Oniromancie

Chapitre 5 : Le mariage

3756 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/03/2021 12:20

Nous atterrîmes le long d'une allée enneigée, bordée de rosier dont la floraison hivernale, peu naturelle, était certainement due à la magie. Les fleurs qui se renfermaient étaient couvertes d'une fine pellicule de givre, comme si elles avaient été surprise par une soudaine vague de froid. Le château, pour sa part, était bien plus petit, mais bien plus moderne que Poudlard. Tout d'abord, les fenêtres étaient plus grandes, si bien que la lumière qui en sortait permettait de distinguer facilement le parc, dans la nuit qui tombait. Les tours, recouvertes de pointes, étaient, par endroit, décorées de bas-relief à peine visible. En revanche, on remarquait avec netteté les nombreux balcons qui ornaient les étages. 


Contrairement à ce que j'imaginais, le carrosse ne continua pas tout droit, vers l'imposante demeure, mais prit un virage inattendu, en direction d'un petit bosquet d'arbres nus qui dissimulait non sans peine un édifice discret. Un symbole religieux trônait sur le toit. Curieux... Je n'avais jamais entendu de religion chez les sorciers... Où était-ce pour la décoration solennelle que le mariage se déroulait dans une chapelle ? 


La voiture s'arrêta devant et un homme, dont la robe n'était pas du tout appropriée vis à vis de la température extérieur, vint nous ouvrir la porte. Son air était très calme et il possédait une magnifique moustache, très anglaise. Le volume de nos robes, à Amy et moi, obligea les hommes à nous aider à sortir du fiacre. Amy semblait ravie de tenir la main de Jedusor. Pour ma part, je fus contente de porter des gants, ma peau n'entrant ainsi pas en contact avec celle de Rosier. Quand le professeur Slughorn descendit en dernier, les chevaux ailés firent demi-tour et disparurent dans l'obscurité. Un silence de mort s'installa tendit que nous suivions le sorcier-majordome. Puis il ouvrit les portes de la chapelle, et le silence s'envola.


Comment décrire les sentiments que je ressentais à ce moment là ? Et bien, tout d'abord, l'envie de faire une réflexion, quelle que soit sa nature, s'était envolée de mon esprit. Il fallait bien admettre que j'étais à la fois anxieuse, excitée, curieuse, perdue et émerveillée. Autant d'émotion qui aurait pu me faire "exploser" selon Ron, mais je n'avais heureusement pas "la capacité émotionnelle d'une cuillère à café".


L'intérieur de la chapelle était immense par rapport à l'impression que m'avait donné la façade extérieure. Entre le sommet de nos têtes et le haut dôme qui servait de plafond, des centaines de petites boules éclatantes illuminaient la chapelle, comme de nombreuses petites étoiles filantes. Ce ne fut que lorsque l'une d'elle passa devant moi que je me rendis compte que ce n'étaient pas des étoiles ; c'étaient des fées, des centaines de petites fées qui virevoltaient çà et là. Elles ressemblaient à de petits être humains qui auraient fusionnés avec des papillons fluorescent. Très étrange... Mais très joli ! Il n'y avait d'ailleurs pas que les airs qui grouillaient de vie. Assis sur de nombreuses rangées de bancs dans la nef, des sorciers et sorcières vêtus de leurs plus beaux atours discutaient bruyamment les uns avec les autres, et leurs paroles indistincts se répercutaient sur les murs, plongeant l'édifice dans un brouhaha semblable à un bourdonnement. Dans le choeur, au fond du bâtiment, un sorcier au nez en forme de bec qui avait volé sa perruque à Beethoven relisait des notes, perché au dessus de son pupitre. Derrière lui, les vitraux représentaient des sorciers hauts en couleurs qui conversaient avec autant de vivacité que les êtres en chair et en os.


Alors que notre accompagnateur à la belle moustache avait disparut, un autre sorcier-majordome, à la houppette rousse plutôt ridicule, se précipita vers nous. Il nous débarrassa de nos capes et nous demanda nos lettres, en sortant de nulle part un registre à la reliure de cuir. Tom Jedusor, comme à son habitude, fut le premier à se présenter.


- Tom Jedusor, lut Houppette Rousse. Oui, bien sûr, vous êtes au sixième rang à droite. Il me semble que Mr Lestrange vous a gardé une place. Amelia Blackthorn... septième rang à gauche, Miss. Professeur Slughorn vous êtes avec votre femme, au quatrième rang à... droite !


Enfin, Rosier s'avança avec notre lettre et la présenta avec toute la morgue dont il était capable.


- Connor Rosier et Lacerta Kenneth, dit-il (en se citant en premier, évidemment).


- Très bien, vous êtes au troisième rang à gauche, avec Mr et Mrs Rosier.


La lettre se consuma dans la main de Houppette Rousse qui nous sourit (sourire auquel, à part moi, personne ne répondit) et nous présenta l'allée que nous devions suivre.


Plus nous avancions dans les rangs, plus les robes des invités étaient richement ornées. J'en déduis alors simplement que le placement des invités était déterminé par leur richesse. Je trouvais cela particulièrement hypocrite. Peu importait que la famille des mariés soit proche : si elle n'était pas fortunée, elle se retrouvait au fond. Rosier étions, dans le groupe, les plus proches du choeur : Rosier et moi étions fatalement les plus riches du groupe. 


- Lacerta ! s'exclama une voix cassante par dessus le brouhaha ambiant.


Une jeune femme aux cheveux blonds coupés sous la mâchoire me fit signe de la rejoindre. Aussi étrange que cela puisse paraître, ses paupières lourdes et sa voix cassante me faisait penser à une personne, ou plutôt à un personnage...


- Druella, fais preuve de plus de retenue, grommela Rosier en asseyant à côté d'elle.


- La retenue ! répéta Druella avec un rire sec. C'est ton point fort, n'est-ce pas ? Maintenant, laisse ta place à Lacerta, c'est à côté d'elle que je veux m'asseoir.


Je m'avançai vers eux, gênée et m'installai entre les deux, silencieusement.


- Et bien tu ne dis pas bonjour, Lacerta ? demanda Druella.


- Euh... Si... Bonjour Druella... 


Soudain, mes neurones établirent une connexion inattendue. Si je comprenais bien, Druella et Connor se connaissait assez pour se tutoyer, se donner des ordres et se charier. Comme je doutais fort qu'ils étaient amis, j'en déduis que Druella était une Rosier. Et je connaissais une Druella Rosier, même avant de me retrouver dans le corps de Lacerta. Mariée Black, Druella Rosier étaient la mère de trois jeunes femmes : Andromeda, Narcissa et Bellatrix. Voilà pourquoi les paupières lourdes et la voix cassante me rappelaient quelqu'un ! C'étaient des points communs que partageaient Bellatrix Lestrange et sa mère!


Druella ne put malheureusement pas entamer une discussion avec moi (malheureusement pour elle, bien évidemment). Des dizaines de fées se placèrent au niveau de l'allée, formant un chemin lumineux semblable à une piste d'atterrissage et les sorciers, vivants ou peints sur les vitraux, se turent.


Deux hommes, un petit brun aux yeux humide et un autre, plus grand, aux cheveux d'un roux flamboyant, se levèrent et se placèrent devant le pupitre du maître de cérémonie. Le brun en tant que garçon d'honneur et le roux -- Ignatus Prewett -- à la place du futur marié. Il étaient tous les deux vêtus de robes d'un blanc immaculé. Alors, une musique enchanteresse s'éleva de l'orgue de la chapelle et tous se retournèrent sur leurs bancs.


Lucretia Black avançait dans l'allée, le visage rayonnant, au bras de celui qui semblait être son père, et le pas gracieux. Sa robe aérienne, d'une couleur de perle, était recouverte de papillons de différentes nuances de rose, qui battaient paresseusement les ailes, sans s'envoler. Des pierres précieuses, des rhodonites pour plus de précision, brillaient dans ses cheveux d'or, ramenés sur la nuque dans un chignon compliqué. Et deux petites filles, d'environ sept ans, aux airs de poupées, lançaient des pétales de fleurs dans son sillage. Enfin, elle s'arrêta au niveau d'Ignotus et son père, ainsi que les deux fillettes s'assirent au premier rang.


Le sorcier qui présidait le mariage se racla doucement la gorge, l'air solennel.


- Si nous sommes réunis ici ce soir, c'est bien pour fêter l'union de deux êtres que le destin à choisi de lier...


Je jetai un rapide coup d'oeil aux invités. Si ce n'étaient quelques jeunes filles semblables à Amy, personne ne paraissait vraiment ému. Les fées qui bordaient l'allée virent s'envoler au dessus de la tête d'Ignotus et Lucrecia.


- Non mais écoutez-le avec son discours sur l'amour... ricana Druella à voix basse en me lançant de vagues regards. À l'entendre, on croirait qu'ils se sont choisi l'un l'autre !


- Lucretia à l'air heureuse pourtant, fis-je remarquer.


Druella eut un geste de la main négligent, comme pour chasser une mouche particulièrement embêtante.


- Bien sûr qu'elle est heureuse ! Elle a un mariage de princesse ! Pour l'instant il n'y a que ça qui compte...


C'était un raccourci plutôt brutal de ce qu'était le mariage chez les Sang-Pur, mais ça avait le mérite d'être clair et précis. J'éprouvais un soudain élan de pitié envers Lacerta et, après avoir très brièvement levé les yeux en direction de Connor, reportai mon attention sur ce qui se passait en face de moi.


- Ingnatus Charles Prewett, voulez vous prendre Lucretia Aria Black pour épouse?


Tandis qu'Ignatus acceptait Lucretia, j'entendis comme un sanglot. Je me retournai encore une fois pour voir une Amelia Blackthorn cachée dans un mouchoir de dentelle. 


- Lucretia Aria Black voulez vous prendre...


Une fée me distrayait un instant, si bien que, lorsqu'elle s'éloigna, le sorcier au nez en forme de bec disait déjà:


- Je vous déclare désormais mari et femme.


Ils ne s'embrassèrent pas. Les invités se levèrent dans de grands applaudissements et les fillettes lancèrent d'autres pétales. 


Tandis que moi, je restais toujours bloquée sur le fait que les deux époux ne s'étaient pas embrassés.

.

.

.

Bien froide était cette soirée. Je ne parlais pas seulement du temps qu'il faisait à l'extérieur, mais des expressions collées sur les visages. Pendant le banquet, dans la plus grande salle du château, j'eus le droit à une démonstration d'hypocrisie parfaite de la part de Druella. Elle saluait les uns et les autres à grands coup de sourire pour me marmonner à l'oreille à quel  point leurs robes étaient affreuses et leur statut de sang beaucoup trop bas.


Le décor n'était pourtant pas trop désagréable, avec les lustres d'or, les peintures baroques et les balcons intérieurs qui menaient à des balcons extérieurs. Mais c'était la présence de tous ses sorciers si pâles qu'ils devaient être lucifuges, qui me rendait également mal à l'aise.


Coincée entre Druella et son frère, quel ne fut pas mon contentement lorsque les derniers desserts disparurent des tables ! Nous nous levâmes en choeur et les tables s'envolèrent pour se placer contre les murs. Une estrade apparut au fond de la salle et des musiciens y montèrent sous une salve d'applaudissements, nous laissant le temps d'enfiler nos masques. Enfin, nous reculâmes pour laisser une piste de danse assez large et dans un premier trémolo de violon, Lucretia et Ignatus entamèrent une valse.


Ils se mouvaient avec tant de grâce que je me sentis presque... intimidée. Pourtant, je savais parfaitement danser la valse, ma grand-mère me l'avais apprise. Alors que la musique prenait fin, d'autres couples s'avancèrent. Devais-je également danser ? Avec Rosier ? Où était Amy quand il fallait qu'elle me sauve la vie ?!


Ce ne fut pas Amy qui apparut derrière moi, contrairement à mes espérances, mais une jeune femme brune, au visage caché par un masque pourpre, qui s'était glissée comme un serpent au travers de la foule. Sa robe me plut énormément : la jupe, couverte de plumes de corbeaux frémissait sous une brise qui n'existait pas et le bustier serré, de la même couleur que le masque, chatoyait sous les chandelles des lustres.


- Venez ! ordonna-t-elle, le ton impérieux.


Sa voix, moins caquetante que celle de Druella, n'en restait pas moins dure et sèche. Sous son masque vert, j'aperçus dans les yeux de Druella une lueur mesquine. Visiblement, elle venait de trouver une compagne avec qui partager ses méchants lazzis.


- Walburga ! s'exclama Druella avec un grand sourire.


Nickel. La mère de Sirius. Visiblement j'avais vu juste. Contre mon gré, je la suivis à l'écart de la piste de danse et elle s'installa sur une chaise à la manière d'une impératrice.


- Ce mariage est une blague, dit-elle d'un ton méprisant en sortant sa baguette d'un pli de sa robe. Mais ça nous fait une famille de la Liste en plus sur notre arbre.


- La Liste ? répétais-je, interloquée.


- Lacerta ? La Liste des Vingt-Huit Sacré ! De quoi d'autre veux-tu que je parle ? Ce n'est pas parce que ta famille n'est pas dessus que la Liste n'a pas son importance, ajouta-t-elle en reniflant méchamment.


Ah ! Cette liste là ! Il me semblait l'avoir vu quelque part sur Pottermore. Et, effectivement, il me semblait n'y avoir jamais vu le nom de Kenneth.


- Mais ça ne veut pas dire que ton sang est impur, rattrapa Druella en s'asseyant à son tour. Beaucoup d'autres familles comme la tienne n'y sont pas. Les Smith, ou les Fleamont, par exemple.


- Ou les Blackthorn, ajouta Walburga avec un sourire torve.


- En parlant d'eux, dit Druella d'un ton joyeux, tu as vu la robe de Amelia ? On dirait un Demiguise qui danse devant un arc-en-ciel !


Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire. Moi pas. Pourquoi est-ce que je restais avec ses deux harpies ?


- Je la trouve très bien, moi, sa robe, dis-je en essayant de contenir ma colère.


- Qu'est-ce qui te prends ? s'étonna Walburga en haussant les sourcils. Tu t'es prise d'affection pour cette fille ? Elle est tellement...


- Elle ne voit pas de problème aux mariages morganatiques, acheva Druella méprisamment.


Mis à part le fait que je ne connaissais pas ce mot, je compris très bien ce que pensaient Walburga et Druella de Amy.


- Pourtant, elle semble vous apprécier, vous... balbutiai-je.


- Bien sûr ! s'exclama Walburga. Comment ne pas nous idolâtrer ?


En vous parlant, ça suffit...


Le deuxième morceau termina dans une longue note de la flûte traversière de l'orchestre. Commença alors une mélodie plus rapide, plus harmonieuse, plus... moldue... C'était la valse de la Belle au Bois Dormant, de Tchaïkovsky. Je connaissais rapidement le compositeur, mais la musique me disait principalement quelque chose grâce au dessin animé Disney. Walburga se leva d'un bond.


- Je veux danser sur cette musique, décréta-t-elle. Druella, qui devrais-je prendre pour cavalier ?


- Orion ?


- Bien trop jeune, et c'est déjà mon fiancé. Autre chose.


- Abraxas Malefoy ?


Walburga fit semblant de réfléchir pendant une demi-dizaine de secondes.


- Riche, beau et bon danseur... Je devrais te demander conseil plus souvent Druella.


Sur ce, elle disparut dans la foule, Druella sur les talons. Enfin seule, je tâchai de trouver Amy aux travers des sorciers, mais elle dansait au milieu de la salle, avec un jeune homme qui lui ressemblait fortement.


Cette musique me plaisait. Je voulais danser. Mais pas avec Connor. J'étais devenue pour lui aussi intéressante qu'un elfe de maison et il était, par ailleurs, assis avec Jedusor et trois autres garçons du même âge, échangeant des paroles conspiratrices.


Je grimpai les escaliers qui menaient aux balcons intérieurs. La vue de là-haut était formidable. Les danseurs s'apparentaient à des nuées colorées et, surtout, je n'avais plus à subir Walburga et Druella. Je me mis à fredonner et à balancer ma robe distraitement.


Tiens ? La fenêtre est ouverte ?


Je m'approchai de l'ouverture en chantonnant distraitement, en choeur avec les violons. Elle menait à un vrai balcon, protégé du froid par un quelconque enchantement et éclairé par des lampes à huiles. Mes talons se mirent à claquer sur le sol dallé et je tournoyai plus vite. La mélodie s'infiltrait doucement en moi et peu importait qu'on me vit ou pas. Je dansai de plus en plus vite, le paysage devenant flou, comme prise d'une sorte de transe.


- Besoin d'un cavalier ? dit une voix enjouée.


Je stoppai net. Trop net : je fus prise de vertiges et manquai de trébucher. Un jeune homme me regardait, appuyé contre l'embrasure de la fenêtre. Enfin, je devinai qu'il me regardait, un touret noir en forme de chat cachant ses yeux. Sa robe, relativement simple, était également noire et ses cheveux, longs et coiffés en catogan, aussi. Quand à son visage, il était translucide. Visiblement, à cette époque, la mode était d'être anti-soleil chez les Sang-Pur...


- Je... Vous... me regardiez ? balbutiai-je, me sentant rougir sous mon masque.


- Oui, répondit le jeune homme avec un grand sourire. Permettez-moi de vous dire que vous dansez très bien.


- Je ne faisais que tourner sur moi-même, marmonnai-je à voix basse.


- Alors que dites-vous d'un cavalier ? Ça ne me dérange pas de tourner sur moi-même avec vous. (Il tapota sur son masque.) Là, je vous fais un clin d'oeil.


Ça alors ! Ce jeune homme venait de me remonter le morale ! À la poubelle Connor, je ne danserai pas toute seule à cause de toi !


- Je vous préviens, si je vous marche sur les pieds vous devrez vous rappeler que c'est vous qui m'avez invité, ris-je alors qu'il s'approchait.


- Je prends le risque, j'ai de bonnes chaussures, assura-t-il gaiement.


Il me prit dans sa main la mienne et posa la deuxième sur ma taille, commençant une danse avec un sourire jusqu'aux oreilles.


Je découvris joyeusement qu'il était encore plus maladroit que moi, ratant des pas et des mesures, et nous éclatâmes tous les deux de rire lorsque, dans le grand final de la valse, il marcha malencontreusement sur ma robe, me faisant indubitablement tomber sur lui.


- D'habitude, je ne suis pas aussi distrait, avoua-t-il alors que nous retournions à l'intérieur.


- Vous avez déjà participé à beaucoup de bals comme celui-ci ?


- Non, mais je me suis beaucoup entrainé à danser.


- Ah bon ? Avec qui ?


- Mon elfe de maison, Cheena, ria-il tandis que nous descendions les escaliers qui nous ramenaient vers la vrai piste de danse. Très bonne valseuse, mais c'est la première fois que je dansais avec quelqu'un de si grand.


- Vous... commençai-je avant de me rendre compte que, depuis le début, je vouvoyais un garçon qui devait avoir mon âge (et sur qui j'étais tombée). Tu as un elfe de maison ?


Il tiqua, restant perplexe face à mon audace, puis son visage s'illumina.


- Oui, bien sûr ! Pas toi ?


Je répondis par un vague "Mmmh", et changeai de sujet.


- Il me semble que nous ne nous sommes pas présentés, dis-je ( je remarquai que, plus je passais de temps avec des Sang-Pur des années quarante, plus mon langage devenait châtié.)


- Oh, mais c'est juste, s'exclama-t-il. Moi je m'appelle...


- Alphard ! s'écria Walburga qui était survenue de nulle part.


Elle s'avança, non pas vers moi, mais vers mon cavalier au masque félin. Je constatai que Druella manquait à l'appel.


- Alphard ? répétai-je, surprise.


Alphard Black ? Le frère de Walburga ? L'oncle de Sirius, qui s'était fait effacé de l'arbre généalogique des Black pour avoir aidé son neveu à fuguer ? Ce personnage qui n'était mentionné qu'une seule fois dans les livres, mais visiblement assez pour avoir plus de profondeur que quelqu'un d'autre ?


Visiblement, aucun des deux ne s'attarda sur mon étonnement.


- Qu'est-ce que Mère t'as dit ?


- Je me fiche de ce qu'elle a dit, rétorqua Alphard en retirant son loup pour fixer sa soeur dans les yeux.


- Idiot, pas étonnant que personne ne veuille de toi, siffla Walburga. Et toi, ajouta-t-elle en se tournant vers moi, qu'est-ce que tu fais avec lui ?


Son air était si sec et méchant, que je me mis soudainement à éprouver beaucoup de peine pour Sirius et Regulus. Et de la peur, aussi. Mais pour moi.


- Moi ? bredouillai-je, ne sachant que répondre. Euh... Je... Euh...


- Qu'est-ce que tu lui veux, Walburga ? soupira Alphard. Tu ne pourras pas empêcher à tout le monde de m'adresser la parole...


- Pourtant, Lacerta Kenneth à des choses bien plus intéressantes à faire que de t'adresser la parole, rétorqua Walburga avec malveillance.


Soudain, une ombre passa dans les yeux gris d'Alphard et il me fixa comme si j'étais... et bien... ce que j'étais censée être : une peste méprisante et orgueilleuse, une menteuse malveillante et élevée dans la haine des Moldus.


- Ah, se contenta-t-il de dire. Je vois.


Sur ce, il s'en alla sans se retourner. Walburga eut un ricanement moqueur.


- Bon vent ! le salua-t-elle. Bien, maintenant, toi tu vas cesser de disparaître et tâcher de tenir la conversation avec ta future belle-mère.


Ce fut une véritable torture de devoir converser avec Lady Rosier. Chaque mot de travers se soldait par un regard en croix, chaque nom sur lequel je ne pouvais mettre de visage me valait un rictus sévère. Elle ne se détourna de moi qu'au bout de vingt longue minutes, prétextant vouloir aller féliciter les mariés.


Malheureusement, je ne croisais pas Amy de la soirée, trop occupée à danser et badiner avec des vieilles dames chapotées.


Je m'assis donc, mélancolique, regardant les gens danser en pensant à l'air si froid que Alphard avait pris en apprenant mon nom. Je ne remarquai en revanche pas Tom Jedusor, caché sous un masque en demi-lune, qui m'observait avec intérêt. Mon comportement louche l'interpelait, et il allait tout faire pour découvrir comment une parfaite petite Sang-Pur en était arrivée à danser avec le rebelle Alphard Black.

Laisser un commentaire ?