R.A.B

Chapitre 16

1332 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/07/2022 20:30

Harry Potter leva ses yeux verts pleins de questions vers Régulus, paraissant si jeune alors qu’ils avaient le même âge. En cet instant, Régulus eut soudain envie de le protéger de toutes ses forces. C’était irrationnel, le jeune homme était aussi adulte que lui et probablement bien plus puissant. Pourtant, malgré la force qu’il dégageait, il avait l’air d’un petit garçon trahi et perdu.


Harry le tira de sa réflexion en posant une question, l’air un peu boudeur.

   — Si c’était aussi important pour les Sangs-Purs… Pourquoi ont-ils abandonné tout ça ? Pourquoi ils ont juste… laissé les choses disparaître comme ça au lieu de tenter de s’y accrocher ?


Régulus ricana.

   — Pour les nés-moldus bien évidemment… Ils ont d’abord renoncé aux cultes anciens pour célébrer les fêtes chrétiennes, pour ne pas les heurter. Au début, les sorciers n’ont pas protesté, après tout… tant qu’ils pouvaient rendre hommage à la Magie, tout allait bien. Mais avec le temps, les moldus sont devenus de moins en moins croyants. Leur religion a cessé d’avoir une importance capitale dans leurs vies, et ils ont abandonné leurs rituels… Lorsqu’ils arrivaient dans le monde magique, les petits sorciers ne voyaient pas l’importance de ces fêtes, et tout ça est tombé en désuétude.


Harry pinça les lèvres, avant de souffler.

   — Pourquoi ne pas le leur avoir enseigné dans ce cas ? Il suffisait d’apprendre aux enfants ces rituels si importants ! Tout est si nouveau dans le monde magique qu’ils auraient accepté !

   — C’est tout le fond du problème ! Dumbledore est un vieux fou, persuadé qu’il peut fusionner les deux mondes. Mélanger sorciers et moldus ! Il se disait probablement qu’en limitant l’accès aux informations des nés-moldus, le monde magique finirait par s’ouvrir de lui-même, puisque les différences ne sembleraient pas si extrêmes… Et ensuite, lorsque les Sangs-Purs tentaient de protester, ils étaient aussitôt traités d’extrémistes anti-moldus.



Le jeune homme aux yeux verts laissa échapper un ricanement incrédule, le visage crispé en une grimace de colère.

   — Tu es en train de me dire que tout ça n’est rien de plus qu’une guerre de religion idiote ? Juste une idéologie contre une autre ?



Régulus haussa les épaules et chassa l’objection d’un vague geste.

   — La Magie n’est pas une religion ! Ce sont les nés-moldus qui ont apporté leurs religions… Nous, sorciers Sangs-purs, nous croyons en la Magie. Uniquement en la magie. Nous respectons la magie et nous lui rendons hommage.


Harry sembla perplexe et Régulus eut un sourire amusé.

   — Je t’ai dit que ta Magie était une entité propre, non ? Elle peut être domptée, mais elle reste sauvage. Elle fait partie de toi, tout en ayant… sa propre conscience primitive.


Harry hocha lentement la tête.

   — C’est la raison des éclats de magie instinctifs des enfants, c’est ça ?

   — Tu comprends vite.


Ils échangèrent un regard amusé, complice. Régulus crut bon d’ajouter, sans le quitter des yeux.

   — Tous les Sangs-Purs ne détestent pas les moldus au point de vouloir s’en prendre à eux. La plupart veulent juste… vivre sans les côtoyer.


Harry haussa les épaules. Régulus devina qu’il cherchait des objections, et il ajouta avec un rictus méprisant.

   — Tu ne peux pas dire que certains d’entre eux ne sont pas intolérants et stupides. Tu as avoué toi-même que tu avais vécu une enfance horrible.



Harry baissa la tête, sourcils froncés et Régulus en profita pour insister.

   — Comment te traitaient-ils ? Réellement ?


Le brun aux yeux verts se mordilla la lèvre puis murmura, tout son corps crispé, les poings serrés, sans oser croiser son regard.

   — Quand j’étais petit, je dormais dans le placard sous l’escalier. Ils avaient trouvé un matelas usé dans les ordures de la rue, et ils me l’avaient mis. Je devais nettoyer, cuisiner, jardiner pour eux, et ce n’était jamais assez — peu importe que je ne sois pas assez fort ou grand. Et je n’avais pas le droit de manger. Je… J’avais quelques restes de temps en temps, mais pas assez pour grandir correctement.


Régulus était resté totalement silencieux, stupéfait. Il avait deviné que le jeune homme n’avait pas eu une enfance heureuse, d’après ses allusions à ses tuteurs moldus. Mais il n’avait pas pris conscience de l’ampleur du problème. D’une voix étranglée, il demanda, crispé.

   — Et personne n’a rien fait ? Les professeurs ? Tes amis ?


Harry haussa les épaules, visiblement résigné.

   — Je n’ai jamais parlé de tout ça. Je ne voulais pas qu’on me regarde avec pitié. Ils pensaient tous que j’étais… gâté. Une sorte de petit prince vénéré pour avoir mis fin au règne de Voldemort.

   — Mais Dumbledore savait forcément, non ? Ce vieux fou sait toujours tout ! Je parie qu’il savait que j’étais marqué pendant ma dernière année.


Harry eut un sourire triste.

   — Oh oui, il savait. Je l’ai supplié pour ne pas y retourner. Mais il a été inflexible en me disant que… je devais vivre chez eux pour ma protection. Il n’y a jamais eu que Sirius pour me croire sans la moindre hésitation et pour tenter de m’aider. Mais il était en fuite et…


Régulus le dévisagea attentivement, heureux de savoir que son grand frère n’était pas un total idiot. Au moins, il avait compris que son filleul avait besoin de lui et il avait agi… Si seulement Sirius avait fait la même chose avec lui quand il l’avait appelé à l’aide…


Il se sentait touché par l’histoire de Harry, à un point qu’il n’aurait jamais imaginé possible. Il ne savait pas si c’était parce qu’il était un lien avec ce frère qu’il avait perdu des années auparavant, ou juste parce qu’il lui avait sauvé la vie, mais il était certain de vouloir l’aider.


Finalement, il souffla, changeant brutalement de sujet.

   — J’aurais dû mourir. Dans cette caverne. Et si je réapparais brusquement, même si ma trahison n’est pas découverte immédiatement, je ne serais jamais libre et ma famille sera en danger.


Harry hocha lentement la tête. Régulus eut un sourire triste et il haussa les épaules.

   — Donc je vais devoir me cacher. Vivre dans l’ombre. Je peux… Je peux changer les choses.


Cette fois, Harry fronça les sourcils, perplexe. Régulus lui adressa un sourire, amusé de son expression. Il était certain que jamais le jeune homme n’aurait pensé à réclamer de l’aide pour lui-même. Il poursuivit calmement.

   — Certaines choses ne peuvent pas changer comme la mort de tes parents. Mais je peux t’offrir une enfance correcte. Je ne suis pas certain d’être apte à m’occuper d’un petit enfant, mais je ne peux pas faire pire que tes tuteurs. Je peux te rendre heureux, Harry Potter, te laisser grandir dans l’insouciance, t’apprendre tout ce que je sais sur la Magie. T’aider au mieux, te préparer pour que tu sois… prêt à te défendre. Te garder en sécurité. Je… Tu ne manqueras de rien, ça, je peux te le promettre.




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