Promesse de sang

Chapitre 16

1335 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/10/2022 20:57

Après un bref silence, Drago soupira et il haussa les épaules avec fatalisme.

— Mon père n’est pas un homme gentil. Bien sûr, il nous protégeait à la maison, il… veillait sur ma mère et il veillait à ce que j’aie tout ce que je voulais, mais… ce n’est pas quelqu’un qui aime la tendresse. Il a fait ses propres choix, je suppose. 

— Mais il est ton père. Il t’aime, non ?

Drago grogna.

— Il dépense son argent pour moi. Ouais. Je suis son précieux héritier. Pour le reste, il n’hésite jamais à me donner quelques coups de cannes quand il n’est pas satisfait et il sera le premier sur les rangs pour me lancer un doloris le jour où il découvrira que nous sommes liés.


Harry serra un peu plus fort Drago, la gorge nouée, ne sachant pas quoi dire. Le Serpentard ricana soudain.

— Ne commence pas à me plaindre, Potter ! Je ne suis pas malheureux et je ne l’ai jamais été. Je sais comment ça marche, j’ai tout ce que je veux et bien plus. 

— Mais… 

Drago reprit, tranquillement, sans écouter l’objection de Harry.

— Mon père n’irait probablement pas se sacrifier pour moi, comme tes parents l’ont fait. Mais il m’aime à sa façon. Comme je te l’ai dit, je n’ai manqué de rien, donc pas la peine de m’imaginer en pauvre petit garçon triste, abandonné dans un coin. J’ai vécu une enfance luxueuse, je n’ai jamais manqué de rien et j’ai obtenu tout ce que je pouvais demander.



Harry hocha la tête dans le cou de Drago, essayant d’imaginer l’enfance de son rival de toujours. Drago avait l’air satisfait, mais Harry se demandait où se plaçaient l’amour et la tendresse dans ses souvenirs d’enfance. Il se reprit rapidement, ne voulant pas insister, puis il marmonna, d’un ton boudeur.

— Hermione va me tuer.

Avant que Drago n’ait le temps de poser une question, il expliqua rapidement, sans pouvoir cacher son agacement.

— Elle me hurle dessus depuis la rentrée parce que je te surveillais. Je… J’étais sûr que… enfin… 

— Tu voulais m’expédier à Azkaban. 

Il n’y avait pas le moindre reproche et Harry se sentit rougir, mal à l’aise. Il soupira et haussa les épaules, sans s’écarter de Drago.

— Peut-être. Je ne sais pas. Je… je t’ai dit, je ne voulais pas que tu sois face à moi, dans son camp. Je n’ai pas réfléchi à ce que je ferais après…


À ces mots, Drago ricana et Harry ne put s’empêcher de glousser légèrement. C’était précisément ce que lui reprochait sans arrêt le Serpentard de foncer sans réfléchir… Et une fois de plus, il venait de lui donner raison.


*


Ils s’étaient installés plus confortablement, côte à côte, toujours dans le même lit. Harry avait eu du mal à lâcher la main de Drago, comme si son instinct lui hurlait qu’il allait mourir s’il le lâchait.

Il n’avait rien dit et avait desserré ses doigts lentement, sans pour autant pouvoir s’éloigner physiquement de Drago. Leurs épaules étaient au moins en contact, même si leurs chemises de pyjama séparaient leurs peaux. Mais il sentait la chaleur de l’autre, assez pour le rassurer.


Ils avaient pris leur potion de nutrition avec une grimace et un coup d’œil complice lorsque l’infirmière était venue faire un tour d’inspection. Elle les avait regardés d’un œil soupçonneux avant de décider qu’ils étaient en sécurité et qu’ils ne semblaient pas sur le point de s’entretuer mutuellement. 


La journée avait été terriblement longue et ils avaient somnolé la plupart du temps. Quand ils étaient éveillés, ils échangeaient quelques mots, apprenant prudemment à faire connaissance, surpris de s’entendre aussi bien, comme si la magie les forçait à se regarder différemment. 


*


Plus tard, lorsque la porte se rouvrit pour laisser entrer Dumbledore, ils échangèrent un regard discret. Harry ne put totalement masquer une grimace d’agacement qui tira un bref rictus moqueur à Drago.

Le directeur les observa un moment avant de leur adresser un sourire qui leur parut légèrement forcé.

— Bien. Harry, mon garçon… Te souviens-tu un peu mieux de ce qui s’est produit ? 

Comme lors de sa précédente visite, Dumbledore évitait soigneusement le regard de Drago, toute son attention uniquement fixée sur Harry.


Le Gryffondor hésita puis répondit finalement, d’un ton aussi neutre que possible.

— J’ai promis à Malefoy de le protéger, de Voldemort et d’Azkaban et de protéger sa mère.


Le directeur sembla avoir avalé un citron de travers et il fit quelques pas nerveux, visiblement ennuyé. Finalement, il soupira et fixa un point dans le vide avant de murmurer en se lissant la barbe, prouvant un soupçon de nervosité.

— Et bien, je suis désolé, monsieur Malefoy, mais je ne peux pas vous permettre de… reprendre vos activités… habituelles. Nous… ferons le nécessaire pour votre mère, autant que possible bien sûr, et vous serez détenu avec… le maximum de confort. Vous comprendrez que…


Harry sentit Drago se tendre à ses côtés et ce fut ce qui le fit réagir immédiatement. Il avait du mal à croire que Dumbledore soit en train d’annoncer tranquillement à un élève qu’il allait l’enfermer quelque part, sans aucun jugement, arbitrairement, au détriment de toutes les lois existantes… Il le coupa, d’une voix sèche, la mâchoire crispée et la respiration lourde. 

— Ça ne fonctionnera pas, monsieur.


Même s’il avait tenté de parler avec calme, il était évident que Harry n’appréciait pas la solution de Dumbledore et celui-ci sursauta en clignant des yeux, surpris d’obtenir de la résistance de son élève — surtout au sujet de Drago Malefoy —, avant de pincer les lèvres et de secouer la tête, agacé.

— Harry, tu dois comprendre que des sacrifices sont nécessaires pour le plus grand bien. Je connais votre… rivalité avec monsieur Malefoy et je ne peux pas permettre qu’il puisse provoquer ta mort sur un coup de tête. Tu vas devoir te montrer raisonnable, mon garçon.


Cette fois, Harry dut se retenir pour ne pas hurler. Il plissa les yeux et son regard s’assombrit. Il serra les poings, ses ongles entaillant la paume de ses mains alors qu’il accueillait la colère qui se déversait en lui avec soulagement, défiant ouvertement le directeur de l’école.

— Pendant qu’il se vidait de son sang à cause de moi, j’ai promis à Drago Malefoy qu’il ne serait pas enfermé. Ni à Azkaban ni ailleurs. Je lui ai juré qu’il serait libre. Tout comme sa mère.


Dumbledore le fixa longuement, comme s’il essayait de lire ses pensées. Harry lui rendit son regard, sans détourner les yeux, lui laissant voir l’étendue de son ressentiment envers lui. Dumbledore sembla déstabilisé un instant. Puis, il murmura, incertain.

— Vraiment ? Es-tu sûr des termes employés, Harry ? Tu n’as pas juste évoqué Azkaban ? C’est très important, mon garçon. Nous devons être absolument sûrs…


Harry ricana, amer, comprenant ce que l’homme essayait de faire.

— Je commence à connaître la façon dont les choses se passent dans le monde magique. C’est le genre de promesse que j’aurais dû exiger de vous lorsque j’ai découvert l’existence de Sirius lorsque vous me promettiez qu’un jour je pourrais vivre avec lui, non ? 


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