Guérir ensemble

Chapitre 19

1325 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/09/2022 20:26

Harry s’accrocha à son ancien camarade comme si sa vie en dépendait, le serrant contre lui en essayant de le préserver au mieux, et il se laissa porter, les yeux fermés, priant pour que le voyage brutal en cheminette n’aggrave pas les blessures de Drago.

Cependant, il ne voulait pas laisser les enfants seuls trop longtemps et Drago avait définitivement besoin de soins. Il avait aussi besoin d’être en sécurité, à un endroit où personne ne pourrait le trouver.



Comme toujours avec les modes de transport sorciers, son atterrissage fut un peu hasardeux bien que Drago réussisse à le stabiliser presque miraculeusement, lui épargnant l’humiliation d’arriver à plat ventre.


En pestant contre cette façon de se déplacer désagréable, Harry entraîna Drago jusqu’au sofa. La seconde d’après, les trois enfants arrivaient en courant, alertés par le bruit.


Harry nota que Albus tenait la main de Scorpius, et que ce dernier semblait être un peu plus calme. Lily était collée au petit blond, le regardant d’un air inquiet, décidée à le protéger du haut de ses cinq ans.

En voyant son père, Scorpius eut un hoquet effaré et il se précipita contre lui pour l’enlacer. Drago réprima un grognement de douleur et l’enlaça du mieux qu’il le pouvait, le rassurant d’une voix douce, non sans avoir jeté un regard de gratitude envers son hôte.




Harry croisa le regard d’Albus et il sut qu’il devrait avoir une conversation avec son fils sur ce qui venait de se produire. Visiblement, ce dernier semblait se poser beaucoup de questions sur les raisons d’un tel déferlement de haine.

Il soupira et se frotta le visage.

   — Les enfants ? Vous pourriez nous laisser quelques instants ? Je vais soigner Drago, d’accord ? Tout va bien, juste quelques bobos…


Scorpius dévisagea son père, notant les coupures et les bleus, et il hocha la tête, un peu tendu. Harry lui pressa l’épaule avec un sourire qu’il voulait rassurant.

   — Ne t’en fais pas, d’accord ? C’est un peu impressionnant, mais rien de grave.


Drago ricana en jetant un regard complice en direction de Harry, masquant tout inconfort alors qu’il devait souffrir.

   — On a fait bien pire quand on se battait à Poudlard !

Malgré lui, Harry gloussa et les tensions dans la pièce semblèrent diminuer légèrement. Les enfants échangèrent un regard et Scorpius recula d’un pas puis il s’immobilisa, inquiet.

   — Ils vont revenir ?


Harry se baissa pour pouvoir le regarder dans les yeux. Les mains posées sur les épaules du petit garçon, il murmura gravement.

   — On va faire en sorte que non, d’accord ?

Le petit garçon jeta un bref coup d’œil à son père avant de fixer Harry et il sembla décider que le père de ses nouveaux amis était digne de confiance, puisqu’il hocha la tête sérieusement.

Il se tourna et rejoignit Albus Severus et leurs mains se nouèrent de nouveau. Lily Luna attrapa la main libre de Scorpius, en se collant contre lui, et les trois enfants se dirigèrent tranquillement vers la chambre d’Albus en silence.



Drago soupira.

   — Potter… Tu n’aurais pas dû lui dire ça. Toi et moi, on sait qu’ils reviendront. Je préfère qu’il se montre prudent plutôt que de se penser en sécurité.

Harry leva un sourcil moqueur.

   — Peut-être qu’ils veulent revenir. Mais je compte bien faire en sorte de vous protéger tous les deux.



Drago se laissa aller en arrière dans le sofa en fermant les yeux, visiblement épuisé. D’un geste de baguette adroit, Harry attira à lui une bassine d’un accio, ainsi qu’un gant de toilette. Puis, il la remplit d’eau en marmonnant un aguamenti avant de commencer à nettoyer les plaies que Drago avait au visage avec douceur.

Après un moment, il murmura.

   — Retire ta chemise, que je puisse continuer.

Drago obéit sans un mot, avec des gestes lents qui trahissaient sa fatigue et la douleur qu’il ressentait. Harry l’aida à ôter complètement le vêtement et il continua ses soins en silence, œuvrant avec méthode, faisant en sorte de ne pas lui faire de mal.


Lorsqu’il arriva au bras gauche, il eut une légère hésitation. Pensant que c’était à cause de la marque, Drago ouvrit les yeux, prêt à voir le dégoût dans les yeux verts. Cependant, ce n’était pas ce qui avait gêné Harry.


Ce dernier passa le doigt sur l’emplacement de la marque, en une caresse légère.

   — Qu’est-ce qui s’est passé ?

Autrefois, la peau pâle et parfaite était marquée de traits noirs, formant un serpent sortant d’un crâne humain. C’était une marque d’esclavage et la preuve indélébile de sa stupidité.

Désormais, à la place de ce tatouage ignoble, il n’y avait plus qu’une étendue de peau cicatricielle, boursoufflée, parsemée de taches grisâtres indéfinissables çà et là.


Drago haussa les épaules et baissa les yeux.

   — Je ne voulais plus la voir.

Harry passa la main sur les cicatrices, l’air horrifié.

   — Qu’est-ce que tu as fait, Drago ?


Après un moment de silence, le jeune homme finit par murmurer, sans oser regarder Harry.

   — Je l’ai brûlée.


Harry essuya lentement son bras, sans éviter les cicatrices, le visage figé. Il procédait avec lenteur, comme pour montrer qu’il n’était pas gêné par ce qu’il était, par ce qu’il avait fait autrefois.

Puis, il reposa le gant et soupira.

   — Est-ce que ça t’a vraiment aidé ? De te mutiler comme ça ?


Drago cligna des yeux en le fixant, puis il haussa les épaules.

   — Je ne sais pas. Je ne pense pas, j’ai l’impression qu’elle est toujours là, sous les cicatrices. Mais au moins, je ne la vois plus chaque jour.



Harry passa la main une fois encore sur les cicatrices, faisant frissonner Drago.

   — Tu devrais voir ça comme la preuve que tu as survécu. Tu t’en es sorti et maintenant c’est derrière toi.


Drago le regarda avec un léger sourire.

   — Je pensais que tu me reprocherais d’avoir fait ça.



Harry resta silencieux un long moment, puis il soupira et avoua, tête baissée.

   — Si ma cicatrice si célèbre n’était pas sur le visage, j’aurais probablement fait la même chose. Tu n’imagines pas le nombre de fois où j’ai rêvé de la détruire, de faire en sorte qu’elle ne puisse plus être identifiée… Alors je comprends parfaitement pourquoi tu as fait ça…


Drago le fixa un long moment, avant de tendre le bras pour écarter les cheveux noirs, toujours autant en bataille, et exposer la cicatrice si connue. La marque qui avait fait de Harry celui qui devait faire face à Voldemort, qui était la preuve qu’il avait survécu, mais aussi le rappel constant que ses parents avaient été tués sous ses yeux. Il retraça l’éclair d’un doigt léger puis il sourit.

   — Si ça peut te rassurer, ce n’est pas ce que je vois quand je te regarde.


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