Promesse de sang

Chapitre 77

1151 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/12/2022 21:57

La journée se termina tranquillement, dans un calme agréable. Ils restèrent l'un contre l'autre à lire jusqu'à ce que Harry en ait assez. Il abandonna son livre pour s'installer contre Drago et somnoler légèrement. Pour la première fois depuis longtemps, Harry se sentait détendu et en paix.

Après un long moment, les yeux fermés, il marmonna, curieux.

— Drago ? Tu feras quoi quand tout ça sera terminé ?

Il sentit le jeune homme se tendre contre lui et il ouvrit les yeux, un peu surpris. Ce qui était une question innocente prenait une dimension inattendue.

Drago avait posé son livre sur ses cuisses et regardait dans le vide, les sourcils légèrement froncés. Sentant Harry se redresser contre lui, il secoua la tête et le regarda avant de lui sourire nerveusement.

— Je n'y ai pas vraiment réfléchi.

Harry hocha la tête, mais il insista légèrement.

— Mais avant ? Je veux dire, tu devais bien avoir une idée de ce que tu aimerais faire plus tard ? Même si ça a complètement changé ?

Drago tenta d'esquiver en lui renvoyant la question, haussant un sourcil moqueur.

— Parce que toi, tu avais une idée de ce que tu voulais faire ?

Harry resta un instant silencieux, puis il sourit tristement.

— Ouais. Il y a des Aurors qui sont venus me chercher et qui m'ont protégé. Et j'ai trouvé qu'ils étaient… vraiment forts, tu vois ? Je les ai tant admirés que j'ai annoncé à tout le monde que je voulais être auror après Poudlard. Mais je crois que c'était surtout pour être… normal. Comme les autres. Je ne pensais pas vraiment avoir un avenir, mais travailler pour quelque chose c'était moins… effrayant probablement.

Drago lui lança un regard empli de tristesse. Cependant, il ne lui fit pas le moindre commentaire, demandant juste doucement.

— Et maintenant ? Toujours tenté de devenir auror ? Tu es plutôt bon en défense, non ?

Harry haussa les épaules.

— Ouais, j'aime plutôt la défense malgré les profs vraiment minables que nous avons eus. Mais je ne suis pas certain de vouloir encore être auror. Je veux dire… ça serait plutôt cliché, tu ne penses pas ? Et puis, j'en ai marre de devoir… me battre. Je ne veux pas être vu comme ça, comme un genre de… justicier, tu vois ?

Drago sembla le comprendre puisqu'il hocha lentement la tête sans dire un mot. Il resta les yeux dans le vide quelques instants, puis il murmura.

— Avant tout ça, je n'avais pas vraiment de plan, parce que mon avenir était déjà tracé par mon père. Il avait décidé que je reprendrais ses affaires au Ministère. Il m'a donné des cours de… politique, de manipulation plutôt, depuis que je suis en âge de comprendre un minimum. Ensuite, il y a eu la marque et je savais que… que je n'aurais pas vraiment à me préoccuper de ce que j'aimerais faire après. Soit je recevrais des ordres, soit je serais à Azkaban.

Harry lui prit la main, gigotant pour se coller un peu plus contre lui, comme pour le ramener à lui en le touchant au maximum.

— Tu sais que tu pourras faire ce dont tu as envie ? Tu n'as plus de marque, Drago. Personne ne pourra te punir pour les choix de tes parents !

Drago ricana, l'air sombre.

— Tu veux parier ? Je suis un Malefoy et il y aura toujours la marque de l'infamie sur ce nom. Mon père a été jeté à Azkaban pour avoir attaqué des élèves de Poudlard, en plein milieu du ministère. Il a été pris en tenue de Mangemort, la marque gravée sur son bras. Même si tu m'as libéré de cette marque, ça ne change rien. Quand ils me verront, même sans la marque, les gens se demanderont toujours si j'avais prévu de prendre la marque à la sortie de Poudlard ou si j'étais trop lâche pour me battre.

Harry renifla.

— Tu veux parler de ceux qui se cachent chez eux et qui attendent que je fasse le boulot ? Ou de ceux qui ferment les yeux sur la présence de Mangemorts en espérant ne pas se faire remarquer ?

Drago eut un mince sourire et il tira Harry contre lui, un peu plus près. Il embrassa sa joue avec douceur.

— Tu ne peux pas changer la façon dont le monde magique fonctionne, Harry. Mais c'est gentil de vouloir essayer.

Harry resta silencieux un long moment, puis il eut un sourire rusé.

— En fait, si, je peux changer quelque chose. Le monde magique devra t'accepter ou ils devront trouver un autre survivant. Je veux dire, ils devront s'habituer à me voir près de toi… Si tu veux de moi près de toi, bien évidemment.

La voix de Harry avait diminué sur la fin de sa phrase, pour se terminer en chuchotement, alors qu'il jetait un coup d'œil inquiet en direction de Drago, craignant d'être repoussé. Ce dernier eut un rire surpris.

— Parce que tu penses que je n'ai pas envie de rester avec toi, Harry ?

Le Gryffondor rougit et détourna le regard.

— Je ne veux pas que tu te sentes prisonnier. Tu sais que tu es libre, n'est-ce pas ?

Drago le fixa, essayant de comprendre la façon dont pensait Harry. Finalement, il arbora un léger rictus moqueur.

— Et si je n'ai pas envie d'être libre ? Si je préfère rester à tes côtés ? Tu ne vas pas en avoir assez, de toujours traîner derrière toi le Mangemort repenti ?

Harry ouvrit la bouche, puis il la referma aussitôt. Il fronça les sourcils et gronda, agacé.

— Tu es mon ami, Drago ! J'apprécie être avec toi ! Ce n'est pas une question de… bon sang ! Bien sûr que tu peux rester avec moi, autant que tu veux. Je veux juste que tu sois heureux…

Drago l'attira contre lui, le serrant contre sa poitrine.

— Stupide Gryffondor. Je ne vais nulle part sans toi, jusqu'à ce que tu en aies assez.

Harry se redressa et pivota pour s'installer sur les cuisses de Drago. Il se pencha, jusqu'à ce que leurs lèvres se frôlent.

— Et si je n'en ai jamais assez ?

Le cœur de Drago rata un battement aux mots de Harry.

Son ton boudeur et son expression butée étaient déjà adorables. Mais qu'il soit prêt à défier le monde magique dans son entier pour lui le rendait presque groggy, il ne comprenait pas pourquoi le jeune homme s'acharnait autant à lui offrir un avenir. Il craignait que tout ceci ne soit qu'un rêve éphémère, mais il pouvait continuer de rêver un peu en attendant que sa bulle de bonheur finisse par exploser.

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