Promesse de sang

Chapitre 6

1221 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/10/2022 20:47

Malgré la désapprobation claire de ses amis, Harry ne pouvait pas détourner les yeux de Drago Malefoy. Il avait en permanence la carte du Maraudeur sur lui et il suivait chaque déplacement du blondinet, apprenant ses habitudes et son emploi du temps. Il le traquait en permanence, cherchant à épier chacun de ses gestes.


Il ne pouvait pas abandonner alors qu’il voyait le fier Serpentard s’enfoncer dans la dépression, maigrir et avoir l’air épuisé, comme s’il ne dormait plus.

Il ne pouvait pas fermer les yeux alors que son intuition lui hurlait que Malefoy préparait quelque chose et que cette histoire risquait d’avoir des conséquences funestes.

Ce n’était plus seulement la certitude que Malefoy était un Mangemort. C’était aussi à cause de la spirale d’autodestruction dans laquelle il semblait plongé.


Il n’arrivait pas à savoir ce qu’il éprouvait pour son rival de toujours. Il essayait de se persuader qu’il le haïssait, mais il souffrait pour lui en quelque sorte. Il le voyait sombrer sous ses yeux et personne d’autre ne semblait s’en soucier.


Certains jours, Malefoy apparaissait de nulle part et semblait porter le poids du monde sur ses épaules, comme s’il était écrasé par la mission qu’il devait avoir reçue.

Malefoy mangeait à peine, errait dans les couloirs comme une âme en peine et s’était isolé de ses camarades, les renvoyant avec hargne dès que l’un d’entre eux restait trop près de lui. Malefoy avait parfois le regard dans le vide et il semblait résigné, comme s’il n’avait pas le choix.


C’était probablement ce dernier point qui avait le plus touché Harry. Il connaissait ce sentiment de voir sa vie lui échapper. Ses yeux devaient souvent exprimer la même chose, cette résignation mêlée de colère, alors qu’il est impossible d’échapper à un destin trop lourd à porter.

Il se sentait proche de lui, d’une façon un peu étrange, même s’il refuserait de l’avouer à haute voix. Il prétendait toujours qu’il voulait le démasquer, mais ce n’était plus vraiment son but.


C’était cette lueur de désespoir dans le regard gris qui le poussait à le chercher encore et encore sur la carte du Maraudeur, comme pour le protéger de loin. Comme pour assurer ses arrières. Il n’avait pas encore trouvé où il passait son temps, puisqu’il disparaissait de longues heures sans qu’il n’ait pu encore le localiser, mais il était décidé à comprendre ce qui se passait, à percer tous ses petits secrets.


Harry prit conscience que tout avait changé lorsqu’il se rendit compte que Drago faisait tout pour l’éviter. Il n’y avait plus de disputes, plus de bagarres entre eux. Plus de provocations ni d’insultes. Juste un regard résigné et furieux et un perpétuel jeu du chat et de la souris… Cette fuite le rendit furieux, comme s’il se sentait abandonné. Ce n’était pas le genre de Malefoy de juste fuir, de cette façon.


Après avoir perdu la soirée en fixant la carte du Maraudeur, Harry eut une dispute violente avec Hermione. Ron se taisait, mais son visage figé et sévère montrait à Harry qu’il était du côté de leur amie. Qu’il était loin d’approuver sa toute nouvelle obsession pour Drago Malefoy, quel que soit son but.

Après avoir lancé un assurdiato pour s’assurer que leur conversation resterait privée, Hermione avait commencé à hurler, visiblement à bout de nerfs.


Elle avait accusé Harry d’être distant et de ne plus faire le moindre effort en cours. Une fois encore, ses devoirs n’étaient pas faits et il ne semblait pas s’en inquiéter. La seule matière où il semblait s’en sortir était en potions, grâce au livre annoté qu’il avait emprunté dans la classe de Slughorn et qu’il avait soigneusement omis de lui restituer bien qu’il ait depuis longtemps reçu l’exemplaire neuf qu’il avait commandé…

Harry ouvrit la bouche pour se justifier, ou au moins renvoyer Hermione s’occuper de sa propre scolarité, mais son amie était déchaînée et elle aborda le sujet Drago Malefoy.


Depuis la rentrée, c’était presque devenu tabou. Hermione avait réfuté les accusations de Harry — puisqu’il n’avait aucune preuve tangible — et depuis, elle le surveillait pour s’assurer qu’il ne cherche pas à déclencher de dispute avec le Serpentard.

Elle le rappelait régulièrement à l’ordre dans la Grande Salle lorsque son regard s’égarait du côté des verts et argents et elle le tirait loin des Serpentard pour faire en sorte qu’il ne puisse plus croiser Malefoy dans les couloirs.

De la même façon, elle le réprimandait vertement lorsqu’elle le surprenait sur la carte du Maraudeur, comme s’il était un petit enfant.


Loin de décourager Harry, ce comportement avait tendance à le faire s’accrocher, persuadé qu’il avait raison. Sauf qu’il se montrait bien plus discret, refusant d’en parler à ses amis, préférant s’isoler pour épier le Serpentard. Lorsque Malefoy disparaissait sans qu’il ne puisse le localiser malgré son étude approfondie de la carte du Maraudeur, il se plongeait dans le mystérieux livre de potions, passionné par les mentions manuscrites qui lui permettaient de briller en classe de potions, déchiffrant les commentaires de ce Prince de Sang-mêlé qui le fascinait.



Alors qu’Hermione continuait de le sermonner, avec cet air supérieur qui agaçait prodigieusement le jeune homme, Harry vit du coin de l’œil la carte du Maraudeur indiquer la présence de Drago Malefoy dans les toilettes des filles, celles hantées par Mimi Geignarde. Celles où se situait la chambre des secrets.

Le visage fermé et les lèvres pincées, Harry se leva en rassemblant ses affaires d’un geste brusque et fixa Hermione un long moment, d’un air dur inhabituel chez lui, jusqu’à ce qu’elle se taise, soudain mal à l’aise.

   — Tu n’es pas ma mère. Tu n’as rien à me dire !


Hermione blêmit et vacilla, comme si elle avait été frappée, puis ses joues prirent une teinte écarlate. Elle voulut parler, mais Harry lui tourna le dos sans un mot de plus, pour monter dans son dortoir d’un pas lourd.


Il jeta ses affaires en vrac sur son lit avec mauvaise humeur, la colère battant ses tempes, mais il récupéra au passage la carte du Maraudeur. Il prit le temps de glisser le manuel de potions annoté sous son oreiller, loin de la curiosité de ses camarades. Depuis qu’il parvenait à rendre des potions meilleures que celles de Hermione, ses amis cherchaient avidement le secret de ses nouvelles capacités.

Il ne prit même pas le temps de réfléchir. Il vérifia que Malefoy n’avait pas bougé et il s’enveloppa dans sa cape d’invisibilité, puis il ferma les rideaux de son lit soigneusement avant de quitter le dortoir.



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