Promesse de sang

Chapitre 11

1202 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/10/2022 21:38


Aux mots de l’infirmière, Severus pinça les lèvres, mais il resta silencieux. Il connaissait bien des façons d’enchaîner un sorcier à un autre, à commencer par le serment inviolable comme celui qu’il avait passé avec Narcissa Malefoy quelques mois plus tôt, mais il n’avait jamais entendu parler de promesses sur le sang. Cependant, il était suffisamment versé dans les arts noirs pour savoir que tout sortilège impliquant du sang était en général définitif. La Magie ne plaisantait pas avec le sang… 


Il suffisait de voir la tension dans les épaules de Dumbledore et l’intensité de son regard sur les deux adolescents pour comprendre que les choses étaient encore plus mauvaises qu’il ne le pensait. Définitivement mauvaises. Ce qui indiquait sans aucun doute possible qu’il allait en payer le prix fort, une fois de plus… L’homme cacha un frisson en pensant à son autre Maître et il espéra que Voldemort ne le découvre jamais. Sinon, les Doloris pourraient bien s’avérer être une promenade de santé à côté du sort qui lui serait réservé…


Dumbledore s’éclaircit la voix, le ramenant au présent, et il murmura, le regard dans le vague comme s’il était plongé dans des souvenirs anciens.

— Pour l’instant, mieux vaut les laisser en contact direct. Je pense qu’ils… ont besoin de ça pour le moment. Ce n’est pas vraiment une conséquence de la promesse, mais plutôt… une réaction à un traumatisme brutal.


Severus laissa échapper une exclamation agacée, reportant toute sa colère sur le fils Potter, qui était une épine perpétuelle dans son pied.

— Comme vider un camarade de son sang ? 

Dumbledore lui lança un regard de reproche, mais il ne répliqua pas. Après tout, Harry Potter avait bel et bien vidé Drago Malefoy de son sang. Dumbledore agrandit d’un geste souple de sa baguette la largeur du lit pour permettre à Poppy Pomfresh d’aider Harry à s’installer près de Drago. 

L’infirmière changea les vêtements ensanglantés des deux garçons en des pyjamas d’un geste rapide et elle secoua la tête avec un claquement de langue en voyant qu’ils ne réagissaient pas, comme perdus dans un autre monde.



La matrone jeta un regard furieux au directeur et grogna.

— J’espère que vous savez ce que vous faites !

Elle partit à grands pas rageurs dans son bureau et en revint avec deux fioles de potions d’un bleu sombre.

D’un ton sec, elle informa les deux hommes de ses intentions, visiblement décidée à se passer des conseils de Dumbledore concernant le traitement à apporter à ses patients.

— Ils sont épuisés l’un et l’autre. Puisqu’il ne faut pas les séparer pour l’instant, je veux bien les laisser dans le même lit, mais ils auront une potion de sommeil sans rêves. Au moins, ils se tiendront tranquilles. 


Dumbledore observa une fois de plus les deux garçons puis il hocha la tête avant de tourner les talons, invitant Severus à le suivre d’un regard impérieux. 


***


Depuis qu’il avait compris qu’il avait failli tuer Drago Malefoy, Harry était perdu dans une brume de panique dont il n’arrivait pas à émerger. La scène tournait en boucle dans son esprit, depuis le rayon violet qui avait jailli de sa baguette jusqu’à la chute de Malefoy. Le Serpentard était tombé lentement, avec une expression de stupeur sur son visage. Ensuite, le sang avait commencé à couler… Beaucoup trop de sang. Puis, dans l’esprit de Harry, le sang recouvrait tout, le noyait presque alors qu’il essayait de maintenir Malefoy en vie.


Harry tenait la main de Malefoy avec force, incapable de le lâcher. C’était une façon de s’assurer qu’il était toujours là, vivant. Tant qu’il le tenait, Malefoy n’était pas au sol dans les toilettes, pâle et vide de son sang.


Il avait suivi les directives de Rogue, pour ne pas s’éloigner de son rival de toujours. Cependant, tout était noyé dans sa peur de l’avoir grièvement blessé. Son cerveau semblait bloqué, l’empêchant de réfléchir ou d’agir logiquement, l’obligeant à suivre uniquement son instinct : ne pas lâcher Malefoy.


Il avait reconnu l’infirmerie, mais pour une fois, il n’avait pas cherché à s’en échapper. Il avait ignoré les conversations en cours pour fixer les yeux de Malefoy. Pour se perdre dans ses yeux.

Plongé dans son regard gris, il s’était souvenu de tous leurs affrontements. Chaque bagarre, chaque insulte, chaque affrontement.

Ils se cherchaient à tour de rôle, ils attaquaient ou se défendaient avec la même hargne. Et Harry devait avouer qu’il oubliait la guerre et le poids qui pesait sur ses épaules dans ces moments. 

Il se sentait pleinement vivant, parce que Malefoy ne voyait pas un héros en lui. Il voyait l’adolescent perdu qu’il était en réalité, le gamin orphelin qui ne savait rien du monde qui l’entourait… Il voyait Harry, seulement Harry. Rien de plus. 

Malefoy ne l’avait jamais traité avec admiration. Il n’avait jamais prétendu qu’il était ce héros de la lumière qu’il ne voulait pas être. Malefoy le ramenait brutalement sur terre, ricanait à son passage, le bousculait. Malefoy se moquait des articles de la Gazette, son comportement ne changeait jamais. Il n’avait jamais regardé Harry avec peur ou avec méfiance. Juste avec cet air prétentieux, cette morgue hautaine qui était sa marque de fabrique.


La première fois qu’il l’avait rencontré, chez madame Guipure, il avait espéré s’en faire un ami. Ce garçon sûr de lui et un peu prétentieux l’avait fasciné, même s’il n’avait pas apprécié qu’il se moque de Hagrid. Mais c’était juste le premier enfant magique qu’il rencontrait et il brûlait d’avoir enfin des amis, ce qui lui avait été refusé toute son enfance.

Ensuite… Ron avait été le premier à le trouver dans le Poudlard Express et ça avait conditionné ses relations avec Malefoy, pour le pire.


Harry serra un peu plus fort la main de Drago et expira lentement en se rendant compte que le Serpentard réagissait en serrant également, comme pour lui montrer qu’il ne le lâcherait pas non plus. Il n’était pas sûr de pouvoir rester sain d’esprit si le jeune homme le repoussait.


Harry se demanda un instant si Malefoy le détestait réellement. Cette idée le dérangeait, sans qu’il ne puisse s’expliquer. Pour sa part, il n’éprouvait pas de haine envers le jeune homme. Il y avait juste cette rivalité et ce besoin d’attirer son attention en permanence. Mais toute sa haine était réservée à Voldemort, celui qui avait tué ses parents et celui qui avait fait de sa vie un enfer.


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