Guérir ensemble

Chapitre 16

1349 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/09/2022 20:27

Drago pinça les lèvres, contenant son agacement. Il n’allait certainement pas critiquer Granger alors qu’elle était l’amie proche de Harry Potter, ainsi qu’une héroïne de guerre reconnue. Cependant, il trouvait le comportement de leur ancienne camarade d’école déplacé.

Harry était un adulte responsable, père de deux enfants. Quoi qu’ils aient vécu dans le passé, ce n’était pas à son amie de gérer sa vie ou de le gronder comme s’il était un petit garçon capricieux. Le ministre était lui aussi un idiot pour demander des explications à Granger plutôt qu’à Harry lui-même…


Il était rassuré de voir le jeune homme irrité, preuve qu’il ne se laisserait pas convaincre de retourner en arrière, piégé dans cette vie qu’il n’avait pas choisi et qu’il haïssait visiblement. Harry avait besoin d’air et de changement, il avait besoin de se trouver, et Drago était heureux d’être aux premières loges pour assister à sa transformation.


Harry lui sourit d’un air complice en notant son air renfrogné et ses sourcils froncés. Drago finit par rouler des yeux et hausser les épaules.

   — Je préfère ne pas faire de commentaires sur ce sujet, Potter. Je ne voudrais pas te vexer en insultant tes amis alors qu’on vient juste de se retrouver.


Harry gloussa, sans sembler le moins du monde gêné de la réplique de l’ancien Serpentard. Puis il se laissa aller en arrière dans son siège et murmura, tranquillement.

   — Tu sais, ils sont peut-être mes meilleurs amis et je les adore bien qu’on se soit éloignés, mais je suis parfaitement capable de voir leurs défauts actuels. Sans compter que je sais parfaitement ce que tu penses d’eux.


Drago leva un sourcil moqueur en le dévisageant longuement, puis il eut un léger rictus.

   — Tant que tu as conscience qu’ils n’ont pas à dicter ta vie, quels que soient vos souvenirs communs, je me moque bien de ce qu’ils font ou disent à mon sujet…


Sans quitter Drago des yeux, Harry froissa la lettre d’Hermione, puis il changea de sujet.

   — Et sinon… ta maison est correctement protégée au moins ?


*



Le soir même, lorsque Harry récupéra ses enfants à l’école, il nota l’air renfrogné de son fils. Lily Luna était joyeuse et exubérante comme toujours, racontant sa journée, mais Albus Severus ne participait pas, perdu dans ses pensées, une moue agacée aux lèvres.


Harry prévoyait d’avoir une conversation avec lui plus tard pour comprendre ce qui n’allait pas, mais son fils murmura soudain, le surprenant.

   — On retournera voir Scorpius et son père, pas vrai ?


Harry cligna des yeux, se demandant ce que lui valait une telle question alors qu’il avait assuré à ses enfants qu’ils resteraient en contact avec les Malefoy.

   — Évidemment. D’ailleurs, je suis passé les voir aujourd’hui et Scorpius te salue. Il était déçu que tu ne sois pas avec moi… mais on s’organisera mieux la prochaine fois.


Son fils se renfrogna un peu plus, de nouveau pensif, les sourcils froncés. Harry dut attendre qu’ils soient rentrés et que Lily soit occupée à prendre son petit goûter pour qu’Albus prenne la parole de nouveau, se plantant devant son père, bras croisés sur la poitrine.

   — À l’école, ils disent que le père de Scorpius est un Mangemort. C’est vrai ?



Harry soupira et s’installa près de son fils, se mettant à sa hauteur et il le fixa dans les yeux.

   — Avant de te répondre, tu peux me dire ce que tu en penses ?

Son fils lui jeta un regard un peu méfiant, mais il soupira et haussa les épaules avec indifférence.

   — Scorpius est mon ami. Et j’aime bien Drago. De toute façon, si c’était un méchant, il ne serait pas copain avec toi, non ?


Harry sourit et ébouriffa les cheveux d’Albus.

   — Drago… n’a pas vraiment eu le choix, tu sais. Ses parents étaient mangemorts et il a fait de son mieux pour… s’en sortir. Il a la marque, mais ça ne fait pas de lui quelqu’un de méchant, tu comprends ?


Albus Severus resta un long moment pensif. Puis, il haussa les épaules.

   — C’est comme l’homme dont je porte le prénom ? Celui que tout le monde pensait méchant alors qu’il était un héros ?


Harry hésita brièvement puis il hocha la tête lentement en repensant au jour où Drago Malefoy avait menti pour lui, dans son Manoir, lui permettant de fuir après qu’il ait été pris par des rafleurs. Il ajouta tranquillement, sans quitter des yeux son fils qui écoutait religieusement.

   — La guerre est terminée depuis des années. Il n’y a plus de Mangemorts, fort heureusement. Tout ça… c’est derrière nous, mon grand.

Albus eut un petit sourire triste.

   — De toute façon, j’ai pas vraiment de copains à l’école. Ils veulent être avec moi uniquement parce que je suis ton fils. Ils veulent… ils veulent juste savoir des trucs sur toi. Ou avoir des photos ou que je les invite à la maison.


Harry soupira, épaules basse, avec la sensation amère que tout ce qu’il avait fait était un échec. Il s’était battu pour la liberté du monde magique, pour les sauver, et ils n’apprenaient pas de leurs erreurs.

Il attira son fils contre lui pour une brève étreinte puis il sourit.

   — Laisse-les parler. Ça ne nous empêchera pas d’aller voir les Malefoy, OK ?


Albus chuchota, incertain.

   — Tu me le promets ?

Cette fois, Harry n’hésita pas. Il ne comptait certainement pas abandonner Drago Malefoy, pas alors qu’il regrettait tant de l’avoir perdu de vue après la guerre.

   — C’est promis, mon grand.



Le sujet ne revint pas dans la conversation. Albus sembla plus détendu, plus souriant également. Au moment du coucher, il hésita.

   — Papa ? On est obligés d’aller à l’école ? Je veux dire, Scorp », il apprend chez lui. Pourquoi on ne fait pas la même chose ?


Harry hésita.

   — Je voulais que… vous puissiez rencontrer d’autres enfants, toi et ta sœur. Je voulais une vie normale pour vous.

Albus plissa le nez.

   — La normalité, c’est pas cool.


Malgré lui, Harry se mit à rire. Il ébouriffa les cheveux de son fils, puis il soupira.

   — OK mon grand. Je vais y réfléchir et on en reparlera. Ça te va ?

Albus plissa les yeux, silencieux et méfiant, puis il finit par se détendre légèrement en hochant la tête.

   — D’accord, papa.

   — Bonne nuit, mon grand.

   — Bonne nuit.



Harry resta longuement éveillé, pensif. Même si Albus n’avait jamais vraiment aimé l’école et qu’il avait toujours eu du mal à se faire des amis, son fils n’avait jamais émis le souhait de ne plus y aller. D’ailleurs, Harry n’avait jamais envisagé un autre mode d’éducation.

Cependant, il savait à quel point les enfants pouvaient être cruels. Sa propre scolarité dans le monde moldu, avant Poudlard, avait été désastreuse à cause de son cousin… Il s’était toujours juré que ses enfants ne subiraient pas la même chose.






Laisser un commentaire ?