Les enfants de la guerre

Chapitre 5 : Chapitre cinquième

6062 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/04/2023 11:25

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Bonne suite à toutes et tous,

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Chapitre cinquième :


« Quand on est soi-même en enfer, cela peut soulager de faire des excursions dans l’enfer des autres. » - Irène De Buisseret.



« Ecoute Granger, garde le ton argent, j’en ai pas besoin, rouspéta Drago.

- C’est totalement ridicule ! Se fâcha Hermione. Prends cet argent Drago Malefoy !

- Non, je refuse.

- Tu es un enfant !

- Et bien, raison de plus pour ne pas me confier 40 Gallions, trancha-t-il d’un air mutin.

- Mais quelle tête de mule… » Râla Hermione.

Elle se promit intérieurement que cet argent il l’aurait, d’une façon ou d’une autre et rangea les Gallions dans son portefeuille.

« Sinon… Par rapport au service que je t’ai demandé. Tu es toujours d’accord ?

- Oui, bien sûr, dit-il en retrouvant son sérieux.

- Je pensais y aller samedi. J’ai regardé les horaires de train. En partant le matin à 10h, on peut être rentrés avant 20h le soir. Je peux comprendre si tu changes d’avis, tu auras travaillé toute la nuit…

- Je dormirai dans le train, je t’ai dit que je t’accompagnais, alors ne t’inquiète pas pour ça. » Lui sourit-il.

Ils se mirent d’accord sur les détails et l’itinéraire à suivre. Drago prétexta une visite dans sa famille prochainement pour réserver lui-même les billets de train et ne pas laisser Hermione payer la moindre noise. Face à son entêtement, elle finit par abdiquer, non sans soupirer et protester. Elle réussit tout de même à le convaincre de lui laisser s’occuper des fleurs et du repas.


XXXXX


Le samedi suivant, Hermione partit chez le fleuriste dès l’ouverture prendre trois bouquets de lys blanc. Drago se leva juste après son départ et transplana à Gringotts. Préférant se montrer prévoyant, il changea quelques Gallions en Livres.

Hermione rentra peu de temps après lui et déposa les fleurs dans l’évier.

« Je file me changer et on pourra partir. » Se dirigea-t-elle dans le couloir.

En l’attendant, Drago sortit sa baguette de sa poche et la fit glisser sur sa propre tenue. Sa chemise se boutonna jusqu’au col, sa veste froissée se lissa et ses chaussures ternies redevinrent brillantes.

Hermione revint dans le salon quelques instants après. Elle récupéra les bouquets dans l’évier et se tourna vers Drago :

« Prêt ?

- Oui.

- Allons-y alors. » Dit-elle en consultant sa montre.

Elle attrapa son sac et ils partirent en direction de King’s Cross. Une fois sur place, ils cherchèrent leur quai d’embarquement. En avance sur leur réservation, ils s’assirent en silence. Drago la regardait du coin de l’œil. Elle avait les yeux dans le vide en tenant fermement les lys contre elle. Il voyait ses mains trembler légèrement et compris son angoisse grandissante. Il s’apprêtait à la rassurer quand un sifflement annonça l’arrivée de leur train. Hermione se leva d’un bond et Drago n’eut rien le temps de dire.

Ils montèrent dans un wagon et trouvèrent rapidement leurs places. L’employé resté sur le quai siffla à nouveau et le train se mit en marche. Drago, fatigué par sa nuit de travail, s’endormit à peine vingt minutes après leur départ. Hermione sortit un livre de son sac et fit de son mieux pour ne pas laisser son cerveau vagabonder.

« Exeter St Thomas, 15 minutes d’arrêt. Résonna une voix dans les interphones. Exeter St Thomas. »

Hermione posa une main sur le bras de Drago pour le réveiller. En ouvrant les yeux, il mit quelques secondes à se souvenir où il était et pourquoi. Une fois sortis de la gare, elle lui proposa de manger un morceau avant de rejoindre Godric’s Hollow à pied. Il accepta volontiers le sandwich et le thermos de thé qu’elle avait préparé avant de partir. Elle ne put rien avaler tant sa gorge était nouée.

« Essaye au moins de boire un peu, s’enquit Drago en la voyant pâle comme un linge.

- Plus tard peut-être. Ça va pour le moment. » Le rassura-t-elle.

Evidemment, c’était un mensonge, l’un comme l’autre le savait pertinemment. Il ne releva pas et termina en vitesse son repas. Ils partirent ensuite, dans un silence de plomb.

Il leur fallut trois quart d’heure de marche pour rejoindre Godric’s Hollow. Hermione reconnut le village avec ses maisons à colombages typiques et se dirigea d’un pas lourd vers la dernière demeure de son ami. Drago la suivait, laissant quelques pas les séparer. Il vit Hermione disparaitre dans les allées et attendit devant le portail du cimetière.

Revenant encore plus pâle qu’avant et grelotante, Drago lui proposa sans un mot son bras qu’elle ne refusa pas.


XXXXX


Revenus à St Thomas, ils embarquèrent pour Plymouth. Hermione continuait de trembler malgré le chauffage du wagon. Drago retira son long manteau et la couvrit avec, de peur qu’elle ne tombe malade. Elle n’avait pas le cœur de refuser ce réconfort plus que bienvenu. Ils échangèrent un léger sourire et, durant toute la durée du trajet, se perdirent chacun dans leurs pensées.

Le train s’immobilisa en gare, ils se levèrent de leurs sièges, Drago en tête, et se dirigèrent vers une des portières du wagon. Descendant le premier, il tendit son bras de nouveau à Hermione pour l’aider à marcher, la voyant avancer avec difficulté. Une fois encore, elle accepta sans broncher.

Ils prirent la direction du cimetière de la colline et plus ils approchaient, plus Hermione sentait la peur l’envahir et serra, malgré elle, le bras de Drago. Comme pour Harry, il voulut rester en retrait pour lui permettre de se recueillir. Mais elle était figée sur place, incapable de bouger.

Il la guida alors entre les allées jusqu’à celle réservée à la famille Weasley. Elle déposa un bouquet sur la tombe de Fred et l’autre sur celle de Ginny. Elle entreprit de les nettoyer un peu, enlevant feuilles mortes et bouquets fanés. Des larmes commençaient à couler sur ses joues. Son corps tremblait de plus en plus et, ne tenant plus debout, elle tomba à genoux, éclatant en sanglots.

Drago resta là et attendit. Le soleil se couchait quand il se rapprocha et posa sa main sur son épaule tout doucement :

« Hermione… Tu vas être malade. »

En relevant la tête, elle regarda le soleil commencer à décliner derrière la colline. Le ciel se paraît de couleurs flamboyantes, lui rappelant les cheveux de feu de sa meilleure amie. Elle tourna les yeux vers la main tendue de Drago qu’elle saisit pour se relever.

Après avoir marché un moment, Hermione s’était apaisée et ouvrit la bouche :

« Tu veux… ? Commença-t-elle. Non, rien, c’est stupide.

- Granger… Je te l’ai déjà dit, demande moi ce que tu veux.

- Merci pour aujourd’hui. Je n’y serai pas arrivée seule. » Elle esquissa un mince sourire avant de poursuivre. « Je voudrais t’inviter à boire un chocolat chaud. Mais je peux comprendre que tu ne veuilles pas te balader côté moldu. On va rentrer, c’est mieux.

- Ça me va.

- …

- Pour le chocolat chaud ! A une condition…

- Laquelle ?

- Que tu manges aussi quelque chose. »


XXXXX


Le train venait de partir en direction de Londres, ils étaient plongés dans un livre, assis l’un à côté de l’autre. Du coin de l’œil, il la voyait vaciller de plus en plus. La tête d’Hermione finit par heurter l’épaule de Drago. Elle sursauta et marmonna un « pardon » avant de se redresser sur son siège et de poursuivre sa lecture.

Drago avait posé son ouvrage sur ses genoux et l’observait lutter contre sa léthargie. Il étouffa un rire quand elle posa définitivement sa tête sur son épaule, totalement endormie. Avec douceur, il essaya d’extirper le livre des mains d’Hermione. Elle grogna dans son sommeil au moment où il parvint à lui retirer. Drago la sentit s’agiter contre lui et n’osa plus bouger. En la regardant, il la vit se tortiller et serrer ses bras autour du sien.

Consultant sa montre, il nota qu’il leur restait plus de trois heures de trajet. Résigné, il resta immobile autant qu’il put. Le train entra en gare quand Hermione se réveilla. Elle regarda autour d’elle avant de poser ses yeux sur ses bras qui tenaient toujours celui de Drago. Elle bondit à l’autre bout de son siège, confuse et rouge jusqu’aux oreilles.

« Je me suis endormie, constata-t-elle avec stupeur.

- J’avais remarqué, pouffa-t-il.

- Je suis… Commença-t-elle en tournant son visage vers lui. Olala, Drago ! J’ai bavé sur toi, je suis désolée. »

Elle s’empressa d’essuyer son manteau avec le revers de sa manche. Il la regarda faire et partit dans un fou rire incontrôlable.

« C’est bon, c’est bon, se calma-t-il. Je vais survivre à un peu de bave, Granger ! »

Se levant, ils sortirent du train et quittèrent la gare.


XXXXX


En descendant la rue, ils entrèrent dans le premier café qu’ils trouvèrent. Aussitôt installés près d’une baie vitrée, un serveur se planta devant eux :

« Bonsoir, qu’est-ce que je vous sers ?

- Deux chocolats chauds s’il vous plaît… …Et deux muffins au citron. » Ajouta-t-elle devant le regard insistant de Drago.

Le serveur nota la commande et tourna les talons.

Hermione regardait dehors, la nuit était complètement tombée à présent.

Drago la fixait et se demandait sincèrement comment elle parvenait à faire preuve d’autant de courage au quotidien après tout ce qu’elle avait vécu. Elle sentit son regard et planta ses yeux dans les siens :

« Malefoy ? Tout va bien ?

- Mmh… J’étais perdu dans mes pensées. Comment tu te…

- Et voilà pour vous, l’interrompit le serveur. Deux chocolats chauds et deux muffins citron. Il vous faut autre chose ?

- Ce sera tout, merci, lui répondit Hermione.

- Dans ce cas, bonne dégustation ! Repartit le serveur.

- Tu allais dire quoi ?

- Rien d’important… Finalement, remarqua-t-il en observant autour de lui. Ce n’est pas si différent que côté sorcier. Ça ressemble au salon de thé de Pré-au-lard.

- Oui… Les théières volantes en moins.

- Ça m’arrange ! Un jour, il y en avait une complètement détraquée qui a failli me bruler en renversant son thé sur moi ! » S’insurgea Drago.

Hermione partit dans un fou rire sans le vouloir :

« Aaah ! J’imagine la scène : toi en train de hurler sur cette pauvre théière !

- Quoi ? C’est pas drôle ! Tu imagines ?! »

Hermione ria de plus belle, le cœur léger. La voir rire ainsi, aussi simplement, délestait Drago d’un peu de sa culpabilité et de sa haine envers lui-même :

« Oh ! Par Merlin ! S’arrêta-t-elle net. Tu as vu l’heure ? Tu vas être en retard !

- T’inquiète pas pour ça, j’ai pris ma journée.

- Il ne fallait pas rater le travail juste pour moi.

- En fait, je voulais aussi en profiter pour faire une course.

- Dans ce cas, je vais payer et je rentrerai à l’appartement. Tu pourras y aller comme ça.

- Je peux te raccompagner, ça ne me gêne pas. »

Ils sortirent du café et marchèrent jusqu’à Leinster Garden. Ils montèrent les quatre étages et s’arrêtèrent devant la porte :

« Encore merci pour aujourd’hui. Sincèrement, sourit Hermione.

- Je t’en prie. Ça va aller ?

- Oui, oui. Je vais prendre une douche et me coucher.

- Ok, je te laisse ici alors. Bonne nuit.

- Bonne nuit. »

Drago attendit qu’Hermione soit rentrée pour transplaner.


XXXXX


Parvenant directement devant le cimetière de Godric’s Hollow, il passa le muret de pierre et chercha la tombe d’Harry Potter. Il la trouva, à côté de celle de James et Lily :

« Potter… »

Il sortit sa baguette et enchanta les fleurs qu’Hermione avait déposées un peu plus tôt pour qu’elles ne fanent jamais.

Il s’apprêtait à partir quand il se retourna vers la stèle :

« Je suis désolé… Pour tout. Tu ne méritais pas ça. »

Et il transplana de nouveau, cette fois jusqu’au cimetière de la colline. Il enchanta également les fleurs de Ginny et de Fred.

« C’est moi qui devrait être là, et toi aux côtés d’Hermione. » Se désola-t-il en direction de la tombe de Ginny.

Il resta encore quelques secondes et rentra chez lui, le cœur lourd.


XXXXX


En passant dans le couloir pour rejoindre sa chambre, Drago vit la porte d’Hermione entrouverte. Se demandant si elle dormait déjà, il toqua légèrement. Pas de réponse. Il ouvrit la porte un peu plus et la vit, endormie, une montagne de mouchoirs autour d’elle.

« J’aurais pas dû te laisser seule. » Se fustigea-t-il en se rapprochant d’elle.

Il dégagea une mèche de cheveux encore humide du visage d’Hermione et ramassa tous les mouchoirs qui trainaient. Il éteignit la lumière en sortant et partit se coucher.


XXXXX


« Bonjour, dit Drago en entrant dans la cuisine.

- Salut. Tu as reçu du courrier. » Lui dit Hermione en montrant l’enveloppe sur la table.

Drago attrapa la lettre et reconnut le sceau du département de la justice magique. Il la décacheta :

Monsieur Malefoy,

Nous vous informons par le présent courrier que votre demande CN 23. 47. 98 a été refusée.

Vous pouvez faire appel de cette décision dans un délai légal de deux mois suivant la réception de ce courrier.

Veuillez agréer, Monsieur Male...


« Toujours pareil ! S’énerva-t-il en froissant le papier.

- Tout va bien ?

- T’inquiète pas. C’est juste que… S’arrêta-t-il brusquement.

- Tu peux me parler tu sais. Je veux dire, si tu en as besoin. On n’est pas amis, j’en ai conscience. Mais je sais écouter.

- C’est pas ça. C’est que… Je ne veux pas te blesser.

- Me blesser ? Avec une lettre froissée ? Malefoy, tu es peut-être doué, mais là je crois que tu te surestimes ! Se moqua gentiment Hermione.

- Malefoy… Répéta-t-il. J’imagine qu’on me verra toujours comme un Malefoy. » Lâcha-t-il les dents serrées.

« Je le mérite, je sais bien. Mais ça me bouffe si tu savais ! » Ses yeux s’étaient remplis de larmes.

Si quelqu’un lui avait dit un jour qu’elle verrait Drago Malefoy pleurer devant elle, elle aurait dit à cette personne d’aller se noyer dans le lac noir. Mais elle ne pouvait qu’assister, impuissante, à la tristesse de Drago. Elle s’approcha de lui timidement et posa sa main sur son bras pour le réconforter.

Drago esquissa, à grand-peine, un sourire.

« Parle-moi. Tu te sentiras mieux après, j’en suis sure.

- …

- …

- Ça fait des mois que je fais une demande au département de la justice magique pour changer de nom. Je sais que c’est égoïste ! Je mérite qu’on me déteste rien que pour mon nom… »

Hermione lâcha Drago subitement et recula d’un pas. Il serra le poing autour de la boule de papier, se frappant mentalement pour son incorrigible bêtise.

Elle prit quelques secondes avant de reprendre la parole :

« Je comprends, dit-elle à la grande surprise de Drago. Certains pourraient se dire que c’est trop facile de changer de nom et de faire comme si rien ne s’était passé. Mais je vis avec toi depuis un moment déjà. Et je vois chaque jour à quel point tu n’es pas celui que l’on décrit. Tu as assez d’empathie pour accompagner une ancienne ennemie au cimetière. Tu es assez serviable pour ramasser un tas de mouchoirs encore mouillés. Alors, oui, je comprends. Tu veux que ton nom disparaisse, que la lignée de sang pur faisant la fierté de tes ancêtres disparaissent. Et avec eux, leur délire fanatique. »

Drago s’étouffa dans son sanglot. Elle comprenait. Celle qu’il avait trainée dans la boue tant de fois, celle qui avait été marquée du nom infâme de « sang de bourbe » et avait subie toute ces tortures impardonnables. Elle le comprenait lui, et ne lui en voulait pas.

« Drago… Poursuivit-elle en se promettant de ne plus jamais l’appeler Malefoy. Ne laisse pas ton nom et le passé de ta famille définir qui tu es. Seules tes actions d’aujourd’hui et de demain comptent.

- …

- Mais… Si tu y tiens vraiment, je peux t’aider. Tu as oublié ? Demanda-t-elle face au regard interrogateur de Drago. Je suis douée pour faire des recherches ! »

Malgré lui, il sourit et ne put s’empêcher de penser à quel point il était chanceux que le hasard ait mis Hermione sur sa route.

« Merci. »


XXXXX


Depuis quelques jours, Hermione avait retrouvé un peu de joie de vivre, et, inconsciemment, avait provisoirement laissé de côté Azkaban, Bellatrix, sa peine et sa colère.

« Ça te dit de m’accompagner après le boulot ? Demanda-t-elle à Drago un soir où ils lisaient tous les deux sur le canapé. J’ai des achats à faire et j’avoue qu’une paire de bras supplémentaire ne serait pas de refus.

- Aucun problème. Je passe te prendre en fin de journée.

- Tu vas réussir à venir à Waitrose sans te perdre ? » Se moqua-t-elle.

Drago ria de bon cœur.

« Aller, je file au travail, lança Hermione en mettant ses chaussures. A tout à l’heure.

- A tout à l’heure. »

Hermione prit ses clefs et ferma la porte derrière elle.


XXXXX


Vers 17h, Drago referma son livre et mis son manteau pour rejoindre Hermione.

La fin de journée était certes fraiche mais le ciel dégagé se paraît déjà d’étoiles en ce début Décembre. Profitant de la beauté du crépuscule, il marcha jusqu’au supermarché.

Avec une bonne demi-heure d’avance, il attendit devant l’enseigne. Il aperçut Hermione de dos à travers la vitrine, les cheveux attachés, elle portait le tablier vert de Waitrose. Elle était en train de ranger des légumes dans un bac quand un de ses collègues, un homme brun d’une trentaine d’années, s’approcha d’elle :

« Hey Hermione ! Je crois que ton copain t’attend.

- Mon copain ? Je n’ai pas de copain…

- Le blond super sexy dehors… Vu comment il te regarde, il se passe un truc entre vous, c’est sûr !

- Quel… ? » Dit-elle en se tournant vers la vitrine. En voyant Drago, elle le salua et lui sourit.

« Oh ! Vraiment ? C’est pas ton copain hein ? » Rigola son collègue en lui faisant un clin d’œil malicieux.

Hermione regarda sa montre afficher 17h30 :

« Aller… File ! Je te remplace, c’est mon jour de bonté.

- Hein ? Non, pourquoi ?

- Tututu… File je te dis ! Ne le fais pas attendre… Ou je te le pique ! » Lâcha son collègue. Hermione éclata de rire.

« Et bien je t’en prie, tente ta chance !

- Je l’aurai fait… S’il ne te dévorait pas autant des yeux.

- Quoi ? Qu’est-ce que… ? » Balbutia Hermione en regardant Drago. Il était appuyé contre l’abri à vélo, les mains dans les poches de son long manteau gris. Il la fixait sans cligner une seule fois des yeux. Hermione devint rouge jusqu’aux oreilles.

« N’importe quoi ! C’est mon colocataire si tu veux tout savoir. J’ai des courses à faire et il vient me donner un coup de main, c’est tout.

- Hermione, un homme qui te porte tes courses jusqu’au frigo, peut aussi te porter jusqu’à son lit !

- C’est gentil de t’inquiéter de ma vie sentimentale, Robb. Mais j’ai pas du tout prévu d’avoir une relation, avec qui que ce soit.

- Avec lui, même pour une nuit, c’est où il veut, quand il veut. Même au milieu des pommes de terre ! Lâcha Robb en soulevant deux pommes de terre de façon suggestive.

- Je passe mon tour ! Dit-elle en enlevant son tablier. Mais merci de me faire finir plus tôt… Et bon courage avec les patates ! »

Et elle s’éclipsa pour rejoindre Drago.

« Gningningnin… C’est juste mon colocataire, se moqua Robb en les observant. Tu parles ! »


XXXXX


Drago suivit Hermione jusqu’à un magasin de meubles, à quelques rues de Waitrose.

« De quoi as-tu besoin ? Demanda Drago en entrant avec Hermione dans la boutique.

- Alors, moi, je n’ai besoin de rien… Vu que je ne laisse rien traîner par terre, s’amusa Hermione.

- Pff… C’est malin ça ! Rétorqua-t-il, faussement vexé.

- Aller… Ça va être marrant ! On repassera à mon boulot après pour prendre des bières et un truc à grignoter. Et on va se faire une soirée montage de meubles !

- Si tu l’dis… Répondit-il en levant les yeux au ciel.

- Quelqu’un a craché dans ton thé ce matin ?

- Haaaan… C’était donc toi ? S’offusqua Drago en riant. J’en étais sûr !

- Méfie-toi Drago… Demain je pourrai… glisser des limaces dans ton peignoir ! »


XXXXX


Ils ressortirent du magasin avec tout ce qu’il fallait pour aménager le hall d’entrée. Après être repassés au supermarché, ils rentrèrent à Leinster Garden.

Drago n’avait jamais fait ce genre de choses auparavant. Il observait Hermione déballer les planches du futur meuble à chaussures. Elle déplia la notice et fronça les sourcils :

« Drago, prends la planche A et fixe-la avec les vis B3 à la planche E.

- Mais quelle langue tu parles, Granger ? »

Elle lâcha la notice et le regarda droit dans les yeux :

- Drago ?

- Oui ?

- Tu as le droit de m’appeler par mon prénom tu sais…

- Les mauvaises habitudes ont la peau dure… Hermione.

- Tu vois ! Ce n’était pas si difficile, sourit-elle.

- En effet… Mais ça ne m’explique pas comment on est censé monter ce truc. Dit-il en pointant du doigt les pièces du meuble éparpillées dans le salon.

- Rhaaa… Laisse-moi faire ! Je gère. Tu veux bien m’ouvrir une bière en attendant s’il te plait. »

Drago s’exécuta et rapporta deux bières, il en tendit une à Hermione qui en bu un bon tiers avant de poursuivre l’assemblage du meuble. Une dizaine de minutes plus tard, elle avait terminé.

« Tu vois, c’était pas si compliqué.

- Je crois que c’est hors de mon domaine de compétences.

- C’est une question d’entrainement. Comme pour le Quidditch. Tu n’es pas devenu bon un une journée.

- Non, vu que j’étais naturellement doué, se vanta-t-il.

- Mmh… Et modeste aussi.

- C’est ce qui fait mon charme Hermione. » Murmura-t-il un sourire enjôleur sur les lèvres.

Hermione se cacha derrière la notice du porte-manteau en rougissant.

« Tu veux bien t’occuper du porte-parapluie pendant que je fais celui-là ?

- …

- Il n’a pas besoin d’être monté. Juste déballé et posé.

- Et je le pose où ? Madame-la-décoratrice-d’-intérieur ?

- A côté de la cheminée… Monsieur-je-laisse-traîner-mes-chaussures.

- Ça va me suivre toute ma vie ça ?

- Et comment ! Ria Hermione en terminant sa bière. Bon, où est cette fichue vis F16 ?!

- Juste là. » Drago s’était penché pour ramasser la vis et s’approcha d’Hermione pour la lui donner.

« Merci.

- De rien… Ça va ? S’inquiéta-t-il en la voyant se tenir le front.

- Oui… Enfin, j’ai juste la tête qui tourne un peu.

- Va te reposer si tu veux, je vais finir.

- Non c’est bon. Ça va passer, répondit-elle en fermant les yeux quelques secondes.

- Hermione… Dit-il d’un air sérieux.

- Drago… Répondit-elle en l’imitant.

- Je suis sérieux. Pose-toi dans le canapé et laisse-moi prendre la suite.

- Bon… d’accord. » Se résigna-t-elle.


Drago la regarda s’installer puis attrapa la notice.


« Bon aller… Comme le Quidditch ! » Pensa-t-il pour se donner du courage.


XXXXX


« Finalement, c’était plutôt facile ! Se délecta-t-il avec fierté en regardant son œuvre. Avoue Hermione que … »

Il se tut en voyant Hermione endormie dans le canapé.

« Hermione… ? Souffla-t-il en posant sa main sur l’épaule d’Hermione. Tu serais mieux dans ton lit. »

Elle marmonna quelque chose d’incompréhensible dans son sommeil pour toute réponse.

Drago s’accroupit près d’elle et la détailla un moment.

« Je n’aurai jamais la moitié de ta force et de ton courage… » Songea-t-il.

« J’espère que tu n’en m’en voudras pas pour ça Hermione. » Lui dit-il en passant un bras sous son cou et l’autre sous ses jambes.

Il la souleva délicatement, comme si elle ne pesait rien. Il la porta jusqu’à sa chambre et la déposa en douceur dans son lit pour ne pas la réveiller. Le t-shirt d’Hermione était légèrement relevé, laissant apparaitre le « B » sur sa hanche. Drago le scruta d’abord puis passa ses doigts sur les reliefs de la rune.

Hermione grimaça dans son sommeil.

« Pardon… » Murmura-t-il en la couvrant.

Il sortit de sa chambre, ferma la porte en silence et entra dans la sienne.


XXXXX


« Bonjour, dit Hermione en voyant Drago passer la porte de la cuisine.

- Bonjour… Il est quelle heure ?

- 18h. Tu as encore le temps. Euh… Drago ?

- Mmh ?

- C’est toi qui m’a portée dans mon lit ?

- Oui, qui d’autre veux-tu que ce soit ? Répondit-il en baillant. J’allais pas te laisser dormir dans le canapé. J’ai essayé de te réveiller, mais tu dormais comme Cailleach1. »

Hermione repensa, en dépit de sa volonté, à la phrase de son collègue :

« …un homme qui te porte tes courses jusqu’au frigo, peut aussi te porter jusqu’à son lit… »

« Fichu Robb ! grogna-t-elle.

- De quoi ? Demanda Drago interloqué.

- Non rien…

- …

- J’ai fait du thé, tu en veux ? J’ai aussi pris des muffins. » Dit-elle pour détourner la conversation et ses pensées.

Il allait pour prendre une tasse sur le bord de l’évier lorsqu’un hibou toqua contre la fenêtre. Drago lui ouvrit et le hibou entra. Il déposa une lettre sur la table et ressortit aussitôt.

« C’est pour toi, Lança Drago en lisant le nom d’Hermione sur l’enveloppe.

- Ah…

- Tiens. » Dit-il en la lui donnant.

Hermione la prit et reconnu instantanément l’écriture de Ron.

« Tout va bien ? S’enquit Drago en voyant Hermione pâlir.

- Je sais pas…

- …

- C’est Ron… Et… »

Des larmes perlaient à ses yeux en même temps que les souvenirs refaisaient surface. Hermione sentit une boule d’angoisse envahir sa poitrine, lui coupant le souffle. Elle lâcha la lettre et porta sa main à son cœur. Sa respiration devenait douloureuse et irrégulière, accélérant un peu plus à chaque seconde.

« Hermione ? Accourut Drago. Parle-moi !

- J’arrive plus… à… respirer… Bredouilla-t-elle laborieusement.

- Qu’est-ce que je peux faire ? » Paniqua-t-il.

Hermione perdait complètement le contrôle de sa respiration.

« Douche… Froide… Articula-t-elle au prix d’un effort surhumain.

- Accroche-toi. » Lui dit-il en la soulevant.

Il courut jusqu’à la salle de bain. Il cala Hermione sur sa jambe le temps d’ouvrir le robinet d’eau froide. La reprenant dans ses bras, il sauta dans la baignoire et plongea sous l’eau glacée sans réfléchir une seconde de plus.

Elle semblait incapable de reprendre le dessus.

« Hermione, respire, ça va aller. »

Au bout de longues minutes, sa respiration commença à ralentir. Son corps, lui, tressaillait arbitrairement.

« Chhhhut… Calme-toi… Je te tiens… »

Les yeux fermés, la tête sur la poitrine de Drago, Hermione mit du temps à retrouver son calme. Elle tremblait de tout son être, aussi il la serra un peu plus contre lui :

« Je suis là… Je te lâche pas. »

Il fallut à Hermione encore un long moment avant de pouvoir ouvrir les yeux.

- Merci, chuchota-t-elle à peine audible.

- C’est quand tu veux Hermione. Mais préviens-moi la prochaine fois, que j’ai le temps d’enfiler un maillot de bain ! »

Elle esquissa un maigre sourire malgré l’état second qui suivait toujours ses crises d’angoisse.

« Je préfère te voir avec le sourire, lui confia-t-il en la posant délicatement. Je file me changer, fais-toi couler un bain chaud, si tu veux. »

Hermione s’assit sur le bord de la baignoire. Drago s’apprêtait à quitter la pièce quand elle le retint par la manche en fondant en larmes :

« Drago… J’ai… J’ai fait quelque chose d’impardonnable. »

Il s’accroupit devant elle et essuya une larme avec sa main. Il aurait volontiers repris une douche froide sans hésiter pour la voir sourire à nouveau.

« Drago… J’ai… Déglutit-elle difficilement. J’ai tué Ginny.

- …

- Avec Ginny et Molly, on essayait de stopper Bellatrix, craqua Hermione ne pouvant plus garder tout ça pour elle. On aurait pu réussir, mais Molly a été assommée. Ginny a foncé vers sa mère… Je me suis retrouvée seule contre elle. Et… Et je voulais l’arrêter. Alors j’ai lancé un Diffindo… Je voulais vraiment l’arrêter… Elle a dévié mon sort et… Je voulais juste l’arrêter…

- … Hermione… Souffla Drago.

- C’est moi qui ai tué Ginny. Je pourrai jamais me le pardonner ! Hurla Hermione.

- Hermione…

- …

- Hermione, regarde-moi. » Dit-il en prenant le visage d’Hermione dans ses mains.

Elle leva les yeux vers lui, ses larmes coulèrent de plus belle, sans que rien ne puisse les retenir.

« Ce n’est pas ta faute. C’est Bellatrix qui a tué Ginny, pas toi.

- Si je n’avais pas lancé ce sort…

- Vous seriez peut-être tous mort à l’heure qu’il est. Tu n’as aucune idée de comment les choses auraient pu tourner.

- …

- Tu ne peux pas te haïr pour les actions de quelqu’un d’autre. Et si tu peux être indulgente avec moi, tu peux l’être avec toi. »

Hermione avait posé sa main sur celle de Drago, respirant profondément. Ses mots lui avaient apporté un réconfort qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Elle finit par sécher ses larmes et se releva :

« Il va me falloir du temps pour être indulgente avec moi-même.

- Tu as réussi par je ne sais quel miracle pour moi. A côté, tu es un cas facile, lui sourit-il avec un clin d’œil.

- Merci d’avoir été là… De m’avoir écoutée et consolée. Et je suis désolée pour la douche froide. Il n’y a que ça qui calme mes crises d’angoisse : le froid.

- Tu en as souvent ? Des Crises ?

- Moins ces derniers temps. Généralement, j’en ai après avoir fait des cauchemars. Ou comme là, à cause d’une lettre.

- …

- Il veut venir ici pour discuter. Mais je sais pas si je peux surmonter ça. Affronter son regard, sa tristesse…

- Vous vous aimez tous les deux, il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal. »

Hermione avait écarquillé les yeux.

« Quoi, j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

- En fait… Ron et moi… On ne s’aime pas. Enfin, si. Mais pas comme un couple.

- Ça explique pourquoi tu n’es pas allée chez lui en fuyant Ste Mangouste. »

Avant de poursuivre leur conversation devant un bon feu, ils décidèrent d’enfiler chacun des vêtements secs.


XXXXX


Installés dans le canapé, Hermione lui résuma les lettres de Ron. Leur amour était fraternel et ils avaient mis fin, d’un commun accord, à leur relation qui n’avait jamais vraiment commencée. Ron lui avait parlé d’un médicomage rencontré à Ste Mangouste quand il venait lui déposer un courrier. Il parlait du courage dont il avait dû faire preuve pour l’inviter à boire un café et encore plus pour le présenter à sa famille. Ron lui avait écrit que personne ne la tenait pour responsable de la mort de Ginny. Enfin, Hermione lui parla du contenu de la dernière lettre :

« Dis-moi simplement quand il vient, et je vous laisserai l’appartement. Vous serez sans doute plus à l’aise pour parler.

- En fait… Hésita Hermione. Si ce n’est pas trop te demander, ça m’arrangerait si tu pouvais rester…

- …

- Tu sais… Voir un visage amical…

- Moi je veux bien. Mais tu devrais peut-être lui dire qu’on est colocataires.

- Oui, tu as raison. Je vais lui répondre, et lui expliquer tout ça.

- Très bien, répondit-il en regardant sa montre. Je dois filer. Essaye de te reposer. »

« Depuis quand j’ai un visage amical ? » Pensa-t-il en mettant son manteau.

Malgré lui, savoir que quelqu’un, en dehors de sa mère, ne le détestait pas, apaisait sa rancœur envers lui-même. Et savoir qu’Hermione lui faisait confiance, lui procura un immense sentiment de légèreté qui le suivit toute la nuit.





1Cailleach : Déesse de l’hiver dans les légendes gaéliques. Elle poursuit la déesse de l’été jusqu’à s’endormir d’épuisement.


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