Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat Wimbley

Chapitre 9 : De nos jours

1170 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/05/2023 21:21

De nos jours




Drago se réveille en sursaut, trempé de sueur. Avec des gestes imprécis, il se redresse, allume une chandelle pour chasser l'obscurité autour de lui ; et une fois la pièce éclairée, il doit battre des paupières plusieurs fois pour faire disparaître la vision cauchemardesque du visage de Voldemort et de ses deux pupilles verticales rougeoyant de cruauté. Il essaie tant bien que mal de respirer calmement, de se répéter que la peur qui le submerge n'est qu'un vieux souvenir. Autour de lui, la nuit est profonde, le silence absolu. Il n'y a aucun danger.

Drago se trouve dans une chambre exigüe de la tourelle Est, un étage en-dessous du petit bureau où il écrit à son fils depuis plusieurs semaines. La pièce est froide et humide ; des gouttelettes de condensation descendent le long des murs et la peinture du plafond se décolle un peu partout. Au-dessus de la porte, un vautour empaillé dessine une ombre menaçante ; comme dans le bureau, les tableaux ont été recouverts de draps pour faire taire les reproches incessants des ancêtres qui y résidaient.

Malgré le bruit de sa respiration saccadée, la voix de Voldemort continue de siffler dans les oreilles de Drago : Si c'est le cas, je les détruirai tous jusqu'au dernier, avait-il dit. Quand Burton avait raconté ce court échange à sa mère, le vieil homme était déjà à moitié fou ; et pour eux, il était déjà trop tard, bien trop tard... Car au moment précis où sa mère écoutait Burton soliloquer sur les mauvaises intentions de Voldemort, Drago se trouvait chez Barjow & Burke, en train de manigancer pour introduire des Mangemorts dans l'enceinte de Poudlard – un acte qu'il regretterait pour le reste de son existence.

Quand Drago repense à cette sombre période de sa vie, il ne peut s'empêcher de frissonner. Il doit se lever et se planter devant le miroir pour se convaincre que non, il n'a plus seize ans depuis longtemps, et qu'il n'aura plus jamais à affronter le regard malfaisant de Lord Voldemort.

Au moment même où il parvient à se calmer légèrement, un bruit sec et répété le fait sursauter de nouveau. Il met quelques instants à comprendre que ce n'est pas seulement son cauchemar qui l'a réveillé : quelque chose est en train de frapper contre le carreau.

Il s'en approche, le cœur battant, et découvre une petite chevêchette brune perchée sur le rebord de la fenêtre. Drago la reconnaît immédiatement : c'est celle qui lui a amené la lettre d'Andromeda, quelques jours plus tôt. Accrochés à sa patte, Drago trouve une enveloppe parcheminée recouverte d'une fine pellicule de neige et un sac en tissu dont le contenu tinte avec un joli bruit cristallin.

Intrigué, il détache l'ensemble de la patte de la chouette, qui semble épuisée et dépitée d'avoir été envoyée une nouvelle fois dans cette demeure aussi délabrée. Avec un sifflement courroucé, elle époussète ses ailes et disperse des flocons de neige un peu partout sur le tapis. Sans y accorder la moindre importance, Drago extirpe de l'enveloppe humide un parchemin couvert de l'écriture délicate, régulière et soignée de sa tante Andromeda.

 

 

Cher Drago,

 

Voici un deuxième colis qui te sera probablement plus utile que le premier. J'espère simplement que tu ne m'en voudras pas quand tu sauras de quelle manière je l'ai obtenu.

Teddy est venu me rendre visite hier, et – pardonne-moi – bien que tu m'aies demandé de garder tout cela secret, je n'ai pas pu m'empêcher de lui parler de ton projet. Cela dit, malgré la promesse que j'ai trahie, je pense avoir eu raison de le faire : tout comme moi, Teddy a éprouvé un vif intérêt pour ce que tu prépares, et en a profité pour me révéler quelque chose que, jusqu'à présent, il avait gardé pour lui.

Ce qui se trouve dans le sac que je t'envoie, Teddy l'a découvert le jour de sa majorité, dissimulé dans le coffre de Gringott's que son père avait fait ouvrir à son nom. Je pense que ce cher Remus a voulu s'assurer que son fils garde quelques souvenirs de lui, au cas où il disparaîtrait pendant la guerre. Bien sûr, je me désole que cette éventualité soit devenue réalité, mais je ne peux que me réjouir de l'anticipation dont il a fait preuve. J'aurais aimé que ma petite Nymphadora fasse de même, elle aussi. J'imagine que Remus le lui a proposé, mais qu'elle s'est contentée de lui rire au nez avec légèreté...

Enfin ! Je m'égare. Teddy était très ému de me révéler tout cela. Il m'a raconté ce qu'il avait appris grâce à ce merveilleux cadeau et je suis certaine que tu y trouveras ton compte, toi aussi. Ne te sens pas gêné de t'y plonger, c'est lui qui a insisté pour que je te les envoie. Il m'a promis qu'il ne dirait rien à Scorpius, ni à personne d'autre : en échange, nous te faisons tous les deux confiance pour prendre soin de tout ceci.

 

À bientôt,

Andromeda

 

P.S. : aux dernières nouvelles, Scorpius et Albus se trouvent quelque part en Asie centrale. Albus ne donne pas beaucoup de nouvelles mais leur voyage semble passionnant. Je ne manquerai pas de te tenir au courant de leur progression.

 

Drago replie le parchemin et reporte son attention sur le sac en tissu, de plus en plus intrigué. En y regardant mieux, le contenu brille d'une mystérieuse lueur argentée...

Avec d'infinies précautions, il prend le sac et le pose sur son lit. Il desserre la ficelle du bout des doigts, en écarte délicatement les bords...

Le contenu du sac se déverse sur les draps et éclaire le visage de Drago d'une douce lueur. Ce sont des petites fioles en cristal, datées et étiquetées, qui renferment la même substance argentée, ni liquide, ni gazeuse. Drago les fait doucement rouler sur le drap pour lire les étiquettes : Rencontre de Sirius et James, Sirius quitte sa maison, Création de l'Ordre du Phénix...

Drago sent son cœur se serrer de reconnaissance : ces fioles contiennent chacune un véritable trésor. Il les étale sur son lit et en trouve rapidement plusieurs datées de la période qu'il est précisément en train de raconter, de ces quelques mois où le monde magique a basculé dans le chaos. Il s'empare donc de l'une d'entre elles et l'approche de la flamme vacillante de la chandelle.

L'étiquette est détrempée par la neige, mais en plissant les yeux, Drago parvient tout de même à déchiffrer ces deux mots :

 

Les Animagi

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