Promesse de sang

Chapitre 12

1192 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/10/2022 20:22



Lorsque Pomfresh le fit s’allonger près de Drago, Harry se laissa faire docilement et il ne se rendit même pas compte que l’infirmière changeait ses vêtements couverts du sang de Drago en un pyjama confortable. De la même façon, il but la potion de sommeil sans rêves sans résistance et se laissa aller. 

Avant de sombrer dans le sommeil, il cligna lentement des yeux et il se glissa plus près de Drago pour sentir la chaleur de son corps, puis il s’endormit paisiblement, collé à son rival de toujours.


Lorsque Harry se réveilla, il n’ouvrit pas immédiatement les yeux. Il se sentait apaisé, pour la première fois depuis longtemps. Pas de cauchemars intenses, pas de douleurs dans sa cicatrice, pas de bruit autour de lui — notamment les ronflements de Ron. 


Il profita un long moment du calme autour de lui avant d’ouvrir brusquement les yeux en sentant un mouvement contre lui. 


Sans ses lunettes, le monde était totalement flou. Cependant, il était capable de se rendre compte qu’il était à l’infirmerie et qu’il était dans un lit en compagnie de quelqu’un. D’ailleurs, s’il en croyait la couleur unique des cheveux de la personne près de lui, il partageait son lit avec Drago Malefoy.


Il se figea et cligna lentement des yeux, essayant de comprendre ce phénomène étrange. Comme toujours lorsqu’il arrivait à l’infirmerie, il essaya de déterminer où il était blessé, mais il semblait intact. 

Par contre, il tenait la main de Malefoy fermement. 


Il aurait dû le lâcher, horrifié. Après tout, ils étaient rivaux et ils étaient probablement à l’infirmerie pour s’être encore battus. Mais il ne parvint pas à s’y résoudre, le cœur serré, avec la désagréable impression qu’il se passerait quelque chose de terrible s’il perdait le contact avec le Serpentard. À la place, il raffermit sa prise sur la main de Malefoy et fronça légèrement les sourcils en forçant sa mémoire à travailler. 


Harry cligna une fois de plus des yeux, puis soudain, les souvenirs affluèrent et le percutèrent avec violence. Les larmes aux yeux, il se souvint avoir rejoint Malefoy dans les toilettes du second étage, puis l’avoir vu vulnérable. Ensuite, ils s’étaient battus et il avait utilisé le sort trouvé dans son manuel de potion, celui annoté par le « prince de sang-mêlé ». Le sort qui était destiné aux ennemis, celui dont il ignorait les effets.


Il s’affola et s’agita. Sans lâcher Malefoy, il tendit la main derrière lui, pour explorer du bout des doigts la table de nuit, jusqu’à y trouver ses lunettes. Il les chaussa maladroitement pour observer son compagnon de lit avec inquiétude.


Malefoy dormait paisiblement. 

Son visage était détendu et Harry le dévisagea longuement. Il avait l’impression de toujours l’avoir vu grimaçant ou furieux. Lorsqu’il dormait, il semblait plus jeune. Innocent, presque. Il avait toujours ses joues trop creuses et ses cernes foncés sous les yeux, mais il avait repris des couleurs par rapport à son dernier souvenir, lui faisant penser qu’il avait été soigné correctement — comme si madame Pomfresh laisserait un étudiant en mauvais état sans surveillance dans son infirmerie… 

Le regard de Harry descendit sur le torse du Serpentard et il tendit une main tremblante pour déboutonner la chemise de pyjama, avec douceur, essayant de ne pas le réveiller. Ce serait définitivement étrange de devoir s’expliquer sur son geste…


Sourcils froncés, concentré sur sa tâche, Harry écarta doucement les deux pans de la chemise du Serpentard pour contempler le torse pâle de Malefoy. 

Il nota une fois de plus sa maigreur — Malefoy avait comme lui un physique d’attrapeur, fin et musclé, mais il semblait sortir d’un séjour chez les Dursley. Ses yeux passèrent sur les côtes saillantes avant de se figer en voyant les marques.


Trois grandes balafres, encore rosâtres, traversaient sa poitrine. Des cicatrices fraîches pour lesquelles Harry n’avait pas besoin de confirmation pour savoir qu’il en était le responsable. 

Le Sectumsempra semblait avoir agi comme si des lames avaient tranché la chair pâle, laissant après les soins de Rogue des marques que Drago Malefoy garderait probablement à vie. Il avait été assez blessé dans sa vie pour savoir que ce type de cicatrices ne disparaissait jamais complètement, tout du moins sans l’intervention de la magie. Il espérait que l’infirmière aurait quelque chose pour effacer ces marques, la preuve qu’il avait été proche de tuer son camarade. 


Il déglutit alors qu’une vague de honte brûlante le submergeait. Il avait beaucoup de regrets, sur beaucoup de sujets. Cependant, il était certain que cette énième bagarre resterait gravée dans son esprit et qu’elle hanterait nombre de ses cauchemars. Il voyait en boucle le rayon coloré sortir de sa baguette, le sort frapper Malefoy en pleine poitrine, son expression presque de surprise, puis sa chute, lente et interminable. Et enfin… le sang qui coulait. 


L’adolescent tendit une main tremblante pour effleurer les cicatrices, notant la peau boursoufflée et brûlante, rendant un peu plus réel ce qu’il avait fait.


Malefoy fronça légèrement les sourcils dans son sommeil et Harry retira brusquement ses doigts, craignant d’être surpris. Il se laissa rouler sur le dos et fixa le plafond, se laissant noyer par la culpabilité. 


Il n’eut cependant pas le temps de trop se perdre dans ses regrets puisque la porte de l’infirmerie s’ouvrit et des pas approchant d’eux attirèrent son attention. 

Il tourna la tête en prenant garde de se placer entre les intrus et Malefoy, sans même y penser, et il croisa le regard pétillant de Dumbledore ainsi que l’air revêche de Rogue.


Il serra un peu plus la main du Serpentard, se crispant, certain qu’ils allaient être séparés. Que quelque chose de mauvais allait arriver. Harry pouvait donner raison sur un point à son professeur de potions : Dumbledore ne l’expulserait jamais de Poudlard puisqu’il avait besoin de lui en tant que sauveur. Cependant, le directeur n’aurait probablement pas autant de scrupules envers le Serpentard, surtout s’il apprenait que Malefoy avait tenté de lui lancer un Doloris.

Rogue resta debout à quelques pas du lit, les bras croisés et les sourcils froncés, vivante représentation de la désapprobation. Dumbledore approcha une chaise et s’installa avec un petit soupir, puis il offrit un léger sourire à Harry, un sourire amical, comme s’il n’avait jamais ignoré Harry, comme si Sirius n’était pas mort. Comme si Harry n’avait jamais dévasté son bureau dans une crise de rage irrépressible. 

— Bonjour, Harry. Comment te sens-tu ?


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