R.A.B

Chapitre 63

1171 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/08/2022 20:23


Voldemort éclata de rire, d’un rire strident et fou. Il semblait ravi et ne se rendait même pas compte que personne d’autre ne se réjouissait de la mort de Harry Potter.

Il riait comme un dément, se sentant tout puissant et invincible. Le gamin de la prophétie l’avait défié une première fois et avait perdu. Et voilà qu’il le défiait une seconde fois… et trouvait la mort.

Voldemort était certain qu’il était désormais invulnérable. Il n’avait plus à craindre qu’une prophétie idiote prononcée par une cinglée stoppe sa conquête du monde magique. Désormais, plus personne n’oserait s’en prendre à lui et il aurait une vie interminable, dans un monde modelé à son image… Il aurait tout ce dont il avait rêvé et bien plus encore.


Il voyait Régulus Black accroché au gamin mort et il se jurait de le récupérer et de lui faire payer sa trahison. Ensuite, il lui extirperait de force le secret de sa jeunesse, puis il le torturerait jusqu’à la mort. Longuement.

Il montrerait à tous que personne ne pouvait lui tourner le dos. Il ferait payer à la famille Malefoy également, il en ferait des exemples.


Ensuite… ensuite, il s’assurerait que tous les traîtres étaient morts et que ses Mangemorts le suivraient aveuglément quoi qu’il arrive. Il aurait son armée et ils marcheraient sur le monde moldu pour se débarrasser de ces parasites encombrants…


Le mage noir se perdit quelques instants dans ses rêves de conquêtes et de grandeur, ses yeux carmin fixés sur le corps au sol. S’il avait eu besoin de preuve pour affirmer que l’amour était une perte de temps qui fragilisait le meilleur des soldats, il lui suffisait de voir Régulus sanglotant. Autrefois son Mangemort le plus prometteur, il était réduit à l’état de loque, tenant dans ses bras l’enveloppe charnelle de Harry Potter…



*



Régulus avait vu toute la scène, comme si le temps avait soudain ralenti, lui laissant la possibilité de noter chaque détail, chaque mouvement.


Il avait vu le regard de Harry, ce regard qu’il avait appris à connaître et qui annonçait que le jeune homme prévoyait de faire quelque chose d’incroyablement stupide et dangereux. Ce regard déterminé, un brin frondeur qu’il avait lorsqu’il avait une idée idiote…


Puis, il avait vu la surprise de Voldemort vite remplacée par une satisfaction mauvaise, alors qu’il comprenait ce qu’il y avait entre eux. Le mage noir était probablement ravi d’avoir trouvé la faiblesse de Harry et s’apprêtait à s’en servir contre lui.


En un clignement de paupière, Régulus vit l’Avada foncer vers lui, sans qu’il ne puisse bouger. Il n’aurait pas le temps de se placer hors de la trajectoire du rayon vert et tout en lui hurlait de désespoir à l’idée de laisser son compagnon sans défense.


Il aurait aimé dire une fois de plus à Harry qu’il l’aimait. Qu’il souhaitait qu’il soit heureux, qu’il vive libre enfin. Qu’il n’était pas seul. Qu’il veillerait sur lui, où qu’il soit, quoi qu’il arrive. Toujours.



Soudain, Harry bondit, imprévisible, d’un air déterminé, et se plaça en pleine trajectoire du sort. Sans la moindre hésitation, il lui fit face, tournant le dos à Voldemort, capturant son regard comme pour lui montrer à quel point il tenait à lui.

Harry souriait. Il lui souriait alors qu’il prenait un Avada dans le dos, pour lui, pour le sauver, le fixant de ses yeux trop verts qui lui retournaient le cœur.


D’un coup, il s’écroula brusquement, comme une marionnette à qui on aurait coupé les fils.


Un instant, Harry était là, plein de vie, déterminé. L’instant suivant, son corps était au sol, dans une position tout sauf naturelle, inerte.




Régulus resta figé, horrifié. Plus rien ne bougeait sur le champ de bataille, comme si quelque chose allait se produire. Connaissant son compagnon, Régulus tenta de se convaincre qu’il allait se lever, souriant, et lancer une provocation en direction de Voldemort. Durant quelques battements de cœur, Régulus fut persuadé qu’il respirait, qu’il était juste sonné.

Harry était un héros, même s’il en doutait. Il avait traversé tellement de choses, survécu à tant de dangers qu’il ne pouvait pas juste… s’écrouler comme ça.


La scène repassait en boucle dans son esprit, et soudain, il prit conscience de la couleur du sort.

 Vert. Vert comme les yeux de Harry. Ce vert qui ne laissait aucune chance à ses victimes, l’avada meurtrier qui ne pouvait pas être contré.

Il pouvait toujours tenter de se persuader que Harry avait déjà survécu à l’Avada, mais il venait de comprendre que son compagnon, son Harry, s’était volontairement sacrifié pour le sauver, lui.


Il hoqueta et se mit à hurler, désespéré. Il se précipita, sans se rendre compte de ses gestes, indifférent à ce qui l’entourait. Il se jeta sur le corps de Harry pour le retourner, pour trouver un signe de vie, même infime.


Le visage de Harry était détendu. Calme et apaisé. Régulus le prit dans ses bras, le serra contre lui en le suppliant de ne pas le laisser, de revenir près de lui. Priant pour un miracle, prêt à donner sa vie pour le sauver, à changer de place pour le ramener.

La guerre n’avait plus d’importance à ses yeux. Plus rien n’avait d’importance sans Harry.


Il avait accepté sa mort, un jour pas si lointain dans son esprit, et Harry était arrivé. Harry l’avait sauvé et lui avait offert une raison de vivre et un avenir, il l’avait libéré de ses chaînes. Régulus avait découvert l’amour, il avait retrouvé sa famille, et il n’avait jamais été aussi heureux de sa vie.


Et en une fraction de seconde, il avait perdu Harry.


Il ne pouvait penser à rien d’autre, alors qu’il le tenait contre lui, comme anesthésié.



Il n’entendait pas le rire de Voldemort, il ne voyait rien de ce qui se passait autour de lui. Il n’y avait que Harry, son corps tiède dans ses bras, immobile. Harry dont les yeux ne cillaient pas, dont la poitrine ne se soulevait pas.

Harry qui s’était sacrifié une fois encore, sans la moindre hésitation.


Régulus eut l’impression de sentir son cœur se briser alors qu’il continuait de crier sans même s’en rendre compte. Perdu dans son chagrin, plus rien n’avait d’importance.

Il ne vit même pas Kreattur avancer, ses grands yeux pleins de larmes.








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