Harry Potter et le phénix

Chapitre 22 : Le départ des Dursley

2129 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/10/2021 21:57

Deux mois plus tard


Les vacances d'été touchaient à leur fin. Harry et moi étions cachés derrière un imposant massif d'hortensias. Là au moins, il n'y avait personne pour nous lancer des regards furieux ou nous mitrailler de questions. Cela ne nous empêchait pas d'entendre la conversation de l'oncle Vernon et de la tante Pétunia.

-Content de voir qu'ils ont renoncé à nous imposer leur présence. D'ailleurs, où sont-ils ?

-Je ne sais pas, répondit la tante Pétunia d'un air indifférent.L'oncle Vernon émit un grognement.

-Regarder les informations...dit-il d'un ton acerbe. J'aimerais bien savoir ce qu'ils ont derrière la tête. S'ils s'imaginent qu'on va parler des gens de LEUR espèce dans NOS journaux télévisés.

-Chut, Vernon ! couina la tante Pétunia. La fenêtre est ouverte !

Les jours s'étaient succédés, identiques, tout au long de l'été, entre la tension, l'attente et le soulagement. Nous écoutions avec attention les journaux télévisés, au cas où il y aurait eu un quelconque indice, un étrange accident, dont les Moldus n'auraient pas compris la véritable signification. 

L'oncle Vernon ne ferma pas la fenêtre, il se mit soudain à crier :

-Pétunia ! Ils sont là ! Ils se cachent sous notre fenêtre ! Ohé, toi ! Viens là, j'ai deux mots à te dire !

Harry soupira.

-Pourquoi c'est toujours moi qui dois m'y coller ?

Il commença à se relever, mais je l'interrompis.

-Laisse, j'y vais.

Je me redressai et regardai autour de moi. Des visages étaient apparus aux fenêtres grandes ouvertes des maisons environnantes.

-Oui, je sais, notre vie est absolument trépidante ! je m'écriai. Et croyez-moi, vous ne savez pas tout !

-Veux-tu te taire ! hurla ma tante, folle de rage.

Je rentrai dans la maison et rejoignis mon oncle, ma tante et Dudley, mon autre cousin, dans le salon.

-Que diable avais-tu en tête quand tu as crié ça ? demanda l'oncle Vernon d'une voix rauque qui tremblait de fureur. Et qu'est-ce que vous fabriquiez sous notre fenêtre ?

Je haussai les épaules et m'installai sur le canapé. Je pensais savoir ce qui m'attendait.


Mon oncle se mit à marcher de long en large, la tante Pétunia et Dudley le suivant des yeux. Enfin il s'arrêta devant moi et me dit :

-J'ai changé d'avis.

Je ressentis un mélange d'amusement et d'exaspération. Depuis quatre semaines, mon oncle changeait d'avis toutes les vingt-quatre heures.

-J'ai changé d'avis, nous ne bougerons pas d'ici, nous n'irons nulle part. J'ai passé la moitié de la nuit à réfléchir et je suis convaincu qu'il s'agit d'une ruse pour nous prendre la maison.

J'éclatai de rire.

-A cause des bons souvenirs ?

Il y eut un silence. Apparemment cette réponse avait produit son petit effet. L'oncle Vernon se mit de nouveau à faire les cent pas.

-Reprenons tout du début. Vous prétendez, Harry et toi, que ce Lord Machin-Chose...

-Voldemort, je coupai d'un ton agacé.

La tante Pétunia plaqua une main contre sa bouche.

-Tu prononces son nom ! murmura-t-elle.

Je sentis mon cerveau vaciller dans ma tête. Pour la première fois de ma vie, je pris pleinement conscience du fait que la tante Pétunia était la soeur de ma mère. Apparemment je n'étais pas la seule dans cette pièce à avoir une idée de ce que pouvait signifier le retour de Lord Voldemort. La main de la tante Pétunia chercha l'épaule de Dudley et s'y cramponna.


Je repris :

-On ne prétend rien, c'est un fait, il est revenu.

-Attends un peu, dit l'oncle Vernon, le visage concentré. Ce Lord Voldechose qui est de retour, c'est celui qui a assassiné tes parents et ceux d'Harry, c'est bien ça ?

-Oui.

-Et maintenant, il cherche à vous tuer ?

-Oui. Enfin, surtout Harry.

-Je vois, marmonna l'oncle Vernon. Eh bien, voilà qui règle la question. VOUS ALLEZ QUITTER CETTE MAISON, TOUS LES DEUX ! DEHORS ! J'aurais dû faire ça il y a des années ! Cette fois, c'est fini, vous appartenez au passé ! Pas question que vous restiez ici avec un cinglé qui vous court après, pas question que vous mettiez en danger la vie de ma femme et de mon fils et pas question non plus qu'on quitte la maison !

Je respirai profondément, étonnée de la patience dont je pouvais faire preuve quand il s'agissait de faire rentrer quelque chose d'important dans la tête de demeurés.

-Vous n'avez donc pas écouté le père de mon ami Ron ? 

Mon oncle voûta ses épaules d'un air rageur. Il essayait ainsi de chasser le souvenir de la visite impromptue qu'Arthur Weasley lui avait rendue quelques jours après le début des vacances d'été.

-Il vous a pourtant tout expliqué, il n'aurait pas pu être plus clair.

-Il a dit que Voldemachin ne s'en prenait habituellement pas aux gens comme nous !

-Et c'est vrai. C'est très rare que Voldemort et ses Mangemorts prennent un Moldu pour cible. Pour eux, votre sang...Enfin, disons que pour eux, vous ne représentez pas grand intérêt et ils ne prendraient jamais la peine de se déplacer pour trois Moldus. Ils préfèrent en tuer un très grand nombre d'un coup en faisant passer ça pour des accidents : des collisions, des explosions, des déraillements...

-Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi cet Arthur Weasley a dit que nous étions, Pétunia, Dudley et moi-même, en grand danger.

-Parce que vous êtes notre famille ! Et Voldemort n'a qu'une idée en tête : retrouver et tuer Harry. Dumbledore est convaincu que Voldemort vous prendra pour cible, soit pour vous faire avouer sous la torture l'endroit où Harry se cache, soit parce qu'il pensera que Harry viendra à votre secours s'il vous prend comme otages. Vous devez absolument vous cacher, Dumbledore vous offre une solide protection, la meilleure qui soit.

-Je croyais qu'il existait un ministère de la Magie, grogna mon oncle. Pourquoi ne peut-il pas assurer notre sécurité ? 

-Le ministre de la Magie, Cornelius Fudge, ne... fera pas de nous sa priorité.

-Et mon travail ? Et l'école de Dudley ? J'imagine que tout cela n'a pas d'importance aux yeux d'une bande de sorciers fainéants...

-Tu ne comprends donc pas ? s'écria Harry que je n'avais pas vu rentrer mais qui venait visiblement me prêter main forte. Ils vont vous torturer et ensuite ils vous tueront !!!

-Papa, intervint Dudley d'une voix forte. Papa, moi je veux partir de la maison.

C'est ainsi que je sus que le combat était gagné. 

-Très bien, tempêta l'oncle Vernon. Je dois reconnaître que vous avez été convaincants...Nous allons accepter cette protection.

C'était une chance car à ce moment précis, la sonnette de la porte d'entrée retentit.


-Tu crois que ce sont eux ? demanda la tante Pétunia d'un ton anxieux à l'oncle Vernon. 

-Comment veux-tu que je le sache ? Cet Arthur Weasley a simplement dit "Vers la fin des vacances". Le sens du détail n'est apparemment pas le point fort des gens de leur espèce.

-Vous en sauriez peut-être davantage si vous alliez ouvrir la porte, je fis remarquer.

L'oncle Vernon me lança, comme à son habitude, un regard furieux et finit par s'exécuter. J'entendis une voix grave dire :

-Bonsoir. Vous devez être Mr Dursley.

Je me précipitai. Dans l'encadrement de la porte d'entrée se tenaient deux hommes. Un grand sorcier noir que je ne connaissais pas s'inclina.

-Mon nom est Kingsley Shacklebolt, c'est moi qui vais m'occuper dès ce soir de mettre en sécurité ceux qui, parmi vous, ne possèdent pas de pouvoir magique.

Ca ne serait pas plus mal pour les Dursley. Il y avait un petit quelque chose de rassurant dans la voix lente et grave de ce Kingsley. De plus, il avait eu la bonne idée de s'habiller comme un Moldu, contrairement à l'homme qui l'accompagnait. Celui-ci portait des lunettes en demi-lune perchées sur son nez aquilin ainsi qu'une robe et un long chapeau pointu de sorcier.

-Et moi je suis Albus Dumbledore ! lança Dumbledore d'un ton joyeux. Faisons comme si vous nous aviez chaleureusement invité à entrer chez vous. Il n'est guère prudent de s'attarder longtemps sur le seuil d'une maison en ces temps troublés.

D'un pas vif, les deux hommes franchirent la porte qu'ils refermèrent derrière eux et entrèrent dans le salon.

-Bonsoir, Madame. Vous devez être Pétunia et voici certainement votre fils Dudley. Nous pourrions peut-être supposer que vous nous avez invités à nous asseoir ?

Comme le silence se prolongeait, Dumbledore et Kingsley s'assirent dans le canapé en regardant autour d'eux avec un intérêt bienveillant. Je pris place dans un fauteuil, évitant de regarder les Dursley qui semblaient pétrifiés dans le silence. Dumbledore se mit à fredonner à voix basse, apparemment très à l'aise. Ensuite il s'adressa aux Dursley :

-Comme vous l'avez appris, le sorcier qui porte le nom de Lord Voldemort est de retour. Harry et même Penny sont encore en plus grand danger aujourd'hui qu'il y a treize ans, quand ils ont été déposés devant votre porte, à quelques semaines d'intervalle. Pétunia... Dans sa lettre votre soeur aînée, Rose, vous demandait de prendre soin de Penny comme s'il s'agissait de votre propre fille, si Matthew et elle venaient à disparaître. Pour Harry, c'est moi-même qui ai écrit la lettre suite au meurtre de votre jeune soeur Lily et de son mari James. J'y exprimais le même espoir concernant l'environnement dans lequel il grandirait. Vous n'avez pas fait ce qui vous était demandé. Jamais vous ne les avez traités comme vos enfants. Mais vous leur avez au moins, même si c'était à contrecoeur, fourni un hébergement.

Aucun des Dursley ne prononça un mot. Dudley se serra contre sa mère. La tante Pétunia avait étrangement rougi et l'oncle Vernon avait l'air de s'être coincé quelque chose en travers de la gorge.


-Je vois que vos bagages sont prêts, lança Kingsley avec enthousiasme, histoire de détendre l'atmosphère. Très bien ! Comme Arthur Weasley vous l'a dit, le plan est très simple. Nous parcourrons une quinzaine de kilomètres en voiture avant de transplaner jusqu'à l'endroit que nous avons choisi pour vous mettre en sûreté. 

-Eh bien, Harry, Penny...ll est temps d'y aller, je vous emmène au Terrier, vous passerez la fin des vacances chez votre ami Ron, comme vous l'a dit Arthur. Prenez vos valises. Kingsley, venez donc prendre l'air avec moi quelques minutes.

Ils sortirent pour nous laisser le temps d'échanger nos adieux. J'avais envie de leur hurler que ce n'était pas nécessaire. La perspective de quitter, sans doute pour toujours, notre tante, notre oncle et notre cousin était de celles qu'Harry et moi envisagions avec la plus grande joie. Pourtant, je percevais une certaine gêne dans l'atmosphère. Que devait-on se dire après treize ans d'une aversion solide et réciproque ?

L'oncle Vernon rendit inutile toute cogitation supplémentaire en lançant d'une voix forte :

-Eh bien voilà, adieu, bonne continuation.

-Au revoir, portez-vous bien, dit la tante Pétunia qui vérifiait la fermeture de son sac à main avec une attention maniaque pour ne pas avoir à nous regarder.

Dudley semblait s'être définitivement réfugié dans un silence rouge de confusion. Mais il finit par nous lâcher un :

-A un de ces jours.

-C'est ça, répondit Harry. Prenez soin de vous.

-Je suis sûre que tout ira bien, Kingsley est l'homme de la situation, dis-je en regardant mes pieds. Eh bien...Adieu.

-Adieu, répondirent les Dursley.

Je suivis Harry et filai hors de la pièce sans leur accorder un regard. Harry sortit et je me retrouvai seule dans le hall. Et là, sans avoir la moindre idée de ce que je faisais, je retournai dans le salon.

Les Dursley me regardèrent avec méfiance. A l'évidence, ils n'avaient pas espéré me revoir si vite. Je fixai mon oncle et ma tante droit dans les yeux et laissai échapper le mot qui s'était formé malgré moi au seuil de mes lèvres :

-Merci.

Puis je quittai la pièce, définitivement cette fois-ci. Mais j'avais eu le temps d'apercevoir quelque chose d'étrange. Une forme de surprise avait remplacé la méfiance dans les regards. Et à cette seconde précise, les Dursley m'avaient vue pour la dernière fois.

Ou pour la première fois.



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