Tous au camping !

Refusant d'explorer pour l'instant le grand bâtiment qui lui semblait plein de courants d'air - l'idée même de se déshabiller au milieu des courants d'air le faisait frissonner d'appréhension - Drago repartit vers la tente. Il allait se trouver un petit coin qui ne serait pas en plein soleil - sa peau pâle avait une fâcheuse tendance à brûler - et… attendre.

Ou peut être proposer son aide à Harry, pour que tout soit prêt d'ici le soir, uniquement pour éviter de s'ennuyer et pour son propre confort.

Il passa la tête dans la tente et découvrit que Harry avait terminé de gonfler les matelas. Cependant, la pompe abandonnée et sa baguette à la main lui firent comprendre que le jeune homme avait légèrement triché une fois Hermione éloignée pour gagner du temps.

Il hésita à le titiller sur ce point et décida que Harry Potter pouvait bien transformer l'intérieur de la tente aux couleurs de Gryffondor si ça leur permettait d'avoir un minimum de confort.

Il croisa le regard vert brillant de malice mais ne fit pas la moindre réflexion et il y eut une sorte de complicité entre eux.

Le blond entra à l'ombre et regarda autour de lui. Harry grogna.

- Enlève cette foutue chemise et met un tee-shirt ! Tu vas cuire sérieusement.

Drago plaqua sa main sur son avant-bras marqué par réflexe, comme pour cacher la marque qu'il haïssait. Puis, il se résigna. Harry était incroyablement têtu, et il n'y avait plus un seul vêtement à manches longues dans ses affaires. Uniquement des tee-shirt de toutes les couleurs.

Il déboutonna lentement sa chemise, le regard rivé au sol, les joues rouges de gêne. Avant de devoir être marqué, il n'était pas spécialement pudique : il avait vécu dans un internat et avait été habitué à partager son quotidien avec un groupe de camarades. Désormais, l'idée même de montrer son bras le remplissait d'angoisse, parce qu'il ne voulait pas lire le dégoût inévitable sur le visage de ceux qui lui feraient face.

Il laissa tomber la chemise à terre, et resta immobile, s'empêchant de dissimuler son bras, vaincu. Une main bronzée entra dans son champ de vision et il sursauta lorsque Harry retraça du doigt une fine cicatrice sur son torse.

Il releva la tête, et se rendit compte que le jeune homme ne prêtait pas la moindre attention à la marque des ténèbres, comme si elle n'avait pas d'importance. Il fixait plutôt les fines lignes pâles sur son torse, sourcils froncés. Le brun murmura, incertain.

- C'est de ma faute n'est-ce-pas ?

Drago soupira et haussa les épaules.

- Ce n'est rien.

- Mais ces cicatrices, c'est le résultat du sort que je t'ai envoyé ? Ce jour-là dans les toilettes de Mimi Geignarde ?

Le blond hocha la tête, et se rendit compte que Harry se sentait toujours coupable après toutes ces années. Mal à l'aise, il recula d'un pas, échappant à la main de Potter qui retraçait les marques, et enfila rapidement le tee-shirt.

Harry cligna des yeux et retrouva son sourire stupide - le sourire qu'il avait depuis qu'ils étaient arrivés près de la mer - et il l'examina d'un oeil critique avant de hocher la tête.

- Parfait. Demain tu devrais envisager un short parce que la météo annonce une température indécente !

Drago roula des yeux mais resta silencieux. Il n'avait pas de problème avec les shorts, uniquement avec les manches courtes…

Hermione choisit cet instant pour revenir, souriante. Elle avait à la main une petite lampe torche - visiblement destinée à leurs expéditions nocturnes.

Elle hocha la tête d'un air approbateur en le voyant en tee-shirt et son regard glissa sur la marque des Ténèbres comme si elle n'avait pas la moindre importance. Même si c'était forcé, Drago lui en fut reconnaissant.

Elle regarda autour d'elle ensuite, et sembla satisfaite de ce que Harry avait fait pendant son absence.

- Harry ? Tu as pensé aux maillots de bain ?

Le brun eut un sourire amusé et acquiesça.

- Dans nos valises. Drago ? Je te laisse l'enfiler ? On t'attend dehors ?

Le blond grogna. Une fois seul dans la tente, il fouilla sa valise, légèrement rassuré que Harry avait choisi des vêtements plutôt classiques pour lui et qui avaient l'air confortables. Ça serait probablement étrange d'être habillé différemment mais il pourrait rapidement s'y habituer surtout après une journée à porter un jean dans lequel il se sentait parfaitement bien.

Ne trouvant pas le maillot de bain en question, il fouilla une seconde fois, avec plus de soin et il finit par trouver l'objet en question.

Il le saisit entre deux doigts pour le détailler avec une grimace horrifiée, et il se jura de tuer Harry Potter. Lentement et douloureusement.

Non seulement, le maillot était d'un rouge vif qui agressait le regard, un rouge vibrant qui allait trancher avec sa peau pâle. Inévitablement, tout le monde le regarderait - ce qu'il préférait éviter depuis un certain temps.

Mais en plus le morceau de tissu était ridiculement petit. Minuscule même.

Il cligna des yeux, et pinça les lèvres avant de quitter la tente d'un pas rageur. Cette fois, Sauveur ou non, le héros allait en prendre pour son grade. Il y avait des limites à sa déchéance.

- Potter ! Je peux savoir à quoi tu pensais exactement ?

L'abruti eut le culot de le regarder d'un air ahuri, ne comprenant visiblement pas le problème. Il brandit le minuscule morceau de tissu et Hermione eut l'air d'avoir avalé un citron de travers. Elle hésitait visiblement entre rire et hurler - encore une fois.

Harry leva un sourcil et haussa les épaules.

- Le rouge devrait t'aller non ? Ça ne va pas te tuer…

Furieux, Drago siffla.

- Que tu t'amuses à vouloir m'humilier avec des vêtements rouges je m'en moque. Contrairement à ce que tu imagines je n'ai rien contre cette couleur en particulier !

Harry leva un sourcil, toujours perplexe.

- Bah alors, où est le problème ?

Drago resta un bref moment muet avant de brandir le minuscule morceau de tissu comme un étendard et il éleva la voix - assez pour attirer l'attention de leurs voisins.

- Le problème Potter ? Le problème c'est que tu as choisi un putain de moule-b…

Effarée Hermione le coupa et hurla presque, pour l'empêcher de terminer sa phrase.

- BASILIC ! Il a choisi un moule-basilic. On a compris.

Avec un regard de tueur elle leur désigna le groupe d'enfants d'une dizaine d'années qui passait près de leur tente et qui ne perdaient rien de leur conversation, visiblement très intéressés.