Promesse de sang

Chapitre 17

1378 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/10/2022 20:55

À l’évocation de Sirius, le directeur sembla gêné et il soupira en leur tournant le dos, se tenant légèrement voûté. Il tenta de se justifier, mal à l’aise.

— Harry, je ne pouvais pas risquer…


L’adolescent renifla bruyamment pour l’interrompre, laissant la colère couler en lui, refusant d’entendre des excuses creuses et la mention du plus grand bien qu’il prônait. Loin de se laisser aveugler par ses émotions, il avait l’impression de contrôler parfaitement la situation, prêt à emmener Dumbledore exactement là où il le voulait. Avec une joie mauvaise, il siffla, dévoilant sans hésiter ce qu’il avait décidé.

— J’ai promis à Drago qu’il ne serait pas enfermé, alors il ne sera pas enfermé quelque part, même à Poudlard. J’ai promis que je le protégerai. Moi. Pas que je le ferais protéger. Alors je reste avec lui. Et j’ai promis que sa mère serait en sécurité. Je ferais ce que je peux à ce sujet, mais vous allez devoir vous assurer que madame Malefoy ne sera pas inquiétée par le ministère. Drago Malefoy ne me fera pas briser cette promesse, parce que sinon il serait en danger et sa mère aussi. J’ai confiance en lui.


Harry sentit le regard de Drago le brûler pendant qu’il parlait, mais il resta focalisé sur Dumbledore. Le directeur semblait réfléchir à toute vitesse pour trouver une faille, pour pouvoir les contrôler à sa convenance. Cependant, Harry avait suffisamment réfléchi pour s’assurer qu’ils ne seraient pas séparés et que Drago ne perdrait rien… C’était assez simple finalement de forcer le directeur à céder, l’homme ne semblait pas disposé à prendre le risque de perdre son arme soigneusement forgée au cours des années. Il connaissait probablement Harry et son sens de la justice, et son envie de sauver tout le monde. Y compris son rival de toujours… Le directeur ne remettrait pas en cause ses paroles et il devrait finalement céder.


Finalement, Dumbledore lui lança un long regard déçu, espérant probablement le faire plier en le culpabilisant, et il secoua la tête, les épaules basses.

— Très bien. Vous allez encore passer une nuit ici et nous verrons demain comment les choses… évolueront. Je ne pense pas qu’il soit judicieux de vous mêler à vos camarades à moins que tu aies promis à monsieur Malefoy qu’il ne manquerait aucun cours de son cursus ?


Harry répondit à la petite pique par un sourire froid, sans céder le moindre pouce de terrain ni montrer la moindre hésitation. Il savait parfaitement que Dumbledore gagnait du temps pour trouver une façon de les manipuler à sa guise, mais Harry était déterminé.

— Je dois avouer, monsieur, que les cours n’étaient pas ma priorité à ce moment-là. Juste la sécurité et la liberté de Malefoy.


Dumbledore se redressa et quitta les lieux d’un pas raide, sans chercher à cacher sa désapprobation. 



Une fois seuls, Drago siffla entre ses dents, visiblement admiratif.

— Finalement, tu sais t’imposer, Potter. Moi qui pensais que tu étais sa petite marionnette docile, j’ai visiblement fait erreur…


Harry souffla, relâchant la pression qu’il retenait depuis le début de la conversation avec Dumbledore, puis il haussa les épaules. 

— Je ne suis pas complètement stupide. Et je ne suis pas aussi naïf que tu l’imagines. Je sais qu’il se sert de moi et honnêtement, je m’en moque. Sauf qu’il a laissé mon parrain être tué en refusant de m’écouter et en m’évitant pour me cacher des informations. Je sais qu’il ne m’a pas tout dit, loin de là, alors s’il veut que je sois conciliant, il va devoir être totalement honnête cette fois. Même sans cette… promesse, je… J’aurais fait en sorte de te protéger.


Drago le fixa pensivement un long moment avant de lui offrir un sourire hésitant.

*


Bien évidemment, Harry s’était douté que Dumbledore n’abdiquerait pas si facilement. Alors, lorsque Rogue poussa la porte avec mauvaise humeur, il se renfrogna et se prépara à lutter contre son professeur honni. Il ne savait pas vraiment ce qu’espérait le directeur en envoyant le professeur de potions, l’homme manquait clairement de subtilité et de clairvoyance dès que Harry était impliqué. Sans compter que Harry n’était plus effrayé ou intimidé par l’homme, et ce depuis longtemps.


Lorsque Rogue entra, Drago était collé contre Harry, occupé à lire et il ne sembla pas réagir à l’entrée de sa tête de maison. Cependant, Harry sentit la main du Serpentard se poser discrètement sur sa cuisse, sous le drap, en un soutien discret, mais efficace. Drago lui laissait une fois de plus la possibilité de diriger les choses, lui faisant confiance pour le protéger. Le Serpentard avait parfaitement compris qu’ils ne pourraient être tranquilles qu’en présentant un front uni.


L’homme attaqua immédiatement, avec une agressivité parfaitement palpable.

— Le directeur m’a informé de vos petites exigences, Potter. Je devrais peut-être vérifier tout ça dans votre esprit, puisque vous n’avez jamais pris la peine de suivre correctement vos cours d’occlumentie ! 


Harry haussa les épaules, presque indifférent, affichant un sourire insolent qui devait faire bouillir de rage le professeur désagréable.

— Si vous voulez. Cependant, il serait dommage qu’il y ait des effets inattendus à cause de cette magie ancienne, presque oubliée… Imaginez que votre initiative soit vue comme une agression… Vous auriez pas mal d’explications à donner ensuite…


Rogue resta un bref instant sans voix, les yeux brûlant de rage, ouvrant et fermant la bouche sans pouvoir dire quoi que ce soit. La déclaration tranquille de Harry lui avait fait prendre conscience que c’était le Gryffondor qui menait la danse et que les choses se dérouleraient selon son bon vouloir. Rien que cette idée donnait à l’homme l’envie d’étrangler le jeune homme qui ressemblait trop à son père, de le secouer comme un prunier pour tenter de lui faire entrer un peu de plomb dans la cervelle. 


Loin d’être effrayé par son air assassin, Harry le fixa dans les yeux, avec un rictus moqueur et légèrement satisfait, jusqu’à ce que l’homme fasse demi-tour, visiblement d’une humeur massacrante, marmonnant et grognant. Harry entendit un vague commentaire craché mentionnant James Potter, mais pour une fois, il ne s’en soucia pas vraiment. Son père avait été un crétin à l’adolescence, mais il avait grandi et il était devenu un homme bien, qui s’était sacrifié pour sa famille. Severus Rogue pourrait pester autant qu’il le voulait, Harry continuerait de lutter pour ce qu’il croyait juste, uniquement parce que c’était dans son caractère. 





La porte claqua avec force, résonnant comme un coup de tonnerre, attirant Pomfresh hors de son bureau, l’air catastrophé. Elle regarda autour d’elle avec incompréhension et Harry lui sourit gentiment.

— Ce n’est rien, madame. Juste le professeur Rogue qui est passé nous voir. 


L’infirmière roula des yeux et retourna dans son bureau en pestant furieusement, ce qui fit sourire Harry malicieusement. Nul doute que la matrone n’oublierait pas de faire la leçon au pire professeur de Poudlard la prochaine fois qu’elle le verrait, au sujet de sa façon de claquer les portes.


Lorsqu’ils furent seuls de nouveau, Drago laissa échapper un ricanement ravi en jetant un regard ouvertement admiratif au Gryffondor.

— Je ne sais pas si c’est de l’inconscience ou du génie, mais c’était un moment particulièrement distrayant. Je pense que tu es le seul à pouvoir le rendre aussi furieux en quelques mots à peine.

Harry lui répondit d’un simple clin d’œil complice avant de s’étirer et de se réinstaller, veillant à toujours être en contact avec le Serpentard, décidé à se reposer avant le prochain round.


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