Guérir ensemble

Chapitre 30

1386 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/10/2022 20:17

Après la guerre, Ginny termina sa scolarité, puis elle entra dans l’équipe des Harpies de Hollyhead. C’était un rêve qui devenait réalité et à chaque fois qu’elle rentrait au Terrier, Harry était présent, l’accueillant avec un sourire qui n’illuminait jamais ses yeux. Mais Harry la prenait dans ses bras et se montrait affectueux, la laissant imaginer leur avenir.


Ginny l’embrassait chastement et se laissait enlacer, puis elle racontait tout ce qu’elle avait fait — l’entraînement, les matches, les anecdotes sur les autres joueuses.


Malgré son emploi du temps chargé par sa formation d’Auror, Harry assistait à chacun de ses matches, l’encourageait et lui souriait. Il laissait tout le monde le présenter comme le petit ami de Ginny, alors elle commença à y croire réellement.

Harry était à elle.


La jeune fille avait l’impression de vivre son rêve d’enfance. Sa vie était parfaite… ou presque.


Parfois, Ginny regardait Harry et elle se demandait s’il allait réellement bien. Son compagnon était plus silencieux qu’avant, moins souriant. Parfois, son regard se perdait dans le vague, comme s’il voyait les fantômes du passé.

Puis, l’instant d’après, il lui souriait et ses peurs disparaissaient. Harry avait juste besoin de temps, ils iraient bien lorsque leur vie de couple commencerait.



Ginny eut droit à la demande en mariage la plus étrange qui soit. Ou plutôt, ce fut une non-demande. Sa mère lui demanda si elle comptait se marier et elle haussa les épaules, un peu gênée. Cependant, au dîner, elle demanda à Harry d’un ton détaché s’ils devraient se marier.

Il haussa les épaules à son tour avec un sourire un peu absent et il répondit « bien sûr » tranquillement, comme si c’était évident et qu’il n’y avait pas à poser de questions.


Tout s’accéléra et ils furent mariés avant de s’en rendre réellement compte. Le mariage en lui-même fut parfait. La concrétisation de tous ses rêves eut cependant un goût amer puisque Harry semblait absent, un peu rêveur.


La jeune mariée oublia rapidement ses doutes, lorsque la routine reprit ses droits. Elle retourna jouer au Quidditch tandis que Harry accumulait les heures supplémentaires au bureau des Aurors. Ils se croisaient plus qu’ils ne vivaient ensemble… et pourtant leur vie leur semblait idéale.



Lorsque Ginny découvrit qu’elle était enceinte, elle eut du mal à y croire. Ils se voyaient si peu avec Harry que ça tenait du miracle. Cependant, sa grossesse était réelle et Harry sembla s’illuminer en l’apprenant.


Cet enfant semblait être ce dont Harry avait eu besoin, et elle se surprit à l’attendre avec impatience. Son époux devint attentionné, la couvant comme il ne l’avait jamais fait, lui donnant l’impression d’être réellement aimée.


Harry, qui n’avait jamais été tactile, semblait ne pas pouvoir écarter ses mains de son ventre qui s’arrondissait et il souriait plus que jamais. Il cuisinait pour elle et il répondait à ses moindres besoins, avec un empressement qu’elle trouvait parfois écrasant.



L’accouchement se passa bien. Ce ne fut pas une épreuve insurmontable, elle ne subit aucun traumatisme. Son bébé était en pleine forme et elle se remit rapidement.


Cependant, la réalité la frappa avec violence lorsqu’elle se rendit compte que toute l’attention de Harry était focalisée sur leur fils. Le contrecoup de l’accouchement fut terrible pour elle, psychologiquement, puisqu’elle avait l’impression de n’avoir été qu’un outil pour avoir ce bébé.


Elle essaya réellement de s’attacher au petit. Il était son fils, le fruit de ses entrailles, elle l’avait porté et attendu avec impatience. Mais lorsqu’elle le prenait dans ses bras, lorsqu’elle le changeait ou le nourrissait, elle n’arrivait pas à oublier qu’elle avait dû quitter son poste de poursuiveuse pour lui. Elle ne parvenait pas à effacer de son esprit le regard plein d’admiration et d’amour de Harry sur lui, alors qu’elle n’obtenait que de l’indifférence.


Ce n’était pas volontaire de la part de Harry, il ne se rendait pas compte probablement. Elle était juste un élément du décor et les yeux verts qu’elle aimait tant ne s’arrêtaient jamais sur elle.


Elle continua de prendre soin du bébé, sans se plaindre, sans rien dire. Cependant, elle aurait aussi bien pu être une baby-sitter, parce qu’elle ne se sentait pas comme une mère.

Son bébé semblait le sentir puisqu’il ne réclamait jamais sa présence alors qu’il s’agitait et souriait dès que Harry entrait dans la pièce.


Au fil des mois, alors qu’il grandissait, le petit garçon allait toujours vers Harry, jamais vers Ginny. C’était Harry qui avait les câlins, les confidences. C’était Harry qui consolait les chagrins et qui soignait les bobos.

Les premiers mots furent pour Harry, tout comme les premiers dessins.



Le rêve de Ginny tournait au cauchemar, sans qu’elle ne puisse rien faire pour changer les choses. Elle avait essayé d’attirer l’attention de Harry, mais il ne la voyait pas.


Après une longue réflexion — bien loin de ses réflexes de Gryffondor qui la poussaient en général à agir — Ginny décida qu’elle devait se protéger. Elle ne pouvait pas rester dans l’ombre, ignorée par Harry, à souffrir en sentant son cœur se briser jour après jour. Elle avait aimé Harry de toute son âme. Même s’il était son rêve d’enfance, elle était tombée amoureuse du jeune homme qu’il avait été et de l’homme qu’il était devenu. Elle se persuada qu’elle avait besoin d’une dernière nuit d’amour avant de partir, pour avoir le souvenir de ses mains sur son corps, pour se souvenir de son regard la regardant réellement.


Elle regretta cette idée très rapidement. Près d’un mois plus tard, alors qu’elle se décidait enfin à changer de vie, que tout était prêt pour son départ, elle découvrit qu’elle était enceinte de nouveau.

Lorsqu’elle l’annonça à Harry, il réagit de la même façon que pour sa première grossesse : il s’illumina et il la regarda avec adoration.


Cette fois, cependant, Ginny ne se laissa pas prendre au piège. Elle savait que Harry n’aimait que son ventre, dans lequel grandissait son précieux enfant.

Ginny détesta d’avance cet enfant. Elle le voyait comme une chaîne qui l’empêchait de partir, comme un rappel permanent de ses rêves brisés. Elle le détesta encore plus quand la grossesse se révéla difficile, la laissant alitée et exténuée.


Elle passait ses journées seule, piégée dans un lit, à attendre la délivrance. Harry la choyait, la couvrait de cadeaux. Il parlait du bébé et de l’avenir, mais Ginny se perdait dans ses pensées et ne répondait pas. Dans son esprit, elle était déjà loin, loin de Harry qui ne l’aimait pas vraiment, loin de ces enfants non désirés.


Cette fois, l’accouchement fut long et douloureux. Épuisée, elle s’endormit avant de voir le bébé, sans savoir si c’était un garçon ou une fille, sans se soucier de sa santé.

En se réveillant, elle découvrit avec indifférence qu’elle avait une fille. Si Harry nota son désintérêt, il ne le mentionna pas et il prit le relais avec les enfants sans un mot, comme si elle était déjà partie.


Ginny prit le temps de se remettre de son accouchement. Cependant, elle ne posa jamais les yeux sur le bébé et elle cessa de s’occuper de son fils. Elle était un fantôme dans sa propre maison et le pire était qu’elle ne s’en souciait pas.


Laisser un commentaire ?