Secrets de Serpentard : La noble famille Black

Chapitre 18 : Le club de Slug

5223 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/08/2022 12:12

Hello !


Je profite de ce chapitre pour vous présenter un petit casting que je me suis amusée à faire sur la plateforme Wattpad (il y a beaucoup d'auteurs.rices qui le font sur ce site, l'idée m'a plu alors je me suis lancée !)


Vous le trouverez ici :

https://w.tt/3SZuwtx


Vous verrez qu'il y a certains personnages qui n'apparaissent pas encore dans les chapitres déjà publiés. Vous y trouverez donc quelques citations inédites, en avant-goût des prochains chapitres... O:)


Bonne lecture ! ❤️ 


***


Le lendemain, Narcissa se rendit à la bibliothèque, radieuse. Elle salua même poliment Madame Pince, la bibliothécaire, ce qui n'était pas du tout dans ses habitudes – en général, elle passait devant elle sans même la remarquer, et laissait à Daisy le soin de dire bonjour.

Elle s'installa tranquillement à sa table préférée, dans un coin, là où personne ne viendrait l'importuner, et se plongea avec détermination dans son manuel d'Arithmancie. Les calculs compliqués lui donnaient du fil à retordre, mais elle finissait toujours par en venir à bout, ce qui lui procurait une immense satisfaction, d'autant plus savoureuse que Carla Avery et Juliet Selwyn étaient d'une incompétence rare dans cette matière.

Au bout de quelques minutes, elle entendit une chaise racler le sol à côté d'elle, et pesta contre l'élève qui venait troubler sa tranquillité. Exaspérée, elle sentit que quelqu'un s'asseyait à la table voisine. Elle se tourna donc, prête à faire remarquer à son voisin qu'il y avait de nombreuses tables disponibles, et tomba nez-à-nez avec Lucius Malefoy.

– Salut, lui dit celui-ci avec un sourire réjoui.

– Tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi, siffla Narcissa. Qu'est-ce que tu me veux ?

– Oh, rien d'important, simplement... Je tenais à te faire remarquer que j'avais tenu ma promesse.

– Ta promesse ?

– Hector Crabbe a arrêté d'importuner ta sœur, non ?

Narcissa haussa les épaules, indifférente.

– Tu n'as pas compris ? insista-t-il. C'est moi qui lui ai ordonné de le faire.

En apprenant ceci, Narcissa fut presque déçue. En réalité, Hector n'avait pas eu peur d'elle, mais de son propre camarade.

– Si tu espérais que je te remercie, c'est raté, dit-elle sèchement.

Lucius s'accouda sur son bureau, de plus en plus réjoui.

– En fait, je suis surtout venu pour te complimenter.

Narcissa continuait à écrire des inepties sur sa feuille afin de se donner une contenance, et Lucius se renversa sur le dossier de sa chaise, rêveur.

– Je ne sais pas, je... Voilà, je t'ai trouvée brillante, l'autre jour. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi, j'en ai assez de tous ces benêts, ici, qui se laissent marcher sur les pieds, et qui bredouillent dès que je leur adresse la parole... J'ai envie de les secouer, qu'ils se réveillent un peu, bon sang !

Narcissa garda le silence, mais comme Lucius, il lui arrivait fréquemment de ressentir du mépris pour ses camarades. Leurs préoccupations lui paraissaient souvent futiles, surtout lorsqu'elle rentrait de vacances au 12, square Grimmaurd, et avait passé tout son temps au chevet de sa mère. Le récit des vacances insouciantes des autres élèves lui donnait l'impression désagréable de se trouver sur une autre planète qu'eux, et elle ne pouvait s'empêcher de leur en vouloir, comme s'ils avaient une part de responsabilité dans ce qui lui arrivait.

– Alors que toi ! Tu m'as bien renvoyé la balle, poursuivit Lucius en riant. Je me suis senti complètement nigaud, en face... Ça ne m'était jamais arrivé, donc forcément, tu as éveillé mon intérêt.

Il parlait à Narcissa avec suffisance, comme si lui adresser la parole constituait déjà une immense faveur.

– Bon, juste une chose, ajouta Lucius : me parler de ma mère, je dois dire que c'était assez cruel.

– Je ne trouve pas, rétorqua sèchement Narcissa. C'était un juste retour des choses.

Lucius prit un air embêté, et sa bouche se tordit.

– Ah, tu n'es pas au courant...

– Au courant de quoi ?

– En réalité, tu avais raison : elle ne m'a jamais appris à me comporter convenablement. En fait, elle ne m'a rien appris du tout.

Le ton de sa voix devenait de plus en plus sérieux.

– Ma mère est morte quelques heures après ma naissance, dit-il, les larmes aux yeux. Je ne connais même pas le son de sa voix.

Narcissa se sentit immédiatement devenir rouge écarlate. Quelle gaffe !

– Oh, je suis... Je suis désolée, bafouilla-t-elle.

Elle se détourna de son livre pour regarder Lucius, affreusement gênée. Mais soudain, elle remarqua un léger tressaillement au coin de ses lèvres : il se retenait de sourire.

– Je rêve ! s'exclama-t-elle, incrédule. Tu mens !

Lucius éclata de rire, et essuya ses larmes factices.

– Tu devrais voir ta tête !

– C’est pas possible, tu n’as vraiment aucune morale !

Autour d'eux, quelques élèves leur lancèrent des regards courroucés, mais ni l'un ni l'autre n'y fit attention. Lucius leva les mains en signe de défense :

– Je ne t’ai pas menti, tout est vrai ! Ma mère est morte en me mettant au monde. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pendant l’accouchement, mais les Magicomages n’ont rien pu faire.

– Et tu trouves ça drôle ?

– En soi, non, mais cette petite parade marche à tous les coups, quand il s'agit de mettre quelqu'un dans l'embarras...

Narcissa secoua la tête, encore estomaquée par autant de cynisme.

– C’est la première fois que quelqu’un arrive à me berner comme ça, grommela-t-elle.

– Oh, dans ce cas j’en suis d’autant plus fier, répondit Lucius en mimant une petite révérence. Bon, on peut dire qu’on est quittes ?

Il lui présenta sa main tendue pour la deuxième fois.

– Allez, faisons la paix, insista-t-il, voyant que Narcissa hésitait. Tu me trouves sûrement détestable, mais au moins je suis un peu plus divertissant que tes amies Carla et Juliet, non ?

Narcissa chatouilla son menton avec le bout de sa plume, comme lorsqu'elle hésitait pendant les examens. Elle espérait le mettre mal à l'aise, mais finalement, voyant qu'il ne se démontait pas, elle se résolut à lui serrer la main, encore renfrognée.

– Bon, voilà une bonne chose de faite, dit Lucius tout naturellement, très satisfait de son petit effet.

Il fit mine de se lever, puis se ravisa.

– Ah, une dernière chose... J'imagine que tu connais le Club de Slug ?

– Tout le monde connait le Club de Slug, répondit sèchement Narcissa.

– Eh bien, enchaîna Lucius, Slughorn donne une fête, pour Noël, où ne sont conviés que les membres de son Club – accompagnés, bien sûr, d'un ou une partenaire de leur choix...

Narcissa fouilla dans sa mémoire : Bellatrix lui avait souvent parlé de cette fête de Noël, lui décrivant avec enthousiasme les tables croulant sous les petits fours.

En face d'elle, Lucius pris une grande inspiration.

– Il se trouve qu'en plus d'être préfet, je fais aussi partie de ce club, très sélectif... Enfin, passons, je me disais que nous aurions pu y aller ensemble ? Comme ça, nous pourrions signaler au professeur Slughorn ce fameux préfet incompétent et puéril dont tu me parlais l'autre jour ?

Et tout en parlant, il regardait Narcissa avec un petit air de défi qui lui plaisait beaucoup.

Narcissa attendit la fête de Noël organisée par Slughorn avec une impatience inavouée. L'année précédente, Carla y avait été invitée par Edgar Goyle, qui en pinçait sérieusement pour elle, et n'avait cessé de s'en vanter auprès de Narcissa pendant des semaines. Narcissa avait donc fortement apprécié le spectacle lorsqu'elle avait annoncé à Carla qu'elle irait elle aussi, mais avec Lucius Malefoy : Carla donnait alors l'impression d'avoir avalé un verre entier de mucus de Veracrasse.

– L'an dernier, il a invité Juliet, et il a été tellement odieux avec elle qu'elle ne veut plus lui adresser la parole, avait remarqué Carla lorsqu'elle s'était remise de ses émotions, pour tempérer l'enthousiasme de Daisy à l'annonce de la nouvelle.

– Je suis sûre que Cissy ne se laissera pas faire. Et puis, ce sera l'occasion de goûter la fameuse tarte de Noël de Slughorn ! Tu me raconteras tout, pas vrai Cissy ?

Lorsque le jour fatidique arriva, Narcissa réalisa avec horreur que sa robe verte favorite était devenue bien trop petite pour elle.

– Alors, Narcissa, comment vas-tu t'habiller ? lui demanda sournoisement Carla, qui avait de nouveau été invitée par Edgar Goyle, et arborait une splendide robe rouge.

– Je ne sais pas encore, répondit vaguement Narcissa. Tiens, tu mets celle-ci ? Drôle de choix.

Piquée au vif, Carla regarda aussitôt son reflet dans le miroir, suspicieuse.

– Pourquoi donc ?

– Je ne sais pas... On dirait qu'elle est un peu juste au niveau des épaules. Tu en penses quoi, Daisy ?

– Moi, je la trouve très bien, assura Daisy sans lever les yeux, affalée sur son lit dans son pyjama à fleurs, plongée dans le dernier tome de Sorcières à tout prix.

Carla se regarda dans le miroir pendant de longues minutes, puis changea de tenue.

– Elle est un peu courte, non ? suggéra Narcissa lorsqu'elle eut enfilé une robe violette à volants.

Malgré les protestations de Daisy, Narcissa s'en donna à cœur joie. Carla était tellement obsédée par son apparence que la moindre critique suffisait à la déstabiliser. Et ainsi, Carla essaya une dizaine de robes, et chaque fois, Narcissa la convainquit qu'elle ne conviendrait pas.

– Je ne vais pas y aller, à cette fichue fête ! déclara finalement Carla en allant se coucher.

Et, sous le regard désapprobateur de Daisy, Narcissa s'empara de la jolie robe rouge et l'enfila : celle-ci lui allait comme un gant.

Elle rejoignit Lucius avec un léger retard. Celui-ci était encore plus séduisant que d'habitude, et en prenant son bras habillé de velours noir, Narcissa se fit la réflexion qu'elle ne l'avait jamais vu deux fois porter les mêmes vêtements – et ça n'était pas faute de l'avoir observé.

– Tu es ravissante, lui dit Lucius sur le ton de la conversation, et Narcissa fit semblant de ne pas s'en émouvoir.

En arrivant sur les lieux de la fête, ils furent accueillis par le professeur Slughorn, qui se tenait devant la porte de son bureau.

Les invités étaient nombreux, mais à en juger par l'accueil enthousiaste de Slughorn, Lucius était celui qu'il attendait avec le plus d'impatience.

– Ah, Lucius, te voilà, roucoula le professeur Slughorn en les voyant arriver.

– Bonsoir, professeur.

Narcissa ne put s'empêcher de regarder son ventre absolument énorme, qui menaçait de faire sauter les boutons dorés de sa veste en velours. Chaque fois qu'il passait près d'elle lors du cours de Potions, elle se serrait contre Daisy, de peur d'être écrasée.

– Oh, mais je vois que tu es accompagnée d'une charmante jeune fille...

– Je vous présente Narcissa Black, elle...

– Black ? le coupa Slughorn. Black comme...

– Oui, comme Bellatrix, confirma Narcissa. Je suis sa sœur.

– Tiens donc ! C'est drôle, j'oublie toujours qu'elle a des sœurs. Enfin ! Mais pourquoi ne faites-vous pas partie de mon club, vous aussi ? Vous avez le profil idéal !

– Il n'est pas trop tard, glissa Lucius.

– Mais oui ! Venez donc à la prochaine réunion, d'accord ? Je verrai si vous méritez de rester parmi nous, gloussa-t-il.

Narcissa accepta volontiers, évitant soigneusement de lui rappeler qu'elle avait fait fondre au moins trois de ses chaudrons depuis le début de l'année – les Potions n'étaient pas vraiment sa matière forte.

– Et comment va cette chère Bellatrix ? Si vous saviez comme je la regrette ! Les élèves sont de moins en moins brillants, à Poudlard, se désola Slughorn. Oh, sauf quelques-uns, bien entendu, comme toi, Lucius...

– Elle va bien, je crois, répondit Narcissa. Elle ne passe pas beaucoup de temps à la maison, à vrai dire...

– Bon, eh bien tant mieux, conclut le professeur, qui n'avait pas écouté un mot de sa réponse. Allez, mes enfants, amusez-vous ! Il y a de la tarte de Noël aux figues, et des Croustiflambi...

Lucius et Narcissa entrèrent dans le bureau du professeur Slughorn, qui était beaucoup plus grand que ceux des autres professeurs. Le plafond et les murs étaient drapés de tentures émeraudes, auxquelles étaient accrochées de nombreux tableaux, des planisphères et des photos de Slughorn en train de serrer la main à des sorciers célèbres. La pièce bondée, étouffante, baignait dans la lumière rouge que diffusait une lampe d’or ouvragée accrochée au milieu du plafond et dans laquelle voletaient des points de lumière étincelante. En apercevant l'objet, Narcissa pensa au lustre dans la chambre de Sirius, et se dit que cette lampe d'or élégante ferait tout aussi bien l'affaire – si un jour elle venait à avoir une chambre à elle, évidemment.

– Ce sont des fées, l'informa Lucius, ayant remarqué l'intérêt de Narcissa pour la lampe d'or et ses points étincelants.

– Vraiment ?

– Oui. Nous en avons trois à la maison, du même fabricant... Plus grosses que celle-ci, évidemment.

Dans le coin opposé, quelques sorciers au teint rougeaud chantaient, des bouteilles d'hydromel à la main, accompagnés par ce qui ressemblait à des mandolines. Un peu plus loin, de la fumée de pipe flottait comme une brume au-dessus d’un groupe de vieux sorciers absorbés dans une grande conversation, et des elfes de maison se faufilaient en couinant entre les genoux des invités, cachés par de lourds plateaux d’argent portés à bout de bras, qui leur donnaient l’air de petites tables ambulantes. Les élèves de Poudlard étaient, pour la plupart, rassemblés autour du banquet, et semblaient mal à l'aise, contrairement à Lucius, qui observait l'ensemble avec suffisance.

Lucius et Narcissa se dirigèrent vers le banquet, et Narcissa remarqua aussitôt de nombreux regards envieux se poser sur elle. Elle ne put s'empêcher de sourire, et raffermit sa prise sur le bras de Lucius sans y faire attention : décidément, la soirée s'annonçait bien. Lucius jeta un coup d'œil à son bras, celui auquel Narcissa se cramponnait, et son sourire confiant s'élargit.

Plusieurs sorciers adultes à l'air important alpaguèrent Lucius pour lui demander des nouvelles de son père.

– Il n'a pas pu venir, malheureusement, les informa Lucius. Oui, la Dragoncelle, c'est cela... Merci, merci, je lui transmettrai votre soutien.

Lorsque Lucius leur présenta Narcissa, la plupart d'entre eux poussèrent des exclamations admiratives, et lui firent promettre de communiquer leur plus profond respect à son père, et leurs félicitations pour la jolie jeune fille que Narcissa était devenue.

Entre deux conversations mondaines, Lucius et Narcissa furent approchés par Edgar Goyle, qui tenait un fondant au chocolat dans chaque main. Celui-ci, contrairement à sa petite sœur Daisy, n'avait pas hérité des cheveux cuivrés, des yeux verts et du physique élancé de leur mère, mais des cheveux bruns, des épaules larges et des bras trop longs de leur père Fergus.

– Narcissa, tu n'as pas vu Carla ? demanda-t-il, affolé. Je l'attends depuis tout à l'heure !

– Oh, mince, elle ne t'a pas prévenu, dit Narcissa, faussement désolée. Elle ne viendra pas... Elle est indisposée.

Lucius lui jeta un regard de biais, mi-suspicieux, mi-amusé. Edgar Goyle fit une moue déçue, et Lucius lui proposa gentiment mais fermement d'aller leur chercher des verres de jus de kumquat – tout en sachant pertinemment que le pauvre Edgar mettrait des heures à en trouver, puisque Slughorn avait une sainte horreur du kumquat.

Lorsque Edgar Goyle eut disparu, Lucius se pencha vers Narcissa, radieux.

– Tu as fait en sorte que cette chère Carla ne vienne pas, devina Lucius. Je me trompe ?

Narcissa fut décontenancée par une telle lucidité.

– Elle m'agaçait, avoua-t-elle.

Un grand sourire éclaira le visage de Lucius, alors qu'il portait son verre à ses lèvres.

– Décidément, je sens qu'on va bien s'amuser, tous les deux, dit-il avec un clin d'œil.

Étonnée qu'il approuve ses manigances, Narcissa se détendit un peu. Mais Lucius ajouta perfidement :

– À ce propos, tu as eu raison de lui emprunter une de ses robes... Elle te va vraiment à merveille.

Aussitôt, Narcissa sentit le feu lui monter aux joues, et piqua du nez dans son verre.

– Elle est à moi, répondit-elle distraitement.

– Ah oui ? Au temps pour moi. Alors tu dois vraiment être une amie fidèle, pour broder ses initiales dans le dos de ta robe...

– QUOI ? C'est vrai ?

En la voyant tâtonner anxieusement le long de sa colonne vertébrale, Lucius éclata de rire, et Narcissa comprit qu'il la faisait marcher.

– Je vais t'étrangler ! menaça-t-elle entre ses dents, tout en s'efforçant de garder une apparence calme. Tu as de la chance qu'il y ait du monde, sinon ce verre d'hydromel serait déjà étalé sur ta veste !

– Hé ! Je voulais simplement en avoir le cœur net... Cette robe est ravissante, mais il me semblait bien avoir vu Carla la porter, au bal de l'an dernier...

– Ça suffit ! Si tu continues à me tendre des pièges, je te promets que tu vas le regretter !

Elle lui pinça le bras avec force, mais Lucius ne se départait pas de son rire moqueur.

– Très bien, j'ai hâte de savoir comment tu comptes te venger... Aïe ! Attention, tu me chatouilles...

Le professeur Slughorn, qui allait d'élèves en élèves avec une grande satisfaction, s'approcha d'eux en titubant un peu.

– Tout va bien, mes chers enfants ? Vous avez tout ce dont vous avez besoin ? Tenez, prenez un peu de tarte, dit-il en en donnant une énorme part à Lucius. Ah, quelle belle soirée, n'est-ce pas ?

– Comme chaque année, professeur, assura Lucius en jetant discrètement la part de tarte derrière les rideaux verts.

– Quel dommage que cela ne dure que quelques heures... Tiens, il est déjà minuit ? Je risque de ne pas être très en forme demain... Et pourtant, il faudra que je me lève très tôt : je dois récolter des fleurs de Lune dans la Forêt Interdite. Elles ne s'ouvrent qu'une heure par mois... Il fallait que ça tombe demain matin, à six heures ! se lamenta-t-il.

– Pourquoi ne demandez-vous pas à Ogg de le faire à votre place ? suggéra Lucius. C'est un domestique, il est là pour ça, après tout. Ce genre de corvée ne devrait pas incomber aux professeurs.

– À Ogg, le garde-chasse ? s'indigna Slughorn. Lui confier une tâche aussi délicate ? Lucius, enfin, tu n'y songes pas ! Il réduirait ces jolies fleurs en bouillie, et j'en ai impérativement besoin pour la semaine prochaine !

Lucius haussa les épaules, et le professeur Slughorn se fit alpaguer par deux autres sorciers. Lorsqu'il fut un peu éloigné, Lucius glissa à l'oreille de Narcissa :

– Franchement, quelle indignité... Tu imagines un peu, se lever à six heures pour faire la cueillette dans la boue gelée ? Si un jour j'en étais réduit à faire ça, je pense que je préfèrerais sauter par la fenêtre.

Une pensée inconfortable sembla le traverser, et il déclara, amer :

– Je suis sûr qu'à Durmstrang, il existe du personnel qualifié pour alléger le travail des professeurs. Cette école est tellement meilleure qu'ici, à tous les égards ! On y apprend la magie noire – le rêve ! Et surtout, ils n'acceptent que les sorciers issus de familles de sorciers... Tu le savais ? Au moins, eux, ils restent entre personnes convenables...

– Le frère de ma mère est allé à Durmstrang, et mon cousin Evan aussi, dit pensivement Narcissa, qui commençait à comprendre la décision de Juliet Selwyn.

– Oui, j'aurais dû y aller aussi, crâna Lucius. Mon père en avait fait la demande, mais le stupide volatile qui devait m'apporter ma lettre d'admission l'a perdue ! Quand ils ont découvert que nous ne l'avions pas reçue, j'étais déjà inscrit ici, à Poudlard. La direction de Durmstrang s'est répandue en excuses, évidemment, et a tout fait pour convaincre mon père de revenir sur sa décision, mais rien n'y a fait...

Narcissa se contenta de hocher la tête, tout en pensant que Lucius serait bien capable d'inventer cette histoire farfelue pour camoufler un refus de la part de Durmstrang. Mais en même temps, cette école de magie noire n'avait aucune raison de refuser la candidature de quelqu'un comme lui.

– Voilà comment je me suis retrouvé dans cette école médiocre, continuait Lucius, qui n'avait pas remarqué que Narcissa ne l'écoutait plus.

En effet, alors qu'elle observait le reflet des lumignons sur le crâne du professeur Slughorn, une idée venait de germer dans son esprit. Et si elle arrivait à la mettre en œuvre, Lucius ne tarderait pas à regretter de s'être moqué d'elle.

– Mais, Lucius, pourquoi n'en as-tu pas parlé au professeur Slughorn ? s'exclama-t-elle d'une voix claire, sans préambule.

Comme elle l'avait prévu, le professeur se rapprocha aussitôt d'eux, tout frétillant. Lucius fronça les sourcils, interloqué, et Narcissa s'éclaircit la gorge.

– On parle de moi, jeunes gens ?

– Oui, Professeur, dit Narcissa d'une voix candide, nous parlions de ces fameuses Fleurs de Lune... Lucius m'expliquait à quel point leur éclat était ravissant.

– Il l'est, affirma Slughorn avec verve.

– Et justement, Lucius me confiait qu'il rêvait de vous accompagner demain matin, mais... Il n'osait pas vous demander la permission.

Lucius devint aussitôt raide comme un piquet, tout surpris.

– Euh... C'est que...

– Vraiment ? s'enthousiasma le professeur Slughorn. Mais, Lucius, je ne savais pas que tu te passionnais pour ce genre d'ingrédient ! Bien sûr, tu peux m'accompagner, rien ne pouvait me faire plus plaisir.

Comme Lucius ne répondait pas, Narcissa lui donna un petit coup de coude, en lui adressant un sourire éclatant.

– Ce serait l'occasion parfaite, n'est-ce pas, Lucius ? Il paraît justement que tu adores rendre service.

Lucius chercha une excuse pour refuser poliment, sans perdre l'estime du professeur Slughorn ; mais il n'en trouva pas, et opta pour une autre stratégie.

– Eh bien... Oui, alors, pourquoi pas... Dans ce cas, permettez-vous que Narcissa nous accompagne également ? Nous ne serons pas trop de trois pour cette tâche...

– Oh non non non, certainement pas ! Enfin... Ne le prenez pas mal, miss Black, mais la Forêt Interdite n'est pas un endroit pour les jeunes filles de bonne famille.

– Oui, je comprends, répondit Narcissa en affichant une mine faussement déçue.

– Ne m'en voulez pas, je ne voudrais pas m'attirer les foudres de la famille Black en vous entraînant là-bas... Alors, Lucius, c'est d'accord ? Demain matin, six heures !

Il s'éloigna de quelques pas, puis, illuminé par une pensée fulgurante, il se retourna. Il désigna la tenue luxueuse de Lucius, abondamment agrémentée de motifs brodés et de boutons argentés, et lança d'une voix sonore :

– Ah oui, et pour demain, n'oublie pas de retirer toutes ces petites fanfreluches, d'accord ? La Forêt Interdite est terriblement boueuse, en ce moment !

Et il s'éloigna vers un autre groupe, extrêmement satisfait de lui-même. Plusieurs élèves gloussèrent en regardant l'habit de Lucius, dont le teint avait pris la même couleur que les tranches de roastbeef exposées sur la table. Narcissa, quant à elle, se mordait les joues pour ne pas exploser de rire. Lucius inspira profondément, à plusieurs reprises – il avait visiblement du mal à garder son calme.

– D'accord, c'est bien joué, admit-il à regret, d'une voix difficilement maîtrisée. Non, vraiment, je n'aurais pas fait mieux. Je n'ai plus qu'à t'offrir une robe digne de ce nom pour me faire pardonner...

– Volontiers. Mais alors, attention, pas trop de fanfreluches...

Lucius retrouva le sourire, finalement ravi d'avoir trouvé une adversaire à sa mesure. Il jeta un œil à sa montre de gousset, puis au buffet qui s'était dramatiquement vidé.

– Bon, je crois que nous avons épuisé le potentiel divertissant de cette soirée. On s'en va ?

– Quel dommage, je commençais justement à m'amuser... Enfin, puisqu'il ne te reste que quelques heures de sommeil, je veux bien te raccompagner.

– Ça va, n'en rajoute pas, rit Lucius en l'entraînant vers la sortie.

Le lendemain, Narcissa se rendit à la bibliothèque, et reprit sa place favorite. Cependant, elle eut beaucoup de mal à se concentrer sur ses cours d'Astronomie, car elle ne pouvait s'empêcher de lever la tête dès que la porte de la bibliothèque s'ouvrait.

Lucius mit un certain temps à apparaître, et lorsqu'il franchit la porte, il ne vint pas tout de suite vers Narcissa, ce qui l'ennuya beaucoup. Elle se demanda s'il l'avait vue, et si oui, s'il lui en voulait pour le mauvais tour qu'elle lui avait joué... Elle y était peut-être allée un peu fort, après tout.

Au moment où elle s'apprêtait à se lever pour voir ce qu'il fabriquait, Lucius apparut à côté d'elle, et elle fit mine d'écrire avec assiduité sur son parchemin.

– Alors, cette petite cueillette matinale ? demanda-t-elle sans lever les yeux.

– Quand tu auras fini d'écrire des absurdités sur ton parchemin pour faire semblant d'être occupée, je te raconterai peut-être.

Prise en flagrant délit, Narcissa s'interrompit, les lèvres pincées, et reposa sa plume dans son encrier.

– La forêt n'était pas trop boueuse ?

– Si, horriblement. J'ai fichu en l'air mon pantalon, et ma veste en cachemire... Mais peu importe : grâce à toi, je suis officiellement l'élève favori de Slughorn ! Il est en train de chanter mes louanges auprès de tous les professeurs de Poudlard, et a donné cinquante points à notre maison. Les Gryffondor doivent être verts de rage.

– Oh, je suis contente que tu aies passé un bon moment. Si tu veux, je pourrai te rendre d'autres services de ce genre. Ça tombe bien, j'ai entendu l'autre jour que Mme Pomfresh cherchait des volontaires pour nettoyer l'infirmerie avant les vacances.

– Intéressant, je lui proposerai peut-être ta candidature... Après tout, contrairement à la Forêt Interdite, c'est un lieu parfaitement adéquat pour les jeunes filles de bonne famille.

Narcissa ne put s'empêcher de rire.

– Tiens, tu as quelque chose dans les cheveux, remarqua Lucius avec un sourire mesquin que Narcissa commençait à reconnaître.

– Tes petites plaisanteries ne fonctionnent plus, répliqua Narcissa. Je ne me laisserai pas avoir encore une fois.

Lucius glissa furtivement sa main derrière l'oreille de Narcissa, qui ne chercha pas à l'esquiver. Lorsqu'il rouvrit ses doigts, une ravissante fleur de Lune s'y trouvait, avec de longs pétales irisés en forme d'étoile.

– Le plus vieux tour de magie du monde, commenta Narcissa, feignant l'indifférence.

– J'ai eu du mal à la cacher au Professeur Slughorn, mais ça en valait la peine. Elle est ravissante, tu ne trouves pas ?

Narcissa haussa les épaules, mais elle n'arrivait pas à détacher son regard de la corolle argentée qui pivotait délicatement dans la main de Lucius.

– Tiens, je te la laisse, dit-il en posant la fleur sur le cahier de Narcissa. Étudie-la bien, nous en parlerons sans doute à la prochaine réunion du club de Slughorn... Où tu es chaleureusement conviée, je te le rappelle.

Narcissa écarquilla les yeux, catastrophée. Elle avait totalement oublié ce détail de la soirée de la veille.

– Bon sang... Quand est-ce ? Je vais passer pour une idiote, ça va être un massacre absolu... J'en suis encore à confondre les propriétés des sisymbres et du polygonum, je n'ai même pas le niveau d'une deuxième année en Potions !

Lucius sourit et bomba légèrement le torse.

– À mon avis, c'est simplement parce que personne ne t'a jamais expliqué correctement...

Narcissa vit Lucius glisser une main vers son sac, et remarqua qu'il avait rempli celui-ci de tous les manuels de Potions, depuis la première année. Et ces manuels ne pouvaient lui servir qu'à une chose, à lui qui était en cinquième année, et qui n'avait certainement pas besoin de perdre son temps à réviser les fondamentaux...

Narcissa leva les yeux au ciel, à la fois épatée et exaspérée.

– Quand est-ce que tu as eu l'idée brillante de me donner des cours particuliers ?

Lucius ne chercha nullement à s'en cacher.

– Tu sais, je suis quelqu'un de très serviable. Et quand on m'a parlé de tes exploits en cours de Potions, je me suis dit que j'allais généreusement voler à ton secours.

– Quelqu'un t'en a parlé ?

Tout le monde m'en a parlé. Ne leur en veux pas, ça n'est pas tous les jours que la salle des Potions se transforme en gigantesque bain moussant.

Narcissa fit une grimace. Cette préparation de Potion Aiguise-Méninges avait déjà mal commencé lorsqu'elle avait confondu la poudre de scarabée et les racines de gingembre. Mais ensuite, elle avait essayé de rattraper le coup à sa manière, et c'est là que la situation avait viré à la catastrophe... Les murs de la salle de Potions portaient encore la marque de l'écume violette qui avait abondamment jailli de son chaudron pour inonder le sol.

Le problème était là : les Potions ne toléraient aucune approximation, et demandaient une patience que Narcissa ne possédait pas. Dans les autres matières, elle n'avait rencontré aucun problème : sa baguette la comprenait parfaitement, même si elle prononçait la formule de travers, car sa volonté intérieure était toujours extrêmement claire. À l'inverse, elle avait l'impression que les ingrédients des potions voulaient constamment lui jouer des tours, et elle avait en horreur tout ce qui lui résistait.

– Tu as toujours un coup d'avance, pas vrai ?

– Sauf quand tu me prends par surprise, sourit Lucius.

Il sortit légèrement un des livres de son sac, puis interrompit son geste, attendant l'approbation de Narcissa pour le poser sur la table.

– Bon, j'accepte ta proposition si charitable, capitula Narcissa. Je te préviens, tu risques de t'arracher les cheveux, je suis un cas désespéré.

– Très bien, j'ai hâte de relever le défi...

Derrière l'épaule de Lucius, Narcissa aperçut Carla Avery et Juliet Selwyn qui les observaient avec des regards de niffleurs enragés. Pendant que Lucius étalait sur la table quatre volumineux livres de Potions, Narcissa s'installa confortablement dans son fauteuil, et regarda le soleil qui filtrait timidement à travers les fenêtres. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi heureuse.





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