Harry Potter et le phénix

Chapitre 7 : Nuits agitées

1992 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/08/2021 15:53

Je restai figée quelques secondes. Puis, comprenant que je n'avais pas le choix, je retirai lentement la cape d'invisibilité.

-C'est mieux ainsi, dit Dumbledore en souriant.

Mais ce sourire ne masquait pas la crainte que je pouvais lire dans son regard. Cette crainte que j'y avais déjà vue le soir de mon entrée au château, lorsque nos yeux s'étaient rencontrés suite à la cérémonie de la répartition.

-Ainsi vous pouvez voir à-travers les capes d'invisibilité, professeur ? C'est un sacré pouvoir.

-Ma foi, il peut toujours s'avérer utile, la preuve en est, répondit Dumbledore.

-Et vous savez faire d'autres choses, j'imagine? je demandai, consciente d'avancer sur un terrain glissant. Entendre ce qu'un Choixpeau magique murmure à l'oreille d'un élève, par exemple?

-Je suis impressionné. Ton intuition est excellente, Penny. Il serait inutile d'essayer de nier, je ne suis pas un très bon comédien.

-Et maintenant vous avez peur.

Ce n'était pas une question, c'était une affirmation. Je me demandais néanmoins si je ne frôlais pas l'impertinence. Et pourtant je continuai :

-Peur de ce que je pourrais devenir.

A ma grande surprise, Dumbledore sourit de nouveau. A l'évidence, avoir été percé à jour ne le dérangeait pas le moins du monde.

-Mes peurs m'appartiennent, Penny. Une adolescente n'a pas à prendre en charge les peurs d'un vieil homme. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment toi tu te sens par rapport à ce que le Choixpeau t'a dit.

L'espace d'un instant, je fus prise au dépourvu.

-Je...Je ne me suis jamais vraiment posé la question.

Mais je me souvenais comme si c'était hier des paroles du Choixpeau : "Un immense pouvoir concentré en un seul être. Contenu non dans la baguette, mais dans les MAINS de cet être. Et qui n'attend que le moment propice pour s'exprimer".

-Il est sans doute trop tôt pour te la poser, dit Dumbledore. En attendant je te conseille de regagner ton dortoir. Je te souhaite une bonne nuit.

-Vraiment, vous me laissez partir ? je demandai, médusée. Comme ça, sans connaître la réponse ?

-La réponse ? Quelle réponse ?

-La réponse à la question que vous m'avez posée. Vous souhaitiez savoir ce que je faisais dans les couloirs à cette heure avancée de la nuit. Vous...vous ne voulez pas savoir ce que je cherchais ?

Je n'avais pas particulièrement envie de lui parler du miroir, mais je m'y étais résignée au moment où il m'avait demandé d'enlever la cape d'invisibilité.

Mais Dumbledore se contenta de hausser les épaules et de répondre en souriant :

-Tu cherches ce que cherchent tous les adolescents qui ne dorment pas. Tu te cherches.

Sur ce, il tourna les talons et partit se coucher.


Dès le lendemain, je mis mon cousin au courant de tout ce qui s'était dit entre Rogue et Dumbledore. Il en eut le souffle coupé.

-Je ne vois pas quel professeur de Poudlard pourrait bien vouloir me tuer. Ou voler la pierre philosophale. Ni comment les deux choses sont liées.

Quand ils revinrent la veille de la reprise des cours, Hermione et Ron ne furent pas d'un grand secours. Hermione fut surtout horrifiée d'apprendre que nous nous promenions dans les couloirs la nuit, Ron émerveillé.

Quelques mois plus tard, on apprit que Rogue avait l'intention d'arbitrer le prochain match de Quidditch et que Dumbledore en personne viendrait y assister. Ce fut un réel soulagement pour nous, d'autant plus que Harry avait catégoriquement refusé de déclarer forfait, malgré nos mises en garde.

-Tu n'as plus rien à craindre à présent, assura Hermione. Il ne pourra rien t'arriver.

-Elle a raison, ajouta Ron. Personne n'osera te faire du tort sous les yeux de Rogue et de Dumbledore.

Pourtant, à mesure que le match approchait, je devins de plus en plus nerveuse. Lorsque, le jour du match, je souhaitai bonne chance à mon cousin à l'entrée des vestiaires, je me demandais si je le reverrais jamais vivant. J'avais apporté ma baguette magique, prête à jeter un sortilège cuisant au stade entier s'il le fallait.

Je n'en eus pas besoin. Harry réalisa une telle performance ce jour-là qu'il offrit la victoire à son équipe en cinq minutes.


J'avais toujours cru qu'il était impossible de rencontrer quelqu'un de plus détestable que Dudley, mais c'était avant de rencontrer Drago Malefoy. Depuis le début de l'année scolaire, sa jalousie à l'égard de mon cousin n'avait cessé de grandir. Elle atteignit son point culminant lorsque Gryffondor remporta la coupe de Quidditch grâce à Harry. Malefoy devint complètement maboul. Il se mit à adresser des remarques désobligeantes à Harry à chaque fois qu'il le croisait et poussa la provocation jusqu'à le convoquer à un "duel de sorciers".

-Je te prends quand tu veux, lui lança Malefoy un matin. Cette nuit si tu en as dans le ventre. Baguettes magiques uniquement, pas de contact physique. A minuit dans la salle des trophées.

Il était hors de question que je laisse mon cousin y aller seul. Encore une nuit qui promettait de ne pas être de tout repos. J'attendis, allongée sur mon lit, l'heure d'aller au rendez-vous et je retrouvai Harry à minuit dans la salle des trophées. Malefoy n'était pas encore arrivé et Harry commençait à se sentir nerveux.

-Et si rien ne se passe quand j'agiterai ma baguette ? me dit-il soudainement.

-Je te promets d'achever Malefoy à mains nues, je répondis, les dents serrées.

J'étais à cran, d'autant plus qu'il m'avait fallu subir le harcèlement d'Hermione toute la journée ("Vous êtes des gamins. Totalement irresponsables. Et vous allez être renvoyés. Parce que vous serez forcément pris, n'allez pas croire. Et demain, dans le train, vous vous souviendrez de ce que je vous ai dit...").

A minuit et demi, je fus forcée d'admettre qu'elle avait sans doute raison.

-Ce dégonflé ne viendra pas, je déclarai.

-Il n'a jamais eu l'intention de venir, constata amèrement mon cousin. Il m'a tendu un piège, il a dû dire à Rusard que quelqu'un s'apprêtait à entrer dans la salle des trophées.

Mais ce ne fut pas Rusard qui débarqua dans la salle, une minute plus tard, dans une robe de chambre écossaise, les cheveux dans un filet et hurlant sur nous à pleins poumons. C'était le professeur McGonagall.


A côté d'elle se tenait Malefoy, un sourire goguenard sur le visage. Elle nous conduisit à son bureau. Nous étions pris au piège. Je ne l'avais jamais vue dans un tel état de fureur. Selon elle, aucune explication ne pouvait justifier notre conduite, c'est pourquoi elle ne prit même pas la peine de nous les demander.

-Je n'aurais jamais cru ça de vous. Je suis outrée, scandalisée ! Trois élèves qui se promènent dans le château au milieu de la nuit. Oh, ne faîtes pas cette tête-là Mr Malefoy, vous m'avez bien entendue. Vous êtes allé chercher Mr Rusard, qui est venu me réveiller avec sa délicatesse légendaire. Vous avez la palme : dénoncer ses camarades tout en méprisant le règlement, je n'avais encore jamais vu une chose pareille ! Vous serez donc tous les trois en retenue. Et je vous enlève cinquante points à chacun. Vous pouvez être fiers de vous. Maintenant, retournez vous coucher !

Le lendemain matin, pendant le petit déjeuner, on nous distribua à chacun le mot suivant :

"Votre retenue commencera ce soir à onze heures. Rendez-vous avec Mr Rusard dans le hall d'entrée.

Professeur M. McGonagall."

A onze heures, ce soir-là, Rusard nous conduisit au-dehors, une lampe à la main. Il nous fit traverser le parc et s'arrêta devant la cabane de Hagrid, qui en sortit aussitôt, Crockdur sur ses talons. Je me sentis soudain beaucoup plus légère. Rusard avait dû percevoir mon soulagement, car il s'empressa de lancer d'un ton narquois :

-Vous vous imaginez peut-être que vous allez passer du bon temps ? Détrompez-vous, car c'est dans la Forêt Interdite que vous allez.

Malefoy émit un bruit confus qui pouvait ressembler à un gémissement.

-Je viendrai récupérer ce qui restera de vous à l'aube.., ajouta Rusard avant de retourner vers le château.


Hagrid nous amena à la lisière de la forêt. Il avait à la main une grande arbalète et un carquois rempli de flèches en bandoulière. Il s'arrêta et nous dit :

-Ecoutez-moi bien, tous les trois. Ce que nous allons faire cette nuit est dangereux.

Il leva sa lampe et montra un sentier étroit.

-Vous voyez cette chose argentée qui brille par terre ? C'est du sang de licorne. On va essayer de retrouver cette malheureuse bestiole. Nous allons tout de suite nous séparer en deux groupes et suivre les traces dans des directions différentes.

-Je veux Crockdur avec moi, dit précipitamment Malefoy en regardant les longues dents du chien.

-D'accord, mais je te préviens, c'est un trouillard, dit Hagrid. Alors, Penny et moi, on va d'un côté, Harry, Drago et Crockdur de l'autre. Si quelqu'un a des ennuis, il envoie des étincelles rouges pour que les autres viennent à son secours. Allons-y.

A une bifurcation, on prit le chemin de gauche, Hagrid et moi. On marcha pendant plus d'une demi-heure sans bruit, les yeux rivés au sol. La forêt devenait de plus en plus épaisse au fur et à mesure qu'on s'enfonçait. Le terrain descendait maintenant en pente douce. Au bout d'un long moment, on atteignit une sorte de vaste fosse dépourvue d'arbres. C'est alors que j'entendis une voix.

-C'est toi, Hagrid ?

La voix sortait d'un dôme en toile d'araignée qui occupait le centre de la fosse.

-Oui, c'est moi, répondit tranquillement Hagrid. Bonsoir Aragog.


Les étoiles et la lune éclairèrent alors le spectacle le plus terrifiant que l'on pouvait imaginer.

Une araignée géante. Un énorme monstre de la taille d'un éléphant et pourvu de huit pattes gigantesques, noires et couvertes de poils. Les huit yeux de sa grosse tête repoussante étaient tous d'un blanc laiteux. La créature était aveugle. Elle émergea très lentement du dôme.

-Tu m'as amené à manger, Hagrid ?

-Je t'ai déjà nourri aujourd'hui, Aragog. Ce soir je suis venu avec Penny.

-C'est une humaine ? demanda Aragog.

-Euh oui, répondit Hagrid. Pourquoi cette question ?

-Parce que j'ai comme qui dirait un petit creux et que je n'ai rien contre un peu de viande fraîche.

Les pinces du monstre cliquetaient avec une avidité qui me rendait malade de terreur.

-Ah non, Aragog, s'écria Hagrid. Penny est une amie. Ca ne se mange pas.

-Pour moi c'est une étrangère.

-Mais je te défends d'y toucher ! C'est mon amie.

-Très bien, se résigna Aragog. Les amis de mes amis sont mes amis, j'imagine.

On percevait nettement le regret amer dans sa voix.

-Dans ce cas, que viens-tu faire ici, Hagrid ? reprit Aragog.

-Il y a quelque chose qui se promène dans cette forêt et qui fait du dégât. Une licorne a été blessée. Je me demandais si tu avais vu quelque chose ?

-Je constate que ton sens de l'humour est toujours aussi développé.

-Excuse-moi, Aragog. Je voulais dire : est-ce que tu as entendu des bruits suspects, récemment ?

-Oui, il y a quelques minutes, ça m'a réveillé d'ailleurs.

-Vraiment ? Qu'est-ce que c'était d'après toi ?

-Le bruit de tes pas, andouille.

La discussion entre Hagrid et son acolyte poilu aurait pu durer un long moment, si je n'avais pas vu des étincelles rouges dans le ciel.

-Qu'est-ce que...Penny ? Penny ! s'écria Hagrid. Attends-moi ! Tu ne sais même pas ce que tu vas devoir affronter !

Ca m'était égal. Harry était en danger.


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