Guérir ensemble
Depuis sa naissance, Ginny Weasley avait été couvée par sa famille comme un précieux joyau. Seule fille d’une tribu de garçons, elle était la petite princesse.
Bien que parfois très taquins avec elle, ses frères étaient farouchement protecteurs, tout comme ses parents.
Bien que choyée, elle avait vite développé son propre caractère, n’hésitant pas à se rebeller et à faire sa loi parmi ses frères. Elle savait parfaitement se défendre et elle ne se considérait pas comme une petite chose fragile, loin de là.
Tout comme ses frères, elle rêvait de jouer au Quidditch et elle n’avait pas peur de se battre.
Ginny avait grandi avec le spectre de la guerre des sorciers, dans laquelle deux de ses oncles avaient été tués. Sa mère parlait beaucoup de ses frères disparus trop jeunes, deux têtes brûlées qui n’avaient peur de rien et qui s’étaient battus pour la liberté.
Elle avait également grandi avec l’histoire de ce petit garçon qui avait sauvé le monde magique. Le survivant, ce bébé magique qui avait survécu au sort de mort et qui avait mis fin au règne de terreur du mage noir.
Ginny avait rêvé de ce garçon unique, celui dont ses parents parlaient souvent. Lorsqu’elle était petite, elle imaginait être son amie et vivre des aventures épiques à ses côtés.
En grandissant, elle se prenait à imaginer que lorsqu’elle rencontrerait Harry Potter, celui-ci la regarderait et tomberait amoureux d’elle.
Son avenir serait forcément aux côtés de ce garçon unique. Après tout, elle était l’unique fille de la famille Weasley. Ses parents s’étaient battus aux côtés des parents de Harry Potter et peut-être qu’un jour ils se battraient côte à côte avant de fonder une famille après un mariage somptueux.
Elle avait brièvement croisé Harry Potter le jour où son frère Ron avait fait sa rentrée à Poudlard. Elle était restée silencieuse, cachée dans les jupes de sa mère, à l’observer avidement.
Le garçon ne ressemblait pas à ce qu’elle avait imaginé, mais ce n’était pas un problème à ses yeux. Elle avait juste ajusté ses rêves.
D’après les récits de son frère Ron, devenu le meilleur ami de Harry Potter, Ginny savait que le garçon dont elle rêvait la nuit était réellement un héros.
Elle, si sûre d’elle, se retrouva incapable de parler, restant dans l’ombre, rougissant au moindre regard de Harry et devenant terriblement maladroite.
C’était à l’opposé de son caractère habituel et ses frères ne se privaient pas de se moquer d’elle ou de la bousculer. Cependant, Ginny ne parvenait pas à agir normalement alors que son héros de toujours était à sa portée, amical et souriant. Elle ne retrouvait sa férocité que lorsque Harry était loin d’elle.
Comme un appel du destin, Ginny se retrouva en danger dès sa première année à Poudlard. Seule et perdue dans l’école de magie, elle oublia tous les conseils de prudence enseignés par ses parents et se laissa tenter par la voix du diable… à savoir un mystérieux journal qui lui répondait et apaisait ses peurs. Elle déversa en cet artefact empli de magie noire tous ses rêves et toutes ses peurs, et elle dut en payer le prix.
L’année sembla se dérouler dans un brouillard de peur et de colère, alors qu’elle était forcée d’accomplir des actes qui la répugnaient. Elle passa près d’une semaine à pleurer après avoir été forcée d’assassiner les coqs de Hagrid, puis elle tomba dans un désespoir profond et elle cessa de lutter.
Elle était proche de la mort lorsque Harry vint pour elle. Son héros en armure étincelante la sauva, il se battit contre le monstre et il le terrassa. Puis, Harry se jeta sur elle pour l’enlacer, la regardant vraiment pour une fois, la voyant elle et non la petite sœur de Ron.
Ce fut probablement à cet instant que Harry devint autre chose qu’un amour d’enfance pour Ginny. Si elle avait un jour douté, Ginny sut à ce moment précis que Harry serait sien dans l’avenir. Ils étaient liés.
Cette certitude s’ancra en elle alors qu’elle était accrochée à son héros, soulagée d’être libérée de la chose qui l’avait contrôlée comme une marionnette durant toute l’année.
À la suite de cet évènement qui aurait pu devenir tragique, Ginny s’affirma. La petite fille timide s’épanouit et prit de l’assurance.
Elle cessa de surveiller Harry en permanence, le cœur apaisé. Même si Harry ne la voyait pas pour le moment, elle savait qu’un jour ils se trouveraient. Elle devait juste être patiente.
Ginny entra de l’équipe de Quidditch et brilla sous la direction de Harry. Elle le suivit dans ses aventures autant qu’elle le put, mais elle fit également ses propres expériences.
Elle eut des petits amis, elle se disputa avec ses frères. Elle vécut la vie d’une adolescente normale, mais au fond de son cœur, elle savait que son avenir était déjà écrit.
Lorsque la guerre revint, Ginny était prête à se battre, dans l’ombre de Harry. Elle prouva sa valeur, acceptant sans rougir les compliments ou les regards de Harry.
Puis, il y eut leur premier baiser. Elle embrassa brièvement Harry et elle nota avec plaisir le trouble dans ses yeux. Cependant, elle s’éloigna, consciente que ce serait à Harry de faire le premier pas la prochaine fois…
Comme toujours, Harry ne la déçut pas. À la victoire suivante au Quidditch, il se tourna vers elle et il l’embrassa. C’était plus qu’une simple pression des lèvres, c’était un véritable baiser, qui alluma un brasier dans le cœur de Ginny. C’était la concrétisation de tous ses rêves, un moment de bonheur qu’elle voulait conserver pour toujours dans son cœur.
Lorsque Harry s’éloigna d’elle pour la protéger, lorsqu’il partit loin d’elle, elle garda espoir avec le souvenir de ce moment précieux. Elle l’attendit, elle se battit en son nom, sans jamais baisser les bras, sans jamais faiblir.
La victoire fut amère.
Le cœur de Ginny se brisa lorsqu’elle perdit l’un de ses frères. Elle crut mourir lorsque Hagrid revint avec le corps inerte de Harry dans ses bras, en pensant qu’il s’était sacrifié.
Hurlant sa douleur comme une banshee, Ginny se battit avec une rage renouvelée, oubliant la peur… et la prudence. Par miracle, elle traversa la bataille sans être blessée, sa famille veillant sur elle. Après la perte de l’un de leurs membres, les Weasley avaient resserré les rangs, déterminés à se protéger mutuellement, et Molly veillait comme une louve sur ses petits. Sa mère tua Bellatrix et sauva Ginny, puis mère et fille luttèrent ensemble, dos à dos.
Ginny crut que son cœur allait s’arrêter lorsque Harry se dressa soudain, comme revenu d’entre les morts. Elle ne put s’approcher et elle regretta de ne pas avoir pu le suivre pour le soutenir.
Lorsqu’elle le retrouva enfin, il avait tué Voldemort et il était épuisé, vacillant doucement, le regard dans le vague.
La jeune fille l’approcha doucement, comme elle l’aurait fait avec un animal sauvage qu’il faudrait apprivoiser. Elle nota son air épuisé, ses cernes, son regard vide et terne et son cœur se serra, consciente que Harry n’allait pas bien…