Jaune et Noir

Chapitre 2 : Susan

2006 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/12/2021 10:15

Entre les révisions, les cours de soutien aux élèves de première année, et son assistanat auprès du Professeur Chourave, la semaine était passée à une vitesse ahurissante. Les rumeurs et bruits de couloirs s’intensifiaient à mesure que la fin de semaine approcha. Puis le vendredi soir, au dîner, alors que l’on attendait avec impatience les mets concoctés par les elfes de maison affairés aux cuisines, le professeur Dumbledore fit tinter son verre de cristal à l’aide de sa cuillère et demandait l’attention de tous. Le brouhaha vacant dans la grande salle s’éteint peu à peu, et le silence se fit.


- Très chers élèves, vous n’êtes pas sans savoir que certains d’entre vous se sont envolés pour Beauxbâtons afin d’assister au Tournoi des Trois Sorciers. Cependant l’équilibre entre les maisons n’a pas été respecté c’est pourquoi, nous allons y remédier, proclama-t-il de sa voix claire et solennelle.

Des chuchotements couplés à des exclamations se firent entendre. Certains qui n’avaient pas entendus les on-dit dans la semaine se demandaient ce qui les attendait.


- Je vous demande le plus grand silence, je vous prie. Le Professeur Rogue et le Professeur McGonagall ci-présents ont demandés à cinq élèves de leur maison respective de céder leur place à cinq élèves de Serdaigle, et cinq élèves de Poufsouffle, expliqua-t-il alors que certains élèves de Serpentard se mettaient à heur le Directeur, et que d’autres Gryffondor haussaient le ton, estimant que c’était injuste.


- Ce n’est pas la faute des Gryffondor si les Serdaigle manquent de courage pour affronter le tournoi ! s’écria Ben Copper, un élève de cinquième année qui au vu de sa réplique, aurait bien souhaité prendre part au Tournoi.


- Ce n’est pas non plus celle des Serpentard si les Poufsouffle ne sont bons qu’à finir les plats et porter nos sacs plutôt qu’à représenter dignement l’école face à nos adversaires ! surenchérit un Graham Montague, un Serpentard qui semblait particulièrement aimer briller auprès de ses comparses, lorsque ceux-ci le flattaient grâce à des coups d’épaules et des acclamations.


Le reste de l’assemblée haussa le ton, entrainant diverses disputes superficielles entres les membres de chacune des maisons. Les Serdaigle et les Poufsouffle ne se laissaient pas faire face aux affronts des membres des autres maisons. On aurait même pu jurer voir des morceaux de pain voler de table en table.


- Silence ! la voix du Professeur Dumbledore surgit alors et emplit toute la salle comme un écho. Jeunes gens, je vous demande le plus grand des calmes. Il va de soi qu’à aucun moment nous n’avons sollicité votre opinion sur les échanges à venir.


Il s’éclaircit la voix puis reprit en annonçant la liste des Serdaigle qui avaient été choisis par le Professeur Flitwick. Vient ensuite la liste des Poufsouffle, et comme Lilly le savait déjà, son nom fut énoncé au milieu de quatre autres élèves qu’elle ne connaissait malheureusement pas.


- Maintenant que l’annonce est faite, je vous souhaite à toutes et à tous, un bon appétit.


Le brouhaha habituel de la grande salle reprit, et les élèves qui venaient d’être nommés discutaient entre eux de l’aventure qui les attendait en France. Lilly restait silencieuse face à son assiette, le regard de ses camarades fixé sur elle.


- Tu comptes compter le nombre de haricots que je mets dans ma bouche Susan ? dit-elle subitement alors que Susan la regardait bouche bée.


- Tu vas partir au Tournoi ? Mais depuis quand le sais-tu ? s’empressa-t-elle de lui demander.


- Le Professeur Chourave m’en a parlé plus tôt dans la semaine, lui répondit Lilly sans quitter son assiette des yeux.


- Mais tu n’as pas peur ? Je veux dire, c’est extrêmement dangereux comme concours.


Susan avait les yeux écarquillés. Son expression d’hébétude était la traduction même de sa nature profonde. Susan était une fille adorable, elle était dévouée à ses amis, toujours aux petits soins et à l’écoute de leurs moindres besoins mais elle pouvait parfois être un peu envahissante. Elle avait un an de plus que Lilly, était donc en septième année. Malgré ses dix-sept ans elle avait toujours son visage enfantin, mutin, cette façade curieuse et ses joues rondes. Elle s’était rapidement liée d’amitié avec Lilly lorsque celle-ci fit son entrée à Poudlard à ses dix ans, prétextant que les élèves de deuxième année se devaient de jouer le rôle de parrain des élèves de première année. Malheureusement, les années durant, les caractères de Susan et Lilly ont fait que les rôles s’étaient inversés.


Susan était craintive et hésitante, parfois même beaucoup trop naïve. Ceci devait certainement être mis sur le compte de son passif familial. En effet, un certain nombre des membres de sa famille avaient été assassinés par Voldemort et ses fidèles lors de la première guerre. Elle avait encore sa mère, mais c’était comme si elle n’avait plus personne. Barbara Bones était plongée dans la dépression depuis que son mari, et père de Susan, eût été torturé et finalement tué par un Mangemort du nom de Walden Macnair. Depuis Susan vit une crainte sans borne pour les forces du Mal, et ceux qui les représentent. On aurait pu penser que ceci l’aurait consolidée, lui aurait donné une soif de revanche et d’envie de lutter contre ceux qui lui avaient volé toutes ces parts de bonheur qui font que l’on évolue dans un cercle familial sain et chaleureux, mais ce n’en fut pas le cas. Susan s’était laissée se faire accabler par la vie et ses malheurs, et se renfermait dans ce cocon de repères et de sécurité que lui procurait Poudlard. Elle n’avait pas envie de lutter, elle ne voulait pas faire front et prouver que si le Mal lui avait enlevé de nombreux proches, ils ne l’auraient pas elle.


Susan Bones n’était pas comme cela, et ça Lilly l’avait très bien compris. Lilly prenait les gens comme ils étaient, même s’ils pouvaient parfois être à l’opposé de ses convictions. Elle ne jugeait pas, n’entrait pas en conflit non plus. Alors elle prit volontiers l’amitié que Susan lui avait offerte, même si occasionnellement, voire souvent, elle avait envie de la secouer de la sommer de se battre et de grandir.


Lilly finissait de couper son morceau de gigot puis répondit :

- Je n’ai pas l’intention de me porter volontaire voyons. Je vais saisir cette chance pour passer du temps à la bibliothèque, travailler mes A.S.P.I.C aussi.


- Je trouve que tu travailles beaucoup ces derniers temps, on ne te voit quasiment jamais dans la salle commune, Korbey et Minly aimeraient te donner des biscuits qu’ils cuisinent mais très souvent, tu n’es pas là, se plaignait Susan.


- Alors cela en fait plus pour vous, lui dit Lilly en souriant. Les biscuits des elfes sont divins, je le sais, et je les adore, mais j’ai d’autres priorités et je ne peux pas me permettre de prendre du retard. J’ai trop de lacunes dans certaines matières, et me laisser aller me ferait prendre trop de retard.


- Ils seront tristes de te voir partir pour la France.


Korbey et Minly étaient des elfes de maison travaillant dans les cuisines de Poudlard. Ils avaient pris l’habitude de rendre visite aux élèves de Poufsouffle dans leur salle de commune après les repas afin de les gâter de petits plats, de boissons chaudes et très souvent de biscuits. Ils s’étaient également pris d’affection pour Lilly et ses camarades de sixième année qu’ils prenaient plaisir à gaver comme des oies pour Noël. Les Poufsouffle traitaient bien les elfes de Poudlard, ils n’avaient jamais remis en question les conditions de travail que leur conféraient leur poste, mais toutes leurs interactions se faisaient dans le respect et la bienveillance à leur égard, ce qui n’était pas le cas avec tous les élèves de l’école.


- Ils trouveront bien d’autres bouches à nourrir, mais, rassure-moi, je ne suis tout de même pas l’estomac le plus en demande dans cette Maison ? demanda-t-elle en riant.


- Non bien sûr que non, Ernie McMillan est bien plus gourmand que toi ! Et je dois reconnaître que j’adore emporter dans mon lit les biscuits violets que Minly prépare les week-ends, avoua-t-elle en se léchant la lèvre inférieure.

Une fois son assiette finie, Lilly rassembla le peu d’affaire qu’elle avait avec elle et se leva, pour partir en direction de sa chambre.


- Tu pars déjà ? Ne me dis pas que tu vas encore à la bibliothèque, demanda Susan la bouche pleine.


- Je dois me coucher tôt, demain c’est le départ pour Beauxbâtons, lui répondit Lilly en remontant ses lunettes, je ne connais même pas les autres, j’espère que la bibliothèque là-bas est très grande et très vaste car je vais avoir beaucoup de temps pour étudier.


- Tu m’écriras, pas vrai Lilly ?


- Aussi souvent que possible, je te le promets. Et ne me regarde pas comme ça ! On dirait que tu vas te mettre à pleurer.


Susan avait en effet les yeux humides, et son nez rond se teintait de rose, comme s’il était lui aussi, prêt à s’humidifier. Elle secoua la tête, avalant ce qu’il restait dans son verre d’eau puis se reprit.


- Désolée, mais tu vas me manquer je crois. Ce ne sera pas pareil sans toi ici.


- Toi aussi tu vas me manquer Susan, lui répondit Lilly dans un sourire affectueux. Révise bien, et si tu as besoin d’aide en botanique...


- Je t’écrirai ! lui dit-elle en la coupant. Maintenant file, je ne veux pas te retarder.


Lilly tourna les talons et se dirigeait vers le couloir hors de la grande salle puis dévalait les escaliers en direction la salle commune près des cuisines. Une fois rendue dans sa chambre elle se saisit de sa grande valise brune, et y enfourna tous les vêtements qu’elle jugeait utile d’emporter. Cela pouvait aller d’une paire de jeans, à de gros pulls d’hiver, évidemment elle n’oubliait pas sa cape noire brodée de l’écusson jaune. Elle pensait également à prendre de grosses paires de chaussettes, de bonnes chaussures de marche et des bottes de pluie. Quel temps fait-il en France ? Et Beauxbâtons, c’est où exactement ? Des questions qu’elle n’avait pas réellement pris le temps de se poser entre l’annonce faite par sa directrice de Maison et cet instant. Elle se munit ensuite de certains livres de cours et de babioles que ses parents lui avaient offertes. Pour finir, elle mit sa baguette dans l’étui dont sa grand- mère lui fit cadeau à Noël dernier, étui qu’elle prit soin de ranger dans un coin de la valise, près de parchemins vierges, de sa plume favorite et de son pot d’encre. Elle s’assit alors sur le bord de son lit et pris soin de jeter un sort a son baldaquin qui l’isola de tous les bruits extérieurs afin de passer une dernière et bonne nuit dans ce dortoir qu’elle connaissait par cœur.

Laisser un commentaire ?