Harry Potter et le phénix

Quatre mois plus tard

On paressait au soleil. Nous avions réussi nos examens de fin d'année. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

-Non, on ne peut pas vraiment dire ça, fit remarquer Hermione, l'air songeur. 

-Et pourquoi donc ? grogna Ron. Vous allez venir tous les trois passer vos vacances d'été au Terrier. Tu as eu tes examens avec 120% de bonnes réponses. Je ne vois pas de quoi tu te plains.

-Ce n'est pas si simple, Ron, d'expliquer à mes parents que je ne vais quasiment pas les voir des vacances, parce que je vais intégrer "l'Ordre du Phénix". Ce sont des Moldus, ne l'oublie pas.

-Même pour nous qui sommes sorciers, ce n'est pas simple à comprendre, ajouta Harry. Après tout, Dumbledore ne nous a pas clairement expliqué ce que c'était, cet "Ordre du Phénix", quand il nous a convoqués tous les quatre dans son bureau. Il nous a simplement dit que nous allions l'intégrer. 

-Il a dit que vous veniez tous à la maison ces vacances, c'est tout ce que j'ai retenu, dit Ron dont rien ne pouvait ébranler l'enthousiasme.

-Tu ne devrais pas prendre les choses tellement à la légère, lança Hermione. Dumbledore est inquiet, il a dit qu'il se passait quelque chose de louche. Tu-Sais-Qui est beaucoup trop silencieux depuis son retour au pouvoir, ce n'est pas bon signe.

J'intervins : 

-Il a tout de même fait un sacré coup d'éclat en libérant les Mangemorts d'Azkaban ! On sait bien que ça venait de lui ! Il se montre discret parce qu'il préfère laisser planer le doute. Certains ne croient toujours pas à son retour au pouvoir. Regarde, le ministre de la Magie lui-même...

-Oh, celui-là ! s'emporta Ron. Mon père a toujours dit que c'était un bon à rien, il a dit aussi que...

On ne sut jamais ce que le père de Ron avait dit. Parce qu'à ce moment-là Croûtard, son rat, commença à faire des siennes.

Nous avions tous nos animaux et nos bagages avec nous. Nous étions dans le parc de Poudlard et nous apprêtions à rejoindre la file des élèves devant le portail.

-Croûtard, reste tranquille ! AIE ! Il m'a mordu !

-Mais qu'est-ce qu'il a ? Pourquoi il se tortille dans tous les sens comme ça ? On devrait rejoindre les autres, on va pas tarder à y aller !

-Je fais ce que je peux, Hermione ! Il refuse de rester tranquille !

C'est à ce moment-là que je le vis. Un énorme chien d'un noir de jais et aux yeux délavés. Croûtard aussi l'avait vu.

-Croûtard ! NON !

Le rat avait réussi à se glisser entre les doigts de Ron. Il filait. 

Le chien se lança à sa poursuite.

Ron se lança à la poursuite du chien.

Harry, Hermione et moi, on se lança à la poursuite de Ron. 

Tout ceci nous amena tout près du Saule cogneur qui commença à agiter ses branches avec l'air de vouloir en découdre.

On eut juste le temps de se lancer tête la première à travers un grand trou qui s'ouvrait entre les racines, au pied du tronc. On glissa à plat ventre sur une surface inclinée qui nous mena à l'entrée du tunnel. Nous venions de prendre le passage secret sous le Saule cogneur, le passage indiqué sur la carte du Maraudeur qui devait mener à Pré-au-Lard. Le tunnel semblait aussi long que celui qui menait chez Honeydukes. Enfin, le sol remonta en pente douce et décrivit une courbe. Une lueur filtrait à travers une petite ouverture. Derrière elle, on découvrit une pièce poussiéreuse en désordre, les fenêtres obstruées par des planches.

-Je crois bien que nous sommes dans la Cabane hurlante, murmura Hermione.

A droite de la pièce, une porte ouverte donnait sur un couloir sombre. On monta un escalier délabré et atteignit un palier plongé dans l'obscurité. Une porte était entrouverte. Harry donna un grand coup de pied et elle s'ouvrit à la volée. On se précipita sur Ron.

-Comment tu te sens ?

-Où est le chien ?

-Ce n'est pas un chien, dit Ron, les mâchoires serrées par la colère. C'est un piège. Le chien c'est lui, c'est un Animagus.

On se retourna. Un homme qui se tenait dans l'ombre claqua la porte derrière lui. Une masse de cheveux sales et emmêlés lui tombait sur les épaules. Un rictus découvrait ses dents jaunes. C'était Sirius Black.

Il fut plus rapide que nous.

-Expelliarmus ! lança-t-il d'une voix rauque en pointant vers nous la baguette magique de Ron. 

On fut tous désarmés à l'instant même. Black attrapa au vol nos trois baguettes. Puis il s'avança en fixant Harry.

-C'est incroyable. C'est comme si James se tenait de nouveau devant moi.

-Taisez-vous ! Ne parlez pas de son père ! dis-je d'une voix forte.

Black se tourna vers moi et ouvrit des yeux ronds.

-Qui es-tu, toi ? Tu ne serais quand même pas...la fille de Matthew Wyatt et de Rose Evans ? N'est-ce pas ? J'ai raison ? J'AI RAISON ?? me demanda-t-il avec une forme d'hystérie proche de la démence.

A ce moment précis, la porte s'ouvrit à la volée et le professeur Lupin se précipita dans la pièce, le teint livide. Il parla alors d'une voix étrange, une voix qui trahissait une émotion contenue.

-Où est-il, Sirius ? dit-il.

Je ne comprenais rien. Où était qui ? Sirius Black se tenait devant lui et les deux se dévisageaient bêtement au lieu de brandir leur baguette magique. Quelques secondes plus tard, ils s'étreignaient comme deux frères. 

On se mit tous à hurler en même temps :

-CE N'EST PAS VRAI !

-ON AVAIT CONFIANCE EN VOUS !

-VOUS ET LUI !

-DîTES-MOI QUE JE REVE !

-ON SE CALME ! cria Lupin. Laissez-moi vous expliquer... Laissez-moi UNE chance de m'expliquer... Sirius, rends-leur leur baguette !

-De quoi ? Tu es fou ? Tu as vu comme ils sont remontés contre moi ? Surtout la petite blonde là... Dis-moi Remus, quel est son nom ?

-Ca suffit Sirius, donne-moi ces baguettes ! coupa Lupin en les lui arrachant des mains.

Il lança chaque baguette à son propriétaire. Stupéfaite, j'attrapai la mienne.

-Voilà, poursuivit Lupin. J'ai su que Sirius était ici grâce à la carte, Penny. La carte du Maraudeur que je vous avais confisquée. J'étais en train de l'étudier dans mon bureau...

-Menteur ! je hurlai. Vous ne savez même pas vous en servir !

-Bien sûr que si, répliqua Lupin avec un geste d'impatience. C'est ma meilleure amie qui l'a créée quand elle était élève à Poudlard. La "Reine de la Forêt Interdite", c'était Lena Lennox. "Lunard", c'est moi, c'était mon surnom.

-QUOI ? Qu'est-ce que vous racontez ?

-J'étais donc en train de l'étudier quand j'ai soudain vu un nom... un nom qui n'était pas censé apparaître sur la carte. Le nom d'une personne décédée. Le nom de Peter Pettigrow.

-Et alors ? Je l'ai vu aussi, c'était forcément une erreur.

-C'est ce que j'ai pensé aussi sur le coup. D'après la carte, Peter Pettigrow se trouvait avec vous.

-Il n'y avait personne avec nous ! s'exclama Harry.

-Si, Harry.

Lupin se tourna vers Ron.

-Est-ce que je pourrais voir le rat ?

-Quoi ? s'exclama Ron. Vous avez complètement perdu la boule. Qu'est-ce que Coûtard vient faire là-dedans ?

Il plongea néanmoins la main dans sa poche et en sortit le rat qui se débattait de toutes ses forces.

Lupin et Black s'approchèrent alors de Ron et regardèrent fixement Croûtard en retenant leur respiration. Ron les regarda à tour de rôle, les yeux écarquillés.

-C'est bien ce que je disais, vous êtes complètement cinglés tous les deux. Laissez mon rat tranquille.