Jaune et Noir

Chapitre 3 : Voyage

2102 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/12/2021 11:12


Au petit matin, bien avant même que les oiseaux se réveillent, les dix élèves choisis par leurs directeurs respectifs étaient fin prêts, bagages en main, et près de la grande porte. Hagrid le garde-chasse, trop peu matinal, était accoudé à une gargouille qui elle aussi avait l’air bien endormi. On entendait des pas dans l’escalier, il s’agissait du minuscule Professeur Flitwick accompagné du Professeur Chourave qui s’empressaient de rejoindre leurs élèves afin de leur donner les dernières recommandations.

- Les Serdaigle avec moi, dit le Professeur Flitwick, et soudainement la bande s’approchait de lui les uns derrière les autres.

- Les Poufsouffle, s’enquit également le Professeur Chourave.

Ils se mirent tous également en rang d’oignon et cette dernière se racla gorge.

- Bien, maintenant que vous êtes tous prêts, vous allez pouvoir partir pour Pré-au-Lard, accompagnés par Hagrid. Une fois là-bas vous prendrez place à bord du Poudlard Express qui vous amènera jusqu’en France. Le trajet pourra être long, prenez le temps de vous reposer.

Elle marmonnait quelque chose entre ses lèvres et scruta tous les élèves qui chuchotaient entre eux. Soudain, Hagrid qui semblait sortir de sa nuit fit sursauter une Serdaigle en prenant la parole.

- Bonjour à tous, nous allons y aller. Dépêchons, nous ne sommes pas en avance.

Les portes s’ouvrirent et marchant d’un pas léger, la joyeuse troupe dévala la pente qui menait jusqu’au grand portail, où se situaient les calèches qui les attendaient pour les porter jusqu’à Pré-au- Lard. Le soleil se levait à peine, et l’air était bien plus frais qu’en journée. Lilly fourra son nez dans son écharpe, tentant de se le réchauffer en soufflant dans le tissu. De temps en temps cela lui causait de la buée sur ses lunettes, mais tant qu’elle arrivait à distinguer les silhouettes de ceux qui la devançaient, elle ne s’en souciait pas.

- Pressez le pas derrière ! s’écria Hagrid sa voix tonitruante.

En effet à l’arrière deux jeunes Poufsouffle avaient le pas trainant, il était sûrement trop tôt pour eux pour faire une balade si matinale.

- Tu ne marches pas droit, entendit Lilly à côté d’elle.

C’était la voix d’un jeune homme, et lorsqu’elle tournait la tête, elle s’aperçut que c’était un élève de sa maison.

- Je n’y vois rien avec toute cette buée... lui répondit Lilly visiblement un peu gênée d’avoir l’air si empoté. C’est déjà difficile de tenir le rythme à cette allure, alors sans y voir.

Le jeune homme sourit d’abord, puis laissait échapper un petit rire compatissant, enfin, il tendit sa fine baguette noire vers elle et lança un sort.

- Nonebula !

Toute la buée disparût instantanément de ses verres, et elle pût enfin distinguer le visage de la

silhouette qui venait de lui rendre un sacré coup de main. - Je te remercie ! lui dit-elle, reconnaissante.


Il était sacrément grand, plutôt très fin, le visage émacié, presque taillé à la serpe. Il avait les cheveux châtains qui lui tombaient légèrement sur le front et les yeux. Vêtu de sa cape brodée d’un blaireau jaune et noir et d’une écharpe assortie, il lui tendit la main pour se présenter.

- Avec plaisir, je suis Jasper...

- Raywood, le coupa-t-elle en lui serrant la main.

Il fut surpris qu’elle connaisse son identité, et lui sourit, pris de court.

- Nous y voilà ! gronda Hagrid, il y a deux calèches, montez dedans, allez allez. Elles vous emmèneront directement à la gare de Pré-au-Lard. Je vous retrouve là-bas.

Un par un, les élèves prirent place à bord des calèches, et à leur surprise, ils se retrouvaient tous à peu près mélangés. Lilly était tout de même restée avec Jasper Raywood qu’elle venait donc de rencontrer. Une fois tous installés, les calèches se mirent en route pour la gare. Pendant ce temps, Jasper fixait Lilly avec une drôle d’intensité.

- Alors, tu sais comment je m’appelle ? demanda-t-il.

Il semblait déstabilisé par cette nouvelle. Lilly lui sourit en remontant ses lunettes sur le haut de son nez, puis se frottant les épaules de ses mains gantées lui répondit :

- Bien sûr, tu es Jasper Raywood, septième année. Pourquoi es-tu si surpris ? Tu ne connais pas mon nom ?

- Pour être franc, non, lui répondit-il gêné.

Depuis le temps qu’elle était à Poudlard, elle avait appris à connaître le nom de tous ses camarades, du moins ceux qui avaient relativement le même âge qu’elle, même si elle n’avait pas vraiment tissé quelque lien que ce soit avec eux.

- J’ai la mémoire des noms et des visages, ça doit être pour ça, mais effectivement nous ne nous étions jamais parlé jusqu’à présent. Je crois savoir que tu es arrivé en troisième année c’est ça ?

Jasper écarquilla les yeux, décidément, Lilly semblait tout connaître sur lui et il n’avait pas l’air si rassuré qu’il essayait de montrer.

- Tu me ferais presque peur, c’est exact. Comment peux-tu retenir tout ça ?

- Parce que les nouveaux élèves sont rares, surtout en cours de cursus, expliqua-t-elle, je suis Lilly Arkensy, sixième année.

- Je suis enchanté de te connaître Lilly Arkensy. Après tant d’années il était temps !

- Il n’est jamais trop tard pour les rencontres, lui répondit-elle dans un sourire.

Le reste du trajet vers Pré-au-Lard se fit dans le silence. De temps en temps on entendait quelques exclamations à propos du froid et du vent, mais Lilly restait en boule sur son siège, avec hâte d’arriver à la gare pour se mettre dans un des compartiments du Poudlard Express, bien au chaud. Jasper restait silencieux lui aussi, il avait l’air d’être moins mortifié par l’air glacé du matin, et laissait son regard divaguer vers le paysage alentours, posant parfois les yeux sur Lilly, sans buée sur ses lunettes, assise juste en face de lui.

Hagrid était bien à côté du Poudlard Express comme il l’avait annoncé quelques minutes plus tôt. Le train était fumant, bruyant, prêt à dévorer les kilomètres qui reliaient l’école et Beauxbâtons. Quelques


coups de klaxon se firent entendre, signe qu’il était sur le point de partir, les élèves se précipitaient donc vers les marches menant à l’entrée des wagons.

- A votre arrivée en France, le Professeur Dumbledore vous retrouvera sur le quai. Bon voyage ! hurla Hagrid qui tentait de couvrir les alertes bruyantes du train dont le départ était imminent. Il leur fit un geste de la main, et le départ fût prononcé.

A bord du train, Lilly s’installait dans un compartiment vide, comme la plupart des wagons. Les élèves n’étant que dix, ils s’étaient légèrement dispersés, restant à deux ou trois dans chaque compartiment.

- Je peux m’installer ici ? demanda Jasper qui se présentait à l’entrée.

Lilly qui venait de retirer sa robe de sorcière, et de poser sa grande valise sous l’assise, releva la tête en sursautant. Elle réhaussait à nouveau ses lunettes sur son nez et l’invita à s’asseoir face à elle.

- Ma valise est trop grosse, elle a du mal à rentrer, dit-elle en poussant de toutes ses forces sur la valise, lui donnant une légère suée.

Il la regardait faire en souriant, prenant le temps lui aussi de ranger son bagage, et de retirer sa robe de sorcier pour se mettre plus à l’aise. Comme ils pouvaient s’y attendre, la température était bien plus acceptable dans le train, et ne sachant pas combien de temps le trajet prendrait, autant s’installer confortablement. Un gros « clac » provenant de l’assise venait d’informer Lilly que la valise était calée, et bien calée. Elle ne bougeait plus, craignant d’avoir cassé quoique ce soit.

- Et bien, je crois qu’elle ne risque pas de s’envoler celle-là ! dit Jasper en riant.

- Merlin, j’espère que je n’ai rien abîmé, répliqua Lilly en portant ses mains à sa bouche.

- Tu ne dois certainement pas être la première, et encore moins la dernière à avoir des bagages aussi volumineux.

- Non ça c’est certain, mais je ne savais pas quoi emporter ! On ne nous a rien dit... toi ta valise est minuscule.

Elle jeta un regard soucieux vers la malle de Jasper, constatant en effet qu’elle faisait la moitié de la taille de la sienne.

- J’y ai jeté un sort de rétrécissement avant de partir, je suis comme toi, je ne savais pas quoi prendre comme vêtements ou comme objets nécessaires alors j’ai pris à peu près tout ce que j’avais et j’ai tout emballé dans mon petit balluchon.

Lilly restait silencieuse, admirative, en se sentant même un peu bête.

- J’aurais dû y penser !

- Au retour tu feras comme moi, ce n’est pas grave.

Il lui jetait un regard serein et rassurant lorsque tout à coup, ils sentirent une sensation dans leur ventre qu’ils n’avaient jusqu’alors jamais connu. Leurs entrailles se serrèrent, et leur souffle se coupa.

- Mais qu’est-ce que...

- Lilly, regarde ! s’exclama Jasper qui montrait du doigt la fenêtre.

Le train semblait s’élever dans les airs, ils voyaient la gare de Pré-au-Lard au loin, et montaient peu à peu vers les nuages, traversant les forêts environnantes à une vitesse qui leur semblait irréelle.


- Le Poudlard Express vole ? Je n’ai jamais vu ça ! s’écriait Lilly, le nez collé à la vitre. C’est impressionnant, on va arriver en France beaucoup plus vite que prévu finalement.

Une fois leur corps accoutumé à l’altitude et aux mouvements du train flottant dans les airs, les deux camarades s’installèrent confortablement sur leur banquette. Ils continuaient de discuter vivement tous les deux, apprenant à se connaître l’un et l’autre.

Jasper racontait à Lilly comment il avait fini par atterrir à Poudlard en troisième année, alors que Lilly en était à sa seconde. Il arrivait tout droit de Nouvelle-Zélande, ses parents étaient tous les deux infirmiers et avaient pris leur poste à Sainte Mangouste pour se rapprocher de leur famille maternelle qui vivait à Londres. Jasper était donc d’origine britannique mais avait passé toute son enfance à l’autre bout du monde, de l’autre côté du globe. Ils parlaient également des cours, de leurs matières préférées, des professeurs qu’ils aimaient le moins. Il lui avoua alors avoir une préférence pour la Défense Contre les Forces du Mal, ainsi que les Sortilèges, même s’il avait été quelque peu déstabilisé par les changements récurrents de professeurs au poste de Défense. Son professeur favori était le Professeur Trelawney :

- Je ne comprends jamais rien de ce qu’elle raconte, mais elle me fait rire, lui avait-il alors dit en riant.

Lilly, elle, ne la supportait pas. Durant toutes sa scolarité, elle n’avait pas réussi à trouver son troisième œil, sa faculté divinatoire. Lilly aimait le concret, le palpable, les faits. Tout ce qui était à l’opposé de la divination était bien trop ésotérique pour elle.

- A force d’épaissir les verres de ses lunettes on ne verra plus ses yeux ! En revanche je suis sûre qu’avec ses loupes elle peut très certainement voir ce que nous ne voyons pas, ça ne fait aucun doute.

Ils éclatèrent alors de rire tous les deux, en regardant par la fenêtre les paysages défiler à une vitesse ahurissante. De ce qu’ils constataient, ils avaient traversé la Manche depuis un moment déjà, ce qui voulait dire qu’ils volaient dès à présent au-dessus des terres françaises, et que leur arrivée, ou atterrissage pour être plus exact, était imminent.

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