Harry Potter et le phénix

Chapitre 19 : Il est revenu .

2813 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/09/2021 15:19

Les professeurs de Poudlard arrivèrent en troupeau.

-Mon dieu ! Neville Londubat ! Albus !

-Londubat ! Dumbledore ! Il est mort !

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Les mangemorts ! Ce sont eux qui l'ont tué ! Il faut les retrouver !

Les doigts de Harry lâchèrent un instant le poignet de Neville. D'un coup, il saisit le bras de Dumbledore, releva la tête et parvint à articuler :

-Il est revenu. Voldemort est revenu.

Quelqu'un poussa un petit cri. Je me retournai et vis le visage des professeurs. Ils paraissaient livides, effarés.

-Qu'est-ce qu'il dit, Dumbledore ? Il divague, n'est-ce pas ?

-Qu'est-ce qu'il tient à la main ?

-C'est une plante, répondit quelqu'un. Un des Bubobulbs du professeur Chourave. 

-Certainement pas, répondit sèchement le professeur Chourave. Les Bubobulbs possèdent de grosses pustules brillantes pleines de pus, c'est bien connu. Vous voyez bien que cette plante n'en a pas. En vérité, je n'ai aucune idée de ce que ça peut bien être.

-Que personne ne touche à cette plante ! intervint Dumbledore d'une voix forte.

A l'aide de sa baguette, il fit léviter la plante dans les airs et la déplaça avec précaution, loin de nous. En réalité, elle ressemblait moins à une plante qu'à un tas de limaces géantes, noires et épaisses, qui dépassaient de leur pot. Dumbledore se mit à marmonner une série d'incantations bizarres tandis que sa baguette dessinait des cercles lumineux autour de la plante. Quand il eut fini, il poussa un profond soupir en regardant le corps sans vie de Neville Londubat.

Des larmes coulaient sur les joues du professeur Chourave. 

-Un garçon si gentil ! C'était mon meilleur élève ! Je vous assure que je ne sais pas d'où provient cette plante, je ne l'ai jamais vue de mon existence.

-Parce qu'il ne s'agit pas d'une plante, répondit sombrement Dumbledore. Quelqu'un a introduit cet objet dans vos serres en début de soirée et lui a donné l'apparence d'une de vos plantes, pour mieux le camoufler. Je viens de le désactiver, il s'agissait d'un Portoloin.

-Un Portoloin ? je demandai. Qu'est-ce que c'est ?

-Les Portoloins sont des objets qui permettent de transporter les sorciers d'un point à un autre à une heure fixée d'avance. Il peut s'agir de n'importe quoi, le plus souvent d'objets qui passent inaperçus.

-Mais qui a caché ce Portoloin dans les plantes ? Et où vous a t-il emmenés ? Harry ?

Mais Harry n'était pas en état de me répondre. Il tenait toujours aussi fermement le poignet de Neville. J'essayais de desserrer son étreinte, mais mon cousin refusait de lâcher prise. 

-Il voulait que je le ramène ici, murmura Harry. 

-Et tu l'as fait Harry, tu l'as fait. Lâche le, maintenant, dit Dumbledore d'une voix très douce.

Dumbledore se pencha et, avec une force extraordinaire pour un homme aussi mince et aussi âgé, il souleva Harry et le remit debout. Mon cousin chancela, sa jambe blessée semblait refuser de supporter son poids. Les professeurs formèrent un cercle autour de lui.

-Il faut l'emmener à l'infirmerie !


Vingt minutes plus tard


A l'infirmerie, Madame Pomfresh était aux petits soins pour ses malades. Alastor Maugrey était étendu sur le lit à côté de Harry. L'un comme l'autre, ils semblaient un peu confus. Pas autant que Dumbledore, cependant, qui crut bon de me présenter le professeur Maugrey.

-Professeur Dumbledore, je connais déjà le professeur Maugrey, cela fait un an qu'il est arrivé dans l'école, vous vous souvenez ?

-Oh non Penny, la personne qui a été votre professeur toute l'année n'était pas Alastor Maugrey. Tu n'as jamais vu Alastor Maugrey avant ce soir.

-Qu'est-ce que vous dîtes ?

Dumbledore prit la flasque posée sur la petite table à côté du lit de Maugrey.

-Trouvée dans son bureau.Il dévissa le bouchon et la retourna. Un liquide épais et gluant coula sur le sol.

-N'ayez crainte, je ferai le ménage. Ceci est du Polynectar, Penny. Le professeur Rogue a dû vous en parler en classe. Il s'agit d'une potion qui permet de prendre l'apparence de quelqu'un d'autre. L'effet disparaît au bout d'un moment, mais l'imposteur savait comment s'y prendre. Car le véritable Maugrey ne boit jamais rien d'autre que ce qu'il y a dans sa flasque, il est bien connu pour ça. L'imposteur avait juste besoin de garder le vrai Maugrey auprès de lui pour pouvoir continuer à préparer sa potion, car pour que celle-ci fasse effet, il faut y glisser un petit bout de la personne dont on veut prendre l'apparence, dit Dumbledore du ton le plus naturel, comme s'il me livrait la recette d'un gâteau. Si tu regardes attentivement le vrai Maugrey, tu peux voir qu'il lui manque des cheveux en plusieurs endroits. L'imposteur lui en a coupé tout au long de l'année. Mais je crois que, dans la précipitation de cette soirée, notre faux Maugrey a oublié de prendre son Polynectar. Ceci dit, j'imagine qu'elle n'en a plus besoin maintenant qu'elle a rejoint son maître.

-"Elle" ? De qui parlez-vous ?

-Il parle de Bellatrix Lestrange, répondit Harry. C'était elle l'imposteur, le faux Maugrey.

Quelques secondes passèrent en silence, puis Harry ajouta :

-Et c'est elle qui a tué Neville.


Le vrai Maugrey se mit à grogner et se redressa.

-Tout est de ma faute, Albus...

-Mais non Alastor, c'est de la mienne. Tu as eu un comportement étrange toute l'année, tu t'absentais sans arrêt de Poudlard, j'aurais dû voir qu'il ne pouvait s'agir de toi, je te connais depuis si longtemps...

-Arrêtez ! coupa Madame Pomfresh. Personne n'est responsable des agissements d'une Mangemort telle que Bellatrix Lestrange, elle avait eu le temps d'étudier soigneusement son plan à Azkaban, cela fait des années que les Détraqueurs ne produisent plus aucun effet sur elle. Elle est le mal en personne, la plus fidèle servante de Vous-Savez-Qui, ne l'oublions pas. Elle lui est totalement dévouée, son unique ambition n'a jamais été que de le servir, de faire ses preuves à ses yeux.

-Et elle a parfaitement réussi, ajouta Dumbledore. Elle a été la servante qui veillait sur Harry et qui l'amènerait, une fois qu'elle aurait gagné sa confiance, à mettre la main sur le Portoloin qui le transporterait immédiatement auprès de son maître. Mais avant ça...

-Elle avait besoin de moi, acheva Alastor Maugrey.

J'observai attentivement le vrai Maugrey. Il était nettement plus mince que l'autre, de toute évidence il y avait longtemps qu'il n'avait rien mangé. L'orbite de son oeil magique semblait vide sous la paupière et ses cheveux grisonnants étaient clairsemés, on voyait clairement qu'on lui en avait arraché plusieurs touffes.

-Je ne me souviens quasiment de rien, grogna Alastor Maugrey.

-C'est normal Alastor, répondit Dumbledore, tu as dû passer le plus clair de ton temps soumis au sortilège de l'Imperium. Dis-nous simplement ce dont tu te souviens.

-Je me souviens qu'elle a débarqué chez moi. J'ai résisté longtemps, mais elle m'a eu. Je me souviens que quand je me suis réveillé, j'étais dans une salle de Poudlard avec cette cinglée. Elle m'a pris ma jambe de bois et mon oeil magique. Il y avait une pile de vêtements sur le bureau, c'était les miens, et à côté d'eux tous les détracteurs d'ennemis que je gardais chez moi et qu'elle m'avait volés. Et là en effet, elle a dû me soumettre au sortilège de l'Imperium, parce que quand elle m'a posé des questions sur ma vie, je lui ai tout déballé. Mes habitudes, mes souvenirs, tout y est passé. Tu te rends compte Albus, moi qui ne dis jamais rien à personne, là on ne m'arrêtait plus, j'étais devenu une vraie pipelette...

-Mon pauvre Alastor ! dit Dumbledore en esquissant un sourire.

-C'est malheureusement tout ce dont je me souviens clairement, tout le reste est très confus. 


Dumbledore tourna les yeux vers mon cousin qui évitait son regard.

-Harry ? dit Dumbledore avec douceur. 

A contrecoeur, Harry leva la tête et le regarda.

-Il faut absolument que je sache ce qui s'est passé. Si je pensais pouvoir t'aider en te plongeant dans le sommeil, crois bien que je le ferais. Mais ce ne serait pas un service à te rendre et je te demande de montrer encore une fois ton courage.

Harry prit une profonde inspiration avant de commencer son récit :

-J'avais passé tout l'après-midi avec Penny, Ron et Hermione à m'entraîner en vue de l'épreuve pratique de défense contre les forces du mal. En fin d'après-midi, Neville est venu me chercher, lui aussi souhaitait s'entraîner. Penny lui a proposé son aide, comme chaque jour, mais cette fois-ci Neville l'a catégoriquement refusée. C'était important pour lui que ce soit moi qui l'aide, parce que soi-disant j'avais affronté plus de choses que ma cousine dans le passé. Il m'a dit que Maugrey lui avait donné l'autorisation d'utiliser sa salle et que ce serait mieux que de s'entraîner dans le couloir. Je l'ai donc suivi jusqu'à la salle de Maugrey. Mais avant de rentrer, je lui ai dit :

-Attends, Neville. Je vais t'aider avec plaisir, mais je dois te dire que tu n'as pas été très correct avec Penny. Elle t'a aidé tous les jours cette semaine et tu m'as dit toi-même qu'elle te faisait énormément progresser et prendre confiance en toi. C'est de loin la meilleure élève de Serpentard et en ce qui concerne la défense contre les forces du mal, c'est la meilleure élève de l'école. 

Neville s'est alors retourné vers moi, interloqué. Son regard était vide, il avait l'air complètement perdu. Il a froncé les sourcils :

-Je ne sais pas pourquoi j'ai tenu à ce que ce soit toi. Je voulais m'entraîner avec elle, comme tous les jours.

Un instant il m'a semblé voir une sorte de panique dans ses yeux, mais il a bien vite haussé les épaules en éclatant de rire :

-Au fond, quelle importance ?

Il a ouvert la porte, Maugrey était dans son bureau. J'étais étonné de le voir, on était censé avoir la salle à disposition durant une heure. J'ai jeté un coup d'oeil à Neville qui, lui, ne semblait pas surpris le moins du monde. Au contraire, il a lancé avec un grand sourire :

-Voici Harry, professeur, comme convenu. 

Je n'ai pas trop tilté sur le moment, mais maintenant avec le recul, je pense que :

-Le faux Maugrey avait soumis Neville au sortilège de l'Imperium, soupira Dumbledore, afin de te faire venir dans son bureau.

Harry hocha la tête, tristement.

 -Oui, il lui avait jeté un sort. Il s'était employé tout au long de l'année à gagner sa sympathie et sa confiance. Il le gardait souvent à la fin de son cours pour discuter "botanique" avec lui. Maugrey a demandé à Neville :

-Vous n'auriez pas vu le professeur Chourave ?

Je lui ai répondu qu'elle devait être dans son bureau.

-Non Potter, elle n'y est pas. Elle m'a donné l'autorisation de me rendre dans ses serres pour recueillir le pus des Bubobulbs, c'est une substance extrêmement précieuse et j'en ai besoin. Mais je n'ai pas la main verte, vous voyez, et sans elle je ne suis pas sûr d'y arriver.

-Oh mais c'est extrêmement simple, a répondu Neville, il suffit de percer leurs vésicules, c'est un jeu d'enfant.

-Dans ce cas, venez donc vous amuser avec moi, nous n'en aurons que pour quelques minutes et vous me rendrez un grand service.

J'ai proposé de les attendre dans le bureau de Maugrey, mais celui-ci a insisté pour que je les accompagne, on est donc sorti du château et on a suivi le chemin qui menait à la serre numéro trois. Une fois arrivés à destination, Maugrey a demandé de l'attendre sagement, il avait oublié de faire quelque chose d'important dans le parc du château mais ça ne lui prendrait que quelques secondes.

-Juste le temps de faire apparaître la Marque des Ténèbres, soupira Dumbledore.

-Probablement...Quand il est revenu, on s'est approché des Bubobulbs. Là, je pense que Neville était toujours sous l'emprise du sortilège d'Impérium, car il m'a tendu la seule plante parmi les Bubobulbs qui ne possédait pas de pustule. Je l'ai machinalement attrapée, Maugrey a également posé la main dessus et Neville n'a pas lâché la plante, qui en réalité n'en était pas une. Un instant plus tard, j'ai eu l'impression qu'un crochet m'avait attrapé par le nombril et me tirait en avant. Mes pieds avaient quitté le sol et je sentais la présence de Maugrey et de Neville à mes côtés, leurs épaules se cognaient contre les miennes. J'ai eu une sorte de pressentiment et j'ai tenté de toutes mes forces de m'extirper, mais mon index était collé à la fausse plante qui m'attirait comme un aimant. J'ai mal atterri sur une de mes jambes, Neville m'a aidé à me relever. Il m'a demandé où nous étions mais je n'en avais pas la moindre idée. La seule chose certaine, c'est que nous n'étions pas dans le parc de Poudlard : le château avait disparu. Maugrey est parti de son côté en disant :

-Séparons-nous et inspectons les lieux pour tenter de comprendre ce qu'il vient de se passer.

Nous nous trouvions dans un cimetière obscur, envahi par la végétation. Un silence total régnait.

-Où est passé Maugrey ?

-Sors ta baguette Neville, j'ai dit, on ne sait jamais. 

On a vu Maugrey revenir. Il marchait parmi les tombes d'un pas assuré. A en juger par sa démarche et la manière dont il tenait les bras, il portait quelque chose, de loin on aurait dit qu'il s'agissait d'un bébé.

Soudain, j'ai ressenti une douleur si insoutenable que j'ai eu l'impression que ma cicatrice explosait, que ma tête se fendait en deux. J'en ai laissé tomber ma baguette. Pendant ce temps, Maugrey était en proie à une étrange excitation :

-Maître ! Maître ! Laissez-moi m'occuper de l'autre ! Je me suis déjà occupé de ses parents, laissez-moi faire !

Une voix aiguë et glaciale lui a répondu :

-Tu n'as pas le temps de jouer avec la nourriture cette fois-ci, JE n'ai pas de temps à perdre, fais vite !

C'est alors que Maugrey a lancé dans la nuit :

-Avada Kedavra !

J'ai vu une lumière verte passer à côté de moi, j'ai senti Neville tomber. Quand j'ai osé regarder, je l'ai vu étendu sur le sol, les yeux dénués d'expression.

Pendant quelques secondes, mon esprit a totalement refusé d'accepter la réalité, je ne ressentais rien à part une totale incrédulité car je ne pouvais croire à ce que je venais de voir : c'était impossible, Maugrey n'avait pas pu tuer Neville. C'est alors que j'ai vu le visage du faux Maugrey se transformer peu à peu. Ses cicatrices ont disparu et tout s'est mis à changer : sa peau, son nez, ses cheveux. Une jambe normale est apparue à la place de la jambe de bois, un oeil réel a remplacé l'oeil magique. Quelques secondes plus tard, Bellatrix Lestrange se tenait devant moi. 

Avec une force extraordinaire, elle m'a traîné vers une pierre tombale et plaqué contre la surface de marbre. Elle a ensuite fait apparaître des cordes qui m'ont attaché des pieds à la tête à la pierre tombale. Quelques instants plus tard, elle poussait un chaudron de pierre dans lequel j'entendais l'eau clapoter. Puis elle a pris l'espèce de bébé et l'a déposé dans le chaudron sous lequel des flammes ont commencé à crépiter. Bellatrix Lestrange prononçait des paroles, sa voix tremblait dans une excitation proche de la démence. A un moment j'ai vu un poignard étincelant dans sa main, j'ai senti la pointe de la lame pénétrer le creux de mon bras droit et le sang a coulé...Elle l'a recueilli, l'a versé, puis s'est prosternée devant le chaudron. 

Et la silhouette d'un homme grand et squelettique s'est élevée. Bellatrix Lestrange a ramassé une robe noire étalée par terre et l'a passée sur la tête de son maître. L'homme squelettique est sorti du chaudron, le visage plus livide qu'une tête de mort, les yeux écarlates, le nez plat avec deux fentes en guise de narines : une vraie tête de serpent.


Harry regarda Dumbledore dans les yeux :

-Il est revenu .

Dans l'infirmerie, personne ne parlait, personne n'osait se regarder, un silence de mort régnait. Lord Voldemort venait de renaître sous les yeux de mon cousin .


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