Promesse de sang

Harry fronça les sourcils. Il pouvait comprendre leur inquiétude et il s'en voulait de les avoir laissés en arrière. Il était prêt à tout leur dire, honnêtement, et à s'excuser encore et encore. Cependant, il était agacé que ses amis ne comprennent pas qu'il n'avait pas donné signe de vie pour ne pas être repéré, pour ne pas s'exposer et pour ne pas mettre Drago davantage en danger.

— Je ne pouvais pas vraiment envoyer de message sans risquer d'être découvert ! Nous sommes restés isolés ici depuis notre départ de Poudlard. Nous n'avions pas vraiment d'autre choix !

Hermione renifla, en le fixant d'un regard presque méprisant.

— Tu aurais au moins pu prévenir Dumbledore de…

Harry l'interrompit, laissant la rage l'engloutir.

— Dumbledore ne vaut pas mieux que Voldemort. Il exigeait de moi… il avait prévu ma mort et il voulait livrer Drago à Voldemort ! Bon sang, tu dois être au courant de ce qu'il a fait, non ?

Hermione croisa les bras sur sa poitrine, semblant prête à défendre l'ancien directeur de Poudlard, bec et ongles. Ron fusillait Drago du regard, n'écoutant visiblement pas les explications de son ami et ne se préoccupant pas de Dumbledore.

Ginny intervint, d'une voix larmoyante tout en le fusillant du regard.

— Tu es… avec lui ?

La question fit sursauter Harry et il tourna la tête vers Drago, qui affichait un rictus légèrement moqueur. Il soupira en roulant des yeux, sans pouvoir empêcher son regard de s'attendrir en le dévisageant.

— De toute évidence.

Harry ignora les regards accusateurs de ses amis pour se réinstaller dans le sofa, leur tournant résolument le dos. Il était arrivé au bout de sa patience et il était certain de ne pas pouvoir continuer ce genre d'interrogatoire sans perdre patience et sans dire des paroles qu'il risquerait de regretter éternellement. Drago hésitait, son regard naviguant entre les trois Gryffondor hostiles et un Harry boudeur. En temps normal, il aurait adoré jeter de l'huile sur le feu et observer le carnage… Cependant, il ne voulait pas blesser Harry.

En voyant Weasley arriver face à eux au pas de charge, le teint écarlate et les poings serrés, Drago regretta sa retenue. Le rouquin fulminait et il rugit presque, hurlant sur Harry sans se préoccuper du Serpentard à ses côtés.

— Tu pourrais répondre correctement à ma sœur, espèce de lâche.

Drago grogna et ne put se taire plus longtemps, surtout en sentant Harry se crisper.

— Pourquoi, la belette, ça te pose problème ?

Harry tira Drago vers lui, le faisant presque atterrir sur ses genoux. Avec un regard de défi, le Serpentard se colla contre Harry, passant une main dans son dos sous son tee-shirt pour caresser sa peau brûlante. Fermant à demi les yeux, il laissa Harry se débrouiller avec ses amis, jouant avec ses doigts de sa main libre, provocateur, s'amusant des légers frissons qu'il percevait à chaque fois qu'il bougeait.

Ron plissa les yeux, prêt à exploser. Pourtant, ce fut Hermione qui craqua en premier, déversant une pluie de reproches sur Harry, de son départ de Poudlard à sa supposée trahison envers Dumbledore.

La jeune fille avait toujours admiré le directeur de Poudlard et elle semblait déterminée à le défendre. N'ayant pour informations que les articles de la Gazette, elle protestait énergiquement contre un tel acharnement sur le sorcier qui s'était battu si longtemps contre Voldemort, refusant de croire que la Gazette ait pu dire la vérité pour une fois.

Harry ne l'écoutait même plus, son regard passant sur ses amis. Hermione, perdue dans sa diatribe passionnée. Ron, rouge et plein de colère, mais avec une pointe de curiosité dans ses yeux bleus. Ginny, boudeuse et vexée, bras croisés, attendant en silence dans son coin.

Il soupira et grogna, suffisamment fort pour interrompre Hermione.

— Donc. Vous débarquez ici, dans MA maison, pour me hurler dessus, sans même savoir ce qui se passe exactement et sans me laisser une chance de vous expliquer ?

Ron sembla brusquement honteux — il se souvenait probablement du désastre pendant le tournoi des trois sorciers — tandis que Hermione eut l'air prête à exploser d'indignation. Avant qu'elle ne puisse protester, il appela Kreattur, qui apparut presque immédiatement, comme s'il avait attendu l'appel du jeune homme.

— Raccompagne-les à la porte, tu veux ? Ils ont terminé.

Les Gryffondor avaient été trop surpris pour protester, se laissant reconduire à la porte sans éclat de voix.

Drago avait jeté un bref coup d'œil à Harry et avait soupiré en le voyant afficher une expression de colère butée, ses yeux verts devenus dangereusement sombres alors qu'il ruminait.

— Ne sois pas stupide. Tu devais bien te douter que ça serait compliqué. La dernière fois qu'ils t'ont vu, on se battait. Et ils débarquent ici pour nous trouver en train de nous embrasser.

Continuant de frotter le dos de Harry, il reprit doucement.

— Tu vas le regretter. De les avoir repoussés.

Harry pinça les lèvres.

— Probablement. Je n'ai pas envie de batailler, de devoir me justifier. Est-ce que ça sera toujours comme ça ? Est-ce que je devrais justifier encore et encore ce que Dumbledore a fait ? Je pensais qu'ils… qu'ils attendraient au moins une explication avant de hurler.

Drago grogna, agacé.

— Je n'y crois pas… devoir défendre la belette et miss je-sais-tout… Leur réaction a peut-être été exagérée par le choc ? Ils ont peut-être besoin d'un peu de temps pour y réfléchir ?

Harry eut un sourire pincé.

— Sans blague… Ils savent où je suis s'ils veulent s'excuser. Dès que Kingsley me dit que tout est réglé pour Rogue et que plus personne n'a l'intention de t'accuser de quoi que ce soit, on part en voyage. Où tu veux.

Drago le fixa un instant, les yeux plissés.

— Tu essaies de me distraire ?

Harry ricana.

— Ça fonctionne ?

Ils se défièrent du regard un instant, et un frisson d'excitation parcourut la colonne vertébrale de Harry. Il ne pourrait jamais se lasser de leurs affrontements, de ce regard plein de défi alors qu'ils attendaient que l'autre cède.

Une lueur de malice passa dans le regard gris et Drago se pencha légèrement vers Harry, avec un petit sourire. Presque nez à nez, il finit par murmurer.

- Ok.

Harry cligna des yeux, louchant presque pour regarder Drago, oubliant quelle était la question. Il lui fallut quelques instants pour se reprendre et s'écarter, résistant à la tentation d'embrasser Drago — il ne savait pas vraiment s'il se lasserait un jour de l'embrasser à la moindre occasion — puis Harry reprit son souffle et il fronça les sourcils.

— OK quoi ?

Drago ricana et Harry leva les yeux au ciel, conscient qu'il était fichu.

— OK, je te suis pour ton idée de voyage. Où tu veux. Autant de temps que tu veux.