Promesse de sang

Chapitre 38

1160 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/11/2022 20:33


Le baiser qu’il venait d’échanger avec Drago avait fait oublier à Harry sa tristesse et tous ses doutes. Cette étreinte l’avait également empli d’une toute nouvelle détermination. Il allait soigneusement enterrer ses peurs pour, une fois de plus, se lancer aveuglément au devant du danger. Cette fois cependant, il ne se battait plus pour le monde magique. Il se battrait pour Drago en premier. Il se battait également pour ses amis, bien évidemment, mais pour une fois, ils n’étaient pas vraiment concernés. Il pensa brièvement à Ron et Hermione et il espéra qu’ils resteraient en sécurité, loin de toute cette histoire. Ils seraient probablement furieux d’avoir été laissés en arrière, mais Harry ne voulait pas les impliquer. Pas cette fois. 



Harry se demanda soudain ce que Dumbledore avait dit à ses camarades pour excuser son absence soudaine. Il se demanda également si Hermione avait déjà compris que l’absence de Drago Malefoy était liée à la sienne… Hermione était particulièrement douée pour relier les points et trouver les réponses à ses questions, après tout. Il lui faudrait probablement peu de temps pour lier leur absence brusque et son obsession du Serpentard…

Il hésita à laisser un message pour ses amis, pour tenter de leur expliquer sa situation, mais il abandonna l’idée. Ils faisaient encore confiance à Dumbledore, aveuglément, et ils penseraient que leur ami serait plus en sécurité auprès du directeur. Il ne voulait pas prendre le risque de retomber entre les griffes du vieil homme, ce qui condamnerait immédiatement Drago. Après tout, il était persuadé que Dumbledore avait sa propre version des faits et il ne tenait pas vraiment à savoir ce qu’il avait pu inventer pour l’enchaîner un peu plus à lui.


Il secoua la tête, s’obligeant à oublier le directeur, et il regarda Drago ôter le haut de son pyjama pour enfiler sa chemise avec un peu de fascination. Il réprima l’envie d’avancer pour toucher sa peau et il prit ses propres vêtements pour se tourner, avec l’impression de bouillir. Il avait grandi depuis ses onze ans dans un dortoir de garçons et il avait déjà eu l’occasion de croiser ses camarades dévêtus. Cependant, jamais il n’avait autant été attiré par quelqu’un de cette façon. Jamais il n’avait eu envie de s’approcher d’un garçon et de caresser la peau de son dos, d’en sentir la chaleur et la douceur, d’en découvrir l’odeur.

Rougissant à cause de la direction qu’avaient prise ses pensées, Harry s’habilla en un temps record, essayant de ne pas faire attention aux froissements de tissu dans son dos, puis il ferma les yeux, en essayant de se calmer. L’envie de contact avec Drago le dévorait, elle devenait presque physique, lui causant une douleur sourde impossible à ignorer. C’était une obsession embarrassante bien qu’il n’ait pas vraiment envie de s’en débarrasser. Il aimait être proche de Drago et il refusait de l’éviter ou de s’éloigner.


Perdu dans ses pensées alors qu’il essayait de se raisonner, Harry sursauta violemment lorsque Drago posa la main sur son épaule. Harry se retourna d’un bloc, le cœur battant, et il blêmit soudain en le voyant, vacillant, et les yeux écarquillés d’horreur.

L’espace d’un clignement de paupière, l’image d’un Drago blessé et sanguinolent s’était superposée au Drago indemne devant lui, lui asséchant la bouche et réveillant la panique qu’il avait ressentie en le voyant blessé.


Drago sembla comprendre immédiatement son problème puisqu’il l’attira rapidement contre lui, passant la main dans sa tignasse ébouriffée et il lui murmura avec douceur.

— Je vais bien. 


Harry prit une grande inspiration tremblante, le nez enfoui dans le cou de Drago, apaisé par son contact et son odeur. Il marmonna, un peu mal à l’aise, incapable de se détendre complètement parce qu’il y avait toujours cette envie de toucher son camarade exacerbée par la peur de le voir encore blessé.

— Ça, c’est pas seulement le stress ou la culpabilité. Être loin de toi est une torture…


Il y eut un accroc dans la respiration de Drago, mais il se reprit rapidement en gloussant doucement.

— Ça pourrait sonner comme plutôt romantique… si nous n’étions pas en danger et sur le point de fuir cette école… Tu choisis parfaitement tes moments, Potter.


Harry se détendit, soulagé que Drago ne le repousse pas, ou qu’il ne soit pas effrayé. Il était même soulagé que Drago prenne ses mots avec humour, réussissant à plaisanter en ce moment. Il s’éloigna d’un pas avec un serrement de cœur et fouilla sa poche pour en tirer la cape d’invisibilité. 

Il leva un sourcil en direction de Drago, essayant désespérément de se comporter normalement. Comme avec n’importe qui d’autre.

— Tu as besoin de récupérer quelque chose dans ton dortoir ?


Le visage de Drago se contracta un instant, puis il secoua la tête avec amertume.

— Rien qui ne vaille la peine d’être récupéré. Et toi ?

Harry ferma les yeux et pensa à ses biens les plus précieux. Son balai, offert par Sirius. Le miroir à double sens. L’album photo de ses parents. Heureusement, il avait la carte du Maraudeur et la cape d’invisibilité avec lui. Il soupira en détournant le regard.

— Je verrais plus tard avec Dobby. En attendant… Ron veillera sur ma malle.


Drago ne fit pas la moindre réflexion au sujet de Ron et Harry lui en fut stupidement reconnaissant. Il savait à quel point leurs familles se haïssaient, mais il ne voulait pas avoir à choisir entre l’un ou l’autre…


Harry repoussa cette pensée stupide — comme s’il aurait un jour à choisir entre Ron et Drago — et il attrapa sa baguette, aimablement laissée près d’eux par madame Pomfresh. Il se redressa et lança un clin d’œil à Drago.

— Prêt pour découvrir les passages secrets de Poudlard et la façon de quitter discrètement l’école ? 


Il n’attendit pas la réponse de Drago pour l’attirer contre lui et pour draper la cape d’invisibilité de son père sur eux. Avec un sourire amusé, Harry tira la carte du Maraudeur de sa poche et marmonna la formule, faisant apparaître les traits familiers traçant le plan de Poudlard. Il ignora le halètement stupéfait de Drago qui découvrait l’objet pour vérifier si la voie était libre jusqu’à la sorcière borgne.


C’était le cas.

 


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