R.A.B

La seconde ligne d’ennemis marqua une pause et tenta de contourner les obstacles, les Mangemorts devenant méfiants. Harry eut un bref sourire, alors qu’ils se précipitaient dans une seconde série de pièges. Il ne s’était pas trompé sur leur réaction, et un nouveau sort libéra de la poudre d’obscurité puis une série de feux fuseboum, aveuglant leurs agresseurs et les désorientant.

Là encore, Neville et Susan se chargèrent de les immobiliser tandis que Drago s’occupait de les désarmer.

Théodore stupéfixa son propre père sans la moindre hésitation puis il s’assura que ce dernier le voit briser sa baguette avec un regard de défi.

Le reste des mangemorts, dont le nombre s’était drastiquement réduit, recula, soudain plus hésitant à attaquer frontalement.

Ce fut l’instant que choisit Voldemort pour avancer.

Lucius était juste derrière lui, et il adressa un bref clin d’œil à Harry, comme pour lui rappeler qu’il avait un allié dans le camp adverse.

Le mage noir regardait Harry avec mépris, lui rappelant qu’il avait fui lors de leur précédent affrontement et lui demandant s’il était pressé de mourir.

Harry resta silencieux, attendant juste le bon moment. Derrière lui, Régulus se décala et avança à ses côtés, apparaissant face à celui qu’il appelait autrefois « Maître ». Il n’y aurait pas de meilleur instant pour le perturber après tout.

Il se redressa, faisant face à l’ersatz d’homme que le mage noir était devenu, lui jetant un regard moqueur.

Comme pour confirmer son identité, Kreattur apparut soudain à ses côtés, la tête haute.

Le cri de rage de Voldemort figea tout le monde. Les Mangemorts avaient cessé d’envoyer des sorts, restant sur leurs positions, indécis. La vague de fureur qui les avait frappés, à travers la marque, les avait déstabilisés et ils ne savaient plus ce qu’ils devaient faire. 

Tous les regards se portèrent sur le mage noir et Harry Potter, face à face.

Le jeune homme, encore un adolescent, était droit et déterminé, fixant son ennemi sans peur, sa baguette fermement en main. Face à lui, Voldemort fixait le compagnon de Harry, reconnaissant son Mangemort autrefois disparu… celui à qui il avait confié son plus grand secret avant d’apprendre sa mort soudaine.

Harry ne lui laissa pas le temps de s’interroger plus sur la présence de Régulus. Il prit la parole, calmement.

   — Il est temps d’en finir, Tom.

Puisque tous les yeux étaient fixés sur eux, le jeune homme eut un bref sourire. Puis, il reprit, d’une voix forte, s’assurant que tous — surtout les Mangemorts — entendent.

   — Tom Elvis Jedusor, fils de Merope Gaunt, sorcière presque cracmolle et de Tom Jedusor, moldu fortuné qui a abandonné son épouse après qu’elle l’ait drogué aux philtres d’amour. Un sang-mêlé qui prône la pureté du sang…

Voldemort rugit, son visage reptilien tordu en un masque de colère, et attaqua, lançant sort sur sort. Des sorts de découpe, de torture, tout la palette de ses connaissances pour blesser et mutiler.

Avant de tuer Harry, il voulait le faire souffrir pour avoir osé révéler ses origines.

Harry esquivait comme il le pouvait tandis que Régulus, blême, lançait des boucliers ou contrait de son mieux les sorts, espérant le protéger.

Autour d’eux, les Mangemorts n’avaient pas repris les combats. Les plus fanatiques d’entre eux avaient été en première ligne et avaient été maîtrisés très vite grâce aux pièges des jumeaux Weasley, et ceux qui restaient venaient d’apprendre le grand secret de leur maître et ils doutaient.

Ils regardaient cet homme si puissant mis en échec par deux adolescents à peine majeurs, ils voyaient leurs troupes décimées par une poignée de volontaires menés par Harry Potter.

Pour la première fois depuis qu’ils avaient rejoint les rangs des ténèbres, ils doutaient de leur allégeance et de leur leader. Leurs idéaux ne changeaient pas, mais ils n’appréciaient pas vraiment d’être utilisés comme chair à canon pour les ambitions démesurées d’un fou.

Harry se défendait comme il le pouvait même s’il commençait à fatiguer. Pour l’instant, il n’avait pas réellement attaqué, il essayait surtout de se protéger. Cependant, il avait été touché d’un sort de découpe à la cuisse et un repulso brusque l’avait jeté au sol, lui coupant le souffle. La douleur dans son torse à chaque respiration lui laissa penser qu’il avait au moins une côte brisée.

Alors qu’il tentait de reprendre son souffle et ses esprits, Régulus le tira brutalement en arrière, lui évitant d’être touché par un Avada, cependant, le Doloris suivant toucha Harry de plein fouet.

Le jeune homme s’écroula en hurlant, mais il se releva à une vitesse stupéfiante, pâle, mais déterminé.

Harry prit le risque de regarder une dernière fois Régulus, juste avant de tenter une attaque. Cependant, Voldemort nota le regard échangé par les deux jeunes hommes et il laissa échapper un rire victorieux en comprenant leur lien.

Avant que Harry ne puisse lever sa baguette, Voldemort changea de cible et lança l’Avada en direction de Régulus, sans la moindre hésitation.

Harry hurla, mais il comprit immédiatement que son compagnon n’aurait pas le temps de s’écarter. Il était sur la trajectoire du rayon vert et rien ne pouvait lui sauver la vie. Rien hormis un miracle.

Le Gryffondor bondit, dans un geste désespéré, et il se plaça sur la trajectoire du sort, sans quitter Régulus des yeux.

Ce dernier écarquilla les yeux, horrifié en comprenant ce qui était en train de se produire, et il tendit la main vers Harry, mais trop tard. Trop lentement.

L’Avada faucha Harry dans le dos et le projeta au sol.

Il y eut un silence de mort alors que tous avaient les yeux fixés sur le corps au sol.

Puis, Régulus hurla, à s’en briser les cordes vocales et se précipita sur Harry, le retourna en sanglotant, priant pour un miracle.

Sa détresse serra le cœur du plus endurci des Mangemorts, et ils détournèrent les yeux mal à l’aise. Eux se battaient pour leurs croyances, pour leurs idéaux, pour leur camp, mais ils n’avaient jamais imaginé qu’ils en viendraient un jour à tuer des enfants… Et cette scène déchirante leur rappelait soudain ce qu’ils faisaient.

Les amis de Harry étaient figés par le choc, incrédules. C’était Harry qui les avait rassemblés et avait formé cette armée hétéroclite et improbable. C’était Harry qui leur avait donné le courage d’y croire et la volonté de se battre.

Sans un mot, incapable de bouger, Sirius se laissa tomber à genoux, les larmes roulant sur ses joues, horrifié. Près de lui, Narcissa s’agenouilla pour l’enlacer, ne cachant pas son chagrin pour cet adolescent presque inconnu qu’elle avait pourtant suivi sans la moindre hésitation.