Promesse de sang

Chapitre 78

1230 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/12/2022 21:26


Drago fixa longuement Harry, alors que ce dernier évitait soigneusement son regard sans pour autant s’écarter de lui et il soupira avant de le serrer contre lui.

— Arrête de te poser des questions, Harry. On fera juste face et on verra bien où ça nous conduira.


Harry lui lança un regard moqueur malgré ses joues légèrement rouges avant de se nicher contre lui avec un soupir.

— Je croyais que c’étaient les Gryffondor qui ne prévoyaient rien ? Que les Serpentard étaient organisés et aimaient tout planifier ?


Drago renifla.

— Disons qu’on planifiera le moment venu. 



Ils se chamaillèrent quelques instants, retrouvant un peu d’insouciance, puis Harry se laissa tomber sur le lit à côté de Drago avec un grognement agacé.

— J’ai l’impression d’avoir un million d’années de sommeil en retard ! Je suis épuisé en permanence.


Drago sursauta et le fixa longuement, un mauvais pressentiment lui serrant douloureusement la poitrine.

— Depuis quand ?


Harry plissa le nez avant de faire un vague signe de la main.

— Aucune idée. Je veux dire, je suis fatigué depuis un moment, puisque les cauchemars et les insomnies m’empêchaient de faire des nuits correctes. Mais depuis… 


Harry marqua une pause, les sourcils froncés, comme s’il réfléchissait, puis il reprit, lentement.

— Depuis la promesse de sang, je dors mieux. Vraiment mieux. 


*


Drago se tendit et se pencha au-dessus de lui, soulevant ses cheveux pour exposer les vestiges de sa cicatrice. Il en retraça la forme du bout des doigts doucement, effleurant à peine la peau. Il murmura.

— Et depuis qu’elle n’est plus là ?

Harry haussa les épaules immédiatement et s’empressa de répondre comme pour rassurer son compagnon.

— Ça ne fait pas assez longtemps pour pouvoir déterminer si quelque chose a changé… 


Il s’interrompit face au regard noir de Drago et il leva les yeux au ciel.

- Ok. J’ai l’impression… qu’il y a un vide. Un peu comme lorsqu’il y a un bruit de fond permanent, tu ne l’entends pas, tu vois ? Il est là, mais tu es habitué, alors ce n’est pas gênant. Mais quand ce bruit disparaît, le silence semble… assourdissant.


Drago expira lentement, en hochant la tête.

— Je suis à la fois horrifié que tu aies dû subir tout ça, toutes ces années, seul, mais je ne peux pas m’empêcher de t’admirer pour… être resté sain d’esprit. Enfin… relativement sain d’esprit.


Harry ricana, joueur.

— Tu n’as pas toujours dit ça, Malefoy. 


Le Serpentard roula des yeux, essayant d’oublier à quel point il avait été un idiot autrefois. Par contre, il ne réussit pas à faire taire son inquiétude et il décida de surveiller de près Harry. 


*


Après cette conversation, Drago obligea Harry à se reposer un maximum, sans pour autant vouloir lui montrer à quel point il était soucieux au sujet de sa fatigue. Son inquiétude était renforcée par le peu d’efforts que Harry fit pour échapper à ces siestes forcées au cours des jours suivants. 


Cependant, Harry était une tête de mule bornée et il continuait de prétexter que tout allait bien. Il était juste fatigué, rien d’exceptionnel.


Drago n’insista pas, mais il attendait la visite de Rogue avec impatience, décidé à lui en parler même s’il devait se disputer avec Harry à ce sujet. Il avait désespérément besoin d’un avis extérieur, de l’avis d’un adulte compétent. Même s’il se méfiait toujours de lui, Rogue avait des notions de médicomagie et il pourrait s’assurer que rien de grave n’arrivait à Harry.


Le jeune homme tentait de se rassurer comme il le pouvait. Harry Potter était un survivant. Il était connu pour défier les probabilités, pour se sortir des situations les plus épineuses.

Harry Potter avait vécu la plus grande partie de sa vie avec un morceau d’âme de Voldemort dans son esprit. Malgré tout, il était resté un insupportable Gryffondor courageux et plein de bons sentiments. Malgré ce fragment de ténèbres, il lui avait tendu la main, il l’avait aidé. Il l’avait sauvé.


Toutes ces pensées censées le rassurer ne faisaient qu’augmenter son inquiétude. Harry avait frôlé tant de fois la catastrophe, que Drago se disait qu’un jour ou l’autre sa chance insolente finirait par l’abandonner.


Au bout de deux jours à ruminer, les nerfs à vif, Drago était prêt à appeler Kreattur pour que le foutu elfe aille chercher Rogue pour le lui amener immédiatement. Malgré le temps que Harry passait à dormir et à somnoler — sans même se plaindre ! — il avait des cernes violacés sous les yeux et il peinait de plus en plus à se concentrer. Il finissait rapidement les yeux dans le vague dès qu’il était éveillé et il s’endormait comme une masse à peine allongé. 


Drago ne s’était jamais préoccupé de quelqu’un à ce point et il avait l’impression de devenir fou. Il se sentait impuissant, cherchant désespérément quelque chose pour aider Harry.


Heureusement, Rogue débarqua enfin, aussi sombre qu’à son habitude. En le voyant dévisager Harry avec les sourcils froncés, Drago sut qu’il avait noté le problème et il se détendit légèrement — juste un peu. Peut-être que les choses iraient bien, finalement.


* *


En recevant une pile de parchemins quelques heures seulement après avoir parlé aux deux adolescents en fuite, Severus avait froncé les sourcils, n’étant pas certain de ce qu’il tenait entre les mains.


Malheureusement pour lui, Dumbledore avait accaparé son attention et il avait caché les documents dans ses appartements, devant les laisser de côté pour répondre aux ordres du directeur. 

Sans surprise, ce dernier était sur les dents, à la recherche de son petit survivant fugueur, et bien décidé à le ramener au bercail par la peau du cou… et à écarter Drago Malefoy de l’équation en guise de représailles.


Severus avait tenu son rôle, grognant après Potter et tentant de rappeler à Dumbledore qu’il était lié par un serment inviolable à Narcissa Malefoy, l’obligeant à garder le jeune Serpentard en sécurité. Sans la moindre hésitation, Dumbledore avait écarté ses inquiétudes d’un bref geste rageur, lui assurant qu’ils trouveraient une solution le moment venu. Ce que Severus n’avait pas eu de mal à interpréter : ramener Potter était plus important qu’un espion. Il était donc devenu un des dommages collatéraux sacrifiables de cette guerre et son temps était compté.


À une époque, Severus en aurait voulu à Potter, en pensant que son égoïsme poussait Dumbledore à prendre des décisions extrêmes par exemple. Cependant… peut-être qu’il avait finalement réussi à dépasser sa haine envers un gamin innocent ou peut-être qu’il s’était enfin rendu compte de sa stupidité à accuser le fils des péchés du père… Cette fois, Severus avait les yeux grands ouverts et il savait que Dumbledore était le seul coupable de son propre rôle ingrat.

 

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