Guérir ensemble

Chapitre 8

1363 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/09/2022 20:40



Il terminait à peine de cuisiner le petit déjeuner pour eux que ses enfants arrivaient. Lily se jeta dans ses bras en riant tandis qu’Albus s’appuyait contre lui pour un câlin matinal, encore tout ensommeillé. À peine les yeux ouverts, le petit garçon commença immédiatement à parler de son nouvel ami, suppliant qu’ils puissent lui rendre visite rapidement.

Harry sourit et les servit, sans rien promettre. Cependant, les suppliques de son fils lui permettaient de revoir Malefoy et il ne comptait pas laisser échapper l’occasion. Après tout, ils avaient dix années d’absence à rattraper… et Harry était soudain pris d’une curiosité dévorante envers la vie de Drago Malefoy. Comme à Poudlard.


L’air innocent, d’un ton dégagé, Harry proposa de cuisiner un gâteau pour les Malefoy, pour les remercier d’avoir sauvé Lily. Face aux cris de joie qu’il reçut, il envoya immédiatement un message à Malefoy, lui proposant une rencontre prétextant que c’était pour les enfants.


Il mettait au four son gâteau lorsqu’un hibou arriva, pour lui remettre un parchemin contenant simplement une adresse, rien de plus. Harry sourit en reconnaissant l’écriture et le style de Malefoy, satisfait, le cœur battant d’impatience.


*



Alors qu’il aidait ses enfants à se préparer pour leur visite, Harry se demanda si ce n’était pas lui finalement le plus impatient. Il ne s’était pas senti aussi vivant depuis la fin de la guerre, comme si les nuages qui embrumaient son esprit s’étaient écartés pour de bon.

L’après-midi près de Drago Malefoy lui avait permis de se rendre compte enfin de son état. Il avait pris conscience de son manque d’entrain, de la dépression qui pesait sur ses épaules. Il avait admis la tristesse de son quotidien, le manque d’envie de vivre et l’avenir désespérément terne qui l’attendait.

Depuis toutes ces années, il ne restait en vie que pour ses enfants. Il ne vivait que pour eux. Le reste n’avait pas le moindre attrait à ses yeux.


La nuit avait été rude alors que ses yeux s’ouvraient enfin sur la terrible réalité. Il avait compris qu’il ne pourrait pas continuer éternellement de cette façon. Il aurait dû être heureux après la guerre. Il aurait eu le droit d’être heureux. Sauf qu’il n’avait pas réussi. Quelque chose l’en avait empêché sans qu’il ne puisse trouver ce que c’était.

Harry avait juste cessé de lutter, comme il l’avait toujours fait avant. Il s’était battu enfant pour supporter les mauvais traitements des Dursley, il s’était battu adolescent pour le monde magique et pour battre Voldemort. Puis, après la mort de Voldemort, il s’était laissé sombrer, épuisé de lutter, en oubliant qu’il y avait une vie après. Que c’était le début de sa vie.


Il ne pouvait pas dire exactement pour quelle raison il voulait revoir Drago Malefoy. Après tout, il avait ouvert les yeux grâce à lui, il lui suffisait juste de rectifier ce qui n’allait pas. Il lui suffisait de trouver la force d’aller mieux, de remettre sa vie sur un autre chemin.

Cependant, il avait toujours fait preuve d’une curiosité insatiable à l’égard de Drago et il voulait en savoir plus. Il avait besoin d’en apprendre plus, de savoir comment il avait vécu durant ces années. Il avait besoin de lui, parce que Drago avait toujours été un défi, il avait toujours été celui qui le poussait à se surpasser.



Lorsqu’il arriva à l’adresse qu’il avait reçue, le cœur battant follement, il contempla un instant la maison, surpris. Il avait imaginé un manoir, quelque chose de tapageur. Quelque chose à l’image du Manoir Malefoy d’autrefois, puisque Drago Malefoy avait été si fier de sa fortune et de sa famille à l’époque de Poudlard…

Cependant, c’était une maison qui ressemblait à la sienne. Une petite maison de banlieue, simple et discrète, isolée en pleine campagne, bien loin du luxe voyant de sa demeure d’enfance.

Il finit par avancer alors qu’Albus Severus piaffait d’impatience et que Lily Luna le tirait en avant, sautillant joyeusement. Il réprima un rire amusé et accéléra le pas, alors que son cœur s’emballait douloureusement.


Il frappa à la porte et il n’eut pas à attendre longtemps avant que le battant s’ouvre, tiré par Scorpius en personne, qui semblait particulièrement impatient lui aussi.

Harry sourit tendrement, amusé par le manège du petit blondinet, puis il leva les yeux et resta un long moment figé, fixant Drago dans les yeux. Il le dévisageait presque avec avidité, cherchant encore une fois chaque changement depuis la dernière fois où il l’avait vu, dix ans plus tôt, le jour où la guerre avait pris fin. Il avait besoin encore de se familiariser avec ce nouveau Drago Malefoy, plus vieux, même s’il n’avait pas tant changé. Ses cheveux étaient toujours aussi clairs et ses yeux toujours aussi gris après tout.


Ils échangèrent un signe de tête poli, restant silencieux, sans se quitter des yeux et Harry entra lorsque Drago lui fit signe. Scorpius entraîna les enfants de Harry à sa suite, laissant les adultes plantés dans l’entrée, visiblement pressé de leur montrer ses jouets…

Harry cligna des yeux et tendit le gâteau avec hésitation, les joues rouges, soudain mal à l’aise face au regard d’argent douloureusement familier.   

   — J’ai apporté le goûter.

Drago hocha la tête avec un demi-sourire.

   — Laisse-le sur la table, on appellera les enfants quand il sera l’heure du goûter. Scorpius n’a pas l’habitude d’avoir des camarades de jeu alors il était particulièrement impatient.


Harry ne répondit pas, ne sachant pas comment entamer la conversation, réprimant avec peine son envie de se balancer d’un pied sur l’autre comme lorsqu’il était un adolescent maladroit. Drago sembla ne pas voir son hésitation puisqu’il le conduisit dans un salon chaleureux et lui désigna un fauteuil.

   — Tu veux du thé ? Ou… n’importe quoi d’autre.


Harry grimaça en repensant au mal de tête qui l’avait assailli avant la merveilleuse potion de dégrisement de Drago pour avoir abusé de la bièraubeurre. Il répondit précipitamment.

   — Du thé sera parfait.


Drago sortit sa baguette et fit venir à lui une théière fumante, puis il les servit tranquillement, avant de prendre place en face de lui.

Harry but une gorgée pour reprendre contenance, puis il posa sa tasse sur la petite table devant lui avant de se frotter le visage, en laissant échapper un léger rire nerveux.

   — C’est stupide, j’ai l’impression de ne pas savoir quoi te dire !



Drago eut un léger sourire en coin et il se pencha légèrement pour le fixer.

   — Effrayé, Potter ?

Harry éclata de rire spontanément, en entendant le ton de l’homme. Ce ton supérieur qu’il avait lorsqu’ils étaient à Poudlard, lorsqu’il s’imaginait être un petit roi.

Drago leva un sourcil moqueur et Harry renifla, ses yeux pétillants d’amusement, se sentant plus vivant que jamais.

   — Tu aimerais bien, Malefoy.


Le regard complice qu’ils échangèrent brisa la glace et ils retrouvèrent la complicité de la veille. C’était comme s’ils avaient toujours été amis, comme s’il n’y avait pas eu dix années d’absence et sept années de rivalité avant ça.

Drago soupira et se lança.

   — Et si tu m’expliquais pourquoi tu as une tête d’inferi ?



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