Secrets de Serpentard : La noble famille Black
Dans les bureaux d’impression du Hibou Jacasseur régnait une effervescence insoutenable, mais qui était pourtant le quotidien de tous les employés qui y travaillaient. Dans le vieil immeuble qui donnait sur le Chemin de Traverse, les rouleaux d'impression tournaient à une vitesse étourdissante, les plumes grattaient le papier dans un bruit de ruche, et les effluves de parchemin et de poudre à sécher remplissaient toutes les narines. Sur l'immense table centrale, recouverte de morceaux de parchemin, de photographies animées et de bouteilles d'encre renversées, les journalistes se battaient pour que leur article occupe la une du journal :
– Voilà un article sur les trois Moldus assassinés par le mystérieux Serpent ! Ce sera sensationnel !
– Le mien est sur Cygnus Black... « Gloire et destitution du ténor du Magenmagot », ça va plaire, Monsieur le Directeur, je vous assure !
– Cassandre Shabby a promis publiquement qu'elle trouverait le Serpent dans l'année qui vient...
Et au milieu d'eux, Monsieur le Directeur, également connu sous le nom de Marius Berrycloth, tendait son énorme bras vers la table pour pouvoir y taper du poing, malgré son ventre volumineux qui l'empêchait de s'en approcher.
– Trop sérieux, trop sérieux ! pestait Berrycloth en envoyant les ébauches d'articles valser au milieu de la table.
Berrycloth ne savait pas lire, mais assurément il savait compter, et il ne manquait jamais d'en donner la preuve à ses employés :
– Cent trente ! criait-il à tout bout de champ. C'est le nombre de nouveaux abonnements que nous avons eu cette année ! Et grâce à quoi, à votre avis ? À la pertinence de nos articles ? Au sérieux de nos interviews ? Haha ! Regardez, poursuivait-il en brandissant un parchemin frappé d'une courbe qui montait en flèche. Les plus grosses hausses de demandes ont été observées à deux reprises : d'abord, au moment de ce magnifique numéro spécial sur Rita Skeeter – quelle réussite ! Et puis, la semaine passée, lorsque nous nous sommes ouvertement moqués de l'Homme-Serpent... Quarante abonnements en deux jours, grâce à cette superbe caricature de mage noir en ballon de baudruche...
Il pointa son index sur plusieurs de ses employés :
– Vous voyez ce qui plaît ! La farce, la bouffonnerie ! Pas de fioritures, mes amis : le moral des sorciers est au plus bas, il faut leur changer les idées ! Alors trouvez-moi des sujets plaisants, consensuels, et joyeux ! Demain, nous serons samedi, c'est le week-end : nos lecteurs veulent se détendre ! Alors je ne veux pas entendre parler de ces meurtres sordides... Sauf si c'est pour en rire, bien évidemment ! Pour qui vous prenez-vous, à vouloir faire des articles sérieux ? Pour ces snobinards de La Gazette du Sorcier, qui nous pondent des tribunes intellectuelles à tout bout de champ ?
– Mais, Monsieur le Directeur, nous ne pouvons pas leur cacher la gravité de la situation...
– Vous avez bien raison, mon cher ! La situation est grave, très grave... Il est donc de notre devoir de détendre l'atmosphère, et égayer nos lecteurs ! Par exemple, pourquoi ne parlerions-nous pas... Du nouveau spectacle de la Troupe des Lutins Malins... Ou bien, de l'histoire d'amour passionnée entre l'Auror Maria Krus et cette joueuse de Quidditch australienne... Ou encore, de la disparition prochaine des cases « Né-Moldu », « Sang-Pur » et « Sang-Mêlé » sur les formulaires de commande de Fleury & Bott ? Voilà des sujets qui feront parler d'eux, sans inquiéter nos lecteurs ! Voilà comment ils refermeront notre journal en étant satisfaits d'eux-mêmes, sans s'être froissé le moindre neurone ! Compris ?
Devant la mine contrite de ses employés, Berrycloth se sentit obligé d'ajouter :
– Si vous voulez parler de choses tragiques, faites-le donc, mais alors pour les tourner en dérision ; nous ne sommes pas une gazette de croque-morts, que diable ! Allez, allez, à vos plumes, mes enfants, et jacassez comme il se doit !
Malgré quelques moues dubitatives, les employés du Hibou Jacasseur opinèrent du chef, et retournèrent à leur besogne. Marius Berrycloth, quant à lui, saisit sa plume d'oie, porta l'extrémité à ses lèvres, et demanda à son assistant :
– Dis-moi, Talinski, qui est notre prochaine cible ?
Le dénommé Talinski rajusta ses énormes lunettes en cul-de-bouteille, et parcourut des yeux une liste interminable de noms, rayés pour la plupart :
– Eh bien, Monsieur le Directeur... Nous avons fait le tour de la plupart des membres du Magenmagot... Cygnus Black, Eugenia Jenkins et Bartemius Croupton ont même eu droit à deux caricatures chacun... Le bureau des Aurors, même chose...
Marius Berrycloth acquiesçait, pensif.
– C'est fâcheux, c'est fâcheux... Mais quand j'y pense... Ma caricature de l'Homme-Serpent a eu un succès phénoménal... Et ce mystérieux mage noir qui assassine les Moldus m'inspire beaucoup... Pourquoi ne pas le dessiner à nouveau ? Par exemple avec des patins à roulettes, ou habillé comme les Moldus aiment l'être, avec ces affreuses vestes à franges...
– Euh... Est-ce bien prudent, Monsieur le Directeur ? Nous avons reçu plusieurs lettres de menace suite à ces caricatures, et...
– Prudent ? Dis-moi, Talinski, le nom de ce journal a-t-il changé ? Sommes-nous devenus Le Moineau Craintif sans que je m'en aperçoive ?
– Non, Monsieur le Directeur, mais...
– Alors au diable la prudence ! Le Hibou Jacasseur caricature ce qui lui chante, et quand ça lui chante ! Et si l'Homme-Serpent n'apprécie pas notre sens de l'humour, qu'il vienne me le dire en face, je serai ravi de lui serrer la patte !
Et, très content de lui-même, il humecta la pointe de sa plume entre ses lèvres, la trempa dans une bouteille d'encre et se mit à dessiner, avec une finesse tout à fait étonnante en regard de la taille de ses mains.
Concentrés sur la rédaction de leurs articles, sur le tri du courrier du cœur ou sur le dessin de caricatures piquantes, aucun employé n'avait remarqué le gros scarabée vert qui venait de verser une fiole de liquide noir et visqueux dans le réservoir d'encre de l'imprimerie du Hibou Jacasseur.
Une fois son méfait accompli, le scarabée s'envola par la fenêtre par laquelle il était entré, survola le Chemin de Traverse, et entra par une autre fenêtre entrouverte dans le bâtiment qui se trouvait juste en face des locaux du Hibou Jacasseur, et qui n'était autre que le quartier général de La Gazette du Sorcier. Le scarabée se posa sur la chaise verte qui faisait face à l'immense bureau, sur lequel se trouvait une Plume à Papote et un bloc-notes, et Rita Skeeter reprit sa forme humaine.
Personne ne savait qu'elle était un Animagus, ce qui était particulièrement pratique pour s'emparer des scoops les plus croustillants avant tout le monde – ou, dans le cas présent, pour jouer des mauvais tours à ses concurrents.
Rita Skeeter s'étira paresseusement, et contempla son bureau avec satisfaction. Âgée de vingt et un ans, elle était la plus jeune rédactrice de l'équipe de La Gazette du Sorcier, et sa carrière était déjà prometteuse. Partout sur les murs étaient accrochés les innombrables prix qu'elle avait gagnés un an plus tôt, grâce à la publication du best-seller Armando Dippet : maître ou crétin ? Il y avait par exemple le Grand prix littéraire des Amateurs de scandale, le Premier Prix du Concours de Cancan ou le Prix de la Journée Internationale des Potins.
Avec un sourire radieux, Rita Skeeter posa sur son bureau la fiole qu'elle venait de verser dans le réservoir d'encre de l'imprimerie du Hibou Jacasseur. Maintenant qu'elle était vide, on pouvait voir qu'elle contenait une plume de corbeau, qui diffusait encore quelques volutes noires le long des parois de verre. Rita Skeeter n'avait absolument aucune idée de la nature de la potion contenue dans la fiole, qui était atterrie la veille dans sa boîte aux lettres, mais elle avait beaucoup apprécié la lettre qui l'accompagnait – si on pouvait appeler une lettre ces quatre lignes griffonnées à la hâte au dos d'un morceau d'affiche :
Si vous souhaitez, comme moi, la perte de Marius Berrycloth et du Hibou jacasseur, versez ceci dans leur réservoir d'encre. Le résultat sera observable sur l'édition du lendemain.
Bonne chance, et bon triomphe.
Le mot n'était pas signé, ce qui avait attisé encore davantage la curiosité de Rita Skeeter. La perte de Marius Berrycloth, Rita la souhaitait ardemment, surtout depuis que Le Hibou Jacasseur lui avait consacré un numéro entier, à elle, Rita Skeeter, à grand renfort de critiques acérées, caricatures grivoises et parodies satiriques. Le seul fait de repenser au dessin qui ornait la couverture lui faisait monter le feu aux joues.
L'édition du lendemain, lut-elle à nouveau sur le morceau d'affiche.
– Et maintenant, il n'y a plus qu'à attendre, murmura-t-elle, songeuse, en caressant du bout des doigts sa Plume à Papote.
Le lendemain matin, elle se rendit au Chemin de Traverse, qui était très animé en ce samedi matin de début décembre. Les magasins avaient déployé leurs plus belles devantures pour appâter les clients à la recherche de cadeaux de Noël, et les sorciers avaient choisi d'oublier leurs soucis pour faire leurs emplettes : la rue était bondée.
Devant les bureaux du Hibou Jacasseur, on vendait déjà le numéro du jour à la criée :
– Approchez, approchez ! Malgré les menaces, le Hibou Jacasseur persévère ! Allez, mes amis, résistons ensemble à la terreur !
De nombreux passants se pressaient autour du vendeur, dont les mains se vidaient aussi rapidement que ses poches se remplissaient.
Tout en serrant d'une main son col de fourrure noire, Rita Skeeter lui acheta un numéro, et examina en fronçant le nez la caricature de l'Homme-Serpent qui occupait la couverture du journal.
On a retrouvé l'Homme-Serpent, titrait le Hibou Jacasseur en grosses lettres. Sous le titre, on voyait d'abord un serpent entortillé s'agiter ; puis l'image s'élargissait, et on découvrait que le serpent en question était en fait la queue en tire-bouchon d'un énorme cochon, qui peignait des écailles sur sa queue et avouait, tout sourire : Serpent, Cochon, c'est une question de perspective ! Puis le dessin disparaissait, remplacé par le soi-disant serpent en tire-bouchon, et ainsi de suite.
Et dans un coin du dessin, en bas à droite, la signature mythique, apposée sur chacune des caricatures du Hibou Jacasseur : Berrycloth au dessin, Talinski aux dialogues, écrit en pattes de mouches de la main du dénommé Talinski – Berrycloth ne sachant pas lire, il était évident qu'il ne savait pas écrire non plus, et il ne s'en cachait pas.
Rita Skeeter leva les yeux vers les fenêtres des locaux du Hibou Jacasseur et imagina Marius Berrycloth en train d'empiler ses innombrables caricatures provocatrices. « Dessine bien, mon ami », se dit-elle, « tu n'en as plus pour très longtemps » ...
Elle monta dans son bureau avec son exemplaire du journal, ouvrit son placard réfrigérant, en sortit un énorme pot de glace goût pistache déjà bien entamé, et s'installa sur son siège pour lire confortablement.
Elle fut rapidement déçue : le numéro était semblable à tous les autres, délibérément incisif, éperdument médisant et admirablement sarcastique, et l'encre paraissait tout à fait normale. Rita Skeeter se leva, agacée, et marcha vers la fenêtre, où elle constata avec dépit que les promeneurs se ruaient sur le vendeur ambulant du Hibou Jacasseur et que l'article à sensation qu'elle avait écrit deux jours plus tôt passait totalement inaperçu.
Ce fut au moment où Rita Skeeter s'apprêtait à jeter l'éponge pour rentrer chez elle, maudissant celui qui lui avait joué cette mauvaise farce, que ce qu'elle attendait tant se produisit.
Au début, elle eut simplement l'impression que la température baissait, et que c'était un effet de son imagination. Puis, le ciel sembla s'assombrir légèrement, et il y eut un mouvement de malaise parmi les sorciers surexcités qui faisaient leurs emplettes, journal en main, sur le Chemin de Traverse.
Intriguée, Rita Skeeter jeta un coup d'œil à l'exemplaire du Hibou Jacasseur posé sur son bureau, et constata, stupéfaite, que l'encre présente sur le papier disparaissait. Avec un sourire aux lèvres, elle s'approcha, mais elle fit aussitôt un bond en arrière lorsqu'une voix doucereuse, aiguë et sifflante retentit à ses oreilles :
Mes chers amis... Celui qu'on appelle l'Homme-Serpent vous salue...
En même temps qu'ils étaient prononcés, les mots s'inscrivaient sur toutes les pages du journal, remplaçant ceux qui étaient écrits quelques secondes plus tôt. Des cris de terreur provenant de l'extérieur indiquèrent à Rita Skeeter que tous les exemplaires du Hibou Jacasseur subissaient le même sort, et que la voix terrifiante qu'elle entendait résonnait aux oreilles de tous ceux qui se trouvaient à proximité. Elle risqua un regard vers le Chemin de Traverse : les passants avaient jeté leurs exemplaires de journal au milieu de la rue, et se serraient les uns contre les autres contre les vitrines des magasins, tétanisés, les mains collées sur leurs oreilles.
Pour commencer, sachez que mon nom est VOLDEMORT...
Ce nom provoqua une nouvelle vague de panique sur le Chemin de Traverse. Rita Skeeter elle-même, en entendant ce nom et en le voyant s'inscrire en lettres capitales sur toutes les pages du Hibou Jacasseur, fut parcourue de frissons.
Mes chers amis, n'ayez pas peur... Je ne veux pas répandre le sang des sorciers... Je suis de votre côté... Les moldus que j'ai tués ne méritaient pas de vivre... Ils étaient néfastes pour notre société...
Nous, les sorciers, avons vécu trop longtemps dans l'anonymat... Trop longtemps, nous nous sommes laissé faire... Par peur, nous avons vécu dans l'ombre, reclus dans notre insupportable clandestinité... Et pourtant, nous avons le pouvoir nécessaire pour renverser la balance, pour nous montrer au grand jour, tel que nous sommes, et pour empêcher les Moldus de faire basculer le monde vers la médiocrité...
Mes amis sorciers, je viens vous avertir... Ouvrez l'œil... Les partisans me rejoignent, toujours plus nombreux... Et bientôt, nous serons prêts... Le monde va renaître, et tous ceux qui s'y opposeront seront anéantis... Les seuls survivants seront ceux qui auront fait le bon choix : rejoindre le bon côté du pouvoir...
Je vous attends... Je vous attends... Je vous attends...
La voix aiguë, glacée, s'éteignit en sifflant et un silence impénétrable suivit les paroles qui venaient d'être prononcées. Sur le parchemin, les mots inscrits par la voix de Voldemort se brouillèrent, et les taches d'encre ainsi formée se rassemblèrent au milieu du parchemin pour y dessiner la Marque des Ténèbres. Le serpent sortit de la bouche du crâne, comme une langue, et lorsque le dessin fut achevé, une petite flammèche apparut au bout de la tête du serpent, et le parchemin se mit à se consumer.
Rita se précipita pour arroser le parchemin, recouvrant son bureau de cendres mouillées. Lorsqu'elle regarda à nouveau au-dehors, le Chemin de Traverse était désert, et le pavé était tapissé par des centaines de journaux enflammés. Les magasins avaient mis dehors les clients et cadenassé leurs vitrines ; et les superbes décorations de Noël avaient été ravagées par les mouvements de foule.
En face, dans les locaux du Hibou Jacasseur, les rouleaux d'imprimerie tournaient dans le vide, essayant vainement d'appliquer de l'encre sur du parchemin qui prenait feu. De nombreux employés prenaient leurs jambes à leur cou, tandis que d'autres s'agitaient pour maîtriser les flammes.
Au-dessus des crépitements et des exclamations apeurées, on entendait la grosse voix de Marius Berrycloth, que l'évènement de semblait pas avoir affecté :
– Aguamenti ! Aguamenti ! Cessez donc de crier, vous n'éteindrez pas les flammes avec votre remue-ménage ! Allez, unissons nos efforts, et éteignez-moi tout ça !
L'incendie ne fit aucune victime, mais le mal était fait : la terreur s'était emparée du monde magique. De nombreux sorciers installaient des Sortilèges de Protection un peu partout, ce qui posait de sérieux problèmes car les Moldus se plaignaient de se cogner dans des murs invisibles.
La panique s'étendait même jusqu'à l'intérieur des murs de Poudlard. Là aussi, les quelques numéros du Hibou Jacasseur arrivés par hibou avaient terrorisé tous ceux qui se tenaient dans la Grande Salle au moment de leur livraison. Révoltés, Sirius, James, Remus et Peter, du haut de leurs douze ans, prévoyaient déjà d'entreprendre une formation d'Auror, et travaillaient leurs cours de Défense contre les Forces du Mal plus assidument que jamais. Du côté des jeunes Serpentard, Regulus, Severus, Liam Avery et Robin Mulciber rivalisaient d'imagination quant à l'apparence du mage noir, aux pouvoirs qu'il possédait et au nombre de partisans qui constituaient déjà son armée.
Au Ministère, Bartemius Croupton entra dans une rage folle. Le peuple réclamait le coupable de ce coup d'éclat, et lui-même l'avait déjà trouvé. Marius Berrycloth fut appelé à comparaître au Magenmagot, où il apparut dans sa chemise à moitié brûlée, et se moqua ouvertement de tous les juges qui le toisaient dans leur superbe robe couleur prune. Il fut condamné, presque à l'unanimité, pour usage de la magie noire et trouble de l'ordre public. Dumbledore supplia le Magenmagot d'entendre raison, mais les émotions encore vives dans le cœur des magistrats firent basculer la balance du côté de la condamnation. Quant à Talinski, il contesta cette décision avec tant de véhémence qu'il fut lui aussi condamné pour complicité.
Sans plus de cérémonie, Berrycloth et Talinski furent tous les deux conduits à Azkaban. Les deux amis rirent aux éclats tout au long du trajet, malgré leurs poignets enchaînés et leurs uniformes gris détrempés par la pluie battante. Ils firent tourner en bourrique le geôlier qui les brinqueballait sur les routes, puis celui qui conduisait la minuscule embarcation qui traversait la mer du Nord déchaînée jusqu'à l'îlot de la prison d'Azkaban.
Ce n'est qu'en s'approchant de la prison que Marius Berrycloth cessa de rire. À travers la pluie et les embruns, ils commençaient à distinguer une tour haute et sombre, dressée sur un îlot de roche aride, autour de laquelle volaient des silhouettes peu amènes. À chaque vague qui s'écrasait contre le flanc de leur barque, les deux amis avaient de plus en plus froid, et leur joyeuse inspiration s'essoufflait progressivement.
– Eh bien ! Nous allons tâcher d'amuser les damnés, déclara Berrycloth pour se donner du courage.
– Enfin un défi à votre mesure, Monsieur le Directeur, sourit Talinski en prenant la main de son ami de toujours pour affronter la tête haute les gardiens de la prison d'Azkaban.
Et c'est ainsi que Le Hibou Jacasseur fut réduit au silence. La Gazette du Sorcier était seule en scène ; et Rita Skeeter se frottait les mains, car elle avait enfin le champ libre pour raconter tout ce qu'elle voulait.