s'approcha doucement d'Hermione et saisit un pan de son écharpe pour l'attirer contre lui. Leurs prunelles se croisèrent et le monde autour d'eux cessa d'exister. Il se pencha un peu plus vers elle et déposa un tendre baiser sur son front :
« Joyeux Noël Hermione. »
Il aurait pu rester ainsi des siècles durant si sa faim ne s'était pas manifestée aussi bruyamment. Sortis de leur torpeur par les borborygmes pressants de son estomac, ils éclatèrent de rire. Ils se séparèrent et, pendant que Drago servait le thé, Hermione s'attela à la cuisson des gaufres. Ils déjeunèrent ensemble en parlant de tout et de rien, de la neige tombée pendant la nuit et de leurs emplois respectifs. Drago lui annonça qu'il avait demandé à changer d'horaires et que désormais il travaillerait en semaine de 10h à 17h30. Ils continuèrent de discuter en rangeant la table et en faisant la vaisselle, appréciant la simplicité de leurs échanges.
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« Tu veux cuisiner ? Pour le nouvel an ?
- Oui. J'ai jamais cuisiné de ma vie. Les elfes de maison ont toujours tout fait. Je me dis que c'est l'occasion d'essayer.
Elle se raidit en entendant parler des elfes de maison. Elle savait pertinemment que le combat pour la bientraitance des elfes de maison était loin d'être terminé. Mais elle ne releva pas la remarque de Drago, ce n'était ni le lieu, ni le moment.
- Il est vrai que tu sais suivre une recette…
- Hermione Granger qui fait un compliment à un Serpentard, mais le monde va s'ouvrir en deux ! Vite, notez la date dans un calendrier !
Il sourit plus franchement encore face à son air médusé. Elle haussa un sourcil et articula distinctement pour refroidir son enthousiasme.
- Mais ! De potions… La cuisine, c'est pas tout à fait la même chose. Il ne s'agit pas juste de suivre bêtement la recette. Et puis d'abord, tu veux cuisiner quoi ? Monsieur Je-fais-le-malin.
- Mais ce que tu veux, Madame Je-me-suis-levée-du-pied-gauche, rétorqua-t-il en l'imitant.
Partis dans un fou rire, il leur fallut plusieurs minutes pour reprendre leur souffle. Hermione essuya une larme au coin de son œil et essaya de trouver un terrain d'entente.
- Bon, d'accord, je veux bien t'apprendre à cuisiner quelque chose. Mais choisissons un plat simple… Je voudrais pouvoir manger avant le 2 Janvier quand même !
- Haaan… Ça, c'est mesquin ! Même pour toi.
Elle fit comme si elle n'avait rien entendu et poursuivit son idée.
- Que penses-tu d'un poulet rôti avec des pommes de terre au four ?
- C'est toi la cheffe. Et comme dessert ? Des scones ?
- Bonne idée. Ecoute, je dois travailler le 31 pour remplacer une collègue. Je termine à 19h et Waitrose ferme à 21h exceptionnell…
- Parfait ! Je te rejoins en fin de journée. Comme ça, on fait les courses sur place, ce sera plus simple. Après on rentre et tu m'apprends à cuisiner.
- C'est sûr que dit comme ça, tout semble simple.
Elle grimaça en pensant subitement à son collègue et ses réflexions en dessous de la ceinture.
- Tout va bien ?
- Oui, oui. C'est juste que je préfère te prévenir : tu risques de croiser mon collègue Robb.
- Qui ça ?
- Tu sais le brun d'une trentaine d'années.
- Ah oui, vous discutiez ensemble la première fois que je suis venu il me semble.
- Oui c'est ça. Et bien, il est très gentil hein… Mais euh… Comment dire…
Hermione inspira et souffla un grand coup pour contrer sa gêne. Drago la devança.
- Il te plaît ?
Hermione s'empourpra avant de bafouiller.
- Hein ? Quoi ? Mais pas du tout. En fait…
Elle s'entortillait les doigts.
- Ce serait plutôt toi son style…, finit-elle par lâcher non sans une pointe d'appréhension.
Drago ouvrit grand les yeux.
- Aaaah… Je vois. C'est quoi le problème ?
- Il risque de dire des choses, de te draguer… Ne prends pas tout ce qu'il te dit pour une vérité !, avertit-elle, avant d'ajouter pour elle-même. Cet homme est sans filtres !
Elle chassa de son esprit les nombreuses fois où Robb avait pris un malin plaisir à la mettre mal à l'aise.
- Bref, ne sois pas surpris quoi.
- Ne t'inquiète pas, il suffit que je l'évite !
- Ah ! Comme si c'était possible… Murmura-t-elle.
- Quoi ?
- Hein ? Non rien. Je pensais à voix haute. Je vais prendre ma douche.»
Elle se hâta de sortir de la cuisine en direction de la salle de bain. Drago préféra faire comme s'il n'avait rien entendu.
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Hermione consulta sa montre et s'adressa à son collègue.
« Bon, il est 18h30. Robb, je dois te dire quelque chose. Drago vient me chercher ce soir après le boulot. On a des courses à faire pour le réveillon et…
- M'en dis pas plus. Viens avec moi, j'ai tout ce qu'il te faut.
Il agrippa Hermione et la traîna dans le vestiaire où il l'assit de force sur un banc. Elle essayait de trouver le meilleur moyen de formuler ce qu'elle ressentait sans qu'il ne l'interprète de travers ou qu'il se vexe. Ne faisant pas attention à Hermione, Robb ouvrit son casier et en sortit une bougie parfumée qu'il lui donna. Elle l'attrapa sans faire attention et se jeta à l'eau.
- Merci… Bon, il faut vraiment que tu m'écoutes.
Elle eut tout juste le temps de poser la bougie sur le banc à côté d'elle que Robb lui jeta un tube de lubrifiant. Sans même le regarder, elle poursuivit :
- C'est par rapport à la venue de Drago…
Robb l'écoutait à peine, continuant de vider consciencieusement son casier comme s'il avait attendu ce jour. Il lança par-dessus son épaule une paire de menottes avec de la fourrure rose, alors qu'Hermione peinait à trouver ses mots.
- J'ai vraiment besoin que tu sois cool…
Une cravache en cuir dans les mains, Robb se retourna enfin vers elle, un sourire entendu aux lèvres.
- Donc si tu pouv… Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Proféra-t-elle scandalisée en prenant conscience de la nature des objets que son collègue lui avait donnés. Sérieusement Robb ?! Des menottes ? Du lubrifiant ? Et ça là ?! Non mais t'es pas bien !
Elle ouvrit les mains, indignée, en laissant tomber par terre le lubrifiant et les menottes.
- C'est exactement de ce genre de choses dont je veux parler. Je ne veux pas de ça, ou de discours en dessous de la ceinture, ou de réflexions graveleuses !
Robb prit son air le plus innocent possible.
- Ben quoi ? Vous avez le droit de passer du bon temps, toi et Drago !
- Je t'arrête tout de suite, il n'y aura jamais ce genre de bon temps entre Drago et moi. JA-MAIS ! Il est certes gentil, et serviable. Et curieusement empathique… Mais… Enfin… Ce n'est pas du tout dans mes plans et, même si, dans un monde parallèle et par je ne sais quel miracle, c'était dans mes intentions, lui ne s'intéresserait jamais à quelqu'un comme moi !
- Et bien dans ce cas, cet homme ne sait pas ce qu'il perd et c'est un idiot !
- Robb… Par pitié, promets moi de te comporter décemment.
- Bon… D'accord. Mais t'es vraiment pas drôle Hermione. C'est le réveillon quand même ! »
Epuisée par cette conversation, elle se pinça l'arête du nez et retourna dans le magasin. Robb la suivait après s'être dépêché de remettre tout son fourbi dans son casier. Elle aperçut au loin Drago entrer dans la supérette et alla à sa rencontre, son collègue sur les talons.
En la voyant arriver à sa hauteur, Drago la salua d'un large sourire :
« Ta journée s'est bien passée ?
- Euh… Oui merci. Et toi ?
Robb leva les yeux au ciel en toussant exagérément.
- Jamais… Ahemon cul !
Pour toute réponse, Hermione le fusilla du regard. Drago tendit la main vers l'homme.
- Tu dois être Robb j'imagine, enchanté.
- Tout le plaisir est pour moi. Tu es surement le gentil, le serviable, et le curieusement empathique Drago.
Il termina sa phrase d'un clin d'œil appuyé. Fier de son petit effet, il affichait un sourire goguenard en remarquant la teinte rosée des joues de Drago. Sourire qu'il perdit aussitôt en croisant le regard assassin de sa jeune collègue. Hermione se retenait de le frapper et articula derrière ses dents.
- Drago, si tu veux, il y a une machine à café un peu plus loin. Je me change rapidement, je commets un meurtre et j'arrive.
Robb échappa un rire triomphant. Drago refusait de laisser ses sentiments altérer la compréhension de cette situation et profita plutôt, en bon Serpentard, de l'issue proposée.
- Prends ton temps, je vais boire un café.
- Oh, ben c'est parfait ça, c'est ma pause !, nargua Robb. Je voulais justement me faire un café.
- Certainement pas !
Elle était à bout de nerfs. Robb attrapa Drago par les épaules sans qu'elle ne puisse réagir.
- T'inquiète pas, ça va bien se passer. »
Il le guida entre les rayons et, jetant un œil par-dessus son épaule, Robb put lire sur les lèvres d'Hermione : « Tu perds rien pour attendre ! »
Elle ne voulait pas laisser Drago aux griffes de son collègue. Elle se hâta donc de se changer et rejoignit les deux hommes.
« Je suis prête, on y va ? On a pas mal de courses à faire et surtout pas mal de cuisine qui nous attend. Si on ne veut pas manger trop tard, mieux vaut se dépêcher.
- Oh vous allez cuisiner ? C'est quoi le menu ? S'intéressa Robb.
- Poulet rôti, pommes de terre au four et scones, répondit Drago.
- Des pommes de terre ? Vraiment ? Hermione adore les pommes de terre !
Hermione, excédée, lui flanqua un énorme coup de coude dans les côtes. Elle empoigna Drago par la manche et s'éloigna sous les éclats de rire de Robb :
« Passez un bon réveillon les… ''colocataires !'' » Clama-t-il.
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Arrivés au rayon frais, elle se tourna vers Drago encore rouge de honte :
« Je suis vraiment, vraiment désolée pour Robb. Depuis que son ex a rompu, il est invivable.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Il a pas l'air méchant… Il est original ! Et c'est quoi cette histoire avec les pommes de terre ?
- Par pitié Drago, ne me parle pas de ça. » Supplia Hermione dont les joues ne décoloraient pas.
Il n'insista pas et se concentra sur le choix de la volaille à cuisiner.
Après avoir terminé leurs emplettes, ils passèrent en caisse. Profitant qu'Hermione était occupée à sortir de la monnaie, Robb tapota discrètement sur l'épaule de Drago. Celui-ci se retourna surpris de le voir à nouveau.
« Je sais ce qu'elle m'a dit à propos de vous deux, mais j'ai vu la façon dont tu la regardes.
- Quoi ? Non, mais…
- Chut. On m'la fait pas à moi. Tes sentiments pour elle se voient comme le nez au milieu de la figure. Et pour une raison qui m'échappe, il n'y a qu'elle qui semble ne pas les remarquer.
- Je ne la mérite pas. De toute façon, elle ne pourra jamais aimer quelqu'un comme moi.
- Tiens c'est marrant, j'ai entendu quasiment la même phrase i peine vingt minutes. Bref ! Tiens, prends ça. C'est déjà payé, dit-il en glissant une boîte de préservatifs dans la poche de Drago.
- Qu'est-ce que… ?
- Ne fais pas l'innocent. On sait parfaitement ce qui se passe quand deux… disons deux colocataires, passent le réveillon ensemble, sourit Robb en retournant à son travail.
Hermione se retourna vers Drago, le faisant bondir hors de ses pensées.
- C'est parti ? »
La rejoignant, il empoigna les sacs de courses et ils sortirent ensemble du magasin.
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De retour à l'appartement, Drago s'éclipsa dans sa chambre prétextant devoir se changer. Poussé par la curiosité, il sortit la boîte de préservatifs de sa poche. Il la regarda plus en détail et la secoua en essayant de deviner son contenu. Ne reconnaissant ni le bruit ni le nom, il ôta le film plastique autour et l'ouvrit. A l'intérieur, il discerna des petits sachets carrés, ressemblant fortement à ceux de certaines confiseries.
« Bizarre ces bonbons moldus. »
Intrigué, il vida la boîte sur son lit et piocha deux carrés de plastique attachés ensemble. En les manipulant, il sentit quelque chose rouler sous ses doigts. Il aperçut alors, au milieu de ce qu'il croyait être des friandises, un papier minutieusement plié.
« Ah, super, il y a un mode d'emploi ! »
Il saisit les instructions et, en les dépliant, tomba sur des illustrations plus qu'explicites.
« Nom d'une chouette ! C'est pas du tout des bonbons ! »
Choqué mais pas prude, il s'intéressa de près au mode d'emploi. Il était bien fait. Il expliquait en détail comment utiliser un préservatif et surtout pourquoi il fallait en utiliser un. Une pointe d'admiration dans la voix, il ne put retenir un « ingénieux ces moldus ! ».
Les paroles de Robb refirent surface et il prit conscience de ce qu'il entendait par « quand deux colocataires passent le réveillon ensemble ». Rougissant des pieds à la tête, des images et, il dut être honnête avec lui-même, des envies commencèrent à se frayer un chemin dans sa tête. Il sursauta en entendant Hermione frapper à sa porte.
« Drago ?
- Je finis de me changer, j'arrive ! La coupa-t-il en jetant précipitamment les préservatifs sous son lit.
- Ok. »
Il prit quelques secondes, le temps de retrouver ses esprits. Il enfila une tenue plus appropriée pour cuisiner et rejoignit Hermione dans la cuisine.
« Qu'est-ce que je dois faire ? Demanda-t-il comme si de rien n'était.
- Je veux bien que tu coupes les pommes de terre en quartiers, je vais commencer à faire la pâte des scones.
- D'accord.
Pour une fois, il remercia ses années d'apparente froideur et de retenue. Sans ça, il ne donnait pas cher de sa peau. Elle n'avait aucune conscience de son magnétisme ce qui rendait sa résistance des plus difficiles.
Hermione venait de terminer la pâte à scones, la laissant reposer pour lever. Drago la regardait du coin de l'œil discrètement, continuant de couper les pommes de terre. Elle attrapa un parchemin et une plume pour griffonner quelque chose dessus en fronçant les sourcils, signe qu'elle se concentrait. Elle leva les yeux vers lui, mais il avait déjà détourné le regard, se concentrant sur sa tâche.
- Terminé ! Je fais quoi maintenant ?, dit-il en posant le couteau.
- Tu les laves et tu les mets dans un plat à gratin. Ensuite, tu poses le poulet par-dessus. Un peu de beurre, du sel et du poivre. Il faut aussi ajouter un verre d'eau dans le plat, sinon le poulet est trop sec. Et hop ! Au four ! Si tu cherches le plat à gratin, il est dans le placard à droite au-dessus de l'évier.
Drago s'exécuta et récupéra le plat à gratin dans le placard avant de commencer à laver les pommes de terre sous l'eau. Il aperçut Hermione se faufiler derrière lui en direction de la gazinière. Il eut tout juste le temps de mettre sa main sur le coin de la porte laissée ouverte, l'empêchant ainsi de se cogner la tête.
Elle lui sourit.
- Joli réflexe coloc' !
Ce sourire... Il se damnerait volontiers pour ce sourire.
Elle attrapa la plaque de cuisson et le papier sulfurisé. En retournant à la table, elle recouvra la plaque d'une feuille de papier sulfurisé. Elle étalait de la farine dessus quand Drago déposa le plat dans le four.
- Euh… Hermione, tu as un peu de farine dans les cheveux, remarqua-t-il.
Elle montra ses mains recouverte de farine.
- Est-ce que tu peux… ?
- Bouges pas.
Il frotta les cheveux d'Hermione pour tenter d'enlever la farine mais ne fit qu'empirer les choses.
Elle se moqua de lui gentiment en levant les yeux au ciel.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? A part me les emmêler ?
Drago planta son regard dans celui de sa colocataire. Ils accrochèrent leurs yeux et il en profita. Il glissa sa main lentement dans le paquet de farine et en prit une bonne poignée. Avant qu'elle ne puisse l'éviter, il lui jeta en pleine figure en rigolant.
Elle s'essuya le visage et toussota, éjectant un nuage de poudre blanche de sa bouche.
- Alors toi ! Tu perds rien pour attendre !
Il explosa de rire devant son air si sérieux et ne vit pas Hermione saisir le paquet. Elle lui renversa entièrement sur la tête, éclatant de rire à son tour face à l'air incrédule de Drago.
- Ah ! D'accord. Tu le prends comme ça ! C'est la guerre que tu ve…
Hermione ne le laissa pas finir sa phrase qu'elle empoigna le beurre et l'écrasa sur son arrogant minois. Elle prit bien soin de lui étaler sur le visage. Prise d'un fou rire, elle se réfugia de l'autre côté de la table.
Drago tenta d'ôter le beurre de ses yeux. Il secoua ses mains faisant s'écraser un morceau par terre. Il essaya de se recomposer un air furieux en attrapant la brique de lait.
- Ça, la demi-portion, tu vas le payer cher !
Hermione continuait de rire en voyant l'expression sur son visage.
- Ah ! Comme si le lion avait peur du serpent !
Mais elle dut vite admettre qu'il était bien plus rapide qu'elle. Il la rattrapa en quelques enjambées et saisit ses poignets. Un sourire railleur aux lèvres, il versa l'intégralité de la bouteille sur sa tête. Le lait était froid et se mélangeait à la farine dans ses cheveux, formant une espèce de pâte collante. Il la libéra et ils rigolèrent tous les deux de bon cœur.
Elle reprit son souffle.
- Bon, ok, ok… On a qu'à dire égalité !
- Comment ça égalité ?! S'insurgea-t-il. Je t'ai massacrée !
- Pardon ! Tu as vu ta tronche ?!
- La faute à qui ? Et puis d'abord, je suis bien plus fort que toi, alors ça fait un point en plus pour moi !
Elle lui tira la langue avec un air malicieux.
- Ça, c'est uniquement parce que je t'ai laissé faire.
Ils rirent de plus bel en se regardant.
Drago reprit son sérieux en regardant leur état et celui de la cuisine.
- J'espère que tu avais terminé les scones…
Elle mit les mains sur les hanches et prit son air le plus sévère possible.
- Non, puisque j'ai été dérangée par un blondinet impertinent !
Il la regardait tendrement, le cœur au bord des yeux. Simplement heureux de la voir rire ainsi, il ne put s'empêcher de replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
« Tu es foutu mon vieux… »
- Je vais prendre une douche et me changer. Tu peux finir les scones ? La pâte est faite, il ne reste plus qu'à faire des petites boules et les faire cuire. J'ai écrit la recette sur le parchemin, tu n'as qu'à la suivre.
- Pas de problème, je m'en occupe. J'irai à la douche après toi. »
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Tous les deux propres et le repas enfin prêt, ils passèrent à table. Ils discutèrent de la pluie et du beau temps, appréciant définitivement la compagnie l'un de l'autre. En plein milieu du dessert, l'horloge sur le buffet commença à sonner minuit, annonçant la nouvelle année.
Hermione bondit sur ses pieds et attrapa Drago par les mains, le forçant à se lever.
« Drago ! C'est l'heure !
- Qu'est-ce que…
Elle leva un doigt devant son visage.
- Attends…
Le dernier des douze coups résonna dans la cuisine et Hermione enlaça Drago.
- BONNE ANNEEEEEE !
Le souffle coupé, il ne sut pas tout de suite comment réagir. N'écoutant que son cœur marteler sa poitrine, il passa ses bras autour d'Hermione et lui rendit son étreinte. Il plongea son visage dans ses cheveux encore humides et la serra un peu plus contre lui, ne voulant jamais interrompre ce moment.
Il murmura au creux de son oreille avec toute la douceur dont il était capable.
- Bonne année à toi aussi, Hermione…
Bien qu'elle aurait dû y être habituée maintenant, entendre Drago prononcer son prénom lui remplissait le cœur d'une douce chaleur.
Elle se dégagea lentement de ses bras.
- Alors, c'est quoi tes bonnes résolutions pour cette année ?
- Mes quoi ?
- Tu sais, les choses que tu vas promettre de faire mais que tu ne feras pas.
Face à son regard interrogateur, elle s'expliqua :
- C'est un truc de moldus. Pour la nouvelle année, on prend de bonnes résolutions, comme arrêter de fumer ou faire plus de sport. Mais la plupart des gens ne s'y tiennent pas. C'est une espèce de tradition quoi.
- Je comprends, mais personnellement, quand je fais une promesse, je la tiens toujours.
- Choisis bien alors ! Evite les promesses intenables.
- Et toi ? C'est quoi ta bonne résolution ?
- Mmm…
Elle réfléchit un moment avant de répondre.
- Ne plus me laisser détourner de mes objectifs, finit-elle par dire les sourcils froncés. Et toi ?
Il la regarda avec une intensité dans le regard qu'elle ne lui connaissait pas.
« Te guérir quoiqu'il m'en coûte et peu importe le temps que ça prendra… »
- Je ne sais pas… Passer plus de temps avec ma mère. »
Ils se remirent à table et, songeant à leur bonne résolution, terminèrent leur dessert en silence. Ils partirent se coucher mais ni l'un, ni l'autre ne trouvèrent le sommeil. Ils ressassaient la soirée, les gestes, les mots… Bien décidés à tenir leur bonne résolution.
Hermione consultait des publicités sur la location de barque et envisageait sérieusement cette solution pour approcher Azkaban et celle qu'elle avait juré de tuer.
Drago, lui, repassa dans sa tête toutes les informations qu'Hermione lui avait données sur la rune. Il devait comprendre comment elle avait été créée pour trouver le moyen de la défaire.