Guérir ensemble
Face à son air décidé et vaguement menaçant, Hermione, les larmes aux yeux, agrippa le bras de Ron et le tira à sa suite, sortant de la maison, non sans jeter un regard en arrière, dévisageant Drago qui tenait Lily, puis Harry qui semblait décidé, ses yeux verts emplis d’une détermination qu’elle avait souvent vue à Poudlard…
Elle tenta de plaider à nouveau leur cause, pleine d’incompréhension, essayant de ramener Harry à la raison selon elle, mais sans la moindre hésitation, Harry ferma la porte brusquement.
Une fois seuls à l’intérieur, Harry souffla pour se calmer, la tête encore pleine des hurlements de Ron. Puis, il se retourna pour faire face à Drago et il sourit tranquillement, comme si l’incident ne l’avait pas touché.
— Il fallait bien qu’ils débarquent un jour ou l’autre…
Drago ne lui retourna pas son sourire, l’observant attentivement sans lâcher Lily Luna, continuant de câliner la petite fille. Il murmura juste, inquiet.
— Tu vas bien ?
Quelque chose brûla avec force dans la poitrine de Harry et il s’approcha de lui sans le quitter des yeux. Visiblement, il lui fallait un électrochoc pour réagir depuis qu’il était adulte, puisque la décision qu’il avait à prendre lui paraissait d’une simplicité déconcertante. Il avait l’évidence sous les yeux depuis le début et il avait été si aveugle qu’il s’en voulait un peu.
Arrivé près de Drago, il se pencha et les enlaça, lui et sa fille, avant de l’embrasser avec douceur, pressant tendrement leurs lèvres en ayant l’impression que tout était enfin parfaitement à sa place.
— Je vais bien.
Lily gloussa et battit des mains, visiblement ravie du spectacle, tandis que Drago paraissait surpris de son initiative soudaine. Harry lui adressa un clin d’œil complice puis murmura.
— On devrait déménager. Une maison avec un laboratoire pour toi, et une chambre pour chaque enfant. Et je veux une salle de bains dans notre chambre.
Il le laissa sur place, statufié, tandis qu’il allait rejoindre les deux garçons et leur professeur, pour savoir ce que l’homme lui voulait.
*
La visite de Hermione et Ron avait permis à Harry de prendre une autre décision — autre que celle d’admettre son attirance certaine envers Drago. Plus qu’une simple attirance, il l’aimait. C’était une certitude tranquille, comme une évidence.
Il avait promis au ministre depuis longtemps d’être présent à la cérémonie marquant les dix années de la victoire sur Voldemort, mais il ne comptait pas s’y rendre. Il n’était plus Auror, il n’avait plus aucun lien avec le Ministère. Il était libre de tout engagement et décidé à en profiter. Ainsi, il ne se présenterait pas en public pour agréer au Ministère, en tout cas, pas tant que Drago Malefoy serait traité comme un criminel.
Il envoya donc une lettre au ministre — avec une copie à la Gazette — pour expliquer les raisons de son absence. Il n’aimait pas la façon dont le journal avait attaqué Drago, tout comme il n’acceptait pas que ses décisions soient disséquées par des idiots qui voulaient diriger sa vie.
Dans cette lettre ouverte, il reprochait aux parents d’élever leurs enfants dans la haine des anciens Serpentard, leur apprenant à haïr d’autres enfants innocents, sans la moindre raison hormis leur filiation, de la même façon que Voldemort le faisait autrefois.
Puis, il annonça que quiconque s’en prendrait à son compagnon devrait en répondre devant lui et qu’il n’hésiterait pas à se battre, jusqu’à ce que le message passe.
Drago eut l’occasion de lire ses mots avant qu’il l’envoie et il eut un mince sourire alors que ses joues rougissaient légèrement. Il resta longuement silencieux avant de murmurer :
— Tu vas provoquer un sacré bordel…
Harry avait juste haussé les épaules, amusé.
— Je m’en fiche. Je ne compte pas aller voir de près leurs réactions.
Et il avait tenu parole.
Ils restaient chez eux, sans s’intéresser à la vie du monde magique. Ils cherchaient leur nouvelle maison, ils faisaient des projets d’avenir et ils profitaient de la vie ensemble. Les enfants n’avaient jamais semblé aussi heureux, ravis de voir leurs pères rayonnants. Drago avait ses potions et il ne manquait pas de clients. Harry avait commencé à étudier les sortilèges en détail, intéressé par les multiples possibilités qui s’offraient à lui.
Harry avait l’impression de revivre, de reprendre son souffle après de longues années d’apnée.
Tout n’était pas parfait, bien sûr. Parfois, il regrettait l’éloignement de Ron et Hermione, mais il savait qu’un jour ils comprendraient et qu’ils se retrouveraient. S’ils étaient réellement ses amis, ils reviendraient s’excuser et il pourrait les pardonner.
Cependant, la présence de Drago le rendait heureux, plus qu’il ne l’avait jamais été. L’homme ne le ménageait pas, loin de là. Il n’hésitait jamais à le bousculer un peu ou à le pousser à bout, juste pour le forcer à réagir lorsque son regard se perdait dans le vague. Drago le réveillait et le consolait lorsque les cauchemars le hantaient.
Drago refusait de choisir à sa place, le forçant à prendre des décisions qu’il avait toujours évitées. Auprès de lui, Harry ne pouvait plus se laisser couler dans le brouillard qui l’avait longtemps submergé. Il n’avait jamais été si vivant ni si libre.
Et lui… lui, il montrait chaque jour à Drago que les erreurs pouvaient être pardonnées et que le passé était loin derrière eux. Il l’aidait à accepter son bras mutilé, le tatouage d’Azkaban sur son cou, ne se lassant jamais de les caresser lorsqu’ils étaient seuls, lui montrant qu’il aimait chaque partie de son corps.
Albus Severus et Scorpius avaient été les plus heureux de devenir presque frères, alors que leur amitié pourtant récente était déjà si forte. Lily Luna avait boudé quelques jours, pour finir par avouer qu’elle ne voulait pas être la sœur de Scorpius : elle voulait se marier avec lui.
Réprimant un fou rire, Drago lui avait sérieusement juré que si elle en avait toujours envie lorsqu’elle aurait l’âge, rien ne l’empêcherait de se marier à son fils ; après tout, ils n’avaient aucun lien de sang.
Une fois seuls après cette petite scène, Harry l’avait regardé avec malice, les yeux brillants.
— Méfie-toi… Si elle tient de moi, tu peux commencer à préparer un mariage. Je te rappelle que je suis totalement obsédé par toi depuis notre première rencontre et vois où nous en sommes…
Drago l’avait enlacé et bâillonné d’un baiser pour le faire taire. En se perdant dans le baiser, Harry avait songé qu’ils avaient tout l’avenir pour continuer à s’aimer comme ça et qu’il avait enfin trouvé le bonheur qu’il avait toujours cherché désespérément.