Guérir ensemble

Chapitre 15

1331 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/09/2022 20:19


Harry dévisagea Drago alors qu’il servait du thé, notant le léger froncement de sourcils du blond et ses gestes un peu plus brusques qu’à son habitude. C’était probablement à cause de la décision de Harry, ou plus exactement à cause du risque qui planait sur sa propre famille désormais, pour l’avoir rencontré par hasard.

Le jeune homme était pleinement sincère quand il avait juré de le protéger. Il s’était peut-être laissé aller ces dix dernières années, acceptant tout ce que tout le monde voulait de lui, mais désormais, il allait faire ce qu’il voulait. Tout ce qu’il voulait.

Personne ne s’était soucié de lui comme Drago Malefoy l’avait fait. Plus exactement, personne ne le connaissait aussi bien que l’ancien Serpentard, et personne n’avait vu ce qui n’allait pas chez lui. Il lui avait tendu la main, il avait été l’électrochoc salutaire.


Il sourit à Drago alors que ce dernier lui tendait une tasse et il but une gorgée sans attendre en fermant les yeux. Puis, il soupira et murmura avec une grimace en regardant celui qui fut un jour son rival.

   — Je suis un père horrible.


Face à lui, Drago roula des yeux, se contentant d’une réponse laconique.

   — Vraiment ?

Harry eut un petit sourire en coin, amusé de l’expression de Drago, qui semblait ne pas croire son affirmation. Puis, il se rembrunit et haussa les épaules en fixant son thé, comme s’il pouvait y lire quelque chose.

   — Depuis… des années, je suis une marionnette docile. Je me suis laissé aller et je leur ai imposé ma… tristesse… Toute cette…

   — Dépression. Tu peux dire le mot. Mais ça ne fait pas de toi un père horrible, tes enfants semblent plutôt heureux. Et ils t’aiment. Ils sont inquiets pour toi, tu sais.


Harry déglutit.

   — Ça ne m’empêche pas de me sentir terriblement coupable. De regretter toutes ces années perdues, où j’aurais pu…




Avant que Drago puisse répondre — même s’il ne savait pas vraiment comment réagir — Scorpius arriva en courant, tout sourire.

   — Harry !

Il se jeta sans hésitation dans les bras de l’homme, heureux de le revoir, comme s’il le connaissait depuis toujours.


Drago soupira et tenta de prendre un air sévère, démenti par son sourire amusé.

   — Et tes leçons, jeune homme ?

Scorpius haussa les épaules.

   — On fait une pause.

Puis, il se tourna vers Harry.

   — Ils sont où Al et Lily ?


Harry eut un rire amusé.

   — À l’école. Même si je suis certain que mon fils aurait préféré venir te voir.


Scorpius eut une moue adorable de l’avis de Harry et ce dernier profita que le petit garçon était perché sur ses genoux pour lui parler. Drago serait probablement furieux de son initiative, mais il voulait leur sécurité par-dessus tout.

   — Dis-moi, mon grand, j’aimerais te demander quelque chose.

Scorpius hocha la tête, fixant Harry avec sérieux. Harry retint un sourire en pensant qu’il ressemblait beaucoup à Albus Severus par son caractère calme et réfléchi, puis il continua.

   — Si jamais un jour il devait y avoir un souci, n’importe quoi, pour toi ou ton père, j’aimerais que tu viennes chez moi pour me prévenir et pour que tu sois en sécurité. Je suppose que tu sais voyager par cheminette tout seul ?


Scorpius jeta un bref coup d’œil en direction de son père qui restait silencieux, puis reporta son attention sur Harry.

   — Oui, je sais, mais j’ai pas le droit.

Harry hocha la tête.

   — Très bien. Je t’assure que tu n’auras pas de problèmes si tu viens me chercher en cas de…

Scorpius le coupant en le fixant intensément.

   — Si quelqu’un est méchant avec papa comme avant ?


Harry leva la tête vers Drago. Ce dernier haussa les épaules, sans sembler irrité par son initiative ou troublé par les paroles de son fils.

   — Tu pensais quoi, Potter ? Tu devais bien te douter que je n’étais pas la personnalité préférée du monde magique. Avec le temps, ça s’est calmé, mais il y a eu une période où c’était… plus compliqué.

Harry pinça les lèvres alors qu’un éclair de colère passait dans son regard vert, puis il soupira en reportant son attention sur Scorpius.

   — Quelque chose comme ça, oui. Tu crois que tu peux faire ça pour moi ?


Scorpius hocha la tête aussitôt, l’air sérieux.

   — Évidemment ! Je suis un grand !

Harry le serra contre lui brièvement avec un sourire.

   — Parfait. Tu as juste à dire « Maison de Harry Potter ». Tu t’en souviendras ?

Scorpius acquiesça une fois de plus, tout en regardant Harry avec attention. Son père l’interpella avec douceur.

   — Tu devrais rejoindre ton professeur, Scorpius. On en reparlera plus tard.


Le petit garçon eut une brève hésitation, mais il hocha sagement la tête et détala, non sans avoir déposé un bisou affectueux sur la joue de Harry. Ce dernier le regarda partir en souriant, puis il évita le regard de Drago en s’excusant.

   — Désolé d’en avoir parlé sans te prévenir, mais…


Drago le coupa, en reniflant.

   — Je ne vais pas te hurler dessus. Je te connais, Potter, je me doutais que tu agirais comme ça à un moment ou à un autre. On va dire que Scorpius est arrivé au bon moment.


Harry hocha la tête, soulagé, et termina son thé en silence, perdu dans ses pensées.

Drago laissa passer quelques instants de silence, puis il se carra dans son fauteuil et haussa un sourcil moqueur.

   — Alors, Potter. Quels sont tes projets maintenant que tu es libre de l’emploi que tu détestais tant ? En dehors d’assurer ma protection, bien sûr.


Harry fit la moue.

   — Je n’ai pas vraiment pensé à… l’après. J’avais juste besoin de respirer. Je crois que ça fait dix ans que je suis en apnée et…

   — Relax, Potter. Ce n’était pas un reproche. Juste une question.


Ils échangèrent un sourire tranquille, comme s’ils étaient deux vieux amis, qui ne s’étaient jamais quittés. Ils furent interrompus par un claquement sec contre la vitre et Drago maugréa en voyant une chouette taper son bec contre la fenêtre. Il lui ouvrit et l’animal se dirigea immédiatement vers Harry.


Ce dernier réceptionna la lettre, les sourcils froncés et chassa la chouette d’un geste brusque.

En lisant la missive, il laissa échapper un hoquet surpris, avant de grogner. Curieux, Drago ne put s’empêcher de lui poser des questions.

   — Un courrier d’une admiratrice ?


Harry froissa le parchemin, la mâchoire crispée.

   — Pas tout à fait. Le chef des Aurors a contacté le ministre. Ce dernier a contacté Hermione pour avoir des explications… et Hermione exige les raisons de… je cite « ce caprice soudain ». Ça fait un mois que nous ne nous sommes pas vus et elle me traite comme si j’étais un enfant stupide et capricieux !

Laisser un commentaire ?