Harry Potter et le phénix

Chapitre 21 : La croisée des chemins

1239 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/10/2021 17:42

On dormit longtemps, confortablement installés dans la tiédeur du lit. Lorsque je me réveillai, je n'ouvris pas les yeux, espérant replonger dans le sommeil.

C'est alors que j'entendis la grosse voix de Maugrey dans le lit à côté :

-C'est vraiment indispensable de faire autant de bruit ? J'aimerais bien continuer à dormir si personne n'y voit d'inconvénient. A moins bien sûr qu'il ne se soit ENCORE passé quelque  chose !

-Qu'est-ce qui se passe ? demanda Harry qui venait de faire un bond dans le lit.

-Rien, Potter, ne vous affolez pas, dit l'infirmière d'une voix énervée. Alastor a cru bon de réveiller tout le monde.

-Parce qu'on ne m'a pas réveillé, moi ? s'emporta Maugrey.

A présent, j'entendais également des voix, ainsi que des bruits de pas précipités qui s'approchaient de l'infirmerie. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit à la volée. Cornelius Fudge, le ministre de la Magie, s'avança dans la salle à grandes enjambées, le professeur McGonagall et le professeur Rogue sur ses talons.

-Où est Dumbledore ? demanda-t-il d'un ton impérieux à Madame Pomfresh.

-Il n'est pas là, répondit celle-ci avec colère. C'est une infirmerie, ici, Monsieur le Ministre, et vous feriez bien de...

Mais la porte s'ouvrit à nouveau et Dumbledore entra à son tour d'un pas pressé.

-Que se passe-t-il ? Minerva, pourquoi tout ce bruit ?

-Le professeur Rogue et moi-même tentions de faire entendre raison à Monsieur le Ministre, et ce n'est pas une mince affaire, répondit sèchement le professeur McGonagall.

Je remarquai qu'elle serrait les poings tandis que la colère marbrait son visage de taches rouges.

-Personne ne me fera avaler ce tissu d'inepties ! rugit Fudge. Tout ceci est d'un ridicule ! Allons, Dumbledore, racontez-moi tout.

-Minerva et Severus vous ont apparemment dit tout ce qu'il y avait à savoir, répondit Dumbledore. Bellatrix Lestrange a mené toute l'année un plan destiné à redonner à Voldemort toute sa force. Et elle a réussi : Voldemort a retrouvé son corps.

Je vis avec stupeur un grand sourire apparaître sur le visage de Fudge.

-Voyons, Dumbledore, vous...vous n'êtes pas sérieux ? Vous ne pouvez sérieusement croire au retour de Vous-Savez-Qui !

Dumbledore fixait Fudge d'un regard dur, comme si c'était la première fois qu'il le voyait vraiment.

-J'y crois. Harry a assisté à la renaissance de Lord Voldemort. Je vous expliquerai tout en détail si vous voulez bien venir dans mon bureau.

L'étrange sourire de Fudge s'attarda. Il jeta un coup d'oeil à mon cousin.

-Vous êtes donc prêt à croire un garçon de treize ans sur parole, Dumbledore ?

Le regard de Dumbledore flamboyait.

-En effet je crois Harry. Il dit la vérité.

Le visage de Fudge était à présent violacé de fureur.

-Vous n'en avez aucune preuve ! Il vient déjà d'y avoir un mort à Poudlard, vous ne croyez pas que ça va faire suffisamment parler ? Etes-vous donc tous décidés à provoquer un mouvement de panique qui va déstabiliser tout ce que nous avons construit au cours de ces douze dernières années ?

-Voldemort est revenu, répéta Dumbledore en détachant chaque syllabe, comme s'il parlait à quelqu'un de profondément attardé. Mais nous avons encore une chance de sauver la situation si vous prenez les mesures nécessaires. La plus importante d'entre elles devrait être de retirer aux Détraqueurs le contrôle de la prison d'Azkaban. Ne me regardez pas comme ça Cornelius, ces créatures se rangeront aux côtés de Lord Voldemort aussitôt qu'il le leur demandera ! Personne ne sait comment Bellatrix Lestrange s'est évadée, elle a peut-être simplement su se montrer persuasive...Voldemort peut leur offrir beaucoup plus de possibilités que vous d'exercer leurs pouvoirs et de satisfaire leurs désirs !

-Ridicule ! s'écria Fudge. Enlever les Détraqueurs ! Alors que ça rassure tant de monde de savoir que les Détraqueurs montent la garde à Azkaban ! Je serais démis de mes fonctions si je faisais une telle proposition ! Ce serait la fin de ma carrière...

-Vous êtes aveuglé par l'amour de votre fonction, Cornelius ! lança Dumbledore. Si votre obstination à fermer les yeux vous mène aussi loin, nous avons atteint la croisée des chemins.

Apparemment, Fudge ne savait pas quoi répondre. Il oscillait d'avant en arrière sur ses pieds en faisant tourner son chapeau melon entre ses mains.

-Il ne peut pas être de retour, Dumbledore, dit-il enfin d'un ton qui avait quelque chose de suppliant, c'est impossible...

Rogue s'avança alors vers lui. Il releva la manche de sa robe et mit son bras sous le nez de Fudge.

-Voilà, dit Rogue d'un ton brusque. La Marque des Ténèbres. Lord Voldemort a gravé cette marque par le feu dans le bras de chaque Mangemort. Lorsqu'il touchait la Marque de l'un d'entre nous, nous transplanions immédiatement à ses côtés. Hier soir, j'ai senti la Marque me brûler à un moment, j'ai vu qu'elle était devenue noire mais comme vous, j'ai d'abord refusé de croire qu'il était de retour.

Fudge recula devant Rogue et se contenta de regarder avec dégoût la Marque sur son bras. Enfin, il se tourna à nouveau vers Dumbledore et murmura :

-Je ne sais pas à quoi vous jouez, vous et vos collègues, mais j'en ai assez entendu. Je retourne au Ministère.

Il enfonça son chapeau melon sur sa tête et sortit de l'infirmerie en claquant la porte derrière lui.

-Il va y avoir du travail, soupira Dumbledore, et on ne pourra pas compter sur Cornelius. Tous ceux qui sont prêts à accepter la vérité devront être immédiatement avertis du retour de Voldemort. L'attitude de Fudge, bien qu'elle ne soit pas si surprenante, change tout. Minerva, je souhaite voir Hagrid dans mon bureau le plus vite possible. Il faut tendre la main de l'amitié aux géants avant qu'il ne soit trop tard, ou alors ce sera Voldemort qui saura les convaincre, eux aussi.

Le professeur McGonagall acquiesça d'un signe de tête et sortit à son tour.

-Severus, dit Dumbledore doucement en se tournant vers Rogue, vous savez ce que je dois vous demander. Si vous y êtes prêt...

-J'y suis prêt, répondit Rogue.

Il paraissait légèrement plus pâle que d'habitude et ses yeux noirs au regard glacé brillaient étrangement.

-Alors, bonne chance, dit Dumbledore.

Le visage du directeur exprimait une certaine appréhension lorsqu'il le regarda sortir en silence.


Quelques jours plus tard


Un sublime hommage fut rendu à Neville dans la Grande Salle. Ce fut un moment terriblement douloureux. Dans la foulée, Dumbledore annonça aux élèves le retour de Voldemort. Harry et moi avions le coeur lourd en préparant nos bagages, la veille de notre retour à Privet Drive. Cependant le lendemain, alors que le train filait vers le sud, on parla avec Ron et Hermione plus longuement et plus librement qu'on ne l'avait fait au cours de la dernière semaine écoulée. Harry pouvait à présent se confier avec plus de facilité. Nous aurions bien voulu que le voyage se poursuive tout l'été et que le train n'arrive jamais à King's Cross. Mais en réalité, me dis-je quelques heures plus tard en montant dans la voiture de mon oncle, qui sommes-nous pour nous opposer aux décisions du destin ?


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