Guérir ensemble

Chapitre 26

1283 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/09/2022 20:14

Drago le dévisagea longuement, les lèvres pincées, comme s’il cherchait sa réponse sur le visage de Harry. Puis il se détendit et il haussa légèrement les épaules avec un demi-sourire moqueur.

   — Ça dépend de toi. Uniquement de toi.

Harry cligna les yeux, déstabilisé, sans voir où son camarade voulait en venir.

   — Quoi ? Je… je ne comprends pas.

   — Tu comptes m’éviter ou rougir à chaque fois qu’on se croise ? Ou jouer l’autruche et prétendre que rien ne s’est passé et que c’est les conséquences d’un abus d’alcool trop important ?

   — Mais…

Drago ne tint pas compte de la tentative de protestation de Harry et il continua calmement, parfaitement sûr de lui.

   — J’étais ivre. Soit. Mais pas au point de faire n’importe quoi. J’étais parfaitement conscient de mes actes et me je souviens parfaitement de la soirée.



Harry secoua la tête et un léger sourire amusé fleurit sur ses lèvres, alors qu’il commençait à comprendre ce que Drago cherchait à lui faire comprendre.

   — Tu ne vas pas me faciliter les choses, hein ?

Cette fois, Drago gloussa, ses yeux gris brillant de malice.

   — Je ne l’ai jamais fait, pourquoi je commencerais ?


En entendant les enfants se réveiller, Harry hocha la tête et il souffla doucement.

   — J’ai besoin de réfléchir, OK ?

Drago l’observa une fois encore, pensivement, et il hocha la tête tranquillement. Il se redressa pour s’approcher de l’homme brun sans le quitter des yeux.

   — Ne sois pas trop long. Je ne suis pas connu pour ma patience.

Puis, il l’embrassa avec douceur, juste un léger effleurement de ses lèvres, avant de se lever et de se diriger vers la salle de bains tranquillement.



Le cœur battant à toute vitesse, Harry se leva d’un bond et enfila rapidement son jean, abandonné la veille. Il se précipita dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner, l’esprit en déroute, se concentrant sur les gestes du quotidien pour reprendre son calme.



*


Pendant une semaine interminable, Harry tenta de prendre une décision. Certains jours, il se demandait s’il n’était pas simplement devenu fou. Peut-être était-il dans une chambre à Sainte-Mangouste où il imaginait une vie dans laquelle Drago Malefoy avait une place prépondérante.


Parfois — surtout la nuit, lorsqu’il s’éveillait en sursaut — il paniquait un instant en pensant que Drago était parti, qu’il était de nouveau seul avec ses enfants. Son cœur se serrait et il se levait à toute vitesse.

Il passait devant la chambre de Drago, hésitait à y entrer, mais continuait jusqu’à la chambre que partageaient Albus Severus et Scorpius. Il les regardait dormir un moment avant de refermer la porte, de jeter un œil sur sa petite princesse, puis il retournait se coucher, apaisé.


Dans le passé, Drago Malefoy avait été un gosse terrible et ils s’étaient battus tant de fois qu’il en avait perdu le compte. Mais le Drago adulte s’était assagi et il respectait son besoin de réfléchir. Il se tenait à distance, l’attendant.


Harry se rendit rapidement compte qu’il n’aimait pas cet éloignement qu’il avait lui-même imposé. Il se souvenait en permanence des quelques baisers donnés par Drago et il en venait à espérer que ce dernier perde patience et recommence pour le convaincre. Cependant, il savait que son cher Serpentard ne ferait plus le premier pas, qu’il le laisserait prendre sa décision en se tenant à distance, jusqu’à ce qu’il se décide et revienne vers lui.


Au fond de lui, il savait qu’il avait déjà pris une décision, il manquait juste de courage pour le dire à haute voix. Particulièrement ironique pour un ancien Gryffondor.



Il était en train de planifier la façon dont il abdiquerait face à ce fichu serpent lorsque quelqu’un frappa sèchement à la porte, le distrayant de ses pensées.


Habituellement, il ne recevait jamais de visite. Il avait gardé son adresse secrète pour ne pas être importuné et parmi ceux qui savaient où était la maison des Potter, personne n’avait de motifs pour venir à l’improviste.

Il soupira et se leva pour aller ouvrir. Les enfants étaient avec le nouveau précepteur et apprenaient bien plus qu’à l’école, puisque leur professeur suivait leur rythme. Drago brassait ses potions, refusant d’abandonner son activité, surtout depuis que Harry lui avait aménagé un laboratoire.



Il ouvrit la porte et se trouva face à Ron et Hermione. Il fronça les sourcils, légèrement inquiet, mais Hermione força pratiquement le passage en l’abreuvant de reproches, puisqu’il ne répondait plus à ses multiples lettres. Ron restait silencieux, regardant autour de lui, la bouche pincée, comme s’il espérait encore que sa sœur apparaisse soudain.


Harry croisa les bras sur sa poitrine, stoppant la progression d’Hermione.

   — Qu’est-ce que vous faites ici ?


Hermione plissa les yeux, visiblement furieuse, mais Harry grogna, agacé. L’arrivée de Drago dans sa vie lui avait ouvert les yeux. Après la guerre, il était devenu totalement passif et ses amis avaient tenté de l’aider à leur façon. Hermione avait pris l’habitude de le diriger comme s’il était un petit garçon, espérant probablement que ça l’aiderait à avancer.

Avec les années, elle ne se rendait même plus compte à quel point elle était intrusive et autoritaire, et Harry était déterminé à changer tout ça. Elle n’était pas la seule fautive, il avait sa part de responsabilités. Après tout, il l’avait laissé faire, il s’était laissé aller à un point où ses amis avaient dû le pousser à réagir pour le forcer à avancer.

Et ils n’avaient jamais perdu l’habitude puisqu’il obéissait sans se plaindre jusqu’à récemment.


Il n’y avait que pour le départ de Ginny qu’il était resté passif, refusant de suivre leurs conseils pressants d’aller chercher son ex-femme.


Son amie se redressa, les joues rouges et commença à lui reprocher sa démission, le volume sonore montant rapidement jusqu’à ce qu’elle hurle presque. Harry l’arrêta, fronçant les sourcils. Déterminé, il croisa les bras sur sa poitrine et répondit calmement.

   — Je suis apte à prendre mes propres décisions, Hermione. Tu n’es pas ma mère et je n’ai pas à me justifier !

Son ton calme la choqua et elle écarquilla les yeux. Ron voulut protester, mais Harry le prit de court en répétant, toujours avec calme. Il savait que s’il répondait aux cris par des cris, la situation resterait bloquée, chacun campant sur ses positions.

   — Pour la dernière fois, qu’est-ce que vous faites ici ?




Il y eut un long silence, puis Hermione se redressa, décidée.

   — Je viens chercher Albus et Lily pour les emmener à l’école. Tu n’as pas à les garder enfermés de cette façon, c’est irresponsable. Le directeur de l’école m’a parlé de leur absence et je sais qu’ils ne sont pas malades alors, il est temps qu’ils aient une vie correcte.




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