Guérir ensemble

Chapitre 9

1246 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/09/2022 21:10

Harry grimaça et se tortilla, mal à l’aise, avant de soupirer et de répondre doucement en détournant les yeux.

   — Je crois que… je n’arrive pas à oublier. La guerre. Tout ça.

Drago se figea puis plissa les yeux, une étincelle furieuse dans le regard.

   — Tu es en train de me dire que tu dépéris depuis dix ans ? Bordel, Potter, tu n’as jamais pensé à réagir ? Et tes amis ?


Les joues de Harry s’empourprèrent légèrement et il évita soigneusement de croiser le regard de Drago. Il soupira.

   — On se voit plus trop. Ron et Hermione ont leur vie et… Ron était furieux quand mon mariage a sombré. C’est… différent maintenant. Je crois… je crois que je ne voulais pas voir ce qui n’allait pas, à quel point tout ça était merdique. Tant que les enfants étaient heureux…



Drago plissa le nez.

   — En quoi ça concerne la belette le fait que tu aies divorcé de ta femme ? Je sais que tu n’es pas le genre à aller voir ailleurs. Donc je suppose que les torts étaient partagés ?

   — Elle m’a quitté. Ginny. Aux dernières nouvelles, elle était au Japon. J’ai… enfin, je me suis renseigné discrètement, uniquement pour savoir si elle était en vie et en sécurité.


Il reprit sa tasse et but quelques gorgées, sentant le regard de Drago sur lui. Ce dernier attendait patiemment et Harry capitula, se livrant honnêtement pour la première fois depuis une éternité.

   — Il n’y a pas eu de drame ou de cris. Je pense qu’elle imaginait autre chose quand elle s’est mariée avec moi, elle me voyait probablement autrement. Elle a… Elle s’est retrouvée avec un homme brisé et dépressif et… Elle m’a laissé m’occuper des enfants et elle est partie juste après la naissance de Lily Luna. Elle m’a fait envoyer les papiers du divorce et elle a renoncé à son autorité parentale. Légalement, elle n’est plus la mère des enfants…


Drago renifla et assena tranquillement.

   — Elle n’était pas faite pour toi. C’était une évidence.

Harry leva la tête brusquement, les yeux écarquillés. Drago était bien la seule personne à dire ce genre de chose et ce dernier s’expliqua, sans la moindre hésitation.

   — Même si je n’aime pas la famille Weasley, je sais à quel point ils sont… précieux pour toi. Mais cette fille rêvait d’un superhéros qui n’existait que dans son imagination. Je suppose qu’elle n’a jamais envisagé que tu puisses avoir besoin de soutien ou de réconfort après tout ce qui t’es tombé dessus ?


Harry secoua lentement la tête, sans quitter Drago des yeux. Il n’était pas vraiment surpris qu’il soit le seul à avoir réellement compris qui il était, tout comme il était le seul à avoir immédiatement deviné ce qui n’allait pas dans son mariage.

Après un moment de silence, Harry laissa échapper un ricanement amer.

   — Tu sais, je ne me rendais pas compte à quel point ma vie était… à quel point tout partait en lambeaux. Les enfants sont ce qui me fait tenir bon. Sans eux…

Il marqua une pause puis reprit en se frottant les tempes.

   — Hier, après t’avoir vu, j’ai pris conscience de ce que j’avais fait de ma vie. De ce que je n’avais pas fait. J’ai vu le désastre pour la première fois en dix ans…


Drago murmura avec un demi-sourire triste, sans quitter Harry des yeux.

   — Heureusement que nous n’avons pas attendu d’être des vieillards pour nous revoir alors !

Harry ricana de nouveau.

   — En tout cas, je suis content que toi au moins tu aies réussi à faire quelque chose de bien, Malefoy. Tu as visiblement réussi à… changer et à oublier le passé.


Drago se frotta les mains, puis il haussa les épaules.

   — Ouais enfin… je n’ai pas vraiment de mérite. Déjà, j’ai Scorpius. Ensuite… je travaille de chez moi et je ne rencontre personne. Ce mode de vie me convient parfaitement, mais je doute que ce soit réellement « réussir sa vie ». Je suis juste un ermite qui travaille pour ne pas s’ennuyer.

   — Tu es heureux ?

Drago fronça les sourcils, comme s’il réfléchissait. Puis il haussa les épaules.

   — Je suppose. Je ne suis pas malheureux en tout cas. J’ai tout ce dont j’ai besoin, j’ai un fils merveilleux et un métier que j’aime. Je n’ai pas à me plaindre. Loin de là. Je n’espérais pas tant après… tu sais.


Harry sourit et il releva la tête pour le fixer en murmurant.

   — Je déteste mon métier. Je n’ai goût à rien, en dehors de ce qui concerne les enfants. Je dors toujours aussi mal, avec toujours autant de cauchemars.



Drago posa sa tasse devant lui un peu brusquement et il grogna, agacé.

   — Et bien change tout ça ! Bon sang, Potter ! Tu es riche, non ? Démissionne et trouve ce qui te plaît ! Va voir quelqu’un qui pourrait t’aider avec tes problèmes de sommeil ! Tu es un foutu héros, Potter, tout Sainte-Mangouste sera à tes pieds pour te guérir !


Harry cligna des yeux, prêt à objecter que ce n’était pas si simple de tout changer, mais il oublia ce qu’il voulait dire lorsque Drago fit un mouvement brusque.

Les yeux écarquillés, il se leva pour s’approcher de Drago, sous le regard perplexe du blond, et il tira brusquement son col de chemise pour découvrir son cou.

Drago grogna, prêt à protester, mais ses mots moururent sur ses lèvres lorsqu’il comprit ce qui avait attiré l’attention de Harry.

Il se tendit, croyant qu’il allait être rejeté jusqu’à ce qu’il sente la magie de Harry pulser autour de lui, en vagues furieuses. Il hoqueta, incrédule.


Harry grogna, sans le lâcher, peinant à se contrôler.

   — C’est quoi ça ?

Drago roula des yeux et tenta de reculer, mais son ancien camarade le maintenait fermement détaillant le tatouage dans son cou. La marque que portaient tous ceux qui avaient fait un séjour à Azkaban.

Il resta silencieux, refusant de parler de cette période. Harry insista, la colère brûlant dans ses yeux, alors que ses doigts retraçaient les marques avec une douceur contrastant avec sa rage.

   — Quand as-tu été enfermé à Azkaban ?


Drago ferma les yeux, l’amertume le submergeant. Il frissonna en se souvenant de la prison sorcière et du temps qu’il y avait passé. De cette période qui hantait toujours ses cauchemars. Il murmura, la gorge serrée.

   — Juste après… après Poudlard. Tous ceux qui avaient la marque y ont été envoyés.



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